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mercredi 28 septembre 2016

Historique

Copie d'un message trouvé sur un forum de discussion. 

Avant-hier, je suis allée récupérer l’ordinateur portable que j’ai commandé sur internet, au point de rendez-vous que le type m’a indiqué. Il a pris soin d’effacer tout ce qui pouvait y avoir de personnel sur la machine : photos, vidéos, documents etc. Lorsque j’ai essayé d’installer Google Chrome, celui-ci m'a informé qu’il était déjà installé sur l’ordinateur. L’ancien propriétaire avait juste supprimé le raccourci. Aujourd’hui, dans la matinée, j'ai cherché ce même topic de discussion sur lequel je me suis incrustée. J'ai remarqué rapidement que l’historique n’avait pas été effacé. Curieuse, j’ai décidé de le parcourir, quand je suis tombée sur quelques recherches Google tournant toujours autour de cette même question :





Rassurez-vous, j’ai déjà contacté la police. J’espère qu’il n’est pas trop tard...


lundi 26 septembre 2016

Piles non fournies

Il y a un incident qui me préoccupe encore après toutes ces années.

J'étais assez jeune quand ça s'est produit. Tout a commencé quand j'ai reçu le jeu de société Docteur Maboul pour mon anniversaire. Si vous ne connaissez pas ce jeu, le but est d'essayer de guérir soigneusement un faux patient. Si vous ne faites pas attention et que les pinces touchent les bords en métal des plaies, ça déclenche un buzzer qui indique que vous avez perdu ce tour.
 

J'adorais tellement ce jeu que parfois, je faisais semblant d'opérer mes peluches, ce qui m'a valu des ennuis à plusieurs reprises pour avoir utilisé un vrai couteau de cuisine. Cependant, mes parents se sont vraiment inquiétés quand je leur ai dit que je pensais que mon clown avait besoin d'une opération. Je me souviens encore de leur regard confus avant qu'ils ne me disent : "Mais tu n'as pas de clown, fiston."

"Bien sûr que si. Il est dans mon placard et il me regarde la nuit."

Mes parents sont directement allés vérifier dans mon placard. Après avoir fouillé chaque centimètre du placard et du reste de ma chambre, ils ont poussé un soupir de soulagement et m'ont dit que mon imagination était si grande qu'ils m'avaient cru. J'ai insisté sur le fait que je disais la vérité, et ils ont répondu d'une façon indifférente : "Bien sûr fiston. Bien sûr."

Cette nuit-là, le clown est venu me voir, comme toujours. Il m'a dit que c'était une bonne chose que je garde ma fenêtre ouverte pour qu'il puisse rentrer. Habituellement, il me tenait compagnie pendant la nuit, me regardant de mon placard en buvant quelque chose qui se trouvait dans un sac en papier, jusqu'à ce qu'il s'évanouisse. Il était toujours parti quand je me réveillais le lendemain matin. Je parlais rarement avec lui, parce qu'il m'avait dit qu'il y aurait des conséquences si je ne restais pas silencieux.

Je me sentais un peu triste pour le clown, parce que je savais qu'il n'allait pas bien depuis la première fois qu'il était venu me voir, et c'était clair que son état ne s'améliorait pas. Une nuit, après que je l'ai entendu
suffoquer à plusieurs reprises, je lui ai demandé s'il avait besoin de nouvelles piles. "Quelque chose comme ça, petit" a-t-il murmuré. "Où vont tes piles, Monsieur Clown ?" ai-je demandé. Il a ri et a tapé sur son cœur avec son index.

Le lendemain matin, j'ai dit à mes parents que j'avais besoin de piles pour mon clown. Ils se sont regardés et ont ricané. Ils m'ont dit qu'aucune de mes poupées n'avait besoin de piles. "Monsieur Clown a besoin de nouvelles piles. Il l'a dit lui-même" ai-je insisté. Ils se sont regardés, ne sachant pas comment réagir. Finalement, ma mère a été d'accord pour me donner des piles et les a placées sur ma table de nuit, m'assurant que je pourrais les donner à mon clown cette nuit.

Le lendemain, ma mère est entrée dans ma chambre pour me réveiller pour le petit-déjeuner. À la place, elle a crié. Mon père est entré à toute allure et a appelé la police, leur disant qu'il y avait un cadavre, habillé en clown, dans mon placard. Ma mère a eu le souffle coupé quand elle a quitté mon placard du regard pour finalement voir ma table de nuit. Les piles n'étaient plus là. À la place, il y avait un couteau ensanglanté et un pacemaker.





Traduction : RedRaven

Texte original ici.

samedi 24 septembre 2016

In foetu

Je suis chirurgien. Jusqu'à présent, j'ai eu affaire à un bon paquet d'étranges cas médicaux, mais l'un d'eux continuera de me hanter probablement jusqu'à ma mort.

En automne 1987, une anomalie médicale extrêmement rare a touché un pauvre enfant de 7 ans du nom de William. Je travaillais en tant que chirurgien en chef dans la petite ville de Montrose dans le Colorado. William était allé chez son pédiatre pour se plaindre de fortes douleurs venant de son ventre. Il disait aux docteurs qu'il avait un « homme » qui vivait en lui et qui refusait de le laisser tranquille jour et nuit. Il disait qu'il lui faisait mal à divers endroits, comme s'il tirait sur les ficelles d'une marionnette. On pouvait le voir souffrir et pleurer dans le bureau du médecin, suppliant qu'on le soulage de ses douleurs atroces. Sa mère était extrêmement inquiète. Le docteur a donc procédé à un examen complet mais n'a rien trouvé d'anormal. Il a simplement dit à la mère de le ramener à la maison, et lui a prescrit de puissants antidouleurs.

Quelques semaines se sont écoulées, tandis que la douleur du garçon empirait. Le docteur ne savait plus quoi penser. Il ne trouvait toujours rien d'anormal, prescrivant des antidouleurs de plus en plus forts. Un jour, la mère est arrivée dans un état de grande panique. Elle est entrée en criant que son fils mourrait, et qu'il saignait abondamment. William avait du sang qui dégoulinait de sa bouche, et il se traînait à quatre pattes, suppliant les médecins de le tuer. Horrifiés, ils l'ont envoyé à l'hôpital.

C'est donc à ce moment qu'il est parvenu à notre équipe médicale. Les docteurs ont déterminé qu'il avait une grosse tumeur au torse, après que les rayons X aient révélé une étrange formation dans sa cavité viscérale.

Il fallait opérer de toute urgence.

Moi et mon équipe avons rapidement enfilé nos masques et nos blouses avant de le conduire au travers des couloirs de l'hôpital. Nous avons accéléré lorsque le garçon s'est mis à hurler.

Nous lui avons mis un masque anesthésiant alors qu'il se tortillait et demandait à la mort de le prendre. Sa tête se balançait d'avant en arrière avec violence, comme s'il ne le contrôlait pas. Elle se balançait si fort qu'il a fallu deux docteurs pour la maintenir. Il a commencé à se calmer, jusqu'à ce que finalement ses yeux se ferment, alors que l'anesthésie faisait effet. Nous l'avons conduit en salle d'opération et lui avons arraché son t-shirt Spider-man. J'ai pris mon scalpel et j'ai ouvert son torse. La fine peau s'est ouverte et le sang a rapidement coulé, révélant des veines et du mucus. J'ai entendu un gargouillement venant de l'intérieur du gouffre sombre que j'avais créé. Nous avons placé des pinces à l'emplacement de l'incision et juste au moment où nous allions tirer, nous l'avons vu.

Venant de juste en dessous de ses abdominaux cramoisis, un bras a jailli. La chair s'est étirée jusqu'à se déchirer. Ça a projeté des morceaux sur nos visages ainsi que sur nos vêtements. Nous étions tous stupéfaits, pétrifiés par le choc. Le bras était petit et frêle, rouge, et visqueux tant il y avait de sang. Il reposait sur ses entrailles tailladées. Je me tenais là, bouche bée. Mon souffle restait coincé entre ma gorge et mes poumons. J'ai pris mon scalpel en tremblant puis j'ai ouvert la blessure plus profondément. J'ai jeté un œil à l'intérieur de la masse rose et rouge où j'ai vu un corps recroquevillé, et j'ai su que c'était un nourrisson. J'ai placé mes mains sur sa peau douce et écarlate pour tenter de le prendre. Il gigotait dans mes mains, et me fixait des yeux. Je l'ai pris, le tenant au-dessus du corps du pauvre garçon. L'enfant était intégralement recouvert de sang. Il avait des yeux étranges, auxquels il manquait la pupille et ses lèvres étaient étroitement serrées. Il était recroquevillé sur lui-même. Il ne ressemblait pas à un enfant, mais plutôt à un alien. Le plus surprenant était qu'il n'avait pas de cordon ombilical.

En voyant l'enfant gigoter, les médecins ont reculé avec horreur. Je bégayais, incapable d'articuler une phrase sensée. Je jure que je ne mens pas sur ce qui est arrivé par la suite. Le nourrisson me regardait et il a ouvert la bouche. Une grosse quantité de sang en a coulé. Il a commencé à pousser de petits cris stridents. C'était... Extrêmement désagréable à entendre.

Mes yeux étaient grands ouverts, et j'étais pétrifié. Les autres médecins se sont enfuis de la pièce en se bousculant.

L'enfant était dans mes mains criant toujours plus fort. Il s'arrêtait parfois quelques secondes pour cracher du sang dont il ravalait la moitié à chaque fois. Je l'ai finalement lâché, le laissant tomber sur le sol. Ça a provoqué un bruit sourd sur le carrelage avec un répugnant « crack ! » J'ai cru qu'il était mort, car il est resté immobile un moment. Puis finalement, il s'est mis à pleurer. À pleurer comme n'importe quel nourrisson, et pas comme un monstre. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'approcher et de me pencher sur lui pour voir dans quel état il était.

