Cette creepypasta est d'une taille monstrueuse, un vrai roman. Pourtant elle est relativement peu connue. Peut-être qu'elle rebute les lecteurs anglophones justement à cause de sa longueur, présenté comme ça ce n'est pas très appétissant. C'est pourquoi on tente le coup de la publier en épisodes, comme Ted the caver il y a un an.
Quoiqu'il en soit, big up à Onetoo699, le traducteur le plus efficace de l'histoire de CFTC, qui a bouclé ce travail (60 pages sur word) en une semaine seulement.
Texte original ici
Quoiqu'il en soit, big up à Onetoo699, le traducteur le plus efficace de l'histoire de CFTC, qui a bouclé ce travail (60 pages sur word) en une semaine seulement.
Texte original ici
Entrées du blog original (le texte est parfois différent de la version présente sur creepypasta.org) :
Mon frère avait 11 ans de plus que moi. Je ne me souviens pas très bien de l’époque où il vivait avec nous, lors de ses années lycée. Je n’avais que 13 ans lorsqu’il a déménagé. Mais il a toujours été bizarre. Sa passion était d’observer les gens. Je me souviens que, parfois, lorsqu’il venait me chercher à l’école, il regardait des groupes d’enfants qui rentraient chez eux dans leurs uniformes, et ces petites scènes banales du quotidien - ces vieilles dames qui jetaient des miettes de pain aux oiseaux, ces magasins qui fermaient - le rendaient triste. Il prenait des photos de tout et n’importe quoi. Il était très nostalgique de choses qu’il n’avait jamais vécues.
Je me souviens clairement que, parfois, il s’asseyait dans un coin de sa chambre et écrivait dans un vieux carnet qu’il utilisait à l’école. Parfois je lui demandais ce qu’il écrivait ou dessinait. Il me disait évidemment de partir. Il cachait ses notes lorsqu’il n’écrivait pas. Je les ai quelque fois cherchées lorsqu’il n’était pas à la maison, mais sans jamais les trouver.
Je ne me souviens pas de grand-chose d’autre à propos de mon frère. Il était très introverti, mais il acceptait quand même parfois de jouer à des jeux vidéos avec moi, quand je lui demandais. Il n’aimait pas beaucoup le sport, et avait un petit cercle d’amis qu’il connaissait depuis assez longtemps. Ses amis étaient en général aussi bizarre que lui, et maman n’aimait pas qu’ils traînent dans le quartier. Mais il n’avait pas l’air de souffrir de sa solitude, il avait de bonnes notes et semblait heureux dans sa vie. Il était l’opposé de ma sœur (qui avait sept ans de plus que moi), qui a toujours été très sociale, et avait confiance en elle.
Lorsque mon frère sortait, c’était soit pour prendre des photos des endroits les plus minables de la ville, soit pour aller chez un ami, probablement écouter de la musique. Il adorait la musique, spécialement les enregistrements amateurs.
Mon frère est décédé dans un accident de voiture l’an dernier. Nous en avons fait le deuil maintenant. Mes parents ont décidé de laisser sa chambre telle qu’elle était lorsqu’il l’a quittée. J’étais incapable de me contenir : le mystère de son carnet trottait dans un coin de ma tête depuis des années, mais des mois après sa mort, un besoin urgent m'a pris : il fallait que je trouve ce carnet.
J’ai fouillé sa chambre de fond en comble. J’ai cherché partout, en remettant tout à sa place pour ne pas que mes parents voient que j’ai été fouiller. Et finalement, par pure chance, je suis tombé sur une latte de parquet branlante, là où son lit se trouvait.
C’était une bonne cachette. Je ne l’aurais jamais trouvée il y a quelques années. J'ai prié pour que ce soit la cachette de son carnet. Et j’avais raison.
Mon frère avait gardé tous ses gribouillages. Avec le temps, l’humidité et les insectes avaient quelque peu sali les pages, mais la plupart restait parfaitement lisible. C’était des vieux cahiers d’écolier, avec des reliures en anneaux, à la couverture noire. Les marques sur la couverture indiquaient qu’il y avait eu des étiquettes, mais elles avaient été retirées.
J’ai feuilleté ses notes pendant plus de quatre heures, avec un intérêt grandissant. Ce qu’il avait écrit (et parfois dessiné), était extrêmement varié. Il y avait une liste des gens qu’il « aimait », mais il y avait aussi des gens tels que « la dame qui nettoie à 7h30 à l’hôtel ____ av. ____, porte un ruban rose » ou encore « le gentil portier de la maison de jeunesse ». C’étaient des gens qu’il connaissait de ses observations nostalgiques, je suppose.
Il y avait également des entrevues avec des gens de la ville à propos de divers sujets. Mon frère prétendait parfois être un étudiant en journalisme ou en communication et interviewait des passants dans la rues à propos de diverses choses. Beaucoup de ces interviews sont écrites ici.
Il y a parfois des comptes rendus de choses personnelles (ou pas), de choses étranges qui se sont déroulées dans la ville, comme si c’était les choses les plus banales du monde. Il y a tout et n’importe quoi, mais parfois ses amis apparaissent dans ses écrits.
Je retranscris ici ces notes au rythme où je les découvre. Alors veuillez m’excuser si je vais lentement. Je n’ai pas de scanner pour vous les montrer directement, et l’écriture de mon frère est, de toute manière, plutôt illisible pour quiconque ne la connaît pas.
J’ai bien évidemment, pour ma sécurité, remplacé tous les noms de rues, de villes et de personnes par des pseudonymes ou des blancs.
