Il y a quelques nuits, j’ai rêvé que mon petit frère avait un fils.
C’était vraiment étrange comme sensation. Cet espèce d’univers onirique qui ne fait sens que tant que l’esprit dort, et qui au réveil s’évapore pour ne laisser qu’une confusion persistante, insoluble. Celui-ci était relativement normal, comparé à d’autres que j’avais pu avoir. Je ne sais pas qui était la petite amie de mon frère, mais elle n’était plus dans les parages. Il élevait seul son enfant, tant bien que mal, à l’aide du soutien de sa famille; nos parents et moi. Une situation plutôt commune pour un rêve, me direz-vous ? Pas vraiment.
Mon petit frère a quinze ans.
Tout de suite, c’est moins probable. Pas impossible, cela dit.
J’ai souvent rêvé d’enfants que j’aurais eu très jeune, ça semble être un thème récurrent dans ma psyché. Je les note dans un carnet, mon psychiatre m’a conseillé de le faire quand j’avais l’impression qu’une signification importante s’y dissimulait. En tout, il y en a eu trois : lorsque j’avais douze ans, puis quatorze, puis quinze. Les deux premiers, j’avais une petite fille : la première blonde comme moi, la seconde brune. Mais le troisième rêve, ce fut un garçon, blond lui aussi. Je ne me souvenais jamais du reste, chaque fois, le songe s’évanouissait dans l’obscurité, je n’avais alors pour tout souvenir que des bribes d’images et des impressions.
Mais ce rêve-ci, où c'était au tour de mon frère d'être parent, était plus vif, plus fort. Moins réaliste, aussi. J’en ai noté tous les détails quelques pages plus tôt. L’encre coulait à flot sur le carnet tant j’avais peur d’oublier, si bien que le résultat est un amas de mots sans forme. Je vais essayer d’être plus claire ici :
L’enfant n’avait pas de nom, mais ce n’est pas surprenant. Aucun des enfants de mes rêves n’était nommé. En revanche, j’ai en souvenir sa tête ronde et potelée, ses cheveux aussi blonds que ceux de mon frère et moi quand on était plus jeunes, presque blancs, lumineux. Et des yeux gris-bleus, aussi, si familiers. Probablement ceux de sa mère inconnue, les yeux de mon frère sont plus clairs. Il avait entre deux et trois ans, ce qui ne m’avait pas choqué sur le coup, avant qu’un ami à qui je racontais cela me fasse remarquer que cela voulait dire que mon frère avait entre douze et treize ans lors de la "conception". Détail dérangeant.
Je me souviens aussi que vers la fin du rêve, un monstre voulait l’enlever. Une créature des ombres dont l’apparence m’échappe. Je me souviens aussi avoir alors éprouvé une forte colère. Une bouffée d’affection absolue et inconditionnelle, si forte. Je n’ai qu’un souvenir de cette émotion forte, pas vraiment d’une bagarre ou d’une scène précise qui aurait pu en découler. Mais j’aime à penser que le moi onirique s’est battu pour préserver son neveu. La fin, cependant, je m’en souviens : la créature enlève avec violence le fils de mon frère, ne laissant derrière elle qu’un berceau vide, éclaté et ensanglanté. Tous deux retournent aux ombres. Aux ombres.
Le plus étrange en fait, ce n’était pas ce rêve, c’était au réveil. Je me suis levée pleine de détresse, comme si ce rêve était un souvenir, puis mon cerveau a ordonné sa propre remise en fonction, et je me suis calmée. Mais la bouffée d’affection était encore là, bien présente. Jusqu'à ce que je réalise que l’objet de cette affection n’existait tout bonnement pas.
J’ai passé le reste de la journée dans un état confus, indescriptible, très désagréable. La boule au ventre, un début de nausée qui devait résulter d’un mélange entre perplexité, tristesse et amour. Comme si mon cœur cherchait toujours cet être pour qui j’aurais pu, l’espace d’une nuit, donner ma vie, alors qu’il n’avait jamais existé dans cette réalité.
J’ai demandé à mes parents, la même journée, ce qu’ils feraient si l’un d’entre nous avait un enfant à notre âge. Ma mère a écarquillé les yeux comme elle sait si bien le faire, avant de faire le signe de croix. Je déteste quand elle fait ça, déjà parce que ça la fait ressembler à une grenouille aux grands yeux de pierre grise et froide, mais aussi parce que ça veut généralement dire que je vais être engueulée juste après. Cette fois-là, elle m’a simplement dit qu’ils seraient extrêmement déçus de notre comportement, mais qu’ils essayeraient au moins d’élever l’enfant, plutôt que de proposer une adoption sous X, le dernier recours.
