À cause de votre décision, ma vie paisible a basculé et une partie de moi est morte. L’avenir est sombre, et toute la faute revient à votre verdict. Je ne suis vraiment pas d’accord avec vos principes, et je tiens à s'exprimer à ce sujet.
Pour que vous compreniez mieux la situation, il nous faut remonter dans le temps. Il y a quatre ans de cela, plus exactement.
Je venais de perdre ma femme tragiquement. Je ne souhaite pas rentrer dans les détails, son tueur a été mis en prison à perpétuité, comme vous le savez, et je dois faire en sorte de vivre le plus longtemps possible pour aller cracher sur sa tombe.
Habitant dans une région de la campagne française profonde, côtoyer des gens était une chose assez rare pour moi, et le fait que je vivais complètement seul à m’occuper de la ferme que mon père m’a laissé n’a pas aidé à arranger les choses. Je subvenais plus ou moins à mes besoins, et je n’avais que très peu de dépendance avec le monde extérieur, ce n’est pas que je n’aimais pas le contact humain, c’est juste que je préférais rester dans ma bulle.
Les jours passaient et ce sentiment de solitude ne faisait que s’amplifier. Le manque de bruit est certainement l’une des choses que je supportais le moins, et j’étais arrivé à un stade ou un changement était nécessaire, ne serait-ce que pour ne pas perdre la boule.
Je m’accordais une sortie de temps en temps dans un grand parc entre la ville la plus proche et ma ferme. Le parc était très loin de chez moi, mais la longue escapade en voiture me faisait beaucoup de bien. Bien que j’avais perdu ma femme, je ne ressentais pas de haine ou d’envie lorsque j’observais des familles prendre du bon temps lors de piques-niques. Ils avaient droit au bonheur, mais j’avais droit au mien également, le seul que j’avais eu ayant été retiré de la manière la plus abjecte et cruelle qui existe.
C’était un dimanche. Le ciel était d’un bleu hypnotisant et le soleil brillait de mille feux. Comme à mon habitude, je lisais un bouquin sur mon banc favori, près de l’aire de jeux.
Plusieurs heures plus tard, j’ai été sorti d’une sieste inopinée sur mon banc favoris, le livre à la main et la bave coulante. Il m’arrivait de m’endormir quand la douceur de la nuit envahissait le parc. C'était une sorte de frottement sur ma jambe.
Et c’est là que j’ai compris que ma vie allait changer du jour au lendemain.
Il avait l’air penaud, et il restait figé là, à me regarder comme s’il attendait quelque chose de moi.
Je lui ai demandé s’il était seul, et il ne m’a pas répondu. Rien sur lui ne me donnait d'indications sur son nom ou son adresse, et le parking du parc n'avait pour occupant que ma vieille Peugeot 205.
Ce qui m’a d’abord traversé l’esprit était la pensée saine et logique d'appeler les autorités pour signaler l’incident, mais c’est la seconde pensée qui remporta la partie. En sortant mon téléphone de ma poche, le reflet de mon visage sur l’écran encore éteint a été un électrochoc. La solitude m’avait rongé, les cernes sous mes yeux me répugnaient et la tristesse de mon propre regard me donnait presque des nausées.
Et je me suis rappelé de Sébastien. Sébastien habitait à une dizaine de kilomètres de chez moi et me rendait visite de temps en temps. Il était bien plus âgé que moi et m’avait expliqué qu’il avait réussi à combattre la solitude avec un chat errant qu’il avait adopté. Il n’a jamais été marié, et lorsqu’il s’est rendu compte, trop tard, qu’il ne le sera jamais, ce chat errant trouvé dans les bois, selon ses dires, a été sa bouée de sauvetage, et ce jusqu’à sa mort, l’année dernière. Je ne sais pas ce qui est arrivé au chat.
J’ai alors compris que j’avais trouvé ma propre bouée de sauvetage.
J’ai remis mon téléphone dans ma poche, et j’ai caressé la tête de mon nouveau compagnon, que je décidais d'appeler Sébastien. Je lui ai donné ce nom sur un coup de tête, mais Sébastien était le choix le plus logique pour moi à ce moment-là.
Les yeux tristes et le manque d’énergie de Sébastien, qui avait dû être abandonné par des personnes irresponsables, ne me faisaient pas éprouver de pitié, mais étaient plutôt une bouffée d’espoir. L’espoir d’avoir un compagnon pour égayer mes journées d’un ennui morbide.
Dès lors que j’ai ramené Sébastien à la maison, j’ai commencé à m’occuper de lui du mieux que je pouvais. J’étais très attentionné au début, et je faisais en sorte qu’il se sente à l’aise dans la ferme.
Au début, comme il essayait régulièrement de s’échapper, j'ai aménagé un chenil avec une niche, dans la cour, le genre de niche qui fait penser à celle de Snoopy. Le chenil était grillagé et j’avais mis une chaîne autour de son cou pour qu’il évite de creuser un trou et s’enfuir. Il pouvait s’abriter quand il pleuvait, se mettre plus ou moins au chaud quand il faisait froid. L’été, je faisais en sorte qu’il ne manque pas trop d’eau.
