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samedi 26 avril 2014

Mon cher petit


Tu aimes l'école , tes  camarades et toi vous y amusez comme des petits fous.
 Oh, il y a bien sûr les grands qui rient de toi, et la maîtresse qui est parfois méchante, mais comme dirait l'autre, tout est au mieux dans le meilleur des mondes. Ta maman, tu l'adores, plus tard tu voudrais l'avoir pour toi et toi seul, c'est ta maman et tu l'aimes plus que tout. Il y a la petite Sophie a l'école , elle est mignonne, elle a de beaux cheveux blonds.

Mais la nuit, oh, la nuit tu as peur. Il y a des bruits, et, même si ta maman regarde partout, tu ne te sens pas en sécurité, seul dans ta chambre. 
Des ombres, des souffles. À la fenêtre, quelqu'un t'observe. Mais ta maman est là quand tu pleures, elle te raconte une histoire et tu t'endors tranquillement dans ses bras.

Elle  t'avait déjà dit que "le monsieur à la fenêtre " n'était qu'une branche. Elle avait fini par demander à Charles, le voisin, de la couper, là où se trouvait la balançoire où tu avais joué avec  Sophie et où tu avais gravé un cœur un  jour d'été.
 
Mais la nuit, oh, la nuit tu as peur, le monsieur à la fenêtre n'est pas au rendez-vous. Il est dans ton placard, il te fixe, il te parle tout bas mais tu ne comprends rien. Mais ton nounours et ta couette te protègent. Tout va bien .  Mais il te regarde toujours et tout le temps. Ta maman te promet qu'il n'existe pas.
Mais elle ne semble pas sûre d'elle .

Un jour vous avez déménagé, oh, pas loin, quelques rues à peine , tu n'as donc bien sûr pas changé d'école et donc pas perdu tes camarades. Tu as une grande chambre sans aucune armoire, tes affaires se trouvent sur des meubles. La nuit, tu vois tes lego et tes autres jouets scintiller tels de petites étoiles dans la pénombre.

Et le monsieur a disparu. Totalement. Fini, le monsieur qui fait peur.  Ta maman en est toute réjouie.




Les années ont passé, tu as quinze ans. Tu traînes avec tes amis et vous voyez les filles d'un autre œil. Sophie? elle a déménagé, loin, trop loin. Maintenant c'est Anne, avec ses cheveux roux bouclés, et ses mini jupes. Tu sors avec elle depuis 3 mois déjà . 

Mais la nuit, oh, la nuit tu as peur. Tu ne veux pas dormir, surtout pas rêver! Le monsieur à ta fenêtre est désormais sous ton lit. Il n'est pas mort, il t'a traqué et aujourd'hui le voilà. Tu as peur de faire tomber quelque chose sous ton lit, tu ne pourrais jamais remettre la main dessus! Mais ce n'est pas grave, tu es grand, tu n'as pas peur d'un truc de gosse. Tu as 15 ans, bon sang! Tu es robuste et bien bâti ! 

Avec Anne tu dors, avec Anne tu grelottes, non pas de froid mais de frayeur.




Mais mon petit, j'ai une question .






Pourquoi as-tu peur de ton papa ?



jeudi 24 avril 2014

Le passager avant


Lorsque l’on est seul en voiture, durant la nuit, et que le trajet dure un petit peu, il est possible d’observer un phénomène étrange et inquiétant. Peut-être que cela a un lien de parenté avec les apparitions de dames blanches, mais c’en est tout de même suffisamment différent pour en parler séparément. Cela est connu comme le « mystère du passager avant ». 
Le phénomène se produit souvent à la sortie des tunnels ou lorsqu’il y a un changement de luminosité suffisant pour que l’œil ait besoin d’un temps d’accommodation. Lorsque sa vision est convenablement rétablie, le conducteur peut alors parfois s’apercevoir que quelqu’un est apparu sur le siège passager avant. D’après les témoignages, il s’agit d’un homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux longs et gris et au visage sévère, habillé d’un blazer et d’un pantalon de toile noirs et d’une chemise bleue. Il n’a pas l’air dérangé par la situation et se contente de rester assis tant que l’on ne lui adresse pas la parole.

Au moment où on lui parle, cependant, il tourne la tête vers nous et nous fixe d’un regard triste pendant quelques secondes sans rien dire, puis son corps semble se mettre à vieillir de manière accélérée, sa chair se décompose rapidement pour ne plus laisser qu’un squelette habillé en costume qui disparaît ensuite dans un hurlement d’outre-tombe. Cela mène souvent à un accident à cause de la peur du conducteur.

Personne ne sait vraiment d’où vient cette apparition, ni qui est cet homme. Certains supposent que c’est une des nombreuses victimes des accidents de la route, rien de plus. D’autres pensent qu’il s’agit du spectre d’un millionnaire qui attend qu’on le conduise quelque part, et qu’il devient furieux si son « chauffeur » se met à poser des questions. Il y a même une théorie qui prétend que c’est un avertissement de la mort elle-même qu’il faut prendre très au sérieux.

Quoi qu’il en soit, il est conseillé de ne pas voyager seul de nuit. On peut aussi essayer d’occuper le siège pour se rassurer, peut être que c’est suffisant. Mais que cela ne vous empêche pas d’être vigilant, car après tout, même si votre siège avant est vide, vous ne pouvez jamais être sûr de ce que vous verrez dans votre rétroviseur. 



mercredi 23 avril 2014

Forestia

Pour une ancienne génération de joueurs, Forestia, sorti en 1998, reste dans les mémoires comme un sommet dans le genre ludo-éducatif. L'action du jeu est centrée sur une forêt et vise à développer les connaissances du jeune public sur la nature, point sur lequel il semble particulièrement bien réussir au vu des critiques qu'il a reçues. Le joueur remplit des missions et complète une collection de plantes ainsi qu'un album de photos d'animaux au fil de ses aventures. Beaucoup en ont un souvenir ému.

Toutefois, une mission parmi la petite dizaine que proposait le jeu présentait un aspect décalé, et un rapport plutôt lointain avec l'éducation: la Montagne de Feu. Bien que beaucoup saluent la qualité générale du jeu, de bons graphismes pour l'époque, une visée plus que louable et un esprit bon enfant, ce passage semble occulter tous les bons points et en fait une expérience traumatisante. Le paysage habituellement bucolique est plongé dans une ambiance rouge étouffante, les oiseaux piaillent continuellement. Des animaux sont retrouvés morts. 78340charles a réalisé un gameplay de ce niveau, la vidéo parle d'elle-même.



Les internautes ont dit pas mal de choses sur ce niveau que le gameplay ne montre pas toutes. Là-dessus, difficile de distinguer le vrai de la rumeur. Par exemple, en revenant parler après un moment à l'animal qui se trouve dans la cage au début du niveau, on devrait le retrouver décapité. Ce serait un peu fort dans un jeu pour les enfants, mais au vu du reste, ça paraît presque plausible...
Un point maintenant qui n'est pas contestable: l'échec à cette mission (à 4:00, ci-dessous) a une issue plutôt violente et sans équivoque. On peut rire de la voix du Sorcier grossièrement déformée, mais la défaite est présentée sans concession aucune: le volcan entre en éruption; vous n'avez pas réussi à sauver la forêt et vous assistez à sa destruction.



Tout cela ne doit bien sûr pas occulter la qualité du jeu. Mais on est tout de même en droit de se demander ce qui est passé par la tête des développeurs à ce moment-là...



Un objet creepy déjà relativement connu, il me semble. Pour information...

mardi 22 avril 2014

Lettre d'une disparue

Lors d’une sortie entre amis, nous découvrîmes quelque chose d’incroyable. Le hasard fit que nous tombâmes sur une lettre d’une personne apparemment disparue. J’ai moi-même pris soin de la retranscrire sur ordinateur car nous eûmes beaucoup de mal à comprendre. Je tenais à la partager avant d’en faire part aux autorités.      

    D'après l'entête, la lettre date de 6 ans. 

 




« Elle est partie… J’en profite vite pour vous expliquer ce qui nous est tous arrivé.      

    Je m’appelle Sephora Daniel. J’habite dans la région d’Alsace. Je travaille en tant qu’assistante aux personnes âgées. Je ne sais toujours pas depuis combien de temps je suis bloquée dans cet endroit. Je ne sais pas non plus comment je suis arrivée ici. En tout cas, je tenais à vous dire que je pense qu'au moment où vous lirez cette lettre, je ne serai plus des vôtres.  
  


Il ne me reste que très peu de temps pour vous raconter ce qu’il se passe ici. J’ai l’impression que ça fait une éternité que je suis prisonnière de cet enfer. Je ne sais pas si je suis condamnée pour toujours dans un cauchemar, un monde parallèle ou  une espèce de coma. Je rêverais qu’à ce moment même je me réveille dans mon lit et que mon mari vienne me rapporter le petit déjeuner. Je redoute le moment où je commencerai d'oublier le visage de mes proches à chaque minute qui défile. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas vu la lumière du jour.       
La première fois que je me suis réveillée dans cet endroit, j’étais dans une sorte de chambre envahie par l’obscurité. J’ai tout de suite compris que quelque chose n’allait pas ici. J’étais seulement habillée d’un long t-shirt blanc ainsi que d’un pantalon type pyjama. Je pouvais entendre des gouttes d’eau venant du plafond s’écraser au sol. Dans la pièce se trouvait seulement un matelas sur lequel je pouvais distinguer des taches étranges que je ne pourrais malheureusement pas vous décrire. La seule source de lumière était une petite fenêtre carrée placée sur la porte en métal de la chambre. Elle donnait vers un long couloir comportant d’autres chambres, ou devrais-je plutôt dire des cellules.

 J’avais dû rester au moins plusieurs jours sans manger jusqu’à temps de voir du mouvement. Il y avait deux hommes vêtus d’habits d’infirmier. Ils transportaient une femme endormie sur un lit d’hôpital. Je me souviens qu’elle était attachée par des barbelés qui lui tenaient les pieds et les mains. C’est alors que je remarquai que j’avais également été attachée de la même manière. Cela devait faire plusieurs jours que je ne m’étais pas réveillée puisque mes blessures étaient déjà cicatrisées. Les deux hommes mirent la jeune femme dans la chambre juste en face de la mienne. Ils étaient étrangement silencieux. Lorsqu’ils eurent refermé la porte, ils se tournèrent vers moi et s' approchèrent. Leurs yeux avaient complétement disparu, comme si quelque chose les avait enlevés minutieusement. Tous deux avaient leur bouche soigneusement cousue. Jamais je n’avais été témoin de telles horreurs. J’imagine que vous non plus. Ils sont ensuite repartis d’où ils venaient. Paniquée par les évènements, j’ai hurlé en leur suppliant de me sortir d’ici. Au lieu de répondre ils éteignirent les lumières du couloir.





J'ai réussi à m’endormir. C'était sûrement dû à la fatigue, Morphée avait gagné. À mon réveil, il y avait une assiette posée sur le côté du matelas. L’odeur qui se dégageait du plat ne laissait présager rien de convaincant. Il était impossible pour moi d'ingurgiter une chose pareille. Désespérée, je m’étais recroquevillée près de la porte en essayant de percevoir un quelconque bruit. C’est alors que j’entendis une personne sangloter. C’était un homme, il ne se trouvait pas bien loin de ma cellule. Je me souviens encore qu’il avait répété sans cesse la même phrase pendant au moins une demi-heure avant qu’on vienne lui rendre visite. "Regardez ce qu’ils m’ont fait… Regardez…" Voilà ce que je pus discerner. 
J’entendis tout à coup une porte s’ouvrir. Je me suis levée afin de voir ce qui se passait. C’était les deux mêmes infirmiers. Ils transportaient un chien qui semblait  haleter. L’un des deux "médecins", si je puis les appeler ainsi, ouvrit la porte du pauvre homme, puis l’autre jeta le chien dans la cellule et la referma aussitôt. De nombreux cris de douleur et de désespoir suivirent, puis plus rien. L’animal se nourrissait de son cadavre. Vous pensez qu’il s’agit forcément d’un acte inhumain, mais je ne vous ai pas tout raconté… Des choses bien pires se sont déroulées ici mais je n’ai plus beaucoup de temps et je suis épuisée. Bientôt viendra mon tour, je le sais. Tous ceux qui sont enfermés ici, avec moi, finiront par être assassinés, quelle qu'en soit la manière.
   

