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mercredi 31 octobre 2018

Le documentaire de CFTC - Creepypastas : Un regard français

Après quelques semaines de travail, des idées farfelues mais qui ont tout de même débouché sur quelque chose, des sueurs froides, des imprévus et une collaboration rocambolesque, nous avons fini par monter sur pied un projet dont nous ne sommes pas peu fiers : le premier film documentaire francophone sur les creepypastas réalisé de l'intérieur de cet univers ! Nous espérons que vous l'aimerez autant que nous avons aimé y contribuer. Sur ce, joyeux Halloween à toute la communauté de la part de l'ensemble de l'équipe !




lundi 29 octobre 2018

Le procès de Jonh Fargo

Les événements relatés ici se sont déroulés le 12 juillet 1998, dans un tribunal de la ville de San Diego, en Californie (Etas unis). Par respect pour la vie privée des intervenants, tous leurs patronymes ont été remplacés par de faux noms.
Ainsi donc, le 12 juillet 1998 a eu lieu le procès de Jonh Fargo, accusé de multiples meurtres. En effet, entre 1987 et 1997, il se serait rendu coupable de la mort de 13 personnes, dont 3 enfants. Lorsqu'il a été arrêté, il se trouvait dans une maison voisine à celle ou s'était récemment produit le meurtre de toute une famille, maison à laquelle il avait déjà commencé à mettre le feu.
Pour cette audience, une grande partie de la Police de San Diego avait été mobilisée afin de sécuriser l'endroit, car énormément de personnes, parmi les famille des victimes, auraient pu tenter d'attenter à la vie de l'accusé avant l'heure.
Ce jour là, tous les yeux étaient rivés sur ce tribunal.

Sans attendre, voici une retranscription de ce qu'il s'est dit lors de ce fameux procès.

"Monsieur Fargo, vous êtes accusé d'avoir commis au total 13 meurtre, entre le 18 février 1987 et le 22 avril 1997. Vous êtes également accusé d'être à l'origine de 9 incendies à caractère criminel. Qu'avez vous à répondre à ces accusations ?
- Maître, je plaide coupable pour les incendies. C'est en effet moi qui ai incendiés ces maisons. Par contre, je nie totalement les accusations de meurtre. Ce n'est pas moi qui les ai commis.
-Vous confessez donc avoir incendiés ces maisons. Mais, comme vous le savez, ces maisons était toutes voisines à celles où les meurtres ont eu lieu. Cela ne peux pas être une coïncidence. 
- Et si ça l'était ? C'est tout à fait possible, et, sauf erreur de ma part, vous n'avez aucune preuve me reliant aux meurtres. Maître, je pense que vous avez mieux à faire que d'être ici à m'accabler de faits que je n'ai pas perpétrés.
- Monsieur Fargo, je suis ici pour faire mon travail. J'ai d'ailleurs des documents qui attestent d'un évident lien entre ces crimes et vous.
Le 18 février 1987, un couple est tué dans sa maison de Los Angeles. Or, la maison voisine avait pris feu quelques minutes avant les faits. Sur place, nous avons retrouvé vos empreintes sur la boîte aux lettres. Est-ce là une coïncidence, monsieur Fargo ?
- Et bien, je...
- Le 24 Juin 1989, toute une famille trouvée démembrée dans leur maison de Sacramento. Quelques minutes avant, la maison de leur voisin avait été incendiée. Une nouvelle fois, vos empreintes ont été retrouvées sur place. Encore une coïncidence ?
- Mais...
- Le 1er Novembre 1990, à San Francisco, une femme est trouvée morte à son domicile. Elle avait été éventrée. Devinez quelle maison a été incendiée quelques minutes plus tôt ? Et quelles empreintes ont été relevées, cette fois encore ? Voulez-vous que je continue la liste des "coïncidences", monsieur Fargo ?
- Très bien, mais cela ne constitue toujours pas la preuve formelle que je suis à l'origine de tous ces meurtres. Comme je l'ai déjà dit, je suis sûr que vous avez mieux à faire que d'être ici à m'accuser sans preuves plus tangibles. Vous pourriez être avec votre famille, par exemple.
- Ne vous moquez pas de nous, monsieur Fargo. Ces "coïncidences" suffisent amplement à vous lier aux meurtres. Je vous conseille de coopérer. Si vous nous dites la vérité sur ces meurtres, peut-être que vous ne serez pas condamné à mort, et écoperez simplement de la réclusion à perpétuité. La balle est dans votre camp, monsieur Fargo.
- Très bien, très bien, je me rends. Je vais tout vous expliquer, car quoi que je fasse, je sais que je ne serais plus jamais un homme libre. Vous avez raison, ce ne sont pas des coïncidences. Mais je continue à le clamer: je n'ai tué personne. 
- Vous êtes donc complice ?
- Je ne peux le nier. Vous savez, en Californie, il y a énormément de patrouilles de Police. Et beaucoup de maison sont équipées d'alarmes, rendant les cambriolages difficiles.
- C'est un fait. Dans le rapport, il est indiqué que les alarmes des maisons où ont eu lieu les meurtres ont toutes été déclenchées les jour des crimes.
- Et tous les policiers se sont rendus sur place... Leur attention ne s'est portée que sur la maison en feu, bien évidemment.
- Vous étiez donc un leurre ? Vous faisiez en sorte de diriger les forces de l'ordre vers la maison en feu et non vers celle ou se déroulait le meurtre ? Mais pour quelle raison ? Pourquoi diable voudriez-vous aider quelqu'un à tuer toutes ces personnes ?
- Par... amour. Vous savez, quand on aime quelqu'un, on le prend entier, avec tous ses défauts... J'étais, et je serais toujours, prêt à tout pour lui. Il était adorable, mais il avait quelques petites pulsions, qu'il ne pouvait pas cacher. Je l'ai donc aidé à les satisfaire, quand je sentais qu'il était sur le point d'exploser.
- Vous avez donc allumé ces feux pour distraire les forces de l'ordre pendant que votre amant massacrait de pauvres innocents dans la maison d'à côté... Vous êtes complètement fou.
- Fou d'amour, oui. 
- De plus, vous irez - au mieux - en prison pour le reste de vos jours, alors que votre amant se promène toujours librement, dehors. Savez-vous où il pourrait se trouver ?
- J'ai ma petite idée, oui.
- Et bien ?
- Disons que mon ultime acte d'amour s'achève maintenant. Vous savez que la plus grande partie de la police de San Diego se trouve ici aujourd'hui, n'est-ce pas ?
- Et alors ?
- Je vous l'avais dit, Maître. Vous avez mieux à faire que d'être ici aujourd'hui. Je vous l'ai répété."

