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lundi 20 novembre 2017

L'expérience Harbinger (partie 2)

Le lendemain matin, tout le personnel s'est retrouvé dans le bâtiment d'entrée. Nous nous tenions tous à l'intérieur, échangeant des regards fatigués ou nerveux, alors que nous attendions que Zimmerman arrive et ouvre la trappe qui dissimulait l'échelle. Je pouvais voir une peur presque palpable dans le regard de certains d'entre nous, tandis que d'autres n'avaient pas le moins du monde l'air affectés par les événements de la nuit précédente. Zimmerman est arrivé cinq minutes après 10 heures, s'excusant pour son retard alors qu'il passait la porte du bâtiment. Il a ouvert la trappe et, sans aucune hésitation, a commencé à descendre l'échelle, s'enfonçant dans les noirs abysses. Il avait presque l'air enthousiaste. 

J'ai été le premier à suivre Zimmerman dans sa sombre descente dans l'installation. J'avais l'impression que plus bas je progressais, plus l'obscurité m'enveloppait, comme si elle avait voulu m'engloutir tout entier. M'enfonçant  toujours plus profondément, j'ai eu la sensation que l'endroit était... différent, d'une certaine façon. Alors qu'il n'y avait auparavant que de sinistres couloirs de béton, il y avait à présent quelque chose d'autre... Quelque chose qui rendait leur étrangeté plus tangible, plus réel. J'appréhendais, comme si une horrible et macabre scène nous attendait là, en bas, mais je continuais pourtant de descendre, malgré mes peurs et mon hésitation. Ce n'était plus un simple bunker un peu effrayant, un mal véritable l'habitait maintenant, et sa malveillance planait dans les ténèbres, je pouvais le sentir. Nous le pouvions tous. 


J'ai finalement senti que mon pied touchait le sol et ai poussé un silencieux soupir de soulagement d'être enfin sur la terre ferme. Presque au même instant, les ampoules ont pris vie, inondant la pièce de leur chaleureuse et bienvenue lumière. J'imagine que Zimmerman avait allumé le courant. Je me suis accordé quelques secondes pour examiner la salle de contrôle. Elle était exactement telle qu'on l'avait laissée la veille, j'en ai silencieusement remercié le ciel. C'était presque comme si rien d'inhabituel n'était jamais arrivé. J'ai chassé ces pensées en me remémorant les écrans pleins de neige de la nuit dernière. J'ai laissé mes yeux balayer lentement les écrans le long du mur, anticipant les horribles et sinistres scènes qu'ils pourraient dévoiler. Mon attention a d'abord été attirée par les écrans 1 et 3, qui ne montraient que de la neige. Cela aurait pu être le soulagement, si mon regard n'était pas tombé sur l'image statique de l'écran 2. La chambre 2 était toujours entière et tout semblait parfaitement intact. Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un hoquet de stupeur quand j'ai remarqué la seule chose qui  était différente : la femme était étendue au milieu de la petite salle de béton, une expression de pure terreur figée sur son visage décharné alors qu'elle gisait sur le dos, silencieuse et sans vie.  


La colère est apparue sur le visage de Zimmerman quand il l'a vu, et il a ordonné que le second moniteur soit éteint. Son ordre a été exécuté. Personne n'a posé de question, ce n'était pas comme si qui que ce soit voulait contempler l'horrible scène plus longtemps. Il a également demandé à ce qu'on envoie l'équipe de sécurité vérifier les deux salles restantes si l'image ne revenait pas sur les écrans 1 et 3 dans les deux heures. Les membres ont acquiescé à l'ordre. Ils l'ont fait comme s'ils n'avaient pas peur, mais je pouvais voir le contraire au fond de leurs yeux. 


Seul le "tic tac" de l'horloge, subtil, bruyant, résonnait dans la salle de contrôle alors que je fixais les écrans. Une heure et une cinquantaine de minutes étaient passées, et la neige occupait toujours les écrans 1 et 3. Tous les autres membres de l'équipe travaillaient, moi excepté. Le projet n'ayant pas encore fait de blessés parmi le personnel, je n'avais pas grand-chose à faire à part attendre que quelqu'un ne se blesse lui-même. 


Zimmerman, quelques uns de ses collègues et moi-même étions les seuls à occuper la pièce. Ils murmuraient silencieusement entre eux à l'autre bout de la salle tandis que je passais le temps à lire ou à réfléchir à la situation dans laquelle je me retrouvais. J'avais clairement fait une erreur en venant ici, le corps gisant dans la salle 2 en était une preuve suffisante. Et seul Dieu savait ce qui nous attendait dans les salles 1 et 3.


Mes pensées ont brutalement été interrompues par le retour de l'image sur le moniteur 3.
Les yeux de tout le monde se sont écarquillés face à l'image redevenue claire. Ce que l'écran diffusait était.... horrifiant. Un humanoïde.... une chose se tenait au milieu de la pièce, fixant directement la caméra, immobile. Il portait la même tenue que celle qu'avait revêtue le sujet d'études numéro 3, mais ce n'était certainement pas le même homme que celui qui était entré dans la pièce. Ce qui a attiré mon attention en premier, ce sont ses yeux. Ils étaient d'un noir profond, faisaient deux fois la taille de ceux d'un humain normal, ils semblaient si.... antiques, si froids. Sa tête avait aussi grossi avec ses yeux, d'une manière symétrique et déconcertante. L'entité avait également perdu tous les cheveux qu'elle avait eus un jour, et même à travers l'écran je pouvais percevoir à quel point sa peau n'avait plus rien de naturel, lisse et brillante qu'elle était. La chose avait apparemment pris en hauteur et en stature, cela se voyait à la tenue qui paraissait maintenant bien trop petite pour son porteur. Ses membres s'étaient particulièrement allongés, ses bras tombant presque au niveau de ses genoux. 


Ce que nous regardions n'était en aucun cas le même homme que celui qui était entré à l'intérieur.
La peur. La peur était tout ce que je ressentais alors que je continuais de fixer l'écran et la chose dans cette pièce. Et ma peur semblait être partagée par tous autour de moi, ce qui m'a réconforté quelque peu. Cela peut sembler horrible  à entendre, mais c'était assez satisfaisant de voir que Zimmerman et ses collègues pouvaient aussi ressentir la terreur. Mais dans le même temps, c'était plus qu'inquiétant de constater que cela ne faisait pas partie du "plan" de Zimmerman. Quelque chose avait foiré. 