Plusieurs autres choses : je ne suis rentré en contact avec aucun des amis de mon frère depuis son décès, même si tous sont venus à ses funérailles et ont été très gentils. Naturellement, ils sont tous beaucoup plus vieux que moi et nous avons très peu d’intérêts en commun. Étant donné que mon frère était proche de ses amis, il est probable que certaines choses écrites ici ne soient pas de lui, mais de ses amis, et que c’était en quelque sorte un projet collectif. Je me base sur deux choses pour affirmer cela : l’écriture varie beaucoup entre les différentes pages, parfois c’est le style d’écriture de mon frère (très impersonnel), et parfois cela ne lui ressemble pas du tout (une sorte de prose).
Et aussi, il n’y a aucune garantie que ce tout ou que même quoi que ce soit écrit ici se soit réellement passé. Tout ceci n’est peut-être qu’une pure fiction sortie tout droit de l’imagination de mon frère (il lisait beaucoup). Il était fan d’auteurs tels que Borges, qui a une approche très mathématique de la fiction, et d’autres comme Cortazar, qui aimait mélanger fiction et réalité.
Enfin, je me dois de dire que mon frère et moi-même ne sommes pas anglais d’origine, et que ses notes ne sont pas non plus écrites en anglais à la base, ce qui rend la tâche plus difficile pour moi, car je dois transcrire et traduire dans la foulée. Si un passage semble étrange, ce n’est peut-être pas de la faute de mon frère.
Quelques passages ne sont pas écrits à la main, mais sur des bouts de papiers imprimés et collés aux cahiers, ce qui renforce ma conviction que mon frère n’était pas le seul à écrire pour ce « projet », ou quoi que cela puisse être.
C’est déjà un préambule trop long, je vais maintenant poster des extraits des cahiers. Il y en a cinq au total, d’une longueur variable. Le troisième est de loin le plus long ; les quatre autres semblent être des réflexions plus approfondies sur les idées du 3ème.
Je les ai peut-être trop lus.
Extrait du cahier #3 : liste sans titre #4
PERSONNES QUI TUENT DES ANIMAUX ET AUTRES
F. m’a dit que ce qu’ils faisaient en réalité était qu’ils les emmenaient dans l’arrière boutique et qu’ils les dépeçaient. C’est pour ça que la radio dans ce magasin est toujours très forte.
2. Hécatombe dans la population de pigeons attribuée à « L’étrangleur de pigeons », un assassin anonyme des nuisibles volants.
3. Un groupe d’enfants dans le parc de ___. Utilise des carabines. Ils avaient pour habitude de dépecer des poissons dans le lac de ___, mais on sait tous ce qui s’est passé en 1998.
4. Le voyeur dans le magasin de disques aime les filmer en train de le faire, K est un ami à elle.
5. Tu te souviens de ces annonces qu'on entendait à 3h du matin à l'époque où on retrouvait morts les chiens du quartier, étranglés ou empoisonnés ? Des genres de films amateurs qui demandaient de dénoncer celui qui faisait ça ? Bon travail les gars.
6. Personne n’a jamais su où c’était enterré, même pas nous.
7. J’ai demandé à A de m’en dire plus sur ce mec de Architecture qui ferait du torture porn. [Le reste de la page est illisible] CONFIRMÉ FAUX.
Extrait du cahier #1 : « Un souvenir ».
C’était à l’époque ou l’on vivait à ____, quartier d’ailleurs très ennuyeux. Tu sais, le tag. « Le quartier le plus vert de la ville ». Ils en sont très fiers. En vérité, c’est juste devenu ennuyeux. Les adultes venaient habiter ici pour s’éloigner du brouhaha de la ville, mais je préfère le chaos de la ville plutôt que cette vie de bohème campagnarde.
Et de toute façon, c’était des conneries parce que tout le monde a déménagé ici et c’est juste devenu une partie de cette ville dégueulasse. Engloutie. Assimilée. Envahie.
Bref, à l’époque j’avais neuf ans et pas beaucoup d’amis (HAHA), mais j’avais CET ami, I. Il habitait de l’autre côté de la rue et parfois, on jouait au papa et à la maman (les gars, vous avez forcément déjà joué à ce jeu, ne prétendez pas que vous ne l’avez jamais fait), et parfois, on allait explorer le voisinage, ce qui était pratiquement la même chose.
Je pense que je devrais décrire la redoutée « Maison hantée ». J’ai raconté cette histoire un nombre incalculable de fois, et je décris toujours des détails différents. Mais de toute manière, c’était dans un coin très reculé du voisinage, là où les riches demeures laissaient place aux maisons délabrées et au immeubles insalubres, là où avaient lieu tous les cambriolages. Il y avait l’entrée principale, un vieux portail en acier noir, auquel on accède en suivant un long chemin boueux (à cette époque, le quartier ressemblait vraiment à la campagne), jusqu’à cet ÉNORME terrain, qu’on voyait de dehors. La propriété toute entière était entourée de fils barbelés et d’avertissements comme « Interdit au public ». L’endroit était vieux et sinistre. Il y avait une petite cabane derrière la maison, des jardins défraichis, et enfin le bâtiment principal, où je suppose que les gens habitaient. Il y avait une piscine, mais toujours vide, et je n’ai jamais vu aucun chien de garde malgré les avertissements.
I était complètement obnubilé par cet endroit. Il parlait d’histoires de fantômes, et ces livres « Chair de poule » lui étaient montés à la tête (il n’était pas aussi fou que je le suis maintenant), et il voulait aller explorer les environs. J’ai dit non, mais il a insisté, et il était mon seul ami. Je le voyais tous les soirs après l’école. On a fini par aller l’explorer. Trois fois. Et chaque fois était pire que la précédente. Est-ce que j’ai dit que les arbres étaient les plus flippants que j’aie eu l’occasion de voir ? Ils n’ont jamais fleuri ni eu aucune feuille. C’étaient de vieux piliers de vieux bois, et parfois ces ÉNORMES oiseaux noirs, comme des corbeaux, venaient se percher sur les branches. C’était horrible.