Avec une rapidité effrayante, il m'a griffé au visage. Sans trop réfléchir, je me suis levée et je lui ai donné plusieurs coups de pied, espérant en finir avec cette abomination. Quand j'ai été sûr qu'il ne respirait plus, je me suis laissé tomber au sol et je n'ai pas bougé pendant plusieurs longues minutes.

La police est intervenue et m'a trouvé seul avec le cadavre du monstre. J'étais immobile, sous le choc. Pour ce qui est de William, son électrocardiogramme affichait une ligne plate, il a été déclaré mort d'une hémorragie. Un policier m'a aidé à me lever pour me faire sortir

Des recherches ont été menées et il a été établi que l'enfant était victime d'un rare cas appelé Foetus in foetu. Cela apparaît quand, durant la grossesse, des jumeaux sont procréés et l'un d'eux se fait enveloppé par l'autre, devenant un parasite. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas un humain. Nous n'avons jamais pu en savoir plus sur lui car quand les policiers, moi et d'autres médecins sommes retournés dans le bloc une vingtaine de minutes plus tard, le corps de la chose avait disparu.



Traduction : Kintefleush

Source

mercredi 21 septembre 2016

Le vainqueur remporte tout

Je suis ce qu'on pourrait appeler un accro au jeu. J'avais perdu tout ce que j'avais, l'heure était venue de payer et je n'avais rien que la chemise que je portais.

C'est là qu'ils m'ont laissé une chance de racheter mes dettes. C'était le genre d'opportunité qu'ils réservaient aux gens comme moi. Ils appelaient ça "Le vainqueur remporte tout". Ils réservaient une marge de crédit rien que pour ce jeu.

C'est un jeu qui se joue à deux. Ils te donnent un bout de papier avec une adresse et une montre en toc, noire, avec la marque du casino. Ils donnent la même chose à ton opposant dans un autre bar quelque part en ville. Oui, j'avais oublié de le dire : dans ce jeu, on ne joue pas contre la maison, on est face à un autre joueur. Aucun détail sur ce mec - c'est à toi de te sortir les doigts du cul pour le trouver avant qu'il ne te trouve.

Voilà comment ça se passe : tu fais ce que tu veux, mais passé deux heures, soit l'un des joueurs est mort, soit le casino s'assurera que les deux le soient. Ils nettoieront le bordel, quel qu'il soit, et feront en sorte que personne d'autre ne soit blessé. La feuille avec l'adresse est juste là comme une piste, rien ne t'oblige à te rendre là où pointe l'adresse. Mais la maison viendra récupérer l'argent des dettes.

Le vainqueur, si il y en a un, rentre chez lui avec cent mille dollars. Une somme dérisoire comparé à ce qu'ils se font avec les paris de leur "clientèle privilégiée", mais dans la situation où je me trouvais, c'était bon pour moi.

Je suis assis dans ma voiture, en face de l'adresse sur la feuille. Je peux entendre la fête qui bat son plein à l'intérieur. Forte musique, ça a l'air bondé. Ils aiment rendre ça difficile. Je vérifie l'heure sur le tableau de bord : plus que 10 minutes. Les dés sont jetés. Mon adversaire a peut-être foncé vers l'aéroport dès sa sortie du bar. Je le sais, j'ai été tenté de le faire aussi. Ils pourraient déjà être à mes trousses. Putain, ce mec pourrait bien péter les plombs et faire un bain de sang dans cette foule. Mais, c'est ça le monde du jeu d'argent - je tente le coup.

Alors que les dernières minutes s'écoulent, je vois un mec sortir en courant. Son désespoir est évident. Il sait qu'il est un loser, je le sens d'ici. J'allume l'enseigne de mon taxi. Il se dirige vers mon véhicule et saute à l'arrière.
"-Je vous emmène où ?
-N'importe, j'ai juste besoin de dégager de là. Et vite.
-Bien reçu."

À travers mon rétroviseur, je le vois relever sa manche et jeter un œil à sa montre - noire, avec la marque du casino. Je sens monter en moi ce délicieux et familier rush d'adrénaline.
5 victoires d'affilée. Le premier n'a pas remporté assez mais ensuite, j'ai eu de quoi acheter le taxi.
Je devrais vraiment m'arrêter, mais je suis bien lancé dans une bonne série. Qu'est ce que vous voulez que je vous dise ? Je suis ce qu'on pourrait appeler un accro au jeu.



Traduction : Chói Tai & Tripoda

lundi 19 septembre 2016

Naissance cervine

En 2009, un vidéaste amateur étudiant au Royaume-Uni met en ligne sur YouTube sa dernière œuvre fraîchement terminée. La vidéo finit par être supprimée vu le nombre de signalements et de plaintes. 

La vidéo commence avec un plan fixe sur une prairie brumeuse, qui selon certains se trouverait en Irlande. Les seuls sons qui accompagnent ledit plan sont un léger sifflement et ce qui semble être des paroles sourdes et inintelligibles. La caméra zoome ensuite sur une forme blanche dans le pré. Après de longues minutes, la forme se révèle être une biche albinos. S’ensuit un plan rapproché sur ses yeux, montrant des signes d’infection voire un début de cécité.


Le plan suivant montre la biche fixant un miroir pendant quelques instants. La vidéo prend ensuite une tournure bizarre : le reflet de la biche dans le miroir se met à suivre ses propres mouvements, indépendamment de son modèle. La caméra zoome ensuite sur le reflet de la biche qui commence à bouger de manière anormale et grotesque, comme une sculpture d'argile modelée par une main invisible. Ces contorsions perturbantes sont interrompues par un dé-zoom, dévoilant la « vraie » biche, allongée sur le sol. La biche aurait un regard « étrangement apaisé » selon certains. Le plan reste tel quel pendant plus ou moins deux minutes, le reflet continuant de se contorsionner et de gesticuler. Le miroir semble cependant s’assombrir. La biche allongée au sol commence ensuite à excréter un liquide noir du dessous de sa queue, ce qui laisse penser qu’elle est sur le point d’« accoucher ». La substance, qui ressemble à du goudron, continue de sortir de la biche. C’est généralement à ce moment que les gens coupaient la vidéo.

 La suite de la vidéo varie en fonction des récits mais beaucoup rapportent que la biche finit par accoucher du cadavre d'un enfant d'apparence vaguement humaine, couvert par la substance noire, ce qui le rend difficile à décrire. Certains affirment qu’il s’agit d’une représentation d’« hybride humain-animal », fabriquée par l’artiste pour les besoins de la vidéo. Un plan rapproché, flou, sur le visage de l’hybride, est montré pendant quelques secondes avant de retourner au miroir, à présent cassé, dans la même prairie qu’au début. S’ensuit une séquence en noir et blanc et au ralenti affichant un public qui applaudit. La vidéo finit par un plan noir de cinq minutes accompagné par des murmures inintelligibles s’affaiblissant doucement au fur et à mesure.

Certains disent que la vidéo n’est plus trouvable sur le net tandis que d’autres supportent que l'audio circule de temps à autre via des programmes de partage de fichiers comme BitTorrent. D'autres affirment même avoir pu récupérer la vidéo par certains moyens. Occasionnellement, des screens refont surface sur des imageboards et des sites semblables, mais la vidéo elle-même a été très peu vue depuis sa publication.


Un an plus tard, le vidéaste a posté une autre vidéo sur YouTube. Cette fois-ci, c’était cinq minutes d’écran noir et de silence avec pour seule piste, un lien en description pointant vers un site d'échange par webcam. Les spectateurs présents ce jour-là ont dit y voir une paire de pieds pâles qui pendaient mollement dans le vide, tournant doucement au-dessus d’une chaise renversée.


Le créateur de la vidéo « Naissance cervine » est surtout connu pour cette dernière œuvre choquante, mais beaucoup ne connaissent pas forcément ses travaux antérieurs qui sont similaires au niveau du contenu et du style. Entièrement en noir et blanc, la vidéo souvent appelée « Fox-trot » a été créée début 2005. Elle commence avec un plan sur une forêt au clair de lune. S’ensuit une longue transition vers le début de la première scène. Une renarde maigre, visiblement sous-alimentée, titube dans la forêt, poussant des gémissements navrants, avec ce qui semble être un nœud coulant autour de son cou.

La caméra suit la corde jusqu’à son extrémité, où l’on peut voir les petits de la renarde, attachés, se faire trainer par terre. Impossible de déterminer si les petits sont morts ou non. La vidéo coupe sur un plan montrant le croissant de lune se muant lentement en une tache informe. Le son de la vidéo est jusqu’ici essentiellement constitué des gémissements de la renarde, ainsi que d'un fond musical au ton plaintif que beaucoup décrivent comme "anormal et perturbant".
La vidéo coupe ensuite sur une clairière. On peut voir la renarde s'acheminer lentement vers le centre de la clairière, toujours en tirant ses petits derrière elle. La musique laisse progressivement place au silence tandis que la renarde se pelotonne sur le sol, prête à mourir. Après quelques instants de silence uniquement troublé par les derniers souffles de la renarde, un plan rapproché de son visage nous est montré : ses yeux brillent encore sous la lumière de la lune.
Deux petites mains pâles, vraisemblablement des mains d’enfants, commencent alors à lui caresser la tête. D'autres mains se montrent petit à petit avant que la caméra dézoome, révélant que son corps entier est couvert de mains et de bras, qui la caressent.