Tous, nous fixions toujours l'écran malgré notre angoisse; c'était presque comme si nous étions en transe. Ma peur déjà bien présente a continué de grandir et s'est diffusée rapidement à travers mon corps entier, alors que je me perdais dans les yeux de la créature, piégé dans son regard terrifiant, hypnotique.
Après ce qui m'a semblé être une éternité, j'ai réussi à arracher mon regard de celui de la créature et de l'écran. Ce faisant, j'ai senti ma peur considérablement diminuer.

Quelques instants plus tard, Zimmerman a envoyé son équipe de sécurité jusqu'à la porte du sujet 1, comme il l'avait ordonné plus tôt. L'équipe de sécurité a obtempéré sans poser de questions, armés uniquement de matraques et de pistolets. 


Je me suis concentré sur la progression du groupe d'hommes à travers les couloirs sur le chemin de la salle 1, les suivants grâce aux caméras. Même à travers ces caméras de qualité pas si haute que ça, ce n'était pas difficile de deviner que ces hommes étaient effrayés par ce qui les attendait. Leurs têtes étaient baissées alors qu'ils marchaient; ils n'avaient plus la même confiance que celle qu'ils affichaient au début de ce projet. Ils ressemblaient à de petits garçons terrifiés, envoyés vers une terrible guerre. 


Finalement, ils ont atteint la porte. Nous les voyions parfaitement, eux et la porte, via la caméra du couloir. L'un d'entre eux a dit quelque chose à travers son talkie-walkie et a fait un geste en direction de la caméra. En réponse, l'un des collègues de Zimmerman a actionné la porte. Les hommes avaient déjà saisi leurs pistolets à peine le bouton enfoncé. 


Doucement, la porte a commencé à s'ouvrir. Tous, nous regardions avec impatience le groupe d'homme s'approcher de la porte, leurs armes braquées vers l'intérieur. Soudainement, sans avertissement aucun, nous avons entendu un hurlement déchirant. Et alors que quelque chose jaillissait de la pièce, droit sur les hommes, l'écran s'est changé en neige. Immédiatement, on  a pu entendre des cris résonner à travers les couloirs, vite suivis par des coups de feu distincts. 


Nous ne pouvions rien faire à part attendre. Après quelques minutes, les cris et les coups de feu ont cessé. Nous attendions, espérant, priant que la chose, quelle qu'elle soit, qui avait bondi hors de la pièce ne soit pas celle qui rejoindrait la salle de contrôle. 


Quelques minutes ont encore  passé et trois des hommes sont revenus, portant le corps du quatrième. De larges coupures couvraient son torse et son visage était déchiqueté; on ne pouvait même plus discerner qui il était, ou même s'il était humain. J'étais habitué aux images sanglantes, étant médecin, donc la masse de viande sanguinolente, de chairs déchiquetées qu'ils transportaient ne m'a pas ému. Mais beaucoup autour de moi ont pâli et rendu leur déjeuner. Les membres de l'équipe de sécurité affichaient tous une expression vide de toute émotion, mais leurs yeux étaient encore emplis de terreur. L'un de ces hommes a finalement levé le regard vers nous, nous fixant de ses yeux écarquillés. "C'est mort" a-t-il enfin lâché, murmurant à peine d'une voix tremblante d'effroi.

—————————————————————————————————————————Plusieurs heures avaient passé. Le nom du défunt était Franck; on l'a enterré dehors, dans la froide terre d'Alaska. Deux des hommes ne présentaient aucune blessure, physique tout du moins. Le troisième était en vie, mais à peine seulement. Son corps était couvert d'entailles sanglantes, et l'un de ses yeux avait été arraché de son orbite. Je m'efforçais de le stabiliser, de justesse. Les deux autres hommes ont vaguement expliqué ce qui s'était passé. Apparemment, le sujet 1 avait sauté sur Franck après que la porte se soit ouverte; seulement, ce n'était plus vraiment le sujet 1. D'après eux, ça avait une face horriblement crispée et de longues griffes tranchantes.

Ils ont assuré avoir tiré plus d'une douzaine de fois avant que ça tombe enfin mort, et ils ont encore vidé quelques chargeurs pour s'assurer que ça l'était vraiment. Ce n'est que lorsqu'ils en ont été totalement certains qu'ils sont revenus.


Après avoir soigné le blessé, je suis retourné vers les écrans. Même terrifié comme je l'étais par ce qu'ils pouvaient dévoiler, j'avais besoin de les regarder. Le sujet 3 était le dernier restant et j'avais besoin de le voir, d'être sûr que la créature était toujours dans sa pièce. Cela ressemblait plus à une cellule de prison qu'à une pièce ordinaire à présent, c'était cependant probablement une bonne chose. 


Les caméras donnant sur la pièce du sujet 3 et sur les couloirs environnants ne montraient toujours que de la neige. Personne n'a été envoyé pour les réparer ou même pour vérifier les environs ; nous avions juste à espérer que le sujet 1 était bel et bien mort.


L'image du troisième écran était toujours la même que lorsque je l'avais quittée : le sujet 3 était toujours en train de fixer directement la caméra, de nous fixer nous. Il était toujours exactement dans la même position, et s'il n'y avait pas eu de ventilateur dans le coin de la pièce, j'aurais pu croire à une image statique. D'une certaine façon, j'ai été soulagé en le voyant, soulagé qu'il soit encore dans la salle, qu'il ne se soit pas échappé pendant que personne ne regardait. 


Après que tout se soit calmé, j'ai remarqué quelque chose de très inhabituel. Il y avait comme... un bruit étrange, émanant de je ne sais où. Au début, c'était à peine perceptible. Je ne l'avais entendu que grâce au silence total de l'infirmerie. Mais comme le temps passait, le son s'amplifiait lentement. Après une heure, il était assez audible pour que tout le monde l'entende aussi. Et après deux autres heures, son volume avait tant augmenté que l'on a pu déterminer quel était ce bruit. C'était une chanson. L'un des membres du personnel l'a identifié comme étant "Living in the Sunlight" de Tiny Tim. Apparemment, son père adorait cette chanson et l'écoutait fréquemment. La musique semblait se jouer en boucle, se répétant sans cesse. Mais bien que nous avions été capables d'identifier le son, nous demeurions incapable d'en identifier la source. Nous savions que ça ne venait pas des haut-parleurs, puisque nous les avions éteints. Cela semblait provenir des murs eux-mêmes. 