La première fois que nous y sommes allés, il ne s’est pas passé grand chose. Nous ne sommes pas rentrés dans le jardin la première fois. On s’est d’abord défié d’aller voir à l’intérieur, mais nous étions tous les deux effrayés. On s’est juste baladé autour de la propriété, en essayant de voir quelque chose d’effrayant. On a aperçu de loin un homme flâner avec un bâton à la main, probablement un garde, et quelques silhouettes, mais il y avait énormément de brouillard ce matin là et on ne voyait pas grand chose.
J’ai parlé de ce long chemin boueux qui mène à l’entrée de la maison qui ressemble à celle d’un méchant dans les films pour enfant. On regardait toujours autour de nous sur le chemin, parce qu’on avait peur qu’il y ait des chiens ou autre chose. On faisait du vélo ici. Alors après une heure à traîner autour de la maison à essayer de trouver quelque chose qui en vaille le coup, nous sommes retournés à l’entrée du chemin, avec l’intention de retourner chez nous. On avait laissé nos vélos devant le portail.
Lorsque nous sommes retournés à l’entrée, nos vélos avaient disparus. I. jura pour la première fois, du moins, c’est la première fois que je l’entendais. C’est plutôt choquant pour une petite fille de 9 ans bien élevée, comme moi. Mais ce n’était pas BIZARRE, nous étions juste stupides de les avoir laissés là et d’être partis. On a supposé que des enfants les avaient pris.
Mais on a vu les empreintes de pas.
Je ne plaisante pas quand je dis ça, je ne me fous pas de ta gueule. C’était des empreintes de chien. DE PUTAINS D’ÉNORMES empreintes de chien. Elles étaient plus grandes que la main d’un homme. Ou à peu près de la même taille. [Une ligne d’environ 21cm est tracée sur le côté de la page]. Et les empreintes allaient en ligne droite, pas comme un chien en aurait laissé naturellement. Et tu sais quoi ? Elles s’arrêtaient juste là, à l’entrée.
Nous avons couru jusqu'à chez nous.
Quand je suis rentrée, mes parents étaient furieux que j’aie perdu mon vélo. Je ne me préoccupais pas de mon vélo du tout, et j’ai essayé de leur dire qu’une sorte de monstre vivait dans la Maison Hantée, mais ils ont cru que j’exagérais, comme les parents le croient toujours.. Ils m’ont dit que je devrais retourner là-bas et demander poliment si ils avaient vu mon vélo : peut-être que les propriétaires l’avaient rentré à l’intérieur pour ne pas qu’ils s’abiment en attendant que ceux à qui ils appartiennent se manifestent ?
Je n’ai jamais eu le courage d’aller demander. Mais la mère de I. y est apparemment allée elle-même quelques jours plus tard pour demander aux gens qui habitaient là si ils avaient récupéré les vélos. Je ne l’ai jamais entendu de la maman elle-même, mais lorsqu’elle est revenue de la maison, elle était triste et énervée et lui a dit qu’il ne devrait plus traîner dans les environs.
Bien sûr nous étions des enfants, et même si nous avions eu peur des empreintes, nous n’avions pas VRAIMENT vu quelque chose. On voulait tant y retourner.. C’était incroyablement stupide, même pour une fille de 9 ans, mais qu’est-ce que j’y peux ? Je suis une aventurière..
Alors un samedi matin, nous sommes sortis en douce de chez nous et nous sommes retournés à la maison ; c’était à une demi heure sans nos vélos. Le chemin nous a laissé du temps pour parler de la créature maléfique qui avait laissé ces traces. Chien ? Démon ? Chien-démon ? Nos imaginations étaient très fertiles. On s'est dit qu’on verrait bien, de toutes manières.
Ce matin là était un peu plus clair, presque ensoleillé : un beau matin d’hiver. Ça rendait la maison un peu moins sinistre, mais nous étions toujours terrifiés. Comme d’habitude, il n’y avait absolument personne dans les alentours, mais il y avait une vieille Volkswagen que nous n’avions jamais vue garée devant. Les traces de chien géant étaient effacées. On a décidé d’y aller.
C’était la deuxième fois qu’on y allait, et c’était comme un cauchemar. Aucun de nous ne voulait rentrer dedans, mais personne ne nous croirait au sujet des empreintes du chien, et on voulait récupérer nos vélos.
Alors nous sommes rentrés dans le jardin.
La maison était pleine de vieux objets du XVIIIème. Presque comme si elle n’avait jamais été touchée depuis la révolution américaine. Il y avait des pièces d’or dans de petites boîtes à bijoux, des peintures et des portraits de gens qui portaient des perruques ridicules, et même une épée posée sur une étagère. On s’attendait presque à voir un squelette dans le placard.
Nous n’avions aucune idée de l’endroit où chercher nos vélos. Jusqu’à ce qu’on aperçoive les empreintes.
Cette fois, nous étions concentrés sur la recherche d'une entrée, ou d'un trou dans les barbelés qui menaient au bâtiment principal, sans succès. Le soleil commençait à taper (il était près de midi), on avait chaud et on était fatigués. On se disait qu’on allait rentrer : on était plus fatigués qu’effrayés. C’est alors qu’on a entendu quelque chose. Et je ne sais toujours pas ce que c’était.
Ça aurait pu être une très violente dispute de couple, si il y avait eu un couple qui vivait là. Ça venait de la maison principale, la grande et belle maison tout au fond du jardin, à genre, 20m de nous. Mais on pouvait l’entendre. C’était un cri vraiment étrange. C’était comme une thérapie par le cri, ou un cours de karaté, ou même peut-être un sergent de l’armée hurlant des ordres. Le même intervalle de temps entre chaque cri (quelques secondes). Il y avait les voix d’un homme et d’une femme en alternance. Ça devenait de plus en plus fort, mais ça s’est arrêté d’un coup quand on a entendu un bruit de verre brisé.
