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samedi 29 août 2015

La légende de Weircreek

Un utilisateur canadien de 4chan, DreadFall, aurait rapporté quelques vidéos de la chaîne "LostInaCave", en juin 2008, sur la chaine youtube Creepypasta archives.
Les faits seraient liés à une légende urbaine au sujet d'une ville fantôme, Weircreek, située dans l'état du Mississipi près de New Albany, où auraient eu lieu des évènements lié à une secte, vers 1984; je n'avais jamais entendu parler de cela avant. 





L'auteur ne semble pas donner beaucoup d'informations.



 

J'ai traduit ses propos : 

 « J'ai trouvé ce texte qui parle de la secte de Weircreek :

"Jeudi 5 juin 1984
Un jeune garçon venait de découvrir le corps à l'intérieur, le temps était donc venu pour lui d'envoyer au shérif les informations qu'il lui avait demandées. Mais avant cela et puisqu'il suivrait le chemin de Dieu, il avait un souhait. Il s'agissait de brûler les maisons, et de n'en rien laisser. Ils allaient entrer dans un monde paisible, tandis que la ville reposerait en enfer.
Quelque peu étrange à première vue, mais cela permet clairement de justifier le fait que personne n'ait pu trouver la ville de Weircreek. Je ne remettrai plus jamais les pieds dans cette forêt. J'ai vu des hommes-chiens en file indienne qui grognaient comme des fous." »



L'image fournie avec le thread, sûrement une des maisons qu'il voulait détruire :




Beaucoup de personnes seraient parties à la recherche de Weircreek, sans succès. En effet, la forêt se trouvant entre New Albany et la soi-disant ville de Weircreek serait particulièrement tortueuse et grande, il serait ainsi impossible d'y trouver son chemin.


La première vidéo nous montre la présumée ville de Weircreek, très certainement filmée d'une voiture. Son titre, retranscrit en alphabet latin, signifie : "Looking for a victim". La voix, extrêmement grave et lente, provient probablement d'une musique (peut-être de la radio). On y aperçoit des bâtiments délabrés, notamment des tags : « 7 miles, Breed winners Post I ». Elle se déroule, d'après l'auteur du thread, bien après les événements puisque l'auteur des vidéos aurait réussi à traverser la forêt et à trouver Weircreek :






La seconde, dont le titre signifie « He's in there », montre une maison en flammes, sous une espèce de musique country au ralenti. Sûrement pendant l'événement décrit par le message « Burn those houses » :





Les deux suivantes montrent apparemment un autre événement, avant le massacre des habitants et la destruction des maisons. Elles présentent ce qui semble être un enlèvement puis la séquestration de la victime dans une cave (d'où le titre, sûrement). Remarquez la seconde musique, il s'agit de Mr Sandman, des Chordettes :







Je n'ai aucune idée du lien entre ces vidéos et la légende mais elle reste assez floue, je vous invite à chercher par vous-mêmes.




Note personnelle : les vidéos présentées sont probablement liées à la chaîne Youtube/ARG meatsleep, qui est à l'origine de la vidéo ‡i‡n⁜g‡r‡a‡t‡e‡ précédemment traduite.

jeudi 27 août 2015

Taqqiq Qaumat

( Ce qui va suivre est une retranscription d'une conversation sur un forum anglais. Le forum en question (http://www.woodwalkers.net) était un forum de randonnée que l'auteur de la conversation visitait quelquefois. Il a été fermé en juillet 2013. La conversation date de 2011, et se déroule sur plusieurs mois. Tout au long de la conversation, le principal intéressé postera des images pour confirmer ses dires. Certaines des images ont pu être récupérées, les autres non. Pour pallier à ces manques, les images manquantes seront décrites. Les passages entre parenthèses ne sont pas issus du texte original, ils ont été rajoutés pour aider à la compréhension. )

FlashCon - le 11 Août 2011 : Salut les gars ! J'ai pas l'habitude de poster ici, mais je me suis dit que ça pourrait vous intéresser, et que vous pourriez peut être m'aider. Voilà le topo :

Depuis environ un an je vis dans une maison au Canada, dans la province de Colombie Britannique. J'ai pas mal de propriété, environ 4 hectares (ndlr : 40km²). La majeure partie c'est de la forêt, et j'ai un petit cours d'eau pas trop loin de chez moi. Le seul voisin que j'ai habite tout au bout de ma propriété, sur le chemin qui mène de la route jusqu'à chez moi.
Je me balade souvent en forêt l'après-midi pour trouver des coins sympa où pêcher. Cet après midi j'ai trouvé des trucs assez bizarres. J'ai trouvé une hache, posée contre un arbre. Elle a pas l'air si vieille que ça, mais on voit qu'elle a servi. Ensuite pas loin y avait trois morceaux de métal plantés dans le sol. Je sais pas trop quoi penser. J'ai pris deux photos.




On dirait des traces de passage

Et la deuxième :




C'est la hache que j'ai trouvée, je l'ai posée là pour l'avoir en même temps que les morceaux de métal. Vous en pensez quoi ?

Deimos4 - le 11 Août 2011 : Pour la première photo, ça ressemble pas mal aux passages que font les animaux au fur et à mesure qu'ils passent. Le fait qu'ils convergent par là veut dire qu'il doit y avoir une source de nourriture ou un cours d'eau pas loin. T'as dit que t'avais une rivière près de chez toi ?
Pour la deuxième photo, bon, c'est une hache, rien d'extraordinaire... Elle doit être là depuis pas mal de temps, sûrement des bûcherons qui bossaient ici avant que la propriété soit habitée. Pour les morceaux de métal je vois pas...

Mobster - le 11 Août 2011 : Les trucs dans le sol c'est des morceaux de boite de conserve. Mon grand père faisait ça quand il chassait. C'est une vieille technique de chasse : on plante des morceaux de métal coupants près d'un point qu'on sait fréquenté par le gibier, avec un peu de chance la bestiole marche dessus ou à côté et se coupe. Ensuite le chasseur suit les traces de sang. Je pensais pas que ça se faisait encore.

FlashCon - le 11 Août 2011 : @Deimos4 : Oui j'ai une rivière mais elle est pas à cet endroit. Elle est 2km plus loin. Pour la hache ça me semble un peu petit pour appartenir à un bûcheron...

@Mobster : Donc d'après toi j'aurais des chasseurs sur ma propriété ? J'ai jamais entendu un seul coup de feu depuis que j'habite ici. Et puis y a des clôtures tout autour de la propriété donc je pense pas qu'on vienne chasser par là.

( La suite de la conversation n'est pas très utile. On y parle de techniques de chasse et autres pièges à gibier. )

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FlashCon - le 13 Août 2011 : Salut ! J'ai du nouveau ! Je suis retourné là ou j'ai trouvé la hache et le piège en métal. Le piège n'y est plus. J'ai bien cherché, je l'ai pas trouvé. J'ai continué de marcher dans les bois pour voir si je trouve d'autres trucs dans le genre et je suis tombé sur une caravane. Enfin plus une sorte de "mobile home" complètement délabré. Je sais pas ce qu'il fait là ni comment il est arrivé là. J'ai pris quelques photos.

La caravane au moment où je l'ai aperçue.




Apparemment y a quelqu'un qui vit ici... Je veux dire les barres rouillées se sont pas mises là toutes seules. Y avait pas grand chose dedans, des vieux emballages de cacahuètes, des boites de conserves un peu plus récentes. Mais c'est sur le retour que j'ai commencé à flipper. Je commençais à m'éloigner de la caravane et j'ai entendu du bois craquer derrière moi. Je sais pas pourquoi mais j'ai eu une montée de stress comme jamais. Je me suis senti... bah en danger quoi. J'ai commencé à marcher un peu plus vite, et arrivé pas trop loin du chemin que j'avais pris pour venir j'ai entendu une sorte de rire. Je me suis pas retourné et je suis rentré directement chez moi. Je peux me faire des idées hein, mais ça reste flippant quand même...

Mobster - le 13 Août 2011 : Wow flippant ! T'as pas regardé la date de péremption sur les paquets ou les boites de conserve ? Ça pourrait t'aider à savoir si ils sont là depuis longtemps ou pas.

FlashCon - le 13 Août 2011 :
Non j'y ai pas pensé, j'étais déjà en stress de trouver quelqu'un de vivant pas loin... Mais honnêtement le truc que j'ai entendu ça ressemblait vraiment à un rire.

Mobster - le 13 Août 2011 : Ça peut être un oiseau aussi. Surtout si t'étais en train de flipper, t'as dû interpréter le moindre bruit. Enfin je pense.

Deimos4 - le 13 Août 2011 : La vache... Tu te sens d'y retourner ? Je sais pas pour essayer de "parler" avec celui qui vit là ? Enfin si y a quelqu'un je veux dire.

FlashCon - le 13 Août 2011  : Euh tout seul je pense pas. Mais je vais essayer d'y aller avec un pote demain. Je vous tiens au courant.

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FlashCon - le 14 Août 2011 : Bon j'y suis finalement retourné avec mon pote Carl. Il est chasseur donc il s'y connait en traces etc... Et il m'affirme que c'est un humain qui vit ici. Y a pas mal de traces de pas humains autour de la caravane d'après lui. J'ai écrit un mot sur post-it et je l'ai laissé dans la caravane. J'ai écrit "allez-vous en". Bon c'est pas super sympa mais j'aime pas savoir qu'il y a quelqu'un qui rôde près de chez moi. On a laissé le bloc de post-it et un stylo. J'ai aussi laissé une go-pro accrochée à un arbre. Normalement si je l'ai bien positionnée elle filme l'endroit par lequel je passe pour accéder à la caravane. Sur le retour on est aussi passé près des limites de ma propriété et on a trouvé ma clôture éventrée en plusieurs endroits.




Pas loin on a trouvé de la peau et des os.



D'après mon pote ce serait des os de cervidé. La peau serait plutôt ancienne et elle a été décolorée par le soleil. J'y retourne demain pour récupérer la caméra et voir si le mec sait au moins écrire et lire.

Deimos4 - le 14 Août 2011 : C'est un truc de dingue ! Rassure moi tu vis pas seul si ?

FlashCon - le 14 Août 2011  : J'étais avec une fille jusque récemment mais c'est fini. Donc je suis seul effectivement.

Mobster - le 14 Août 2011 :
Et Carl il a pas un chien ? Ce serait pas mal de l'emmener à la caravane lui faire sentir les odeurs, il pourrait peut être retrouver le mec non ?

FlashCon - le 14 Août 2011 : C'est une bonne idée mais on a laissé ses chiens chez moi, ils voulaient pas quitter la maison. On a essayé de les faire sortir mais pas moyen... Pourtant ils sont toujours partants pour une balade hein, mais là je sais pas ils avaient la queue entre les jambes et tout...

Mobster - le 14 Août 2011 : Merde...

Deimos4 - le 14 Août 2011 : Pour la clôture, sérieux si t'as un clodo qui vit sur tes terres t'es en droit d'appeler les flics, c'est une violation de propriété privée.

FlashCon - le 14 Août 2011 :
Franchement je me sens pas d'appeler les flics pour ça. Je les vois mal organiser une battue sur 40 km² juste pour une clôture coupée. Et puis si ça se trouve ça fait un bail qu'elle est coupée, le terrain est tellement grand que ça m'étonnerait pas que l'ancien proprio ne l'ait jamais remarqué...

Deimos4 - le 14 Août 2011 : En tout cas t'en as un sacrée paire, moi ça me ferait flipper de me balader dans les bois en sachant qu'il y a quelqu'un dans le coin.