L'avocat était alors devenu livide, et s'était précipité hors de la salle pour téléphoner à sa famille. Peine perdue, car on su plus tard qu'elle avait été tuée pendant le procès.
Jonh Fargo a été condamné à perpétuité pour sa complicité lors des meurtres commis par son amant, qui n'a jamais été retrouvé.
Il a finalement été assassiné en prison par le frère d'une des victimes, quelques années plus tard.

vendredi 26 octobre 2018

Le photomaton de San Fernando

Pendant une période qui a duré presque trois mois, s'étendant d'Avril à mi-Juin 2002, un photomaton situé dans le Centre Commercial de Steltson Oaks Mall, dans la vallée de San Fernando (Los Angeles) n'a produit que des photos du même homme, et ce peu importe la personne qui utilisait la machine.



Cet homme semblait toujours regarder en face de lui, avec un visage dépourvu d'expression. Il était compliqué de déterminer son âge avec précision, même si il a été convenu qu'il devait être, sinon un adolescent, un jeune homme aux alentours de la vingtaine. Au début du mois de Juin cependant, les photos de l'homme ont commencé à être produites avec bien plus de rapidité qu'auparavant, et ont changé peu à peu. 



Les photos se sont progressivement transformées. En effet, les yeux de l'homme ont changés peu à peu et le reste de l'image semblait toujours se déformer davantage. Au final, la machine à fini par être retirée du centre commercial à force de plaintes des clients, beaucoup d'entre eux affirmant avoir été réellement choqués par les photos, et auraient dit avoir fait des rêves impliquant l'homme qui que l'on y voyait. Actuellement, l'endroit où se trouve la machine n'est pas connu publiquement.

Malgré tout, les photos en question étant très prisées sur le marché, elles sont encore trouvables en quantité dans des magasins spécialisés en objets étranges.



Traduction : Tac


Source

vendredi 19 octobre 2018

Changements

Quelque chose ne va pas. Tout a l'air si réel... Pourtant, ma famille me dit que c'est dans ma tête. J'essaye de m'en persuader mais rien n'y fait, je crois qu'il se passe quelque chose.

Tout a commencé par une mélodie que ma femme avait l'habitude de siffler en cuisinant, toujours la même. Je n'ai plus le nom, c'était une jolie mélodie, douce, ça l'aidait à se concentrer, disait-elle. Une sorte de rituel porte-bonheur ou quelque chose comme ça. Mais ce matin, la mélodie avait changé, et son sifflement était devenu faux, il m'agressait presque. Je ne voulais pas la vexer, mais ça devenait une obsession, je n'arrivais même plus à me concentrer sur autre chose ! C'était tellement faux... tellement aléatoire... Heureusement, elle a fini par servir le repas, et tout est rentré dans l'ordre.

