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vendredi 30 novembre 2018

Des spotlights pour Noël !

Afin de fêter Noël comme il se doit, l'équipe de CFTC vous proposera, jusqu'au 25 décembre, et ces tous les lundis et les mercredis, un spotlight de textes ayant pour thème Noël. Bien sûr, les autres publications du vendredi et du Dimanche resteront des textes inédits.

 Rendez-vous tout à l'heure pour la creepypasta et lundi pour le premier spotlight !


lundi 26 novembre 2018

Les guêpes de mon grand-père

D'aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu cette grande ruche, perchée dans l’immense sapin près de la maison de mon grand-père.


Nous étions trois, mes cousins et moi. Nous étions curieux. Nous n’arrêtions pas de demander si nous pouvions emprunter l’échelle pour essayer d’atteindre le sommet, et voir le nid de plus près. Et toujours, mon grand-père secouait la tête. Il disait qu’il ne fallait pas déranger les guêpes, que l’échelle était trop courte de toute façon. Alors, à chaque nouveau lever de soleil, la ruche était toujours au même endroit, immobile, attendant.


Un appel toujours plus impérieux à venir l’explorer, la toucher, la déranger un peu.



Le plus étrange, c’est que nous n’avions jamais vu de guêpes dans les environs. Pas une seule, depuis que nous venions ici. Grand-père nous disait que c’est parce qu’elles étaient trop en hauteur, ou alors en sommeil, et qu’il ne fallait surtout pas les réveiller.


Je sais que mes parents insistaient depuis des années pour qu’il la fasse enlever. Mais il se contentait toujours de hausser les épaules et de changer de sujet.


Le temps a passé. D’enfants, nous avons fini par devenir des adolescents. La stupidité qui allait de pair avec cette évolution ne nous a pas épargnés, et nous n’arrêtions pas de nous lancer ce défi idiot qu’était celui d’escalader le sapin et d’en décrocher la ruche. Mais heureusement, ni moi ni mes cousins n'avions osé. Du moins, à cette époque.
Puis, nous sommes devenus de jeunes adultes. Basiquement la même chose, avec en bonus la capacité de réaliser nos conneries d’adolescents.


« – Je te parie que tu ne monteras pas en haut du sapin pour en décrocher la ruche », m'a un soir lancé mon cousin Jérôme pour la millième fois au moins de toute notre vie, alors que nous étions tous trois assis sur le porche, bière à la main et soleil déclinant au-dessus des cimes.


Je me souviens très nettement que mon autre cousin plus âgé, Marc, a levé les yeux au ciel.


« – Pas encore ce truc idiot... »


Moi ? J’étais assez âgée pour avoir le cran de relever le défi, mais encore trop jeune pour avoir l’intelligence de ne pas le faire.


« – Je te prends au mot, tu me devras une bière.
– Si tu y arrives, je te payerai un pack entier. »


Je me suis alors levée, et j’ai marché vers le grand arbre, suivie de près par Jérôme. Marc a fait de même, mais avec une certaine réticence. Nous sommes finalement arrivés au pied du fameux sapin. Nous avions bien grandi depuis la première fois que nous étions venus ici, à nos cinq ans ; mais il demeurait malgré tout bien plus large et massif que nous. Le plus grand arbre que nous ayons jamais vu.


J’ai alors commencé à grimper. Le début était facile, je l’avais fait de multiples fois. C’est la suite qui posait problème, qui demandait toujours plus d’efforts. Et qui devenait plus dangereuse, aussi.


J’ai battu mon record précédent ce jour-là, et j’ai continué à grimper jusqu’à la ruche. Les encouragements de Jérôme et les conseils inquiets de Marc devenaient de plus en plus lointain.


Vous savez comment sont les sapins, les branches du sommet sont toujours moins touffues, moins longues que celles de la base ? Elles sont plus fragiles aussi. Je devais donc faire très attention. Heureusement, la ruche ne trônait pas vraiment au sommet de l’arbre, autrement il aurait été impossible de l’atteindre.


Mais plus je montais vers elle, plus elle me semblait étrange. Sa forme était grossière, irrégulière. Je ne voyais aucune guêpe. En dessous de celle-ci, le tronc de l’arbre semblait étrangement boursouflé, en une improbable excroissance d’écorce qu'on ne pouvait voir depuis le sol.