( Reste de la conversation non intéressant. )-------------------------------------

FlashCon - le 15 Août 2011 : Ok les gars, ça devient sérieux. Je suis retourné à la caravane. Le bloc de post-it a disparu avec le stylo et la caméra. Et le "mec" m'a laissé un mot :




J'ai aucune idée de ce que ça peut être, j'ai cru à du russe au début mais c'en est pas. C'est quoi, des symboles alchimiques ?

Deimos4 - le 15 Août 2011 : Alors là... Franchement je vois pas. Ça me fait vaguement penser à des lettres asiatiques genre Philippines ou Asie du Sud Est. Et t'as cherché sur internet ?

FlashCon - le 15 Août 2011  : Non j'ai pas eu vraiment le temps, je suis rentré y a à peine 20 minutes et j'ai direct posté ici dès que j'ai pu. Mais je flippe de plus en plus...

Deimos4 - le 15 Août 2011  : Normal... T'y retournes demain ?

FlashCon - le 15 Août 2011 : Non je reprends le boulot. Peut être ce weekend. J'ai pas trop envie d'y retourner seul, à chaque fois que j'y suis allé seul j'ai entendu des bruits bizarre, c'est peut être débile mais j'ai l'impression d'être observé.

Mobster - le 15 Août 2011 : C'est chelou ces lettres. En tout cas il sait écrire c'est déjà ça ^^ Si ça se trouve il te propose une soirée pizza XD
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FlashCon -  le 21 Août 2011 : Salut les gars ! Je suis pas retourné à la caravane mais j'ai déchiffré le mot. J'ai cherché sur internet, j'ai demandé à des potes de m'aider et on est tombé sur un site qui nous a aidé. En fait la langue sur le mot c'est de l'Inuit. Je savais même pas qu'ils avaient un alphabet. Y'a écrit "Taqqiq" et "Qaumat" soit "Lune" et "Lumière". Je comprends pas trop pourquoi il a répondu ça.

Mobster -  le 21 Août 2011 : C'est peut être genre il va quitter tes terres à la prochaine lune ou un truc comme ça non ?

FlashCon -  le 21 Août 2011 : J'en sais rien. J'espère !
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( Trois mois passent, FlashCon revient quelques fois sur le forum pour discuter, mais le sujet est laissé en suspens. )-------------------------------------------

Flashcon - le 9 Novembre 2011 : Les gars, je flippe. Je pensais en avoir fini avec le taré des bois mais apparemment non. La nuit dernière j'ai entendu du bruit autour de la maison. Je suis au Canada, au milieu de la forêt, j'ai souvent des animaux qui rôdent autour de ma maison. Surtout des ratons laveurs attirés par les poubelles. Mais là c'était plus lourd. Et puis ça marquait de longues pauses. Je veux dire genre ça marchait, ça s'arrêtait pendant au moins dix minutes, et ça reprenait. Donc quoi que ce soit, c'est resté au moins une heure à rôder autour de ma maison.

Deimos4 - le 9 Novembre 2011 : Hey Flash ! On t'attendait plus ! T'es sur que c'est pas une bestiole ? Genre un chevreuil ou un élan ? Un truc du Canada quoi...

FlashCon - le 9 Novembre 2011 : Salut Deimos, non je suis sur que c'est pas un animal. J'ai une terrasse en bois qui fait tout le tour de la maison. Si c'était des sabots je l'aurais entendu contre le bois. Là c'était vraiment un truc qui marchait à deux pattes.

Deimos4 - le 9 Novembre 2011 : Tu dis "truc" XD Si ça marche à deux pattes c'est un humain rien d'autre XD

FlashCon - le 9 Novembre 2011 : Oui désolé, je recommence à flipper et j'écris n'importe quoi...

Mobster - le 9 Novembre 2011 : T'en a parlé à ton voisin ? Pour voir si lui aussi il aurait pas vu des trucs bizarres ?

FlashCon - le 9 Novembre 2011 : Je le connais pas bien, il sort pas souvent. Et puis il va me prendre pour un taré si je lui dit qu'on a un esquimau qui vit dans notre forêt XD

Mobster - le 9 Novembre 2011 : Au point où t'en es tu t'en fous, tu lui parles pas du mec mais tu lui demandes si lui aussi il entend des bruits la nuit..

FlashCon - le 9 Novembre 2011 : J'irai faire ça alors...

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FlashCon - le 10 Novembre 2011 : Je suis allé voir mon voisin ce matin. Il est plutôt timide, il osait pas me regarder. Je lui ai demandé si il avait entendu des bruits la nuit ou si il avait vu des trucs dans les bois. Il m'a dit qu'il allait pas dans les bois parce qu'il "n'avait pas d'argent". Je vois pas trop le rapport, enfin bon. Et pour les bruits la nuit il dit que sa maison est bénie et relativement tranquille. En tout cas dès que je suis reparti je l'ai entendu s'enfermer chez lui. Et sans rire, ce mec doit avoir au moins trois ou quatre verrous à sa porte, ça faisait un bruit de coffre fort presque..

Mobster - le 10 Novembre 2011 : Ha ha t'as deux tarés sur tes terres XD

Deimos4 - le 10 Novembre 2011 : On dirait un film sérieux ^^

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Mobster - le 12 Novembre 2011 : Des nouvelles de FlashCon ?

Deimos4 - le 12 Novembre 2011 : Non. Il doit bosser je pense.

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FlashCon - le 13 Novembre 2011 : Désolé pour ce weekend les gars, j'ai complétement oublié de venir là. J'étais pas chez moi, j'étais chez Carl mon pote chasseur, j'avais besoin de partir un peu. Je suis sur mon téléphone là donc je fais vite. Je rentre demain ! Salut !

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( Les autres conversations jusqu'au 20 décembre n'apporte rien d'intéressant )

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FlashCon - le 20 Décembre 2011 : Il m'a rendu ma caméra. Il m'a rendu ma putain de caméra les gars. Il sait où j'habite, je suis sur que c'était lui la dernière fois. Qui qu'il soit, il sait ou a appris à se servir de ma caméra. J'ai une vidéo mais on voit rien dessus et plus de 500 photos. La majorité sont illisibles, mais certaines sont... Enfin vous allez voir. J'ai failli pleurer sur les dernières. Je poste les seules sur lesquelles on voit quelque chose.
Sur celle là je crois que c'est le gars qui vis dans mes bois. Ce qui me fait le plus flipper c'est que ça se passe à peine dix minutes après qu'on soit parti avec mon pote Carl...

GPI11-08-2011-17:30:30


( Les dix photos suivantes sont pour la plupart obscures. Sur l'une d'entre elle on peut vaguement voir une lumière orangée. Sur une autre on voit la cime des arbres, en plein jour. Sur une autre encore le museau d'un animal semblable à un cerf. )GPI09-11-2011-02:46:00






GPI12-11-2011-10:27:30


Les deux dernières me donnent envie de vomir. La première c'est devant chez moi. Les lumières ce sont les guirlandes que j'ai installées pour Noël. La dernière putain c'est à l’intérieur de chez moi quand j'étais chez Carl !
J'ai appelé la police mais ils ont constaté aucune trace d'infraction, aucun objet volé, rien...

Deimos4 - le 20 Décembre 2011 : Putain de merde... T'as une arme ? C'est vraiment grave là faut que tu fasses quelque chose.

FlashCon - le 20 Décembre 2011 :  Non j'ai juste la hache que j'ai trouvé, et du Bear Mace ( ndlr : spray répulsif pour les ours ). J'ai un pistolet lance fusées dans ma voiture mais c'est tout...

Mobster - le 20 Décembre 2011 : Un conseil, rappelle ton pote chasseur, dis-lui qu'il emporte des flingues et allez vous faire ce taré... Et la police peut pas fouiller les bois ?

FlashCon - le 20 Décembre 2011 : Les flics m'ont dit qu'ils allaient faire quelque chose mais pas avant la fin des fêtes... Ma famille doit venir passer Noël chez moi mais j'ai vraiment peur qu'il arrive quelque chose... Je veux dire y aura mes neveux quoi, c'est des gosses. J'espère juste que ça se passera bien...

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( Aucun signe de FlashCon jusqu'après les fêtes. )

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FlashCon - le 4 Janvier 2012 : Salut les gars. Les fêtes se sont bien passées, rien de spécial n'est arrivé. La neige est tombé en abondance, ce matin j'en avais encore 60cm devant ma porte. Cet après-midi je retourne à la caravane avec mon ami Carl. Il a deux carabines Browning AB3. J'y connais rien mais il parait que c'est pas mal.

Mobster - le 4 Janvier 2012 :
Oh putain vous allez le buter ?

FlashCon - le 4 Janvier 2012 : Non mais si on le trouve on va lui faire la peur de sa vie.

Mobster - le 4 Janvier 2012 : Faites gaffe quand même...

FlashCon - le 4 Janvier 2012 : Ça marche. Je reviens ce soir vous dire comment ça s'est passé.

Mobster - le 4 Janvier 2012 : Ok attention à vous !

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Mobster - le 4 Janvier 2012 : Je up le topic, aucune nouvelle de Flash depuis ce matin.

Deimos4 - le 4 Janvier 2012 : J'aime pas ça, j'espère qu'ils ont pas fait de conneries...

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FlashCon - le 10 Janvier 2012 : C'en est trop les mecs. Je reviens de l’hôpital je crois que je vais péter un plomb. Ce fils de pute nous a tendu un piège... La neige était super haute, on a suivi ce qu'on pensait être des traces de pas et arrivé vers la caravane je suis tombé dans un trou avec un liquide bizarre. Ça puait c'était immonde. C'était pas profond, mais j'en avais jusqu'au mollets quand même. J'avais rien quand je suis ressorti, mais ensuite ça a commencé à bruler. J'ai entendu des rires. Des putain de rires. Des rires différents, plusieurs voix. Mon ami m'a emmené aux urgences. Je viens d'enlever les bandages mais c'est vraiment moche.





J'ai rappelé les flics ils ont lancé une battue y a trois jours. Ils ont fouillé la quasi totalité de ma propriété et ils ont trouvé pas mal de trucs. En réalité y a plusieurs campements un peu partout sur ma propriété. Certains très vieux, d'autres récents. Le truc flippant c'est que plus on se rapproche de chez moi, plus les campements sont récents. Dans la plupart ils ont retrouvé des ossements, disposés en cercle, des livres sur la " lycanthropie " pour les citer et d'autres trucs genre des peaux animales. Ils avaient tous un point commun, dans chaque camp y avait une planche plantée dans le sol avec marqué " Taqqiq Qaumat ". D'après les flics il y aurait à peu près une trentaine de personnes différentes qui vivraient dans mes bois... Ils en ont pas trouvé une seule cela dit. Mais ils sont tombés sur pas mal de pièges du genre trous dans le sol, pièges à piques, etc...

Je sais pas pourquoi, c'est sûrement débile mais j'arrive pas à me sortir de la tête que si ça se trouve ces pièges étaient pour moi... Je me suis baladé un an dans ces forêts, si ça se trouve ils m'observaient, me traquaient. Combien de fois j'ai failli tomber dans un piège sans le savoir ? Putain de merde c'est vraiment n'importe quoi... En tout cas je déménage. Je rentre demain avec mon pote Carl et plusieurs de ses amis chasseurs.

Deimos4 - le 10 Janvier 2012 : Oh putaaaain... C'est atroce ! Et nous on te disait de retourner dans les bois pour parler avec lui... Putain mec..

Mobster - le 10 Janvier 2012 : Ok c'est abusé là... Je pensais même pas qu'ils pouvaient être plusieurs, je pensais juste que c'était un vieux taré...

