Disclaimer

DISCLAIMER

Les contenus proposés sur ce site sont déconseillés aux personnes sensibles et aux mineurs de moins de 12 ans.
L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni n'infirme la véracité des témoignages et histoires présents sur ce blog. Pensez à consulter nos pages d'aide pour en apprendre plus, et à toujours vérifier les sources pour vous faire votre propre avis sur la question, ici comme ailleurs.

Script générateur de phrases

Dernières nouvelles

Bonne année 2024 ! Un peu de changement chez nous : notre admin Naveen redevient uniquement référente de l'équipe de traduction, les candidatures sont ouvertes sur notre serveur Discord pour trouver un nouveau binôme à Magnosa !

CFTC recrute de nouveaux Auteurs et lance une équipe Réseaux sociaux ! Si vous êtes intéressés, ça se passe aussi sur Discord pour découvrir notre fonctionnement et passer les tests d'entrée !

Vous voulez trouver toutes nos plateformes, ou vous êtes curieux de savoir quels médias parlent de CFTC ? Tout est sur notre Linktree !

Un message pour l'équipe ou l'association ? Consultez notre page Contact !

lundi 30 avril 2018

Chasseurs de fantômes




Temps de lecture approximatif : 4 minutes


Retranscription d’une histoire que mon meilleur ami Antoine m’a racontée plusieurs fois. Tout est identique à ce qu’il m’a dit, avec le plus de détails dont je puisse me souvenir.

Les évènements qu’il m’a décrits se sont produits dans les années 1991.

Je n’ai jamais cru aux fantômes, évidemment. Mais pour ma copine, c’était un autre délire. Alors, quand dans la maison y’a commencé à avoir des espèces de chuchotements, des grattements sur les murs et des portes qui se claquaient derrière nous sans courant d’air, elle a pété un câble. « Antoine ! Antoine ! Il faut qu’on fasse quelque chose ! » Moi, j’étais en mode « Mais Léa, là putain je suis pas les ghostbusters, » et c’est là qu’elle a eu l’idée la plus foireuse de sa vie : elle a voulu appeler des « chasseurs de fantômes ». Bon, déjà je savais même pas que ça existait vraiment, mais au point où on en était (elle dormait plus la nuit et on baisait même plus), j’ai accepté. Puis c’est elle qui voulait payer donc j’allais pas me faire prier.

On a appelé un espèce de secrétariat d’un groupe de mec qui se disaient « chasseurs d’esprits et de revenants » dans la ville d’à côté. Ils lui ont dit qu’ils venaient le mardi suivant, et qu’ils aimeraient bien qu’elle fasse des recherches sur la maison, en mode s'il y avait déjà eu un suicidé, des trucs comme ça. Moi j’aurais trouvé ça classe, mais après maintes recherches, le seul truc le plus proche de chez nous c’était un mec qui s’était fait écraser devant la baraque en 1984, ce qui est pas franchement très effrayant. En plus le mec s’appelait « Martin » et « La légende terrifiante du revenant Martin » ça craignait un peu. Donc pas de succès de ce côté-là, mais Léa insistait.

Bref, ils sont arrivés assez tôt le matin et, après la présentation la plus pathétique et la plus puceau que j’avais jamais vu (« NOUS SOMMES LES CHASSEURS DE FANTÔMES, enchantés ! ») les trois mecs à casquette ont commencé à chercher divers trucs un peu partout dans la maison avec des appareils que j’avais jamais vu qui faisaient bip bip. Non seulement après une heure de recherche ils avaient rien trouvé du tout, mais en plus les phénomènes que Léa et moi on vivait ne s’étaient pas produits. Bref, pas un gros succès, ce qui m’a franchement conforté dans l’idée que c’était des gros arnaqueurs. Dans l’idée de les faire partir pour que je puisse regarder la télé, j’ai commencé à discuter avec celui qui avait l’air d’être le leader de cette bande de dégénérés. Même s'il avait l’air sympa (mais quand même vachement bizarre), après discussion, je lui ai discrètement glissé l’idée qu’on était pressés, et qu’il fallait qu’ils partent.

Ils ont ramassé leurs trucs et je les ai raccompagnés à la porte avec Léa. J’étais quand même un peu désolé d’avoir fait perdre du temps à ces pauvres gars, alors j’ai tenté de la jouer sympathique avec le leader. S’en est suivie la discussion la plus bizarre que j’ai jamais eue.

- Et encore désolé hein, on était persuadés qu’il y avait vraiment des trucs.

- Pas de problèmes ! On a l’habitude des fausses alertes !

Il a fait le sourire le plus forcé que j’ai jamais vu, ce qui m’a conforté dans l’idée qu’on leur avait vraiment fait perdre leur temps. J’ai essayé de changer de sujet pour combler le malaise.

- Vous n’avez pas eu trop de mal à vous garer ? Je n’ai pas vu votre camionnette dans la rue.

- Oh, nous n’en avons pas. Je déteste les voitures.

Ils ont ricané entre eux, et s’en est suivi un autre silence bien gênant. Ils ont commencé à partir sans un regard pour nous. J’ai quand même essayé d’en savoir plus :

- Je peux vous demander votre nom ?

Il s’est retourné un bref instant, m’a regardé dans les yeux et m’a souri.

- Martin.