Il n’a jamais été question d’avortement.
Mes parents sont très religieux, à leur manière. Ils ne vont pas communier dans des lieux sacrés, mais prient très souvent dans le grenier, le matin – sans nous, nous n’avons pas le droit d’aller dans le grenier – et dans leur chambre à coucher le soir. Avant, tous les dimanches soirs, je devais participer au même manège : mes parents fermaient portes et fenêtres dans leur chambre, allumaient l’encens - beaucoup trop d’encens - tellement que ça enfumait la pièce et me troublait la tête, et me laissaient prier en solitaire, à genoux devant leur lit. Des heures durant. Je détestais cela. C’était ennuyeux au possible, et l’odeur et l’effet des plantes me faisaient tourner de l’œil et rendaient mon esprit confus. Après chaque séance, j’avais les muscles ankylosés à force d’être restée sans rien faire, tout mon corps me faisait mal, même aux endroits les plus incongrus.
Une fois, j’ai voulu éteindre l’encens parce qu’il me gênait pour prier. Pour une raison ou pour une autre, mon père est entré dans la pièce avant la fin de l’heure sacrée – il ne faisait jamais ça normalement. Quand il a vu que j’avais aéré la pièce et tout éteint, il s’est énervé très fort. Ses sourcils bruns sont le seul élément qui trahissent ses émotions, et ce soir-là, ils ont dansé comme jamais.
Ce rituel a continué jusqu’à mes seize ans, date à laquelle ils ont dit me penser assez grande pour agir comme je le voulais. J’ai arrêté complètement les prières, ça ne les a pas dérangés plus que ça. J’en ai dix-neuf aujourd’hui. Mon petit frère, par contre, subit le même traitement, et c’est obligatoire. Mes parents sont très sévères. Je n’ose pas imaginer leur réaction si l’un de nous deux revenait à la maison avec un nouveau-né, à notre âge et dans notre situation actuelle, nous qui vivons tous deux avec eux.
Je ne leur ai jamais posé trop de souci de ce côté-là, de toute façon, je n’ai jamais eu de petit ami, ou de petite amie pour ce que ça change. Je n’ai jamais été très sociable non plus, les gens me font peur et je fais peur aux gens. J’ai des troubles. Il faut aussi y ajouter mes difficultés scolaires, de concentration et de compréhension, ce qui n’aide pas. En général, les gens me prennent soit pour une tarée, soit pour une demeurée. Je suis peu propice à la romance. De toute façon, le contact physique et l’intimité sexuelle me dégoûtent.
J’ai parlé à mon frère de ce rêve. Sans surprise, il m’a regardée avec de grands yeux. On en a beaucoup ri après, mais j’ai senti qu’il était mal à l’aise. Il a déjà eu une petite amie, une seule, avec laquelle il a rompu après plusieurs mois de relation. Je sais qu’ils l’ont déjà fait, et justement, ça l’a fait paniquer, il avait peur justement que nos parents ne découvrent quelque chose, ou qu’elle tombe enceinte. Il a peur des enfants, mon petit frère. C’est étrange à dire, mais c’est comme ça. Quand il voit un tout petit passer, il s’écarte un peu, son visage change. Il a l’air en détresse, hanté.
Moi j’adore les enfants, mais de loin. Être près d’eux, ça me fait mal.
Je crois que je devrais arrêter de lui raconter mes rêves de folle. Il n’aime pas ça.
L’impression étrange et l’affection liés à mon rêve se sont dissipées, mais pas leur souvenir. Je vois mon psychiatre lundi prochain. Il est temps. Mon obsession grandissante pour le grenier ne s’améliore pas, et mes phobies obsessionnelles non plus. Mon cerveau est étrange. Je dois éteindre la lumière de ma chambre une quinzaine de fois chaque soir, sinon je n’arrive pas à fermer l’œil. Si je ne le fais pas, je pense au grenier, et ça me fait peur. Là où se trouve la chapelle de mes parents. Là où je n’ai jamais pu mettre les pieds.
