Quelque chose a bouleversé ma vie il y a peu.
J'étais un habitué des sites qui nécessitaient une webcam, tels que Chatroulette, ou encore son acolyte français Bazoocam. Mettre un visage sur le hasard en un clic me réjouissait, j'en devenais accro. Je trouvais le concept de ces sites très intéressant, et par conséquent ils ornaient ma barre de favoris. Chaque jour, je rencontrais mon lot de personnes sans intérêt, de pervers frustrés, des appendices en érection de ces derniers, mais aussi de vrais correspondants, de gens loquaces, curieux de tout, venant de nombreux pays dont j'oubliais les noms. L'anglais était de mise pour communiquer à chaque fois. Je pouvais m'estimer heureux de parler cette langue de façon simple et fluide. Malheureusement, lorsque je tombais enfin sur un interlocuteur dont le but n'était pas de s'exhiber, celui-ci avait souvent l'habitude de presser le bouton Next. Le dialogue se raréfiait donc. Cependant, quand il avait lieu, il était toujours profond et passionnant. La personne qui a provoqué mon choc actuel est une de celles qui semblaient intéressantes. Je ne sus jamais son nom, mais le pseudo affublé à tous les internautes rencontrés sur le site, "Stranger", me devint peu à peu familier. C'était un jeune homme. Banal. Le type que vous rencontrez dans la rue. Une personne moyenne, ayant l'air équilibré, qui ne se démarquait par aucune qualité ou défaut. Comment décrire quelqu'un sans qualificatif particulier ? Cheveux bruns... Comme beaucoup d'individus. Estimation : Environ 20 ans. Peut-être 25. 30 ? Son âge devait sûrement osciller dans cette fourchette. L'image animée que renvoyait sa caméra sur mon écran m'inspira tout d'un coup une confiance certaine, malgré l'aspect trop "normal" du garçon aux premiers abords.
Voici la conversation que j'eus avec Stranger, car nous l'appellerons ainsi par la suite, traduite en français. Il me parla en premier.
"-Bonjour ! :)
-Bonjour ! Content de tomber enfin sur une personne qui ne s'exhibe pas et qui ne me "nexte" pas ! Sans compter tous les fakes !
-Pareil ! Je suis uniquement là pour faire des rencontres et parler. Mais c'est dur sur ce site. :)
Ça fait des jours que je cherche une personne comme toi."
Un rictus s'inscrit sur la face du jeune homme, qui me mit instantanément mal à l'aise.
"- Et tu aimes quoi dans la vie ?", continuai-je.
-Te parler.
-Pour un parleur, tu n'es pour l'instant pas très bavard, haha !
- Ca va venir !
- J'espère que oui, avant que j'appuie sur "Next" ! :)
Lui qui avait mis longtemps pour écrire quelques lettres auparavant, il écrivit en très peu de temps la phrase suivante. Je le voyais s'agiter derrière son ordinateur.
"- Je te l'interdis. Si ce site en a décidé ainsi, nous étions faits pour nous rencontrer.
- Cliquer sur "Next" est mon droit. Je le fais si j'en ai envie. :)
- Non. J'ai mis trop longtemps à te chercher.
- Me chercher ?! On se connaît pas hein.
- Toutes ces personnes rencontrées pour que j'arrive à toi... Je ne te laisserai pas t'échapper !"
Son petit jeu commençait sérieusement à m'exaspérer. Son air impassible se transformait lentement en énervement. Pourtant, il m'envoya un smiley, qui eut l'air d'adoucir ses paroles précédentes. "Il blaguait sûrement en réalité. Il doit faire ça à tout le monde.", pensai-je.
"- Et si j'appuie sur "Next", il se passe quoi ? haha
- Essaie."
Je cliquai sans lui dire au revoir.
Il ne se passa rien de spécial. Je décidai de masquer ma webcam mais de rester sur le site. Tout paraissait normal. Du moins, avant de rencontrer la personne suivante, tout aussi banale que Stranger. Elle lui ressemblait. Cheveux bruns. 20, 25, 30 ans ? Ou pas. J'avais déjà oublié le visage de Stranger. Je pouvais donc assimiler son physique à n'importe qui. J'engageai la conversation :
"- Salut ! :)
- Re-bonjour ! :)
- ?? Re ?
- Oui ! :)
- OK...
- Très joli T-shirt !"