Ils ne se criaient pas dessus, peut-être qu’ils criaient ensemble sur quelque chose ? C’était bizarre et contrôlé, mais en même temps vraiment dérangeant. Nous écoutions ces cris, en essayant d’apercevoir quelque chose par une fenêtre de la maison, mais quelqu’un est sorti de la maison par la porte de derrière, et on est partis.
Nos parents n’ont jamais su pour la deuxième visite. On était curieux et on voulait retourner là-bas coûte que coûte. Cette nuit, je me souviens avoir fait d’horribles cauchemars et être allée dormir avec mes parents. Même si l’épisode des empreintes n’était qu’un souvenir et ne me préoccupait plus tant que ça, il y avait quelque chose avec ces cris.
On a décidé de se préparer pour cette troisième (et dernière) incursion dans la maison. On a pris quelques provisions, une vieille paire de jumelles (comme on peut en avoir avec des G.I Joe ou dans une boite de céréale), de l’eau, des couvertures, et des lampes torche. On avait décidé d’y aller vers 17h, quand nos parents n’étaient pas encore rentrés, pour être sûr de ne pas se faire punir. C’était l’hiver et il faisait nuit tôt. C’était stupide, en y repensant.
J’avais toujours des cauchemars récurrents après avoir entendu ces cris. J’étais bien plus inquiète pour ça que pour l’histoire des vélos et du chien. Nous nous sommes mis en route assez tôt et on est arrivés dans la fin d’après-midi. La maison était plus effrayante que jamais. Il n’y avait aucune voiture dehors. Déjà une bonne chose. Mais il y avait beaucoup d’oiseaux dans les arbres. Et il y avait des chiens. Pas des chiens-démons, juste deux chiens qui se battaient pour un rat mort, près de l’entrée. Ils laissaient des empreintes normales et, heureusement, nous ignoraient.
Mais le détail le plus important est que le portail avait été laissé ouvert. Juste un peu, mais assez pour moi, I. et nos sacs. On était dedans. Il commençait à faire noir et on entendait les chiens aboyer.
Pendant les première minutes de l’exploration, nous n'avons rencontré que le silence et l'obscurité. On est passé tout près de la petite cabane sans que personne ne nous voie. La télé était allumée et diffusait un vieil opéra, mais je ne pouvais pas dire si quelqu’un regardait. Je me souviens de la tête de I. dans la lueur de la télé provenant de la cabane. Il a regardé par la fenêtre et a eu l'air plutôt effrayé en se tournant à nouveau vers moi.
Comme il était le garçon, il devait se montrer courageux et prétendre qu’il n’avait pas peur. Il a alors sorti sa lampe torche de son sac, l'a secouée, et allumée. C’était la plus petite étincelle de lumière qu’on puisse avoir, mais au moins on ne trébucherait pas sur n’importe quoi. On était à peu près au milieu du terrain, près de la maison d’où sortaient les cris la dernière fois. On entendait des oiseaux et des chiens au loin.
C’est là que les choses sont devenues compliquées, et c’est la raison pour laquelle I. a toutes ces cicatrices. On a entendu crier. Cette fois c’était tout, sauf contrôlé. C’était un cri d’agonie qui venait de la maison. On a alors entendu les bruits de pas les plus lourds qu’on ait jamais entendu.
Sans mentir, j’étais prête à tout lâcher, attraper I. et courir loin de là jusque chez nous sans m’arrêter.
I a été surpris par ces cris. Il a sursauté, et la lumière s’est reflétée sur des yeux. J’ai d’abord cru que c’était un chien, mais c’était un oiseau.
C’était comme... un poulet. Mais tout noir, comme un poulet-corbeau géant. Il marchait et semblait être incapable de voler, parce que son corps était gros et lourd, comme une grosse autruche. Il avait d’énormes yeux jaunes et la lumière brillait dedans. Il nous a regardé et a fait cette espèce de hurlement grinçant, mais le cri venant de la maison le recouvrait. J’ai crié à I. qu’on devrait partir. Du coin de l’œil, j’ai remarqué qu’il y avait des DIZAINES d’oiseaux comme celui-là. Toute une armée d’oiseaux bizarres. Je ne les avais pas vus jusqu'à maintenant. Ils étaient tout autour de nous. Un de ces oiseaux est passé près de ma jambe et ses plumes ressemblaient à du métal forgé. I. ne réagissait pas à mes cris. Il était pétrifié.
Il a été ramené à la réalité par un soudain aboiement lointain, qui se rapprochait rapidement. J’ai commencé à entendre ces horribles pas, très lourds, comme si le sol lui-même tremblait. Alors j’ai sauté en arrière et je me suis tournée, pour voir quelque chose de bien pus gros attaquer ces créatures, à 20m de nous.
Le cri devenait de plus en plus fort, et soudain, la lampe s’est éteinte parce que I. avait été plaqué au sol par quelque chose.
Le reste est affreusement flou. J’ai essayé d’aider I. mais ce qui le maintenait au sol était aussi lourd qu'un poney. J’ai entendu ces horribles sons gutturaux sortir de cette bête, noyant les cris de I. Et pendant ce temps là, les cris dans la maison ne s’arrêtaient pas. C’était comme si les cris avaient eu pour but d'invoquer ces créatures, qui pour autant que je sache ne pouvaient pas exister.
Le gardien est venu nous aider. C’était lui qui regardait la télé dans la cabane et on avait apparemment fait assez de bruit pour attirer son attention. Il m’a attrapé fermement par le bras et avec l’autre, frappait ce qui attaquait I. Après une longue série de coups de bâton, la bête a reculé. Les jambes de I. étaient couvertes de sang. Je ne me rappelle pas vraiment du reste. Les cris avaient stoppé. Tous. Dans la maison aussi, il n’y avait que le gardien qui criait « Qu’est-ce que vous faites ici, qu’est-ce que vous voulez ? ». J’ai balbutié mais je ne parvenais pas à articuler clairement.