Un jour, les deux infirmiers m’ont emmenée de force dans les douches et l’un deux m’a fait signe de me laver. L’eau était terriblement froide et tellement sale que je ne me suis pas attardée à prendre ma douche, mais je l’ai laissée couler. Ils m’avaient laissée seule dans la pièce et je m’étais dit qu’il fallait absolument que j’essaie de sortir de cet enfer. Sur le mur se trouvaient de nombreuses inscriptions écrites en plusieurs langues, dont deux en français. L’une d’entre elles disait: "Si l'Homme est à l'image de Dieu, pourquoi existe-t-il de tels individus ?" et l’autre révélait: "Tu n’es plus qu’un souvenir maintenant". Je fus soudain surprise par un cri strident venant de la porte où se trouvaient les deux infirmiers. Terrifiée, je me suis dirigée vers la douche afin de l’éteindre pour ensuite tenter de me dissimuler. Je ne voulais en aucun cas voir ce qui avait provoqué la mort des deux psychopathes. Quelques instants plus tard le courant fut coupé et des cris de frayeur venant des cellules se firent entendre. Quelqu’un avait-il réussi à s’échapper ?
    Les hurlements de terreur se terminèrent par des cris de souffrance. C’est alors que le calme retomba. Je n’osais plus sortir de la douche. Et si cette chose m’attendait dans le couloir ? J’étais restée un très long moment à attendre près de la porte en écoutant le moindre bruit. Par la suite, je pus distinguer un gémissement qui me fit comprendre qu’une personne se trouvait dans le couloir et était encore en vie. Je devais faire quelque chose. J’ouvris la porte le plus délicatement possible en essayant de garder mon calme. Je ne voyais rien, le noir avait complètement pris le dessus dans cette structure. J’ai alors entendu une femme qui demandait de l’aide en chuchotant. Je me suis approchée d’elle en douceur et lui ai demandé ce qui s’était passé. Elle me répondit, non sans mal, qu’il fallait absolument sortir d’ici, que quelque chose d’inhumain se trouvait dans les parages. Elle me fit comprendre également qu’il ne s’agissait pas d’un infirmier mais d’une chose bien plus inquiétante. Je la pris par les bras afin de la transporter comme je le pouvais. On tenta de trouver n’importe quelle porte nous amenant à une sortie. Au bout du couloir se trouvait effectivement une double porte. Lorsque je l’ouvris, nous hurlâmes en chœur, surprises par un infirmier s’écroulant au sol. La femme gravement souffrante me dit qu’il valait mieux que je la laisse en paix, que je n’avais que peu de chances de m’en sortir vivante si je m'encombrais d'une infirme. Je ne voulais en aucun cas la laisser mais elle insista quand même. Je ne me pardonnerai jamais de l’avoir laissée mourir dans un tel endroit.     
Le courant venait d’être rétabli dans certaines pièces, dont celle vers laquelle je me dirigeais. C’était une salle bien plus grande que les autres, qui menait à plusieurs chambres d’opérations. Je pris de quoi me défendre dans l’une des chambres ainsi qu’une sacoche contenant un crayon et quelques feuilles. Lorsque je me suis retournée pour reprendre mon chemin, je vis une ombre bien plus grande qu’une personne normale. Sa respiration était étrangement saccadée, comme si elle en éprouvait énormément de mal. La chose marcha vers l’autre pièce qui menait aux cellules. Je me précipitai discrètement avant que la porte ne se referme derrière elle afin de la voir. J'ai alors vu l’auteur de ce carnage. Comment une chose aussi monstrueuse pouvait-elle exister ? Ses mains étaient plus grande que les nôtres. Elle était seulement recouverte  d’une peau grisâtre. Ma première pensée fut celle que j’avais été témoin d’une rencontre du troisième type. J’étais tétanisée à l’idée que cette chose était l'auteur de ces atrocités. Je devais absolument trouver un moyen de partir avant qu’elle se rende compte de ma présence.    
J’étais arrivée à ce qui devait sans doute être la sortie. La porte était incroyablement grande et épaisse. J’entendais à travers celle-ci comme le son de vagues s’écrasant sur une côte. Cette porte étant fermée, je devais trouver un autre moyen de sortir d’ici. Je m’étais cachée dans une espèce de débarras car j’avais remarqué la présence de deux infirmiers armés de plusieurs outils tranchants. Soit ils me cherchaient, soit ils cherchaient la bête, ou les deux. Le plus horrifiant, c’est que l’un d’entre eux tenait en laisse un prisonnier dont les yeux avaient été retirés de la même manière que les infirmiers. Je l’entendais renifler de partout comme un vulgaire animal. Je réussis à m'échapper  lorsque leurs bruits de pas se firent lointains. Je courus le plus vite possible de salle en salle en priant pour trouver quelque chose mais je tombais sans arrêt sur des cadavres de ces psychopathes. Au loin, je distinguais les cris effrayants de la bête qui résonnaient partout dans le bâtiment. J’ai même cru l’entendre rigoler après s’être calmée.     
Je l’entends de nouveau tenter de forcer la porte de la pièce dans laquelle je suis bloquée. Tout le monde est mort ici, tout le monde sauf moi. Je n’ai rien trouvé au sujet de la créature. En tout cas, je suis persuadée qu’une personne est à la tête de cet endroit, mais je n’ai pas trouvé qui. Le bâtiment se situe apparemment sur une île non répertoriée. J’ai pris soin de prendre une bouteille en verre dans un laboratoire situé juste à côté d’où je suis pour mettre les deux pages de ma lettre à l’intérieur. J’ai la chance d’avoir une fenêtre donnant une vue magnifique sur l’océan. J’aurais bien voulu sortir par-là, mais il m’est impossible de passer. Je termine ce message pour vous dire adieu. Adieu à ma fille, adieu à mon mari, adieu à mes proches.  

   
Sephora, 2008. »  




lundi 21 avril 2014

Psychose

DIMANCHE


Je ne sais pas vraiment pourquoi je mets tout ça par écrit, et pas sur mon ordinateur.
Je crois avoir remarqué certaines choses étranges. Non pas que je ne fasse pas confiance à l'ordi...
J'ai juste besoin... d'organiser mes pensées.
J'ai besoin d'inscrire tous les détails en un lieu objectif, en un lieu où je sais que ce que j'écrirai ne pourra être ni supprimé ni... changé... non pas que ça m'est déjà arrivé.
C'est juste que..tout s'entremêle dans mon esprit; un trouble qui prête à toute chose une empreinte étrange..


Je commence à me sentir à l'étroit dans ce petit appartement. C'est peut-être ça le problème. À cette époque, il me fallait juste partir et donc choisir l'appartement le moins cher, le seul situé au sous-sol.
Le manque de fenêtres ici fait que le jour et la nuit paraissent se succéder sans qu'on ne puisse discerner ni l'un l'autre. Je ne suis pas sorti depuis quelques jours parce que je travaillais intensivement sur ce projet de programmation. Je suppose que je voulais en finir le plus rapidement possible. Des heures assis à regarder un moniteur peut faire se sentir n'importe qui bizarre, je sais, mais pourtant je ne pense pas que ce soit ça.


Je ne suis pas certain de savoir quand j'ai commencé pour la première fois à sentir que quelque chose n'allait pas. Je ne peux même pas définir cette chose. Cela fait peut-être un moment que je n'ai parlé à personne. C'est sans doute la première chose qui m'a effrayé. Tous ceux à qui j'ai l'habitude de parler pendant que je programme ont affiché le statut absent ou ne sont simplement pas du tout connectés. Mes messages restent sans réponses. Le dernier mail que j'ai reçu de qui que ce soit, a été celui d'un ami disant qu'on parlerait ensemble quand il rentrerait du magasin, et c'était hier. Je téléphonerais bien avec mon téléphone portable, mais la réception est épouvantable ici.
Oui, c'est ça. J'ai juste besoin d'appeler quelqu'un. Je vais sortir.


---


À vrai dire, ça n'a pas fonctionné comme je le voulais. Alors que la panique causée par la peur s'estompe, je me sens quelque peu ridicule d'avoir été effrayé sans aucune raison. Je me suis regardé dans le miroir avant de sortir, mais je n'ai pas rasé la barbe de deux jours qui m'était poussée. Je me suis dit que je n'allais dehors que pour un rapide coup de fil. J'ai quand même pris soin de changer de haut, c'était l'heure du déjeuner et j'ai pensé que j'allais sûrement tomber sur une personne que je connaissais. Ça n'est pas arrivé. J’espérais que ça arrive.


Quand je suis sorti, j'ai doucement ouvert la porte de mon petit appartement. Un léger sentiment d'appréhension s'était déjà, en quelque sorte, logé en moi, pour une raison que je ne m'explique pas. Je supposais que cela était dû au fait que je n'avais parlé à personne, excepté à moi même, ces derniers jours.


Je scrutai le couloir terne et gris, terni par le fait qu'il s'agissait d'un couloir de soul-sol. À l'une de ses extrémités se trouvait une large porte métallique qui menait à la chaufferie du bâtiment. Elle était verrouillée, bien sûr. Deux lugubres machines à soda se tenaient devant elle; j'ai acheté un soda à l'une d'entre elles le jour où j'ai emménagé mais sa date d'expiration indiquait deux ans. Je suis même tout à fait certain que personne ne sait que ces machines sont ici, ou bien ma logeuse bon marché se fiche de les réapprovisionner.


J'ai fermé ma porte lentement, et ai marché dans l'autre direction, faisant attention de ne pas faire de bruit. Je n'ai aucune idée de pourquoi j'ai choisi de faire ça, mais c'était amusant de céder à la pulsion étrange de ne pas briser le bourdonnement paresseux des machines à soda, du moins pour le moment. J'atteignis la cage d'escalier, montai les marches jusqu'à la porte d'entrée de l'immeuble.
Je regardai à travers la lucarne de la lourde porte, et reçus comme un choc: ce n'était définitivement pas l'heure du déjeuner. La morosité de la ville planait au-dessus de la sombre rue, au dehors, et les feux de circulation à l'intersection au loin faisaient luire des yeux jaunes. D'obscurs nuages, pourpres et noirs faits de la lueur de la ville, étaient en suspens dans l'air.
Rien ne bougeait, excepté les arbres sur les trottoirs qui étaient remués par le vent. Je me souviens avoir frissonné, sans avoir eu froid pourtant. C'était peut-être le vent, à l'extérieur. Je pouvais vaguement l'entendre à travers la lourde porte métallique, mais je savais qu'il s'agissait de ce genre unique de vent de fin de soirée, le genre constant, froid et silencieux, à l'exception faite de la musique rythmée qu'il faisait en se glissant à travers les innombrables feuilles d'arbres, qui m'étaient invisibles.


Je décidai de ne pas aller dehors.


Au lieu de ça, je levai mon téléphone en direction de la lucarne de la porte, et vérifiai la réception.
Les barres du réseau remplirent le signal, et je souris. Il était temps d'entendre la voix d'une autre personne, je me souviens m'être dit, soulagé. Quel étrange sentiment que celui d'avoir peur sans la moindre raison. Je secouai la tête, riant de moi-même en silence. J'appuyai sur une touche du téléphone, activant la numérotation abrégée pour le numéro du portable de mon amie la plus chère, Amy, et tins l'appareil à mon oreille. Il sonna une fois... puis s'arrêta. Rien ne se produisit. Je n'écoutai rien d'autre que le silence durant une bonne vingtaine de secondes, puis je raccrochai. Je fronçai des sourcils, et vérifiai le réseau à nouveau – toujours plein. Je m'apprêtai à enfoncer la touche à nouveau lorsque le téléphone retentit au creux de ma main, me surprenant. Je l'amenai à mon oreille.


«Allô ?» demandai-je, réprimant presque instantanément le léger choc d'entendre l'écho d'une voix, bien que ce fut la mienne.
Je m'étais habitué, malgré moi, aux bourdonnements monotones de la chaufferie, à ceux de mon ordinateur et des machines à soda dans le couloir. Il n'y eut aucune réponse au début, mais ensuite, finalement, une voix se fit entendre.


«Hé, salut !» dit une voix d'homme, nette, l'âge d'étudiant sans doute, comme moi.
«Qui est à l'appareil ?»
«John» répondis-je, confus.
«Oh, désolé, mauvais numéro !» répliqua-t-il avant de raccrocher.


J'abaissai le téléphone et m'appuyai contre l'épais mur en briques de la cage d'escalier. C'était bizarre. Je regardai la liste des appels reçus, mais le numéro était inconnu. Avant que je n'aie pu y réfléchir davantage, le téléphone sonna intensément, et à nouveau, me surprit. Cette fois-ci, je regardai qui m'appelait avant de répondre. Il s'agissait d'un autre numéro inconnu. Cette fois-ci, je tins l'appareil à mon oreille, sans rien dire. Je n'entendis rien sinon le bruit de fond général de n'importe quel téléphone. Soudain, une voix familière brisa ma crispation.