Là où je ne veux pas aller, où j’ai peur de me rendre de moi-même si je ne fais pas clic-clac, la lumière. Peut-être que je m’y tuerai si j’y allais. Généralement, le clic-clac, je fais ça pour ne pas penser à faire des choses malsaines, ou à des images dérangeantes ; des choses que je ne ferais jamais dans la vraie vie, mais auxquelles je ne peux m’empêcher de penser. Mon cerveau est étrange, oui. Les pensées intrusives. Brrrr
J’ai fait le clic-clac treize fois, et ensuite mon ampoule a grillé. J’ai appelé mon père pour qu’il la change, mais il m’a dit d’aller dormir. Je ne vais pas dormir. Pas sans les deux derniers clic-clac.
Je vais écrire ce qui me passe par la tête.
Ce soir, c’est le grenier on dirait.
Je devrais prendre mes médicaments, mais ils empirent parfois les choses. Il faut les prendre avant les crises, m’a dit le psychiatre. Là, je suis en pleine crise, donc peu utile. Faudrait voir. Si je prends ou pas, qu’est-ce qui va se passer ?
Je ne vais pas les prendre. En réalité, je ne pensais pas vraiment le faire. Je l’ai fait une ou deux fois, dans ce genre de situations, mais plus jamais. Je prendrai la bonne dose demain matin, comme d’habitude. Cette nuit, tout ira bien.
Tout ira mal.
J ai je veux aller au grenier. Pas envie plutôt besoin. Je n ai jamais obéi a ce besoin avant Mais aujourdhui ça passe dans ma tête sans fin
Il y a quelque chose au grenier qui appelle et qui attend
Je n ai pas peur du grenier J ai surtout peur de ce que j y ferai. Pourquoi mon cerveau veut y aller c est ça qui fait peur.
Je suis allée au grenier
Cétait noir
Il y avait des berceaux quatre brisés et en sang
et une porte sur les ombres
Ma mère a lu mon journal. Elle n’a même pas essayé de le cacher. Elle est venue me voir, cahier en main, me l’a rendu. Elle n’a pas fait le signe de croix, ni ses yeux de grenouille, ses yeux bleus-gris si familiers.
Si familiers.
Elle m’a dit que j’allais reprendre les prières.
Je ne pense pas que je verrai mon psychiatre lundi.
C’était vraiment étrange comme sensation. Cet espèce d’univers onirique qui ne fait sens que tant que l’esprit dort, et qui au réveil s’évapore pour ne laisser qu’une confusion persistante, insoluble. Celui-ci était relativement normal, comparé à d’autres que j’avais pu avoir. Je ne sais pas qui était la petite amie de mon frère, mais elle n’était plus dans les parages. Il élevait seul son enfant, tant bien que mal, à l’aide du soutien de sa famille; nos parents et moi. Une situation plutôt commune pour un rêve, me direz-vous ? Pas vraiment.
Mon petit frère a quinze ans.
Tout de suite, c’est moins probable. Pas impossible, cela dit.
J’ai souvent rêvé d’enfants que j’aurais eu très jeune, ça semble être un thème récurrent dans ma psyché. Je les note dans un carnet, mon psychiatre m’a conseillé de le faire quand j’avais l’impression qu’une signification importante s’y dissimulait. En tout, il y en a eu trois : lorsque j’avais douze ans, puis quatorze, puis quinze. Les deux premiers, j’avais une petite fille : la première blonde comme moi, la seconde brune. Mais le troisième rêve, ce fut un garçon, blond lui aussi. Je ne me souvenais jamais du reste, chaque fois, le songe s’évanouissait dans l’obscurité, je n’avais alors pour tout souvenir que des bribes d’images et des impressions.
Mais ce rêve-ci, où c'était au tour de mon frère d'être parent, était plus vif, plus fort. Moins réaliste, aussi. J’en ai noté tous les détails quelques pages plus tôt. L’encre coulait à flot sur le carnet tant j’avais peur d’oublier, si bien que le résultat est un amas de mots sans forme. Je vais essayer d’être plus claire ici :
L’enfant n’avait pas de nom, mais ce n’est pas surprenant. Aucun des enfants de mes rêves n’était nommé. En revanche, j’ai en souvenir sa tête ronde et potelée, ses cheveux aussi blonds que ceux de mon frère et moi quand on était plus jeunes, presque blancs, lumineux. Et des yeux gris-bleus, aussi, si familiers. Probablement ceux de sa mère inconnue, les yeux de mon frère sont plus clairs. Il avait entre deux et trois ans, ce qui ne m’avait pas choqué sur le coup, avant qu’un ami à qui je racontais cela me fasse remarquer que cela voulait dire que mon frère avait entre douze et treize ans lors de la "conception". Détail dérangeant.