Puis next. J'avoue que je ne compris pas tout de suite. Comment pouvait-il me voir ? Était-ce une blague qu'il faisait à tous les interlocuteurs sans webcam qu'il rencontrait pour qu'ils paniquent ? Et puis, Stranger me parlait-il à nouveau ? Pourquoi "re-bonjour" ? Après coup, je compris que cette conversation était en réalité un avertissement.
Cela ne m'empêcha pas de dormir sur mes deux oreilles la nuit qui suivit. Avec l'ordinateur allumé à côté de moi.
Sans oublier le voyant bleu qui indiquait le fonctionnement de ma caméra. Celui-ci s'éclaira en pleine nuit.
Une semaine après la conversation, je reçus dans ma boîte aux lettres une clé USB étiquetée "CHATROULETTE BOY". Je restai figé devant ce cadeau, que je pensais logiquement de Stranger. Il s'était débrouillé pour trouver où j'habitais. Je savais que la ville où l'on se trouvait s'affichait sur Chatroulette, avec une marge d'erreur plus ou moins forte. Mais il avait réussi à venir jusque dans MA rue, et à trouver MA boîte aux lettres. J'imaginais qu'avec l'IP, ou autres moyens modernes et techniques, il était possible de détecter la position exacte d'une personne. Cela faisait assez peur.
J'insérai la clé dans mon ordinateur. Un fichier s'y trouvait : "goodnight.wmv". Je le sélectionnai avec appréhension. Ce que je vis me surprit : on me voyait dormir, illuminé par la lueur bleutée de mon ordinateur dans la nuit noire. Horrifié, je regardai la machine qui me parut soudain monstrueuse.
Quelques fois, je surfais sur le web, et je voyais ma webcam s'activer sans mon accord. Je frissonnais alors. Il m'observait. Il prenait sûrement des captures d'écran de moi.
Lorsque l'on se connecte sur Chatroulette, une mini-fenêtre s'ouvre, demandant d'autoriser ou de refuser l'accès à la webcam. Avec bien précisé en petit que certaines personnes peuvent avoir nos informations personnelles et activer le micro et la caméra par la suite. J'aurais dû être plus prudent.
Bien sûr, j'essayais de masquer la webcam avec un foulard, une veste, un drap. Ou même de la débrancher carrément. Résultat : Stranger s'énervait. Il trouva mon e-mail. J'avais laissé beaucoup d'informations sur moi sur Internet. Rien qu'en cherchant mon surnom, ou encore les pseudos que j'utilisais le plus, sur Yasni.fr, chacun pouvait tomber sur mon nom, mon prénom, ma ville et mon courriel. Je m'en voulus. J'avais tendu une perche énorme à Stranger.
Il se mit à m'envoyer des captures d'écran, des vidéos de moi pour me prouver qu'il avait continué à m'observer. Tout cela sans jamais me montrer sa propre adresse mail, car il utilisait un site qui envoyait automatiquement des messages. Je ne pouvais donc pas retracer le parcours de ce mail pour en savoir plus sur lui.
Je décidai de me couper du web durant un moment. Ce que j'avais vécu me servirait de leçon. Je n'en avais parlé à personne, tellement cela me paraissait ridicule. Être harcelé sans véritable raison par une personne rencontrée sur Chatroulette, parce que j'avais cliqué sur "Next"... C'était risible. J'avais honte de ce qui m'arrivait.
Stranger remarqua ma déconnexion permanente. J'oubliais qu'il savait où j'habitais.
J'eus la bonne surprise de recevoir des captures d'écran de moi dans ma boîte aux lettres, imprimées en grand format sur papier photo. Il n'y avait aucune adresse inscrite de l'expéditeur. Stranger rôdait peut-être près de chez moi. C'était logique : la clé USB trouvée la première fois n'était pas venue par la poste, sans colis ou enveloppe. Je sortis de moins en moins de la maison, et à plus forte raison de ma chambre. Chambre où trônait sur le bureau, éteint, l'ordinateur qui m'avait tant causé de problèmes.
Puis je partis chez mes grands-parents toutes les vacances. L'accès à toute source Internet y était impossible. Je m'y ressourçai.
Ce repos fut de courte durée. Lorsque je rentrai chez moi, des tonnes de photos de moi, prises devant mon ordinateur avant que je parte en vacances, m'attendaient dans ma boîte aux lettres.