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FlashCon - le 14 Janvier 2012 : J'avais jamais vu ça. Quand je suis retourné chez moi pour déménager la maison était dans un état pitoyable. Sérieux, genre des traces de griffes sur les murs, sur la porte. Un peu comme les ours qui marquent leur territoire, j'en ai déjà vu dans le coin. Mais ils s'approchent jamais de chez moi...

Et puis y a les symboles. Partout, vraiment partout. Je sais pas avec quoi ils les ont peints et j'en ai rien à foutre franchement. Y en a beaucoup mais j'ai reconnu plusieurs fois les mots que m'avait écrit le mec sur le post it " Lune " et " Lumière ". En tout cas jamais je refoutrai les pieds là bas croyez-moi...

Je suis allé voir le voisin en partant pour lui dire au revoir. Il m'a juste dit que c'était mieux que je parte, que j'avais déjà "de la chance d'avoir passé autant de lunes" chez moi. En tout cas merci d'être resté avec moi les gars...

Deimos4 - le 14 Janvier 2012 : Pas de problème mec, encore désolé... bah pour tout quoi.

Mobster - le 14 Janvier 2012 : Bon courage Flash, sérieux c'est dingue comme histoire...

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( Fin des conversations. FlashCon n'a plus jamais posté sur ce forum. )




mardi 25 août 2015

Une soirée de neige

J'étais en vacances dans la maison qui appartenait à mon grand-père avant qu'il ne meure, une dizaine d'années auparavant. Ma famille l'avait toujours entretenue, et continuait de payer les factures d'électricité et de gaz, pour qu'un membre de la famille puisse venir vivre ici en cas de problème. Peu avant Noël, nous avions décidé avec mes parents, oncles, frères et sœurs (nous sommes une grande famille), d'aller passer les festivités dans cette cabane, relativement isolée, et située en Haute-Savoie, pas loin de Thonon et dans les montagnes, déjà enneigées.


Nous étions tous arrivés le 22 au soir, et décidions du programme du lendemain : toute la famille irait faire une randonnée dans la montagne, sauf moi et mes deux frères : nous détestons la montagne, nous avions donc décidé de rester à la maison. La nuit s'était bien passée. Aux aurores, le reste de la famille est partie.


Mes frères et moi avions passé la journée au village, au bar plus précisément. Nous étions rentrés le soir, et avions passé une heure ou deux à essayer de faire marcher la télévision, avec succès. Nous avions suivi le journal télévisé. Toujours la même rengaine des achats de Noël à faire, et des cadeaux qui allaient se retrouver sous le sapin. Afin de décuver, mon frère aîné et moi étions affalés sur les fauteuils. Mon petit frère, lui, était occupé à donner un semblant d'ordre aux babioles sur le bureau. C'est à ce moment que j'ai décidé de prendre une photo périphérique de l'intérieur de la masure, histoire de montrer à ma petite amie comme nous étions
bien installés.


Tard dans la nuit, ma famille est revenue, et nous nous sommes tous endormis. Ma petite sœur étant tombée malade à cause de la randonnée, nous avions donc tous décidé de rentrer en ville, passer Noël chez des amis. En sortant de la cabane, j'avais remarqué des empreintes dans la neige qui menaient à quelques mètres de la fenêtre qui donnait sur le salon, là où mes frères et moi avions passé la soirée. J'ai pensé que c'était un des membres de ma famille qui voulait discrètement voir ce que nous faisions, avant d'entrer. C'est au moment de poster la photo sur Facebook que j'ai aperçu quelque chose qui clochait.


http://image.noelshack.com/fichiers/2015/33/1439424329-untitled.png


Sur le côté, à travers la fenêtre, on peut voir un homme. J'ai peur que dans sa main, il ne tienne un couteau, en tout cas ça y ressemble terriblement. J'ai rapidement fait le lien entre les traces dans la neige et cette personne. Je n'en ai pour l'instant parlé à personne, mais j'ai vraiment peur, puisque ma famille songe à retourner à la maison dès que ma sœur sera rétablie.


lundi 24 août 2015

Le cas Cromford

Ce qui va suivre est une partie du carnet de route du docteur Kyle Managhan.
Né en 1932 en Bretagne, fils d'un marin écossais et d'une serveuse de bar française, le docteur Managhan entra à l'école de médecine à l'âge de 16 ans grâce au parrainage de l'éminent docteur Charles d'Aubresquie, qui rencontra Kyle par hasard lors de ses vacances, et qui, devant les connaissances impressionnantes du jeune homme en matière de médecine par les plantes, se proposa de lui payer des études de médecine et de le prendre comme apprenti. C'est donc 5 ans plus tard, à l'âge de 21 ans, que Kyle obtint son diplôme et devint officiellement docteur, et officia en tant que médecin à domicile.
Lors de sa vie, Kyle Managhan voyagea beaucoup, il rencontra d'ailleurs la femme de sa vie, Maya Erzykowsky, alors qu'il vivait en Russie. Malheureusement, la famille de Maya s'opposa à leur relation, et ils furent contraints de se séparer. Mais avant de partir, Kyle fit un enfant à Maya. Neuf mois après le départ de Kyle, Maya mourut en mettant au monde Alexander. 
Les parents de Maya le mirent à l'orphelinat, il ne fut jamais placé en famille d'accueil, et eut une enfance difficile. Ce n'est qu'à l'âge de 45 ans, en 2013, qu'il retrouva la trace de son père, pour apprendre que celui-ci était mort une semaine avant son arrivée.
Étant son fils et seul héritier, Alexander récupéra toutes les affaires de Kyle, dans lesquelles il trouva des classeurs où étaient répertoriés tous les cas sur lesquels avait travaillé le docteur Managhan, ainsi que des notes prises durant les jours qui ont précédé sa mort.
Certains de ces rapports, ainsi que les fameuses notes d'avant-décès, attirèrent l'attention d'Alexander en raison de leur étrangeté, si bien qu'il décida de rendre ces textes publics. Les textes finirent par attirer l'attention de la communauté scientifique, et de nombreuses enquêtes furent ouvertes pour tenter de prouver ou démentir les propos du docteur Managhan. Aucune d'entre elles n'a encore pu révéler un seul élément qui pourrait mettre en doute l'honnêteté du docteur; et si jamais une seule de ces histoires s'avérait être vraie, nos conceptions même du réel et de notre rapport à la mort seraient remises en question.
Voici donc, chronologiquement parlant, le premier rapport étrange du docteur Kyle Managhan concernant le cas de Laetitia Cromford.


Rapport du cas Cromford



En date du 6 Juillet 1955, j'ai été contacté par un homme du nom de Martin Cromford. L'homme souhaitait faire appel à mes services pour sa fille, Laetitia, laquelle était apparemment atteinte d'un mal inconnu qui l'affaiblissait un peu plus chaque jour. D'après lui, pas mal d'autres médecins avaient déjà renoncé à la soigner et s'étaient avérés incapables de trouver de quoi elle souffrait. J'ai donc quitté mon bureau de Birmingham avec mes affaires pour me rendre en voiture à leur maison, perdue en pleine campagne entre Portsmouth et Brighton.
En arrivant, j'ai fait la connaissance de la famille Cromford: Martin, le père, un gros homme moustachu, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, très poli; Maggie, la mère, une grande femme habillée à l'ancienne, mais très gracieuse et aimable; Arnold, le fils (aîné des deux enfants), un petit gars tout sec avec une queue de cheval et une cicatrice qui part de la lèvre et arrive au coin du nez (sûrement faite sur le ring, celui-ci étant boxer professionnel) ; et enfin, je fis la connaissance de Laetitia.
Ce fut Maggie qui m'accompagna à sa chambre, située au premier étage de leur grande maison victorienne, ou elle passait la plupart de son temps à se reposer. Elle était très maigre et toute pâle, rien que le fait de parler semblait être un effort pour elle.
Après un premier examen, je me mis à soupçonner un très gros cas d'anémie; j'ai donc commencé à lui faire suivre un traitement au fer en lui faisant une piqûre immédiatement. J'ai ensuite expliqué à Maggie que son système immunitaire devait être affaibli et que le moindre rhume pourrait devenir une calamité pour elle, elle m'a répondu qu'elle prendrait toutes les précautions possibles en commençant par veiller à ce que la fenêtre de sa chambre soit dorénavant fermée la nuit.


La nuit même, j'entendis d'étranges bruits provenant de la chambre de Laetitia, comme si quelqu'un sautait sur le lit, suivis par des gémissements plaintifs. Je sortis donc en vitesse de la chambre d'ami sous l'escalier, et montai en quatrième vitesse dans la chambre. En ouvrant la porte, je vis Laetitia se tortiller dans son lit comme si elle cherchait à repousser quelqu'un. Elle devint complètement hystérique quand je m'assis sur son lit pour tenter de la calmer, et réveilla toute la maison. Moins d'une minute après mon arrivée dans la chambre, toute la famille m'y avait rejoint.
Pour la calmer, je lui mis un linge sur le nez et la bouche, de peur qu'elle ne fasse une sur-oxygénation. Elle finit par perdre connaissance.
Martin m'expliqua alors que cela arrivait toutes les nuits depuis le début de sa maladie, je lui ai répondu que j'aurais aimé en être informé avant.
C'est alors que quelque chose me frappa. Laetitia avait des bleus sur les avant-bras et les poignets ; je me mis donc à l'examiner pour m'apercevoir qu'elle en avait aussi sur les tibias et l'intérieur des cuisses.
Elle n'avait rien plus tôt dans la journée quand j'avais effectué mon premier examen, et ce n'est pas moi qui lui ai fait en la retenant car je la tenait par les épaules.
Personne n'avait pu lui faire ces traces.
C'est alors qu'Arnold s'étonna de voir la fenêtre ouverte malgré mes recommandations et me demanda si j'avais finalement changé d'avis. À ma grande surprise, la fenêtre avait effectivement été ouverte, mais pas par ma main.


Les jours passèrent, et la santé de Laetitia ne s'améliora pas malgré mes nombreux changements de traitement. Je lui fis prendre des cures de fer, de protéines, de sucre... Rien ne s'avéra efficace.
Toutes les nuits, je me réveillais en entendant des bruits dans la chambre de Laetitia, des chocs, des râles, des plaintes, et chaque fois je montais en quatrième vitesse pour me mettre à son chevet, et découvrir de nouvelles blessures défensives sur ses membres, et cette foutue fenêtre encore et toujours ouverte sans que personne, pas même Laetitia, ne déclare l'avoir ouverte.
Mais une nuit, les choses prirent une tournure inquiétante. J'avais mis un cadenas à la fenêtre et gardé la clef avec moi pour éviter que qui ou quoi que ce soit ne puisse l'ouvrir, après tout peut-être que la fenêtre fermait mal et que c'était juste le vent qui l'ouvrait?
La fenêtre était donc cadenassée, tout le monde était dans sa chambre, moi y compris; pourtant je ne dormais pas. Sachant que Laetitia allait encore faire une crise, je préférais attendre pour me coucher.
Quand elle commença à gémir, je sortis de la chambre d'amis pour monter à sa chambre. En arrivant près de la porte j'entendis quelque chose qui me fit me crisper. Juste au moment où j'allais poser ma main sur la poignée, j'entendis gratter sur le carreau de la fenêtre. Ça ne pouvait pas être Laetitia, j'entendais ses draps glisser sous l'effet de ses mouvements.
Il y eût alors un bruit de coups très violents contre la fenêtre, j'entendis le carreau se briser, et Laetitia poussa un cri de terreur, réveillant encore une fois la maison entière.
J'ai alors poussé la porte pour entrer dans la chambre, mais avant même de pouvoir voir ce qui se passait j'entendis comme le bruit d'un gros meuble que l'on traîne sur le sol, et il me fut impossible d'ouvrir la porte car quelque chose la bloquait.
Tandis que je lançais tout mon poids contre la porte, la famille s'attroupa derrière moi. Martin me demanda ce qu'il se passait et tout ce que je fus capable de lui répondre fut que sa fille était en danger et qu'il fallait absolument entrer.