La vidéo se trouble plusieurs fois avant de couper sur l’intérieur d’un foyer assombri. La caméra se dirige lentement vers la salle à manger où l’on peut voir les cadavres pourrissants d’une famille entière, assis à la table. La renarde de tout à l’heure se trouve sur la table mais cette fois-ci, vivante et en bonne santé, veillant sur ses petits.
S’ensuivent des plans rapprochés des corps, révélant des blessures qui pourraient faire penser à un suicide collectif. Sur le dernier plan, on peut voir un papillon de nuit voletant autour d’une ampoule qui pend dans une pièce sombre. Soudainement, une main qu'on ne pourrait décrire que comme "bestiale", surgit et saisit l'insecte au vol.





Traduction : Kowai

Texte original ici.

samedi 17 septembre 2016

Remplacements

Bonjour. Je m’appelle Feng. J’ai 15 ans. J’ai décidé de raconter mon histoire avant d’en finir avec la vie. Personne ne me croit. Ni les docteurs, ni les psys, ni mon père. Ils disent que j’étais dans le vol d’avant. Ils disent que j'ai tout inventé. Ils disent que je suis fou. Je suis normal, tout à fait normal. Alors peut-être que les lecteurs de ce site consacré aux morts suspectes me croiront. Si vous voulez copier mon histoire sur d’autres sites, n’hésitez pas à le faire, vous avez mon accord. Euh, mettez juste que c’est l’histoire de Feng de Pékin. Et dites qu’elle est vraie. Surtout qu’elle est vraie et que je n’ai rien inventé. J’étais bien dans ce vol, et il s’est passé quelque chose pendant mais je ne m’en souviens plus. Alors ouais, dites tout ça aux autres et ne transformez rien.

Ma mère avait 43 ans quand les évènements se sont produits. J’avais treize ans en 2014. Ma mère et moi revenions d'un voyage en Malaisie. On avait pris ce fameux vol. Pas celui d’avant ni celui d’après, le fameux vol.

Dès qu'on a posé un pied à l'aéroport, j’ai trouvé ma mère différente, changée, sans vraiment comprendre pourquoi. Sa main était glaciale mais je me suis dit qu’elle avait peut-être pris froid pendant le vol. Pourtant, le soir même de notre retour, quand j’ai été me coucher et que je lui ai dit bonne nuit, son baiser sur mon front était aussi glacial que sa main. Et le bruit de son baiser, un long bruit de succion. Elle m’embrassait rarement sur le front (elle disait que c’était les vieillards qui embrassaient comme ça) et jamais aussi longtemps.

Les premiers soirs, j'ai trouvé ça vraiment étrange puis j’ai fini par m’y habituer. Même à la froideur de ses lèvres. Enfin non, pas vraiment, puisque dès qu’elle avait le dos tourné je m’essuyais le front en lui demandant de bien fermer ma porte. Ce n’est pas que j’avais peur de ma mère, mais je détestais ses baisers bruyants en pleine nuit. Oui, un autre truc qu’elle ne faisait jamais avant le vol : elle se levait en pleine nuit et sans allumer la lumière de ma chambre, elle venait m’embrasser. Ça me réveillait à chaque fois putain. Alors elle ricanait, s’excusait et repartait en chantonnant, heureuse de la trouille qu’elle me filait. Enfin si c’en était resté là, j’aurais pu grandir « normalement » et je n’aurais pas pété les plombs toutes les quatre minutes.

Mes parents étaient divorcés depuis cinq ans et j’étais fils unique. Chow, c’était ma voisine et ma nounou quand j’étais haut comme trois pommes. Un après-midi (une semaine après notre retour de Malaisie), Chow m’a demandé de m’asseoir et m’a questionné au sujet du comportement ma mère. Chow trouvait qu’elle était différente depuis notre retour. Elle la trouvait dans la lune et ses pertes de mémoire commençaient à sérieusement l’inquiéter. Elle disait aussi qu’elle prétendait avoir un garçon de mon âge en Malaisie et qu’elle lui avait promis de le retrouver bientôt. Enfin, Chow m’a demandé si j’avais remarqué que ma mère perdait ses cheveux ? Je lui ai répondu que je n’en savais rien. Elle m’a alors montré une grosse touffe de cheveux noirs aux reflets acajou, identiques à ceux de ma mère. Ça m’a un peu effrayé et c’est à ce moment précis que j’ai commencé à observer plus attentivement ma mère et à noter des détails dans un carnet secret. J’avais treize ans quand je l’ai écrit et j’ai corrigé les fautes d’orthographe mais excusez-moi s’il en reste.

Samedi 8 mars 2014

Maman est restée en pyjama jusqu’à midi. D'habitude, après le petit déj, elle se maquille et s’habille, même pour rester à l’appart. Puis elle m’a dit qu’elle allait chez le coiffeur. J’ai alors cru qu’elle allait se changer, mais à la place, elle a un pris une paire de ciseaux dans le tiroir de la cuisine. Puis elle est montée à l’étage et s’est enfermée dans la salle de bains. Je l’ai observée par le trou de la serrure. Devant la glace, toujours avec son pyjama sur le dos, elle a coupé de grandes mèches de ses longs cheveux noirs. Je pouvais voir sa nuque s’éclaircir. Le pire c’est qu’elle les a coupés de travers. Les cheveux tombaient sur les épaules de son pyjama, dans le lavabo, sur le meuble et le tapis de douche. Elle qui était si maniaque s’en fichait. Puis elle a posé la paire de ciseaux et a fait une chose tellement dégueulasse que j’en frissonne encore : elle a ramassé tous ses cheveux, en a fait un tas, puis a pioché dedans. Après avoir pris une bonne poignée, elle l’a portée à la bouche et commencé à les mâcher !!

 J’ai posé une main sur ma bouche pour ne pas crier. Elle s’est retournée vers la porte en mâchant toujours ses cheveux !! Elle a froncé les sourcils, ses yeux bleus m’ont semblé devenir noirs. Elle a marché doucement vers la porte, comme un chat vers sa proie. J’ai bondi jusqu’à ma chambre qui était fort heureusement à côté de la salle de bains et j’ai sauté sur mon lit. Mon cœur battait à tout rompre. J’ai entendu le grincement de la porte puis ses pas on fait craquer le plancher. Ensuite sa tête, juste sa tête, a dépassé de l’encadrement. Les yeux écarquillés, elle me regardait. Heureusement j’avais un livre sur mon lit et j’ai fait semblant de lire. Après une bonne minute d’observation elle m’a demandé si j’allais bien et je lui ai répondu que oui sans la regarder. Elle est repartie et s’est de nouveau enfermée dans la salle de bains.

Dimanche 9 mars 2014
Je n’ai pas bien dormi cette nuit. J’ai fait plein de cauchemars. Je voyais ma mère m’arracher les cheveux avec ses dents puis les manger en ricanant. Du sang me coulait sur le visage et ma mère le léchait. C’était horrible. Heureusement qu’elle s’est comportée normalement aujourd’hui, sinon je me serais enfui chez papa. J’ai voulu aller en parler à Chow, mais elle est partie en week-end. Hâte qu’elle revienne.

Lundi 10 mars 2014

J’ai encore mal dormi et fait le même cauchemar. Qu’est-ce qui se passe ? Ma mère était normale avant le voyage, et même dans l'avion. Enfin je crois, car j'ai dormi tout le long du vol. Je suis allé voir Chow et je lui ai expliqué pour les cheveux. Elle a été choquée et m’a dit qu’elle allait en parler à un ami qui est psycho quelque chose. Elle m’a dit aussi de ne pas m’en faire et de continuer à lui dire comment elle se comportait. Ah oui, elle doit encore me montrer un truc que ma mère a perdu sur son paillasson. Enfin, elle est pas sûre que ce soit à elle.

Mardi 11 mars 2014

Toujours le même cauchemar. En pire à cause du doigt. C'était le truc que Chow devait me montrer. Elle m’a demandé si c’était à moi et je lui ai dit que non. Et puis il était bien trop grand. Et puis bien trop long aussi. Ah oui, c’était un doigt en plastique, sans ongle, en silicone, pas en chair humaine comme je l’ai cru au début. Il n’appartenait pas à ma mère non plus puisque j’en ai compté douze. Euh dix. Ses cheveux ont repoussé. C'est comme si elle ne les avait jamais coupés. Je n’ai pas envie qu’elle les mange encore. Chouette demain c’est mercredi et Chow m’emmène au cinoche. Vivement que tout redevienne normal.

Mercredi 12 mars 2014

J’ai trouvé Chow très étrange. Elle a pas dit un mot de tout le film. Ni après. Quand on est arrivés à notre étage, elle m’a demandé si elle pouvait fouiller la chambre de maman. Je lui ai dit que je ne savais pas. Elle a insisté et m’a fait promettre de ne rien lui dire. C’était pour sa guérison qu’elle a dit mais d’abord il fallait comprendre. Chow a trouvé un ongle peint avec du vernis rouge. Le même que maman. Chow l’a essayé sur le doigt et ça rentrait dans l’empreinte de l’ongle. Quand maman est rentrée à la maison, j’ai discrètement vérifié ses mains et il ne manquait ni doigt ni ongle. J’ai juste trouvé sa peau un peu dure et toujours froide mais je m’y étais habitué.

Jeudi 13 mars 2014

Je crois que je ferai ce cauchemar toute ma vie. En plus de m’arracher les cheveux avec ses dents, ma mère me crevait aussi les yeux avec ses ongles rouges. Puis elle les croquait en riant. C’était horrible. J’ai pris l’habitude d’avoir une bouteille d’eau à côté de moi. Après un cauchemar j’en bois un peu, ça me calme. Cette nuit, la bouteille était vide. Je me suis levé pour la remplir et quand je suis passé devant la porte de la chambre à maman, j’ai entendu des cris étouffés. J’ai eu si peur que tout mon corps tremblait. Malgré ça, je voulais savoir ce qui se passait. J’ai alors regardé par le trou de la serrure. Je voyais le visage de ma mère et une partie de son corps allongé sur le lit. Elle dormait la bouche grande ouverte. Les petits cris étouffés semblaient venir de là. J’ai pensé qu’elle faisait un cauchemar. J’ai aussi remarqué près de sa table de nuit un verre avec deux billes blanches à l’intérieur. Ça brillait un peu. Je n'avais jamais vu ça avant, même quand plus jeune je dormais avec elle. Puis j’ai été remplir ma bouteille et je me suis recouché. J’ai réussi à me rendormir.