Avec Léa on a à peine eu le temps de se regarder sans rien comprendre que le téléphone a sonné. C’était le secrétariat des chasseurs de fantômes. Ils nous informaient qu’ils étaient désolé du retard, qu’il y avait des embouteillages sur la route, et qu’ils seraient là dans une petite heure. Quand on a regardé dans la rue, les trois "chasseurs de fantômes" avaient disparu.


vendredi 27 avril 2018

La poupée rieuse

Tout a commencé par un craquement, un léger craquement derrière la porte de mon placard. C’était la nuit de mon sixième anniversaire et j’avais eu comme cadeau une poupée. Sans trop comprendre pourquoi, j’éprouvais une fascination morbide pour Cassandra, le nom que j’avais donné à ma poupée. Je l’aimais et la détestais à la fois, c’était vraiment très étrange comme sentiment. Ses gros yeux vitreux sans sourcils étaient effrayants, et que dire de son sourire si grand qu’il touchait ses deux oreilles cachées par de longs cheveux noirs. Elle avait aussi un petit nez ridicule et des tâches rouges sur ses joues. Sa robe grise lui ajoutait une allure adorablement macabre. On appelait ce modèle la poupée rieuse, car il suffisait de toucher une partie de son corps afin de l’entendre rire. On n'était qu’au début de l’ère des poupées rieuses et il était un peu normal que les rires enregistrés dans l’interface interne du modèle ne soient pas vraiment fidèles à un rire humain, c’était plutôt une suite de petits rires métalliques. Mes parents étaient pauvres, j’étais très heureuse et très étonnée d’avoir un tel cadeau, même si j’ai gardé pour moi le fait que la poupée n’était pas neuve, car sous sa robe, j'ai découvert les craquellements du vernis de sa peau bleue-pâle.

Je n’avais pas beaucoup d’amis à cette époque et j’emmenais Cassandra partout avec moi, même à l’école. Son petit format me permettait de la cacher au fond de mon cartable. Et puis un jour, son petit rire métallique s’est déclenché dans la classe. Tout le monde a ri, sauf moi et la maîtresse, madame Bertrand, une femme colérique que je détestais. Pour ne rien arranger, le rire de Cassandra était complètement détraqué, elle n’arrêtait pas de rire encore et encore. La maîtresse a trouvé la poupée et m'a ordonné de la faire taire sur-le-champ. J’étais morte de honte, mes mains tremblaient en cherchant l'accès aux piles dans son dos, des larmes gonflaient mes yeux. Je l'ai secouée plein de fois mais la poupée continuait de rire. En colère, la maîtresse me l’a arrachée des mains et l’a jetée par terre. J’ai entendu un craquement sec, comme une branche morte écrasée par un pied. Pour finir, elle l’a ramassée et l'a brandie devant mon visage, en criant trois fois : confisqué, confisqué, confisqué ! C’est à ce moment-là que j’ai vu la tête brisée de ma poupée. Ses yeux étaient comme crevés et une fracture séparait son front en deux.

À la suite de cette histoire, mes parents ont été convoqués à l’école en fin d’après-midi. J’ai pris deux claques par mon père et une par ma mère. Cette dernière m’a promis de ne plus jamais m’acheter de poupée.

J’ai eu vraiment beaucoup de mal à m’endormir puisque je n’avais plus Cassandra pour me protéger des méchants imaginaires qui vivaient dans mon placard. En pleine nuit, j’ai cru entendre son rire métallique. Je me suis réveillée en sursaut. Des chiens aboyaient furieusement au loin, mais sinon, ma chambre était silencieuse. C’était sans doute un cauchemar et alors que je tentais de me rendormir, j’ai entendu une voix agonisante au creux de mon oreille : « aidez-moi, aidez-moi ». Puis il y a eu ce rire, un rire dément, métallique, si fort que j’ai fini par crier en me bouchant les oreilles. Mes parents étaient fâchés contre moi et aucun des deux n’est venu me rassurer. Ce rire m’a semblé durer une éternité puis il s’est arrêté d’un coup, laissant la place aux aboiements des chiens.

Assise sur mon lit, essoufflée, le cœur battant, je regardais la pénombre de ma chambre. Les volets filtraient la pâle lumière de la lune et tous mes meubles semblaient gris. J’ai entendu un léger craquement derrière la porte de mon placard, puis un second, toujours aussi bref, puis un troisième espacé d’un petit rire métallique, et d’autres, encore, et encore, d’autres rires, d’autres craquements qui me faisaient sursauter. C’était affreux, j’avais l’impression qu’une mâchoire monstrueuse mâchait des os derrière la porte de mon placard.

Puis, quand j'ai cru cette hallucination auditive terminée, la poignée a cliqueté en tournant très doucement, la porte s’est ouverte par à-coups. C’était si effrayant que mon cri est resté coincé dans ma gorge. J’ai sauté du lit et je me suis réfugiée dessous. Je ne saurais dire combien de temps j'y suis restée, je claquais des dents, je regardais l’ouverture du placard qui n’était située qu’à deux mètres de mon lit.

Un pied blanchâtre est apparu, un pied squelettique aussi grand que mon bras. Il s’est enfoncé dans la moquette avant de sautiller autour du lit puis vers le fond de la chambre où j’ai aperçu la maigreur d'une jambe. Mon cœur battait si fort que je l’entendais cogner dans mes tympans. Je priais de toutes mes forces que cette horreur s’en aille, mais elle a sautillé jusqu’à mon lit puis elle a disparu. Enfin, c’est ce que je croyais, avant que mon matelas ne s’enfonce au-dessus de ma tête. J’étais petite, j’ai pu me rouler sur le dos pour voir ce qui se passait.

Le monstre bondissait sur le lit, le matelas s’est enfoncé plusieurs fois, me touchant le visage, le ventre et les jambes. Il devait y avoir plusieurs pieds car le lit se déformait à plusieurs endroits en même temps. Ça s’est arrêté d’un coup. Le silence est revenu, hormis ce claquement de dents qui sortait de ma bouche. La porte du placard a claqué sèchement, le monstre était reparti. Toutefois, je n’avais pas vu le pied sautiller jusqu’à lui, et j’ai attendu de longues minutes sans bouger un cil. J’étais trempée d’une sueur glacée, mes muscles me faisaient mal, j’avais l’impression qu’on avait jeté mon corps au fond d’un puits. Enfin, au moment où je voulais m’enfuir jusqu’à la chambre de mes parents, de longs cheveux noirs ont stoppé mon élan. Mon matelas s'est mis à bouger, le monstre a doucement baissé la tête, car ses longs cheveux s’entortillaient sur la moquette, puis un front blanchâtre est apparu. Le front était brisé en deux, sa texture et sa teinte livide m’ont fait penser à de la peau collée sur du caoutchouc. Et ses yeux, jamais je n’oublierai ses yeux crevés d’où s’écoulait une humeur bleuâtre. 