Arnold se mit à pousser avec moi sur la porte, puis Martin nous rejoint. Arnold nous dit alors de nous pousser et tira plusieurs coups secs sur la poignée comme pour l'ouvrir en la tirant, les gonds sautèrent et la porte tomba en travers du sol en projetant quelques éclats de bois, découvrant la scène la plus improbable que j'aie vue de ma vie.
La fenêtre était cassée, des morceaux de verre et le cadre gisaient au sol, le gros lit de Laetitia avait été déplacé de manière à ce que le pied du lit bloque la porte, et sur le lit se tenait Laetitia surplombée par un homme en costume mortuaire, qu'elle cherchait visiblement à repousser.
Il leva la tête vers nous, et nous fixa avec de grands yeux jaunes luisants; sa figure était livide et fine, on ne voyait presque que ses yeux. Tout autour me parut trouble au moment où mon regard croisa le sien.
Toute la famille ouvrit de grands yeux en le voyant. Arnold prit un air de haine et de dégoût, Martin recula, et Maggie porta sa main à sa bouche comme pour étouffer un cri.
L'homme nous fit alors un grand sourire et dévoila une mâchoire uniquement faite de crocs noirs brillants. D'un air sadique, il ouvrit grand la bouche et commença à la porter au cou de Laetitia. Comme par réflexe, je saisis alors un morceau de la porte à mes pieds, lui sautai dessus et le saisis par le cou pour l'éloigner de Laetitia. Je lui enfonçai alors le morceau de bois dans le crâne.

Un sang épais rouge foncé, voire noirâtre coula de son front. Il recula jusqu'au fond de la pièce, comme porté par le vent, et poussa un horrible cri de douleur en crispant son visage. Ses yeux parurent sortir de sa tête, et sa mâchoire se décrocher. Il retira alors doucement le morceau de bois de sa tête en poussant des cris toujours plus horribles et en agitant sa tête, comme pris de spasmes de douleur.
Il retira facilement dix ou quinze bons centimètres de son crâne et jeta le morceau de bois au sol devant lui. Le sang ne cessait de couler de sa tête en un gargouillis ignoble.

L'homme sauta par la fenêtre, laissant derrière lui une traînée noire et pâteuse.
Maggie se précipita au chevet de sa fille, Martin alla immédiatement regarder par la fenêtre.
Quant à moi, je saisis le morceau de bois qui m'avait servi à attaquer la bête. Il y avait du sang et des morceaux de cervelle et de peau accrochés dessus.

Arnold, qui se tenait derrière moi, me dit alors que l'homme qui était là ne pouvait pas avoir été là.
Il s'agissait apparemment d'un certain Kyhro Dracunnev, un étudiant originaire des pays de l'Est qui était mort il y a plusieurs mois dans des circonstances étranges, par exsanguination. Son corps avait soi-disant été rapatrié dans son pays d'origine.
Il me demanda alors ce que nous avions vus.

La chose me parut difficile à dire, pourtant ce fut la première qui me vit à l'esprit, et en tant qu'homme de science j'eus beaucoup de mal à prononcer ces mots :
"Ce soir, nous avons vu un vampire."

Tous me fixèrent avec un air ébahi, sauf Laetitia qui était presque inconsciente. Ça me semblait pourtant bien être la seule explication possible.
"Mais, et les traces? Elle n'a aucune morsure" me fit alors remarquer Martin, et c'était vrai. Elle n'avait aucune morsure apparente.
C'est alors que je me remis à examiner les bleus sur l'intérieur des cuisses de Laetitia.
En regardant attentivement, je m'aperçus qu'il ne s'agissait pas de bleus, mais de suçons; et que ce je croyais être une simple différence de couleur au centre de l'hématome était en fait une trace de dents (je m'en aperçus simplement en tirant un peu sur la peau).

Je fus interrompu dans mon analyse par une odeur nauséabonde qui provenait du sang laissé par Khyro. C'était là notre chance de l'éliminer et de sauver Laetitia : il était blessé et nous avions une piste pour nous mener à sa tanière. Je dis à Martin de rester dans la maison avec Maggie pour veiller sur Laetitia et pris Arnold avec moi pour aller débusquer Khyro et le renvoyer au néant.
Nous nous équipâmes chacun d'une croix ainsi que d'une dague (données par Martin) et emportâmes aussi un marteau, un burin et une hache, ainsi qu'une lampe à huile.



Une fois sortis de la maison, il ne fut pas difficile de retrouver la trace de Khyro, son sang empestant la viande pourrie.
Nous parcourûmes cependant bien des kilomètres avant de le retrouver. La piste s'enfonçait dans la forêt et menait à un petit chemin de campagne qu'il nous fallut suivre pendant un moment avant que la piste ne se renfonce dans la forêt. Au bout d'un moment, nous arrivâmes devant une zone qui nous parut étrange ; elle n'était pas différente du reste, il y avait des arbres, de l'herbe, et quelques feuilles mortes au sol.
Pourtant, nous fûmes soudain envahis par le sentiment que nous entrions chez quelqu'un, et que nous n'étions pas du tout les bienvenus. L'air devint pesant, notre progression fut inexplicablement ralentie. Parfois, Arnold se retournait en sursaut en prétendant qu'il avait entendu ou vu quelque chose au loin, derrière les arbres. Comment lui en vouloir alors que j'avais moi-même le sentiment d'être observé par un millier d'yeux?

Il y eut alors devant nous comme un creux dans le sol, une descente qui s'enfonçait dans le sol sur une surface limitée perdue au milieu d'un terrain plat.
Nous descendîmes bien évidemment à l'intérieur, suivant toujours la piste laissée par le sang de Khyro. En bas se trouvait un large escalier entouré par un couloir, tous deux en pierre, qui descendait encore plus loin dans le sol.
L'escalier descendit pendant un temps qui nous parut durer des heures, nous emmenant encore et toujours plus loin dans le noir, jusqu'à ce qu'il nous soit impossible de voir l'entrée par laquelle nous étions passés.
Le sang se faisait de plus en plus rare à nos pieds, mais la piste continuait bel et bien.
Nous arrivâmes enfin dans une grande salle souterraine aux murs et au plafond de pierre, au milieu de laquelle gisait un énorme cercueil, lui aussi en pierre.
Arnold prit la hache et m'aida à pousser le couvercle, et c'est sans surprise que nous trouvâmes Khyro à l'intérieur, gisant dans de la terre. Seules ses mains et une partie de son visage dépassaient.

Je saisis donc le marteau ainsi que le burin en disant à Arnold de se tenir prêt à le décapiter une fois son cœur crevé.
Je mis donc la pointe du burin sur la poitrine de Khyro, Arnold étant de l'autre côté du cercueil, en position.
Au moment où je levai le marteau, je sentis une main m'agripper le bras avec lequel je tenais le burin. Khyro se redressa soudain et mit un coup de poing au visage d'Arnold dans un geste de revers. Celui-ci tomba au sol en lâchant la hache.

Khyro plaça alors sa main libre sur mon cou et se mit à m'étrangler. Je lâchai alors le marteau pour aller prendre le poignard qui était dans ma poche arrière et lui enfonça plusieurs fois dans l’œil, ce qui le fit me repousser violemment contre le mur derrière moi.
Il sortit alors complètement de son cercueil et se rua sur moi, mains en avant et dents bien en vue. Dans un geste désespéré, je saisis la croix autour de mon cou et la tendis en avant.

Les mains de Khyro se posèrent dessus, et l'effet fût le même sur lui que s'il avait mis ses mains sur une pièce de métal ardent : sa peau brûla, une partie restant collée sur la croix quand il retira ses mains. Il recula.
Je me rendis compte que le burin était toujours dans ma main gauche, et pris avantage de la distraction pour me ruer sur lui et enfoncer le burin dans sa poitrine en le poussant de toutes mes forces.
Le sang jaillit de son torse et il se plia en deux sous l'effet de la douleur. Comme j'avais lâché mon poignard, il fallut que je le pousse en appuyant sur le burin jusqu'à Arnold pour ramasser la hache qui gisait près de lui. Je frappai ensuite Khyro au visage avec le bas du manche plusieurs fois pour le faire reculer un peu, et en deux coups je lui coupai la tête.

Je ramassai Arnold qui commençait à reprendre ses esprits, et nous récupérâmes notre matériel. Avant de partir, Arnold brisa la lampe sur le corps de Khyro, qui prit feu presque instantanément avec sa tête, qui était juste à côté. Nous sortîmes du repère du vampire, voyant au passage qu'il faisait grand jour.
Exténués, nous parvînmes tout juste à retrouver notre chemin grâce à nos traces de pas, les traces de sang ayant disparu sans raison.

Après quelques jours de repos à la maison des Cromford, durant lesquels je vis l'état de Laetitia s'améliorer, je repris ma voiture et revins à Birmingham.
Je suis quand même resté en contact avec les Cromford. Apparemment, Laetitia n'avait plus eu aucun problème depuis la deuxième mort de Khyro, et ne sembla pas avoir de comportements étranges par la suite.


Cela pose quand même de graves questions. L'existence d'un vampire, et même de plusieurs, puisque monsieur Dracunnev ne s'est probablement pas transformé tout seul en monstre, présente un très grave problème. Je préfère taire tout ça pour le moment : Qui nous croirait si nous le racontions ? Les Cromford et moi passerions pour des menteurs en quête de célébrité.

Quoiqu'il en soit, je suis maintenant convaincu qu'il y a trop de choses dans le monde pour que nos yeux puissent toutes les voir.


samedi 22 août 2015

Priez, mes agneaux

[3...2...1... À l'antenne !]

Une vague d'actes de dégradation et de disparitions s'est abattue hier soir, sur Paris. Divers établissements religieux ont été vandalisés par de mystérieux inconnus. Les responsables des dits établissements religieux, au nombre de six, ont tous disparus ainsi qu'une partie de leurs effets personnels, et personne ne sait où ils se trouvent. La théorie de l'enlèvement est fortement évoquée. Les forces d'inspection se sont immédiatement mises au travail, et font tout pour retrouver les disparus.

Les caméras de surveillance des établissements annexes ont été piratées, et les enregistrements vidéos correspondant à la nuit en question ont tous été effacés. L'enquête statue que tous les crimes ont été commis entre 23h00 et 3h30. Il y aurait donc plusieurs coupables. L'idée d’extrémistes religieux islamistes, chrétiens, ou juifs, a été écartée car les bâtiments touchés appartiennent à des communautés diverses et variées : plusieurs églises, mosquées et synagogues ont été touchées. Toutefois, la police a signalé étudier sérieusement la piste de membres d'une secte réfractaire, qui pourraient avoir organisé tout cela. Une opération de cette ampleur nécessiterait énormément de moyens et de préparation.

Les façades des différents établissements ont toutes été recouvertes d'un texte, écrit à l'encre rouge. Ce texte est un poème morbide dont voici la retranscription :


"Priez, mes agneaux, priez.
Priez pour que votre Dieu vous protège, mes enfants.
Priez pour qu'Il vous pardonne vos péchés.
Priez pour obtenir le salut éternel.
Priez pour que l'Enfer vous soit à jamais interdit.
Priez pour que ses tortures ne vous soient jamais infligées.
Priez pour que les démons ne vous dévorent pas l'esprit.
Priez pour que vos organes ne vous tourmentent pas encore et encore.
Priez pour pouvoir retenir le sang qui menace de s'échapper de votre corps.
Priez pour que vos os ne s'arrachent pas de vos membres.
Priez pour que votre colonne vertébrale craque mais ne rompe pas.
Priez pour que l'eau croupie ne s'infiltre pas dans vos orbites pourries.
Priez pour que les insectes ne dévorent que par moitié seulement vos chairs.
Priez pour que les racines du Mal ne vous pénètrent pas de la pire des façons.
Priez pour que la pourriture ronge vos nerfs et atténue la souffrance qui vous guette.
Priez pour que de vie à cadavre, la mort vous transforme.
Priez pour que votre agonie ne soit pas trop longue, ni trop lente.
Priez, mes petits agneaux, priez.
Pendant ce temps, j'irai vous chercher."



