Disclaimer

DISCLAIMER

Les contenus proposés sur ce site sont déconseillés aux personnes sensibles et aux mineurs de moins de 12 ans.
L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni n'infirme la véracité des témoignages et histoires présents sur ce blog. Pensez à consulter nos pages d'aide pour en apprendre plus, et à toujours vérifier les sources pour vous faire votre propre avis sur la question, ici comme ailleurs.

Script générateur de phrases

Dernières nouvelles

Les Histoires de Skull a mis en audio notre traduction de Disney's Catacombs, vous pouvez retrouver la vidéo directement sur l'article en cliquant ici !

Vous voulez trouver toutes nos plateformes, ou vous êtes curieux de savoir quels médias parlent de CFTC ? Tout est sur notre Linktree !

Un message pour l'équipe ou l'association ? Consultez notre page Contact !

lundi 10 juin 2024

Repentir


Temps approximatif de lecture : 8 minutes. 

J’aimerais vous raconter une histoire assez abominable dans laquelle j’ai été entraîné il n’y a pas très longtemps, et qui n’en est toujours pas arrivée à sa conclusion à l’heure où j’écris ces lignes. J’arrête ici tout de suite les éventuelles personnes qui viendraient assouvir une curiosité morbide déplacée qu’ils nourrissent avec des vidéos, photos ou autres enregistrements qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux lorsque des choses horribles arrivent : il n’y aura rien de tout ça ici. Ce n’est absolument pas dans mes intérêts, et les choses ont tellement dérapé que ça a fini chez la police et que, en tant que personne impliquée, je n’ai de toute façon pas le droit de publier quoi que ce soit qui pourrait « compromettre l’enquête ». Je ne trouve pas que cette expression ait beaucoup de sens puisque l’interdiction porte uniquement sur tout média directement relié à l’affaire mais qu’on ne m’a rien dit sur le fait de raconter ce qui s’est produit, mais passons. 

Pour mettre un peu de contexte sans trop en révéler sur moi non plus, je vis près d’une petite ville, disons dans l’est de la France. Ni trop paumée, ni trop grande, le genre d’endroits où il se passe juste assez de choses pour ne pas mourir d’ennui, et en même temps trop peu pour qu’on puisse dire que l’endroit est vraiment vivant, en d’autres termes une zone plus rurale qu’urbaine. La rubrique « Faits divers » des actualités locales est souvent remplie de choses complètement inintéressantes, et aucune n’est suffisamment palpitante pour valoir l’attention des médias nationaux. On pourrait se dire qu’une affaire de tueur en série pourrait déroger à la règle, mais les choses ne sont pas aussi simples.

Les choses ont commencé il y a quelques mois seulement. J’imagine que vous avez tous entendu parler des cas de piqûres mystérieuses en boîte de nuit, de sales histoires très inquiétantes. Je pense qu’on peut remonter à cette période pour le début. Avant d’aller plus loin, il faut que je vous donne un détail important pour la suite qui va aussi vous faire comprendre pourquoi je ne tiens pas tant que ça à être trop bavard sur mon identité : je suis homosexuel, et je n’ai pas fait mon coming out auprès de mon entourage. Je ne suis pas exactement dans la région la plus tolérante à ce sujet, donc je vis mon identité secrètement auprès d’autres personnes concernées et de quelques amis dans la confidence qui m’acceptent comme je suis.

Tous les mois, pour décompresser de la vie de tous les jours et avoir un endroit où on peut cesser de jouer un rôle, on se retrouve une ou deux fois et on va passer une soirée dans une boîte gay du coin. Rien d’aussi sordide que le veulent certaines représentations populaires répandues chez ceux qui ne nous comprennent pas, c’est une boîte complètement classique dans laquelle il est fréquent de croiser des homosexuels car on ne s’y fait pas embêter. Disons que c’est plus sympa que de boire des coups à côté de gens qui rigolent fort en disant qu’ils vont aller « casser du pédé ». Par contre, les boissons ne sont pas moins chères qu’ailleurs.