Aucun bourdonnement. Aucune guêpe. Ce n’était pas faute de faire attention pourtant, je ne voulais pas me faire piquer. S’il y en avait eu, je me serais sans doute arrêtée là et serais redescendue. Toucher la ruche, c’était plus un délire de gamin, le principe de nos jeux était juste de s’en approcher le plus possible.


Mais il n’y avait pas de guêpes. Donc j’ai continué.


Je me suis arrêtée de grimper au moment exact où j'ai réalisé que la ruche n’était pas vraiment attachée à l’arbre, mais plutôt à l’excroissance du tronc mentionnée précédemment.
Et que l’écorce avait ici la forme d’un être humain.


Un être humain à l’envers, enserrant le tronc de ses mains et de ses jambes, immobile. Donc ce que nous avions pris pendant des années pour une ruche était visiblement la tête. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de me poser plus de questions.


Deux yeux se sont ouverts sur la ruche. Deux yeux bleus, humains.


J’étais tellement sur le cul que je n’ai eu aucune réaction. Je me suis contentée de regarder les yeux, bouche bée.


« – Est-ce que ça va ? a hurlé Jérôme. »


La créature a alors eu un mouvement vif, incroyablement vif. Elle m’a foncé dessus, dégringolant le tronc comme une chenille arrimée à sa branche.


J’ai hurlé et tout lâché.


La rencontre avec le sol a été rude. J’ai eu très mal, j’ai beuglé et chialé comme une gamine, je ne mentirais pas. Jérôme et Marc se sont immédiatement précipités vers moi.


Nous avons tous les trois vu la chose, la même chose. Elle a atterri à quelques mètres de là où j’étais moi-même tombée, sans problème. S’est redressée. Nous a regardés, de ses grands yeux bleus incrustés dans la fausse ruche.


Puis a fait volte-face et s’est mise à courir en direction de la forêt, ses jambes partant sans cohésion dans tous les sens, mais avec une vitesse phénoménale.


La dernière chose que j’ai vue, c’était son cul nu en écorce qui disparaissait dans les fourrés.


Marc a appelé les pompiers. J’avais une côte cassée et une fracture à la jambe. Nous n’avons rien dit. Ni aux parents, ni aux médecins, ni à grand-père.


Mais quand ce dernier a fini par apprendre que j’étais tombée de l’arbre, quand il a vu que la ruche n’était plus là, il ne nous a pas laissé le choix. Il nous a chassés. On a dû passer une nuit à l’hôtel, tous les trois, le temps que nos parents respectifs viennent nous chercher en voiture.


Nous n’avons pas dormi de la nuit. Nous n’avons pas discuté de ce que nous avions vu non plus.


Nous n’avons plus jamais revu grand-père. Il refusait de quitter sa maison, et refusait aussi que nous retournions chez lui.


Si je parle de cette histoire, c’est parce qu’il est mort récemment. Marc et moi étions les seuls héritiers possibles de son domaine forestier, Jérôme étant mort quelques années plus tôt dans un accident de moto. Mon cousin ne voulait plus rien avoir à faire avec les lieux, et m’avait conseillé d’en faire de même.


Comme je l'avais déjà fait des années auparavant, je ne l’ai pas écouté.


Je suis allée à la maison. Le palier en ruines m’a rappelé des souvenirs, bons comme mauvais. Je suis entrée dans la maison. Juste le silence. Et un petit bourdonnement.


Depuis ma dernière expérience j'aimais encore moins les guêpes, même celles aussi petites que l’intruse qui m’importunait à l’instant. J’ai passé plusieurs minutes à essayer d’anéantir celle-ci à l’aide de ma chaussure, avant même de vouloir explorer les lieux davantage. J’ai finalement réussi à l’atteindre, mais pas avant qu’elle réussisse à me piquer.


Il m’a semblé entendre la voix de mon grand-père résonner au moment où le projectile a enfin atteint sa cible. Il nous disait toujours de ne jamais, jamais tuer un insecte quel qu’il soit.


Après le meurtre, j'ai retourné ma chaussure. Il y avait un mélange abominable de chitines et de fluides visqueux, d'une curieuse teinte jaune et rouge.
Dans les derniers morceaux encore identifiables de la créature, je suis sûre d’avoir vu de minuscules membres humains, ainsi que la monture déformée d’une paire de lunette infiniment petite.


Je suis partie aussi vite que j’étais venue. Sans ma chaussure et sans les clés de cette maudite maison.


Le médecin m’a dit que c’était une simple piqûre de guêpe, sans rien d’anormal. Je m’en suis remise quelques jours plus tard.