Alors que le temps passait, la musique a commencé à tous nous rendre nerveux ; je passais le plus clair de mon temps à l'infirmerie pour veiller sur mon patient ou dans la salle de contrôle.  La peur planait dans l'air, et la présence bien reconnaissable des ténèbres et du mal en était sans aucun doute la cause. Le sujet 3 n'avait toujours pas bougé, il gardait son regard fixé sur la caméra, sans même ciller. J'avais constamment l'impression qu'il me fixait moi directement, qu'importe l'endroit où je me trouvais dans la pièce. Je pense que les autres ressentaient le même effet, puisqu'ils semblaient tous beaucoup se déplacer à travers la pièce sans raison apparentes. 


Quelques heures ont passé, la chanson était devenue si forte que l'on devait presque crier pour communiquer. Nous avions essayé de trouver la source du son, afin de pouvoir éteindre enfin la musique, mais sans résultat, la source était totalement introuvable. Cela a ajouté une irritation extrême à notre peur déjà bien présente. 

Il était aux alentours de 20h30 quand le sol lui-même s'est remis à trembler,  tout  comme cela s'était produit la nuit précédente. La panique a commencé à se répandre parmi les employés, moi inclus, tandis que les tremblements s'intensifiaient. 


À cet instant, j'ai eu soudainement un pressentiment et j'ai regardé instinctivement l'écran du sujet 3. Il n'était plus là. Au même moment, comme par une sinistre coïncidence, la lumière s'est arrêtée net. Et heureusement, la chanson également. 

Depuis le retour de l'équipe de sécurité, la panique avait lentement gagné l'ensemble des employés et Zimmerman était impuissant face à cela. Quand les lumières se sont éteintes, le calme apparent que chacun tentait de conserver a volé en éclats et la peur a étreint nos coeurs à tous. 


Les lumières secondaires de secours ont bientôt pris le relais, et j'en ai silencieusement remercié le ciel. Les ampoules étaient faibles mais me permettaient d'y voir clair. 


La panique complète nous a saisis quand plusieurs de mes collègues se sont mis à hurler et à se précipiter vers l'échelle pour tenter s'échapper. Mais ils étaient bien trop nombreux à vouloir s'y précipiter en même temps et aucun d'entre eux n'a été capable de grimper bien haut sur l'échelle sans se faire pousser au sol par un autre prenant sa place. Zimmerman a intimé à chacun de se calmer, mais même sa personnalité de dominant, bien qu'intimidante, ne lui a été d'aucun secours en ces lieux et ses demandes sont tombées dans des oreilles sourdes. C'était le chaos le plus total. Il n'a pas fallu longtemps avant que tous ne commencent à se blesser les uns les autres dans leurs tentatives désespérées d'atteindre l'échelle, de sortir de cet endroit ; je ne pouvais qu'attendre, adossé à un mur, ma propre opportunité de grimper l'échelle.


Tous les cris se sont bientôt tus, tandis que le vrombissement familier de cette troublante chanson grossissait de nouveau, plus rapidement cette fois. Et cette fois, il était évident que le son venait directement des couloirs labyrinthiques. On a arrêté de se battre et de hurler, et chacun a reporté son attention vers la porte qui menait auxdits couloirs. 


La chanson s'est intensifiée, devenant plus forte qu'elle ne l'avait jamais été jusqu'à présent, forçant certains d'entre nous à se couvrir les oreilles dans l'espoir de retrouver le silence. Puis, soudainement, la musique s'est complètement arrêtée

.
Le silence. Il a empli la salle alors que nous fixions tous l'épaisse porte de métal, anticipant ce qui allait en sortir. Il m'a semblé que des siècles se sont écoulés dans cette attente. Mais en réalité, le silence s'est brisé quelques secondes plus tard. 


D'un coup, la porte a violemment explosé et la musique  est repartie, plus forte que jamais.
Ça a été si soudain, si violent, que beaucoup d'entre nous sont tombés au sol, agrippant leurs oreilles en essayant de bloquer le bruit. Je n'ai levé les yeux qu'une fraction de seconde vers l'embrasure de la porte, et là se tenait une grande silhouette à la peau lisse et aux longs membres, et aux yeux si sombres, si malveillants, qu'on ne voyait qu'eux dans la faible lumière.

Après avoir évalué mes possibilités, j'ai jeté un autre regard à la créature, juste à temps pour voir  la chose attraper Zimmerman et le couper en deux d'un simple et fluide mouvement, aspergeant la pièce et tous ses occupants de son sang, de ses intestins, de ses organes. Je n'étais pas étranger au sang, mais ça a été trop pour moi à supporter : je me suis penché et ai vomi partout sur le froid sol de ciment.


L'échelle était mon seul espoir de survivre. Je me le répétais alors que je me forçais à me redresser. Et comme mes yeux se relevaient en même temps que le reste de mon corps, j'ai pu voir la chose arracher et déchiqueter des morceaux de corps tandis que tous se dispersaient pour lui échapper. La chose était distraite, et aussi horrible que cela puisse paraître, c'était mon unique chance de monter cette échelle. J'ai obligé mes jambes à bouger vers l'échelle, tentant d'ignorer les cris terrifiés de mes collègues et l'insupportable volume de la musique. Je pouvais entendre des coups de feu accompagnés de cris et de sons terribles de chairs qui se déchirent quelque part dans le désordre sonore. J'ai jeté mes mains en avant et ai senti une vague de soulagement m'envahir en sentant mes doigts s'enrouler autour des froids et durs barreaux de l'échelle de métal. Je m'y suis agrippé et ai commencé à grimper aussi vite que je le pouvais dans mon état désorienté, tout en priant que le monstre ne me remarque pas, ne m'arrache pas à l'échelle, me ramenant au milieu du massacre. 


J'avais l'impression qu'à chaque instant j'allais sentir une de ses mains lisses s'enrouler autour de ma cheville pour m'envoyer à la mort, mais je suis finalement arrivé en haut sans encombres. Je n'avais absolument aucun doute quant au fait de devoir sceller la trappe, et la chose à l'intérieur, même si cela signifiait une mort certaine pour mes collègues. Je ne pouvais pas permettre à cette chose de s'échapper. J'ai saisi l'épaisse plaque de métal et ai commencé à la pousser de toute mes forces, essayant de la fermer, de sceller le complexe souterrain. 


En dépit de son épaisseur et de sa masse, la trappe a été facile à basculer, et cela n'a pas demandé beaucoup d'efforts pour qu'elle recouvre l'ouverture, à ma surprise et malgré mon état de faiblesse. En quelques secondes, l'ouverture était complètement scellée par une solide plaque de métal. 


