Temps approximatif de lecture : 10 minutes.
Je vais inaugurer une nouvelle série qui, je l’espère, vous plaira autant qu’elle me plaît à faire. C’est une série assez éloignée de ce que j’ai l’habitude d’écrire, mais je vais faire de mon mieux afin de vous faire découvrir différents lieux réputés hantés ou maudits de ma Bretagne natale. Je ne vous promets pas des monstres, je ne vous promets pas de sensations fortes mais simplement une découverte de ces endroits que je trouve incroyables. Trêve de blabla et commençons avec le marais de Brennilis aussi appelé localement « Yeun Elez ».
Ces tourbières ne sont pas anodines dans la région, elles portent une sombre réputation d’être dangereuse et surtout de nuit. En effet, toujours selon la légende, profondément enfouies dans les étendus d’eau se cacheraient les portes de l’Enfer. Cette particularité champêtre expliquant la présence des démons dansant dans la plaine, hurlant la nuit et chassant les imprudents voyageurs. Les suppôts damnés ne sont pas les uniques occupants occultes de cette nature sauvage, non, on peut y croiser des Korrigan vous
faisant danser jusqu’à la mort ou bien le faucheur de vie et sa sinistre charrette mal huilée. Les prêtres enfermaient les démons dans des chiens noirs avant de les noyer en ces landes abandonnées par Dieu. Légendes ou non, toujours est-il que les voyageurs s’étant enlisés et disparus sont légions.
Téméraire, mais pas stupide, je me rendis sur place accompagné. Après une pizza de bon aloi, nous avons traversé la frontière mal entretenue vers 22h30. Je voulais profiter du couché de soleil dans l’endroit. Après tout le crépuscule est l’heure où le voile entre notre monde et l’autre se déchire.
Il faut noter que le chemin est
vieillissant, l’arpenter demande une
certaine attention. Ce que je n’ai
absolument pas, heureusement j’étais
avec un.e ami.e attentionné.e qui me
connaît bien ! Cela ne m’a pas
empêché de finir cul mouillé dans une
rivière que nous verrons plus tard !
Voici la fameuse frontière. Cet espèce
d’installation de bois, absolument peu
pratique, signale les différentes parties
du marais.
Bien qu’on puisse voir au loin un
parcours balisé de bois, ne vous y
trompez pas, il n’est pas en très bon
état. La plupart des planches sont
défoncé ou tout simplement
manquantes comme je pourrais vous
le montrer !
Peu de gens prennent cette route, elle n’est donc pas très entretenue.
Bras dessus, bras dessous, nous nous aventurons donc vers notre destin peut-être funeste ! Bon, je dois confesser ne pas forcément être la meilleure des compagnies car je prends un malin plaisir à conter les légendes terrifiantes entourant notre destination à mon camarade peu rassuré.e. Tenez, l’une d’entre elle est celle du type qui a rencontré
L'Ankou. La faucheuse de Bretagne toujours dans sa charrette conduite par des chevaux spectraux et faméliques. Il se dit que si vous entendez les grincements de ses roues, alors votre heure viendra une semaine plus tard. C’est ce qui est arrivé à un homme du coin. Selon l'histoire, il est parti se soulager dans les landes et n’a vraiment pas eu de bol. Ces dernières sont régulièrement parcourues par L'Ankou et le croiser scelle ton destin. Le gars a beau eu se cacher en espérant échapper à son sort, c’était trop tard car le son fatidique était arrivé à ses tympans. Il est alors allé voir son voisin à qui il a raconté sa mésaventure
qui n’a pu que constater son décès une semaine plus tard.
Nous sommes tombés sur lamaison de ce gars et de son voisinun peu plus tard. Les deux seuleshabitations du coin, il faut dire. J’enai profité pour prendre quelquesphotos. L’obscurité ambiantedonnait un aspect glauque à lastructure, surtout lorsqu’on connaîtle sort de son ancien propriétaire.On s’attendait presque à le voirsous une forme spectrale pour nousrâler dessus. Enfin, on plaisantaitsurtout car le sentiment d’êtreobservé et de ne pas être à notreplace était omniprésent. Et je ne dispas ça parce que c’est toujours unepropriété privée, techniquement.Mon ami.e a d’ailleurs suggéré enplaisantant que ce serait bien legenre d’endroit où nous pourrionstrouver un pendu fantôme. De ceuxqui se volatilisent après un regarddétourné. Nous nous sommesregardé et avons rapidementcontinué notre chemin.
Je ne parle pas des odeurs, mais celle de cette grange prenait aux tripes.
La suite de notre route nous a mené vers une rivière fantastique: la rivière écarlate. Oui, la
même où je suis tombé, ne revenons pas dessus je vous prie. Je ne vous ai pas dit une chose à propos des portes des enfers, elle serait localisées très spécifiquement et dans le lac bordant les marais. Le même lac qui abreuve la rivière rouge. J’ai ressenti quelque chose d’assez singulier face à ces eaux de couleur sang, j’ai tenté de rationaliser en me disant que c’est tout bêtement dû à la nature des roches qui sont rouges, mais rien n’y faisait. L’aspect poisseux, l’aura légendaire entourant sa source et la nuit noire ont titillé sans pitié mon imagination. Nous sommes restés là, je ne sais combien de temps, comme deux poteaux, devant ce spectacle.