Vendredi 14 mars 2014

Chow est morte (des années plus tard j’ai su la cause de sa mort : asphyxie des poumons par écrasement des côtes). Je l’ai appris après être rentré du collège. Y’avait des flics qui allaient et venaient chez elle. Maman était déjà là. Elle avait pris son après-midi. C’est elle qui me l’a dit pour la mort de Chow. J’ai pas joué les durs, j’ai pleuré. Je lui ai même demandé de dormir avec elle en lui racontant pour les cris étouffés de la nuit derrière. Elle m’a ri au nez et m’a demandé de me mêler de mes affaires. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai un mauvais pressentiment, je redoute la nuit qui arrive.



Je n’ai tenu mon journal que six jours. Car après la nuit du vendredi au samedi, je n’ai plus été capable d’écrire quoi que ce soit. Cette nuit-là a changé le cours de mon existence et a irrémédiablement modifié ma vision des choses sur un monde soi-disant normal.

Pour « oublier » la mort de Chow, ma mère a rapporté un Mc Do. Elle n’a pas versé la moindre larme pour une de ses meilleures amies. C’est à peine si elle s’en rendait compte. J’ai trouvé ça un peu choquant mais j’ai mis ça sur son comportement étrange. Je me disais qu’elle allait finir par réaliser que d’ici quelques jours, notre voisine était bel et bien morte.

Pendant le repas devant la télé, je ne cessais de regarder ses mains, ses yeux, ses cheveux. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne les trouvais pas naturels. C’était juste une impression, pas une certitude. Sans doute avais-je en tête ce doigt en plastique que Chow m’avait montré et ce cauchemar qui laissait une saveur glauque à mes journées. Son bisou du soir sur mon front s’est aussi avéré plus court et moins bruyant que d’habitude. Et puis elle m’a serré fort dans ses bras. J’ai cru qu’elle allait m’étouffer. Puis elle m’a dit une phrase que je n’oublierai jamais : « même la mort ne nous séparera pas ». Je me suis dit alors que ma mère m’aimait beaucoup et j’ai rapidement trouvé le sommeil, toujours dans l’espoir d’un retour au calme…

En pleine nuit, mon inconscient m’a alerté de quelque chose et m’a doucement réveillé. J’ai aussitôt entendu des cris étouffés. J’ai eu peur pour ma mère et j’ai bondi du lit.

Allongée sur les couvertures, ma mère dormait la bouche grande ouverte. Elle n’avait pas fermé les volets et la lumière d’un réverbère donnait une atmosphère orange à sa chambre, un peu comme dans un parking mal éclairé.

En m’approchant, les cris étouffés se sont arrêtés. Puis j’ai entendu « aide-moi, pitié, aide-moi ». Ça venait de sa gorge. Sa glotte allait et venait sur la peau de son cou. Mais sa bouche restait fixe, toujours grande ouverte. Le verre sur la table de nuit a fait un bruit comme s’il se déplaçait. J’ai regardé et j’ai vu que les deux boules étaient en fait deux yeux en verre de couleur bleue (comme ceux de ma mère) me fixaient. De peur, j’ai failli pisser dans mon froc. J’ai à nouveau entendu « aide-moi, pitié, aide-moi » sortir de sa gorge.

Après un craquement sinistre, sa tête s’est tournée vers moi. Deux orbites vides me fixaient horriblement. Et au fond, tout au fond de cette bouche ouverte et de ces orbites vides, j’ai vu quelque chose d’impossible à croire et qui deux ans après me hante encore.

J’ai vu un œil injecté de sang tout au fond de chaque orbite, j’ai vu des lèvres éclatées dans la bouche grande ouverte et ce sont ces lèvres qui poussaient des cris étouffés et qui bougeaient en disant « aide-moi, pitié, aide-moi ». J’ai voulu m’enfuir, mais une main glaciale a attrapé mon poignet. Je me suis débattu comme un fou et j’ai réussi à lui échapper. Cette chose s’est précipitée derrière moi et m’a pourchassé dans le couloir. J’entendais rire, mais aussi « « aide-moi, aide-moi ».

Je me souviens que sur le plancher du premier étage son pas faisait un drôle de bruit, comme des coups de marteau sur du bois. On avait un duplex et j’ai dévalé les escaliers quatre à quatre puis j’ai commencé à déverrouiller la porte d’entrée. J’ai alors entendu un bruit sourd derrière moi, puis un cri aigu. La chose est tombée dans les escaliers puis s’est disloquée pièce par pièce. La tête a roulé jusqu’à mes pieds. Ses orbites étaient creuses et totalement vides. Plus rien à l'intérieur. J’ai alors levé la tête et j’ai vu une silhouette sombre plus petite, plus mince, de travers sur les marches de l’escalier. Son corps était cassé en deux, mais sa tête me fixait. C’est là que j’ai reconnu les grands yeux bleus de ma vraie mère. C’était effroyable et je me suis enfui en hurlant. Après, c’est le trou noir, mais je crois que sur le trottoir un éboueur m’a recueilli et m’a emmené à l’hôpital…

Je me suis réveillé dans une chambre verte et bleue. Mon père était assis près de moi et dormait une main dans la mienne. J’ai dû le réveiller en bougeant et il m’a aussitôt serré dans ses bras en pleurant comme une petite fille. Je n’ai compris pourquoi qu’au bout de longues et interminables minutes : il a cru que j’étais mort avec ma mère lors de l’accident d’avion du vol MH 370 de la Malaysia Airlines. C’est tout simplement impossible.


______________________

Note wikipédia : Le vol 370 Malaysia Airlines (code AITA : MH370) est un vol international régulier de la compagnie aérienne Malaysia Airlines reliant Kuala Lumpur à Pékin. L'appareil, un Boeing 777 qui transportait 239 personnes dont une majorité de ressortissants chinois, est porté disparu depuis le 8 mars 2014.

Complément d'information : parmi les nombreuses théories du complot lues sur internet, l'histoire du jeune suicidé voudra en retenir deux : L'avion n'a jamais décollé et les passagers auraient servi à certaines expériences secrètes ou, en concordance avec certains phénomènes lumineux observées cette nuit-là, l'avion aurait mystérieusement disparu en plein ciel...   


mercredi 14 septembre 2016

Fertilité

Ils m'ont dit, quand j’étais jeune, que je ne pouvais pas enfanter. Et que rien ne pouvait y remédier. Aucune thérapie, aucune consolation, rien. Ils m'ont juste donné l'information, avec son lot de désespoir. Ils n'avaient pas à me voir pleurer la nuit. Toutes les nuits. Pendant des années. J'ai gardé tout ça enfoui au fond de moi, me haïssant... haïssant mon échec. Haïssant cette partie de moi qui ne fonctionnait pas. Haïssant la jalousie que j’éprouvais envers toutes ces femmes qui avaient ce don et qui ne l'utilisaient pas.

Je devais tenter quelque chose. N'importe quoi.

Il n'a pas fallu longtemps avant que je commande des médicaments pour la fertilité sur le net. Clomiphène. GnRH. Diéthylstilbestrol. Je les ai tous pris. Puis, j'ai dû chercher du sperme. Ce n’était pas si difficile à obtenir. Quelques petites annonces sur Craigslist. Quelques photos envoyées par-ci, par là, et enfin une rencontre. Une heure plus tard, j'avais un préservatif rempli de ce dont j'avais besoin.

J'ai donné aux médicaments une semaine, le temps qu'ils agissent, avant d'entreprendre quoi que ce soit. Ils me donnaient des vertiges, des nausées. Le prix à payer, j'imagine. Ensuite je devais injecter le sperme à l’intérieur de mon corps. J'ai eu plusieurs coups d'essai ; je visais là où je pensais trouver les ovaires. J'ai pensé qu'une grossesse extra-utérine était quand même une grossesse. Et peut-être que les docteurs pourraient remédier à ça si c’était un souci.

Entre mon automédication et le rassemblement du matériel, je m'endormais en imaginant un bébé - mon bébé - tout chaud et doux sur mes genoux. Un tout petit paquet de chaleur, capable de faire fondre la froideur du centre de mon être. De mon identité. Une vie précieuse qui m'aimerait autant que je l'aimerais. Mes mains parcouraient mon ventre et je rêvais d'une vie grandissant à l'intérieur. Je le jure, je pouvais presque sentir son coup de pied.

Me réveiller de ces rêves m'apportait une raison d'être renouvelée et un nouveau sentiment de désespoir. C'est le dernier en date qui a menacé de mettre totalement fin à ma quête. L'appel du sommeil éternel avec l'espoir que mon bébé me rejoigne était presque trop tentant pour passer à côté. Ré-ouvrir d'anciennes cicatrices sur mes bras et mes jambes n'a pas beaucoup aidé à faire taire cette voix. Je devais arrêter d'attendre.

Les aiguilles étaient grosses et longues, et le contenu était froid, ce qui était logique vu qu'il venait du frigo. Cette semaine-là, j'avais été avec 30 hommes. Mon corps me faisait mal et je n'avais plus une once d'estime de moi, mais ils m'ont donné ce dont j'avais besoin. Je me suis injecté le tout durant la journée. Mon corps n’était plus qu'un trou béant, une épave. Et les médicaments me donnent encore plus le tournis que jamais. C'est même très difficile d'écrire ce texte avec le cerveau embrumé. Mais tout ça vaudra le coup une fois que ça aura fonctionné.