Je m'effondrais sur le côté, vomissant encore une fois alors que la fatigue s'abattait sur moi. Et alors que j'étais étendu là, j'ai soudain réalisé quelque chose : à part ma respiration laborieuse, la seule chose que je pouvais entendre était l'écho lointain de cette chanson venue des profondeurs.


Je sentais que je risquais de perdre le reste de ma raison si je restais ici allongé à écouter la musique, je me suis donc forcé une ultime fois à me dresser sur mes jambes afin de rejoindre le chalet de bois où j'avais passé la nuit précédente. J'y avais laissé mes affaires et c'était surtout là que se trouvaient les clés de mon camion.
—————————————————————————————————————————–
De la quinzaine de membres qui composait le personnel de cette expérience avortée, je suis le seul qui ait survécu. Je ne suis jamais retourné sur les lieux où toutes ces choses atroces ont eu lieu, et je ne compte pas le faire. Le projet était très secret et Zimmerman était le seul à en connaître les détails. Et pour autant que je le sache, personne n'a eu vent de ma participation en dehors de moi-même. En fait, je suis sans aucun doute le seul qui sache ce qu'était vraiment l'expérience Harbinger, le seul à savoir ce qu'il s'est réellement passé.


À présent, vous êtes sans doute en train de vous demander pourquoi je vous ai dévoilé à tous cette histoire, alors qu'aucun d'entre vous ne devrait être au courant. Peut-être vous attendez-vous à ce que je vous mette en garde, de ne pas prendre à la légère ce que vous ne comprenez pas, ou quelque chose dans ce goût-là. Je ne l'espère pas, car je n'ai ni discours ni leçon à vous offrir. 

J'ai commencé à entendre un bruit plus tôt dans la journée. J'ai presque immédiatement reconnu cette mélodie comme une chanson trop familière, qui me hante. Je n'ai même pas cherché à déterminer sa source, je savais que ce serait inutile. Plus la journée a passé, plus le bruit s'est amplifié. C'est assez fort à présent pour que j'en discerne les paroles. Je suis incapable d'échapper à la voix de Tiny Tim. Elle m'a suivi partout où j'ai fui. 


Le sujet 3 vient pour moi, et je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps en ce monde.
Je suppose que vous vous imaginez que j'ai juste voulu vous raconter l'histoire de l'expérience Harbinger afin qu'elle ne soit pas perdue pour toujours. J'espère que vous tirerez des leçons de ce que je viens de vous raconter, mais nous savons tous que vous ne le ferez pas.
Soyons honnêtes, vous ne croyez pas un seul mot de mon histoire. E
t je ne vais pas vous en blâmer. Je n'y aurais pas cru moi-même à votre place. 

À vos yeux, ce n'est rien de plus qu'un moyen de  vous faire frissonner. Vous étiez probablement en train de vaquer sur internet quand vous avez cliqué sur ce lien, avant de vous retrouver ici, où que ce soit, en train de lire cette histoire.

Et pour être franc, je me fiche que vous me croyiez ou non.
Même si vous le faîte, cela ne vous empêchera sans doute pas d'essayer de découvrir la vérité derrière des ténèbres que peu d'entre nous ont aperçues. Cela n'a certainement pas empêché Zimmerman. Si vous voulez un conseil, souvenez-vous de ce qu'il lui est arrivé quand il a cherché à percer la vérité.
Je prie pour qu'aucun d'entre vous ne la découvre jamais; je prie pour qu'aucun d'entre vous n'ait à contempler le mal que j'ai contemplé.  J'espère que vous vivrez tous dans l'ignorance de ce qui rôde derrière le voile de ce que l'on ne comprend pas.  


C'est ici à présent. Je peux sentir ses yeux noirs me brûler, comme je l'ai senti il y a toutes ces années.
Je suis tout autant à blâmer que Zimmerman pour cette monstruosité qui parcourt à présent librement le monde, même si je ne suis pas celui qui l'a créée.
Je suis désolé.
Je vous en supplie, pardonnez-moi.


Traduction : Sardinette

Source
Partie 1

lundi 13 novembre 2017

L'expérience Harbinger (partie 1)

Le monde dans lequel nous vivons est rempli de choses que nous ne comprenons pas. Ou pas encore, mais, nous, les humains, étant des êtres curieux par nature, nous tentons naturellement de comprendre notre univers. Cette façon de penser - cet état d’esprit - nous a conduit à faire d’incroyables découvertes et inventions que l’on n’aurait pu imaginer il y a quelques centaines d’années. Nous avons éradiqué des maladies, construit des bâtiments qui touchaient le ciel, et même des machines qui nous ont élevés au-dessus des nuages puis dans les étoiles. Si nos ancêtres pouvaient nous voir, nous et ce que nous avons accomplis, je suis persuadé que nous serions pris pour des dieux.

Notre curiosité et soif de savoir ne nous a cependant pas toujours conduit vers le bien. Le Mal fait aussi partie des fruits de nos recherches. Et j’ai peur que celui-ci soit notre perte. Je ne dis pas ceci pour passer pour un grand philosophe qui aurait passé du temps à méditer là-dessus, non, si j’en parle c’est que j’en ai fait l’expérience. Je l’ai vu. J'en ai fait partie.

L’évènement dont je vais vous parler est totalement vrai, je vous le jure. Je sais que beaucoup d’entre vous resteront sceptiques, et penseront à une énième histoire flippante destinée à vous donner des frissons, mais je vous certifie que ça n’est pas là mon but. Ce que je veux montrer dans cette histoire c’est que le Mal rôde derrière le voile de la vérité de ce qu’on l’on comprend et ce que l’on voit, vous dévoiler ce qui se tapit dans l’ombre. Même moi je ne comprends pas tout.