Donc, il y a quelques mois, je ne saurais plus trop dire quand exactement, des rumeurs inquiétantes ont commencé à circuler. Deux habitués qui étaient là quasiment tous les week-ends ont subitement cessé de venir à deux semaines d’intervalle. Bien sûr, on ne s’en est pas aperçus tout de suite, car chacun a sa vie, on peut tomber malade, bref, il y a plein de raisons pour lesquelles ce genre de choses peut arriver. Pour tout dire, on aurait aussi bien pu ne pas s’en apercevoir, mais c’est que des amis du deuxième se sont mis à sa recherche. Ils n’avaient eu plus aucune nouvelle après une sortie, et ils avaient peur qu’il lui soit arrivé quelque chose, soit une agression de rue, soit un gros problème dans son entourage. Ce genre de choses est plus fréquent qu’on ne le croit. Et les autorités locales n’aident pas beaucoup, car il arrive aussi régulièrement que des jeunes gays fuguent de chez eux pour fuir des situations familiales trop compliquées. De là à se prendre des « Des homos disparaissent tous les mois et on les retrouve à l’autre bout de la France sains et saufs » quand on signale une disparition, il n’y a qu’un pas.

Mon groupe de potes et moi, on a entendu parler de ces rumeurs un peu après tout le monde, comme on n’allait pas si souvent que ça en boîte non plus. Avec le climat habituel pour les gens comme nous dans la région, les histoires de piqûres, et maintenant ça, ça nous a évidemment incités à être sur nos gardes quand on sortait, mais, eh bien, on avait de toute façon l’habitude des risques d’agression, alors on n’a pas tant redoublé de prudence que ça non plus, au début. Un peu plus quand une troisième disparition inquiétante s’est ajoutée, cela dit. Mais à part checker un peu plus si tout le monde était bien rentré après nos soirées, on n’a pas vraiment changé nos habitudes.

Ça a complètement changé quand ça nous est tombé dessus. Ce soir-là, on s’était retrouvés chez un de nos potes que j’appellerai A., qui vit encore chez ses parents à une vingtaine de minutes en voiture de notre boîte. Il n’est pas plus outé que moi, mais il arrive régulièrement que sa famille quitte le domicile pour une ou deux soirées en lui laissant les clés de leur deuxième voiture, donc c’est un autre lieu où on se retrouve de temps à autre. C’est un endroit assez agréable : la maison est de loin la plus grande de celles de notre groupe, avec deux étages et une cave dans laquelle il y a un grand four à pizzas traditionnel. Il n’y a que la déco qui est un peu déroutante : la famille d’A. est très pieuse et le montre abondamment. Je peux vous assurer que de parler ouvertement de notre sexualité sous le regard impérieux des portraits de saints et d’archanges a quelque chose d’un peu étrange au début.

Nous étions cinq : A., M., S., V. et moi. Sept si on compte Michel et Raphaël, les deux perroquets de la famille, qui se promènent librement dans la maison tant que quelqu’un est là pour les surveiller, mais on ne les a évidemment pas emmenés. On avait simplement commencé l’apéro à 18h en jouant à des jeux idiots, en faisant des vidéos pour nos stories sur nos réseaux sociaux, et en passant à la cave se préparer rapidement chacun sa pizza. On comptait partir moins de deux heures plus tard et rentrer dans la nuit. Les oiseaux avaient l’air d’avoir compris, car ils restaient près de la porte d’entrée. Le perroquet Michel nous suivait même dans la cave et nous disait avec sa voix criarde et la prononciation approximative qu’on trouve sur plein de vidéos TikTok qu’il était l’heure de partir, tout en essayant de nous chiper un peu de garniture. Ça nous a amusés, mais il a fallu un peu aider A. à les faire regagner leur cage quand il a été temps de se mettre en chemin.

En soi, la soirée en elle-même n’a rien eu de remarquable, au moins au début. Nous n’avons pas particulièrement fait d’excès, on a un peu dansé, parfois entre nous, parfois de notre côté. V. a remarqué un garçon qui a eu l’air de lui plaire et a pris un verre avec lui avant de revenir vers nous en haussant les épaules. Bref, rien d’extraordinaire. Une soirée parmi tant d’autres. Évidemment, vous devez déjà vous douter que V. a commencé à se sentir bizarre, le genre de sensation qu’on décrit quand on est victime de GHB.

