Note: La vidéo qui suit n'est qu'un fond sonore qui me paraît approprié. Vous pouvez la lancer et poursuivre la lecture, il n'y a rien de particulier à voir dessus.
Cette affaire remonte à quelques années.
Cela s'est produit quelque part dans le Nord, dans une friche industrielle. La cité au loin avait bien grandi, et on entreprenait de "réhabiliter" la zone - autrement dit, tout démolir. Entre les usines textiles, se tenait l'ancienne imprimerie d'un magazine depuis longtemps ruiné, un beau bâtiment de brique destiné à s'effondrer sous peu. Les deux experts que les promoteurs avaient envoyés pour exécuter les travaux préparatoires (entre autres, bref état des lieux et mesure de la parcelle) ne feraient que précipiter un peu la chose.
Une fois le terrain mesuré, ils se rendirent à l'intérieur afin de se faire une première idée du travail à fournir avant la démolition. La première salle, très vaste, comportait tout le matériel; on apercevait, à l'arrière, l'escalier métallique conduisant au bureau du contremaître.
Étrangement, l'ensemble de la machinerie destinée à imprimer le journal était encore en place - en mauvais état, certes, mais bien en place. Des rouleaux et rouages un peu rouillés, des consoles, des masses de papier à peine jauni. Tout semblait avoir été laissé en l'état depuis l'abandon. Des exemplaires imprimés étaient encore en place au bout de la chaîne, affichant les derniers titres avant la faillite: d'après ce qu'on pouvait encore lire sur certains d'entre eux, ils avaient plus de vingt ans.
Mais il y avait également d'autres textes encore enchâssés dans la machine, qui n'avaient pas eu le temps de sortir.
Par désœuvrement, l'un des employés fit jouer les rouages sur leurs gonds; la machine fonctionnait encore très bien. Une dizaine de grandes feuilles tomba sur le sommet de la pile.
"Je vais jeter un œil à côté, je reviens.
-Ok."
Négligeant son travail, celui qui était resté prit les feuillets et commença à les lire. L'écriture était serrée, densément répartie sur toute la page, et semblait n'avoir rien à voir avec des articles de presse. C'était un cycle répété de sentences obscures. En voici une retranscription:
Les besogneux travaillent, ils ne savent rien faire d'autre.
Les besogneux sont présents et éveillés.
Les besogneux aiment ce qu'ils font.
Les besogneux ne vivent que pour leur tâche.
Les besogneux sont courbés dans l'ombre.
Les besogneux chôment depuis bien longtemps.
Les besogneux veulent matière à travailler.
Les besogneux font feu de tout bois, pourvu que ce bois soit vivant.
Graisser les rouages d'une huile rouge.
Les besogneux travaillent, ils ne savent rien faire d'autre...
Comme l'employé achevait sa lecture, un faible râle se fit entendre dans la pièce attenante.
"Sylvain? Un problème?"
En réponse, les machines grincèrent et se mirent en marche. Des cliquetis résonnèrent dans toutes les pièces, le timbre était clair mais le fond humide... Les rouages suintaient d'un liquide sombre et gras.
Et tandis que l'employé tentait de contenir sa surprise et sa terreur, un nouveau texte venait de parvenir au bout de la chaîne d'impression.
Cette affaire remonte à quelques années.
Cela s'est produit quelque part dans le Nord, dans une friche industrielle. La cité au loin avait bien grandi, et on entreprenait de "réhabiliter" la zone - autrement dit, tout démolir. Entre les usines textiles, se tenait l'ancienne imprimerie d'un magazine depuis longtemps ruiné, un beau bâtiment de brique destiné à s'effondrer sous peu. Les deux experts que les promoteurs avaient envoyés pour exécuter les travaux préparatoires (entre autres, bref état des lieux et mesure de la parcelle) ne feraient que précipiter un peu la chose.
Une fois le terrain mesuré, ils se rendirent à l'intérieur afin de se faire une première idée du travail à fournir avant la démolition. La première salle, très vaste, comportait tout le matériel; on apercevait, à l'arrière, l'escalier métallique conduisant au bureau du contremaître.
Étrangement, l'ensemble de la machinerie destinée à imprimer le journal était encore en place - en mauvais état, certes, mais bien en place. Des rouleaux et rouages un peu rouillés, des consoles, des masses de papier à peine jauni. Tout semblait avoir été laissé en l'état depuis l'abandon. Des exemplaires imprimés étaient encore en place au bout de la chaîne, affichant les derniers titres avant la faillite: d'après ce qu'on pouvait encore lire sur certains d'entre eux, ils avaient plus de vingt ans.
Mais il y avait également d'autres textes encore enchâssés dans la machine, qui n'avaient pas eu le temps de sortir.
Par désœuvrement, l'un des employés fit jouer les rouages sur leurs gonds; la machine fonctionnait encore très bien. Une dizaine de grandes feuilles tomba sur le sommet de la pile.
"Je vais jeter un œil à côté, je reviens.
-Ok."
Négligeant son travail, celui qui était resté prit les feuillets et commença à les lire. L'écriture était serrée, densément répartie sur toute la page, et semblait n'avoir rien à voir avec des articles de presse. C'était un cycle répété de sentences obscures. En voici une retranscription:
Les besogneux travaillent, ils ne savent rien faire d'autre.
Les besogneux sont présents et éveillés.
Les besogneux aiment ce qu'ils font.
Les besogneux ne vivent que pour leur tâche.
Les besogneux sont courbés dans l'ombre.
Les besogneux chôment depuis bien longtemps.
Les besogneux veulent matière à travailler.
Les besogneux font feu de tout bois, pourvu que ce bois soit vivant.
Graisser les rouages d'une huile rouge.
Les besogneux travaillent, ils ne savent rien faire d'autre...
Comme l'employé achevait sa lecture, un faible râle se fit entendre dans la pièce attenante.
"Sylvain? Un problème?"
En réponse, les machines grincèrent et se mirent en marche. Des cliquetis résonnèrent dans toutes les pièces, le timbre était clair mais le fond humide... Les rouages suintaient d'un liquide sombre et gras.
Et tandis que l'employé tentait de contenir sa surprise et sa terreur, un nouveau texte venait de parvenir au bout de la chaîne d'impression.
Intéressante et que je crois super bien écrit ! Continue comme ça Tripoda
RépondreSupprimerIl y en a encore qui croient que c'est Tripoda qui écrit toutes les pastas? Et beh...
SupprimerIl se trouve que celle-ci est de moi. Il ne le croyait pas ou bien c'est un heureux hasard...
SupprimerIl suffit d'être sur le forum et de l'avoir lue Madness Angel...
RépondreSupprimerCette histoire me fait un peu penser à une nouvelle de Stephen King "La Presseuse".
RépondreSupprimerJ'ai pas compris
RépondreSupprimerEst-ce qu'il faut toujours tout vous servir sur un plateau? Je vous signale que sur ce site on vous prend pas systématiquement pour des débiles, alors faites-y honneur, nom de Zeus!
Supprimer...désolé, je prends mon sympatox.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerAnis Amy Laamry, tu le fait exprès? Rassure-moi, car sinon ton QI est une creepypasta a lui tout seul.
Supprimerces normal que pile quand j ai fini de lire l histoire la musique s arrete
RépondreSupprimerflippante la fille à la fin de la vidéo :§
RépondreSupprimerLa fin m'a donné envie de partir en courant et ça me donne encore moins envie de retourner au travail lundi matin mdr !
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