Ce que je vais décrire s’est réellement passé et, j’en suis persuadé, se passera à nouveau.
En 1971, un scientifique pas vraiment connu a commencé des études préparatoires pour un projet top secret, connu sous le nom de « L’expérience Harbinger. » J’aimerais que ce scientifique reste anonyme pour des raisons personnelles, il sera donc dénommé « Zimmerman. »

Son passé avant cette date n’était pas très clair. Tout ce que je savais c’était qu’il était né et avait vécu quelque part dans le Maryland, et qu’il avait une étrange fascination pour le spiritisme et l’occulte. Ce qui a plus tard fait de lui un proscrit parmi ses collègues, vu comme on se moquait (et comme on se moque toujours) de ce qui touche à la métaphysique. Les opinions de Zimmerman par rapport à l’autre monde n’en étaient cependant pas la seule cause. C’était ses méthodes qui le mettaient à l’écart et lui donnaient une mauvaise image chez ses pairs. Zimmerman était connu pour être froid et d’une rudesse sans équivoque. Il n’avait que faire des moyens, tout ce qui comptait pour lui était les résultats, et s'il jugeait leur valeur suffisante, il était prêt à payer n'importe quel prix. Sa soif de savoir et de vérité était brutale et insatiable, et c’est pour cela qu’on le craignait. Ceux qui le connaissaient sans en avoir peur étaient ses disciples, ils le suivaient, lui et ses travaux.

Même le mot Harbinger est intriguant et presque intimidant. Peut-être est-ce la façon qu’il a de rouler sous la langue, ou peut-être son association avec le projet biaise mon jugement. Mais il me semble porter un destin tragique. Et puis, c’est assez logique, en fin de compte… il signifie avertissement ou présage. Je ne peux imaginer les raisons qu’avait Zimmerman pour lui donner ce nom mais rétrospectivement celui-ci était parfait.

Zimmerman avait désigné un petit nombre de scientifiques (j’en faisais parti) pour nous dire qu’il travaillait sur « quelque chose d’énorme ». Et qu’il avait besoin de personnes qui pouvaient tenir leur langue et ne divulguer aucune information sur son œuvre. Bien qu’il ne faisait pas totalement confiance à tout le monde, il savait que nous étions des professionnels, et que pour une raison ou pour une autre nous avions besoin de ce boulot.

Pour ma part je travaillais à une clinique des environs comme docteur, mais on m’a surpris pendant que je volais des médicament, et j'ai été viré sans cérémonie. Évidemment cela avait laissé une trace indélébile sur mon CV et j’avais du mal à trouver du travail. Et puis je venais de l'Alaska et vivais près de l'endroit où devait se dérouler l'expérience, on peut dire que je constituais un choix pratique. Vous vous imaginez bien que j'ai sauté sur l’occasion, et c’était difficile de résister vu le salaire qu’on nous offrait !

Nous étions donc 15 au total. Certains étaient ses collègues de longue date, certains avaient été engagés en tant que personnel de maintenance et un petit nombre pour sa « sécurité personnelle ». J’étais le seul professionnel de santé. Je me demande encore comment il a trouvé le financement nécessaire pour cette expérience et je ne serais pas vraiment surpris si j’apprenais que les fonds n’avaient pas été levés de manière complètement légale. Mais bon, j’avais besoin d’argent et il en avait. Mais aujourd’hui je regrette cette décision.

Après que Zimmerman ait obtenu de l’argent, il l'a utilisé pour acquérir un terrain relativement grand dans un endroit reculé du désert gelé de l’Alaska. Il y a fait construire une structure de béton qui ressemblait pas mal à un bunker. La seule différence reposait sur le fait que son but premier était de garder des dommages potentiels à l’intérieur et non pas de se protéger de l’extérieur, d'après ce qu'il disait. La plupart de cette structure était souterraine, ce qui avait pour effet de donner l’illusion qu’elle était beaucoup plus petite vue de dehors. La seule façon d’entrer et de sortir était de passer par une petite échelle qui partait d'un petit bâtiment de béton à la surface, que j’appellerai à partir de maintenant le « bâtiment d’entrée » pour que ça soit plus simple, et qui rejoignait le réseau souterrain. La nuit, après que tout le monde soit allé se coucher, la trappe qui renfermait l’échelle était fermée grâce à un large et solide couvercle de métal. Zimmerman était très strict sur ça. Situé non loin de là, il y avait un groupement de cabanes en bois qui servait de dortoir pour le staff.

Comparé au bâtiment d'entrée, la structure souterraine était immense. Au centre du complexe se trouvait la salle de contrôle. Là où tous les appareils électriques étaient branchés, ce qui incluait les caméras de surveillance, les lumières et les dispositifs de contrôle des portes. Consoles, moniteurs et ordinateurs tapissaient les murs de cette salle. C'était aussi là que débouchait l’échelle.

On pouvait quitter la salle de contrôle par trois portes : une qui débouchait sur une petite pièce servant d’infirmerie, une autre qui menait à une salle de repos et une troisième qui s’ouvrait sur les couloirs. Les couloirs étaient l'endroit où le complexe commençait à avoir l'air terriblement sinistre. Pour une raison que j'ignore, ils étaient arrangés en suivant un schéma très déroutant, dessinant des cercles et menant à des culs-de-sac. Ces couloirs constituaient la majeure partie de la structure, et il était facile de se perdre dans ce labyrinthe si l’on ne connaissait pas l’endroit.

Mais si vous saviez où vous alliez, vous pouviez rapidement vous retrouver devant une des trois pièces de 6m². Chaque pièce disposait d'une caméra placée à un de ses coins et connectée à un moniteur dans la salle de contrôle. Il y en avait aussi partout dans les couloirs pour que quiconque surveillant depuis la salle de contrôle puisse regarder où il le voulait, quand il le voulait. Ces petites chambres étaient fermées par de lourdes portes de métal, qui s'ouvraient au moyen d'un digicode à 4 chiffres situé juste à côté.
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Je me rappelle à quel point les couloirs m'effrayaient quand je venais d'arriver au complexe. J'ai toujours été claustrophobe, vous savez, et ces couloirs étaient vraiment étroits. Le bruit (ou, plus précisément, l'absence de bruit) dans ce dédale était aussi une terrible source d'angoisse pour moi. Un silence surnaturel pesait en permanence, comme si le monde s'était figé. Ça donnait vraiment la sensation d'être piégé. Mais, par chance, je ne devais que rarement m'y aventurer, étant donné que j'étais le seul professionnel de la santé dans l'infrastructure, et je n'avais quasiment aucune raison d'y aller.

J'ai trouvé ça curieux, au début, que Zimmerman recrute un professionnel médical comme moi, mais j'ai compris une fois que tout a été terminé.

L'objectif officiel de l'expérience Harbinger était de tester et d'observer les effets d'un isolement prolongé sur l'esprit humain. C'est du moins ce qui était indiqué sur les rapports envoyés à l'extérieur. Mais personne, à l'exception du personnel qui menait l'expérience, ne savait que le véritable but était beaucoup plus sombre.