Je voulus porter plainte pour harcèlement moral, mais de toute façon il n'y avait pas assez de preuves, et aucun mobile. À l'époque, je pensais qu'il était évident que Stranger avait sombré dans la folie pour s'en prendre à une personne sans raison, qu'il ne connaissait pas d'ailleurs. Les gendarmes m'auraient sûrement ri au nez si j'étais allé déposer ma plainte.
Je me sentais impuissant face à cet inconnu qui me connaissait si bien.
Avant, Stranger était partout. Il pouvait être tout le monde, il pouvait être personne. C'était chaque individu extérieur, c'était chaque ennemi intérieur. C'était un étranger qui avait conquis le pays qu'était ma bulle. Tellement présent dans ma vie, mais si absent quand je voulais de lui. Mon ancien moi aurait aimé lui reparler et comprendre.
Je parcourus Chatroulette à sa recherche, en vain, et je rencontrai des personnes banales, aussi normales que moi, à qui j'aurais pu m'en prendre comme Stranger l'avait fait. À présent, je débute des conversations, je récolte des adresses IP, je trace des gens, car j'ai énormément progressé en connaissances informatiques. Lorsque je me suis senti agressé par Stranger, j'ai cherché comment il avait réussi à débusquer toutes ces informations sur moi. Je m'en sers à présent pour faire de même à d'autres. Je trouve villes, e-mails, noms, prénoms, emplacement exact, parfois même numéro de téléphone. J'use des techniques de harcèlement que j'ai connues avec Stranger. J'arrive même à pirater les webcams maintenant. Stranger ne m'est plus étranger. Si je le recroise un jour, je lui dirai que l'on est tous le Stranger de quelqu'un. Il a été le mien, je serai celui d'une autre personne. Il a senti ma détermination à faire le mal, il a donc arrêté de me harceler. Je tire de cette aventure un certain enseignement.
Vous pourrez très facilement me reconnaître si vous allez sur Chatroulette. Vous me donnerez n'importe quel âge, vous ne trouverez pas que j'ai un physique qui sort de l'ordinaire. J'inspire de la confiance à mes interlocuteurs par ma banalité. On s'imagine toujours les fous, les assassins comme pouvant être reconnus par une certaine monstruosité, alors que la plupart se fondent très souvent dans la masse. Je ne me considère bien sûr pas comme déséquilibré, mais vous ne pouvez pas vous imaginer ce que la face des personnes que vous croisez dans la rue, de votre voisin, des membres de votre famille éloignée que vous ne connaissez très peu, peut cacher. Je ressemble à tout le monde mais je ne suis pas n'importe qui. Mes conversations sont normales, mes actions immorales.
J'ai peut-être progressé en informatique, mais je n'use pas de mes multiples talents pour un quidam sans intérêt. Le mieux serait un quidam AVEC intérêt. Je ne veux pas de personnalités extravagantes. Je veux de la simplicité. Une victime qui agirait de façon basique, facile à deviner, mais différente quand même. J'ai besoin de torture psychologique, d'inverser les rôles. Tous ces gens que j'ai déjà harcelés n'étaient qu'un entraînement. Je cherche la bonne personne, pour sortir le grand jeu, que j'élirai comme je fus élu par Stranger. Vous ? Gare à vous si vous me "nextez", car je reviendrai d'une façon ou d'une autre.
J'étais un habitué des sites qui nécessitaient une webcam, tels que Chatroulette, ou encore son acolyte français Bazoocam. Mettre un visage sur le hasard en un clic me réjouissait, j'en devenais accro. Je trouvais le concept de ces sites très intéressant, et par conséquent ils ornaient ma barre de favoris. Chaque jour, je rencontrais mon lot de personnes sans intérêt, de pervers frustrés, des appendices en érection de ces derniers, mais aussi de vrais correspondants, de gens loquaces, curieux de tout, venant de nombreux pays dont j'oubliais les noms. L'anglais était de mise pour communiquer à chaque fois. Je pouvais m'estimer heureux de parler cette langue de façon simple et fluide. Malheureusement, lorsque je tombais enfin sur un interlocuteur dont le but n'était pas de s'exhiber, celui-ci avait souvent l'habitude de presser le bouton Next. Le dialogue se raréfiait donc. Cependant, quand il avait lieu, il était toujours profond et passionnant. La personne qui a provoqué mon choc actuel est une de celles qui semblaient intéressantes. Je ne sus jamais son nom, mais le pseudo affublé à tous les internautes rencontrés sur le site, "Stranger", me devint peu à peu familier. C'était un jeune homme. Banal. Le type que vous rencontrez dans la rue. Une personne moyenne, ayant l'air équilibré, qui ne se démarquait par aucune qualité ou défaut. Comment décrire quelqu'un sans qualificatif particulier ? Cheveux bruns... Comme beaucoup d'individus. Estimation : Environ 20 ans. Peut-être 25. 30 ? Son âge devait sûrement osciller dans cette fourchette. L'image animée que renvoyait sa caméra sur mon écran m'inspira tout d'un coup une confiance certaine, malgré l'aspect trop "normal" du garçon aux premiers abords.