Je me disais que c’était le sang des âmes damnés qui coulait depuis les portes infernales pour donner cette teinte si caractéristique à cette petite rivière. Peut-être également le sang des chiens noirs que, naguère, noyaient les prêtres de la région en ces eaux. La Bretagne était une terre très religieuse à l’époque, tout particulièrement à l’Ouest. Si vous y voyagez, vous verrez pas mal de calvaires, de petites chapelles ou d’églises. La plupart sont en mauvais état et ne sont plus utilisés, mais témoignent de ce passé très croyant !
Cette foi s’est pas mal mélangée aux anciennes croyances celtiques, ce qui a donné des superstitions ou des rites parfois déroutants. En l’occurrence, la présence de démons qu’il fallait exorciser. Ces démons crieraient d’ailleurs le soir venu, expliquant les bruits singuliers que l’on entend dans les landes. Heureusement que l’Archange Saint-Michel descendrait chaque jour depuis la montagne éponyme pour mettre fin à ce tapage nocturne ! Les démons de Yeun Elez, c’est ainsi qu’ils se nomment. On retrouve même la figure du démon dans l’église locale « Notre-Dame de Breac-Ellis », la patronne locale, qui en écrase un de ses pieds.
Enfin, revenons à nos histoires. C’est assez simple, les démons étaient accusés d’un peu tout les maux et problèmes et possédaient les gens. Les exorcistes avaient donc pour mission de chasser ces bêtes occultes dans l’objectif de libérer les badauds de l’emprise démoniaque. Ils avaient une manière un peu spéciale de le faire, comme je le disais, ils
prenaient des chiens pour servir de réceptacles aux démons chassés. Puis, ils les emmenaient là où se situes les portes de l’Enfer afin de les noyer. Le but était tout simplement de renvoyer ces créatures directement à la maison. Néanmoins, toujours selon la légende, cela ne marchait que moyennement. Les hurlements des noyés viendraient en partie de ces chiens noirs possédés morts dans le lac, enfin plutôt des esprits malicieux qui y auraient été implantés. Les prêtres restaient satisfaits car le but était avant tout de libérer les humains, pas de chasser les suppôts infernaux de la surface de la Terre. S’ils restaient bloqués dans les landes, ce n’était pas si grave.
Bon, ça a pu poser quelques petits soucis tout de même. Une autre légende raconte qu’un prêtre traversait la paroisse avec un enfant de cœur dans le but d’offrir l’extrême-onction à un mourant. Les deux compagnons sont tombés sur une noce paysanne possédé par le démon de la danse, bien sûr le cortège refusa de les laisser passer. Les pauvres hères ont dû traverser la lande à pied afin de faire leur office. Cependant, les paysans furent puni à la suite de la dernière note de la chanson et du dernier pas de danse, tout le monde fut transformé en pierres pour leur méchanceté. Oui, ils étaient possédés, mais apparemment ce n’est pas une circonstance atténuante aux yeux du
divin ! Peut-être avaient-ils eux-mêmes invoqué ce démon pour ne pas avoir à s’offrir les services de ménestrels ? Quoiqu’il en soit, ces gens sont toujours visibles sous la forme d’une vingtaine de petits menhirs appelés « Eured Ven », les « noces de pierres ». Ces menhirs sont visibles au pied du mont Saint-Michel (non pas celui-là, un autre).
Conclusion de ces légendes, il vaut mieux éviter les démons et heureusement on en a pas croisé. Juste des bruits lointains et étranges. Je ne sais pas si c’était les fameux cris infernaux ou la réverbération du son des forêts voisines sur ces immenses steppes, mais c’était une sonorité aussi distordue qu’unique. On aurait dit comme… des grognements bizarres, très animal. Enfin, animal, je n’en connais aucun qui fasse ce type de cri, mais
vous voyez l’idée, rien d’humain en tout cas. Mon ami.e a justement spéculé que c’était non pas la réverbération des bruits forestiers mais plutôt celle de la route qui longe l’endroit.
La photo ne rend pas vraiment bien la teinte rouge de l’eau, c’est bien plus impressionnant de visu.
J’en profite pour vous montrer quelques échantillons par ci, par là, du décors et de l’ambiance générale !
Maudit ou pas, ça reste magnifique.
Cette photo est un peu plus dégeu que les
autres, mais je l’aime bien. Elle montre à quel
point on ne voyait RIEN devant nous. Sans
lampe torche, ce n’est même pas la peine de
s’aventurer sur place. Et encore, on a pas eu la
brume qui s’abat régulièrement sur toute la zone.
Sans déconner, si vous décidez de partir à votre tour sur
place, faites gaffe ! Ce n’est pas safe du tout. Surtout de
nuit, c’est un coup à finir dans les tourbières et s’enfoncer
dans l’espèce de vase.