«John ?» fut le seul mot, dans la voix d' Amy.


Je laissai échapper un soupir de soulagement.


«Hé, c'est toi», répondis-je.


«Qui d'autre, ça pourrait être ?» répliqua-t-elle. «Oh, oui le numéro. Je suis à une fête sur la 7ème Avenue, et mon portable m'a lâchée juste au moment où tu appelais. C'est le téléphone de quelqu'un d'autre, évidemment.»
«Ah, ok», répondis-je
«Et toi, t'es où ?», demanda-t-elle.


Mes yeux se posaient furtivement sur les murs ternes, en blocs de cylindres et peints à la chaux, ainsi que sur la lourde porte métallique avec sa petite fenêtre.


«À mon immeuble», soupirai-je. «Je me sentais enfermé. Je n'ai pas réalisé qu'il était si tard.»
«Tu devrais venir me rejoindre» dit-elle, en riant.
«Nan, je ne me sens pas d'humeur à chercher par moi-même un lieu étrange en plein milieu de la nuit», dis-je en regardant par la fenêtre à la rue au vent silencieux qui m'effrayait tout de même un peu, en secret. « Je pense que je vais simplement continuer à travailler, ou aller au lit.»


«Mais non !» répondit-elle. «Je peux venir te chercher ! Ton bâtiment est prêt de la 7ème, non?»
«Combien de verres t'as bu ?» répliquai-je de gaieté de cœur. «Tu sais où j'habite.»
«Oh, bien sûr» dit-elle brusquement. «Je suppose que je ne peux pas y arriver à pied, n'est-ce pas?»
«Tu pourrais si tu voulais perdre une demi-heure.» lui répondis-je.
«C'est juste !», dit-elle. «Bon, OK, je dois te laisser, bonne chance avec ton projet!»


À nouveau, j'abaissai le téléphone, en regardant les numéros clignoter alors que l'appel se terminait. Puis, le silence bourdonnant se réaffirma dans mes oreilles. Les deux appels étranges et l'inquiétante rue dehors ne faisaient qu'accentuer ma solitude dans cette cage d'escalier vide.
C'est peut-être le fait d'avoir regardé trop de films d'horreur qui m'a soudainement fait avoir l'idée inexplicable que quelque chose pouvait regarder à travers la fenêtre de la porte et me voir, une sorte d'horrible entité qui rôdait au bord de la solitude humaine, n'attendant qu'à fondre sur ceux trop confiants et qui se seraient éloignés, loin, des autres êtres humains. Je savais que la peur était irrationnelle, mais personne d'autre que moi n'était présent, alors... J'ai sauté en bas des escaliers, les dégringolant jusqu'à atteindre le couloir en bas menant à la porte de ma chambre, et refermant la porte aussi rapidement et silencieusement que je le pouvais.
Comme je l'ai dit, je me sens un peu ridicule d'avoir été effrayé pour rien, et la peur s'est déjà évanouie. Mettre tout ça par écrit aide beaucoup- ça me fait réaliser que rien n'est anormal. L'écriture nous purifie des pensées et des peurs à moitié formées et ne laisse que la froide réalité, seulement composée de faits solides et avérés.
Il est tard, j'ai reçu un appel d'un mauvais numéro, et le téléphone d'Amy est hors-service, alors elle m'a rappelé avec un autre numéro.
Rien d'anormal ne se passe.


Pourtant, il y avait bien quelque chose d'anormal à propos de cette conversation. Je sais que ça pourrait simplement être l'alcool qu'elle a consommé...ou n'était-ce pas tout simplement elle qui m'a semblé étrange? Ou était-ce... oui, c'était ça! Je n'avais pas réalisé jusqu'à ce moment, en écrivant tout ça. Je savais qu'écrire aiderait. Elle a dit qu'elle était à une fête, mais je n'ai rien entendu sinon le silence derrière sa voix! Bien sûr, ça ne veut rien dire en particulier, elle aurait pu s'isoler dehors pour passer l'appel, tout simplement. Non... ça ne pourrait pas être ça non plus. Je n'ai pas entendu le vent souffler! J'ai besoin d'aller voir si le vent souffle toujours!


LUNDI


J'ai oublié de finir d'écrire, la nuit dernière. Je ne suis pas sûr de ce que je m'attendais à voir quand j'ai monté les escaliers en hâte et ai regardé par la fenêtre de la grosse porte métallique. Je me sens ridicule. La peur de la soirée d'hier soir me semble floue et déraisonnable. Il me tarde d'aller dehors baigner dans la lumière du soleil. Je vais vérifier mes mails, me raser, me doucher, et enfin sortir d'ici ! Attendez... je crois avoir entendu un truc.
---
C'était le tonnerre. Moi qui me faisais une joie à l'idée de «baigner» dans la lumière du soleil, de respirer l'air frais, rien de tout ça n'est arrivé.
Je suis sorti de ma chambre pour me rendre dans la cage d'escalier et en haut, je n'ai rien trouvé d'autre qu'une grosse déception.
La petite lucarne de la lourde porte métallique laissait voir uniquement de l'eau couler sur sa vitre, une pluie torrentielle d'ailleurs qui venait s'écraser contre elle. Seule une faible et obscure lumière parvenait à se faufiler dans la pluie, mais au moins, je savais qu'on était le jour, même si c'était un jour gris, mièvre et pluvieux. J'essayai de regarder à travers la fenêtre, en attendant qu'un éclair illumine l'obscurité environnante, mais la pluie était trop puissante et je n'ai rien pu discerner d'autre que de vagues formes étranges se déplaçant à des angles bizarres à travers les flots qui arrosaient la vitre. Déçu, je fis demi-tour, mais je ne voulais pas retourner à ma chambre. Au lieu, je m'aventurai plus haut dans les escaliers, passant le premier étage, et le second. Les escaliers se terminaient au troisième étage, le plus haut dans le bâtiment. Je regardai à travers le verre qui courrait tout le long de la paroi extérieure de la cage d'escalier, mais tout était déformé. Le verre était de ces verres épais qui laissent passer la lumière et seulement la lumière, non pas qu'il y avait beaucoup à voir à travers la pluie, après tout.


J'ai ouvert la porte de la cage d'escalier du troisième étage et ai commencé à errer dans son couloir. La dizaine d'épaisses portes en bois, peintes en bleu, il y a longtemps semble-t-il, étaient toutes fermées. J'étais attentif au moindre bruit alors que je marchais, mais nous étions en plein milieu de la journée, et je n'étais donc pas surpris de n'entendre rien d'autre que la pluie au dehors. Comme je me tenais là, dans le couloir sombre, écoutant la pluie, j'ai eu l'étrange et fugitive impression que les portes étaient plantés dans le sol pareilles à des monolithes granitiques et silencieux, érigés par quelque ancienne civilisation oubliée et qui avaient un quelconque rôle, insondable, de «Gardiens». Éclairées, et j'aurais pu juré que, l'espace d'un instant, le vieux bois, d'un bleu granuleux, était semblable à de la pierre brute. Je ris de moi-même, pour avoir laissé mon imagination prendre le dessus sur moi, mais il m'est apparu alors que la sombre morosité ambiante dans le couloir et l'éclair qui venait juste de frapper de lumière les portes bleues devaient signifier qu'il y avait une fenêtre, quelque part dans le couloir. Un vague souvenir fit surface, et je me rappelai soudain que le troisième étage avait une alcôve et une fenêtre intérieure, posée à mi-chemin du couloir de l'étage.


Impatient de jeter un coup d’œil dehors et peut-être voir un autre être humain, je marchai rapidement vers l'alcôve jusqu'à y arriver et trouver une large et épaisse vitre. Arrosée de pluie comme la petite lucarne de la porte principale, mais à la différence de la première, je pouvais ouvrir celle-ci. Je tendis une main vers la vitre pour la faire glisser et l'ouvrir, mais j'hésitai. J'avais le sentiment étrange que si j'ouvrais la fenêtre, je verrais quelque chose d'absolument effroyable de l'autre côté. Tout a été si étrange dernièrement... donc je suis revenu ici avec un plan sans oublier de prendre ce dont j'avais besoin. Je ne pense pas sérieusement qu'il ressortira quoique ce soit de tout ça, mais je m'ennuie, il pleut, et je vais devenir fou. Je suis revenu pour prendre ma webcam.
Pas moyen, le cordon n'est pas assez long pour atteindre le troisième étage, donc, au lieu de ça, je vais la cacher entre les deux machines à soda, au fin fond de mon couloir sombre de sous-sol, faire courir le fil le long du mur de mon appartement, sous la porte, et mettre du ruban adhésif noir dessus pour mieux le dissimuler sur la bande de plastique noir qui longe la base des murs du couloir, et ce jusqu'aux machines. Je sais que c'est idiot, mais je n'ai rien de mieux à faire...


Eh bien, rien n'est arrivé. J'ai veillé à laisser ouverte la porte de la cage d'escalier qui mène au couloir du rez de chaussée, me suis blindé moralement, puis ai jeté la lourde porte métallique de sorte à ce qu'elle reste grande ouverte, et j'ai immédiatement dévalé les escaliers comme un dératé jusqu'à ma chambre et ai claqué la porte. J'ai regardé la webcam sur mon ordinateur attentivement, ayant une vue sur tout le couloir derrière ma porte et une partie de la cage d'escalier. Je suis en train de regarder en ce moment même, et je ne vois rien d'intéressant. J'aurais espéré que la caméra soit dans une autre position, j'aurais eu une vue sur la lourde porte d'entrée métallique... Hé! Quelqu'un est en ligne!

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J'ai sorti une webcam plus âgée et moins fonctionnelle du placard pour discuter avec mon ami en ligne. Je ne pouvais pas vraiment lui expliquer pourquoi je voulais utiliser la webcam, mais ça m'a fait du bien de voir le visage d'une autre personne. Il ne pouvait pas parler très longtemps, et notre discussion n'a pas été bien significative, mais je me sens beaucoup mieux. Mon étrange peur s'est presque totalement dissipée. Je voudrais me sentir totalement bien, mais il y avait quelque chose de... bizarre... avec cette conversation. Je sais que j'ai déjà dit que tout m'a paru étrange ces derniers temps, mais... il était très vague dans ses réponses. Je ne peux rien me souvenir de spécifique qu'il ait dit... pas de nom en particulier, de lieu ou d’événement dont il aurait parlé... mais par contre, il m'a demandé mon adresse mail, histoire de garder le contact. Oh, attendez, je viens de recevoir un mail.


Je m'apprête à sortir. Le mail venait d'Amy qui me demandait de la retrouver pour dîner «là où on a l'habitude d'aller». J'adore les pizzas, et ça fait des jours que je n'ai rien mangé d'autres que des trucs sans saveur pris au hasard dans mon frigo, pauvrement approvisionné, il faut le reconnaître. Je peux à peine attendre, et c'est peu de le dire. Encore une fois, je me sens complètement ridicule à propos des deux derniers jours que j'ai vécus. Je devrais détruire ce journal quand je rentre. Oh, un autre mail.


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Oh mon Dieu. J'ai failli laisser le mail et ouvrir la porte. J'ai failli ouvrir la porte. J'ai presque ouvert la porte, mais j'ai lu le mail avant ! Ça venait d'un ami dont je n'avais entendu aucune nouvelle depuis longtemps, et c'était envoyé à un grand nombre d'adresses, c'était probablement la totalité des personnes qu'il avait enregistrées dans sa liste de contacts. Il n'y avait pas d'objet, et ça disait, simplement:


«vu de vos propres yeux ne leur faites pas confiance ils»


Putain, ça veut dire quoi ça? Ces mots me choquent, et je continue de les relire encore et encore. Un mail désespéré envoyé juste au moment... où il s'est passé un truc? La phrase a été coupée avant d'avoir pu être terminée, c'est évident. N'importe quel autre jour, j'aurais considéré ça comme un spam d'un virus informatique ou autre, mais les mots... vu de vos propre yeux! Je ne peux m'empêcher de relire ce journal et de repenser aux derniers jours pour réaliser que je n'ai vu aucune autre personne de me «propres yeux» et que je n'ai parlé à personne face à face. La discussion webcam avec mon ami était si étrange, si vague, si... lugubre, maintenant que j'y pense. Était-ce si lugubre? Ou la peur obscurcirait-elle ma mémoire? Mon esprit rejoue la progression des événements que j'ai mis par écrit ici, soulignant le fait qu'il n'est pas un seul fait auquel j'ai été confronté qui ne mérite pas que je sois méfiant. Le mauvais numéro inconnu qui connaît mon prénom, l'étrange appel ultérieur d'Amy, l'ami qui a demandé mon adresse mail... C'est moi qui lui ai parlé en premier quand je l'ai vu en ligne! Et quelques minutes seulement après cette conversation, j'ai reçu un mail! Oh mon Dieu! Cet appel que j'ai eu avec Amy! J'ai dit au téléphone – j'ai dit que j'étais à trente minutes à pied de la 7ème Avenue! Ils savent que je suis près de là! Et s'ils essayaient de me trouver?! Où est tout le monde? Pourquoi je n'ai vu ni entendu personne d'autre ces derniers jours?