Il nous a ramenés dans la cabane et a mis de l’eau oxygénée sur les plaies de I. Elles étaient horribles, profondes, des lambeaux de chairs étaient partis. Il gémissait. J’ai réussi à dire mon nom et mon adresse, alors le gardien a appelé mes parents. Ils nous ont récupérés et ont emmené I. à l’hôpital. Je ne me souviens pas combien de cicatrices il a, mais il en a beaucoup. Sur les deux jambes. Les docteurs ont dit qu’il avait eu de la chance, même si il aurait besoin d’une rééducation pour pouvoir remarcher. Même aujourd’hui, I. a une jambes plus fine que l’autre, la droite. Tu as remarqué ? C’est parce qu’il manque de la chair. Il ne peut pas régénérer le muscle. Il va finir par avoir besoin d’une canne
Je ne comprends pas d’où venaient ces oiseaux, ou ce qu’ils sont, ou même cette chose qui a attaqué I. J’ai fait ma propre enquête quelques années plus tard.
J’ai demandé plusieurs fois à mes parents des informations sur cet incident ; je n’ai jamais trouvé le courage de demander aux parents de I. De toute façon je n’ai obtenu comme réponse que des regards de désapprobation et parfois, maman commence à balbutier parce qu’elle a eu tellement peur que je sois blessée, ou que I. meure. Mon père a dit qu’il était allé parler avec le propriétaire du terrain quelques jours après. Apparemment, c’était un vieil homme, un européen, qui parlait mal l’anglais. Le gardien faisait office de traducteur. Apparemment, son chien avait attaqué I., après que nous soyons rentrés sur le terrain. Papa a essayé de le faire s’excuser, mais apparemment les choses ont mal tournées et ça a failli se finir en bagarre. Nos parents n’ont jamais revu ces gens. Je lui ai dit pour les cris et les oiseaux, mais il m’a fixé et m’a dit « Il n’y a pas d’oiseaux comme ça ».
À 14 ans j’avais pratiquement tout oublié de cet incident. I. avait changé d’école et on ne s’est plus parlé jusqu’à ce qu’on se retrouve dans la même université. Mais un jour, je suis retournée à ce chemin boueux, et la maison avait été abandonnée. Apparemment, elle avait été vendue mais le propriétaire ne s’est jamais montré.
J’ai parlé aux voisins. Ils m’ont dit que les gens qui vivaient ici étaient bizarres et ne quittaient presque jamais la maison. Ils avaient aussi entendu les cris et tout. Mais ils n’avaient jamais vu de chien ou d’oiseaux. Ils ont ajouté que la Volkswagen qu’on avait vue garée devant la porte était souvent là. 4 hommes en sortaient tous les week-ends, en costume.
Ces oiseaux... apparus et disparus comme le brouillard. Je n’ai jamais vraiment bien vu ce qui avait attaqué I. Lui non plus, d’ailleurs. Il a presque tout oublié. Mes parents aussi. Quoi que pouvaient être ces choses, elles étaient parties avec les précédents propriétaires
Ceci relève de la spéculation, mais je parie que ces enfoirés gardaient ces oiseaux pour nourrir la chose qui a attaqué I. Il n’était pas le seul, il y en avait d’autres. Je les ai entendus. Je ne sais pas comment quelqu’un peut avoir des animaux comme ça. Ou ce qu’ils sont. Pas une seule créature de cette maison ne semblait réelle.
J’ai essayé de rentrer en contact avec le gardien qui a sauvé la vie de I. (et la mienne). Mes parents l’ont remercié après l’incident mais on n'a plus jamais entendu parler de lui, parce qu’après les événements je suis toujours restée loin de cette maison. J’ai appris qu’il était devenu policier, et s’était suicidé un peu plus tard.
Ne demandez rien à I. à propos de cette histoire, il déteste en parler.
—FIN—
Maintenant, quelques-unes de mes impressions sur cette histoire.
Elle n’est pas autobiographique. La raison est simple : le protagoniste est une fille, et son ami, I., ne correspond à aucun ami de mon frère (de ceux que je lui connaissais). Mon frère avait une amie, appelons-la T., qui était une fille et dont la façon d’être correspond beaucoup à ce texte de ce que je me souviens d’elle. C’est peut-être son témoignage.
Mais c’est également possible que ce soit une histoire de fiction, par mon frère ou un de ses amis. On n'a jamais habité dans le quartier mentionné dans le texte, et mes parents ne m’ont jamais parlé d’un tel incident.
Mon frère avait 11 ans de plus que moi. Je ne me souviens pas très bien de l’époque où il vivait avec nous, lors de ses années lycée. Je n’avais que 13 ans lorsqu’il a déménagé. Mais il a toujours été bizarre. Sa passion était d’observer les gens. Je me souviens que, parfois, lorsqu’il venait me chercher à l’école, il regardait des groupes d’enfants qui rentraient chez eux dans leurs uniformes, et ces petites scènes banales du quotidien - ces vieilles dames qui jetaient des miettes de pain aux oiseaux, ces magasins qui fermaient - le rendaient triste. Il prenait des photos de tout et n’importe quoi. Il était très nostalgique de choses qu’il n’avait jamais vécues.
Je me souviens clairement que, parfois, il s’asseyait dans un coin de sa chambre et écrivait dans un vieux carnet qu’il utilisait à l’école. Parfois je lui demandais ce qu’il écrivait ou dessinait. Il me disait évidemment de partir. Il cachait ses notes lorsqu’il n’écrivait pas. Je les ai quelque fois cherchées lorsqu’il n’était pas à la maison, mais sans jamais les trouver.
