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mercredi 25 février 2015

Mon frère (7/11)

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Texte original sur creepypasta.org


Entrées originales sur The books of Sand :
The children of District 11
Origin/Multiple births



Extrait du cahier #5 : « Les enfants du 11ème district »

[5]

C’est juste un petit incident que j’ai eu il y a quelques jours. Je ne sais pas si ça mérite d’être écrit sur ces cahiers, mais je pense que ça peut vous intéresser.

Vous vous êtes tous demandés ce que j’ai foutu depuis que je suis parti. La réponse n’est pas très excitante, j’ai juste fait quelques travaux pour mes parents. Depuis que j’ai quitté l’université ils étaient sur mon dos pour que je gagne un peu d’argent d’une façon ou d’une autre. Comme maman faisait un peu de business, je l’aidais un peu avec ça. Mais l’autre jour papa m'a demandé de faire une course pour lui, il voulait que je livre un colis au [#] de la rue ___ dans le district 11.

Je ne sais pas si tu y es déjà allé, c’est au nord de la ville, tout y est plus tranquille. C’est plutôt calme. Pendant l’hiver c’est recouvert de brouillard, et je veux dire par là que tu n’y vois pas à 1 m devant toi. J’ai pris un bus jusqu’à l’avenue ___, et c’était à 30 minutes de marche de la maison. Le colis que papa m’avait donné était une petite boite enveloppée de papier journal tenu avec une ficelle. Je n’ai pas vu ce que c’était, ce n’était pas intéressant à ce moment là. Ce n’était pas lourd et quelque chose à l’intérieur s’est déplacé quand je l’ai soupesé. Je pense que ça aurait pu être un jouet ou quelque chose comme ça. Peut-être un cadeau.

La maison où je devais laisser le paquet était la maison typique. Propre, un peu ennuyeuse. Juste en face du parc. Je n’ai pas bien vu la maison dans son entièreté à cause du brouillard. J’avais froid et je voulais rentrer dès que possible. J’ai frappé genre trois fois avant que quelqu’un ne m’ouvre.

Ce quelqu'un était un enfant, qui devait avoir 10 ans. Il était maigre, blond et roulait des yeux, comme s’il n’avait pas dormi. Je n’ai pas bien aperçu l’intérieur de la maison parce qu’il avait ouvert la porte juste assez pour y passer sa tête, mais j’ai entendu la télé à l‘intérieur, je pense qu’il devait jouer à des jeux vidéos. C’était un jour de semaine, alors c’était étonnant qu’il soit à la maison.

Je lui ai demandé si ses parents étaient là. Il a secoué la tête. Il a dit « c’est pas ma maison, je l’utilise juste ». Cet aveu m’a paru étrange. Je me suis dit que ce devait être un ami de l’enfant qui vivait ici. Je lui ai demandé si une personne qui habitait ici était là. Il m’a regardé comme si j’avais dit une énormité. On s’est regardé pendant une minute entière. Il a fermé la porte et a appelé quelqu’un à l’intérieur. Je suis resté là comme un idiot pendant 5 minutes. J’ai entendu un chien aboyer au loin et des enfants qui devaient jouer dans le parc. La porte s’est enfin ouverte et c’était un autre enfant, cette fois avec des cheveux noirs, qui ressemblait un peu à A., même si ce n’est pas important. Il semblait lui aussi ne pas avoir dormi.

Il m’a demandé pourquoi j’étais là. Je lui ai demandé si il habitait là. Il m’a regardé comme s’il allait mentir, mais a finalement hoché la tête. J’ai dit que j’avais été envoyé là par Mr ____, mon père, pour livrer un paquet, et je lui ai demandé si ses parents étaient là. Il a répondu non mais avait l’air intéressé par le contenu du la boîte que je tenais derrière moi.

Je commençais à être un peu exaspéré par tout ça, je voulais juste rentrer chez moi. Le district avec son brouillard, son manque de gens et apparemment le manque de sommeil de ses enfants commençait à m’énerver un peu. Alors je lui ai demandé si ses parents rentreraient à la maison, mais « probablement pas aujourd’hui ». Je lui ai lancé un regard interrogateur. Il m’a juste fixé comme si tout était normal. Alors je lui ai dit : Okay, écoute, je suis supposé livrer ce paquet là (j’ai re-vérifié l’adresse pour être sûr que ce n’était pas la mauvaise maison), alors prends-le et donne-le à tes parents quand ils rentreront. Il a hoché la tête comme si il venait juste de comprendre ce que je faisais là, et a tendu les bras. J’ai hésité à garder le paquet et à repasser demain, ou plus tard, mais je me suis dit que ce n’était pas la peine. Je me suis rapproché de la porte (l’enfant la gardait encore à moitié ouverte en restant à l’intérieur de la maison) pour lui donner. Et là j’ai vu à l’intérieur de la maison.