Le lendemain ça recommençait. Une mélodie fausse, sans air précis. Cette fois, je n'ai pas pu m'en empêcher et je lui ai demandé quelle était cette mélodie, et pourquoi elle avait changé sa chanson fétiche. Elle a alors marqué un temps d'arrêt et s'est retournée vers moi, les yeux ronds et les sourcils haussés. "De quoi tu parles ?" m'a-t-elle demandé. "J'ai toujours sifflé la même chose, depuis qu'on se connaît". Une sensation de malaise s'est alors emparée de moi, comme si tout mon sang s'était figé en une seconde. J'ai ris nerveusement et suis retourné à mes activités, comme si de rien n'était... Du moins, j'ai essayé. Quelques minutes après, mon fils et rentré, et ma femme cuisinait toujours en sifflant. Je me suis alors jeté sur lui en lui demandant s'il trouvait que maman avait changé de mélodie. "N'importe quoi, c'est toujours la même foutue mélodie depuis des années, si seulement elle pouvait en changer !" Mon sang s'est à nouveau figé. J'étais en train de devenir fou ou quoi ?!
Les trois jours suivants se sont passés normalement, enfin, mis a part cette nouvelle mélodie, mais j'essayais d'occulter ce "détail". Cependant, le quatrième jour, quelque chose a attiré mon attention. La voix de ma femme était devenue un peu rauque, comme celle d'une fumeuse. A table, pendant qu'elle parlait, je lui ai donc demandé si elle avait pris froid pour avoir une voix aussi grave. Mes deux gosses et ma femme se sont m'ont alors fixés avec incompréhension, interloqués. Mon fils a regardé sa soeur en roulant des yeux. Avec un sourire, ma femme a pouffé de rire : "Oulala, tu es fatigué toi, tu devrais prendre quelques jours !". Cette réplique a visiblement beaucoup amusé les gosses. Nerveusement, je me suis donc mis à rire avec eux, pour ne pas attirer l'attention, mais je me sentais affreusement mal. Je commençais à péter les plombs, il n'y avait pas d'autre explication.
Mais bon, c'étaient des détails, alors j'ai  de nouveau mis ça de côté. Mais malheureusement, la semaine suivante s'est révélée bien plus perturbante. Cette fois, ça a été au tour de mon fils et de ma fille. En fait, ils étaient bruns comme moi, à mon grand désespoir d'ailleurs, car j'ai toujours rêvé qu'ils aient les beaux cheveux blonds de ma femme. Alors quand je les ai vus franchir le seuil de la porte, les cheveux blonds comme les blés, j'ai eu un choc. Je me suis alors tourné vers ma femme, lui demandant si elle leur avait donné l'autorisation de se faire une couleur sans me consulter, même si ce n'était pas dans son habitude. Et évidemment, elle a posé sa main sur mon front, haussant les sourcils. "Chéri je commence vraiment à m'inquiéter, je pense que tu devrais consulter". , Repoussant sa main, j'ai persisté dans ma demande d'explications. Sa réponse m'a alors fait froid dans le dos. "Tu sais bien que nos enfants ont toujours été blonds !".


Résolu, j'ai le jour même pris rendez-vous chez mon psy, qui m'avait soigné pour une dépression il y a deux ans de ça. Une fois là-bas, j'ai évidemment voulu lui serrer la main, mais, avec stupéfaction, je me suis rendu compte qu'à la place de son bras droit, il n'y avait qu'un moignon. Voyant mon trouble, il me jeta un regard peu amical, je l'avais visiblement froissé. "Je suis désolé, je ne savais pas pour votre bras... Que vous est-il arrivé, si ce n'est pas trop indiscret ?". Il s'est alors assis en fronçant les sourcils, tout en se passant la main gauche sous le menton. "Un accident quand j'avais cinq ans. Depuis le temps, vous devriez vous en rappeler" Frappé de plein fouet par cette déclaration, j'étais pétrifié, liquéfié sur ma chaise, ne sachant plus que répondre. Voyant ma détresse, soupira, puis essaya de me le rappeler. "On en avait même parlé à plusieurs reprise, il m'arrivait de faire le parallèle entre mon membre manquant et votre manque de confiance en vous". Voyant que cela ne m'aidait pas du tout, il a poursuivi : "Rappelez-vous, je vous disais qu'à chaque malheur, il y a une solution".


Mais rien n'y faisait. Je le voyais toujours me serrer la main au début et à la fin de chaque séance. Il était droitier et non pas gaucher, et était donc censé avoir sa main, bordel ! Inquiété par mon état de confusion, il m'a prescrit un traitement. Pour lui c'était sans doute le stress qui parasitait mon esprit. Mais pour moi, c'étaient des conneries, je n'étais pas du tout stressé... Mais bon, c'était quandême lui le professionnel, alors j'ai pris mon traitement.


Deux semaine plus tard, rien n'avait vraiment changé. Ma femme avait toujours cette voix rauque, sifflait toujours cette horrible mélodie, et mes gosses étaient toujours blonds. Mais au moins, rien ne s'était ajouté au tableau. Du moins, avant ce fameux après-midi où ma fille est revenue du collège. À première vue, rien n'avait changé, jusqu'à ce qu'elle me sourisse. Elle qui avait toujours eu un sourire magnifique, les dents blanches et bien alignées, m'offrait aujourd'hui un spectacle bien différent. Des dents courtes et étroites, espacées de plusieurs millimètres, étaient alignés là où hier encore se tenait une dentition éclatante. C'était horrible, et elle continuait de sourire, de rire la bouche grande ouverte, et tout le monde la regardait comme si tout était normal. Putain. Je n'ai pas pu m'en empêcher, je l'ai coupée alors qu'elle racontait sa journée à sa mère. "Il s'est passé quoi avec tes dents ?! N'allez pas encore me dire que c'est normal !". Tous étaient ébahis. Ma fille est alors tombée en sanglots, et a couru dans sa chambre, suivie de ma femm, qui m'a lancé un regard noir avant de disparaître dans la cage d'escalier. Seul mon fils était resté là à me fixer, l'air ahuri. "C'est quoi ton problème depuis quelques temps ? Tu sais bien qu'elle a une malformation depuis sa naissance ! C'est déjà assez dur pour elle, et toi t'en rajoutes !" Furieux, il s'est à son tour levé pour la rejoindre.