Non, non, c'est cinglé. C'est complètement cinglé. Je dois me calmer. Cette folie doit s'arrêter.


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Je ne sais pas quoi penser. J'ai couru partout dans mon appartement, furieusement, tendant mon téléphone portable à chaque coin pour voir si je captais le moindre signal derrière ces murs épais.
Finalement, dans la petite salle de bain, près d'un des coins de son plafond, j'ai réussi à obtenir une barre. Tenant mon téléphone là, j'ai envoyé un texto à chacun des contacts de ma liste. Ne voulant rien trahir de mes peurs infondées, j'ai simplement envoyé:


"Vous avez vu quelqu'un face à face dernièrement?"


À cet instant, je voulais juste qu'on me réponde. Je me foutais totalement de la réponse ou de savoir si je me tapais la honte. J'ai essayé d'appeler plusieurs personnes à quelques reprises, mais je n'arrivais pas amener ma tête assez haut, et si j'abaissais le téléphone, ne serait-ce que d'un pouce, le signal était perdu. Puis je me souvins de l'ordinateur, et me suis rué dessus, envoyant un message à tout ceux qui étaient en ligne. La plupart étaient absents ou loin de leurs ordis, sans doute. Personne ne répondit. Mes messages se firent plus insistants et frénétiques, et j'ai commencé à dire aux gens où je me trouvais et de faire un saut chez moi, en personne et que je puisse ainsi les recevoir, et pleins d'autres raisons encore moins crédibles..Je me fichais de tout à ce point là. J'avais juste besoin de voir une autre personne.


J'ai aussi retourné mon appartement, cherchant un truc que j'aurais pu oublier; n'importe quel moyen de contacter un autre être humain sans ouvrir la porte. Je sais que c'est fou, je sais que c'est infondé, mais et si? ET SI? J'ai simplement besoin d'être sûr! J'ai scotché mon portable au coin du plafond de la salle de bain pour être sûr de ne pas perdre le signal.


MARDI


LE TÉLÉPHONE A SONNÉ ! Épuisé de mon déchaînement de la nuit dernière, j'ai dû tombé de fatigue. J'ai été réveillé par la sonnerie du téléphone, et ai couru vers la salle de bain, debout sur les toilettes et ouvris le téléphone scotché dans le coin au plafond. C'était Amy, et je me sentais tellement mieux. Elle était vraiment inquiète à mon sujet, et apparemment elle avait essayé de me contacter depuis la dernière fois que je lui avais parlé. Elle va arriver d'un instant à l'autre, et oui, elle sait où je suis sans que je n'aie eu besoin de lui dire. Je me sens tellement gêné. C'est décidé, je vais balancer ce journal avant que quelqu'un le voie. Je ne sais même pas pourquoi je continue d'y écrire. Peut-être est-ce juste parce qu'il s'agit du seul moyen de communication que j'ai eu depuis... Dieu sait quand.
J'ai une mine affreuse. J'ai regardé dans le miroir avant de revenir écrire ceci. Mes yeux sont creux, ma barbe est plus épaisse, et plus généralement j'ai l'air en mauvaise santé.


Mon appartement est saccagé, mais je ne vais pas le nettoyer. Je pense que j'ai besoin que quelqu'un d'autre voie ce que je viens de traverser. Ces derniers jours n'ont pas été normaux. Je ne me suis pas imaginé des choses. Je sais que j'ai été victime d'une probabilité extrême. J'ai probablement manqué de voir une autre personne une douzaine de fois. Il m'a simplement pris l'envie d'aller dehors quand il était tard dans la nuit et dans le milieu de la journée quand tout le monde était déjà parti. Tout va parfaitement bien, je le sais à présent. De plus, j'ai trouvé dans le placard, la nuit dernière, quelque chose qui m'a énormément aidé. Une télévision! Je l'ai branchée juste avant d'écrire ça et elle est au fond. La télévision a toujours été une échappatoire pour moi, et elle me rappelle qu'il y a un monde, un monde derrière ces murs de briques sales.


Je suis content qu'Amy ne soit la seule à m'avoir répondu après le harcèlement frénétique de la nuit dernière de tous ceux que j'ai pu contacter. Cela fait maintenant plusieurs années qu'elle est ma meilleure amie. Elle ne le sait pas, mais je compte le jour où je l'ai rencontré parmi les quelques moments de véritable bonheur que j'ai eus dans ma vie. Je me souviens de ce jour chaud d'été avec tendresse. Cette réalité semble si loin de ce sombre, pluvieux et solitaire endroit. Il me semble que nous avons passé des jours assis dans cette aire de jeux, beaucoup trop âgés pour y jouer, juste à parler et y traîner sans rien faire d'autre que de laisser le temps passer. Il me semble encore que je pourrais revenir à ce moment parfois, et ça me rappelle que cette foutue place n'est pas la seule à... enfin, on frappe à la porte!
J'ai pensé que c'était bizarre que je ne puisse pas la voir à travers la caméra que j'ai cachée entre les deux machines à soda. J'ai compris qu'elle était mal positionnée, comme lorsque je ne pouvais pas voir la porte principale. J'aurais dû le savoir. J'aurais dû le savoir! Après avoir entendu le coup sur la porte, j'ai crié à travers celle-ci que j'avais une caméra cachée entre les deux machines à soda, en rigolant tant j'étais embarrassé d'avoir emmené cette paranoïa si loin. Après cela, j'ai vu son image apparaître sur mon écran, marcher vers la caméra, et la regarder. Elle sourit et salua.


«Hé!» dit-elle vivement, me lançant un regard ironique et désabusé.
«C'est bizarre, je sais» répondis-je dans le micro attaché à mon ordinateur. «J'ai vécu une série de jours étranges.»
«J'en doute pas» répliqua-t-elle. «Ouvre la porte, John.»


J'hésitai. Comment pouvais-je être sûr?


«Hé, fais moi plaisir, une seconde» lui dis-je à travers le micro. «Dis-moi un truc à propos de nous deux. Juste pour me prouver que c'est bien toi.»


Elle donna à la caméra un regard singulier.


«Hum, OK» dit-elle doucement, réfléchissant. On s'est rencontrés, par hasard, dans une aire de jeux, quand on était tous les deux, trop vieux, pour s'y trouver?»


Je soupirai profondément alors que la réalité avait retrouvé sa place et que la peur s'était totalement estompée. Mon Dieu, j'ai été si ridicule. Bien sûr que c'est Amy! Ce jour-là n'était nulle part ailleurs que dans ma mémoire. Je n'en ai même jamais parlé à personne, non pas par gêne mais pour conserver une étrange et secrète nostalgie, à propos du désir que je conserve de voir ces jours exister à nouveau.


«Haha, très bien, je vais tout t'expliquer» lui dis-je. «J'arrive.»

J'ai couru à ma petite salle de bain et ai remis en place mes cheveux du mieux que j'ai pu. Je paraissais affreux, mais elle comprendrait. Ricanant de mon comportement incroyable et du bazar que j'avais crée dans mon appartement, je marchai vers la porte. Je posai la main sur la poignée et donnai au désordre un dernier regard. Tellement ridicule, ai-je pensé. Mes yeux suivaient du regard la nourriture à moitié mangée qui traînait un peu partout sur le sol de l'appartement, la poubelle débordante, et le lit que j'avais basculé sur le côté à la recherche de... Dieu sait quoi. Je me suis presque tourné vers la porte et j'étais sur le point de l'ouvrir, mais mes yeux tombèrent sur une dernière chose: la vieille webcam, celle que j'avais utilisée pour cette étrange et insipide conversation avec mon ami.


Sa sphère noire et silencieuse gisait sur son côté à tout hasard, et son objectif pointait vers la table où ce journal reposait. Une terreur accablante me prit alors que je réalisai que si quelque chose avait regardé à travers cette caméra, ça aurait vu ce que je venais juste d'écrire à propos de ce jour-là. Je lui ai demandé n'importe quoi à propos de nous deux, et elle a précisément choisi la seule chose que je pensais qu'ils ou que ça ne savait pas... mais ÇA LE SAVAIT! ÇA LE SAVAIT! ÇA AURAIT PU ÊTRE EN TRAIN DE ME REGARDER DURANT TOUT CE TEMPS!


Je n'ai pas ouvert la porte. J'ai hurlé. J'ai hurlé d'une terreur incontrôlable. J'ai piétiné la vieille webcam sur le sol. La porte a tremblé, et sa poignée tournait dans tous les sens, mais je n'ai pas entendu la voix d'Amy à travers la porte. Était-ce la porte du soul-sol, faite en sorte qu'elle tienne à l'écart les courants d'airs, qui était trop épaisse? Ou était-ce Amy qui n'était pas derrière? Qu'est-ce qui aurait pu essayer d'entrer, si ce n'était pas elle? Qu'est-ce qui est derrière ma porte, putain? Je l'ai vue sur mon écran à travers la webcam dehors, je l'ai entendue à travers les micros de la caméra dehors, mais était-ce réel?! Comment puis-je savoir?! Elle est partie à présent – j'ai hurlé, et supplié qu'on vienne à mon secours. J'ai entassé tous les meubles de mon appartement contre la porte d'entrée.


VENDREDI


Du moins, je pense qu'on est Vendredi. J'ai détruit tout ce qu'il y avait d’électronique. J'ai réduit mon ordinateur en miettes. Le moindre programme électronique aurait pu avoir été infiltré par un accès au réseau, ou pire, avoir été altéré. Je suis programmeur, je le sais mieux que n'importe qui. La moindre information me concernant et que j'ai pu donner depuis que tout ça a commencé – mon nom, mon e-mail, et mon adresse – rien de tout cela ne m'est revenu de l'extérieur, rien, jusqu'à ce que je les donne moi-même. Je ne cessais de lire et relire ce que j'ai écrit. Je faisais les cent pas de long en large de l'appartement, partagé entre une terreur absolue et une incrédulité accablante. Malgré cette incrédulité, je suis de temps à autre absolument certain qu'une sorte d'entité ectoplasmique meurt d'envie d'arriver à me faire sortir dehors. Retour où tout cela a commencé, avec l'appel provenant d'Amy, elle m'a effectivement demandé d'ouvrir la porte et de me rendre à l'extérieur.


Ça n'a de cesse de me traverser l'esprit. Une partie de moi dit que je me suis comporté comme un fou, et que tout cela n'est que le résultat de convergences dues à d'extrêmes probabilités – n'être jamais sorti de mon appartement aux bons moments, et ce par pure chance, n'avoir jamais rencontré une autre personne par pure chance, avoir reçu par hasard un mail insensé d'un ordinateur piraté juste au mauvais moment pour me faire flipper.
L'autre partie de moi dit que ces convergences sont la raison pour laquelle, quoi que soit la chose dehors, ne m'a pas déjà attrapé. Maintenant que j'y pense: je n'ai jamais ouvert la fenêtre du troisième étage. Je n'ai jamais ouvert la porte d'entrée principale, jusqu'à cette expérience incroyablement stupide de webcam cachée que j'ai ouvert furtivement et ce après quoi j'ai couru directement, droit à ma chambre et ai claqué la porte. Je n'ai plus ouvert l'épaisse porte de ma chambre depuis que j'ai laissé entrouverte la porte principale du bâtiment. Quoi qu'il puisse y avoir dehors – s'il y a bien quelque chose – ça n'est jamais «apparu» dans le bâtiment avant que je n'aie ouvert la lourde porte métallique. Peut-être que la raison pour laquelle ça n'était pas déjà dans le bâtiment était que c'était ailleurs, attrapant tous les autres... et ensuite ça a attendu, jusqu'à ce que je trahisse mon existence en essayant d'appeler Amy... un appel qui n'a rien donné, jusqu'à ce que ça me rappelle pour me demander mon prénom...