J’ai regardé dans ce qui semblait être le salon. Il était plein d’enfants, environ une douzaine. Ils étaient tous assis en train de regarder la télé, mais à la seconde où j’ai passé ma tête ils se sont tous tournés pour me regarder. Je me suis senti comme si je regardais une meute de chiens en train de manger un chat mort, quand ils s’arrêtent pour te regarder pour être sur que tu ne vas pas interférer. Et dès que tu tournes les yeux ils retournent à leurs affaires. C’était un peu comme ça. Tous ces enfants me fixaient, tout comme celui qui avait ouvert la porte la première fois. Et la TV ? elle ne diffusait rien, juste de la neige. Les jingles et la musique que j’entendais venaient de plus loin dans la maison. J’ai fixé les gosses qui m’ont regardé pendant ce qui parut une minute. J’ai senti un frisson courir sur ma colonne vertébrale. Je lui ai tendu le paquet. Il a fermé la porte. J’ai commencé à marcher, courant à moitié pour m’éloigner de la maison. J’ai entendu des cris de joie à l’intérieur de la maison.

Je me suis repassé l’incident durant le trajet en bus et j’ai regretté de ne pas avoir regardé ce qu’il y avait dans le paquet, ou de ne pas l’avoir gardé et livré plus tard à des adultes, si des adultes venaient un jour dans cette maison. Quand je suis rentré à la maison papa m’a demandé si tout s’était bien passé et j’ai hoché la tête. Il m’a regardé comme s’il s’attendait à ce que je dise autre chose, mais je suis juste allé dans ma chambre écouter de la musique. Je ne pouvais pas retirer l’image de cet enfant hors de ma tête, c’était comme tout droit sorti d’un roman. 
 

Enfin voilà, c’est tout. J’ai demandé à Papa hier ce qu’il y avait dans le paquet et qui habitait là, et il m’a juste dit que c’était un cadeau pour un ami. Je ne lui ai pas posé plus de questions. Tu as l’adresse de la maison, alors tu peux y aller si tu veux, mais je sais pas, je te le déconseille. Du moins pas quand il y a tant de brouillard.

[FIN]


Je n’ai pas grand chose à dire sur cette histoire. Je sais que F. est parti de l’université vers 2004, comme c’était un sujet de discussion entre mon frère et ses amis à l’époque, alors je pense qu’il a écrit cette histoire. Le District 11 est en effet connu pour son brouillard épais l’hiver.


Extrait du cahier #1 : « Genèse / Naissances multiples ».

[6]

Je crois que les moment déterminants de ta vie n’apparaissent pas comme tels avant beaucoup plus tard. On ne se rend compte de leur importance qu’après, et c’est peut être la plus grosse tragédie de tous les temps. 

La partie enfant de la bibliothèque de notre école comportait une toute petite médiathèque, qui consistait en des documentaires et des mauvais films. Quand j’étais un petit garçon, à la fin de chaque semestre, la classe organisait une pizza party où on regardait des films et où on savourait le fait qu’on était en vacances. Notre prof demandait des films pour enfants - habituellement des spéciaux de Snoopy ou de Clifford le gros chien rouge - et la dame des cassettes, comme on l’appelait, arrivait.

Elle était très mince et avait toujours l’air fatiguée. Elle avait de longs cheveux et passait tout son temps dans la salle vidéo. Je ne sais pas pourquoi j’étais fasciné par cet endroit, peut-être parce qu’il y avait toujours quelque chose à la télé. Les news passaient en permanence sur un des posts, et plusieurs autres films, des archives, ou des documentaires jouaient en même temps. L’endroit était rempli d’appareils photo, de costumes pour l’atelier théâtre, et d'étagères bourrées de cassettes. Elle servait au final de stockage pour toute l’école. Le concept de travailler dans cette salle, entouré d’archives du passé et du présent, connecté à la réalité du monde extérieur me plaisait beaucoup. Le fait que je sois déjà si nostalgique et intéressé par ce genre de choses à cet âge était déjà préoccupant.

Ladame  des cassettes était joviale et patiente, et je me suis souvent excusé de passer tant de temps dans cette salle. J’inventais souvent des recherches pour les profs. Pendant une de ces nombreuses excursions, je suis tombé sur des boites en carton cachées derrière une étagère, remplies de vieilles cassettes. Quand j’ai pris la boite j’ai libéré une grande quantité de poussière. Toutes ces cassettes avaient des étiquettes évocatrices. Je me souvient distinctement de « Boîte de fusible » et « Douzième étage ». J’en ai pris une qui s’appelait « Naissances multiples ». Je ne sais pas trop pourquoi.

Je l’ai cachée dans ma veste et l’ai fourrée dans mon sac alors que personne ne regardait. Compte tenu de la quantité de poussière qui recouvrait les cassettes, je me suis dit qu’elles ne manqueraient à personne.