Je me suis alors affalé sur le canapé, la bouche ouverte, les yeux dans le vide. Je devenais fou, j'avais l'impression d'être entouré d'étrangers. Un éclair m'a alors traversé l'esprit. "Les photos !". On avait des photos sur tous les murs de la maison, et des albums pleins dans le meuble du salon. Me levant d'un bon, j'ai commencé par aller voir celles des enfants accrochées sur le mur. Les larmes me sont montées aux yeux presque immédiatement. Leurs cheveux étaient plus blonds que jamais, et la bouche grande ouverte de ma fille abritait ses affreuses petites dents qui paraissaient presque affûtées, sur cette photo. C'est la dernière chose donc je me souviens avant mon blackout. D'après "ma femme, j'ai perdu connaissance pendant presque 4 heures. Dès mon réveil, j'ai espéré que tout cela n'ait été qu'un mauvais rêve, que j'allais voir le beau sourire de ma fille et entendre la douce voix de ma femme d'ici quelques instants. Au lieu de ça je ne vis que mon fils, les bras croisés, assis sur le fauteuil à côté adjacent. Il me fusillait du regard.

Je me suis redressé tant bien que mal, et la tête me tournait horriblement. "Ça va mon grand ?" Mais il continuait de me fixer sans dire un seul mot. Cela a duré pendant de longues minutes, et j'aurais pu jurer qu'il n'avait pas cligné des yeux une seule fois. "Thomas, pourquoi tu me regardes comme ça ? Si c'est par rapport à ta soeur, je suis désolé". Il s'est alors mis a rire, même si ça n'avait rien d'un rire normal. On aurait dit un fou, ses yeux étaient presque révulsés, et son corps se contractait bizarrement. Il s'est mis à taper sur le fauteuil avec une violence que je ne lui connaissais pas. Ma femme a alors déboulé comme une furie dans la chambre, les bras en avant, suppliant mon fils de se calmer, que tout allait bien se passer. Il s'est légèrement apaisé. Au même moment, ma fille est arrivée en courant dans la chambre, les mains sur la tête. "Putain je suis désolée!" Ma femme s'est alors retournée vers elle, furieuse. "Marie, tu sais très bien qu'il ne faut jamais laisser sa porte ouverte ! J'espère que t'es contente de toi !" Elle a alors tenté de ramener mon fils, dont la bave coulait du coin de la bouche. Il me fixait toujours. Sans délicatesse, je me suis alors exclamé : "C'était quoi ça !" Ma fille a momentanément semblé surprise par ma question, avant de secouer sa tête. "Tu bosses tellement que tu ne te rends même pas compte de la situation." Elle m'a alors appris que son frère était autiste depuis toujours. Puis, sans un mot de plus, elle m'a laissé seul avec mon incompréhension.

Depuis, j'en suis là, je vis avec une femme dont la voix m'est inconnue, une fille à la mâchoire difforme, et un fils autiste, assisté dans chaque tâche quotidienne par sa mère. Et moi je suis spectateur, tentant de ne rien laisser paraître face à ces inconnus. Je ne saurais dire si mon cerveau se déglingue ou si c'est quelque chose de plus compliqué que ça, mais en faisant quelques recherches je me suis rendu compte que je n'étais pas seul. J'ai recensé beaucoup de cas similaires au mien. Je crois que quelque chose se trame, quelque chose qui nous dépasse tous.
 Alors faites attention autour de vous, repérez les moindres petits changements qui au départ peuvent vous sembler insignifiants. Soyez observateur, car vous pourrez bientôt vous retrouver entourés d'étrangers.

lundi 15 octobre 2018

Le neveu de mes rêves

Il y a quelques nuits, j’ai rêvé que mon petit frère avait un fils.

C’était vraiment étrange comme sensation. Cet espèce d’univers onirique qui ne fait sens que tant que l’esprit dort, et qui au réveil s’évapore pour ne laisser qu’une confusion persistante, insoluble. Celui-ci était relativement normal, comparé à d’autres que j’avais pu avoir. Je ne sais pas qui était la petite amie de mon frère, mais elle n’était plus dans les parages. Il élevait seul son enfant, tant bien que mal, à l’aide du soutien de sa famille; nos parents et moi. Une situation plutôt commune pour un rêve, me direz-vous ? Pas vraiment.

Mon petit frère a quinze ans.

Tout de suite, c’est moins probable. Pas impossible, cela dit.

J’ai souvent rêvé d’enfants que j’aurais eu très jeune, ça semble être un thème récurrent dans ma psyché. Je les note dans un carnet, mon psychiatre m’a conseillé de le faire quand j’avais l’impression qu’une signification importante s’y dissimulait. En tout, il y en a eu trois : lorsque j’avais douze ans, puis quatorze, puis quinze. Les deux premiers, j’avais une petite fille : la première blonde comme moi, la seconde brune. Mais le troisième rêve, ce fut un garçon, blond lui aussi. Je ne me souvenais jamais du reste, chaque fois, le songe s’évanouissait dans l’obscurité, je n’avais alors pour tout souvenir que des bribes d’images et des impressions.