S. et moi sommes allés voir le gars avec lequel il avait bu pour le confronter tandis qu’il restait avec A. et M., le mec nous a dit qu’il n’y était pour rien et qu’on n’avait qu’à aller se faire voir si on ne le croyait pas, le videur a fini par intervenir pour savoir ce qui se passait et l’a sorti, et on a décidé de ne pas trop s’attarder pour permettre à V. de se remettre dans de bonnes conditions. A. nous a ramenés un par un chez nous et, plus tard dans la nuit, on a bien reçu le SMS de V. nous disant qu’il se sentait toujours mal, mais qu’il était en sécurité dans son lit. Trois jours plus tard, nous étions au commissariat pour faire notre déposition, car V. n’avait plus donné signe de vie depuis.

On n’a pas voulu croire que c’était lié aux rumeurs, car c’était trop abominable de penser que quelque chose avait pu lui arriver, d’autant plus alors qu’on était bien restés tous ensemble pour éviter tout problème. Je crois qu’à ce moment, on aurait préféré que les flics aient raison sur le fait que « des homos disparaissent tous les mois », mais ils ne nous ont de toute façon pas fait le coup, vu que c’était déjà le quatrième cas en peu de temps. En dehors de l’inquiétude mortelle pour mon ami, le plus dur, pour moi, a été de noyer le poisson au sujet des circonstances exactes de sa disparition auprès de mon entourage. Il n’était pas possible de cacher l’incident, mais j’ai autant que possible fait en sorte de ne pas trop aller dans les détails, d’autant plus que le commentaire de ma mère selon lequel il n’aurait « sans doute pas eu de problème s’il ressemblait un peu plus à un vrai mec » a complètement refroidi toute envie de chercher du soutien de leur côté.

La suite, on la voit dans de nombreuses séries de qualité moyenne qui remplissent la catégorie « policier » des catalogues de Netflix, en un peu plus sordide : après notre déposition qui mentionnait l’incident en boîte, il ne s’est à peu près rien passé pendant plusieurs jours. Nous n’avons été occupés que par nos propres recherches pour tenter de retrouver notre ami, le quotidien devenu tout bonnement insupportable de nos emplois, et par un léger accès de paranoïa quand l’un des deux perroquets d’A. a été retrouvé mort dans sa cage un soir, le cou brisé. Après ça, il nous a écrit pendant quelques jours quasiment tous les soirs qu’il avait l’impression que des gens rôdaient dans son jardin et l’observaient, mais il ne lui est heureusement rien arrivé.

Et puis, un matin, on a été rappelés pour nous indiquer que V. avait été retrouvé inconscient, ligoté et les yeux bandés, dans une sorte de grange semi-enterrée, dans un bois juste derrière l’endroit où vit le gars avec lequel il avait bu un verre. Il se trouvait qu’il vivait à peine à dix minutes en voiture de la boîte, parmi les dernières maisons avant la franche campagne. On nous a prévenus à l’avance qu’on risquait d’avoir un choc, et qu’on pouvait nous recommander des spécialistes si on en ressentait le besoin. Et il était effectivement vraiment dans un état qui nous a tous traumatisés à plusieurs degrés, au point que M. a complètement cessé de nous voir, même s’il nous arrive de temps en temps d’échanger des messages, et qu’A. et S. ont juré de ne plus jamais remettre les pieds dans le club. Les ongles de V. avaient été arrachés. On lui avait cloué la langue à un crucifix et sectionné les testicules. Et sur son corps, les mots « C’est l’heure du repentir » avaient été tracés à plusieurs endroits au cutter.

Nous avions manifestement croisé la route d’un illuminé : parmi les effets personnels du gars qui y ont été retrouvés, il y avait une bible et surtout une tablette qui ne servait visiblement qu’à consigner ce qui semblait être un journal intime, grâce auquel on a aussi pu retrouver les autres victimes. Malheureusement, elles n’ont pas eu la même « chance » que V. (si on peut parler de chance) : c’étaient des emplacements de lieux d’inhumation qui figuraient dans les notes. Lorsqu’ils ont été déterrés et sortis des grands sacs poubelle étanches noirs dans lesquels le tueur avait mis leurs corps, on a pu constater que les autres disparus avaient subi le même traitement : extrémités mutilées, multiples « C’est l’heure du repentir » gravés au cutter sur leur corps… La mort avait systématiquement été causée par la même chose : leur visage avait été plongé dans des flammes, et ils étaient morts d’asphyxie.