La terreur me submerge littéralement, chaque fois que j'essaye d'assembler les pièces de ce cauchemar ensemble. Ce mail – court, coupé – provenait-il de quelqu'un essayant de faire passer le mot? Des mots d'une voix bienveillante et amicale essayant désespérément de me prévenir avant que ça n'arrive? Vu de vos propres yeux, ne leur faites pas confiance – exactement ce pourquoi j'ai été si soupçonneux. Ça pourrait avoir le contrôle total de tout objet électronique. Exerçant son insidieuse tromperie pour me forcer à aller dehors. Pourquoi est-ce incapable d'entrer? Ça a frappé à la porte – ça doit donc avoir une présence solide... la porte... l'image de ces portes, dans le couloir le plus haut, «pareilles à des gardiens monolithiques» me revient à l'esprit chaque fois que je m'efforce d'esquisser un chemin logique fait de mes pensées. S'il y a bien une entité fantôme essayant de me faire sortir dehors, peut-être que ça ne peut pas traverser les portes. Je ne cesse de me remémorer tous les livres que j'ai lus, tous les films que j'ai vus, essayant de trouver une explication à cela.
Les portes ont toujours été des foyers si intenses pour l'imagination humaine, toujours vus comme des pupilles ou des portails d'une importance particulière. Ou la porte est-elle simplement trop épaisse? Je sais que je ne pourrais pas défoncer une seule porte dans ce bâtiment, et je ne parle même pas de celles du sous-sol. Cela mis à part, la véritable question est, pourquoi même, ça voudrait-il de moi? Si ça voulait simplement me tuer, ça aurait pu le faire de plusieurs façons, incluant le fait d'attendre simplement que je meure de faim. Et si ça ne voulait pas me tuer? Si ça me réservait un sort plus horrible encore que la mort? Mon Dieu, que puis-je faire pour échapper à ce cauchemar?!


Ça frappe à la porte...


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J'ai dit aux personnes se trouvant de l'autre côté de la porte qu'il me fallait une minute pour réfléchir et qu'ensuite je sortirais. Je suis actuellement en train d'écrire tout ça donc je peux réfléchir à ce que je vais faire. Au moins, cette fois-ci, j'ai entendu leurs voix. Ma paranoïa – et oui je reconnais que je suis paranoïaque – m'a fait réfléchir à toutes sortes de moyens pour que leurs voix aient pu être simulées électroniquement. Il pourrait n'y avoir rien d'autre que des hauts-parleurs dehors, imitant des voix humaines. Leur a t-il véritablement pris trois jours pour venir me parler? Amy est supposément dehors, avec deux policiers et un psychiatre. Peut-être a-t-il pris trois jours pour réfléchir à ce qu'ils me diraient – le discours du psychiatre pourrait être plutôt convaincant si je décidais que tout cela n'était qu'un malentendu farfelu, et non pas une sorte d'entité essayant de me faire ouvrir la porte.


Le psychiatre avait une voix plus âgée que les autres, autoritaire mais bienveillante. J'aimais sa voix. Je suis désespéré de voir quelqu'un de mes propres yeux! Il m'a dit que je souffrais d'une chose qu'on appelle «cyberpsychose» et que je ne suis qu'un à l'échelle nationale, parmi quelques milliers à être victime de cette épidémie de cyber-dépression causée par un mail suggestif qui «est parvenu à s'infiltrer d'une certain façon». Je jure qu'il a précisément dit «est parvenu à s'infiltrer d'une certain façon.» Je pense qu'il voulait dire, diffuser à travers le pays inexplicablement, mais je suis incroyablement suspicieux sur le fait que l'entité a laissé échapper quelque chose, m'a révélé quelque chose, malgré elle. Il m'a dit que je faisais partie d'une vague de «comportements émergent», qu'un grand nombre d'autres personnes avaient le même problème, étaient éprouvés par les mêmes peurs, bien que nous n'ayons jamais communiqué entre nous.


Cela explique parfaitement l'étrange mail à propos des yeux que j'ai reçu. Il ne s'agissait pas du mail original qui a tout déclenché. J'ai simplement reçu une de ses copies – mon ami a pu lui aussi être victime de cette psychose et tenter de prévenir tous ceux qu'il connaissait contre ses peurs paranoïaques. C'est comme cela que l'épidémie s'est diffusée, clame le psychiatre. Je pourrais aussi avoir aidé à la diffuser avec mes textos et mes messages envoyés à tous ceux que je connais. Quelqu'un parmi eux pourrait être en train de péter les plombs au moment où j'écris ça, ceci déclenché par quelque chose que je leur aurais envoyé, quelque chose qu'ils pourraient interpréter comme bon leur semblera, quelque chose comme un texte leur demandant s'ils avaient vu n'importe qui face à face dernièrement? Le psychiatre me dit qu'il ne veut pas «en perdre un autre», que les gens comme moi sont intelligents, et que ça n'est que de nos faux pas qu'il cherche à nous préserver. Nous établissons des liens avec une telle exactitude que nous en établissons même lorsqu'il n'y en a aucun à faire. Il dit qu'il est facile de se perdre et se laisser prendre par la paranoïa dans notre monde trépidant, en constante évolution et où la plupart de nos interactions avec celui-ci sont de plus en plus simulées.


Je dois lui reconnaître une chose. C'est une très bonne explication. Elle explique avec soin absolument tout. Ça explique parfaitement tout, en fait. J'ai toutes les raisons de délaisser cette peur cauchemardesque qu'une chose ou une conscience ou un être est dehors et attend de moi que j'ouvre la porte pour qu'il puisse s'emparer de moi pour que je fasse front à une horrible destinée, bien pire encore que la mort. Il serait stupide de ma part qu'après avoir entendu cette explication, je reste ici enfermé jusqu'à mourir de faim simplement pour emmerder l'entité qui pourrait avoir réussi à s'être emparé de tous les autres. Il serait tellement stupide de penser, après avoir entendu cette explication, que je pourrais bien être l'un des derniers êtres humains laissés en vie dans un monde vide, me cachant dans ma chambre sécurisée au sous-sol, crachant à la gueule d'une créature à peine concevable, emplie de fourberies et de tromperies, par le simple fait de refuser d'être capturé.
C'est une explication parfaite pour la moindre petite chose étrange que j'ai vue ou bien entendue, et j'ai toutes les raisons du monde de laisser toutes mes peurs s'en aller, et d'ouvrir la porte.


C'est exactement ce que je ne ne vais pas faire.


Comment puis-je être sûr? Comment puis-je discerner le réel de la tromperie? Toutes ces putains de machines avec leurs fils et leurs signaux provenant d'une origine invisible! Ils ne sont pas réels, je ne peux pas être sûr! Les signaux émis à travers une caméra, vidéo truquée, des appels téléphoniques trompeurs, des mails! Même la télévision, gisant cassée sur le sol – comment puis-je savoir que c'est bien réel? Ça n'est que des signaux, des ondes, de la lumière..la porte! Ça enfonce la porte! Ça essaye d'entrer! Quel fol artifice mécanique à la pointe de la technologie, ça pourrait être en train d'utiliser pour imiter si parfaitement le bruit d'hommes qui attaquent le bois épais?!
Au moins, je vais enfin pouvoir voir de mes propres yeux... il n'y a plus rien qui reste ici pour me duper, j'ai détruit tout système électronique! Ça ne peut pas tromper mes yeux, n'est ce pas? Vu de vos propres yeux ne leur faites pas confiance ils... attendez... ce message désespéré me disait-il de faire confiance à mes yeux, ou plutôt me mettait-il en garde contre eux?! Oh mon Dieu, quelle est la différence entre une caméra et mes yeux? Tous deux convertissent la lumière qu'ils captent en signaux électriques – ils sont identiques! Je ne peux me faire avoir! Je dois être sûr! Je dois être sûr!


DATE INCONNUE


J'ai calmement réclamé du papier et un stylo, jour après jour, jusqu'à ce que finalement ça mes les donne. Non pas que cela importe. Que vais-je faire à présent? M'arracher les yeux? Les bandages semblent être une partie de moi-même à présent. La douleur s'en est allée. Je me dis que cela sera, à n'en pas douter, une de mes dernières chances d'écrire lisiblement, sans ma vue pour corriger les erreurs, mes mains oublieront lentement tous les mouvements associés à l'écriture. C'est par compassion pour moi-même, cette écriture... c'est une relique d'un autre temps car je suis certain que tous ceux restants dans le monde sont morts... ou bien pire encore...


Je m'assieds contre le mur capitonné tous les jours. L'entité m'apporte à manger et à boire. Ça se grime parfois en infirmière attentionnée, parfois en docteur antipathique. Je pense que ça sait que mon ouïe s'est considérablement accrue par le fait que je vis dans l'obscurité totale à présent. Ça feint des conversations dans les couloirs, qu'à tout hasard je pourrais surprendre. L'une des infirmières parle d'avoir un enfant, bientôt. L'un des docteurs a perdu sa femme dans un accident de voiture. Rien de tout cela n'importe, rien de tout cela n'est vrai. Rien de tout cela ne m'atteint, sinon elle...


C'est ici qu'arrive la pire des parties que je peux à peine supporter. La chose vient à moi, sous les traits d'Amy. Son imitation est parfaite. Sa voix sonne comme celle d'Amy, le parfum de son corps est pareil au sien. Ça parvient même à produire et à imiter raisonnablement des filets de larmes qui s'écoulent sur les joues reproduites à l'identique que la créature me fait sentir. Quand ça m'a emmené ici la première fois, ça m'a dit toutes les choses que j'avais toujours voulu entendre d'elle.
Ça me dit qu'elle m'aimait, qu'elle m'avait toujours aimé, qu'elle ne comprenait pas pourquoi j'avais fait cela, que nous pouvions toujours avoir une vie tous les deux, ensemble, si seulement j'arrêtais d'insister qu'on tentait de me tromper. Ça voulait que je croie que... non, ça avait besoin que je croie qu'Amy était réelle.


Je me suis presque fait avoir. J'ai presque été assez dupe. Jamais je n'avais autant douté de moi-même. À la fin cependant, cela était beaucoup trop parfait, sans défauts, et bien trop réel. La fausse Amy avait l'habitude de venir me rendre visite chaque jour, puis chaque semaine, et finalement ne vint plus du tout... mais je ne pense pas que l'entité abandonnera. Je pense que ce jeu d'attentisme n'est qu'un autre de ses tours. J'y résisterai jusqu'à la fin de mes jours, si j'y suis forcé.
Je ne sais pas ce qui est arrivé au reste du monde, mais je suis sûr que cette chose a besoin que je tombe dans ses tromperies. Si ça a effectivement besoin de cela, alors peut-être, juste peut-être, que je suis une embûche dans son agenda. Peut-être qu'Amy est toujours vivante, dehors, quelque part, gardée en vie par ma seule volonté de résister au trompeur. Je m'accroche à cet espoir, basculant mon corps d'avant en arrière dans ma cellule pour passer le temps. Je n'abandonnerai jamais. Je ne céderai pas. Je suis... un héros!


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Le médecin lisait le papier sur lequel le patient avait griffonné. C'était à peine lisible, l'écriture était aussi tremblotante que pouvait l'être celle d'une personne qui ne pouvait plus voir. Il voulut sourire face à la ferme volonté du jeune homme, un rappel transcendant de la volonté qu'a toujours manifesté l'homme pour sa survie, mais il savait que son patient était complètement délirant.


Après tout, un homme sain d'esprit aurait accepté la duperie depuis longtemps.


Le médecin voulut sourire. Il voulut murmurer des mots d'encouragement au jeune homme délirant. Il voulut hurler, mais les filaments nerveux qui entouraient sa tête et qui avait percé ses yeux le firent agir autrement.


Son corps se déplaça vers la cellule matelassée et y entra à la manière d'un pantin, et de sa bouche sortirent encore une fois les mêmes mots. Il dit au patient qu'il se trompait, et qu'il n'y avait personne qui essayait de le duper.


Traduction: Onizuka-San

Creepypasta originale ici.

samedi 19 avril 2014

L'accident

Aujourd'hui fut une bonne journée, bien qu'un peu fatigante.
Il était 19h, j'étais au volant, j'envoyais un message à ma femme pour lui dire que j'arrivais dans une petite heure. On fêtait nos 11 ans de mariage ce soir, je lui avais acheté un cadeau. J'espérais que ça lui plairait, j'avais mis longtemps à choisir. Je relevai les yeux de mon portable.  Quelqu'un se trouvait en plein milieu de la route.


   « MERDE ! »


Je donnai un violent coup de volant vers la droite pour l'éviter, quittant la route. La voiture finit sa course dans le fossé.