Vous voyez le marais des morts dans le Seigneur des anneaux ? Vous avez globalement l’ambiance de
cette partie des marais. Un mince chemin très étroit permet de naviguer entre ces trous d’eau sans fond et vaseux, il ne faut surtout pas être inattentif au risque d’avoir de sérieux problèmes. Je me sentais comme Frodon qui regardait dans l’eau, je m’attendais à voir surgir le visage d’un cadavre m’appelant vers le fond. Heureusement, un hélicoptère survolant notre position, attiré par nos lampes torches, m’a tiré de ma torpeur.
pourquoi il y a trois marches qui mènent vers trois marches qui descendent. Quel intérêt ? Être plus repérable ou plus solide à
l’épreuve du temps ? Aucune idée.
Je vais finir par un dernier moment fort de notre expédition, c’était juste après la rivière écarlate. Littéralement, le lieu était à sa berge (c’est en m’y rendant que j'ai eu mon malencontreux accident). Il s’agit d’une petite clairière presque aménagée, enfin on ne sait pas, c’est vachement difficile à déterminer si elle a été faite par la main de l’Homme ou non. Enfin, quoiqu’il en soit, c’est une chose bien spécifique qui nous a attiré : une sorte de construction naturelle en branches. Je vais l’appeler « balançoire » car c’est comme ça que mon ami.e l’a vu de loin. Et puis, ça y ressemble un peu on ne va se le cacher.
Malheureusement un peu flou, mais on a l’idée générale du machin.
On ne voit pas très bien, mais il s’agit du second arbre qui soutien la branche du premier. C’est ce qui donne cet aspect « balançoire ».
On a été assez étonné de trouver ça. Surtout juste à côté d’une rivière toute rouge dont la source serait la porte des enfers elle-même ! On s’est mis à imaginer un peu n’importe quoi, comme des jumelles spectrales, aux visages recouverts par de longs cheveux, se balancer dessus. Oui, un peu comme Sadako. J’ai aussi pensé à Blair Witch et à sa sorcière. En plus, on a croisé quelques dizaines de minutes auparavant une maison abandonnée (que je n’ai pas pu explorer à mon grand dam, elle est barricadée de planches et de verrou). On aurait vraiment dit une sorte de porte occulte, vous savez celle dans les légendes qui mènent vers des mondes obscurs. En tout cas, si j’étais une sorcière démoniaque, c’est ici que je construirais ma balançoire du Diable !
Il nous est arrivé d’autres trucs, mais je réserve ça à ceux qui me paieront une bière si on se croise un jour au détour d’un pub celtique ! Des histoires qui impliquent des limaces noires, des bruits étranges et même l’hélicoptère dont je parlais tout à l’heure. Vraiment, toute une aventure ces quelques heures dans les marais. Une expérience assez incroyable même, que je compte revivre et vous faire partager avec d’autres lieux ayant une toute aussi sinistre réputation. Enfin, si j’arrive à convaincre mon ami.e de me suivre mes lubies occultes ! Oh si ! Une dernière chose qui me reste en tête ! Elle est survenue juste au moment où nous sommes arrivés à notre voiture pour rentrer. On s’était arrêté car mon camarade voulait me raconter une anecdote de boulot, je me stoppe également et
regarde le ciel étoilé tout en l’écoutant. Là j’ai vu une comète bleue azur traverser le ciel rapidement et disparaître derrière des nuages. Je ne peux m’empêcher de voir de bons auspices concernant cette nouvelle aventure dans laquelle je me lance !
Bref, merci de m’avoir lu, à très bientôt, le plus tôt que ma procrastination me permet en tout cas.
Presque affectueusement, Wasite.
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Wasite qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Écho, Kitsune et Aévor qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Neaoce et Trinity qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.
La mise en page décède un peu par endroit, mais j'aime beaucoup qu'on explore les histoires de chez moi!
RépondreSupprimerCe serait bien d'écrire français et non en points. Un site consacré aux récits devrait d'abord et avant tout respecter la langue.
RépondreSupprimerIl y a rien de pas français dans ce texte, il est très bien écrit
SupprimerUn site consacré aux récits rapportés d'inconnus sur le web respecte la diversité d'expression de ces inconnus du web. De la même manière que certains utilisent un langage soutenu plutôt que familier, certains utilisent le point médian et d'autres non, ça les regarde et ça ne change rien à l'histoire
SupprimerL'ecriture inclusive a ecore frappé...
RépondreSupprimerSurtout que l'ami en question est sensé être connu, pourquoi-donc utiliser les points médians quand c'est une personne dont le narrateur connaît l'identité ?
Supprimerla personne peut très bien être non binaire
SupprimerJe ne vois pas en quoi l'écriture inclusive est un soucis
Supprimer"L'écriture inclusive a encore frappé". Misère, l'écriture inclusive est donc un homme abusif
SupprimerC'est sûrement ça oui, un.e.tte.euse non-binaire.s.ette.euse otherkind demi-troisième type genderfluid en alternance une semaine sur deux, ses pronoms sont zgorg et zgurk
SupprimerDu coup, ni un ami, ni une amie, mais unzgurke amizgorg