Divers spécialistes étudient actuellement les symboles présents dans ce texte afin de pouvoir - peut-être - remonter jusqu'à un culte connu des forces de police. Nous n'avons pour l'instant pas plus d'informations sur le sujet.

Les criminels n'ont touché ni les richesses ni les symboles religieux à l'intérieur des bâtiments. Les portes ont néanmoins été forcées, et plusieurs éléments indiquent une entrée par effraction. Des objets blasphématoires ont été déposés dans les établissements : une large image obscène représentant le diable a été installée dans les églises, plusieurs porcs abattus et éventrés ont été retrouvés dans les mosquées, une autre peinture représentant Jésus piétinant une étoile de David a été placée dans les synagogues.

Un témoin s'est en fait manifesté aux forces de police. Il a souhaité conserver son anonymat, mais une partie de ses affirmations a été rendue publique par le Ministère de l'Intérieur. Il aurait déclaré se trouver près de la Grande Mosquée de Paris, au cinquième arrondissement, à 01h11 du matin. Il déclare avoir distingué "une personne grande, vêtue d'une sorte de robe blanche unie comprenant une capuche" alors que ladite personne s'introduisait dans la Mosquée. Il a accepté de témoigner devant nos caméras, le visage flouté :

"J'étais au 5ème, devant la Mosquée, quand j'ai vu un truc se diriger vers l'entrée. La personne était grande... Très grande, et il avait des longs bras, des grandes mains. Je crois qu'il avait une sorte de combi, un genre de robe blanche avec capuche. Il se déplaçait bizarrement, comme un pantin. Il pleuvait beaucoup. Il s'est dirigé vers la mosquée, et il est rentré par la porte. Je l'ai pas suivi, j'avais trop la trouille pour ça."

Le témoin était sous l'influence de stupéfiants, comme il l'a lui-même reconnu ensuite ; sa déclaration est donc en grande partie faussée et inutilisable. Néanmoins, il s'agit du seul témoignage recueilli à cette heure. Si vous-même avez en votre possession des informations concernant cet acte de vandalisme et d'enlèvement, veuillez composer le numéro qui s'affiche sur votre écran.

[Une pause de quelques secondes.]

De nombreux membres de l’État ont exprimé leur plus vive indignation. Plusieurs religieux ont également adressé aux Français "leurs plus vifs soutiens face à ce tragique événement qui touche chaque communauté religieuse", et...

[Silence. Un technicien apporte une feuille de papier.]

Ah, attendez. L'on vient de découvrir un corps flottant sur la Seine, ainsi qu'une personne vivante s'y accrochant. Le cadavre est en cours d'identification, mais il est fort possible qu'il s'agisse là de l'un des disparus. Une croix ainsi qu'un "1" ont été entaillés sur l'avant-bras du défunt. Le vivant a, lui, été reconnu comme étant l'un des responsables religieux ayant été enlevés. Le rescapé a été emmené dans un hôpital où il se remet du choc. Il est encore beaucoup trop troublé pour pouvoir témoigner. Néanmoins, il semble avoir parlé dans son délire de "tortures, d'êtres infernaux, de démons" et "d'hommes blancs". Plusieurs traces de sévices corporels ont été relevées sur son corps, notamment la présence d'un "2" tracé au couteau sur son avant-bras. Tout indique que notre homme a dû subir de nombreux mauvais traitements de la part des ravisseurs. Dès qu'il aura recouvré ses esprits, il sera interrogé afin que l'on retrouve la trace des cinq autres disparus.

Restez à l'écoute pour plus d'informations !



jeudi 20 août 2015

The Beatles

Cela fait maintenant plusieurs années que je suis fan du groupe légendaire connu sous le nom des Beatles. J’ai acheté tous leurs disques, même les compilations. J’ai regardé leurs films, ceux qui retracent leur vie, et même lu un grand nombre de livres sur leur passé. Je suis devenu un véritable collectionneur de tout objet les concernant.

Lors de mes voyages à Londres, j’ai eu l’occasion de passer plusieurs fois au « Beatles Shop » situé sur Baker Street. On y trouve énormément d’objets de collection, ainsi que des goodies, ou des fringues frappées aux armes du groupe.

J’ai entendu la conversation de deux vendeurs à propos d’une version vinyle d’époque du double album « The Beatles », plus connu sous le nom de White Album, ou Double Blanc en France.

Cette version serait l’exemplaire de Charles Manson, ce tueur célèbre qui pensait que le peuple noir allait dominer le peuple blanc. Il avait monté une secte dont il était le gourou, appelée « La Famille ». J'avais déjà entendu, il y a longtemps, que certaines pièces à conviction avaient disparu du domicile du tueur, puis un disque avait été mis en vente mais il s'agissait d'une fausse signature.

Pour ceux qui n’étaient pas au courant, Manson était un fan sans retenue des Beatles, et s’il a commis ces meurtres, c’était parce qu’il voyait dans le White Album des messages qui lui auraient été adressés. Il nommait même la guerre à venir « Helter Skelter », nom d’une chanson figurant sur l’album. Pour lui ,les Beatles étaient les quatre anges du Livre des Révélations.

Il a aussi interprété la chanson « I Will » comme une invitation des Beatles - qui lui était destinée - à écrire une chanson, et « Piggies » l’a incité à tuer avec une fourchette et un couteau un homme du nom de Leno LaBianca. Sur les portes de certaines victimes, il avait écrit « Pig » avec leur sang.

D’après les vendeurs, cet album était disponible chez un petit disquaire indépendant de Londres, dont je ne citerai pas le nom pour sa tranquillité. Heureusement, je connaissais ce disquaire. J’y avais déjà acheté des CD de Buddy Holly.

Quand je suis arrivé, le magasin était fermé. Il ouvrait dix minutes plus tard, selon les horaires affichés. J'ai attendu assis sur le muret d'en face.

Le White Album, je l'avais déjà. Mais avoir la version de Manson était un simple caprice. Je voulais l'ajouter à ma collection personnelle, bien que je doutais de l’authenticité de celui-ci.

Quand la porte s'est ouverte, je suis entré. Étant le premier arrivé, je pouvais parler avec le disquaire sans être entendu. Je n’ai pas cherché l’album, car je savais bien qu’il n’était pas dans les rayons, et je suis donc allé demander au disquaire :


"Excusez-moi, j’ai entendu parler d’une version vinyle rare du White Album, que vous posséderiez.

- C’est vrai. Je ne pensais pas que quelqu’un d’autre était déjà au courant.

- J’ai surpris la conversation des vendeurs du Beatles Shop.

- Bien entendu, l’un d’eux est un ami à moi, il n’a pas sa langue dans sa poche.

- Vous comprenez que si je viens ici, c’est parce que je veux ce disque.

- Bien évidemment. Mais c’est un disque rare, il sera donc coûteux.

- Je sais, mais quelle est la preuve qu’il s’agisse bien de celui de Manson ?

- Je ne te demande pas de me croire, jeune homme. Soit tu l’achètes, soit tu ne l’achètes pas. Le choix te revient."


Je devais donc lui faire confiance.

Je me souviens avoir réfléchi à la possibilité que ce disque soit un faux, jusqu’à ce que je me souvienne que je pouvais le revendre facilement à une connaissance qui achèterait n'importe quel disque.


"Très bien, je suis prêt à y mettre le prix. Combien ?"


Ses lèvres se sont étirées, presque jusqu’aux oreilles.


"Je te le vends 300 livres."


300 livres, c’était une somme, mais un disque aussi rare valait le coup. J'allais retourner en France deux jours plus tard, et il me restait bien assez d’argent.


"D’accord, je le prends."


Le disquaire a tourné les talons, et est passé par la porte derrière le comptoir. Il est revenu quelques secondes plus tard avec le vinyle, et je lui ai demandé s’il l’avait écouté.


"Oui, la face A du premier disque, c’est tout. Pas de différence avec les autres."


J'ai encore un peu hésité, en me demandant si ça valait réellement le coup. Mon tempérament de collectionneur a pris le dessus, et je lui ai finalement tendu les 300 livres (quand je pars en voyage, je n’ai que du liquide sur moi). J'ai pris l’album, et je m’en suis allé.

J’avais, pour la première fois de ma vie, envie de rentrer en France pour écouter cet album, celui à l’origine des meurtres de Manson ! Je connaissais chacune des chansons figurant dessus. Le White Album étant un de mes préférés. Mais c’est le côté mystique et glauque de celui-ci qui m’attirait.

De retour à l’hôtel, j’ai immédiatement sorti les deux disques, uniquement pour les voir. C’est en sortant le deuxième que j’ai vu tomber un petit bout de papier. Je l’ai ramassé. Deux petits mots y étaient inscrits, au stylo :


« Merci, John ! »


Des questions m’ont envahi l’esprit à ce moment-là. Manson aurait-il écrit ce mot lui-même ?  Quelqu’un l’aurait rajouté pour élever la valeur du disque ? Pourquoi remercier John Lennon ? Et ce John qui est remercié, était-ce bien John Lennon ?
Mon envie d’écouter cet album ne cessait d’augmenter.

Les deux jours suivants sont passés vite, et le voyage dans l’avion m'a paru encore plus court, tellement mon esprit vagabondait.

Dans ma voiture, je trépignais. J’avais hâte d’être chez moi et de mettre les vinyles dans mon vieux tourne-disque. Quand je suis rentré, j’ai déposé mes affaires, et je me suis précipité dans mon salon où je pourrais enfin écouter les disques. J'ai mis le premier dedans, et j'ai attendu.


Écoute N.1

Le premier morceau, « Back in the U.S.S.R », s'est lancé. Mis à part un ou deux sautillements dans la musique, rien d’anormal. Une fois que la face A s'est terminée, je suis passé à la face B du premier disque. Mis à part les sautillements de certaines chansons et le morceau « Rocky Racoon» qui était inaudible, la seule chose étrange - si je puis dire - était que dans la chanson « Piggies » la phrase « What they need's a damn good whacking. » (Tout ce dont ils ont besoin est une bonne raclée) se répétait, comme si le disque revenait dessus à chaque fois. J’ai changé de piste moi-même, pour passer au morceau suivant. Le plus étrange, c’est que cette phrase était une des préférées de Manson.

Le disque s'est conclu sur l’habituel « Julia ».

J'ai donc mis le deuxième disque dedans, et ai commencé l’écoute. Comme pour le premier disque, quelques sautillements. Mais le plus étrange, cette fois-ci, c’était que sur une des chansons qui a inspiré le tueur ; « Helter Skelter », j'ai remarqué que le son était beaucoup plus fort que la version normale. Même en le baissant, le son continuait d’être très fort.

Rien d’autre à noter, je suis donc passé à la face B.

C’est sur « Revolution 9 » que les choses sont devenues étranges. Ce morceau est un collage et mixage de plusieurs bruits censés représenter le fracas d’une révolution, ce qui en fait une véritable cacophonie. C’était un travail de Lennon et de sa compagne, Yoko Ono, différent du travail habituel des Beatles. Le morceau est distordu et n’a pas réellement d’intérêt à être écouté.