La porte de ma chambre s’est brusquement ouverte, ma mère a crié puis… puis… je ne sais plus trop ce qui s’est passé, je me souviens juste de petits rires métalliques et de craquements effroyables.

En état de choc, je ne suis pas retournée à l’école pendant plusieurs jours, d’autant plus que j’étais très inquiète de l’état de santé de ma mère. Elle a été transportée à l’hôpital avec de graves blessures, des membres brisés et un pied arraché. Mon père n’a jamais été le plus courageux des hommes et la police, alertée par les voisins, l’a retrouvé inconscient près du corps de ma mère. Il a été accusé de tentative de meurtre.

Ma pauvre mère a perdu la raison, elle n’a jamais pu témoigner en sa faveur. Lorsque j’allais la voir à l’hôpital, elle était souvent agitée, elle criait dès qu’elle voyait une poupée à la télévision au-dessus de son lit. Parfois, elle hurlait en me regardant, comme si j’étais responsable de son état.

Les policiers m’ont interrogée plusieurs fois et aucun n’a cru à mon histoire de poupée au visage brisé. Mais qui croirait une fillette de six ans ? Pourtant, si la police m’avait prise plus au sérieux, la maîtresse ne serait pas morte la nuit suivante. Son meurtre a été imputé à un rôdeur.

Un peu plus tard, j’ai trouvé un petit mot dans mes affaires d’école. La carte était sale, pleine de traces de suie et une écriture tremblante disait ceci : tu veux jouer avec moi ?

Même aujourd’hui, à l’heure où je termine de raconter mon histoire sur votre forum, je revois toujours le visage brisé du monstre, ses longs cheveux noirs, ses yeux crevés. Parfois, au milieu de la nuit, j’entends le petit rire métallique de ma poupée et parfois aussi, près de mon lit, le craquement de ses genoux...


lundi 23 avril 2018

Le son du silence

Après une vie entière à avoir été sourd, mon meilleur ami a eu des implants auditifs. Quand il s'est réveillé de l'opération, nous nous tenions tous autour de lui. Sa femme a été la première à dire quelque chose. Il a entendu sa voix et a commencé à pleurer. Nous avons pris la parole chacun notre tour, le laissant entendre nos voix et nos noms, et à chaque mot que nous prononcions, il devenait plus émotif. Quand nous avons fini, le silence a rempli la pièce.

Il s'est tourné vers moi et m'a demandé quel était ce son. Ça m'a pris un moment pour comprendre ce qu'il entendait, et quand j'ai compris, je lui ai dit qu'il entendait le silence.

Il a secoué sa tête. "Ce n'est pas le silence, a-t-il dit lentement, tout en entendant sa propre voix pour la première fois. J'ai entendu le silence toute ma vie, et là c'est différent."

Un son est parvenu de l'extérieur de la chambre d'hôpital, il s'est alors redressé immédiatement. "Ce n'est pas ça le silence ?"

Nous avons tous échangé un regard inquiet à travers la pièce avant que je ne parle. "Non, ai-je dit doucement. C'était le son d'une personne qui hurle."

Traduction : Mushroom


vendredi 20 avril 2018

Yakoutie #7 : Près de la rivière sans nom

Je vais encore vous raconter une creepypasta yakoute. Elle est un peu inhabituelle pour le folklore local, car les esprits maléfiques (les « abassy ») ne sont en général pas décrits comme des êtres faisant totalement partie du plan physique, leur aspect est habituellement vague ou ils apparaissent sous forme de silhouettes, ils se cachent dans l’obscurité ou bien leur visage reste indiscernable, ils apparaissent brusquement puis disparaissent aussi sec, etc. Comme dans les pastas précédentes, quoi. Néanmoins, beaucoup de gens aiment la raconter au coin du feu, et il y a même des écrivains locaux qui s’en sont inspirés pour écrire leurs récits.

L’histoire concerne à nouveau deux frères. L’aîné avait pas loin de 30 ans et le cadet avait cinq ans de moins. Ils étaient tous deux chasseurs et étaient partis braconner en automne dans un trou paumé, là où le gibier ne craignait pas encore l’homme. Ils n’en étaient pas à leur première expédition lointaine ensemble, si bien qu’ils avaient déjà l’habitude, ils ne se faisaient aucun souci, tout était sous contrôle, la forêt, c’était leur chez-eux. Ils avaient établi leur campement non loin d’une rivière sans nom dans les bois, avaient rapidement construit une cahute temporaire, allumé un feu, nourri l’esprit du feu (et, à travers lui, tous les esprits des alentours) selon la stricte tradition locale avec de la bouffe et de l’alcool, afin d’obtenir leur protection, puis ils s’étaient mis en chasse. Le gibier était abondant, après deux ou trois jours ils avaient un bon butin et ils se frottaient les mains en pensant à toute l’oseille qu’ils allaient se faire en revendant tout au marché noir (l’histoire se passe bien évidemment pendant la période soviétique [NdT : plus précisément vers les années 80-90, pendant lesquelles la misère était grande et le marché noir un moyen d’y remédier]).