Le journal retraçait dans un style très décousu le chemin de vie d’une personne qui, comme nous, n’avait pas connu l’acceptation dans son entourage à cause de son orientation. C’était là notre seul point en commun : ce gars avait vrillé et s’était secrètement tourné vers la religion dans l’espoir de trouver un remède ou un moyen « d’expier ses péchés ». Il s’était mis dans la tête qu’il était une abomination pervertie par le diable, et que l’élimination sacrificielle d’autres « individus portant les mêmes souillures » lui permettraient de suivre un chemin de repentance qui pourraient lui offrir un espoir de miséricorde dans l’au-delà. Une histoire qui aurait pu être triste si elle n’avait pas eu des conséquences aussi dramatiques.

Le gars a évidemment clamé son innocence lorsqu’il a été arrêté et prétendu qu’il n’avait jamais vu les victimes, jusqu’à ce que lui soit présenté le ticket de caisse du verre qu’il avait partagé avec V. On a de plus retrouvé de la drogue chez lui, y compris de l’ecstasy et du GHB, ce qui a renforcé les accusations. Il s’est quasiment muré dans le silence après ça et ne s’est plus exprimé que par l’intermédiaire de son avocat, qui a continué à réfuter toutes les accusations à son encontre. De ce que je sais, il a reçu des lettres de menaces de mort de la part de proches d’une des victimes. Vu ce qu’il leur a fait subir… Je préfère ne pas m’étendre sur le sujet, car je suis contre la peine de mort, mais ce serait mentir que de dire que je n’ai à aucun moment souhaité qu’il lui arrive quelque chose de mal.

Enfin, ça, c’était jusqu’à il y a environ deux semaines. La procédure judiciaire n’est toujours pas finie, car il y a au moins une des trois victimes pour lesquelles on n’arrive pas à comprendre comment il aurait pu être responsable, puisqu’il peut prouver qu’il était parti en vacances pendant une semaine hors de la région. L’enquête a donc été rouverte à la recherche d’un éventuel complice qui aurait pu exécuter ses crimes avec lui, ou à sa place, mais il est impossible qu’ils trouvent quoi que ce soit. Je me mords sincèrement les doigts d’avoir contribué à détruire la vie de quelqu’un dont je sais aujourd’hui qu’il n’a absolument rien à voir avec les meurtres, ni même avec l’état de V. le soir ayant précédé sa disparition temporaire. Mais en même temps, je suis terrorisé à l’idée de déballer ce que j’ai découvert et des possibles conséquences.

Il y a environ deux semaines, j’ai retrouvé les vidéos que j’avais faites avec mon téléphone ce soir-là. La plupart sont inintéressantes, mais il y en a une qui, en rétrospective, aurait dû instantanément me faire comprendre qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Quand j’étais en train de me faire ma pizza dans la cave de A., je m’étais filmé devant le four parce que… eh bien, c’est du bon contenu pour Instagram. On me voit d’abord de face, puis je retourne la caméra et je montre le four avec les flammes en plaisantant sur le fait qu’il est tellement grand qu’on pourrait y rôtir quelqu’un. Michel le perroquet est avec moi et essaye de me chiper une tomate sur ma pizza puis, quand je le chasse, il va se poser sur une autre table sur laquelle traînent de grands sacs poubelles étanches noirs et un crucifix, et me dit de sa voix criarde ce qui n’était absolument pas « C’est l’heure de partir ».

Il me dit : « C’est l’heure du repentir ».

Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Magnosa qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de AngeNoire et Seven qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Lykaon et Yaamane qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

6 commentaires:

  1. Mais attend mais ducoup c'est Michel ou A. le tueur ? ;-;

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est le propriétaire du perroquet !!!

      Supprimer
  2. On voit un peu la fin arriver, mais le fond n'est pas mal, la narration est plutôt sobre tout en distillant juste ce qu'il faut d'ambiance inquiétante. Une pasta réussie !

    RépondreSupprimer
  3. Oh, je l'ai pas du tout vu venir ! Plutôt intéressante cette pasta, j'aime beaucoup le passage avec le perroquet !

    RépondreSupprimer
  4. Franchement super ! Et j'ai bien aimé la fin !

    RépondreSupprimer