Après 5 bonnes minutes, je repris finalement conscience. Quelqu'un me traînait sur le sol. Sans réfléchir, je me mis à hurler et à me débattre, essayant désespérément de me dégager de l'emprise de cet inconnu. Il s'arrêta, se retourna brusquement et je n'eus pas le temps de voir son visage qu'il me rua de coups. Je perdis de nouveau connaissance.


 Quand j’ouvris  les yeux, tout était noir autour de moi. Ma tête me faisait horriblement mal. Je voulus me relever, mais mon front se cogna contre une paroi de bois, et je fus donc obligé de rester allongé. À tâtons, je cherchai une issue... en vain. Commençant à sérieusement paniquer, je passai mes mains sur tout ce qui m'entourait. Au bout de quelques instants, elles s'arrêtèrent sur quelque chose d'étrange.
 Long, mince, froid, qu’est-ce que cela pouvait bien être..? Il y en avait plusieurs, j'en pris un entre mes deux mains. D'un coup, je compris. Des os. Un squelette tout entier même. Pris de nausées, je lâchai ma trouvaille dans le néant. J'avais été enterré vivant, dans la tombe d'un autre. Mon premier réflexe fut d'hurler à l'aide, frappant aussi fort que je pouvais contre le couvercle de ma prison de bois, priant le bon Dieu que quelqu'un m'entende. Après plusieurs minutes, je me rendis pourtant à l'évidence.
 Personne ne m'entendrait.


 Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais là, mais une chose était sûre, il ne devait pas me rester d’oxygène pour plus de quelques heures. M'efforçant de me calmer et d'essayer de respirer le plus lentement possible afin économiser l'air, je ne pus m'empêcher de pleurer. Allais-je donc mourir ici ? Je pensais à Hélène qui devait m'attendre avec les enfants, sans savoir où j'étais, probablement morte d’inquiétude...
Sans espoir, je tapais contre le bois du cercueil, quand j'eus enfin une idée. Frappant sur les différentes parois, je me rendis compte que l'une d'elles sonnait creux. J'avais vu juste. Je me trouvais sûrement dans un cimetière. Une lueur d'espoir m'envahit. Le son creux était peut-être dû au fait qu'une tombe avait récemment été creusée à côté de la mienne, encore vide donc, juste un grand trou dans la terre, probablement à moins d'un mètre d’intervalle, deux tout au plus. Si j'arrivais à m'extirper de cette boîte, il me suffirait de creuser un peu et de me laisser glisser dans l'emplacement voisin.
 Par chance, le cercueil paraissait plutôt ancien, les planches devaient donc simplement être clouées entre elles. La paroi se trouvait derrière ma tête. À l'aide d'un os présent dans le cercueil, j'entrepris de gratter chaque coté de la planche de bois afin de la faire céder. Malgré le travail pénible que cela représentait, je devais faire vite car déjà l'air commençait à me manquer.


Je ne sais pas combien de temps il me fallut pour parvenir à arracher le bois, et plusieurs fois l'envie me prit d'abandonner. Enfin la planche céda. Je lâchai l'os et commençai à creuser la terre à mains nues. Repoussant celle que j'enlevais vers le fond du cercueil, je parvins finalement à passer la main dans la fosse d'à coté. Fou de joie, j’élargis le trou jusqu'à pouvoir me traîner jusqu'à la sortie.
 Jamais je n'avais été aussi heureux de respirer de l'air frais. Remontant de la sépulture vide, je sortis du cimetière aussi vite que mes jambes me le permirent. Une fois dehors, il y avait une route. Je me jetai sur la première voiture qui passait par là, et, sans même prendre le temps de raconter mon histoire, je suppliai son conducteur de me ramener chez moi, ce qu'il accepta sans poser de questions.


Montant les marches du perron à toute vitesse, je rentrai chez moi. La pendule indiquait 2h47. Hélène dormait paisiblement dans le canapé, sûrement avait-elle dû m'attendre longtemps. Je la réveillai. Elle parut tout d'abord surprise, et m'écouta raconter toute mon aventure sans rien dire. « Il faut aller prévenir la police ! » m'écriai-je, mais Hélène ne semblait pas de cet avis. Elle me fit remarquer l'heure tardive, sans parler du fait qu'il n'y aurait probablement personne au poste. «C'était notre anniversaire de mariage hier, tu ne veux pas dormir au moins un peu avant d'aller parler à la police..?» Elle n'avait peut-être pas tort après tout... Quelques heures de repos ne me feraient pas de mal, histoire de reprendre mes esprits.
Accompagné de ma femme, j'allai me coucher, semant mes vêtements tachés de boue sur le chemin. Une fois au lit, Hélène partit dans la salle de bain, et revint cinq minutes plus tard en lingerie fine. «Qu'est ce que tu fais ? » Demandai-je, agréablement surpris. M'attachant les poignets au lit, elle répondit qu'il n'était jamais trop tard pour fêter 11 ans d'un délicieux mariage. Détachant ses cheveux, elle se mit à califourchon sur moi : « Cette journée a dû être épuisante pour toi, mais quelle idée a eu cette femme de se jeter sur la route ? » Je devins subitement pâle. « Mais, je ne t'ai pas dit qu'une femme s'était pratiquement jetée sous mes roues, simplement que j'avais eu un accident... » Elle ne répondit pas, et saisissant un coussin, elle se mit à rire, mais d'une façon que je ne lui connaissais pas ; presque démoniaque.


     « Tu n'aurais jamais dû sortir de ce cercueil Mark... » 





vendredi 18 avril 2014

Un beau brun

Je m'appelle Ophélie, et il y a 2 mois j'ai eu une relation, si on peut appeler ça une relation, bref une très courte relation assez cauchemardesque avec un homme. Je dis cauchemardesque car cet homme était hyper possessif (enfin, je trouve pas d'autre mot pour le décrire). C'était angoissant, et pourtant on ne s'était vu qu'une fois. Bref c'était un mec flippant et c'est pour cela que je suis restée un mois à l'hôpital...  




Notre relation a commencé sur un site de rencontres comme les autres. C'était un type assez mignon, brun, ténébreux, vous voyez le genre. Sur son profil je pouvais voir qu'il avait les mêmes goûts que moi, alors sans hésitation je lui ai demandé s'il acceptait d'entamer une conversation. Sa réponse, affirmative, arriva dans la seconde. Je décidai alors de lui écrire un message.  




Moi- Salut   
Lui- Salut    
M- Pierre, c'est bien ça ?   
L- Je pense ^^  
...  

Il avait de l'humour,  ben voyons ! On a continué à parler pendant bien 1h, 1h30. Tout s'est déroulé tranquillement jusqu'au moment où j'ai voulu partir :  




M- Contente d'avoir pu te parler, mais va falloir que j'y aille ;)   
L- Non...   
M- Non ?   
L- Je veux que tu restes, je t'interdis de partir...  

D'abord j'ai cru qu'il disait ça pour rigoler, et j'aurais dû directement le prendre pour un dingue et on n'en serait pas arrivé à ce qui est arrivé...

M- Roh il est mignon, je lui manque déjà ^^ mais mon petit il va falloir que j'aille manger sinon je vais devenir anorexique et toute moche :3  
L-...  

Sa réaction me parut étrange mais je me suis déconnectée tout de suite après et pendant la soirée je n'y ai plus pensé. 




Cette nuit, je me suis couchée avec l'étrange sensation d'être observée...  




Le lendemain, je me suis jetée sur mon ordinateur pour parler à mon nouveau "Roméo", il était déjà connecté.  

M- Hey ! ;)   
L- Ah, te revoilà enfin, je t'ai attendue toute la nuit...   
M- Ah oui mais mon petit bonhomme moi la nuit je dors hein ^^  
L- T'es belle quand tu dors... ^^  
M- Quoi ?   
L- Ta webcam était allumée hier soir, tu avais dû la laisser en marche sans le faire exprès. Quand j'ai regardé ton profil j'ai vu que la webcam était activée alors j'y ai jeté un coup d'œil et je te voyais dormir .   

J'ai eu un frisson rien qu'en pensant que quelqu'un m'avait observé dans mon sommeil, mais aussi en voyant que ma webcam était éteinte, alors sur le coup j'ai pensé qu'elle avait eu un bug. Ou qu'il me faisait tout simplement une blague. 

M- Et bien... Merci ^^  
L- De rien... Et j'adore ton T-Shirt rouge.   
M-... Comment tu sais que... Oo  
L- Ahah alors là coup de bol franchement... ^^  




Finalement on a continué de parler. Au fil de la conversation je ne pouvais m'empêcher de me sentir mal à l'aise. Quelque chose ne tournait pas rond...  




Le lendemain, devant ma porte, j'ai trouvé un énorme bouquet de fleurs. Il y avait une carte sur laquelle était écrit : "Pour toi Ophélie, ton Roméo". J'ai d'abord pensé que le bouquet venait de quelqu'un que je connaissais, mais je ne voyais pas qui aurait pu faire ça. Je suis ensuite retournée sur le site pour parler à Pierre.  




L- Tu as reçu mon petit cadeau ?    
M- Comment... C'est toi les fleurs ?!  
L- Beh oui qui d'autre ?!  Un petit con a aussi des vues sur toi ?!   
M- Non... Enfin c'est pas la question... Comment tu sais où j'habite, d'où tu connais mon adresse ?   
L- Peut-être parce qu'on se croise souvent...   
M- c'est bizarre je t'ai jamais vu...   
L- Tu es vraiment sûre ?   

Pendant un moment, j'ai eu des vertiges. Tout cela me paraissait incroyablement déstabilisant, je ne comprenais plus ce qui m'arrivait.  

L- Pourquoi tu ne me réponds plus ?...   
M- Désolée je nourrissais mon chat ^^  
L- Tu me mens !  
M- Mais non pourquoi tu dis ça ? Je n'ai aucune raison de te mentir...   
L- Je te fais peur c'est ça hein.   
M- Mais pas du tout, qu'est ce qu'il t'arrive, ne t'énerves pas...   
L- Jure moi que je ne te fais pas peur.  
M- Mais je n'ai pas à jurer je te dis la vérité !!   
L- J'ai horreur qu'on me manque de respect ! Jure le !   
M- Écoute si tu continues à me parler sur ce ton, je crois qu'on va arrêter de se parler   
L- Il en est hors de question !!!! Et je ne t'autorise pas à te déconnecter  




Mais je me suis déconnectée. J'étais franchement mal, je tremblais comme une feuille. Sur quel malade étais-je tombée?  




Durant une semaine je ne lui ai pas parlé. Je me sentais épiée partout où j'allais, même dans mon appartement. J'ai même dû débrancher ma webcam. Cette sensation d'être observée se calma alors un peu... j'avais peur de le croiser dans la rue, ou de le trouver assis  dans un fauteuil de mon appartement. Apparemment il connaissait mon adresse. Je me sentais réellement oppressée, j'étais encore sous le choc de ce qu'il s'était passé.  




Puis finalement je suis retournée sur le site. Et j'ai pu voir qu'il m'avait laissé plusieurs messages.  
Ceux-ci viennent juste après qu'il m'ait dit "hors de question !!!".

L- Reviens immédiatement ici !!!   
L- je ne rigole pas, fait ce que je te dis !  !!   
L- C'est le destin qui a voulu que l'on se rencontre alors on ira jusqu'au bout de cette relation !!   

Là les derniers, les plus récents.

L- Bon très bien je m'excuse... Je n'aurais pas du m'emporter comme ça...   
L-tu t'excuses ? Je sais bien que tu veux revenir me parler, on est fait pour vivre ensemble...   

Courageuse, j'ai décidé de lui parler à nouveau.
 
M- Je crois franchement qu'on devrait arrêter de se parler tous les deux...   
L-...   
M- Tu n'aurais pas dû t'attaquer à moi de cette manière...   
L- Je sais que j'ai déconné grave, mais juste... Accepterais-tu qu'on se voie juste une fois histoire de mettre les choses au clair et de voir si on continue ou pas ?   
M- T'es dingue ou quoi ?! J'ai pas envie de me faire frapper !   
L- On se voit dans un restaurant, il y aura des gens, et puis il ne se passera rien...

Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'ai dis...
 
M- Ok.   
L- Demain, 20h, au (Je ne divulguerai pas le nom.) 




Je me suis à nouveau déconnectée, sous le choc de ce que je venais de faire...   
Et pourtant le lendemain soir j'y suis allée, n'étant pas le genre de fille à se défiler comme ça.  




Il n'y avait pas grand monde dans le restaurant mais c'était déjà ça. Lui n'était pas encore arrivé.   
J'ai pris une table à deux dans un coin, loin des regards indiscrets.  