Quand ça marchera, j'aurai un beau bébé, né de mes propres efforts.
Un bébé qui sera choyé.
Un bébé à qui on ne pourra pas dire qu'il ne peut pas suivre ses rêve juste parce que c'est un garçon.



Traduction : Kamus et Nevermore

Source

lundi 12 septembre 2016

Le monstre du verre de lait

Affaire des "monstres" au verre de lait.
Texte piraté par DeepSkull pour le journal « le détective du Net ».
Affaire suspecte n°3.
Affaire suspecte n°4 en cours de décryptage.

Ce qui suit est la synthèse d’une suite d’entretiens entre « l’accusé principal » du dossier et le psychanalyste Joseph M-------, travaillant à la section psychiatrie de l’hôpital B----. Nous avons volontairement réarrangé les réponses de l’accusé pour en faire un témoignage assez court. Alors, qui croire ? Coupable ou innocent ? Bonne lecture à tous nos abonnés.

Comme tous les soirs ma mère nous apportait un verre de lait aromatisé à la cannelle. Soit elle nous le donnait, soit elle le posait sur notre table de nuit. Ma sœur dormait sur le lit côté opposé au mien et finissait toujours ce verre de lait la première. Moi, je prenais mon temps, j’aimais le déguster, souvent en pleine nuit. Après un cauchemar, ça me rassurait de le boire. J’avais l’impression que ma mère se trouvait dans notre chambre et me susurrait les paroles d’une comptine. Je l’entends encore aujourd’hui, ma pauvre mère…

Tout a commencé en pleine nuit. Ma maison était située un peu à l’extérieur du village, loin de la route, loin des bruits de la circulation. Parfois, on entendait des aboiements lointains, parfois c’était le hululement d'une chouette qui venait troubler mon sommeil. Cette nuit-là c’était silencieux, très silencieux. La lumière pâle d’une pleine lune filtrait à travers les rayons des volets de la fenêtre. Ça offrait une certaine pénombre à la chambre. On distinguait vaguement les meubles, les posters, la table de nuit, la silhouette de ma sœur allongée sous sa couette.

Je me suis réveillé à cause d’un sale cauchemar. J’ai aussitôt pris mon verre de lait pour me rassurer. Mais il était vide. Oui, vide. Je n'y avais pas touché quand ma mère a éteint la lumière. J’ai songé à réveiller ma sœur, à lui demander si c’est elle qui avait bu mon verre de lait. Je ne l’ai pas fait. C'est idiot, mais je n’ai pas réussi à me rendormir tout de suite à cause de cette question qui trottait dans ma tête : qui avait vidé mon verre de lait ? Alors qu'au petit matin je parvenais enfin à me rendormir, j’ai entendu comme des craquements, des bruits de pieds faits avec l’os du talon sur le plancher. Ça se dirigeait vers le placard. Je n’ai rien vu alors j’ai pensé que ça venait du plancher en bois du couloir qui craquait de temps en temps. J'aurais tant aimé ne pas me tromper.

Le lendemain matin, ma sœur m’a affirmé ne pas avoir bu mon verre de lait. Elle m’a juste dit qu’elle avait ouvert un œil, car elle aussi avait entendu des craquements.

Le soir suivant, j’ai fait la même chose, j’ai laissé mon verre de lait intact. Ma mère ne m’a pas posé de questions sur le pourquoi du comment. Elle connaissait cette habitude, car quand j'étais très jeune, j’ai souffert de terreurs nocturnes et un verre de lait me calmait après mes cauchemars.

Je ne sais pas pourquoi j’ai eu du mal à m’endormir. Je me trouvais stupide d’angoisser pour un verre de lait que ma sœur aurait bu. J’ai toutefois fini par trouver le sommeil. Pas longtemps je crois. Des chouinements m’ont réveillé. 

J’ai aussitôt allumé la lampe de chevet, mais je n’ai rien vu. Sauf mon verre de lait vide. Je me souviens avoir ressenti comme un coup de couteau dans le cœur. Ça m’a fait très mal. Je me suis levé d’un coup et j’ai secoué ma sœur par le col en lui criant dessus. J’étais furieux. Elle s’est aussi mise à crier. Ma mère est entrée en courant dans la chambre et nous a séparés. Je lui ai dit pour le verre de lait. Elle n’en revenait pas de ma stupidité. Au moment où elle a été chercher un autre verre de lait, on a tous entendu un très léger ricanement. On s’est tous regardés : ça venait du placard. Je m’en souviens très bien, ma mère était un peu angoissée à l’idée d’ouvrir la porte. Malheureusement, il n’y avait rien d’autre que nos vêtements suspendus à la tringle et nos jouets au sol. Mais moi j’ai vu le ballon rouler sur quelques centimètres ! Je jure qu’il a bougé ce putain de ballon ! Il a même cogné contre la porte quand ma mère l’a refermée !

Le lendemain matin, ma mère m’a de nouveau engueulé, car ma sœur portait des traces de griffures au niveau du cou et de la poitrine. J’ai protesté, j’ai rétorqué que je l’avais juste attrapée par le col du pyjama. Elle ne m’a pas cru et m’a giflé. C’était la première fois qu’elle me giflait, je lui en ai terriblement voulu. Mais ça va mieux aujourd’hui, oui bien mieux, enfin je crois, c’est sûr que je le crois.

Le soir suivant, ma mère m’a ordonné de boire ce « putain de verre de lait ». Elle n’avait pas décoléré. Je me suis exécuté sans broncher. C’est là qu’on a tous entendu une sorte de couinement, comme si un chien gémissait. Ça venait encore de ce maudit placard. Bien sûr, quand ma mère l’a ouvert, il n'y avait rien. Bien sûr, il n’y a jamais rien eu derrière cette porte, comme on me l’a si souvent répété. Pourtant j’ai encore vu le ballon rouler aux pieds de ma mère ! Mais tout ça, c’est de ma faute, je suis le seul coupable, oui, le seul.

Tous les soirs, je devais finir mon verre de lait « illico presto ». Et à chaque fois que je finissais ce maudit verre de lait, on entendait des gémissements sortir du placard. Ma mère a fini par m’accuser de ça, de gémir dans son dos quand elle s’avançait vers la porte du placard pour vérifier ses bruits. Ma sœur était encore plus terrorisée que moi, car elle disait à ma mère que dans son sommeil, on allait venir lui gratter la poitrine. Ma mère était excédée de nous et de tout ce qui se passait dans cette chambre. Elle a carrément fini par nous traiter de menteurs. Je n'aimais pas qu'elle dise ça, j’ai toujours détesté qu’on me traite de menteur. C'est vrai qu'au fond de moi je commençais à ressentir des pulsions violentes envers elle.

J'ai commencé à perdre le sommeil. Je dormais par courtes périodes et je me réveillais en sursaut, le front trempé de sueur, le regard rivé sur la porte du placard. La quatrième ou cinquième nuit après le début de mon histoire, je l’ai enfin vu…

À peine sorti d’un cauchemar, j'ai subitement plongé dans un autre. Mais celui-ci était bien réel. Je vous jure qu’il était réel. Haletant, suant, je scrutais la pénombre quand, sur ma gauche, là où dormait ma sœur, j’ai vu sa couette bouger. Je me suis dit que ce n’était pas grave, que c’était juste un de ses bras ou une de ses jambes qui animait la couette. Mais non, non ce n’était pas ça ! C’était impossible que ça soit ça ! Ça roulait doucement dessous, ça allait et venait, ça formait des bosses sous le tissu. Et puis ça mâchait, je suis sûr que ça mâchait ! La tête de ma sœur gigotait, geignait, des sons comme des crachats sortaient de sa gorge. Et puis j'ai perçu une voix rauque et lente, une voix qui répétait « faiiiiiiiiim, laiiiiiiiiiiiiiit, veuuuux laiiiiiiiiiiiit ». J’ai hurlé. Ma mère a accouru. J’ai alors vu la chose rouler sous la couette avant de se jeter sur la moquette et courir jusqu’à la porte du placard qui s’est refermée en claquant. Mais bien sûr, ma mère n’a rien vu. Elle s’est pris la tête en hurlant, car ce qu’elle avait vu, c’était la couette tachée de sang de ma petite sœur ! Son corps, son pauvre petit corps, était recouvert de morsures produites par des dents pas plus grosses que des aiguilles. Et puis son pyjama était complètement déchiré ! Ce n’était pas moi, vous comprenez maintenant que ce n’était pas moi, c’était le monstre du placard !

Le médecin a conclu à des morsures de rat, toutes localisées au niveau de la poitrine et des tétons. J’étais soulagé quand j’ai appris ça par ma mère. Mais ce fut bref. Ma mère ne croyait pas aux conclusions du médecin. Son regard pesant était là pour me culpabiliser. Même si elle ne le disait pas, je l'entendais hurler dans mon oreille « C’est toi le monstre qui a fait ça ! Tu es un monstre ! »

Dans la journée qui a suivi l’incident, ma mère a décidé que ma petite sœur dormirait avec elle dans son grand lit que mon beau-père, en voyage d’affaires au moment des événements, n'occupait pas. Même si je n’étais pas coupable, je n’avais pas d’autre choix que de l’accepter. J’allais devoir rester seul avec la chose du placard…

Ce soir-là, ma mère ne m’a même pas dit bonne nuit. Sur le palier, elle m’a juste regardé en secouant négativement la tête puis, avec un index barrant ses lèvres, elle m’a fait « Chuuuuuuuuuut ». J’ai retenu un cri, un hurlement devant cette injustice. Car elle me laissait seul avec la chose qui se trouvait dans mon placard et qui encore ce soir, n’aurait pas son verre de lait…

Je ne sais plus quelle heure il était quand j’ai entendu les premiers gémissements. Je ne dormais pas. Avec ce qui s’est passé cette nuit-là et jusqu’aujourd’hui, je n’ai plus jamais réussi à dormir sans une forte dose de somnifères. Et qui le pourrait après ce que j’ai vu, qui ?