Je ne me souviens pas de grand-chose d’autre à propos de mon frère. Il était très introverti, mais il acceptait quand même parfois de jouer à des jeux vidéos avec moi, quand je lui demandais. Il n’aimait pas beaucoup le sport, et avait un petit cercle d’amis qu’il connaissait depuis assez longtemps. Ses amis étaient en général aussi bizarre que lui, et maman n’aimait pas qu’ils traînent dans le quartier. Mais il n’avait pas l’air de souffrir de sa solitude, il avait de bonnes notes et semblait heureux dans sa vie. Il était l’opposé de ma sœur (qui avait sept ans de plus que moi), qui a toujours été très sociale, et avait confiance en elle.
Lorsque mon frère sortait, c’était soit pour prendre des photos des endroits les plus minables de la ville, soit pour aller chez un ami, probablement écouter de la musique. Il adorait la musique, spécialement les enregistrements amateurs.
Mon frère est décédé dans un accident de voiture l’an dernier. Nous en avons fait le deuil maintenant. Mes parents ont décidé de laisser sa chambre telle qu’elle était lorsqu’il l’a quittée. J’étais incapable de me contenir : le mystère de son carnet trottait dans un coin de ma tête depuis des années, mais des mois après sa mort, un besoin urgent m'a pris : il fallait que je trouve ce carnet.
J’ai fouillé sa chambre de fond en comble. J’ai cherché partout, en remettant tout à sa place pour ne pas que mes parents voient que j’ai été fouiller. Et finalement, par pure chance, je suis tombé sur une latte de parquet branlante, là où son lit se trouvait.
C’était une bonne cachette. Je ne l’aurais jamais trouvée il y a quelques années. J'ai prié pour que ce soit la cachette de son carnet. Et j’avais raison.
Mon frère avait gardé tous ses gribouillages. Avec le temps, l’humidité et les insectes avaient quelque peu sali les pages, mais la plupart restait parfaitement lisible. C’était des vieux cahiers d’écolier, avec des reliures en anneaux, à la couverture noire. Les marques sur la couverture indiquaient qu’il y avait eu des étiquettes, mais elles avaient été retirées.
J’ai feuilleté ses notes pendant plus de quatre heures, avec un intérêt grandissant. Ce qu’il avait écrit (et parfois dessiné), était extrêmement varié. Il y avait une liste des gens qu’il « aimait », mais il y avait aussi des gens tels que « la dame qui nettoie à 7h30 à l’hôtel ____ av. ____, porte un ruban rose » ou encore « le gentil portier de la maison de jeunesse ». C’étaient des gens qu’il connaissait de ses observations nostalgiques, je suppose.
Il y avait également des entrevues avec des gens de la ville à propos de divers sujets. Mon frère prétendait parfois être un étudiant en journalisme ou en communication et interviewait des passants dans la rues à propos de diverses choses. Beaucoup de ces interviews sont écrites ici.
Il y a parfois des comptes rendus de choses personnelles (ou pas), de choses étranges qui se sont déroulées dans la ville, comme si c’était les choses les plus banales du monde. Il y a tout et n’importe quoi, mais parfois ses amis apparaissent dans ses écrits.
Je retranscris ici ces notes au rythme où je les découvre. Alors veuillez m’excuser si je vais lentement. Je n’ai pas de scanner pour vous les montrer directement, et l’écriture de mon frère est, de toute manière, plutôt illisible pour quiconque ne la connaît pas.
J’ai bien évidemment, pour ma sécurité, remplacé tous les noms de rues, de villes et de personnes par des pseudonymes ou des blancs.
Plusieurs autres choses : je ne suis rentré en contact avec aucun des amis de mon frère depuis son décès, même si tous sont venus à ses funérailles et ont été très gentils. Naturellement, ils sont tous beaucoup plus vieux que moi et nous avons très peu d’intérêts en commun. Étant donné que mon frère était proche de ses amis, il est probable que certaines choses écrites ici ne soient pas de lui, mais de ses amis, et que c’était en quelque sorte un projet collectif. Je me base sur deux choses pour affirmer cela : l’écriture varie beaucoup entre les différentes pages, parfois c’est le style d’écriture de mon frère (très impersonnel), et parfois cela ne lui ressemble pas du tout (une sorte de prose).
Et aussi, il n’y a aucune garantie que ce tout ou que même quoi que ce soit écrit ici se soit réellement passé. Tout ceci n’est peut-être qu’une pure fiction sortie tout droit de l’imagination de mon frère (il lisait beaucoup). Il était fan d’auteurs tels que Borges, qui a une approche très mathématique de la fiction, et d’autres comme Cortazar, qui aimait mélanger fiction et réalité.
Enfin, je me dois de dire que mon frère et moi-même ne sommes pas anglais d’origine, et que ses notes ne sont pas non plus écrites en anglais à la base, ce qui rend la tâche plus difficile pour moi, car je dois transcrire et traduire dans la foulée. Si un passage semble étrange, ce n’est peut-être pas de la faute de mon frère.
Quelques passages ne sont pas écrits à la main, mais sur des bouts de papiers imprimés et collés aux cahiers, ce qui renforce ma conviction que mon frère n’était pas le seul à écrire pour ce « projet », ou quoi que cela puisse être.
C’est déjà un préambule trop long, je vais maintenant poster des extraits des cahiers. Il y en a cinq au total, d’une longueur variable. Le troisième est de loin le plus long ; les quatre autres semblent être des réflexions plus approfondies sur les idées du 3ème.
Je les ai peut-être trop lus.
Extrait du cahier #3 : liste sans titre #4
PERSONNES QUI TUENT DES ANIMAUX ET AUTRES
- Rue ____, magasin Mom&Pop, sucreries chinoises. Infestée de rats.
F. m’a dit que ce qu’ils faisaient en réalité était qu’ils les emmenaient dans l’arrière boutique et qu’ils les dépeçaient. C’est pour ça que la radio dans ce magasin est toujours très forte.
2. Hécatombe dans la population de pigeons attribuée à « L’étrangleur de pigeons », un assassin anonyme des nuisibles volants.