Mais ce rêve-ci, où c'était au tour de mon frère d'être parent, était plus vif, plus fort. Moins réaliste, aussi. J’en ai noté tous les détails quelques pages plus tôt. L’encre coulait à flot sur le carnet tant j’avais peur d’oublier, si bien que le résultat est un amas de mots sans forme. Je vais essayer d’être plus claire ici :

L’enfant n’avait pas de nom, mais ce n’est pas surprenant. Aucun des enfants de mes rêves n’était nommé. En revanche, j’ai en souvenir sa tête ronde et potelée, ses cheveux aussi blonds que ceux de mon frère et moi quand on était plus jeunes, presque blancs, lumineux. Et des yeux gris-bleus, aussi, si familiers. Probablement ceux de sa mère inconnue, les yeux de mon frère sont plus clairs. Il avait entre deux et trois ans, ce qui ne m’avait pas choqué sur le coup, avant qu’un ami à qui je racontais cela me fasse remarquer que cela voulait dire que mon frère avait entre douze et treize ans lors de la "conception". Détail dérangeant.

Je me souviens aussi que vers la fin du rêve, un monstre voulait l’enlever. Une créature des ombres dont l’apparence m’échappe. Je me souviens aussi avoir alors éprouvé une forte colère. Une bouffée d’affection absolue et inconditionnelle, si forte. Je n’ai qu’un souvenir de cette émotion forte, pas vraiment d’une bagarre ou d’une scène précise qui aurait pu en découler. Mais j’aime à penser que le moi onirique s’est battu pour préserver son neveu. La fin, cependant, je m’en souviens : la créature enlève avec violence le fils de mon frère, ne laissant derrière elle qu’un berceau vide, éclaté et ensanglanté. Tous deux retournent aux ombres. Aux ombres.

Le plus étrange en fait, ce n’était pas ce rêve, c’était au réveil. Je me suis levée pleine de détresse, comme si ce rêve était un souvenir, puis mon cerveau a ordonné sa propre remise en fonction, et je me suis calmée. Mais la bouffée d’affection était encore là, bien présente. Jusqu'à ce que je réalise que l’objet de cette affection n’existait tout bonnement pas.

J’ai passé le reste de la journée dans un état confus, indescriptible, très désagréable. La boule au ventre, un début de nausée qui devait résulter d’un mélange entre perplexité, tristesse et amour. Comme si mon cœur cherchait toujours cet être pour qui j’aurais pu, l’espace d’une nuit, donner ma vie, alors qu’il n’avait jamais existé dans cette réalité.

J’ai demandé à mes parents, la même journée, ce qu’ils feraient si l’un d’entre nous avait un enfant à notre âge. Ma mère a écarquillé les yeux comme elle sait si bien le faire, avant de faire le signe de croix. Je déteste quand elle fait ça, déjà parce que ça la fait ressembler à une grenouille aux grands yeux de pierre grise et froide, mais aussi parce que ça veut généralement dire que je vais être engueulée juste après. Cette fois-là, elle m’a simplement dit qu’ils seraient extrêmement déçus de notre comportement, mais qu’ils essayeraient au moins d’élever l’enfant, plutôt que de proposer une adoption sous X, le dernier recours.

Il n’a jamais été question d’avortement.

Mes parents sont très religieux, à leur manière. Ils ne vont pas communier dans des lieux sacrés, mais prient très souvent dans le grenier, le matin – sans nous, nous n’avons pas le droit d’aller dans le grenier – et dans leur chambre à coucher le soir. Avant, tous les dimanches soirs, je devais participer au même manège : mes parents fermaient portes et fenêtres dans leur chambre, allumaient l’encens - beaucoup trop d’encens - tellement que ça enfumait la pièce et me troublait la tête, et me laissaient prier en solitaire, à genoux devant leur lit. Des heures durant. Je détestais cela. C’était ennuyeux au possible, et l’odeur et l’effet des plantes me faisaient tourner de l’œil et rendaient mon esprit confus. Après chaque séance, j’avais les muscles ankylosés à force d’être restée sans rien faire, tout mon corps me faisait mal, même aux endroits les plus incongrus.

Une fois, j’ai voulu éteindre l’encens parce qu’il me gênait pour prier. Pour une raison ou pour une autre, mon père est entré dans la pièce avant la fin de l’heure sacrée – il ne faisait jamais ça normalement. Quand il a vu que j’avais aéré la pièce et tout éteint, il s’est énervé très fort. Ses sourcils bruns sont le seul élément qui trahissent ses émotions, et ce soir-là, ils ont dansé comme jamais.

Ce rituel a continué jusqu’à mes seize ans, date à laquelle ils ont dit me penser assez grande pour agir comme je le voulais. J’ai arrêté complètement les prières, ça ne les a pas dérangés plus que ça. J’en ai dix-neuf aujourd’hui. Mon petit frère, par contre, subit le même traitement, et c’est obligatoire. Mes parents sont très sévères. Je n’ose pas imaginer leur réaction si l’un de nous deux revenait à la maison avec un nouveau-né, à notre âge et dans notre situation actuelle, nous qui vivons tous deux avec eux.