J'ai dit au serveur que j'attendais quelqu'un et qu'on commanderait plus tard.  




Et finalement Pierre est arrivé. On s'est à peine salué. On a commencé à discuter. Un serveur a alors pris notre commande.  



Étrangement, la soirée s'est assez bien passée. Vers la fin du repas, il sortit de sa poche un morceau de papier chiffonné et légèrement humide. Il y était inscrit une adresse griffonnée au stylo, l'encre avait légèrement coulé. Il m'a dit que c'était la sienne puis s'est levé et est allé aux toilettes. Quel culot !   

Plus les minutes défilaient, moins j'espérais le revoir. Je suis allée voir dans les toilettes, mais il n'y avait personne. J'allais devoir régler l'addition. J'ai donc payé un serveur hilare, et suis sortie. Alors que j'allais rentrer chez moi, j'ai senti le morceau de papier dans ma poche, quelque chose me disait que je devais m'y rendre...   


J'ai appelé un taxi et me suis rendue à l'adresse indiquée. J'ai dit au chauffeur de m'attendre 5 minutes, et que si je ne revenais pas il devait me signaler comme disparue aux autorités.   




Je suis montée à l'appartement indiqué. J'ai sonné plusieurs fois mais personne ne me répondait. J'ai remarqué ensuite que la porte était entrouverte. Prenant mon courage à deux mains, je suis rentrée dans l'appartement obscur. J'ai avancé à tâtons, appuyée sur l'interrupteur... Rien, pas de lumière.  




J'ai demandé s'il y avait quelqu'un... Pas de réponse.  




Soudainement une ombre est apparue dans la lumière du couloir de l'immeuble. J'ai sursauté.  




"Qui êtes vous ?!"

"Je suis Ophélie *****, je cherche Pierre *******"  



Et là, l'homme m'annonça que Pierre était mort depuis 3 mois. Ce qui me valut un séjour à l'hôpital pour choc post-traumatique, et je compris pourquoi les serveurs étaient hilares pendant la soirée.



Désolé de la redondance, on s'est retrouvé étrangement avec plusieurs textes au format "messagerie instantanée" à peu d'intervalle. Celle-ci a été proposée avant Funnymouth, je suppose qu'à sa lecture le grand oeuvre est revenu en mémoire à quelques fans. Si cette théorie s'avérait vérifiée, on peut remercier le texte ci-dessus.

mercredi 16 avril 2014

Funnymouth

* funnymouth a rejoint #ReferSales.
funnymouth: bonsoir tout le monde
funnymouth: j aime léché le seeeng
funnymouth: des gens
funnymouth: je voi vos superbes visages soyez pas si triste
funnymouth: venez
funnymouth: :)
* funnymouth a quitté #ReferSales.
GhostJeorge: ... Bordel de merde
lemonlimeskull: Vous avez vu ça ?
GhostJeorge: Oui, Skull. En effet.



Tout d’abord, je dois vous dire que je suis "lemonlimeskull". En d'autres termes, c'est mon pseudo.

C'était la première fois que j'entendais parler de "Funnymouth". Et j’aurais bien voulu que ce soit la dernière. Toutes les personnes qui ont passé du temps à bavarder sur le chat doivent connaître ce mec bizarre, qui va et vient. Les gens se précipitent ensuite dans le chat pour lui poser des questions complètement folles ou tout simplement pour troller.
Le premier truc qui m'a paru étrange au sujet de ce type, Funnymouth, est le fait qu'il allait et venait sans objectif particulier. Il ne venait pas pour embêter quelqu'un, et il ne demandait pas si quelqu'un sur le chat savait comment réparer son ordinateur ou supprimer un virus.

Il est juste rentré dans le chat, a tapé des mots au hasard et il est reparti.


lemonlimeskull: Non mais vraiment, c'est quoi ce bordel ?
GhostJorge: Aucun idée.
GhostJorge: *Aucune.
lemonlimeskull: Il est dans un autre chat si vous voulez savoir.
lemonlimeskull: #seeeng
GhostJorge: Non merci, monsieur
lemonlimeskull: XD
lemonlimeskull: Abruti.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais, j'ai suivi ce gars sur un autre chat. Je ne suis pas du genre à importuner les gens, ou à me disputer avec eux. Généralement j'évite à tout prix ce genre de choses, même si, parfois quand les gens commencent à me chercher, je m'énerve, mais à un point.
Je crois que ce que je suis en train de dire, c'est que je ne savais même pas pourquoi j'avais suivi ce mec ici.

* lemonlimeskull a rejoint #SEEENG
lemonlimeskull: Hey.

Il était là, dans le chat.

funnymouth: O)_(O
lemonlimeskull: J
lemonlimeskull: Alors...
funnymouth: O)_(O
lemonlimeskull: Alors... Tu me fixe.
lemonlimeskull: C'est pas sympa.
funnymouth: desole
funnymouth: je viens de le faire
funnymouth: tout va bien
lemonlimeskull: Je vois.
funnymouth: O)_(O

J'ai ri à haute voix. Il était étrange, mais inoffensif.

lemonlimeskull: Tu peux revenir sur #ReferSales si tu veux.
lemonlimeskull: On ne va pas t’embêter, alors ne t'inquiète pas à cause de ça.
funnymouth: O)_(O
lemonlimeskull: Ou pas.
lemonlimeskull: Peu importe mec. Tu me semble intéressant, et puis je m'ennuie ce soir.
funnymouth: je m ennuie aussi ce soir
funnymouth: je ne fais toujours pas
lemonlimeskull: ... Tu ne fais toujours pas quoi?
funnymouth: je ne fais toujours pas c'est ca
funnymouth: je ne fais toujours pas parce quil font toujours pas et voilaaaa
funnymouth: je deviens idiot
lemonlimeskull: Oké. Ben, a plus.
funnymouth: O)_(O

Et après ça, je suis parti. Je suis très vite passé à autre chose, c'était sûrement quelqu'un qui déconnait un peu trop, ou un crétin qui ne savait pas comment utiliser correctement un programme de chat. Aller de chat en chat, ce qui semblait être une tentative désespérée pour attirer l'attention. J'aurais aussi pu faire ça et être pété de rire, mais ouais ... c'était stupide.

GhostJorge: Hmm?
lemonlimeskull: Rien, je ne comprenais même pas ce qu'il disait.
GhostJorge: Ha. Bienvenue sur internet.
lemonlimeskull: Ce qui est triste c'est que, en dehors de toi et moi, ce mec, c'est le seul membre actif ici toute la nuit.
* lemonlimeskull a kické Killjay et a dit "DEBOUT!!!"
lemonlimeskull: Blah.

Le silence a régné sur le chat pendant des heures, j'ai donc réduit la fenêtre, et je suis retourné à mon travail.

lemonlimeskull: Il y a quelqu'un ? 8 membres sur le chat, pas un seul actif.
lemonlimeskull: ENNUYEUX.
lemonlimeskull: Pourquoi vous êtes si ENNUYEUX?
funnymouth: O)_(O
lemonlimeskull: DEBOUT.
* lemonlimeskull Met la main de tout le monde dans un bol d'eau froide.

Il m'a fallu quelques secondes pour le voir. Funnymouth, là à nouveau, me fixant. Je me suis effondré en soupirant: "Pas cette merde encore !"
Puis j'ai remarqué qu'il n'était plus dans le chat.


lemonlimeskull: ?
lemonlimeskull: ...
lemonlimeskull: Vous avez vu ?
lemonlimeskull: Et bien sûr que non vu que vous êtes inactifs.

De toute évidence, c'était un petit problème avec mon navigateur ou le serveur. Le message avait été envoyé un peu plus tôt dans la nuit. C’est des choses qui arrivent.
Pourtant, ça m'a effrayé.
Après quelques minutes un étrange sentiment m'a traversé le corps... Le sentiment qu'"il y a un truc que je n'aurais pas dû faire" ... J'ai décidé d'arrêter de m'embêter avec ça et j'ai fermé l'ensemble du programme de chat. Bien sûr, j'aurais pu rester dessus comme tout allait bien, mais pourquoi s'embêter à essayer de prouver que je n'étais pas effrayé ? Et merde, personne n'était encore là pour me voir quitter le chat.
Quelques heures plus tard, après avoir traîné sur Internet, je suis allé au lit.

Une chose sur laquelle je me suis toujours vanté, c'est que je ne fais JAMAIS de cauchemars. Du moins pas régulièrement. Habituellement, s'il y a des monstres ou des fantômes ou des guerres nucléaires dans mon rêve, je peux le contrôler et je m'amuse bien. Je peux tirer dans la tête des zombies, me dire que les fantômes ne sont pas réels tandis que je ris d'eux, et s'il y a une catastrophe, je sais toujours comment me mettre en sûreté tandis que tous les autres se font cramer.
Je n'ai fait peut-être que quatre vrais cauchemars pendant les dix dernières années. Eh oui, je suis tout à fait sérieux.

Le premier cauchemar de ma vie d'adulte était en 2005. Je venais de rompre avec quelqu'un qui avait été avec quelqu'un d'autre depuis plus d'un an derrière mon dos. Cette nuit-là, alors que je réussissais enfin à retrouver le sommeil, j'ai rêvé qu'elle était attachée à une table médicale, et une créature a aspiré son cerveau à travers une espèce de machine organique. Le cerveau criait. Sans cesse.

Le deuxième cauchemar m'a fait visiter un centre médical où il y avait des expériences sur de nouvelles méthodes pour sauver des vies. Il y avait une fantastique visite de cette installation de haute technologie, beaucoup de merveilles de la science moderne, les gens en blouses blanches, etc, puis, j'ai été conduit à une salle où trois victimes d'un accident de voiture avaient été «sauvées» par leurs techniques. Cela comprenait une jeune fille dont le visage avait été complètement distendu et accroché autour de sa poitrine, et une femme qui n'était qu'un amas de membres coupés, tous maintenus ensemble par un long fil comme un cerf-volant de chair.

Le troisième est venu peu de temps après le précédent. J'étais accosté par deux personnes, une qui voulait m'insulter sans fin, et l'autre qui essayait de me pincer et de me tordre, sans succès. En pensant que je pouvais contrôler ce rêve comme d'autres, j'ai mis les deux hommes les uns contre les autres, pensant que ce serait une sorte de justice poétique. Au lieu de cela, ils me pincèrent de plus en plus fort jusqu'à ce qu'ils se mettent à tirer sur mes joues. L'autre a saisi sa langue et a tiré dessus furieusement jusqu'à ce qu'elle soit sortie... Puis il a tiré les paupières de l'autre mec en une espèce de déformation grotesque...

Je suppose que ce que je veux dire, c'est que même si j'ai eu des cauchemars, je n'ai jamais été la cible de toutes sorte d'horreur. Ça a toujours été une sorte d'empathie liée à quelqu'un d'autre se faisant brutaliser.

Cette nuit, cependant, c'était différent. Dès que je me suis endormi, j'ai commencé à rêver. Le plus souvent, c'était un rêve récurrent où j'étais dans les bois, en train d'observer les animaux et les oiseaux, et où je me comportais plutôt froidement. Je m'allongeais dans l'herbe et je regardais le ciel. C'est un rêve dont je me réjouissais toujours, parce que même si j'avais eu une journée de merde, j'allais me réveiller heureux et prêt à commencer une nouvelle journée. 


Cette fois, le script avait changé. J'étais posé dans l'herbe... mais pendant que je regardais le ciel, j'ai senti quelque chose d'étrange.

C'était froid, ça se tortillait sur mon cou.

Dans mon rêve, j'ai regardé mon cou, et j'ai retiré un gros ver qui se tortillait. Les vers de terre me dégoûtent. Si j'en vois un dans la cour, je vais de suite prendre une pelle et le mettre sous un tas de terre, pour ne plus le voir à nouveau. Dégoûté, j'ai poussé le ver de côté et j'ai continué mon rêve. Et puis... encore cette sensation. Moite, humide, se tortillant sur le côté de mon cou.

J'ai tiré un autre ver. Et encore un autre.

La troisième fois, mon sentiment de confusion et de peur est devenu si fort que je me suis immédiatement réveillé. C'est ce qui arrive généralement quand il y a vraiment de la merde dans mes rêves. Game Over.
J'ai trouvé le problème, du moins, je pensais l'avoir trouvé. J'ai palpé mon cou et j'ai découvert un fil visqueux sur ma peau. Logique, j'avais dû baver dans mon sommeil. Pas de quoi en être fier, mais pas exactement terrifiant, non plus. Mon rêve avait dû transformer ce fil de bave en créature de la forêt.
Mais le plus inquiétant, cependant, était le fait que le lit autour de moi semblait porter des marques. Quatre, pour être exact. C'était presque comme si quelqu'un s'était tenu au-dessus de moi sur ses mains et ses genoux pendant que je dormais
Il y avait beaucoup de raisons pour que ça arrive... mais c'est à partir de cette nuit, que j'ai commencé à avoir un sommeil très léger. La moindre petite chose, comme le bruit d'un ventilateur de plafond, me réveillait tout de suite. Je n'avais aucun intérêt à aller dans les bois la nuit.