Comme je l'ai déjà évoqué, Zimmerman avait toujours été obsédé par le paranormal et l'occulte. Il s'était mis en tête de convaincre ceux qui ne le croyaient pas. Il voulait une preuve tangible que le paranormal était un phénomène avéré, et il voulait être le premier à obtenir cette preuve.

Le véritable objectif de l'expérience Harbinger était de découvrir une preuve de l'existence du monde métaphysique, un monde que nous ne pouvions voir. Bien sûr, la perspective de se lancer là-dedans était un peu intimidante, voire effrayante, mais c'étaient les méthodes de Zimmerman qui étaient réellement terrifiantes. Il était persuadé de pouvoir ouvrir un portail entre les mondes temporairement, permettant à trois "entités" quelconques de pénétrer dans le nôtre, et celles-ci seraient piégées dans une des trois pièces.

Zimmerman avait une théorie selon laquelle n'importe quelle entité essaierait de prendre possession du plus proche être vivant en mesure de la supporter. Il voulait employer cette "technique" pour piéger un esprit dans une forme physique en le faisant entrer dans un corps vivant auquel on aurait préalablement injecté un mélange de sa création.

En théorie, ce mélange était conçu pour empêcher l'esprit de quitter l'être qu'il avait possédé. Le seul moyen de quitter un hôte auquel on aurait injecté cette mixture était la mort. Selon Zimmerman, l'hôte devait être un être vivant avec une volonté suffisamment forte pour survivre à la possession. Et la seule espèce possédant suffisamment de volonté pour ça, ce sont les humains.

Zimmerman s'est également arrangé pour que les entités entrent dans les trois pièces et qu'il n'y en aurait qu'une par pièce, bien que je ne puisse pas exactement dire comment il a procédé. En vérité, je n'ai pratiquement aucune idée de comment il a bien pu réussir ce qu'il a fait. Il aimait à garder ses méthodes pour lui-même et pour ceux à qui il faisait le plus confiance, probablement à cause de sa crainte paranoïaque que quelqu'un ne lui vole son idée et obtienne tous les lauriers pour son succès.

Si j'avais eu connaissance de la vraie finalité de l'expérience avant de signer, j'y aurais sans doute réfléchi à deux fois. Mais Zimmerman n'a rien voulu nous dire avant que nous soyons tous réunis dans sa "forteresse". Même si l'un de nous avait voulu partir, je doute qu'il en aurait eu la possibilité. L'équipe de sécurité que Zimmerman avait engagée était fidèle au scientifique et à son salaire. Ça ne me surprendrait pas qu'il leur ait donné l'ordre de ne permettre à personne de quitter le complexe.

Il y avait trois cobayes pour l'expérience, ils étaient tous natifs de l'Alaska, et on les avait attirés dans le projet en leur faisant croire qu'ils allaient participer à une étude sans danger sur les effets de l'isolation sur l'esprit humain, comme je l'ai déjà dit. Raison pour laquelle aucun n'a émis d'objection quand on leur a dit qu'ils allaient être confinés dans une des trois pièces que j'ai mentionnées. Le premier sujet était un jeune homme, il était visiblement au chômage et avait cruellement besoin de l'argent qui était promis pour la participation à l'étude. Le second sujet était une femme. En la regardant, je pouvais dire qu'elle souffrait d'une addiction quelconque. Le troisième et dernier sujet était un vieil homme, un vagabond je suppose. Leur point commun était qu'il ne leur restait ni d'ami, ni de famille. En résumé, ils ne manqueraient à personne, ce pourquoi ils ont été choisis pour le projet.

Je suis désolé, j'aimerais pouvoir vous en dire plus sur les cobayes, mais tout ce que je vous ai dit l'a été de mémoire, et on m'a fourni très peu d'informations sur eux.

L'expérience n'a officiellement commencé qu'en 1987, soit 16 ans après sa première annonce. J'avais hâte de commencer, donc j'ai fait mes bagages et je me suis rendu au complexe dès le moment où ça a été possible. Je suis arrivé à la structure une semaine avant même que les cobayes s'enrôlent, et un mois avant le début du projet.

Je ne suis pas du tout le premier à m'y être rendu. Quand je suis arrivé, Zimmerman, ses collègues et l'équipe de sécurité étaient déjà là. On peut probablement dire que je suis la première personne à qui Zimmerman ne faisait pas confiance à être arrivée.

Tous les autres sont arrivés environ une semaine avant le début de l'expérience. Il y avait un vrai fossé entre ceux qui étaient là uniquement pour l'argent (comme moi) et ceux qui étaient des disciples de Zimmerman.
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Le 15 octobre 1987, tout était mis en place. Les sujets étaient enfermés dans les chambres, les caméras, les lumières et les hauts parleurs étaient totalement opérationnels et tous les membres de l’équipe s’étaient installés : il était temps que l’expérience commence pour de bon.

Zimmerman avait demandé à tout le monde d’aller dans la salle de contrôle vers 21h pour être témoin du déroulement de la première expérience. Il voulait que tout le monde soit présent quand il aurait prouvé que ses théories étaient confirmées et qu’il n’était pas fou. Il voulait que l’on voie les fruits de son labeur. Quand toute l’équipe a fini par arriver dans la grande salle de contrôle, Zimmerman s’est simplement tourné vers nous pour nous dire : « Regardez. »  Il s’est penché vers le microphone qui projetait sa voix dans les trois salles et a commencé à chanter dans un langage étrange dont j’étais persuadé que seul Zimmerman le comprenait. 

Nous avons observé les trois grands moniteurs sur le mur en attendant silencieusement que quelque chose se passe. Les sujets étaient debout dans leur chambre, sidérés par la mélodie de Zimmerman, fixant la caméra d’un air confus. Après à peu près cinq minutes j’ai ressenti quelque chose… d’horrible. Je ne pourrais pas exactement expliquer quoi, mais un terrible sentiment de crainte s’est emparé de moi, m’accablant d’angoisse. Et c’est à ce moment que le sol s’est mis à trembler doucement et les lumières à clignoter. Zimmerman continuait de chanter dans le microphone comme si de rien n’était, pendant que les sujets commençaient à tourner dans leur pièce en appelant à l’aide. 

Puis soudain le sol s’est arrêté de trembler et les images du moniteur ont disparu, laissant place à la neige. L’air était tellement lourd. Nous étions tous en train de regarder les moniteurs, attendant que l’image se rétablisse pour nous montrer ce qui se passait dans les pièces. 