Je ne leur ai jamais posé trop de souci de ce côté-là, de toute façon, je n’ai jamais eu de petit ami, ou de petite amie pour ce que ça change. Je n’ai jamais été très sociable non plus, les gens me font peur et je fais peur aux gens. J’ai des troubles. Il faut aussi y ajouter mes difficultés scolaires, de concentration et de compréhension, ce qui n’aide pas. En général, les gens me prennent soit pour une tarée, soit pour une demeurée. Je suis peu propice à la romance. De toute façon, le contact physique et l’intimité sexuelle me dégoûtent.

*** 

J’ai parlé à mon frère de ce rêve. Sans surprise, il m’a regardée avec de grands yeux. On en a beaucoup ri après, mais j’ai senti qu’il était mal à l’aise. Il a déjà eu une petite amie, une seule, avec laquelle il a rompu après plusieurs mois de relation. Je sais qu’ils l’ont déjà fait, et justement, ça l’a fait paniquer, il avait peur justement que nos parents ne découvrent quelque chose, ou qu’elle tombe enceinte. Il a peur des enfants, mon petit frère. C’est étrange à dire, mais c’est comme ça. Quand il voit un tout petit passer, il s’écarte un peu, son visage change. Il a l’air en détresse, hanté.

Moi j’adore les enfants, mais de loin. Être près d’eux, ça me fait mal.

Je crois que je devrais arrêter de lui raconter mes rêves de folle. Il n’aime pas ça.

L’impression étrange et l’affection liés à mon rêve se sont dissipées, mais pas leur souvenir. Je vois mon psychiatre lundi prochain. Il est temps. Mon obsession grandissante pour le grenier ne s’améliore pas, et mes phobies obsessionnelles non plus. Mon cerveau est étrange. Je dois éteindre la lumière de ma chambre une quinzaine de fois chaque soir, sinon je n’arrive pas à fermer l’œil. Si je ne le fais pas, je pense au grenier, et ça me fait peur. Là où se trouve la chapelle de mes parents. Là où je n’ai jamais pu mettre les pieds.

Là où je ne veux pas aller, où j’ai peur de me rendre de moi-même si je ne fais pas clic-clac, la lumière. Peut-être que je m’y tuerai si j’y allais. Généralement, le clic-clac, je fais ça pour ne pas penser à faire des choses malsaines, ou à des images dérangeantes ; des choses que je ne ferais jamais dans la vraie vie, mais auxquelles je ne peux m’empêcher de penser. Mon cerveau est étrange, oui. Les pensées intrusives. Brrrr

*** 

J’ai fait le clic-clac treize fois, et ensuite mon ampoule a grillé. J’ai appelé mon père pour qu’il la change, mais il m’a dit d’aller dormir. Je ne vais pas dormir. Pas sans les deux derniers clic-clac.

Je vais écrire ce qui me passe par la tête.

Ce soir, c’est le grenier on dirait.

Je devrais prendre mes médicaments, mais ils empirent parfois les choses. Il faut les prendre avant les crises, m’a dit le psychiatre. Là, je suis en pleine crise, donc peu utile. Faudrait voir. Si je prends ou pas, qu’est-ce qui va se passer ?

Je ne vais pas les prendre. En réalité, je ne pensais pas vraiment le faire. Je l’ai fait une ou deux fois, dans ce genre de situations, mais plus jamais. Je prendrai la bonne dose demain matin, comme d’habitude. Cette nuit, tout ira bien.

Tout ira mal.

J ai je veux aller au grenier. Pas envie plutôt besoin. Je n ai jamais obéi a ce besoin avant Mais aujourdhui ça passe dans ma tête sans fin

Il y a quelque chose au grenier qui appelle et qui attend

Je n ai pas peur du grenier J ai surtout peur de ce que j y ferai. Pourquoi mon cerveau veut y aller c est ça qui fait peur.

*** 

Je suis allée au grenier

Cétait noir

Il y avait des berceaux quatre brisés et en sang

et une porte sur les ombres

*** 

Ma mère a lu mon journal. Elle n’a même pas essayé de le cacher. Elle est venue me voir, cahier en main, me l’a rendu. Elle n’a pas fait le signe de croix, ni ses yeux de grenouille, ses yeux bleus-gris si familiers.

Si familiers.

Elle m’a dit que j’allais reprendre les prières.

Je ne pense pas que je verrai mon psychiatre lundi.

vendredi 12 octobre 2018

Programme de nuit

Originellement posté par l’utilisateur James_Bigun12 


Ça faisait longtemps que je cherchais un endroit où raconter ça, ça a l’air parfaitement à sa place ici.