Je me souviens aussi que vers la fin du rêve, un monstre voulait l’enlever. Une créature des ombres dont l’apparence m’échappe. Je me souviens aussi avoir alors éprouvé une forte colère. Une bouffée d’affection absolue et inconditionnelle, si forte. Je n’ai qu’un souvenir de cette émotion forte, pas vraiment d’une bagarre ou d’une scène précise qui aurait pu en découler. Mais j’aime à penser que le moi onirique s’est battu pour préserver son neveu. La fin, cependant, je m’en souviens : la créature enlève avec violence le fils de mon frère, ne laissant derrière elle qu’un berceau vide, éclaté et ensanglanté. Tous deux retournent aux ombres. Aux ombres.
Le plus étrange en fait, ce n’était pas ce rêve, c’était au réveil. Je me suis levée pleine de détresse, comme si ce rêve était un souvenir, puis mon cerveau a ordonné sa propre remise en fonction, et je me suis calmée. Mais la bouffée d’affection était encore là, bien présente. Jusqu'à ce que je réalise que l’objet de cette affection n’existait tout bonnement pas.
J’ai passé le reste de la journée dans un état confus, indescriptible, très désagréable. La boule au ventre, un début de nausée qui devait résulter d’un mélange entre perplexité, tristesse et amour. Comme si mon cœur cherchait toujours cet être pour qui j’aurais pu, l’espace d’une nuit, donner ma vie, alors qu’il n’avait jamais existé dans cette réalité.
J’ai demandé à mes parents, la même journée, ce qu’ils feraient si l’un d’entre nous avait un enfant à notre âge. Ma mère a écarquillé les yeux comme elle sait si bien le faire, avant de faire le signe de croix. Je déteste quand elle fait ça, déjà parce que ça la fait ressembler à une grenouille aux grands yeux de pierre grise et froide, mais aussi parce que ça veut généralement dire que je vais être engueulée juste après. Cette fois-là, elle m’a simplement dit qu’ils seraient extrêmement déçus de notre comportement, mais qu’ils essayeraient au moins d’élever l’enfant, plutôt que de proposer une adoption sous X, le dernier recours.
Il n’a jamais été question d’avortement.
Mes parents sont très religieux, à leur manière. Ils ne vont pas communier dans des lieux sacrés, mais prient très souvent dans le grenier, le matin – sans nous, nous n’avons pas le droit d’aller dans le grenier – et dans leur chambre à coucher le soir. Avant, tous les dimanches soirs, je devais participer au même manège : mes parents fermaient portes et fenêtres dans leur chambre, allumaient l’encens - beaucoup trop d’encens - tellement que ça enfumait la pièce et me troublait la tête, et me laissaient prier en solitaire, à genoux devant leur lit. Des heures durant. Je détestais cela. C’était ennuyeux au possible, et l’odeur et l’effet des plantes me faisaient tourner de l’œil et rendaient mon esprit confus. Après chaque séance, j’avais les muscles ankylosés à force d’être restée sans rien faire, tout mon corps me faisait mal, même aux endroits les plus incongrus.
Une fois, j’ai voulu éteindre l’encens parce qu’il me gênait pour prier. Pour une raison ou pour une autre, mon père est entré dans la pièce avant la fin de l’heure sacrée – il ne faisait jamais ça normalement. Quand il a vu que j’avais aéré la pièce et tout éteint, il s’est énervé très fort. Ses sourcils bruns sont le seul élément qui trahissent ses émotions, et ce soir-là, ils ont dansé comme jamais.
Ce rituel a continué jusqu’à mes seize ans, date à laquelle ils ont dit me penser assez grande pour agir comme je le voulais. J’ai arrêté complètement les prières, ça ne les a pas dérangés plus que ça. J’en ai dix-neuf aujourd’hui. Mon petit frère, par contre, subit le même traitement, et c’est obligatoire. Mes parents sont très sévères. Je n’ose pas imaginer leur réaction si l’un de nous deux revenait à la maison avec un nouveau-né, à notre âge et dans notre situation actuelle, nous qui vivons tous deux avec eux.
Je ne leur ai jamais posé trop de souci de ce côté-là, de toute façon, je n’ai jamais eu de petit ami, ou de petite amie pour ce que ça change. Je n’ai jamais été très sociable non plus, les gens me font peur et je fais peur aux gens. J’ai des troubles. Il faut aussi y ajouter mes difficultés scolaires, de concentration et de compréhension, ce qui n’aide pas. En général, les gens me prennent soit pour une tarée, soit pour une demeurée. Je suis peu propice à la romance. De toute façon, le contact physique et l’intimité sexuelle me dégoûtent.