Voici la conversation que j'eus avec Stranger, car nous l'appellerons ainsi par la suite, traduite en français. Il me parla en premier.
"-Bonjour ! :)
-Bonjour ! Content de tomber enfin sur une personne qui ne s'exhibe pas et qui ne me "nexte" pas ! Sans compter tous les fakes !
-Pareil ! Je suis uniquement là pour faire des rencontres et parler. Mais c'est dur sur ce site. :)
Ça fait des jours que je cherche une personne comme toi."
Un rictus s'inscrit sur la face du jeune homme, qui me mit instantanément mal à l'aise.
"- Et tu aimes quoi dans la vie ?", continuai-je.
-Te parler.
-Pour un parleur, tu n'es pour l'instant pas très bavard, haha !
- Ca va venir !
- J'espère que oui, avant que j'appuie sur "Next" ! :)
Lui qui avait mis longtemps pour écrire quelques lettres auparavant, il écrivit en très peu de temps la phrase suivante. Je le voyais s'agiter derrière son ordinateur.
"- Je te l'interdis. Si ce site en a décidé ainsi, nous étions faits pour nous rencontrer.
- Cliquer sur "Next" est mon droit. Je le fais si j'en ai envie. :)
- Non. J'ai mis trop longtemps à te chercher.
- Me chercher ?! On se connaît pas hein.
- Toutes ces personnes rencontrées pour que j'arrive à toi... Je ne te laisserai pas t'échapper !"
Son petit jeu commençait sérieusement à m'exaspérer. Son air impassible se transformait lentement en énervement. Pourtant, il m'envoya un smiley, qui eut l'air d'adoucir ses paroles précédentes. "Il blaguait sûrement en réalité. Il doit faire ça à tout le monde.", pensai-je.
"- Et si j'appuie sur "Next", il se passe quoi ? haha
- Essaie."
Je cliquai sans lui dire au revoir.
Il ne se passa rien de spécial. Je décidai de masquer ma webcam mais de rester sur le site. Tout paraissait normal. Du moins, avant de rencontrer la personne suivante, tout aussi banale que Stranger. Elle lui ressemblait. Cheveux bruns. 20, 25, 30 ans ? Ou pas. J'avais déjà oublié le visage de Stranger. Je pouvais donc assimiler son physique à n'importe qui. J'engageai la conversation :
"- Salut ! :)
- Re-bonjour ! :)
- ?? Re ?
- Oui ! :)
- OK...
- Très joli T-shirt !"
Puis next. J'avoue que je ne compris pas tout de suite. Comment pouvait-il me voir ? Était-ce une blague qu'il faisait à tous les interlocuteurs sans webcam qu'il rencontrait pour qu'ils paniquent ? Et puis, Stranger me parlait-il à nouveau ? Pourquoi "re-bonjour" ? Après coup, je compris que cette conversation était en réalité un avertissement.
Cela ne m'empêcha pas de dormir sur mes deux oreilles la nuit qui suivit. Avec l'ordinateur allumé à côté de moi.
Sans oublier le voyant bleu qui indiquait le fonctionnement de ma caméra. Celui-ci s'éclaira en pleine nuit.
Une semaine après la conversation, je reçus dans ma boîte aux lettres une clé USB étiquetée "CHATROULETTE BOY". Je restai figé devant ce cadeau, que je pensais logiquement de Stranger. Il s'était débrouillé pour trouver où j'habitais. Je savais que la ville où l'on se trouvait s'affichait sur Chatroulette, avec une marge d'erreur plus ou moins forte. Mais il avait réussi à venir jusque dans MA rue, et à trouver MA boîte aux lettres. J'imaginais qu'avec l'IP, ou autres moyens modernes et techniques, il était possible de détecter la position exacte d'une personne. Cela faisait assez peur.