Je pense que tous ceux qui regardaient Gulli il y a quelques années verront de quoi je parle. Pour les autres, il faut savoir qu’à l’époque cette chaîne n’était pour ainsi dire pas « active » durant la nuit. De minuit à 6h du matin, les programmes de dessins animés et autres joyeusetés étaient à l’arrêt, ce qui est assez compréhensible pour une chaîne orientée pour les moins de 16 ans. A la place, il y avait une séquence animée avec le logo, représenté en train de dormir en boucle dans une petite animation. Malheureusement, je n’ai pas réussi à trouver un enregistrement de ce dont je parle, si quelqu’un a un lien pour illustrer mon propos, je lui en serais extrêmement reconnaissant !


EDIT : merci teddy.rgt à qui a trouvé une vidéo (pas vraiment de qualité il est vrai x) ) du programme nocturne dont je parle : http://youtu.be/njwsMCqxrow 


Bref, j’ai pris connaissance de cette animation l’un des premiers soirs où j’ai laissé mon fils seul à la maison (il devait avoir 7-8 ans à l’époque). J’étais en effet parti répéter avec ma fanfare et la baby-sitter avait eu un empêchement. Je lui ai fait cuire une pizza, et autorisé à regarder la télé jusqu’à ce que je rentre. Autant dire qu'entre La famille pirate et les Zinzins de l’espace, mon fils était aux anges..

Je suis rentré le plus tôt possible pour ne pas le laisser seul trop longtemps, mais hélas, il était déjà 1h du matin bien tassé. Je pensais le trouver endormi sur le canapé, la télé encore allumée, comme à son habitude, mais à ma plus grande surprise, il était on ne peut plus éveillé.

Bien sûr, Gulli était encore allumée, mais j'ai découvert, assez décontenancé, que la télé ne faisait que diffuser le fameux logo en boucle. Pourtant, mon fils avait l’air totalement captivé. Pendant que je déposais mes affaires, mon fils restait silencieusement regarder cette animation fixe, le bruitage de nuit et de ronflements remplissant le silence de notre salon. Cela avait bien duré 5 minutes, ce qui m’a interloqué. Mon fils qui était si dynamique d’habitude, était totalement captivé par... une image fixe. Ca ne lui ressemblait pas, il ne m’avait même pas adressé un mot. Au moment où je suis venu lui dire d’aller se coucher, il ne m’a même adressé pas un regard. Après quelques minutes, j'ai même été obligé de le traîner à son lit, et de le mettre moi-même en pyjama. Celui-ci restait hagard. Après avoir éteint la lumière, je suis revenu dans le salon. Ce bruitage de nuit commençait sérieusement à me les briser, et le fait que mon fils avait mis le volume de la télé à fond n’aidait pas. Mais au moment d’éteindre la télé, quelque chose s’est produit. Je ne saurais pas exactement dire quoi, mais je suis resté fixé sur l’écran. J’avais vu quelque chose. En tout cas, l’impression d’avoir vu quelque chose.

Les ronflements continuaient. Je ne voulais pas éteindre, j’avais la nette impression que quelque chose n’allait pas. Impossible de mettre le doigt dessus. Sur le coup, je pensais plutôt avoir vu un bug de ma télévision, un pixel rouge, quelque chose. Impossible d’être sûr de quoi que ce soit.

En fait, ça avait l’air d’être au niveau des frames, et j’étais clairement trop fatigué pour déceler ce genre de problèmes techniques. J’ai juste enregistré avec mon téléphone, éteint cette maudite télé, et je suis allé dormir, en me disant que je verrai bien le lendemain.

A force de remettre cette histoire à demain, j’ai fini par oublier tout ça, et la vidéo s’est perdue au changement de téléphone que j’ai fait le mois d’après. Mon fils est un grand garçon à présent, et il a bien fini d’être obsédé par Gulli. Mais en cherchant de vieilles photos de vacances, je l’ai retrouvée. Au départ, je n’ai rien décelé, et j’ai mis ça sur le compte de la fatigue. Je poste cette vidéo sur mon compte YouTube (désolé de la qualité vidéo, c’est filmé avec mon Iphone 4 de l’époque) pour que vous voyiez ça par vous-même : Rien d’alarmant, n’est-ce pas ?

http://www.youtube.com/watch?v=fmpZiGQZNww

C’est ce que je croyais aussi.
Ça me démangeait, je savais que j’avais vu quelque chose. C’est alors que j’ai eu l’idée de passer cette vidéo au ralenti.

Même longtemps après, j’ai encore du mal à le croire moi-même, mais si on est attentif, on peut distinguer trois images « subliminales » si j’ose dire, à 0:17, 0:36 et à 0:59 (mettez au ralenti pour mieux voir). Je n’ai pas réussi à en voir d’autres.
J'ai augmenté le contraste dans les trois cas pour mieux voir (encore une fois, qualité d'iphone de 2010...)













"NE
D???
???"
















"CONTINUE" ?

















"ICI
F (ou P ?)???E
?CI" ?


Je ne connais pas vraiment le sens de ces textes. Un canular ? Un piratage de la chaîne à ce moment-là ?

Gulli n’a jamais répondu clairement à mes mails sur le sujet, à part pour prétendre qu’il était « visible que votre vidéo est truquée et ne reflète en aucun cas le réel contenu de notre grille de programmes» avant de me menacer de me faire un procès pour que je retire la vidéo. Comme si ça allait me faire peur.