Le matin venu, je me suis préparé pour sortir de la maison et enlever les toiles d'araignée. Je  comptais aussi vérifier rapidement mes e-mails pour m'assurer que je n'avais pas eu de transactions ou de questions en suspens auxquelles je devais répondre.

Surprise!

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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 2:42 AM
To: Charles Watts <chwatts>

je me suis bien amuse a te parler ca peu etre drole eencore tu vas voir quoi

je naime pas arreter
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Comme vous vous en doutez, je n'avais pas donné mon adresse e-mail à ce con. Cependant, réponse logique, quelqu'un d'autre du chat avait dû lui donner. Il est évident qu'il était revenu à #ReferSales, avait demandé à quelqu'un si j'étais là, et ce connard m'avait trahi, sachant que je ne donnais pas mes coordonnées personnelles. Quoique...
L'e-mail était daté de 02h40. C'était à peu près le moment où je suis allé au lit ... quand tout le monde sur le chat était absent. Même si je savais que j'étais une sorte d'appât, je lui ai répondu.

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From: Charles Watts <chwatts> Sat, Nov 17, 2012 at 9:29 AM
To: funnymouth@bluud.com

Uhhhm, ouais mec. Je ne suis pas vraiment sûr que je veuille que tu m'envois des messages.
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C'était clair. Il n'y avait aucune équivoque dans le message que j'avais envoyé, je croyais qu'il était clair, et qu'il n'allait plus me répondre en commençant une guerre.
Mais, bien sûr....

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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 9:30 AM
To: Charles Watts <chwatts>

vas y

ne sois pas si triste a propos de ca

je sais que tu aime quand on samuse

cest bon meme
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Et, j'ai bloqué son adresse.
Après quelques minutes, je me suis dit que tout était fini et je me suis assuré que ma journée se passerait bien. Jusqu'à mon retour, le soir, j'ai eu une sensation froide qui se tortillait dans mon estomac, encore et encore, ça ne s’arrêtait plus. Et je ne savais même pas POURQUOI.
 

Eh bien, ce n'est pas entièrement vrai. J'avais une idée là-dessus.
J'ai vérifié mes E-mails.
Rien de "funnymouth", mais il y avait un e-mail de Jorge.

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From: Jorge G <ghostjorge> Sat, Nov 17, 2012 at 2:03 PM
To: Charles Watts <chwatts>

Hé,

Refersales.com est foutue, la page ne charge plus. Quand tu seras en ligne tu pourras jeter un coup d'œil ?

Paix & Carottes,
Jorge

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J'ai laissé échapper une multitude de mots grossiers. Si le serveur s'était arrêté, ça voulait dire que les chatrooms aussi, et j'avais été dehors toute la journée sans aucun moyen pour que Jorge me contacte. Si j'avais fait un peu plus attention à mes informations personnelles, il aurait pu simplement m'appeler.
J'ai chargé le site, et j'ai attendu la page d'erreur. Mais au lieu de ça, ça m'a redirigé vers une autre page.

Seeeng.com [Bluud.com, NdT.]

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From: Charles Watts <chwatts> Sat, Nov 17, 2012 at 6:15 PM
To: Jorge G <ghostjorge>


Ouais, je vois ça. Ca redirige vers un site avec une grande tête pixélisée qui a une drôle de langue.

Je pense que ça doit être un coup de funnymouth. Tu lui as donné mon E-mail ? Et mon nom avec ?

C.W.
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From: Jorge G <ghostjorge> Sat, Nov 17, 2012 at 6:23 PM
To: Charles Watts <chwatts>

C'est une page d'erreur 404, pas une redirection. Je sais pas ce que t'as pris mais j'en veux! Tout ce que je vois sur Seeeng.com c'est un avis : "Bientôt"

J'ai donné cette merde à personne.


Jorge

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From: Charles Watts <chwatts> Sat, Nov 17, 2012 at 6:25 PM
To: Jorge G <ghostjorge>


Ha.ha.ha. Très drôle.
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Ensuite Jorge m'a envoyé un screen du site qui donnait une erreur 404... avec l'avis "Bientôt" pour Seeeng.com. Ça aurait pu facilement être un fake de sa part... mais pourquoi ? Je veux dire, si c'était une sorte de blague assez bizarre, je ne comprenais pas. Quand j'ai regardé mes fichiers, tout était normal. Tout était à sa place, et personne ne s'était connecté pour changer quoi que ce soit. J'ai vérifié les serveurs DNS, et ils fonctionnaient parfaitement bien, rien n'était anormal.
Mais il y avait toujours ce visage gonflé avec la langue tombante me regardant avec ses orbites vides.
 

Et puis j'ai remarqué un truc dont je me demande comment j'avais fait pour ne pas le voir avant...

En regardant de plus près, l'image de ce visage n'était pas vraiment pixelisée, elle était faite de lettres minuscules de code HTML qui coloriaient chaque partie de l'image. Le même mot, encore et encore.
 

"funnymouthfunnymouthfunnymouthfunnymouth" 

Dans un grand amas d'absurdités.

Je me sentais comme renversé sur l'écran.

J'ai débloqué son adresse E-mail et je me suis mis à lui écrire un message très profond et menaçant. À ce moment-là, je m'en foutais un peu du site. Je voulais juste tout faire sortir de ma poitrine, j'avais l'impression de contrôler la situation. Avant que je puisse finir le message... j'ai eu cet étrange sentiment, à nouveau. "Non, ça ne se peut pas"... le sentiment où vous savez que vos actes deviennent absurdes, mais en même temps, vous savez que vous avez raison. J'ai arrêté les menaces de mort, et j'ai regardé ma boîte de réception.

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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:00
To: Charles Watts <chwatts>

je vois ton superbe visage
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:00 PM
To: Charles Watts <chwatts>

salu copain
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:01 PM
To: Charles Watts <chwatts>

viens
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:01 PM
To: Charles Watts <chwatts>

salu
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:01 PM
To: Charles Watts <chwatts>

salu salu slalu
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:01 PM
To: Charles Watts <chwatts>

je veux pas ne pas
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:01 PM
To: Charles Watts <chwatts>


je ne pense pas a ca sil te plait pense
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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:01 PM
To: Charles Watts <chwatts>

je voi ton superbe visage
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Non seulement le sentiment que j'avais eu quand il m'a envoyé un E-mail à la minute où je l'ai bloqué était correct, mais on aurait dit qu'il m'avait envoyé des E-mails continuellement DEPUIS QUE JE L'AVAIS BLOQUÉ.

Dix autres messages sont arrivés dans le laps de temps qu'il m'a fallu pour répondre.

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From: Charles Watts <chwatts> Sat, Nov 17, 2012 at 7:00 PM
To: funnymouth@bluud.com

ARRÊTE PUTAIN !!
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J'avais un mal de tête à cause du stress. Mon cœur battait la chamade, pas de peur, mais de rage. C'était probablement la personne la plus exaspérante du net, et c'est beaucoup dire.
Heureusement, les messages se sont arrêtés.
J'ai essayé de me calmer, de respirer profondément, mais ça ne semblait pas marcher. J'étais encore très énervé. Lentement et méthodiquement, je lui ai envoyé un autre message.

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From: Charles Watts <chwatts> Sat, Nov 17, 2012 at 7:21 PM
To: funnymouth@bluud.com

Salut.

Je ne comprends pas ce que tu dis et je ne comprends pas ce que tu veux. Je pense qu'il y a une barrière entre nous, est-ce-que ta première langue est le français ?

Je pense que tu as fait quelque chose à mon site, et j'aimerais bien que tu répares ça.

Si tu es en colère contre moi, je n'ai pas l'intention que ça arrive. Tu as peut-être mal compris ce que j'ai dit, ou ce que je voulais dire.

S'il te plaît, restaure mon site, et séparons nos chemins.

Merci,

C.W
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J'ai pensé à comment j'avais surmonté ma colère, et que cette réponse était vraiment la meilleure façon de s'y prendre. Cette personne comprendrait ce que je voulais dire. Il se rendrait compte de l'erreur qu'il avait faite.

Je me suis calmé. Tout allait bien se passer.

Alors...

J'ai attendu...

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From: funnymouth@bluud.com Sat, Nov 17, 2012 at 7:23 PM
To: Charles Watts <chwatts>

O)_(O
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J'ai pété les plombs.

J'ai pété les putain de plombs. J'avais pourtant été clair.

J'ai frappé le moniteur avec ma paume, j'ai frappé mon bureau. Ça m'a énervé encore plus, j'ai cogné mon poing sur mon clavier jusqu'à ce que les touches s'envolent. J'ai hurlé dans un mélange de frustration et de colère avec moi-même, j'ai ragé sur la situation et j'ai claqué la porte de ma chambre, j'écrabouillais tout ce que j'avais sous les mains. Pendant aussi longtemps que mon énergie l'a permis, j'ai perdu mon temps à ça. J'aurais pu mettre le feu à ce putain d'endroit si j'avais eu un briquet sous la main.

Cette nuit-là, j'ai regardaé le plafond pendant  ce qui m'a semblé être une éternité avant de trouver le sommeil.
Alors que j'attendais, je savais que j'allais faire un cauchemar. Je le SAVAIS. C'est ainsi que ma chance allait. Imaginez ma surprise. Même dans mon sommeil, au lieu de choses horribles, j'étais dans un endroit sûr...

Les bois.

Je me suis posé dans l'herbe, encore une fois. Je me sentais détendu. Je savais, même mon subconscient le savait, que tout irait bien. Peu importe ce que la vie me jetterait à la gueule, le monde irait. Rien n'était permanent. Tout était en transition. Personne ne pouvait arriver jusqu'à moi.
Je le sentais se tortiller contre mon cou.
Nan. Rien ne pouvait gâcher ce moment. J'ai ignoré le ver. Il s'en irait.

Je sentais son mouvement sur ma bouche. Je ne pouvais pas me réveiller. Toutes les autres fois, j'avais été en mesure de me réveiller... mais il semblerait que cette opportunité fût passée.
Mais ce n'était pas un ver. C'était un doigt. Puis un autre, puis quatre, gluants, se tortillant autour de mes dents en serrant ma mâchoire inférieure.

Ça ne me faisait pas mal.
C'était juste comme une sorte de "pop". Plus de pression que de douleur.
C'était rapide? Avant que je comprenne ce qui se passait, c'était fini.
















Puis j'ai pu me forcer à me réveiller. Je me suis assis, et j'ai vu que mes pieds étaient complètement dans l'obscurité. À tâtons, je suis allé jusqu'à la salle de bain. Là, j'ai finalement allumé la lumière. Je me tenais devant le miroir, me frottant les yeux comme si j'étais aveuglé par la lumière. J'ai regardé dans le miroir pendant de longues minutes, sans réactions. Sans sentiment. Sans pensées. Et puis, j'ai souri... J'ai souri du mieux que j'ai pu en voyant ma mâchoire cassée, qui pendait autour de mon cou. Ma langue se prélassait, paralysée, comme une limace gluante. Mes dents n'étaient pas enracinées, je pouvais les retirer une par une à mains nues avec la même douleur qu'une piqûre de moustique. J'ai ri, d'un ton similaire à celui du gargouillement de l'eau dans un égout. J'ai ri.

Quel superbe visage !

Quelle drôle de bouche !

Une drôle de bouche !

Une drôledebouche drôledebouche drôledebouche !


* Lemonlimeskull a rejoint #Refer sales.
Lemonlimeskull: Je vois ton superbe visage.
Lemonlimeskull: ne soit pas triste à propos de ça.
Lemonlimeskull: :)
Ghost Jeorge: Hey, bordel, tu étais où ?
Ghost Jeorge: salut? Charles?
Ghost Jeorge: ...
Lemonlimeskull: O)_(O
*Lemonlimeskull s'est renommé: *funnymouth.
* Funnymouth a quitté #Refer Sales.


http://refersales.com/


Traduction: Ocene

Creepypasta originale ici.

Petit bonus: si vous naviguez sur Firefox ou Chrome, rendez-vous sur le site Refersales puis faites clic droit → Examiner l'élément...