Vers le quatrième ou le cinquième jour, la neige a commencé à tomber. Les deux frères étaient dans leur cahute après la chasse et dînaient en parlant de tout et de rien, le feu crépitait, il faisait bon à l’intérieur et ils avaient le ventre bien rempli, quand soudain le son de quelqu’un marchant de l’autre côté du mur s’est fait entendre. Le bruit des pas dans la neige fraîche était net. Ils ont d’abord porté la main à leur fusil : et si c’était un ours ? Mais non, les pas étaient définitivement humains, ils se dirigeaient vers la porte, puis une voix féminine s’est élevée : « Brr, quel froid ! » Là-dessus, les deux frères sont restés cois. Pendant ce temps, la porte s’est ouverte et a laissé entrer une magnifique jeune femme emmitouflée dans de beaux vêtements (certes un peu démodés pour l’Union Soviétique, mais la mode n’a aucune importance dans la forêt, l’important étant de se tenir au chaud). En voyant les deux frères, elle a déclaré joyeusement qu’elle était la fille d’un habitant d’un village peu éloigné, qu’elle était partie se promener en forêt et s’était perdue, qu’elle avait erré toute la journée et pensait déjà que c’était la fin pour elle, et qu’elle avait alors aperçu la cabane et le feu à l’intérieur et était donc entrée.

Les deux frères se sont jeté un regard. Ils connaissaient bien l’endroit, et il n’y avait pas le moindre patelin à trois cents kilomètres à la ronde. Mais la jeune femme était bien réelle, toute grelottante de froid et, en bons gentlemen qu’ils étaient, ils lui ont donc courtoisement fait une place à table, en lui servant du thé et de la soupe. Elle a tout avalé avec reconnaissance et a commencé à parler d’elle, comme elle avait peur, comme elle leur était redevable, etc. Le frère aîné hochait de la tête, en revanche le cadet, qui faisait bien moins confiance au hasard, observait leur hôte d’un air suspicieux. Lorsque l’occasion s’est présentée, il a prétexté une envie pressante pour sortir de la cabane. Il faisait déjà sombre, mais on y voyait encore quelque chose. Les traces de pas de la jeune femme étaient encore visibles sur la neige fraîche. Le jeune frère les a suivies pour voir que la piste s’interrompait sur la berge de la rivière. Mais la rivière n’était pas gelée : si la jeune femme l’avait traversée en nageant, elle aurait dû être trempée. Ses doutes se sont renforcés, tandis qu’il se rappelait de toutes sortes de légendes incompréhensibles à propos de chasseurs et d’esprits maléfiques infernaux vivant dans les profondeurs de la forêt, quoiqu’on décrivait ces derniers dans les récits comme foutrement grands, à côté d’eux les petits abassys en tous genres ne sont rien d’autre que du menu fretin. Bref, le gars a donc décidé de faire discrètement part de ses observations à son frangin et d’agir ensuite selon ce qui se passerait.

En revenant à la cabane, il s’est aperçu qu’une bouteille avait déjà été ouverte, que son frère flirtait allègrement avec leur hôte, ça se voyait que son cerveau avait arrêté de fonctionner et que son pénis avait pris le relai. Mais ça pouvait se comprendre : il n’était pas marié, la jeune femme était vraiment très attirante, et elle n’avait en plus pas l’air d’être contre. Le cadet a essayé de s’incruster dans leur discussion en prétextant que leur matériel de chasse allait être trempé sous la neige et qu’il faudrait le ranger, mais il n’a eu pour seule réponse qu’un regard de son frère signifiant clairement qu’il pouvait aller se faire foutre, et la femme s’est alors mise à le regarder avec un air si assassin, presque inhumain, que ça lui a flanqué la trouille et qu’il est reparti dans son coin. Il est resté assis avec un air sombre tandis que les deux autres se chauffaient de plus en plus. Mais il a tout de même réussi à attraper son frère alors qu’il était sorti un instant, juste avant de passer aux choses sérieuses. Il a alors essayé de tout lui raconter, les traces, le regard qui l’avait fait flipper, de lui montrer que toute cette histoire ne tenait pas debout, mais l’aîné ne pensait plus qu’à sa partie de jambe en l’air, sans compter qu’il était complètement bourré, et n’a rien voulu entendre. Finalement, ce dernier l’a collé contre le mur de la cahute et lui a promis une bonne branlée s’il s’avisait de tout gâcher. Le cadet en est resté sur le cul, jamais son frère ne lui avait parlé de cette façon, même après trois jours de biture.

Du coup, le petit couple est allé s’installer dans un coin de la cabane et s’est planqué derrière un paravent. Ils ont étouffé le feu, tandis que l’autre frère était allongé dans le coin opposé, écoutant attentivement ce qui se passait et broyant du noir, tout en gardant son fusil chargé avec deux balles sous la couette, des fois que. Les deux autres ont continué leur affaire, tout avait l’air de bien se passer, et le sommeil l’a peu à peu emporté.

Il s’est réveillé pendant la nuit à cause d’un bruit de raclement. Les braises du feu n’étant pas encore totalement éteinte, il n’avait pas dû s’écouler beaucoup de temps. L’étrange raclement venait de toute évidence de là où le couple était installé, et chaque raclement était suivi tantôt d’un gémissement, tantôt d’une plainte à peine audible de son frère. Le cadet a sauté hors du lit et s’est rué dans leur coin l’arme à la main. Repoussant le paravent d’une main et tenant son fusil chargé de l’autre, il a alors vu, dans l’obscurité, une silhouette sombre qui n’avait rien d’une femme à califourchon sur son frère, avec des yeux jaunes brûlant d’un feu ardent occupant bien la moitié de sa tête, en train de lui bouffer le cou. Le son provenait du raclement de ses dents contre les vertèbres. Le pauvre homme gémissait faiblement.