Pas un bruit pendant un long moment. Puis un hurlement. Les cris d’une femme en proie à une terreur et une douleur insoutenables ont commencé à résonner dans la structure. Les cris similaires d’un homme ont commencé à lui répondre et les deux plaintes se sont mêlées pour former une terrible symphonie de peur et de souffrance qui nous brisait impitoyablement les tympans.


Ceux qui n’étaient là que pour l’argent ont commencé à se regarder avec effroi, tandis que les disciples de Zimmerman ne montraient aucune réaction. Nous voulions quitter cet endroit horrible et ne jamais y retourner, mais nous savions au fond de nous que Zimmerman ne nous laisserait pas faire. Il n’y avait aucune échappatoire, nous serions retenus pour un bon moment. 

Il était 22h13 quand les hurlements se sont enfin arrêtés. Mais les moniteurs devaient encore nous révéler ce qui s'était passé dans ces trois pièces. Quand les cris se sont stoppés, Zimmerman nous a tous donné congé en ajoutant qu’il nous était interdit de revenir avant le lendemain matin, 10h. Ce n’était pas comme si nous le voulions non plus. Nous sommes tous rentrés silencieusement vers le dortoir pour reposer pour la nuit. Je pense que je peux affirmer sans me tromper que rares ont été ceux qui ont pu fermer l’œil cette nuit-là, et je n'en faisais pas partie.
 
Traduction : Treize et Magnosa


vendredi 10 novembre 2017

Accident de décompression

Ce message a été trouvé sur un forum dédié à la plongée sous-marine. Il a depuis été supprimé par les administrateurs. La raison invoquée était qu’il aurait été contraire à la charte du forum.

Bonjour à tous,

Je suis assez nouveau sur le forum et pour me présenter brièvement je suis plongeur professionnel. C’est mon métier depuis maintenant 12 ans, et depuis 5 ans je suis également caméraman. Je suis souvent engagé par des organisations de recherche pour l’étude des animaux marins. L’incident dont je vais vous parler aujourd’hui est justement ce type d’expédition, on devait filmer des baleines et poser des trackers, pour pouvoir suivre leur migration dans le Pacifique sud. Les films servent non seulement à étudier leur comportement, mais aussi parfois à couvrir une partie des frais de l’expédition en les revendant. Cette expédition-là avait beaucoup de subventions, le bateau était particulièrement grand et bien équipé, c’est bien car ça offre un certain confort, autant pour la cabine que le matos à disposition.

Je vais aussi faire une brève introduction pour ceux qui sont plutôt apnée sur ce forum : un accident de décompression est dû au fait que lorsque vous plongez à la bouteille, vous consommez du gaz qui va en partie s’accumuler dans l’organisme car à pression plus forte les gaz se dissolvent mieux dans les fluides et notamment le sang. Si on remonte trop vite, on crée des bulles de gaz qui peuvent causer des accidents vasculaires pouvant entrainer la mort. Le moyen le plus fiable de les éviter est d’effectuer des paliers pour laisser aux bulles le temps de se résorber, qu’on appelle paliers de décompression. C’est entièrement fiable et les ordinateurs de plongée analysent tout seuls le temps et la profondeur de plongée pour calculer les paliers, ce qui évite tout incident. Si par malheur ou pour une raison qui nécessite cette urgence on doit remonter vite, le dernier recours est d’aller le plus rapidement possible dans un caisson hyperbare, qui permet d’effectuer le reste des paliers en air pressurisé pour limiter la casse. Revenons à mon incident.

Je vous résume donc le briefing : plongée à environ 50m, pendant 1h pour filmer un maximum et avoir aussi le temps de poser 2 ou 3 trackers, sans avoir une consommation excessive d’oxygène. On était deux, mon collègue s’occupait des trackers et moi je filmais. Ce collègue en question avait de l’expérience pour la plongée côtière, mais c’était sa deuxième fois seulement dans le grand bleu. C’est beaucoup plus angoissant dans ce cas, parce qu’on a tendance à dériver et que dès 30m de fond, on a plus aucun repère spatial, juste une légère lueur au-dessus mais très faiblarde. Et comme vous devez le savoir, quand on angoisse, on consomme plus d’air et on diminue notre temps de plongée. Personnellement j’étais habitué donc aucun souci pour moi.

Les 20 premières minutes se sont très bien passées, on observait les baleines se nourrir et interagir et on avait posé deux trackers, et c’est environ à ce moment-là que mon partenaire m’a fait signe : il m’a montré son manomètre, et il consommait beaucoup trop, il devait remonter sous peine de ne plus avoir d’oxygène. J’ai regardé mon mano et il consommait deux fois plus que moi, le manque d’habitude et le stress d’approcher des baleines je suppose. Je lui ai fait signe de remonter, et que je restais pour continuer à filmer. Le veinard avait à peine 30 minutes de paliers à faire avant d’être là-haut selon mon ordi de plongée alors que j’en ferais quasiment 2h si je restais 1h. Vu les circonstances j’ai décidé d’écourter un peu et de rester environ 40 minutes au total, ça me ferait remonter environ 1h après lui en faisant les calculs de tête. On a le droit d’écourter s’il y a un incident de toute façon.

Je suis donc remonté après avoir filmé pendant 20 minutes de plus et j’ai fait mon palier à 9m. Mon collègue était au-dessus en train de finir son dernier palier à 3m, attaché au câble (on utilise un câble quand les paliers sont longs, ça évite de dériver loin du bateau sans avoir à palmer, et on peut échanger des trucs avec la surface, notamment des bouteilles en plus). Au bout de 8 minutes, l’ordi m’a dit de passer à 6 m pour presque un quart d’heure. Je suis remonté et me suis attaché au câble. J’ai aussi fait remonter la caméra, ça me délestait un peu. Si j’avais su, je l’aurais gardée. Il ne s’est pas passé grand-chose pendant ce palier.

C’est là que j’ai commencé à monter à 3m, mais j’ai eu l’impression que quelque chose avait tiré ma palme vers le fond. Je me suis retourné, mais rien. Mes palmes avaient dû s’entrechoquer. Une bouteille en plus m’attendait, je l’ai donc prise et branchée à mon détendeur, même si j’avais un peu le temps de voir venir. C’est alors que j’ai senti à nouveau qu’on tirait sur ma palme. De nouveau rien, pas de poisson, ni de requin curieux, et les baleines étaient parties depuis longtemps maintenant.