Je n’avais écouté ce morceau peut-être que quatre fois sur les dizaines d’écoutes que j’avais faites de l’album que je possédais déjà. Mais celui-ci, je savais qu’il était différent. Il débutait avec l’habituel « Number nine » répété au début. Dans l’original, on entend Lennon hurler « Right », et Manson croyait qu’il hurlait « Rise », incitant les gens à se soulever. Il était clair que dans cette version, Lennon hurlait bien « Rise », et non pas le « Right » que j’avais déjà entendu.

Pour Manson, « Revolution 9 » était une allusion au chapitre neuf du livre des Révélations, chapitre qui décrit l’Apocalypse à venir. Je vous mets le lien de la chanson telle qu’elle est :

http://youtu.be/MJeqOoc4HmI

Cet album est-il différent, finalement ?



Écoute N.3


Voilà une semaine que je n’ai plus écrit ici, mais j’ai encore écouté le disque. Avant aujourd’hui, il n'y avait rien à noter de particulier. Pour « Helter Skelter » et « Piggies », rien de nouveau à part le volume qui augmentait tout seul.

Pour « Revolution 9 », les choses ont changé. J’entends maintenant des soupirs, à la deuxième écoute ils avaient disparu.

Je m’interroge toujours sur ce mot. D’où vient-il ? Ça reste un mystère.



Écoute N.4


Je me suis maintenant concentré sur « Revolution 9» uniquement. Une écoute sur deux de la chanson m'a fait entendre les soupirs. La musique était de plus en plus forte.

J'avais le sentiment que ces soupirs n'étaient pas enregistrés, mais étaient entendus en temps réel.

Je sais que c'est idiot, que ça n'a ni queue ni tête, mais on dirait qu'il est pourvu d'une conscience. Je me sens bête d'écrire ça, c'est sûrement un effet Placebo dû au fait que ce disque ait appartenu à Manson. Mon esprit me joue des tours.

Cette version m’a vraiment mis mal à l’aise.



Écoute N.5


Je n’ai pas dormi de la nuit, j’entendais la musique dans ma tête. Aujourd’hui, j’ai remarqué que « Piggies » n’était plus comme avant. Maintenant, il ne reste plus que la phrase « What they need's a damn good whacking » (Tout ce dont ils ont besoin est une bonne raclée) qui constitue les paroles, elle se répète en boucle.

Aucun changement sur « Helter Skelter ».

C'est pour « Blackbird » que les choses ont changé. Ou bien est-ce mon imagination ? Le morceau qui est chanté par Paul McCartney comme un hymne à la liberté et aux droits du peuple noir semblait être interprété froidement, comme si McCartney était forcé à chanter cette chanson.

Je commence à me dire que ce disque est vraiment différent.



Écoute N.6


Il est trois heures du matin. J’ai fait l’erreur de laisser le disque deux dans le tourne-disque. « Revolution 9 » s’est lancée toute seule. J’ai cru entendre « Wake UP » hurlé par Lennon, au milieu du morceau. Ce n’était pas là avant, ça n’a jamais été là.

C'est étrange, mais j'ai eu la sensation que ce "Wake up" m'était destiné. J'ai dû halluciner, je suis fatigué, il faut que je me repose.



Écoute N.7


« Helter Skelter » était joué à un volume insupportable. J’avais l’impression que la vitesse n’était pas l’originale, mais qu’elle était plus lente que la version habituelle. « Revolution 9 » ne fonctionnait plus, le disque sautait jusqu’à la chanson suivante. Aucun changement pour « Piggies »
   
J'ai cru entendre un rire, un petit ricanement, mais venant de mon appartement.



Écoute N.8


« Revolution 9 » fonctionnait à nouveau, mais le soupir était une respiration, et on l’entendait bien avant le début habituel de la chanson. À la deuxième écoute, plus aucune musique ne s’est jouée. J’ai juste entendu la respiration ponctuée des « Number nine » et des « Rise » de Lennon, répétés en boucle pendant dix minutes. Normalement, le morceau dure 8
minutes 22.

Je pense que je vais me débarrasser de l'album.



Écoute N.9


« Piggies » a une nouvelle phrase, répétée en boucle : “You can see them out for dinner, with their piggy wives, clutching forks and knives, to eat their bacon” (Vous pouvez les voir sortir dîner, avec les truies qui leur servent d'épouses, attrapant fourchettes et couteaux, pour manger leur bacon). Elle est collée à l’autre.



Écoute N.10


Je commence à perdre la notion du temps. J'ai écouté les disques toute la journée, sans m'en rendre compte. Je me suis même mis à me parler à moi-même, et durant mes interrogations, alors que je demandais à voix haute ce que tout ça pouvait bien vouloir dire, le disque a changé de piste pour jouer en boucle les mots "Happiness is a Warm Gun" (Le bonheur est un flingue chaud).

C'est peut-être idiot, mais j'ai l'impression qu'il m'a répondu. Ça paraît bizarre, mais je crois qu'il est vivant ; doté d'une conscience, du moins.



Écoute N.11


Le tourne disque a fonctionné toute la nuit, et je n’ai pas réussi à l’arrêter.
On dirait que « Revolution 9 » veut me dire quelque chose. Je déraille, ce n'est qu'une chanson, mais plus j'écoute cet album, plus il devient étrange. J’en suis sûr, il attend quelque chose de moi.

J'ai fait des recherches pour savoir si d'autres objets ont les mêmes caractéristiques. J'ai trouvé des gens parlant de cartouches de jeu hantées, ou divers objets de provenance louche. Je ne sais pas si ce sont des histoires ou des gens dans le même cas que moi. Ce qui m'arrive me permet de croire en leurs récits.

Tout ça me fait peur. Je vais me débarrasser de lui demain.



Écoute N.12


Je n'arrive pas à me séparer de lui. J'ai cette irrésistible envie de l'écouter à chaque instant. Il est maintenant vide de toute chanson. J'entends juste la respiration habituelle, ponctuée de petits gémissements. J'ai essayé de lui poser des questions, lui demandant si Les Beatles avaient voulu laisser un message dans cet album. Je n'ai pas eu de réponse.

Par contre, quand j'ai crié que je le jetterai à la poubelle, il a joué "Don't pass me by, don't make me cry, don't make me blue" (Ne m'ignore pas, ne me fais pas pleurer, ne me rends pas triste), avant de retourner sur le silence uniquement coupé par les respirations. Il veut que je le garde avec moi.




Écoute N.13


C’est la dernière fois que je ferai une écoute de ces disques.
Le disque un et deux sont constitués d’un enchaînement entre  « Piggies », « Helter Skelter », et « Revolution 9 », joués aléatoirement et s’entremêlant. Les autres morceaux ne sont plus dessus. Le tout dure sans fin.

J’ai jeté l’album dans une benne. J’ai voulu mettre un CD d’Oasis dans ma voiture. Quel n'a pas été mon choc quand j’ai découvert que « Revolution 9 » des Beatles avait remplacé cette fois-là aussi tous les autres morceaux ! Tous les CDs que j’écoute n’ont plus que « Revolution 9 ».



Ça fait maintenant trois jours que j'ai jeté le disque. Pourtant, je n'arrive pas à dormir, j'ai tellement envie de le récupérer, mais je sais que c'est impossible. Il est déjà détruit maintenant. Et dire que je l'ai payé 300 livres... Il me manque tellement. J'ai essayé d'en parler à mes amis, mais ils ne m'ont pas cru. Apparemment, je suis le seul à entendre « Revolution 9 » partout.

J'ai essayé d’appeler le disquaire, je suis tombé sur la messagerie.
Impossible de laisser un message : après la messagerie, le téléphone raccrochait tout seul.

Je pourrais jurer qu'au lieu d'entendre l'habituelle annonce invitant à rappeler plus tard, j'ai entendu « What they need's a damn good whacking » (Tout ce dont ils ont besoin est une bonne raclée), cette phrase qui est présente dans la chanson  « Piggies ».

Cette nuit, le tourne-disque s'est remis à fonctionner tout seul, jouant les mêmes chansons. Pourtant, il n'y avait plus aucun disque dedans.

Ces musiques me rendent dingue. J'ai jeté tous mes CDs avant de retourner les récupérer.

Je ne sors plus de chez moi depuis quelques jours. J'ai peur d'entendre de la musique, je suis dans le silence de ma chambre.

J’entends ce morceau dans ma tête, maintenant.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis allongé sur mon lit, dans le noir, à entendre « Revolution 9 » dans ma tête. Peut-être quatre ou cinq jours. Je ne sais pas, je n'ai plus la notion du temps, je n'ai pas envie de manger, ni de boire. J'ai juste la force d'écrire ici.

Mes parents m'ont appelé, j'ai voulu leur expliquer ce qui m'arrive, mais ils n'ont pas compris et m'ont dit d'aller consulter un médecin. J'ai immédiatement raccroché.



J'ai retrouvé le disque ! Il était sous mon lit ! Alors que j'étais couché, j'ai entendu un grattement venant du dessous du lit. Quand j'ai regardé, il était là ! Je l'aime tellement, il m'a manqué ! Je me sens revivre. Je vais le remettre dans le tourne-disque de ce pas !


RISE.
RISE.
RISE.
RISE.




Il en va de mon devoir, il faut les éliminer.
C'était ça, le message qu'il veut me faire passer. Le message des Beatles.
Je sais ce que je dois faire.




Merci, John.




mardi 18 août 2015

Dents noires

Je voudrais commencer par dire que cette histoire débute comme la plupart des histoires. Mon ami et moi avions décidé de passer nos vacances d'été dans un chalet que son père possédait, aux alentours d'une grande forêt. On s'était dit que ce serait amusant. Il y avait un lac tout près auquel on pouvait accéder en marchant un  peu et c'était un environnement totalement différent de celui de la ville. Nous pensions qu'une pause était bien méritée après avoir fini nos examens scolaires. Passer quelque temps à pêcher et nager dans le lac, avec un peu d'air frais, nous ferait le plus grand bien.


Frankie et moi sommes amis depuis que nous sommes très jeunes, et même si en grandissant nous avons  développé des personnalités très différentes, nous sommes  toujours restés  en contact. Frankie est  ce genre de  mec sympathique et extraverti qu'on connait tous. Il a des tonnes d'amis et tout le monde l'aime. Il est sûr de lui, charismatique, séducteur...Tout ce que je ne suis pas. En fait, nous avons des personnalités complètement opposées. Je suis timide et je n'ai pas beaucoup d'amis. Je suis même prêt à admettre que je suis un peu bizarre. Je ne suis pas intéressé par le sport comme presque tout les autres gars. Moi, j'aime l'art. En soi, ce n'est pas ça qui me fait  me sentir bizarre, mais plutôt le thème de mes œuvres, qui met mal à l'aise les gens autour de moi.


Et non, non, je ne dessine pas de la pornographie. Je dessine et invente des monstres, toutes sortes de monstres, des zombies aux aliens. Maintenant beaucoup de gens apprécient mon art, mais c'est parce qu'ils ne me connaissent pas personnellement. La plupart de mes amis et des membres de ma famille n'aiment  pas l'objet de mes créations . Ils pensent que ça a une influence négative sur moi, qu'il est anormal de penser à ce genre de choses si souvent. Mais ne vous méprenez  pas. Je ne suis pas une sorte de bête sanguinaire, de créature hostile, ou un membre d'une secte. J'aime juste les monstres. J'aime ce sentiment de "fausse peur", comme beaucoup d'autres gens. Évidemment que c'est amusant de sentir des frissons dans le dos...Quand c'est faux.