Le cadet, devant cette scène, a bien failli tomber dans les pommes, mais a quand même réussi à coller une balle à bout portant entre les deux yeux de la bestiole. Un glapissement a retenti et la créature a lâché sa proie, se traînant vers la sortie (certaines personnes ajoutent à ce moment du récit qu’elle aurait dit « j’aurais dû te faire la peau en premier »). Là-dessus, le jeune frère lui a tiré un deuxième coup de fusil, et la saloperie s’est enfuie de la cabane en hurlant une nouvelle fois et en défonçant la porte. Le cadet est alors allé remuer les braises avec précipitation pour faire de la lumière, puis est revenu se pencher sur son frère, mais il était déjà trop tard : ses yeux s’étaient fermés, sa gorge était en lambeau, le lit était couvert de sang. Ce qui était étrange, c’est qu’il n’a trouvé aucune trace de sang sur le sol ou près de la porte, pas plus que dans la neige à l’extérieur, malgré les deux balles qu’il avait tirées sur le monstre.

Lorsque le jour s’est levé, le cadet est parti pour le lieu habité le plus proche sans attendre. Il est revenu plus tard avec quelques autres gars pour récupérer le cadavre de son frère et démonter la cahute. C’est à partir de ce moment qu’on a commencé à appeler cette rivière l’Abassy-Yourègè (la rivière aux esprits maléfiques) et qu’on a arrêté de traîner dans les environs.

D’ailleurs, dans mon village il y a un mec qui assure que l’Abassy-Yourègè se trouve dans l’oulous Aldansky, qu’il y a été quelques fois et qu’il a même passé une nuit juste à côté, et que rien ne lui est jamais arrivé. Mais c’est sûrement pour se foutre de nous.
Traduction : Magnosa et Joy Weber


Suivante

lundi 16 avril 2018

BDSM

Cela faisait quelques années que j'étais en couple avec Marc. Au début, quand on s'est installés ensemble après 2 ans de relation, c'était vraiment bien. On avait les mêmes centres d’intérêt, ce qui aide beaucoup dans un couple. On vivait notre vie à cent à l'heure, on jouait ensemble aux jeux vidéos, on s'écrivait des mots d'amour, on se disait des "je t'aime" tous les jours, on s'envoyait en l'air tous les soirs ! C'était vraiment une époque formidable, puis est venue la routine; les "je t'aime" se sont transformés en "tu as acheté du pain ?", on jouait de notre côté, il passait ses soirées sur son ordinateur pendant que je regardais la télé toute seule. Même au niveau du sexe, on est passé d'une relation tous les jours à une par semaine. Et encore, c'était pas génial : il n'y avait plus d'envie, plus de passion. Notre couple battait de l'aile, alors j'ai pensé à quelque chose pour pimenter nos ébats sexuels : rien de tel que de retrouver notre fougue au lit pour donner un coup de fouet à notre relation.


Cette idée m'est venue après avoir vu un film au cinéma. Beaucoup de femmes ont dû avoir la même idée en le voyant à vrai dire, je veux parler de "50 nuances de Grey". Vous connaissez sûrement ce film, mais si je devais vous le résumer en quelques mots ça serait Bondage et Discipline, Domination et Soumission, Sadisme et Masochisme (BDSM). Généralement on parle de Sadomasochisme.


Donc, j'ai proposé l'idée à Marc qui a plusieurs fois décliné mon offre avant de finalement accepter pour "tester" si ça pouvait lui plaire. Il faut dire que c’était une vraie chochotte alors l'idée de recevoir des coups de cravache ne lui plaisait pas trop.


On a donc fait une session d’essai, on a pas voulu faire trop hard dès le départ alors on a juste essayé de se donner des fessées pendant les ébats, des coups de fouets par là, des insultes par ici. Rien de bien méchant, mais, contrairement à toute attente, il avait adoré. Je ne l'avais jamais vu aussi excité que cette nuit-là.
L'essai étant concluant, nous avons continué cette pratique mais de plus en plus hardcore : les coups de cravache, les combinaisons en latex, la cire chaude sur le corps, les cordes... on a tout essayé. On a même essayé la strangulation érotique mais malgré les résultats je vous le déconseille vivement, c'est très dangereux. Si vous ne me croyez pas, recherchez sur Google ce qui est arrivé à David Carradine, l'acteur qui jouait Bill dans « Kill Bill », allez-y.


Bref, cela avait vraiment ravivé notre couple, la routine avait disparue et on s'était même surpris à nous dire des "je t'aime" comme avant : c'était reparti de plus belle.
Mais niveau sexuel, on continuait de chercher de nouvelles choses à faire. C'est là que je lui ai proposé un nouveau jeu : simuler un enlèvement.  Je lui ai dit que ça m’exciterait terriblement de me faire enlever et qu'on pourrait mettre ça en scène.


Il avait formidablement joué son rôle de kidnappeur : un soir, alors que je rentrais du boulot, quelqu'un m'a attrapée et m'a mis la main sur la bouche avec un couteau sous la gorge. Il m'a ensuite emmenée vers sa voiture et m'a enfermée dans le coffre de celle-ci. Je pensais bien qu'il s'agissait de Marc mais je n'avais aucun moyen d'en être sûre et je n'avais jamais vu cette voiture avant. L'idée que ce soit un vrai enlèvement m'avait traversé l'esprit, et je vous avoue que ça m'avait drôlement excitée.


Après quelques dizaines de minutes bâillonnée dans le coffre, j'ai été soulagée de voir qu'on était dans le garage de notre maison en sortant de la voiture. Marc avait ouvert le coffre, tout sourire. Il était même allé jusqu'à louer une voiture pour pousser le jeu à l’extrême ! Mais ça avait marché : l'excitation était bien réelle et plus intense que jamais.
Il a recommencé ce jeu deux ou trois fois avant que je lui propose d'inverser les rôles. Il était dubitatif quant à ma capacité à le kidnapper, mais il n'attendait que ça.
Du coup, un soir, je l'ai attendu à la sortie de son travail, et comme je ne suis pas assez forte pour le maîtriser, je l'ai assommé à l'aide d'une matraque qu'on utilisait pour nos jeux coquins. C'était assez violent mais moi aussi j'aime pousser le réalisme jusqu'à l’extrême. Je l'ai ensuite traîné jusqu'à la voiture que j'avais également louée. Il était de nouveau conscient au moment où j'ai refermé le coffre, il souriait d’extase et on voyait même qu'il était en train d’apprécier ce moment, au vu de la bosse au niveau de son entrejambe.