***
J’ai parlé à mon frère de ce rêve. Sans surprise, il m’a regardée avec de grands yeux. On en a beaucoup ri après, mais j’ai senti qu’il était mal à l’aise. Il a déjà eu une petite amie, une seule, avec laquelle il a rompu après plusieurs mois de relation. Je sais qu’ils l’ont déjà fait, et justement, ça l’a fait paniquer, il avait peur justement que nos parents ne découvrent quelque chose, ou qu’elle tombe enceinte. Il a peur des enfants, mon petit frère. C’est étrange à dire, mais c’est comme ça. Quand il voit un tout petit passer, il s’écarte un peu, son visage change. Il a l’air en détresse, hanté.
Moi j’adore les enfants, mais de loin. Être près d’eux, ça me fait mal.
Je crois que je devrais arrêter de lui raconter mes rêves de folle. Il n’aime pas ça.
L’impression étrange et l’affection liés à mon rêve se sont dissipées, mais pas leur souvenir. Je vois mon psychiatre lundi prochain. Il est temps. Mon obsession grandissante pour le grenier ne s’améliore pas, et mes phobies obsessionnelles non plus. Mon cerveau est étrange. Je dois éteindre la lumière de ma chambre une quinzaine de fois chaque soir, sinon je n’arrive pas à fermer l’œil. Si je ne le fais pas, je pense au grenier, et ça me fait peur. Là où se trouve la chapelle de mes parents. Là où je n’ai jamais pu mettre les pieds.
Là où je ne veux pas aller, où j’ai peur de me rendre de moi-même si je ne fais pas clic-clac, la lumière. Peut-être que je m’y tuerai si j’y allais. Généralement, le clic-clac, je fais ça pour ne pas penser à faire des choses malsaines, ou à des images dérangeantes ; des choses que je ne ferais jamais dans la vraie vie, mais auxquelles je ne peux m’empêcher de penser. Mon cerveau est étrange, oui. Les pensées intrusives. Brrrr
***
J’ai fait le clic-clac treize fois, et ensuite mon ampoule a grillé. J’ai appelé mon père pour qu’il la change, mais il m’a dit d’aller dormir. Je ne vais pas dormir. Pas sans les deux derniers clic-clac.
Je vais écrire ce qui me passe par la tête.
Ce soir, c’est le grenier on dirait.
Je devrais prendre mes médicaments, mais ils empirent parfois les choses. Il faut les prendre avant les crises, m’a dit le psychiatre. Là, je suis en pleine crise, donc peu utile. Faudrait voir. Si je prends ou pas, qu’est-ce qui va se passer ?
Je ne vais pas les prendre. En réalité, je ne pensais pas vraiment le faire. Je l’ai fait une ou deux fois, dans ce genre de situations, mais plus jamais. Je prendrai la bonne dose demain matin, comme d’habitude. Cette nuit, tout ira bien.
Tout ira mal.
J ai je veux aller au grenier. Pas envie plutôt besoin. Je n ai jamais obéi a ce besoin avant Mais aujourdhui ça passe dans ma tête sans fin
Il y a quelque chose au grenier qui appelle et qui attend
Je n ai pas peur du grenier J ai surtout peur de ce que j y ferai. Pourquoi mon cerveau veut y aller c est ça qui fait peur.
***
Je suis allée au grenier
Cétait noir
Il y avait des berceaux quatre brisés et en sang
et une porte sur les ombres
***
Ma mère a lu mon journal. Elle n’a même pas essayé de le cacher. Elle est venue me voir, cahier en main, me l’a rendu. Elle n’a pas fait le signe de croix, ni ses yeux de grenouille, ses yeux bleus-gris si familiers.
Si familiers.
Elle m’a dit que j’allais reprendre les prières.
Je ne pense pas que je verrai mon psychiatre lundi.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerQuoi? Quel est le rapport avec les cavaliers de l'apocalypse?