Le placard a grincé. Pleurant, tremblant, j’ai allumé ma lampe de chevet et malheureusement, la lumière n’a pas effacé cette vision cauchemardesque. J’ai vu une sorte de main aux longs doigts recourbés comme des crochets se poser sur l’extérieur de la porte ; j'ai vu sa peau craquelée et brune ; j’ai vu les phalanges épaisses tapoter le bois comme si ce monstre était énervé. J’ai entendu sa voix rauque et lente, j’ai entendu ces mots qui ont glacé mon sang : « Mooooooon laiiiiiiiit, jeeee veuuuux moooon, laiiiiiiit ».

La chose est sortie si vite du placard que je n’ai vu que ses quatre longues mains et un petit corps rouge et ridé courir sur la moquette jusque sous mon lit en criant « laiiiiiiiiiiiiiiiit, laiiiiiiiiiiit ». Mon matelas s’était mis à bouger, le monstre le poussait par en dessous. « Laiiiiiiiiiiiiiit, laiiiiiiiiiiiiiit » répétait-il sans cesse. Le matelas était carrément soulevé. À chaque coup, je hoquetais comme si on me mettait des coups de poing dans le dos et que ma respiration se coupait. « LAAAIIIIIIIIIIIT LAAAAAIIIIIIIIIIIIIIT » répétait-il encore et encore. Ma mère a subitement ouvert la porte. Et au moment de me hurler dessus, ses mots se sont bloqués dans sa gorge. Elle a vu cette chose, je sais qu'elle a vu ce monstre, car ses yeux se sont écarquillés d'horreur…

À une vitesse incroyable, la chose a bondi sur elle en criant : « LAAAAIIIIIIIIIT LAAAAAIIIIIIIIIIIIIT ». Ma mère était enceinte. Avec ses longues mains, j'ai vu le monstre cisailler sa chemise de nuit et lui mordre ses seins pleins de lait ; je l’ai vu arracher le fœtus de son ventre et ouvrir une gueule remplie de centaines de petites arêtes en émail. J’ai vu le sang gicler de son corps, éclabousser les murs et souiller le parquet en gros bouillons épais…

Je me suis évanoui. Ma tempe a dû heurter le coin de ma table de nuit dans ma chute, car je ne pouvais être ailleurs que dans ma chambre quand les faits se sont produits…

Je suis resté une journée dans le coma à l'hôpital. C’est mon beau-père qui m’a découvert dans la chambre de maman. Il a dit à la police que j’avais dévoré ma petite sœur jusqu’à ne laisser que sa tête arrachée et ses membres disloqués sur la moquette. Il leur a dit que j’étais le seul occupant encore vivant de cette maison. Il leur a dit que les fenêtres et toutes les portes étaient fermées de l’intérieur quand il est rentré de son voyage, vers 8 heures du matin, soit quelques heures après les faits. Mon beau-père ne m’avait jamais aimé, et une fois de plus il venait d’en faire la plus cruelle des démonstrations. Ce qu’il a oublié de leur dire, c’est qu’il avait ramené un truc qui cognait dans sa valise six mois plus tôt, lors d’un séjour au Guatemala. Moi et ma petite sœur l’avions dit à maman, mais elle nous a affirmé qu’il n’y avait rien dans cette valise. Alors pourquoi ne nous a-t-elle pas laissés le vérifier ? Je n’ai pas rêvé, je suis sûr qu’il y avait un truc dans cette valise !

Personne n’a compris ce qui s’est passé cette nuit-là, personne sauf moi. Les médecins n’ont trouvé aucune trace de ma sœur ou de ma mère dans mon organisme. Seule la police scientifique en a trouvé des traces dans le placard de ma chambre. Et des gouttelettes de lait maternel sur ses murs...




samedi 10 septembre 2016

Une certaine passion

J'adore regarder la télé. Jusqu'au plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé ça. C'est un peu comme ma passion. C'est ridicule, vous me direz, mais vous vous méprenez.

J'aime toutes les émissions, ainsi que toutes les chaînes. Ça en devient parfois difficile pour choisir mon programme. Cependant, il y en a un type que je préfère plus que tous les autres. Vous savez, ces émissions qui nous reconstituent des meurtres, des viols, ou d'autres affaires similaires. Je pourrais passer des heures à regarder ce genre de trucs.

Je n'ai pas beaucoup d'amis proches, je suppose que c'est en partie à cause de mon addiction. Mais si je me suis réfugié là-dedans, c'est justement parce que je suis seul. Un foutu cercle vicieux duquel je ne peux pas sortir, et qui s'aggrave de jour en jour. Mais au fond, je supporte plutôt bien cette solitude, je m'y suis fait au fil des années.

Quelques fois, il m'arrive d'inviter des connaissances chez moi. Des personnes qui acceptent encore de faire partie de mon environnement social. Je leur propose donc à boire, et après ça, c'est le moment de s'installer devant mon poste de télévision. C'est de loin l'instant que je préfère, lors de ces soirées chez moi avec des invités.

Le programme débute. Un homme apparaît, visiblement bourré bien comme il faut. Il titube, et on a du mal à comprendre ce qu'il raconte. Et puis, il rejoint une fille à l'autre bout de la salle dans laquelle il se trouve, une cuisine visiblement. On peut sentir la terreur dans les yeux de celle-ci.

L'homme se rapproche d'elle de plus en plus, d'un air menaçant, les yeux rougis sans doute par une drogue, toujours en titubant lourdement. « Mais cours ! Vite ! Tu vois pas qu'il est dangereux ? » Elle s'exécute alors. Malheureusement, cette tentative est vaine. Elle remarque qu'elle ne peut pas s'échapper de la pièce. On ressent sa panique. L'homme se jette sur elle, lui assène quelques coups violents au visage, et se met à l'étrangler. Elle perd connaissance.

Je regarde mes invités. J'espère qu'ils apprécient la soirée. En tout cas, ils ont l'air vraiment envoûtés par le programme.

L'homme se met à arracher les vêtements de la fille, d'une façon plus que bestiale. Ensuite, il la viole. Et puis, c'en est fini. L'homme saisit un couteau qui traînait sur la table à proximité d'eux, il égorge la fille. Son sang coule à flot, faisant une énorme tache sur le sol.

Il regarde un instant le corps de la femme. Elle ne bouge plus, il n'y a plus aucune once de vie en elle. Il se met à trembler, et à regarder ses mains. Je crois apercevoir des larmes couler sur les joues de l'homme. « Tu regrettes ce que tu as fait ? » lui dis-je. Il tremble de plus en plus, il a visiblement l'air en état de choc. Et puis, il récupère son couteau, et se le plante à plusieurs reprises dans le cœur, jusqu'à ce qu'il finisse par succomber.

Je me lève et j'applaudis. Je regarde mes deux invités, gisant là, au milieu de la cuisine. Je quitte mon poste d'observateur qu'était le salon, je déverrouille la porte de la cuisine. J'admire le bain de sang qui se trouve dans cette pièce. Tous les recoins ont été éclaboussés : la table, le carrelage, les murs, la baie vitrée séparant la cuisine du salon. Il faudra que je nettoie tout ça, et que je me débarrasse des corps de mes invités. Il faut ce qu'il faut, n'est-ce pas ? Tous les moyens sont bons pour conserver ma passion.

J'aime vraiment regarder la télé.