3. Un groupe d’enfants dans le parc de ___. Utilise des carabines. Ils avaient pour habitude de dépecer des poissons dans le lac de ___, mais on sait tous ce qui s’est passé en 1998.
4. Le voyeur dans le magasin de disques aime les filmer en train de le faire, K est un ami à elle.
5. Tu te souviens de ces annonces qu'on entendait à 3h du matin à l'époque où on retrouvait morts les chiens du quartier, étranglés ou empoisonnés ? Des genres de films amateurs qui demandaient de dénoncer celui qui faisait ça ? Bon travail les gars.
6. Personne n’a jamais su où c’était enterré, même pas nous.
7. J’ai demandé à A de m’en dire plus sur ce mec de Architecture qui ferait du torture porn. [Le reste de la page est illisible] CONFIRMÉ FAUX.
Extrait du cahier #1 : « Un souvenir ».
C’était à l’époque ou l’on vivait à ____, quartier d’ailleurs très ennuyeux. Tu sais, le tag. « Le quartier le plus vert de la ville ». Ils en sont très fiers. En vérité, c’est juste devenu ennuyeux. Les adultes venaient habiter ici pour s’éloigner du brouhaha de la ville, mais je préfère le chaos de la ville plutôt que cette vie de bohème campagnarde.
Et de toute façon, c’était des conneries parce que tout le monde a déménagé ici et c’est juste devenu une partie de cette ville dégueulasse. Engloutie. Assimilée. Envahie.
Bref, à l’époque j’avais neuf ans et pas beaucoup d’amis (HAHA), mais j’avais CET ami, I. Il habitait de l’autre côté de la rue et parfois, on jouait au papa et à la maman (les gars, vous avez forcément déjà joué à ce jeu, ne prétendez pas que vous ne l’avez jamais fait), et parfois, on allait explorer le voisinage, ce qui était pratiquement la même chose.
Je pense que je devrais décrire la redoutée « Maison hantée ». J’ai raconté cette histoire un nombre incalculable de fois, et je décris toujours des détails différents. Mais de toute manière, c’était dans un coin très reculé du voisinage, là où les riches demeures laissaient place aux maisons délabrées et au immeubles insalubres, là où avaient lieu tous les cambriolages. Il y avait l’entrée principale, un vieux portail en acier noir, auquel on accède en suivant un long chemin boueux (à cette époque, le quartier ressemblait vraiment à la campagne), jusqu’à cet ÉNORME terrain, qu’on voyait de dehors. La propriété toute entière était entourée de fils barbelés et d’avertissements comme « Interdit au public ». L’endroit était vieux et sinistre. Il y avait une petite cabane derrière la maison, des jardins défraichis, et enfin le bâtiment principal, où je suppose que les gens habitaient. Il y avait une piscine, mais toujours vide, et je n’ai jamais vu aucun chien de garde malgré les avertissements.
I était complètement obnubilé par cet endroit. Il parlait d’histoires de fantômes, et ces livres « Chair de poule » lui étaient montés à la tête (il n’était pas aussi fou que je le suis maintenant), et il voulait aller explorer les environs. J’ai dit non, mais il a insisté, et il était mon seul ami. Je le voyais tous les soirs après l’école. On a fini par aller l’explorer. Trois fois. Et chaque fois était pire que la précédente. Est-ce que j’ai dit que les arbres étaient les plus flippants que j’aie eu l’occasion de voir ? Ils n’ont jamais fleuri ni eu aucune feuille. C’étaient de vieux piliers de vieux bois, et parfois ces ÉNORMES oiseaux noirs, comme des corbeaux, venaient se percher sur les branches. C’était horrible.
La première fois que nous y sommes allés, il ne s’est pas passé grand chose. Nous ne sommes pas rentrés dans le jardin la première fois. On s’est d’abord défié d’aller voir à l’intérieur, mais nous étions tous les deux effrayés. On s’est juste baladé autour de la propriété, en essayant de voir quelque chose d’effrayant. On a aperçu de loin un homme flâner avec un bâton à la main, probablement un garde, et quelques silhouettes, mais il y avait énormément de brouillard ce matin là et on ne voyait pas grand chose.
J’ai parlé de ce long chemin boueux qui mène à l’entrée de la maison qui ressemble à celle d’un méchant dans les films pour enfant. On regardait toujours autour de nous sur le chemin, parce qu’on avait peur qu’il y ait des chiens ou autre chose. On faisait du vélo ici. Alors après une heure à traîner autour de la maison à essayer de trouver quelque chose qui en vaille le coup, nous sommes retournés à l’entrée du chemin, avec l’intention de retourner chez nous. On avait laissé nos vélos devant le portail.
Lorsque nous sommes retournés à l’entrée, nos vélos avaient disparus. I. jura pour la première fois, du moins, c’est la première fois que je l’entendais. C’est plutôt choquant pour une petite fille de 9 ans bien élevée, comme moi. Mais ce n’était pas BIZARRE, nous étions juste stupides de les avoir laissés là et d’être partis. On a supposé que des enfants les avaient pris.
Mais on a vu les empreintes de pas.
Je ne plaisante pas quand je dis ça, je ne me fous pas de ta gueule. C’était des empreintes de chien. DE PUTAINS D’ÉNORMES empreintes de chien. Elles étaient plus grandes que la main d’un homme. Ou à peu près de la même taille. [Une ligne d’environ 21cm est tracée sur le côté de la page]. Et les empreintes allaient en ligne droite, pas comme un chien en aurait laissé naturellement. Et tu sais quoi ? Elles s’arrêtaient juste là, à l’entrée.
Nous avons couru jusqu'à chez nous.