Cependant, plus les jours passaient et plus je me lassais de sa compagnie.
Il passait beaucoup de temps à aboyer, et malgré les nombreux coups de bâton qu’il a reçus, la situation ne s'améliorait pas. Pour le punir de son mauvais comportement, je le privais d’eau pendant plusieurs jours l’été. Pour lui faire comprendre qu’il devait bien se tenir, je lui ai retiré sa niche l’hiver et lui remettait une fois qu’il était calmé, ou bien trop gelé et fatigué pour continuer à grogner comme il le faisait si souvent.
J’en arrivais à sourire de plaisir quand je voyais Sébastien chercher la moindre croquette dans son chenil. Mon agacement commençait à grandir, et je trouvais un certain plaisir à le voir souffrir.
Je lui accordais des sorties dans une forêt non loin de chez moi de temps en temps, et malgré tout, il aimait jouer. Cela a pris du temps, mais au bout de quelques semaines, il réussissait à ramener la balle que je lançais, guidé par le plaisir de recevoir un bout de viande crû ou une croquette comme récompense.
Ce que je ne savais pas, c’est que dans cette même forêt se trouvait maintenant un nouveau sentier, très adapté à des randonnées tranquilles, appréciées par les quelques citadins qui venaient se ressourcer dans la campagne de temps en temps.
Marcher sur ce sentier a été une erreur fatale.
Sébastien n’était pas habitué à voir des gens depuis 4 ans, depuis que je l’avais ramassé dans le parc. J’ai passé des mois entiers à essayer de l’apprivoiser et de l'éduquer, mais je n'avais pas vraiment réfléchi à comment m’occuper de lui en public.
La seule chose que je savais, c’est que sa muselière était indispensable. Sébastien aboyait fréquemment, ce qui m'empêchait de dormir, et il aimait mordre, ce qu’il a déjà fait à plusieurs reprises dans le passé. J’en ai encore quelques cicatrices. Et je pense lui avoir cassé quelques os en retour, à force de lui donner des coups de pieds dans les côtes en guise de punition.
J’avais donc pris pour habitude de lui mettre sa muselière durant les balades en forêt, et je me suis dit que cela ne poserait pas de problèmes si l’on devait tomber sur quelqu’un.
Comme je vous l’ai expliqué pendant ma séance au tribunal, ce n’est pas ma faute, ni celle de Sébastien, si cette touriste parisienne est morte suite aux blessures qu’il lui a infligées
J’ai répété à la femme, à plusieurs reprises, de ne pas enlever la muselière de Sébastien, mais elle n’a rien voulu écouter.
Elle a tellement crié à la vue de mon compagnon, pour je ne sais quelle raison, qu’elle n’a rien voulu ou pu entendre.
S’il lui a arraché la moitié de la gorge lorsqu’elle lui a enlevé la muselière, c’était par pure défense, il avait une muselière pour une raison.
Tout en regardant la touriste parisienne se vider de son sang devant moi dans le sentier, j’étais surpris de voir à quel point le peu de dents qui restaient à Sébastien était assez affûtées pour complètement arracher la peau, la chair et atteindre les os. Si j’avais su qu’il pouvait faire autant de dégâts, j’aurais pris plus de précautions.
Mais ni la police, ni les jurés, ni vous-même n’ont voulu admettre que Sébastien n'a fait que se défendre.
Il paraît que ses parents, les irresponsables qui l’avaient lâchement oublié dans le parc, il y a 4 ans de cela, vont s’occuper de lui maintenant.
J’ai perdu la garde de mon fils, un jeune garçon de 8 ans dont je me suis occupé du mieux que j'ai pu pendant quatre ans, et je ne suis pas du tout d’accord avec cette décision.
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Je pense que la chute se comprend assez rapidement, ce qui ruine un peu la lecture. De plus, il n'y avait aucune raison pour qu'une personne s'offusque d'un chien muselé.
RépondreSupprimerCrois-moi si, il y a des gens qui te regardent mal et s'offusque si ton chien est muselé
Supprimer> il y a des gens qui te regardent mal et s'offusquent si ton chien est muselé
SupprimerLe top de la débilité, étant donné que a) c'est obligatoire de museler certaines catégories de chiens (1 et 2) et b) si un proprio musèle son chien, c'est généralement qu'il a de bonnes raisons et parce qu'il se soucie de la sécurité des autres...
« Oh mon Dieu, quel sale type, il se soucie des enfants qui pourraient se faire mordre » mdr
Je touche du bois, j'ai jamais croisé de cas pareils, mais dans un sens, ça ne m'étonne pas qu'ils existent, vu que notre société devient Idiocracy en vrai, avec une inversion totale du bon sens et des valeurs
Bonjour !
Supprimer"De plus, il n'y avait aucune raison pour qu'une personne s'offusque d'un chien muselé."
La touriste s'est offusquée parce que c'était un garçon qui était muselé, j'avoue ne pas comprendre cette remarque, ou je dois passer à côté... 👻 (si c'est le cas désolé !)