jeudi 8 septembre 2016

Communication

- 17. Quelle est votre urgence ?
- Je… Je m'appelle Robert Leroy, et... ma femme a disparu.
- Depuis quand votre femme a-t-elle disparu, Monsieur Leroy ?
- Une semaine, peut-être plus, peut-être moins, je ne sais plus.
- Toute disparation avérée doit être signalée après 48 heures.
- Oui, mais... j’étais en voyage d'affaires à l’autre bout du monde, sur une île... Le réseau satellite était HS. Dès que mon avion s’est posé à Orly, j’ai consulté mes messages et il n’y en avait aucun de ma femme.
- Est-ce habituel ?
- Non, c’est pour ça que je vous appelle, on... on est très liés tous les deux.
- Depuis quand êtes-vous arrivé à votre domicile ?
- Une heure, deux, trois, je ne sais plus.
- Elle est peut-être chez des amis ou partie voir sa famille ?
- Non, je ne pense pas.
- Vous auriez dû les appeler pour vous en assurer.
- Je sais, je sais mais... je ne pense pas que ce soit nécessaire.
- Pourquoi ?
- Il y a des vers, de gros vers blancs.
- Où ça monsieur Leroy ?
- Je les vois.
- Pouvez-vous me préciser où se trouvent ces vers ?
- Sous la porte. Et devant aussi.
- Sous la porte Monsieur Leroy ? Quelle porte ?
- La porte de salle de bain.
- Vous pouvez l’ouvrir ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Je... je crois qu'elle est fermée de l’intérieur.
- Comment le savez-vous ?
- J'ai déjà essayé. Enfin je ne sais pas... je ne sais plus trop.
- OK. Vous pouvez la défoncer ?
- Non... Je... je ne veux plus marcher sur les vers. Il y en a tellement... Ils...ils vont encore me faire du mal.
- Euh... Je vous envoie une patrouille, mais vous devez essayer Monsieur Leroy, vous devez défoncer cette porte.
- Je ne veux plus marcher sur ces vers !
- Essayez Monsieur Leroy, ce ne sont que des asticots.
- Attendez !
- Oui ?
- Ils... ils se sont redressés et me regardent !
- Qu'est-ce qui vous regarde monsieur Leroy ?
- Leurs yeux jaunes... Ils...ils me regardent.
- C'est impossible Monsieur Leroy. Gardez votre calme.
- Ils...ils ont tous un visage...
- Un visage ? Euh... Avez-vous un insecticide ou pouvez-vous les écraser ?
- Non... attendez.
- … Oui ?
- La poignée de la porte ; elle s'abaisse.
- C’est peut-être votre femme ?
- J’ai peur…
- Gardez votre sang-froid.
- La porte s’entrouvre.
- …
- Il... Oh... Non…
- Que voyez-vous Monsieur Leroy ?
- Une truffe. Ça renifle.
- Une truffe ?
- Le chien, j’avais oublié le chien. Je crois que j'ai un chien.
- Quel est son nom ?
- Euh... Teddy, mais je n'en suis pas sûr.
- Alors dites à Teddy de venir vers vous.
- Oh non, la truffe est bouffée par les vers aux yeux jaunes.
- Comment ?
- Les vers sur sa truffe... Ils...ont faim.
- … Euh... Que fait votre chien ?
- Il sort sa tête et... Oh non...
- Qu’y a-t-il Monsieur Leroy ?
- Il y a une main dans la gueule de Teddy. L’alliance, je vois l’alliance.
- L’alliance de votre femme ?
- Je crois... Il... Teddy avance et... Oh non... Le bras, le bras arraché de ma femme pend dans sa gueule.
- Euh... Bon... Quelle est la race de votre chien ?
- Berger allemand je crois mais... il est si… long.
- Long ?
- Son cou... blanc... il est si long... Il sort toujours de la salle de bains. Il est si long...
- Monsieur Leroy ?
- ...
- Monsieur Leroy, ne restez pas là, sortez de chez vous, la patrouille va arriver d’un instant à l’autre. Votre chien a peut-être la rage.
- Ils... ils claquent des dents.
- Monsieur Leroy, euh, ce n'est pas possible.
- Tous claquent des dents…
- Monsieur Leroy, sortez rapidement de là !
- Je crois que c'est impossible.
- Pourquoi ?
- Mon corps est sur la moquette.
- Relevez-vous et sortez !
- Les vers aiment ma chair.
- Retirez-les monsieur Leroy !
- Je... je ne peux pas.
- Essayez !
- Mes... mes mains... oh mes os, mes os sont percés de gros vers et mon sang... mon sang... partout sur la moquette...
- Je... Je vous appelle une ambulance.
- C'est étrange... je ne sens rien... je...
- Qu'est ce qui est étrange monsieur Leroy ?
- Je vois mon corps dévoré par ses enfants... Leur mère me regarde... Ses gros yeux jaunes... Oh non... ma femme, dans la salle de bains...
- Je... je ne comprends plus Monsieur Leroy ? Vous voyez votre femme ?
- ...
- Monsieur Leroy ? Monsieur Leroy ?
- ... (Grésillements...)


FIN DE L'APPEL.


Conclusion de l'affaire Leroy du parquet de Versailles :

Cet appel a été reçu le 11 juillet 2016 par le centre d'appel des urgences de Versailles. En arrivant sur les lieux, la police a découvert le corps en partie dévoré et couvert d'asticots de Monsieur Leroy. Le bras de sa femme a été retrouvé dans la salle de bains, ainsi qu'une partie de son visage. L’auteur de l’appel n’a pu être identifié et cet appel n'a pas été produit par le mobile de Monsieur Leroy. L'analyse scientifique révélera plus tard que la date de sa mort remonte à une semaine avant cet appel. De plus, une nouvelle espèce de gros vers blancs aux yeux jaunes, de la taille d'une main d'enfant, dotés d'une très fine dentition, a été identifiée au sous-sol. Un marqueur chimique a fait apparaître des traces de reptation dans la cave et sur les planchers de la maison. La marque la plus évidente provenait du jardin car un large sillon écartait l'herbe haute. Un trou dans le grillage a aussi été découvert. Le mystère du chien Teddy reste entier car après analyse génétique, ses os ont été retrouvés sous trois mètres de profondeur dans le jardin.


mardi 6 septembre 2016

EAS

Le système EAS, pour Emergency Alert System, est un dispositif d'alarme mis en place par le gouvernement américain en 1997, activé en cas d'incident grave mettant en danger les populations. Le dispositif a remplacé l'EBS (Emergency Broadcast System), créé pendant la guerre froide, dans un contexte où une attaque des russes était une possibilité fortement envisagée.

Un message EAS ou EAM, diffusé à la radio et à la télévision (où il remplace tous les programmes en cours), se compose typiquement d'une intervention de la figure d'autorité locale (le président dans le cas d'une alerte nationale), et d'un message pré-enregistré donnant les consignes de sécurité à suivre pour assurer la survie des habitants dans la situation concernée.
Les messages couvrent des situations telles que les séismes, tornades, ouragans, accidents industriels... et attentats. Il en existe un large panel, et il semblerait qu'un grand nombre de messages n'aient jamais eu à être diffusés, ce qui mène à la conclusion logique que la plupart des EAM existants (et les menaces qu'ils recouvrent) sont à ce jour confidentiels.

L'EAM ci-dessous a fait surface lors de la fuite de plusieurs autres documents confidentiels. Si vous pensez savoir à quelle menace les instructions sont supposées répondre, s'il vous plait, manifestez-vous.




Vidéo traduite par Antinotice ; sous-titres : Kowai

dimanche 4 septembre 2016

L'ancienne usine


JessicaJ - Hors-ligne – inscrit le 11.01.2013 
Posté le : 06.02.2014 à 20:12 Sujet du message : Usine désaffectée de Vincey 


Bon, je ne savais pas trop où en parler sans qu’on me prenne pour une folle ou bien qu’on m’accuse de mentir, du coup, je vais tout raconter ici. J’ai montré la photo à mes parents et mon frère, et ils sont persuadés que j’ai fait un montage ou un truc dans le genre. Bref, si vous avez une explication rationnelle ou que vous savez ce que c’est, j’aimerais vraiment le savoir parce que je trouve ça franchement flippant.

Donc, en ce moment, je suis en vacances avec mes parents dans notre maison de campagne. Pas très loin de chez nous, il y a une usine désaffectée où j’allais souvent avec ma cousine quand nous étions plus jeunes, à peine adolescentes. C’était un peu notre coin secret, à l’époque, et nous n’en avions parlé à personne. J’ai voulu y aller hier pour voir à quoi le coin ressemblait maintenant. J’ai demandé à mon frère de venir avec moi – parce que c’est quand même un endroit un peu glauque et que je n'y suis jamais allée toute seule. Et puis, avec ma cousine, on y a imaginé tellement d'histoires effrayantes quand on était petites que j'en garde un souvenir un peu dérangeant. 

Il fallait longer le canal et monter sur le côté, juste après un pommier. Quand nous sommes arrivés au bon chemin, l’endroit auparavant désert était totalement recouvert par les arbres, les buissons et les hautes herbes. Nous nous sommes frayés un chemin jusqu’à atteindre une petite route qui devait mener à l'usine à l'époque. Là, les herbes étaient moins denses et il était plus facile de se déplacer. Mon frère voulait déjà rentrer, car ce n’était vraiment pas facile de s'y déplacer, mais je voulais aller un peu plus loin – au moins jusqu'à atteindre le bâtiment principal de l'usine. Comme la route était coupée par de larges buissons et qu'il était impossible de passer par là, nous sommes passés sur des débris, de grands morceaux de tôles, des tuyaux, bref, ce qui devait être les ruines de réserves ou la décharge de l'usine.

Sur le chemin, j’ai pris rapidement des photos avec mon téléphone portable pour les envoyer à ma cousine et nous rappeler de bons souvenirs. Mais comme le sol était jonché de débris, j’ai dû vite ranger mon portable pour garder mon équilibre et ne pas trébucher. Au bout d’un moment, nous sommes tombés sur un grillage et un portail. Je me suis juste assez approchée pour voir un panneau où il était écrit « site surveillé par SNC ». Il n’était pas là avant et nous avions l’habitude d’escalader le grillage pour entrer dans l’usine en ruines. Mais mon frère en avait assez, alors nous avons fait demi-tour et nous sommes revenus sur nos pas.
   
Pour redescendre au canal, on devait passer par un chemin étroit où il y avait des ronces. J'ai voulu remettre mon gilet pour me protéger et j’ai réalisé qu'il n'était plus accroché autour de ma taille. Du coup, je suis revenue sur mes pas en essayant de me dépêcher malgré les arbres, les branches et les buissons que je devais écarter sur ma route. 

Je ne faisais pas vraiment la fière. C'est un endroit oppressant. Alors que j’allais rejoindre le chemin bétonné, une branche a craqué dans mon dos. j'ai sursauté et je me suis retournée mais il n’y avait rien. J'étais assez tendue, je repensais aux histoires de monstres que ma cousine adorait inventer. Puis je me suis éloignée de la route pour repasser là où nous étions allés. Je regardais par terre, à la recherche de mon gilet quand je me suis arrêtée net : devant moi, juste à côté d’un arbre, j'étais persuadée d’avoir vu quelque chose. Vous savez, comme lorsque l'on perçoit un mouvement dans notre vision périphérique mais, le temps de tourner la tête, il n'y a plus rien.

La boule au ventre mais essayant de me convaincre que ce n’était que mon imagination, j’ai continué d’avancer. Le chemin bétonné s’arrêtait et je devais escalader un monticule de terre où se trouvaient des morceaux de PVC éparpillés, puis des plaques de béton. Enfin, j’ai vu mon gilet. Il était quasiment au bout du chemin, à quelques centimètres du grillage. J’ai eu du mal à déglutir quand j’ai réalisé qu’il était posé à un endroit où je n’étais pas allée. Je m’étais arrêtée à une bonne dizaine de mètres de là, avant de faire demi-tour. J'ai essayé de me rassurer en me disant que ça devait être le vent mais j’ai senti une présence derrière moi, j’avais la sensation d’être observée. Mon gilet était là, à seulement quelques mètres, alors je me suis précipitée vers lui avant de me retourner en position de défense, les deux poings brandis, prête à en découdre.  