S'il avait su...


J'ai roulé pendant quelques heures en direction d'un grand parc dans le département voisin. Il commençait à faire nuit alors je me suis dépêchée pendant qu'on pouvait encore y voir quelque chose.  Une fois dans le parc, j'ai garé ma voiture dans un coin perdu de celui-ci où j'avais creusé deux grands trous la veille.
Une pour Marc, et une pour la pute qu'il baisait depuis six mois. Six mois à jouer le jeu, six mois à prétendre que j'aimais me faire fouetter pendant le sexe, six mois pour préparer ce moment.
Il ne se séparait jamais de son téléphone, il pensait être à l'abri. Mais ce qu'il ignorait, c'est que son historique de sites visités apparaissait sur chaque appareil lié à son compte Google. C'est sur notre ordinateur que j'ai pu découvrir sa liaison via un site de rencontre. Il ne me fallait plus que trouver son mot de passe, ce qui était chose facile vu qu'il utilisait le même partout. À partir de là, il me fallait un plan pour qu'il se laisse faire et qu'il se laisse mener tout droit dans sa tombe, sans rien dire.


Lui qui était toujours en quête de sensations fortes, j’espère bien que le fait d'être enterré vivant l'a fait bander."



------------


Interview donnée par Marie M, condamnée à perpétuité pour le double meurtre de son concubin et de son amante.

vendredi 13 avril 2018

Le dîner de C

Ça s'est passé il y a quelques années, je devais avoir dans la trentaine. J'avais un film préféré, "le dîner de cons" . J'étais vraiment fasciné par ce film. Si vous ne le connaissez pas, allez le voir. L'histoire est assez simple :  chaque mercredi, un "dîner de cons" est organisé : chaque membre amène avec lui un "con", intarissable sur un sujet précis, qu'il a déniché au hasard. Ensuite, les organisateurs se moquent des "cons" toute la soirée sans que ces derniers ne s'en rendent compte. À l'issue du repas, on choisit le champion.


Bref, j'avais revu le film au moins 15 fois, si bien qu'une idée m’étais venu en tête : il fallait absolument que je participe à un de ces dîners, en vrai. En tant que membre, bien sur, pas en tant que con. Ça devait forcément exister. J'ai alors fouillé le net à la recherche d'éléments qui pourraient m'indiquer où participer à ce genre d’événements. Et après quelques jours de recherche, je suis finalement parvenu à trouver un forum composé de gens qui partageaient mon amour pour ce film. Et cerise sur le gâteau : ils prévoyaient d'organiser un "Dîner de C". Malgré le dernier mot incomplet, censuré je pense, car c’était quand même une insulte, j'ai compris que c’était ce que je recherchais. Un vrai dîner de cons.


On devait alors s'inscrire à ce dîner, tout en précisant le nom du "con" qui nous accompagnerait. Et c'était là le problème : je connaissais beaucoup de gens stupides, mais aucun n'avait le niveau d'un François Pignon. Ils étaient cons, mais ce n’étaient pas des champions. Le forum avait pensé à ceux qui n'avaient pas dans leurs connaissances de "cons" de compétition, et avait mis à disposition des "cons" notoires, repérés par les autres membres du forum. Il y avait une petite liste par départements. J'ai alors utilisé cette liste et pris l'initiative de prendre contact avec l'un des "cons" du coin.


Il s'appelait Jean-Philippe et tenait un petit site où il faisait profiter les gens de sa passion : les balles de ping-pong décorées. Il en avait toute une collection, qu'il montrait fièrement sur les pages de son site. Des petites balles de ping-pong de toutes les couleurs, avec des visages dessinés au marqueur, et des petites perruques.


C’était vraiment pathétique. Ce mec devait vraiment être un gros con, assez pour que je l'amène avec moi au dîner. Un vrai François Pignon en devenir.


Je lui ai envoyé un mail, lui disant que moi aussi, j'adorais peindre des balles de ping-pong, et que je connaissais même d'autres gens avec la même passion. Et ce con avait tout gobé, il était même très enthousiaste à l'idée de rencontrer des gens comme lui, avec la même passion. On a commencé par se voir autour d'un verre, pour discuter de balles de ping-pong. Puis il m'a invité chez lui pour me montrer sa collection. Bien sûr, moi, j'en avais rien à carrer de ses balles, mais je jouais le jeu. Jusqu'au jour où je l'ai invité à ce dîner, lui disant que c’était un dîner entre gens qui adoraient peindre les balles de ping-pong, et que tout le monde voulait voir ses meilleures œuvres. Il a accepté de suite sans réfléchir.


Le jour J, je me suis présenté à l'endroit indiqué, avec Jean-Philippe. La soirée se passait dans une cave, à l'abri des regards. J'avais eu du mal à trouver, tant c'était bien caché. Une fois sur place, j'ai fait connaissance avec les autres membres, qui eux aussi avaient trouvé ce forum en voulant participer à un dîner de cons. Et, comme moi, ils ne connaissaient pas de cons intéressants, alors ils avaient utilisé la liste donnée. Comme quoi, c’était vraiment pratique.


On a parlé un peu entre nous, pendant que les cons qu'on avait emmenés discutaient entre eux. On n'a pas attendu le dîner pour se foutre allègrement de leur gueule. Avec ce que me disaient les autres membres à propos de leur Cons, ça promettait vraiment une soirée spectaculaire. Ils étaient tous vraiment à la hauteur du personnage du film. Des vrais cons de compétition.