Supprimergg très bonne Pasta
RépondreSupprimerJ'ai pas compris. Pourquoi elle a repris les prières ? Pourquoi ils ont peur des enfants ? Pourquoi ils ont pas le droit d'aller au grenier ? C'était quoi les berceaux et la porte ? Et c'était un rêve ou un souvenir du coup ? Sinon c'était pas mal malgré tout
RépondreSupprimerLa théorie de beaucoup ( dont moi ) qui parait la plus plausible, c'est que les " reves " de la fille sont en réalité des souvenirs. Les 3 enfants de ses rêves, elle les a eu après avoir été violée par son père, et son frère a été violé par leur mère qui est tombée enceinte. Les 4 bébés ont été sacrifiés aux ombres dans le grenier( d'ou les berceaux )
SupprimerLes encens allumés lors des prières sont enfaite des drogues pour embrumer l'esprit des 2 enfants pour qu'ils puissent être violés sans problème par leurs parents ( voila pourquoi le père s'est énervé quand il est rentré et à vu qu'elle avait éteint les encens. Il n'a rien pu faire )
Pasta très plaisante à lire grâce à la narratrice !
RépondreSupprimerOh putain, j'ai pas tout saisi mais elle est vachement bien cette pasta ^^
RépondreSupprimerBrrrr elle est fantastique celle là ! C'est encore flou dans mon esprit mais j'ai vraiment adoré l'histoire et la narration !
RépondreSupprimer(en plus j'ai déjà fait un rêve du style avec un fort sentiment d'affection alors i relate)
Je crois que les reves c'est en fait ses souvenirs, l'encens et les medocs sont des drogues qui troublent sa memoire et du coup elle a déjà eu 3 enfants et son frère 1, sûrement avec leurs parents, et les parents les ont ensuite sacrifiés à une entité quelconque (d'où les ombres) ou juste tués pour sauver leur réputation de chrétiens et donc ils prient au grenier pour leurs âmes, mais c'est ma théorie, c'est assez mystérieux comme histoire !
RépondreSupprimerMerci de m'avoir éclairer !
SupprimerBonne théorie, c'est fort possible que ta théorie sois juste ... et ça explique aussi leur phobie des enfants et pourquoi les relations sexuelle dégoûte la narratrice
SupprimerPas mal, perso j'ai pas tout compris mais vue comme sa !
SupprimerEt si...et si justement tuer les enfants nés d'une union interdite fesait parti d un sacrifice ? Un rite pour une sorte de culte glauque ? Et que ce serait leur " religion " qui les poussent à forniquer avec leurs gosses pour ensuite buter les bébés nées de cet actes?
SupprimerCe qui pourrait expliquer pourquoi la mère était choquée a l'idée qu'ils aient un enfant avec quelqu'un d'autre, hors de la famille: ça briserait le cercle vicieux et "sacrés"
SupprimerLa mère a abusée de son fils, elle est tombée enceinte, ils ont sacrifiés l'enfant. Même chose pour la fille, son père l'a mise enceinte trois fois plutôt qu'une et ils ont sacrifiés ses enfants aux ombres... leurs divinités malsaines qu'ils vénèrent dans le grenier..
RépondreSupprimerPas maaaaaal, j'adore en vrai, maintenant que j'ai lu les quelques explications dans les commentaires c'est vrai que c'est le plus plausible, j'aime beaucoup ! gg :D
RépondreSupprimerPas plausible. Le père est brun donc les 3 enfants ne peuvent être blond.
RépondreSupprimerProba trop faible
Il n'y a eu que deux enfants blonds et la mère est blonde donc ça s'entend parfaitement !
SupprimerMes parents ont tous les deux les cheveux bruns, même noirs pour mon père. Pourtant, je suis née très blonde et ça a foncé vers l'adolescence ;)
SupprimerJe l'ai trouvée super prévisible, mais très sympa :)
RépondreSupprimerMa théorie :
RépondreSupprimerLe fils et la fille ont eu des enfants avec leurs parents, et les rêves sont en faites des souvenirs troubles.
Les deux enfants ont été violés durant les prières, et lorsque le père est entré trop tôt dans la chambre où priait sa fille, ce n’était pas une coïncidence puisque c'était pour la violer.
Les parents ont sacrifié les bébés aux ombres dans le grenier, et pour que la fille s’en souvienne, c’est qu’elle avait dû aller dans le grenier quelques temps avant, mais l’encens l’a fait oublié.
Ma théorie :
RépondreSupprimerLe fils et la fille ont eu des enfants avec leurs parents, et les rêves sont en faites des souvenirs troubles.
Les deux enfants ont été violés durant les prières, et lorsque le père est entré trop tôt dans la chambre où priait sa fille, ce n’était pas une coïncidence puisque c'était pour la violer.
Les parents ont sacrifié les bébés aux ombres dans le grenier, et pour que la fille s’en souvienne, c’est qu’elle avait dû aller dans le grenier quelques temps avant, mais l’encens l’a fait oublié.