Une fois, j'ai demandé à Frankie pourquoi il continuait de vouloir être mon ami, et il m'a simplement dit "Tu es quelqu'un d'intéressant, plus que les autres." C'est ce que j'ai toujours admiré chez lui. Il accepte tout le monde, même moi. Il n'est pas comme tous ces gens qui essayent de me changer. Je suis son ami, avec mes défauts et tout le reste.


Lorsque nous sommes arrivés au chalet, c'était comme si ça sortait d'un rêve. C'était immense, avec plein de fenêtres et des meubles en bois ; c'était le pied. Nous n'avons pas perdu plus de temps. On a posé nos affaires en vitesse et pris le chemin du lac. Le soleil était encore assez haut dans le ciel, on aurait bien le temps d'en profiter avant la nuit. Bien sûr, j'avais apporté mon carnet de croquis, dans l'espoir d'avoir un peu d'inspiration quand je serais là-bas, tandis que Frankie  avait juste emporté sa canne à pêche et un petit sac d'appâts.


Ça n'a pas été très difficile de trouver comment s'y rendre, et il ne nous a fallu qu'une trentaine de minutes pour aller du chalet au lac. Nous sommes restés assis là pendant un bon moment, parlant de tout et de rien, de musique et de filles (Frankie a fait presque toute la discussion, pas de surprise de ce côté-là). Au bout de quelques heures, nous étions tout les deux silencieux, profitant juste des bruits du lac et des oiseaux, et aussi du vent. Je m'étais installé dans un coin pour dessiner le monstre de "L'étrange créature du lac noir" pendant que mon ami pêchait. Après quelques heures de plus, le soleil a commencé à se coucher. Nous avons alors remballé nos affaires et commencé à marcher  vers le chalet.


Environ cinq minutes après avoir entamé notre marche, j'ai réalisé que j'avais oublié un paquet de crayons de dessin sur la rive, alors j'ai dit à Frankie de continuer, et que je le rattraperais  plus tard. Il semblait quelque peu réticent, car il commençait à faire sombre, et que c'était ma première fois hors du chalet.  Il m'a charrié en disant que je n'aurais qu'à appeler les gardes forestiers si je me perdais. Nous avons tout les deux rigolé, puis nos chemins se sont séparés. Ça ne m'a pas pris longtemps pour retourner au lac, mais une fois là-bas, j'ai remarqué quelque chose d'intrigant.


J'ai lentement longé la rive en  regardant attentivement le sol. Il y avait plusieurs traces de pas boueuses et humides allant du bord du lac jusqu'à la zone boisée derrière. C'était presque comme si quelqu'un, ou plutôt quelque chose avait rampé hors de l'eau puis jusqu'aux bois où Frankie et moi étions quelques minutes plus tôt.  Je suis  resté là pendant ce qui m'a semblé être une éternité avant de saisir mes crayons et de  me remettre en marche sans plus tarder.


J'ai dit que j'aimais le sentiment de frisson dans mon dos, quand je savais que c'était faux. Ce n'était pas ce que je ressentais à cet instant. J'étais plus qu'un peu effrayé. La seule chose que je pouvais faire était de me convaincre qu'il y avait une explication logique, une qui n'incluait pas de monstres marins ou de meurtriers cachés dans la forêt. Je serrais fermement mes crayons et regardais prudemment autour de moi pour m'assurer que j'étais seul tout en marchant d'un bon pas sur le chemin du retour. C'est alors que j'ai commencé à entendre de l'agitation tout autour du sentier, des bruissements de feuilles et dans les buissons, des craquements de brindilles...Des bruits de pas et d'eau qui goutte.


J'ai couru. J'ai couru sur tout le chemin, et une fois arrivé, j'ai fermé et verrouillé la porte derrière moi, avant d'entreprendre de baisser tous les stores. Je m'agitais, mal à l'aise, regardant tour à tour les portes et les fenêtres,  attendant que quelque chose se passe. J'ai sursauté quand j'ai senti une main se poser sur mon épaule. Je me suis un peu détendu lorsque j'ai compris que c'était Frankie.


Il avait un regard qui mêlait incompréhension et inquiétude. Au début je n'ai rien dit, j'arrivais à peine à reprendre mon souffle. Mais j'ai finalement expliqué à Frankie ce qui était arrivé, et il a affiché un sourire incrédule, "Tu te fais des films. C'était sûrement juste des loutres ou des ratons laveurs. Ils nettoient leurs pattes dans les lacs et les cours d'eau, c'estsûrement ça que t'as entendu ", m'a-t-il dit nonchalamment. Je me sentais à la fois soulagé et stupide. Je me suis dit que j'avais juste réagi de manière excessive, victime de mon imagination. J'ai donc fini par ne plus y penser. Nous avons dîné,  regardé un peu la télé et nous sommes allés au lit.






J'ai fait un rêve cette nuit-là. Du moins, j'espère que c'en était un. Il y avait une créature qui se tenait au bout de mon lit et qui me fixait.  Enfin, je pense qu'elle me regardait ; je ne parvenais pas à trouver ses yeux. Il y avait deux cavités creusées là d'où ses yeux avaient probablement disparus. Il était couvert de la tête aux pieds de ce qui ressemblait à un mélange d'algues et de cheveux. Son cou était caché par cette étrange substance, de sorte  que ses larges épaules en étaient comme drapées. Il s'est penché dans une position anguleuse, posant ses mains mouillées sur le bord de mon lit. Le bout de ses doigts était coloré d'un noir sale. Ses ongles étaient fissurés et très longs, grattant le pied du lit en même temps qu'il se dirigeait vers le coin du matelas. Le parquet faisait un bruit étouffé à chacun de ses pas, qui le rapprochaient lentement  de moi.


Je voulais crier, m'enfuir, ou me cacher, mais j'étais figé sur place. Je n'ai rien fait de plus que m'autoriser un regard furtif quand il a approché son corps massif de mon visage. De l'eau dégoulinait de son visage pour tomber sur ma tête et sur mes bras, accompagnée par quelques minuscules coléoptères noirs qui se tortillaient  quand ils atterrissaient  sur le lit. La créature a ouvert sa bouche sans lèvres, garnie de dents à demi déchaussées, jaunies et pleines de taches noires.


J'observais le goutte à goutte de l'eau tombant de sa mâchoire, suivi par la chute d'une de ses dents tachetée de noir en plein milieu de ma poitrine. Il a placé sa tête juste en face de la mienne et j'ai alors reconnu l'insupportable puanteur du tabac. Ça m'a retourné l'estomac. Tout était silencieux, les seuls sons étaient sa respiration laborieuse et mes propre battements de cœur. Mes yeux étaient écarquillés et je me sentais glacé, terrifié. J'avais beaucoup de mal à contenir ma peur. La chambre a commencé à tourner et ma vue est devenue embrumée et sombre. Ma respiration était faible et irrégulière.

Quelques secondes plus tard, mes yeux se sont révulsés et j'ai perdu connaissance. Mais je pourrais jurer que, dans ces derniers moments de flottement, j'ai distinctement entendu les mots "Tu es à moi, mon garçon"  s'échapper grossièrement de sa gorge comme une bouffée de fumée.




Je me suis réveillé avec des sueurs froides ce matin-là. Je suis tombé du lit et je me suis appuyé contre le mur pour essayer de me calmer. C'était juste un rêve, juste un très mauvais rêve. Il  devait être le résultat de tous ces films sur les monstres, n'est-ce pas ? Une fois calmé, je me suis rendu à la salle de  bain pour prendre une longue douche avant d'aller prendre un petit déjeuner dans la cuisine.


Frankie était déjà en bas, en train de se faire des œufs et du bacon, d'après ce que je sentais, et franchement, des œufs et du bacon me semblaient être une assez  bonne idée pour me remettre. Le soleil offrait une vue réconfortante quand je suis arrivé à la table de la cuisine. Lorsque Frankie a remarqué ma présence, il m'a adressé un rapide sourire avant de me demander : "Alors, tu as vu quelque chose de flippant ce matin ?"


J'ai froncé légèrement les sourcils. Je savais qu'il plaisantait, mais le souvenir de ce qui était arrivé cette nuit était encore trop frais dans mon esprit pour que je puisse l'ignorer complètement. J'ai haussé les épaules et ai réussi à lui adresser un petit sourire avant de ramasser mon matériel de dessin, pour m'aider à penser à autre chose. Frankie avait l'air déçu, comme s'il espérait que cette blague serait plus drôle, et il est retourné à ses œufs et son bacon. " T'en veux un peu?" m'a-t -il demandé. Je me suis empressé de répondre, en essayant de détendre l'atmosphère. "OUI, enfin! Je pensais que tu me poserais jamais la question! J'étais sur le  point de mourir de faim !" On a éclaté de rire  et commencé à se moquer l'un de l'autre à tour de rôle. C'était presque comme si les choses étaient revenues à la normale.


Dans ma distraction, j'avais dessiné quelque chose chose que j’espérais ne jamais avoir à revoir. Je n'avais pas remarqué jusqu'à ce que mon esquisse soit  presque complètement terminée. Ces deux orbites vides qui hantaient mes rêves. J'ai immédiatement refermé mon carnet avant de le mettre de côté, dégouté. Comment avais-je pu dessiner ça sans même m'en rendre compte? L'art n'est pas une chose ou méthode irréfléchie ; vous devez savoir ce que vous êtes en train de dessiner pour obtenir un résultat correct. Alors... pourquoi j'aurais voulu dessiner ça? Mes yeux se sont posés sur ma main et j'ai remarqué quelque chose d'encore plus alarmant.


Le bout de mes doigts avait pris une teinte jaunâtre, accompagnée  de petites taches noires entre mon index et mon majeur. J'ai d'abord pensé que c'était juste de l'encre, mais aucun de mes stylos ne fuyait. Comment diable mes doigts s'étaient-ils retrouvés comme ça ? Heureusement, Frankie avait fini de faire à manger avant que je ne me mette à trop y réfléchir.


Une fois notre repas fini, Frankie a suggéré que nous nous rendions au lac pour pêcher un peu plus, et peut-être même nager. Je n'étais pas très enthousiaste à l'idée d'y retourner, mais je voulais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour dépasser mes craintes, alors j'ai fini par accepter. Je me suis mis en maillot de bain, et j'en ai profité pour  essayer de nettoyer les taches noires sur mes doigts. En vain. Ça ne voulait pas s'en aller. Je ne sais pas comment, mais j'ai réussi à me convaincre que c'était vraiment de l'encre et qu'un de mes stylos avait un problème. Je veux dire, c'est une explication convenable, non ? Par réflexe, j'ai pris mon carnet de croquis, qui était ouvert à une page vierge sur la table de la cuisine.


Je n'y ai pas accordé d'importance, pensant que Frankie avait dû y jeter un coup d’œil pendant que je m'habillais. En toute sincérité, je n'avais pas du tout prévu  de nager, mais ce serait plus facile de refuser les propositions insistantes de Frankie au bord du lac qu'au chalet. Nous sommes donc partis ensemble une fois nos affaires réunies. Frankie semblait à l'aise dehors, mais je gardais un œil au cas où quelque chose d'étrange arriverait. Je ne pouvais pas ignorer le sentiment tenace que quelque chose clochait.


Tout semblait normal lorsque nous sommes arrivés sur la jetée. Le soleil était haut, le ciel bleu, le lac accueillant. Peut-être que tout ça était juste dans ma tête. Frankie était en extase quand il a vu le lac. Il s'est dépêché de poser les affaires qu'il avait emmenées, a retiré se chemise et a sauté dans l'eau. Il nageait, arborant un grand sourire, m'a regardé, puis m'a dit : "Viens, elle est bonne ! On fait la course jusqu'au milieu du lac et on revient, ok ?". Il m'a fait signe de le rejoindre, mais j'hésitais. J'étais encore inquiet, même si tout semblait parfaitement normal. "Peut-être un peu plus tard, j'ai quelques idées que je voudrais dessiner
d'abord..."