Je fais une petite pause dans mon récit pour préciser : dans le grand bleu, à 3m, on voit déjà pas grand-chose depuis la surface. C’est pas pareil que sur les côtes parce que la lumière ne parvient pas jusqu’au fond et que les vagues sont plus nombreuses. On peut apercevoir des ombres de ce qu’il y a dans l’eau entre deux vagues, mais il faut vraiment être attentif. Et personne sur le bateau ne surveille les plongeurs en palier, c’est long et sans intérêt, et on a pas besoin d’assistance particulière à ce moment-là.

Du coup, après ce deuxième incident avec ma palme qui m’a agacé j’ai décidé de ne plus bouger. Vous savez, même avec l’expérience, quand on est dans cet univers qui absorbe la lumière et vous sépare du monde habituel, de la surface, on est toujours au moins un peu angoissé, alors même le fait de faire s’entrechoquer ses palmes peut faire peur. C’est un milieu oppressant, et pas seulement à cause de la pression. Au bout de quelques minutes, pareil, on tire sur ma palme. Cette fois j’étais sûr de n’avoir rien fait, et de nouveau, rien en me retournant. J’ai alors décidé de regarder tout mon corps et de ne pas bouger, mais ça commençait vraiment à m’inquiéter. Encore 45 minutes de palier selon mon ordi. Au bout d’un temps qui m’a semblé une éternité d’angoisse, j’ai aperçu deux yeux brillants sous moi, comme ceux d’un chat qui se cache sous un lit, mais incroyablement lumineux pour ce milieu qui absorbe la lumière. J’ai eu un mouvement de recul, et les yeux se sont immédiatement évanouis avec un grognement rauque. Un peu comme quand quelqu’un qui a une bronchite se racle la gorge. Ce bruit me faisait vraiment flipper, parce qu’en plus de 2000h à mon actif j’avais jamais entendu un tel bruit. Les grognements ont repris quelques secondes après en s’intensifiant et plusieurs paires d’yeux se sont allumées dans cette immensité sombre. Là, malgré toutes mes heures de plongée j’ai paniqué et ai immédiatement gonflé ma stab pour remonter par réflexe. Il restait 40 minutes de palier mais je ne pouvais pas rester 40 minutes de plus avec ces choses, quoi que c'était.

Heureusement le bateau avait un caisson hyperbare et j’y suis allé en vitesse. Si on avait pas eu cet équipement je ne serais probablement plus là pour vous le raconter. J’ai rien dit aux autres, déjà que le chef d’expédition était particulièrement mécontent de nos deux performances, ils ne m’auraient jamais cru. Il m’avait déjà réprimandé violemment pour ma remontée soudaine qui aurait pu me tuer. Il était responsable des plongeurs, vous comprenez, et risquait gros s’il y avait des morts.

Si vous êtes un peu renseignés vous savez que les accidents de décompression arrivent la plupart du temps lors des plongées en solo, quel que soit niveau du plongeur. Même des plongeurs avec des milliers d’heures et des ordinateurs de plongée performants mourraient d’accidents de décompression et ça m’avait toujours étonné.

Maintenant je pense savoir pourquoi ils font autant d’accidents de décompression. L’océan est vaste et on ne le connaît pas si bien, il vaut parfois mieux fuir ce qu’on peut y trouver. Ne plongez jamais seuls, on est pas dans notre élément et c’est pas un milieu des plus cléments.


vendredi 3 novembre 2017

Bitterroot

Ceci est une traduction du site Bitterroot, qui est le récit d'un jeune étudiant ayant découvert une mystérieuse boîte dans une petite table qu'il a achetée pour meubler son appartement. Sur la première page, il présente brièvement son histoire, avec quelques photos.

L'enregistrement Biterroot


Mon nom est Chad, je suis étudiant en université à New-York.
Je viens juste d'emménager dans un studio et j'avais besoin de meubles.
J'ai trouvé un gars sur Craigslist qui voulait désespérément se débarrasser de ses babioles à des prix super avantageux, du coup je suis allé vérifier ça.
Il vendait tout en lots pour faire partir un maximum de choses.
J'ai acheté une petite table, ça allait avec un tas d'autres trucs divers.
J'en ai donné une partie, j'en ai conservé une autre.

Une vieille boîte en bois a attiré mon attention, elle était fermée et par curiosité, je l'ai gardée. J'ai dû forcer le couvercle avec un tournevis et à l’intérieur j'ai trouvé plein de vieilles photos. Le mot « Bitterroot » était écrit à la main au dos de chacune d'elles. Il y avait aussi une boîte en métal contenant une bobine de film qui, je l'ai appris plus tard de mon ami Dario (un étudiant en cinéma), était un film 8mm.

Le film était assez endommagé, du coup je l'ai juste mis dans ma bibliothèque pour décorer, mais je n'arrivais pas à enlever l'image de ces photos de ma tête. Je devais trouver un moyen de visionner ce film.

Avec l'aide de Dario, on s'est procuré un vieux projecteur 8mm en bon état de marche sur Ebay. Le film sautait à de nombreux endroits donc on l'a réparé avec une bande spéciale et on l'a regardé de nouveau.
Ce qu'on y a trouvé était perturbant.
J'ai demandé à mon ami de m'aider à créer ce site pour partager mes trouvailles.

La boîte en bois et les photos

La boîte ouverte, la bobine de film et les photos




Une des photos



Le projecteur qu'on a utilisé avec les bobines de film en plastique


Suite à cela, une nouvelle page a été mise en ligne avec davantage de photos, ainsi qu'une vidéo où il nous montre les différentes photos.
Les photos sont en ligne, comme promis


Photo #1 : Un étrange personnage tenant une canne. On dirait qu'il/elle est en train de regarder quelque chose.


Photo #1b : Dos d'une des photos. Vous pouvez lire le mot "Biterroot".


Photo #2 : On dirait la même personne que sur la première photo. On dirait qu'il se trouve dans un bois et qu'il porte une espèce de sac.

Photo #3 : Il y a une table où sont posés des objets. Il y a aussi un sac sur le sol, lié avec une corde et des chaînes.




Photo #4 : Nous pouvons voir la même personne qui se trouve sur les autres photos, et qu'il/elle se trouve dans une sorte de maison.



La vidéo montrant les photos



Une dernière page montre la partie du film qui a pu être récupérée.

Et voici le film, les 5 minutes que nous avons pu sauver sur les 12 de la bobine.

Sous cette vidéo, une update mentionne le fait que les deux étudiants ont contacté Chris, l'ancien propriétaire de la boîte. D'autres informations doivent être publiées bientôt.

Traduction : Valkyria-Green

Source