À l’époque mes parents avaient un gros Betamax dans leur chambre, qu’ils n’utilisaient jamais. Mon grand-père l’avait ramené d’Amérique. Notre pays, à l’époque, pouvait à peine subvenir aux premières nécessités, encore moins les cassettes de comédies romantiques. Alors tout ce qu'on avait, c'était des enregistrements de contrebande, la plupart issus de signaux lointains interceptés par des pirates.

C’était compliqué à gérer, mais mes parents étaient à un mariage et ne rentreraient pas avant minuit. Alors j’ai mis la cassette et je me suis assis pour la regarder.

L’image était détériorée et avait un grain horrible, mais c’était pas difficile de la comprendre. C’était filmé sur un trépied, face au rivage. À la couleur grisâtre et à l'aspect de la mer, sans parler des bouteilles vides jonchant le sable, je pouvais dire que c’était une plage tout près d’ici. Au tout début on pouvait voir l’ombre de la personne qui ajustait l’objectif, puis elle bougeait hors de l’image et on ne la voyait plus. C'était simplement un long plan fixe sur les remous de la mer, avec le vent qui soufflait. Rien que le fait de regarder la cassette me détendait ;  je suis à peu près sûr que c’était en été.

Je me suis assis au pied du lit de mes parents et je l’ai regardée. J’étais préparé à voir quelque chose de dérangeant — en même temps je savais pas vraiment comment un accouchement se passait — mais tout ce que j’ai vu était la mer. À peu près à dix minutes, un chien émacié marchait dans le sable, reniflait une vieille bouteille, puis disparaissait du cadre.

En tout, la cassette durait 25 minutes. Je me souviens que je devais lutter pour ne pas m’endormir. Puis il y a eu la dernière minute.

Après pratiquement une demi-heure d’enregistrement des mouvements perpétuels de la mer, on remarquait quand même quelque chose de différent. Ça ressemblait d’abord à trois taches noires à quelques mètres du rivage. Comme trois bouées dans l’eau. Plus elles ont commencé à avancer plus près dans le sable. Elles émergeaient. C’était des têtes reliées à des cous, qui laissaient apparaître des épaules. Trois adultes qui émergeaient de l’eau froide. La distance, la qualité de la vidéo et l’éclairage les faisait apparaître comme trois silhouettes noires. Je pense qu’ils étaient nus. Ils ont commencé à sortir de l’eau. Ils bougeaient à l’unisson, faisant des pas presque en même temps. Ils étaient très grands. L’eau leur arrivait aux genoux et ils parlaient face à la caméra tout en gardant cette démarche rythmique jusqu'à ce que la vidéo s’arrête. Celui qui filmait a arrêté la vidéo juste là.

Il est dur de croire mon esprit impressionnable et jeune là dessus, mais je suis à peu près sûr que cette séquence avait été tournée en une seule prise.

À l’époque je ne voyais pas du tout ce que ça pouvait vouloir dire. Je crois que je ne sais toujours pas d’ailleurs. J’ai retiré la cassette — presque de force — et l’ai remise dans mon sac. Le lendemain j’ai jeté la cassette dans le panier de retour de la bibliothèque. Évidemment, la dame des cassettes saurait que quelqu’un avait pris cette cassette de la salle.

Mais elle ne m’a pourtant jamais suspecté. La fois d’après quand je l’ai vue, elle m’a regardé de son regard poli-mais-fatigué, et m’a demandé pourquoi j’étais là, une tasse de café fumant entre ses doigts pleins d’arthrite. Je suis à peu près sûr que le carton rempli de cassette avait disparu.

C’est marrant que je m’en rende compte maintenant, mais ça a été le début de mon obsession.


8 commentaires:

  1. Tres mysterieuse cette casette...

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  2. J'adore cette entrée, plus que les autres même. Encore merci au traducteur et aux personnes de CFTC qui la publient !

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  3. Donc si j'ai compris le colis livré, c'était la cassette ?

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    1. Non c'est deux histoires différentes >^<

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    2. Ça j'le sais aussi, mais j'ai cherché à lier les deux. :hap:

      Mea culpa!

      Je me demande bien si on aura une grosse chute sur la fin !

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  4. Deux entrées plus intrigantes qu'effrayantes .. La force ici est de laisser le lecteur imaginer.
    Imaginer ce que font là-bas les enfants, imaginer ce qu'il y a dans le paquet, imaginer ce qu'il y a dans les autres cassettes..
    On a du mystère en quantité, et le sentiment de frustration qui en est lié est dépassé par l'aspect poétique des textes.
    Cette pasta est de plus en plus immense. Elle est parfaite :)

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  5. Cette pasta est incroyable normalement je n'aime pas les grande pasta mais la ce n'est pas pareille elle se divise en plein de petites histoires j'adore vraiment bravo au traducteur et au créateur de cette pasta

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