Le dîner a ensuite commencé. Un des cons amenés par les autres membres était un passionné de vin blanc fruité. Il avait emmené une bouteille, aromatisée à la pêche. Il y a beaucoup de gens passionnés de vin, mais généralement, ils aiment le bon vin, pas le vin blanc acheté à Lidl pour 5 euros. Bref, c’était complètement con comme passion. Pour fêter la soirée, il a servi un verre de vin à tout le monde, et semblait extrêmement excité à l'idée que les autres boivent son vin et lui en disent des nouvelles. On a tous levé notre verre, et on a bu. Enfin, tous, sauf moi. Je détestais le vin, et j'avais en horreur par dessus tout le vin blanc, aromatisé ou non. J'ai donc porté le vin à ma bouche, et j'ai fait semblant de boire. J'ai ensuite tout recraché discrètement dans le pot de fleur à coté, même si j'en avais avalé un petit peu, ce qui m'a laissé un goût affreux dans la bouche.


Le dîner s'est alors déroulé normalement, les "cons" présentant à tour de rôle leur passion, toutes aussi ridicules les unes que les autres. De notre côté, les membre du forum, on s’efforçait de ne pas rire aux éclats. Mais c’était vraiment difficile, notamment car j'avais la tête qui tournait, ce qui était bizarre car j'avais pratiquement recraché tout le vin. Je ne pouvais pas être saoul !


Quelques minutes après, j'ai vu les autres membres tomber face contre table, les uns après les autres. Je me suis alors dit que le vin devait être bien fort pour produire cet effet. Après tout, j’étais patraque, même avec la minuscule portion que j'avais bue.


Plus tard, j'ai compris que ce n’était pas le vin qui avait produit cet effet, quand un des cons s’est levé, et a annoncé :


"Je déclare le dîner de cannibales ouvert ! À table, tout le monde."


Les soi-disant cons ont alors commencé à montrer leur vrai visage. L'un deux, avec un couteau, a commencé à tailler un bout du visage d'un membre du forum, et l'a ensuite avalé tout cru. D'autres ont commencé à ouvrir le ventre des membres pour en extraire les organes, avant de les emmener vers la cuisine, qui était toute proche.
Quant à moi, qui n'étais pas complètement sous l'effet du vin, qui devait sûrement contenir un puissant sédatif, je pouvais voir mon "con", Jean-Philippe, me regarder avec envie. Il lorgnait sur moi comme un homme n'ayant pas mangé depuis plusieurs jours regarderait un bon steak saignant.
J'ai alors compris que ce forum n’était qu'un leurre, pour nous pousser à venir dans cette cave. Que la liste des "cons" n’était en fait qu'une liste de cannibale, attendant de se faire contacter par leur prochain dîner.


Dans ce dîner, les cons, c’était nous, pas eux.


Dans mon malheur, il y avait une bonne nouvelle. C'était le fait que je n'avais pas bu le vin qu'ils nous avaient proposé. Et donc, que je n'étais pas complètement drogué.
Jean-Philippe s’est saisi d'un couteau mais, avant qu'il ne l'utilise, je lui ai donné un grand coup de poing dans la mâchoire, le mettant presque K-O. Ces années de boxe m'avaient enfin été utiles. Je me suis ensuite enfui à toutes jambes, profitant du fait que les autres étaient soit en train de manger, soit en train de cuisiner des bouts de chair.


J'ai couru le plus vite possible jusqu'à apercevoir quelqu'un, qui m'a indiqué le poste de police le plus proche. Eh oui, à l'époque, je n'avais pas de portable. J'ai expliqué l'histoire aux autorités locales, et je les ai menées vers l'endroit où s’était déroulé le dîner.


Sur place, ils ont bien retrouvé les cadavres de tous les autres membres qui avaient emmené un con, la plupart taillés en pièces et à demi dévorés. Mais aucune trace des cons.
Après enquête, ils n'ont jamais pu remonter la piste des cannibales. Le forum, qui avait été fermé entre-temps, ne menait qu'à l'un d'entre eux, qui l'avait créé et l'animait seul depuis un cybercafé, où il n'avait jamais donné son vrai nom.


L'appartement de Jean-Philippe, qui ne devait pas être son vrai nom d'ailleurs, était complètement vide. Il avait squatté un appartement vide et changé les serrures, pour rendre son histoire plus vraie. Ces cannibales nous avaient vraiment roulés dans la farine.


Après cette histoire, j'ai déménagé, espérant que ces gens ne me retrouveraient pas. Moi qui voulais tant me moquer de gens pas très intelligents, j'avais finalement été piégé facilement par l'un d'entre eux. J'avais vraiment été con.


 Si un jour je me fais inviter à un dîner par l'un de mes amis, je ne serai pas surpris.


lundi 9 avril 2018

Les excroissances

Je me souviens les avoir depuis mon enfance.
Je me souviens d'avoir été incroyablement gêné à leur sujet, les cachant dans mes poches sous des livres et des sacs. Les enfants à l'école ne m'ont jamais rien dit, mais je savais qu'ils riaient derrière mon dos.


Je me souviens d'avoir demandé à mes parents de m'emmener chez le médecin, de les faire vérifier. Les excroissances sur mes mains se voyaient comme le nez au milieu de la figure, mais ils disaient juste que je j'allais bien et changeaient de sujet.
Mais je savais que c’était faux.


J'ai essayé de les enlever étant enfant, mais sans succès. Ciseaux, couteaux, éplucheurs de pommes de terre ; j'ai tout essayé, mais c’était peine perdue : la douleur stoppait net toute tentative.
Mais aujourd'hui, c'était différent. C'est incroyable à quel point on peut être engourdi avec quelques garrots et une bouteille de Jack Daniels. Au début, j'avais l'intention d'utiliser un couteau bien aiguisé, mais j'ai pensé que tenter de trancher la chair des excroissances serait trop ardu dans mon état d'ivresse. J'ai opté pour le plan B, légèrement plus moderne.
Je devais me dépêcher cependant. J'étais déjà assez étourdi et commençais à perdre connaissance. Mes mains et mes avant-bras, presque bleus par manque de circulation sanguine, ne pouvaient pas non plus attendre trop longtemps. Le vrombissement du mixeur m'a aidé à me mettre dans une sorte de transe, et de ce fait j'étais prêt à faire ce que j'avais envie de faire depuis le jour ou j'avais posé mes yeux sur ces horribles malformations.