J'insérai la clé dans mon ordinateur. Un fichier s'y trouvait : "goodnight.wmv". Je le sélectionnai avec appréhension. Ce que je vis me surprit : on me voyait dormir, illuminé par la lueur bleutée de mon ordinateur dans la nuit noire. Horrifié, je regardai la machine qui me parut soudain monstrueuse.
Quelques fois, je surfais sur le web, et je voyais ma webcam s'activer sans mon accord. Je frissonnais alors. Il m'observait. Il prenait sûrement des captures d'écran de moi.
Lorsque l'on se connecte sur Chatroulette, une mini-fenêtre s'ouvre, demandant d'autoriser ou de refuser l'accès à la webcam. Avec bien précisé en petit que certaines personnes peuvent avoir nos informations personnelles et activer le micro et la caméra par la suite. J'aurais dû être plus prudent.
Bien sûr, j'essayais de masquer la webcam avec un foulard, une veste, un drap. Ou même de la débrancher carrément. Résultat : Stranger s'énervait. Il trouva mon e-mail. J'avais laissé beaucoup d'informations sur moi sur Internet. Rien qu'en cherchant mon surnom, ou encore les pseudos que j'utilisais le plus, sur Yasni.fr, chacun pouvait tomber sur mon nom, mon prénom, ma ville et mon courriel. Je m'en voulus. J'avais tendu une perche énorme à Stranger.
Il se mit à m'envoyer des captures d'écran, des vidéos de moi pour me prouver qu'il avait continué à m'observer. Tout cela sans jamais me montrer sa propre adresse mail, car il utilisait un site qui envoyait automatiquement des messages. Je ne pouvais donc pas retracer le parcours de ce mail pour en savoir plus sur lui.
Je décidai de me couper du web durant un moment. Ce que j'avais vécu me servirait de leçon. Je n'en avais parlé à personne, tellement cela me paraissait ridicule. Être harcelé sans véritable raison par une personne rencontrée sur Chatroulette, parce que j'avais cliqué sur "Next"... C'était risible. J'avais honte de ce qui m'arrivait.
Stranger remarqua ma déconnexion permanente. J'oubliais qu'il savait où j'habitais.
J'eus la bonne surprise de recevoir des captures d'écran de moi dans ma boîte aux lettres, imprimées en grand format sur papier photo. Il n'y avait aucune adresse inscrite de l'expéditeur. Stranger rôdait peut-être près de chez moi. C'était logique : la clé USB trouvée la première fois n'était pas venue par la poste, sans colis ou enveloppe. Je sortis de moins en moins de la maison, et à plus forte raison de ma chambre. Chambre où trônait sur le bureau, éteint, l'ordinateur qui m'avait tant causé de problèmes.
Puis je partis chez mes grands-parents toutes les vacances. L'accès à toute source Internet y était impossible. Je m'y ressourçai.
Ce repos fut de courte durée. Lorsque je rentrai chez moi, des tonnes de photos de moi, prises devant mon ordinateur avant que je parte en vacances, m'attendaient dans ma boîte aux lettres.
Je voulus porter plainte pour harcèlement moral, mais de toute façon il n'y avait pas assez de preuves, et aucun mobile. À l'époque, je pensais qu'il était évident que Stranger avait sombré dans la folie pour s'en prendre à une personne sans raison, qu'il ne connaissait pas d'ailleurs. Les gendarmes m'auraient sûrement ri au nez si j'étais allé déposer ma plainte.
Je me sentais impuissant face à cet inconnu qui me connaissait si bien.
Avant, Stranger était partout. Il pouvait être tout le monde, il pouvait être personne. C'était chaque individu extérieur, c'était chaque ennemi intérieur. C'était un étranger qui avait conquis le pays qu'était ma bulle. Tellement présent dans ma vie, mais si absent quand je voulais de lui. Mon ancien moi aurait aimé lui reparler et comprendre.