De nos jours, ce programme nocturne a disparu de la chaîne.

lundi 8 octobre 2018

Sur un Chantier à Boulogne

Voici une petite anecdote pour la route. Mon oncle travaillait à Boulogne à la fn des années 1980, en tant que plaquiste. Quand j'étais ado, il me racontait souvent de petites histoires morbides à propos des différents chantiers qu'il avait fréquenté à l'époque. L'une d'elles aurait pu faire une magnifique légende urbaine, à ceci près qu'ici, tout est vrai.


Vers 1988 ou 1989, mon oncle débarque sur le chantier d'un parking couvert de six étages, dans le nord, pas loin d'Auteuil. Sa mission était plus que rudimentaire. C'était à peine s'il devait un peu toucher à la loge du gardien et à la cage d'escalier. Tout le reste de la structure devait être laissé quasiment nu, avec le béton apparent (comme la plupart des parkings en fait).


Une fois sur place, il s'est très vite rendu compte que le chantier était un véritable cauchemar. Personne ne semblait parler la même langue. La moitié du bâtiment affichait un retard monstre tandis que l'électricité était seulement sur le point d'être installée dans certaines parties. Des fuites inondaient les niveaux les plus bas, et des caisses à outils gisaient, abandonnées par on-ne-sait-qui, depuis des semaines. Des odeurs de moisi envahissaient déjà les niveaux inférieurs. Un truc qui avait particulièrement marqué mon oncle, c'était l'absence quasi-totale de sécurité : les barrières avaient été déboulonnées (il suffisait de s'appuyer dessus pour qu'elles s'ouvrent comme des portes de saloon), les escaliers n'étaient pas fixés, les échelles non plus, et les fers d'attente n'avaient pas été crossés afin d'éviter d'éventuels empalements.



Mon oncle a décidé de se faire tout petit, et de faire son travail le plus vite possible et du mieux qu'il pouvait. Au fil des semaines, les odeurs d'humidité se sont faites de plus en plus prégnantes, remontant jusqu'au niveau de la rue. Plusieurs ouvriers se sont plaints, mais sans résultat. Finalement, les fuites ne suffisaient plus à expliquer la pestilence. Certains ont évoqué l'idée qu'une malfaçon, quelque part, avait débouché sur les égouts ou sur la fosse sceptique d'un bâtiment voisin. On a fait le tour du chantier, en vain. Les recherches sont cependant restées très superficielles, et personne ne s'est donné la peine de fouiller en profondeur. Les travailleurs semblaient plongés dans une apathie totale.


Le mystère fut résolu un peu moins de quatre mois après le début des travaux. Pendant tout ce temps, l'odeur n'avait fait qu'empirer. Tout au fond du bâtiment, une cage avait été prévue afin d'accueillir un monte-charge. Cette partie du parking n'était presque jamais visitée, et, en l'absence de véritables instructions et d'une organisation solide, les ouvriers l'avaient laissée en plan. J'imagine que le tout devait plus avoir l'air d'un bunker en ruine que d'un bâtiment en construction. Les entrées de la cage avaient été clôturées avec de grandes planches de bois agglomérées, et personne ne s'était donné la peine de les retirer depuis. Quand il fut évident que l'odeur venait de ce côté, on ôta enfin ces planches, afin de jeter un coup d’œil.



Mon oncle était là à ce moment là. Quand il me racontait l'histoire, il s'appesantissait longtemps sur les détails de la découverte. D'abord, la nuée invraisemblable de mouches échappée du puits obscur. Un véritable nuage noir qui fit reculer toutes les personnes présentes. Puis, le faisceau de lampe de poche balayant les murs de béton nus, plongeant, atteignant enfin le fond. Et là, la marée grouillante : comme si un gigantesque caillot de vermine avait complètement bouché le tube. Tout le fond était tapissé d'insectes mouvants. Mon oncle est parti à ce moment là, pris de nausée, moins à cause de la vision que du fait de l'odeur.


En bas, il y avait des pigeons. Des centaines de pigeons, décomposés depuis des semaines. Toute la cage avait été clôturée, y compris le dessus, par « sécurité. » Pas le moindre morceau de bois n'avait été déplacé. Personne n'a su comment tous ces oiseaux s'étaient retrouvés là. Mon oncle supposait qu'on les y avaient jetés volontairement. Que quelqu'un avait sciemment recloué les planches après avoir déversé une pleine benne de volatiles morts. Pour quelle raison ? Impossible de le savoir. D'autres ont imaginé qu'il devait forcement y avoir une ouverture quelque part, ouverture qu'évidemment, personne n'a trouvé. Si on suit cette théorie, quelque chose, en bas, devait attirer les piafs : un gigantesque appât ? une réserve de nourriture ? un genre de phéromone ? Enfin, d'autres, évidemment, se sont empressés de crier au paranormal, évoquant des esprits contrariés et des histoires de malédiction. L'hypothèse aurait au moins pu expliquer la déliquescence totale qui avait investi le chantier. Je crois que l'histoire s'est retrouvée dans les faits divers. Il faudrait éplucher les journaux de l'époque pour en avoir le cœur net. Je vous laisse avec ça, en espérant que d'autres poursuivront les recherches.