J'ai avancé ma main gauche en premier. La sensation immédiate de lames aiguisées qui tranchaient à travers la chair était discordante, mais j'étais surpris de voir à quel point l'alcool fonctionnait bien. Je m'attendais à ce que ça fasse plus mal. Je pouvais entendre le métal tranchant barbouiller et couper, fonctionnant parfaitement comme prévu. J'ai appuyé ma main plus fort. Tous ces mauvais souvenirs, tous ces embarras, toutes ces horribles choses n'étaient plus qu'une bouillie rouge et épaisse.
Quittant ce doux sentiment d'extase, je me suis retiré avant que les lames ne touchent la jointure. J'ai souri en contemplant ma nouvelle main.


Quant aux excroissances, déjà 5 de faites. Plus que 5.

Traduction : Kamus

Source :  http://www.creepypasta.org/creepypasta/the-growths

lundi 2 avril 2018

Yakoutie #6 : De l'argent facile

Voilà la deuxième histoire. Elle se déroule vers les années 60. Un imbécile avait quitté Yakoutsk pour se rendre dans l'oulous d'Amginsky (un Russe, pas un Yakoute [NdT : en Russie, il y a plus d'une centaine d'ethnies différentes qui ont toutes sur leur passeport la nationalité russe, ici, comme souvent d'ailleurs, il s'agit donc un Russe ethnique]). De nos jours, on pourrait le désigner en tant que chômeur [NdT : rappel, sous le communisme, le chômage n'existait pas, il n'y avait par conséquent aucun mot pour ce concept !]. Il était allé à Amga chez un pote qui lui avait promis de lui trouver une place dans son kolkhoz, car il n'avait pu se faire employer en ville et avait perdu tout son argent dans des jeux de hasard. Quelqu'un l'avait transporté sur son chemin jusqu'à un certain point, puis il avait continué à pieds tout droit sur une route étroite. L'été n'était pas encore arrivé, il n'y avait pas de moustiques, il faisait bon et la lumière n'avait pas encore disparu, notre homme avait dans son sac de quoi manger et boire : en gros, tout allait bien. Il marchait tranquillement quand il a aperçu près d'une clairière un grand arbre noueux recouvert de petits papiers de différentes couleurs. Bien évidemment, il ne comprenait pas de quoi il s'agissait [NdT : car c'est un Russe et non un Yakoute]. L'arbre l'a amusé au début, puis, en regardant mieux, il s'est aperçu que sous l'arbre ainsi que dans ses branches se trouvaient des tas de pièces de monnaie et même des billets. Ni une, ni deux, il s'est emparé de la totalité (devenant ainsi propriétaire d'une coquette somme), l'a fourrée dans ses poches et a poursuivi son chemin d'humeur joyeuse. Alors que le soir approchait, il s'est installé dans une clairière dans laquelle se trouvait une maison de vacances inhabitée. Il a mis sa veste en guise de drap sur le châlit, bu sa vodka et est parti se coucher.

Il n'a cependant pas réussi à s'endormir, sentant que quelqu'un lui tirait la jambe. Il a d'abord essayé de continuer à essayer de dormir, mais on lui tirait la jambe de plus en plus fort. Il s'est alors brusquement levé et a regardé autour de lui. Pourtant, rien : seule la nuit d'été emplissait la maison ainsi que la clairière. L'homme s'est donc de nouveau allongé, et alors qu'il commençait à s'assoupir, on lui a de nouveau tiré la jambe. Cette fois, il s'est levé en jurant et est sorti de la maison en trombe pour inspecter le cercle, mais toujours personne. Notre homme était trop endormi pour ressentir la peur. Il est de nouveau retourné se coucher, changeant de position. Pendant longtemps, il n'a pas réussi à fermer l'oeil, mais au bout d'un moment, il a fini par trouver le sommeil. On lui a alors tiré la jambe si fort qu'il est tombé du châlit et a été traîné un peu plus loin sur le sol. Mais une fois de plus, lorsqu'il a ouvert les yeux, il n'y avait personne.

Toute la nuit s'est poursuivie ainsi : l'homme essayait de s'endormir, mais quelqu'un l'en empêchait. Enfin, vers le matin, après une énième fois, il a ouvert les yeux par habitude et s'est relevé, et c'est là, dans la pénombre, qu'il a vu la silhouette noire d'un homme gigantesque à la stature imposante penché sur lui et le tenant par la jambe. Ses nerfs ne l'ont pas supporté : il s'est levé d'un bond en hurlant, est sorti de la maison en courant et s'est précipité là où ses jambes le menaient. Il s'est aperçu seulement après qu'il avait oublié son sac dans le bâtiment, mais il n'a pas réussi à trouver assez de courage pour y retourner. Sa course folle s'est poursuivie toute la matinée, jusqu'à ce qu'il atteigne un village où il a frappé à la première porte et a raconté sa mésaventure. On lui a conseillé de repartir dans l'autre sens et de remettre l'argent là où il l'avait trouvé, sur l'arbre. Il s'est alors souvenu qu'il l'avait mis dans ses poches, y a fourré ses mains, mais n'y a trouvé qu'un trou : tout était tombé à travers alors qu'il s'enfuyait. Il était donc bien évidemment hors de question de revenir sur ses pas, et il a poursuivi sa route vers Amga avec quelqu'un du village.


Traduction : Magnosa