Je parcourus Chatroulette à sa recherche, en vain, et je rencontrai des personnes banales, aussi normales que moi, à qui j'aurais pu m'en prendre comme Stranger l'avait fait. À présent, je débute des conversations, je récolte des adresses IP, je trace des gens, car j'ai énormément progressé en connaissances informatiques. Lorsque je me suis senti agressé par Stranger, j'ai cherché comment il avait réussi à débusquer toutes ces informations sur moi. Je m'en sers à présent pour faire de même à d'autres. Je trouve villes, e-mails, noms, prénoms, emplacement exact, parfois même numéro de téléphone. J'use des techniques de harcèlement que j'ai connues avec Stranger. J'arrive même à pirater les webcams maintenant. Stranger ne m'est plus étranger. Si je le recroise un jour, je lui dirai que l'on est tous le Stranger de quelqu'un. Il a été le mien, je serai celui d'une autre personne. Il a senti ma détermination à faire le mal, il a donc arrêté de me harceler. Je tire de cette aventure un certain enseignement.
Vous pourrez très facilement me reconnaître si vous allez sur Chatroulette. Vous me donnerez n'importe quel âge, vous ne trouverez pas que j'ai un physique qui sort de l'ordinaire. J'inspire de la confiance à mes interlocuteurs par ma banalité. On s'imagine toujours les fous, les assassins comme pouvant être reconnus par une certaine monstruosité, alors que la plupart se fondent très souvent dans la masse. Je ne me considère bien sûr pas comme déséquilibré, mais vous ne pouvez pas vous imaginer ce que la face des personnes que vous croisez dans la rue, de votre voisin, des membres de votre famille éloignée que vous ne connaissez très peu, peut cacher. Je ressemble à tout le monde mais je ne suis pas n'importe qui. Mes conversations sont normales, mes actions immorales.
J'ai peut-être progressé en informatique, mais je n'use pas de mes multiples talents pour un quidam sans intérêt. Le mieux serait un quidam AVEC intérêt. Je ne veux pas de personnalités extravagantes. Je veux de la simplicité. Une victime qui agirait de façon basique, facile à deviner, mais différente quand même. J'ai besoin de torture psychologique, d'inverser les rôles. Tous ces gens que j'ai déjà harcelés n'étaient qu'un entraînement. Je cherche la bonne personne, pour sortir le grand jeu, que j'élirai comme je fus élu par Stranger. Vous ? Gare à vous si vous me "nextez", car je reviendrai d'une façon ou d'une autre.
Un grand classique par une vieille cariatide de la creepypasta francophone. Volé sur Bribes Perdues. Article original ici.
Stup'Horror, notre chaîne partenaire, a réalisé une vidéo où est contée cette histoire. Vous pouvez la retrouver via ce lien !
Vous l'aviez déjà postée ^^
RépondreSupprimerC'est curieux, j'ai pourtant pas réussi à remettre la main dessus, si ce n'est sur BP... Elle aurait été retirée? Bah, tu vois, ça m'étonnerait pas! Sinon, je veux bien le lien du premier article, juste en guise de preuve. J'ai l'impression que Google me ment...
RépondreSupprimerJe l'ai cherchée aussi sur le site, mais je la trouve plus, mais je suis sûr de l'avoir vue ici, mais bon, ça fait toujours plaisir de la relire :)
SupprimerJ'ai également la forte impression de l'avoir déjà vue avant d'aller sur le forum, et c'était pas sur BP, pour sûr.
Supprimerça change des pasta qu'on a l'habitude de voir, je l'ai trouvée très intéressante !
RépondreSupprimerslt j'adore cette creepypasta et toute les autre d'ailleur c trop bien ^_^ mais on fait comment pour voir les creepypasta inacheve sur le forum ? parce que jaimerai bien les voir
RépondreSupprimerIl faut pour cela être inscrit sur le forum, ainsi qu'être activé par un administrateur.
SupprimerAlexray_
J'avoue ne pas avoir absolument tout compris.. En gros, une personne s'est faite harceler sur un site (où on utilise les webcam et tout ça), par ce "stranger". Lui envoyant des photos compromettante et vidéo; pour au final il "abandonne" sont harcèlement sous prétexte que sa victime le "copie" (a priori c'est la malhonnête qui l'a repoussé) ?
RépondreSupprimerL'idée de la creepypasta est plutôt pas mal, mais pour quelqu'un qui cherche à créer du stresse et des angoisse chez autrui, "fuir" parce que ça victime utilise ses mêmes techniques de manière malhonnête, ça n'a pas trop de sens....
(Je veux dire, le faisait-il pas avant, pourquoi il prend peur quand c'est quelqu'un d'autre qui fait pareil que lui..)
Mah, en tout cas, ça reste une bonne creepypasta, bien travaillé !! 6,5\10