Frankie a essayé une fois de plus de me convaincre, mais il a fini par aller nager seul, plus loin de la rive. Je me suis assis par terre et j'ai ouvert mon carnet de  croquis, en  feuilletant les pages à recherche de la dernière page utilisée. Quand je l'ai enfin trouvée, je me suis figé. Il y avait un dessin qui n'était pas là  avant. 

Je ne l'avais pas dessiné. Je sais que Frankie n'a pas pu le dessiner non plus. Ça ne pouvait pas être lui, j'avais tenu mon carnet pendant tout le trajet vers le lac. J'ai senti un frisson remonter le long de mon échine. Le dessin représentait un garçon assis au bord de l'eau, fixant un gros livre qui ressemblait à mon carnet, sauf qu'il y avait une immense silhouette sombre derrière lui. J'ai remarqué qu'une grosse ombre commençait lentement à me couvrir, moi et mon carnet.


Tout semblait bouger au ralenti. Je n'entendais plus du tout le chant des oiseaux, mais je pouvais entendre Frankie hurler mon nom. Il agitait ses mains dans les airs  et criait comme pour me prévenir de quelque chose. Je n'arrivais pas vraiment à entendre ce qu'il disait, mais je pense que je le savais déjà. De l'eau coulait sur  mon carnet et mes vêtements. L'odeur du tabac emplissait l'air. Je fixais l'eau avec crainte, jusqu'à voir lentement émerger ces fameuses orbites vides juste en face de moi. Mes yeux se sont écarquillés sous l'effet de la peur.



J'ai essayé de m'enfuir mais il a attrapé ma jambe et m'a entraîné vers le sol. Je me suis accroché au bord du lac mais il m'a tiré avec une telle force que je ne  pouvais rien faire d'autre que me laisser aller. Il a commencé à me trainer vers la forêt. J'ai hurlé, lui ordonnant de me laisser partir, mais il ne m'a même pas  adressé un regard. Je pouvais entendre ce qui ressemblait à un marmonement indistinct sortant de sa bouche. Il continuait de tirer avec force tandis que j'essayais de m'accrocher à tout ce que je pouvais. J'enfonçais mes mains et mes bras dans le sol jusqu'à ce qu'ils soient couverts de saleté, de coupures et de contusions, mais cela m'importait peu.


J'ai continué de pousser des hurlements, en espérant que quelqu'un m'entendrait, mais je n'ai pas eu cette chance. Soudain, une petite cabane est rentrée dans mon champ de vision. Elle avait l'air d'être abandonnée depuis plusieurs décennies. J'étais surpris que ça tienne encore debout ; on aurait dit qu'elle pouvait tomber en morceaux à tout moment. Je crois que c'était un vieil abri anti-cyclone. Il a ouvert la porte de sa main libre.


Il a lâché ma jambe et j'en ai immédiatement profité pour essayer de m'enfuir, mais il ne lui a fallu que quelques secondes pour m'attraper par l'épaule et me jeter  dans la cave. Je suis tombé dans les escaliers et ma tête s'est cognée contre le sol. Je me suis assis là, les yeux rivés au plafond, pendant que le monde tanguait  autour de moi. J'ai entendu la créature rire de sa voix éraillée et haletante tout en claquant les portes. Je suis tombé dans les pommes quelques minutes plus tard. Je ne sais pas combien de temps j'ai été inconscient, mais au moment où je me suis réveillé, il faisait noir.





J'éprouvais une douleur lancinante à la tête et je pouvais sentir une substance chaude ruisseler le long de mon visage et dans mes cheveux. J'ai essayé de m'asseoir, mais ça m'a fait me sentir encore plus mal. Tout continuait de bouger et je n'arrivais pas à garder mon équilibre. Mon poignet me faisait extrêmement mal, j'avais dû me le tordre quand on m'a jeté ici. Il y avait quelques bougies dans la salle qui diffusaient une lumière faible.



J'ai légèrement sursauté quand j'ai entendu un bruit de verre brisé par terre au-dessus de moi. Je distinguais des cris et d'autres bris de verre. Ma tête commençait à aller mieux, alors je me suis redressé et j'ai regardé en direction du plafond. Il y avait plus d'une voix - trois, pour être exact. L'une d'elles était rauque et colérique, les deux autres semblaient appartenir à des personnes un peu plus jeunes, un homme et une femme. Brusquement, j'ai entendu crier. Au même moment, j'ai aperçu une tache claire dans un coin du plancher au-dessus de moi.


J'ai senti une goutte d'un liquide chaud tomber sur ma joue. Je l'ai essuyée, et j'ai regardé ma main pour voir ce que c'était. J'ai été horrifié de  voir le liquide rouge étalé dans ma paume et j'ai rapidement rampé hors d'atteinte d'autres gouttes. Je devais sortir de cette cave tout de suite ! J'étais sur le point de rejoindre la porte, quand j'ai vu quelqu'un assis à une table, à côté du mur.


Il avait l'air peiné, la tête appuyée sur le bout de ses doigts. Il me regardait avec une expression qui exprimait des années de malheurs. Au milieu de la chemise du  jeune homme se trouvait une large blessure par balle entourée par une tache de sang humide. Il y avait également des traces de sang sur son visage et son épaule. Ses cheveux et ses yeux étaient aussi noirs que du charbon et sa peau aussi blanche que du papier. Il me ressemblait beaucoup, à l'exception que ses vêtements étaient du style de ceux portés dans les années 1900.


Il était habillé d'une chemise blanche avec un long pantalon brun, ainsi que de fines bretelles et des chaussures noires très habillées. "Il m'a mis ici après avoir tiré sur moi, son propre fils. C'était avant qu'il décide de jeter mon corps dans le lac." Il a tripoté ses mains un instant avant de reprendre la parole. " Il a toujours été très déçu par moi, il me blâmait pour son addiction à la boisson et à la cigarette, comme si j'en étais la cause. Mais je pense qu'il se sentait juste seul, et qu'il avait peur que je l'abandonne comme ma mère l'avait fait. Elle est morte quand j'étais encore jeune, et il n'a plus jamais été le même depuis."


Il a regardé le plafond avec un regard si froid qu'il aurait pu geler mon âme. "Je suppose qu'il a pensé qu'il pourrait  me faire rester. Après tout, tu ne peux pas t'en aller si tu es mort, pas vrai ? Mais j'aurais voulu voir l'expression sur son visage quand il est tombé dedans à son tour, et que, trop ivre, il n'a pas pu se sauver." Son visage s'est de nouveau assombri, plombé par sa propre solitude et ses regrets.


"J'étais sur le point d'épouser la plus belle femme que j'avais jamais vu. Son sourire aurait pu faire fondre la surface de Neptune tant il était chaleureux. Elle était mon soleil, la lumière de ma vie... Et il l'a tuée aussi." Un bruit s'est alors fait entendre à l'étage au dessus. Il m'a regardé d'un air grave. "Vous ne devriez pas être ici. Vous devez sortir d'ici tant que vous le pouvez encore. Il va vous tuer, comme ma fiancée et moi. Vous devez vous réveiller immédiatement !"   
Sa voix devenait confuse. Comme tout le reste. Tout était noir et ma tête s'est mise à vibrer. Je pouvais néanmoins entendre une voix familière au loin. Je l'ai entendu de plus en plus fort, jusqu'à ouvrir les yeux une fois de plus. "Nick! Nick! Réveille-toi! Oh mon dieu!" Ma tête vibrait encore et j'essayais de donner un sens à ce qui se trouvait autour de moi. De la lumière entrait de la porte ouverte de la cave. Elle était orange pâle, ça devait être le soir.





Frankie était accroupi à côté de moi et me secouait par les épaules. Il balayait frénétiquement la pièce du regard et essayait de me relever

"Nous devons partir maintenant! Tu peux marcher ?" J'ai faiblement hoché la tête. Il n'y avait pas moyen que je reste là plus longtemps, alors j'ai ignoré ma tête qui me faisait toujours souffrir. Il m'a aidé à me remettre sur pieds et j'ai légèrement trébuché, mais j'ai tout de même réussi à garder l'équilibre.  C'est là que nous avons entendu des pas venant de l'étage.


Frankie m'a aussitôt tiré vers le haut des escaliers de la cave et nous nous sommes retrouvés dans la forêt. Une fois là-bas, je crois que l'adrénaline m'a foutu un sacré coup de fouet, car je me sentais assez bien pour marcher et courir tout seul. On a tous les deux commencé à courir. J'ai regardé derrière et j'ai aperçu du coin de l’œil le jeune homme que j'avais vu dans mon rêve, debout devant la maison, qui nous regardait partir.


Nous  courions  pour sauver nos vies,  mais avec ma blessure, je trouvais difficile de suivre Frankie qui avait disparu dans le feuillage devant moi. Quand je suis arrivé au chalet, Frankie était introuvable. Je criais son nom, mais n'obtenais pas de réponse. J'ai boité vers le côté du chalet où était le garage, et je l'ai trouvé vide. Pas de voiture. 

J'ai senti mon cœur manquer un battement. J'entendais les pas clapotants dans la forêt derrière, venant de la vieille cabane.


J'ai reculé de dépit en voyant émerger la sinistre figure hors de la forêt et se diriger vers moi. Dans un mouvement convulsif, son visage s'est déformé en un sourire crispé et affreusement malsain. " J-E  T  A-I- T-R-O-U-V-É ", a-t-il soufflé lentement. 



Comme sorti de nulle part, j'ai entendu un bruit de klaxon de voiture s'approcher de l'allée. Frankie a arrêté la voiture avec un bruit strident et m'a crié par la fenêtre : " MONTE!".


J'ai sauté à l'intérieur et on a filé au loin, loin de cette effrayante cabane, loin des esprits. On a continué de rouler sans s'arrêter jusqu'à ce que nous soyons  arrivés en ville, où nous sommes passés par l'hôpital et le poste de police. Nous n'avons évidemment rien dit sur la créature sans yeux, ni sur les fantômes. Nous leur avons simplement dit qu'un homme fou nous avait suivi et attaqué, et qu'il vivait dans cette  cabane pas loin de notre chalet.






Ils ont visité l'endroit mais n'ont trouvé ni homme, ni créature démoniaque. Ils ont cependant démoli la cabane qu'ils jugeaient dangereuse pour le public en raison de sa vétusté. Ils ont aussi mené des recherches dans le chalet pour trouver des indices, et ont trouvé un objet particulier dans ma chambre. Cachée dans les couvertures de mon lit, il y avait une petite dent tachée de noir qu'ils ont gardée comme la seule et unique preuve des incidents du chalet.



Frankie et moi avons profité de l'enquête pour retourner chercher nos affaires. Nous étions tout les deux mal à l'aise au début, mais je me suis dit que tout irait bien avec un groupe de policiers armés pour nous accompagner. Rien qui sorte de l'ordinaire n'est arrivé quand nous y étions. J'espère que la destruction de la cabane a fait partir la créature, l'esprit, ou peu importe ce que c'était, ainsi que les personnes qu'il a tuées.


Il m'a fallu une éternité  pour avoir le courage d'ouvrir à nouveau mon carnet de dessins. À ma grande surprise, tout les dessins de la créature avaient disparu en même temps que les taches noires et jaunes qui étaient sur mes doigts. Ça m'a pris du temps avant de me remettre au dessin, mais au moins, je vais avoir de la  matière à travailler maintenant. 





Traduction : Antinotice

Texte original ici