Mais il n’y avait rien, encore une fois. J'ai alors attrapé mon gilet et je me suis mise à courir pour retrouver mon frère, en sautant d’une dalle à une autre et en évitant les débris sur le sol. Et là, je vous jure, quelque chose m’a attrapé la cheville. J’ai fait un vol plané avant de me retrouver écrasée sur le sol, le visage et les mains écorchés. J’ai entendu comme un bruissement alors j’ai attrapé un morceau de PVC pointu et je me suis retournée brusquement, prête à me battre avec la personne qui m’avait attrapée. Mais, cette fois encore, il n’y avait rien. Je me suis relevée malgré la douleur et j’ai regardé tout autour, à travers les arbres et les débris. Toujours rien. Pourtant j’avais senti quelque chose tirer sur ma cheville, je n’avais pas rêvé !  

Bref, je n’ai pas attendu et je me suis précipitée vers mon frère. Au début, je ne retrouvais même plus le chemin, alors je l’ai appelé, terrifiée. Finalement, c’est lui qui m’a trouvée, il est remonté sur le chemin et il s’est arrêté net en me voyant. Mes mains et mes bras étaient pleins de coupures et je devais aussi en avoir sur le visage. Quand il m’a demandé ce qu'il m’était arrivé, j’ai simplement dit que j’avais trébuché parce que je ne voulais pas qu’il se moque de moi en disant que j’avais inventé des histoires. Puis, il s’est passé un truc tout aussi bizarre que le reste : il y a eu un craquement de branches juste derrière nous, puis un deuxième et un troisième, et le chien s’est mis à grogner. Il n’avait jamais fait ça. 

On est rentrés rapidement à la maison, tout ce que je voulais, c’était m’éloigner le plus rapidement de là. Lorsque nous sommes arrivés, j’étais tellement soulagée, vous n’imaginez pas. Puis, j’ai ouvert mon sac et j’ai pris mon portable. J’ai vérifié mes messages, Facebook, et ma boîte mail. Ma cousine m’avait envoyé un message, un simple « alors ? », car je lui avais dit que je retournerai à notre coin secret ce jour-là. C’est à ce moment-là que j’ai regardé les photos que j’avais prises un peu plus tôt.

Dites-moi, je ne suis pas folle, vous le voyez aussi ?


vendredi 2 septembre 2016

Le jardin


Rapport de police - Retranscription de la piste audio 0235
 



Voix masculine : Et du coup, le patron a dit que je pourrai sans doute prendre mes congés fin août, comme ça on pourra partir.

Voix féminine : Super ! Bon, attends, Maiko demande à sortir. Bordel, je déteste quand il fait nuit, on n’y voit rien.

Voix masculine : Tu ne peux pas juste la laisser sortir ?

Voix féminine : (Rires) Parce que tu crois qu’elle va revenir comme ça ? Le jardin est immense, j’ai pas envie de lui courir après.

(Bruits de froissements)

Voix féminine : Ça caille ici. Il fait bon à la maison ?

Voix masculine : Ça va. Bon, il fait quand même plus froid que quand t’es partie.

Voix féminine : (Avec une petite voix) Allez, Maiko, fais pipi, dépêche-toi.

Voix masculine : Elle a déjà grandi ?

Voix féminine : (Rires) On est partis que depuis une semaine, je te rassure, elle va pas- (Arrêt net)


À partir de ce moment, sa voix change.


Voix féminine : J’ai entendu du bruit dans le jardin.

Voix masculine : Ça doit être un chat, ils se promènent souvent la nuit.

Voix féminine : Non, je ne crois pas... Je déteste vraiment sortir la nuit ; on n’y voit rien, il y a des ombres partout, c’est terrifiant. (Avec une voix plus lointaine) Allez Maiko !! Dépêche-toi, sérieusement !

Voix masculine : Au pire, tu rentres, elle redemandera à sortir.

Voix féminine : (Avec un ton sarcastique) Bah oui, bien sûr, j’ai que ça à faire. Non, je vais me coucher après. Mais... C’est bizarre. Tu sais, elle regarde autour, elle s’assied dans l’herbe, et elle ne fait rien.

Voix masculine : Oui, c’est bizarre. Appelle ton grand-père, peut-être ?

Voix féminine : Non, je ne vais pas le déranger pour rien... Maiko ! (Elle crie) Reviens ici tout de suite ! Putain, elle est partie d’un coup, ça m’a arraché la laisse des mains ! (À son rythme saccadé, on entend qu’elle court).

Voix masculine : Chérie, ça va ?

Voix féminine : Je ne la vois plus ! Je ne sais pas où elle s’est faufilée... (Elle se met à crier) Maiko ! Maiko ! Viens, Maiko ! Attends, je mets le haut-parleur pour pouvoir éclairer.

(Bruits d’herbes écrasées, de frémissements de branches, et de vent)

Voix féminine : Maiko ! Maiko ! (On entend alors une autre voix dans le combiné qu'on ne parvient pas à comprendre)

Voix masculine : (D'une voix ferme) Chérie, rentre tout de suite. Elle retrouvera le chemin vers la porte, rentre !

Voix féminine : Non, c’est un bébé, je ne peux pas la laisser toute seule.

Voix masculine : J’ai entendu une voix, c’était qui ?

Voix féminine : (La terreur transparaît de plus en plus dans sa voix) De quoi tu parles ?

Voix masculine : (D'une voix inquiète) Il y a quelqu’un avec toi ?

Voix féminine : (D'une voix distante) Ah, Maiko, tu es là ! Viens... (Elle murmure) Oh putain.

Voix masculine : (D'une voix inquiète) Laura ? Laura ??

Voix féminine : (Elle murmure) Maiko est avec quelqu’un... Il y a quelqu’un assis dans le jardin qui la caresse... Enfin, je crois, je ne vois pas bien...

Voix masculine : (Il crie) Laura, rentre maintenant !

Voix féminine : (Elle murmure) Et s’il lui fait du mal ? Non, je ne la laisse pas. (Avec une voix forte) Laissez-la ! Maiko, viens me voir !

Voix masculine : (Il crie) Sérieusement, Laura, casse-toi tout de suite !

Voix féminine : (Elle murmure) Il s’est relevé. On dirait qu’il est immense. (D'une voix douce) Allez Maiko, viens voir maman, viens ma fille. (Elle murmure) Elle ne revient pas...

Voix masculine : Il fait quoi le mec ?

Voix féminine : (Elle murmure) Rien, rien. Il ne bouge pas et on dirait que Maiko lui saute dessus pour jouer. Putain. Il me regarde. Il est immense.

Voix masculine : (Il crie) Laisse-la, barre-toi !

Voix féminine : (Avec une voix suppliante) Maiko... Allez Maiko, viens. Oui ! Oui, c’est ça, viens ma fille. OH PUTAIN, IL COURT VERS MOI !

(Halètements essoufflés)

Voix masculine : (D'une voix terrifiée) Allez, cours ma chérie, tu peux le faire, cours, rentre bordel !

Voix féminine : (Elle crie) Allez, Maiko, viens ! (Silence d'une minute. D'une voix normale) Je vois rien, il y a trop d’arbres, je sais plus d’où je viens.

Voix masculine : (Ton rassurant) Laura, écoute-moi, cache-toi, mets mon appel en attente, puis appelle tes grands-parents pour qu’ils viennent.

Voix féminine : (Elle murmure) T’es sûr ? J'ai trop peur. (Pleurs)

Voix masculine : Il est toujours derrière toi ?

Voix féminine : (Elle murmure) Je ne vois rien...

Voix masculine : (Avec fermeté) Cache-toi et fais ce que je te dis. J’appelle la police, d’accord ? Ensuite je te reprends, il y en a pour quelques secondes seulement, promis. Si tu vois quoi que ce soit, tu recommences à courir ! Tu m'entends ?

Voix féminine : (Elle murmure) Oui... Oui, d’accord.

(Silence de 34 secondes)

Voix masculine : (D'une voix angoissée) Laura ? C'est bon ?

Voix féminine : (Elle murmure) Il est là, je l'entends.

Voix masculine : Va-t'en, cours le plus vite possible ! T'as eu tes grands-parents ?

Voix féminine : (Elle murmure d'une voix à peine audible) Je le vois. Mais il ne m'a pas vue. J'arrive pas à bouger, j'ai trop peur.

Voix masculine : S'il te voit, enfuis-toi immédiatement, tu m'as compris ? La police sera là dans même pas dix minutes ! Tant que tu cours, il ne pourra pas t'attraper !

Voix féminine : (Elle murmure d'une voix à peine audible) Il ne bouge plus.

Voix masculine : (Avec une voix suppliante) Je t'en prie, mon amour, cours, barre-toi. Je t'en supplie, ne reste pas là. Si tu le vois, il va te trouver, il-


La voix est coupée net par un hurlement strident. On discerne "Pitié" "Non" et "Victor" dans les cris, ainsi que des bruits de déglutition et de chair qui se déchire.


Voix masculine : (Il crie) LAURA, PUTAIN, NON, PUTAIN NON, LAURA, RÉPONDS-MOI, RÉPONDS !

(Fin de l'appel)



Voici la retranscription du dernier appel ayant eu lieu entre Laura Stevens et son petit ami Victor Dolaro. Nous avons pu avoir accès à l'enregistrement grâce à un réglage sur le téléphone de ce dernier qui enregistrait par défaut tous les appels.

Lorsque les agents sont arrivés sur les lieux, ils ont simplement retrouvé un chiot de type berger australien, assis devant la porte de la maison.
Le corps de Laura Stevens n'a pas encore été retrouvé.