Quand je suis rentrée, mes parents étaient furieux que j’aie perdu mon vélo. Je ne me préoccupais pas de mon vélo du tout, et j’ai essayé de leur dire qu’une sorte de monstre vivait dans la Maison Hantée, mais ils ont cru que j’exagérais, comme les parents le croient toujours.. Ils m’ont dit que je devrais retourner là-bas et demander poliment si ils avaient vu mon vélo : peut-être que les propriétaires l’avaient rentré à l’intérieur pour ne pas qu’ils s’abiment en attendant que ceux à qui ils appartiennent se manifestent ?
Je n’ai jamais eu le courage d’aller demander. Mais la mère de I. y est apparemment allée elle-même quelques jours plus tard pour demander aux gens qui habitaient là si ils avaient récupéré les vélos. Je ne l’ai jamais entendu de la maman elle-même, mais lorsqu’elle est revenue de la maison, elle était triste et énervée et lui a dit qu’il ne devrait plus traîner dans les environs.
Bien sûr nous étions des enfants, et même si nous avions eu peur des empreintes, nous n’avions pas VRAIMENT vu quelque chose. On voulait tant y retourner.. C’était incroyablement stupide, même pour une fille de 9 ans, mais qu’est-ce que j’y peux ? Je suis une aventurière..
Alors un samedi matin, nous sommes sortis en douce de chez nous et nous sommes retournés à la maison ; c’était à une demi heure sans nos vélos. Le chemin nous a laissé du temps pour parler de la créature maléfique qui avait laissé ces traces. Chien ? Démon ? Chien-démon ? Nos imaginations étaient très fertiles. On s'est dit qu’on verrait bien, de toutes manières.
Ce matin là était un peu plus clair, presque ensoleillé : un beau matin d’hiver. Ça rendait la maison un peu moins sinistre, mais nous étions toujours terrifiés. Comme d’habitude, il n’y avait absolument personne dans les alentours, mais il y avait une vieille Volkswagen que nous n’avions jamais vue garée devant. Les traces de chien géant étaient effacées. On a décidé d’y aller.
C’était la deuxième fois qu’on y allait, et c’était comme un cauchemar. Aucun de nous ne voulait rentrer dedans, mais personne ne nous croirait au sujet des empreintes du chien, et on voulait récupérer nos vélos.
Alors nous sommes rentrés dans le jardin.
La maison était pleine de vieux objets du XVIIIème. Presque comme si elle n’avait jamais été touchée depuis la révolution américaine. Il y avait des pièces d’or dans de petites boîtes à bijoux, des peintures et des portraits de gens qui portaient des perruques ridicules, et même une épée posée sur une étagère. On s’attendait presque à voir un squelette dans le placard.
Nous n’avions aucune idée de l’endroit où chercher nos vélos. Jusqu’à ce qu’on aperçoive les empreintes.
Cette fois, nous étions concentrés sur la recherche d'une entrée, ou d'un trou dans les barbelés qui menaient au bâtiment principal, sans succès. Le soleil commençait à taper (il était près de midi), on avait chaud et on était fatigués. On se disait qu’on allait rentrer : on était plus fatigués qu’effrayés. C’est alors qu’on a entendu quelque chose. Et je ne sais toujours pas ce que c’était.
Ça aurait pu être une très violente dispute de couple, si il y avait eu un couple qui vivait là. Ça venait de la maison principale, la grande et belle maison tout au fond du jardin, à genre, 20m de nous. Mais on pouvait l’entendre. C’était un cri vraiment étrange. C’était comme une thérapie par le cri, ou un cours de karaté, ou même peut-être un sergent de l’armée hurlant des ordres. Le même intervalle de temps entre chaque cri (quelques secondes). Il y avait les voix d’un homme et d’une femme en alternance. Ça devenait de plus en plus fort, mais ça s’est arrêté d’un coup quand on a entendu un bruit de verre brisé.
Ils ne se criaient pas dessus, peut-être qu’ils criaient ensemble sur quelque chose ? C’était bizarre et contrôlé, mais en même temps vraiment dérangeant. Nous écoutions ces cris, en essayant d’apercevoir quelque chose par une fenêtre de la maison, mais quelqu’un est sorti de la maison par la porte de derrière, et on est partis.
Nos parents n’ont jamais su pour la deuxième visite. On était curieux et on voulait retourner là-bas coûte que coûte. Cette nuit, je me souviens avoir fait d’horribles cauchemars et être allée dormir avec mes parents. Même si l’épisode des empreintes n’était qu’un souvenir et ne me préoccupait plus tant que ça, il y avait quelque chose avec ces cris.
On a décidé de se préparer pour cette troisième (et dernière) incursion dans la maison. On a pris quelques provisions, une vieille paire de jumelles (comme on peut en avoir avec des G.I Joe ou dans une boite de céréale), de l’eau, des couvertures, et des lampes torche. On avait décidé d’y aller vers 17h, quand nos parents n’étaient pas encore rentrés, pour être sûr de ne pas se faire punir. C’était l’hiver et il faisait nuit tôt. C’était stupide, en y repensant.
J’avais toujours des cauchemars récurrents après avoir entendu ces cris. J’étais bien plus inquiète pour ça que pour l’histoire des vélos et du chien. Nous nous sommes mis en route assez tôt et on est arrivés dans la fin d’après-midi. La maison était plus effrayante que jamais. Il n’y avait aucune voiture dehors. Déjà une bonne chose. Mais il y avait beaucoup d’oiseaux dans les arbres. Et il y avait des chiens. Pas des chiens-démons, juste deux chiens qui se battaient pour un rat mort, près de l’entrée. Ils laissaient des empreintes normales et, heureusement, nous ignoraient.
Mais le détail le plus important est que le portail avait été laissé ouvert. Juste un peu, mais assez pour moi, I. et nos sacs. On était dedans. Il commençait à faire noir et on entendait les chiens aboyer.
Pendant les première minutes de l’exploration, nous n'avons rencontré que le silence et l'obscurité. On est passé tout près de la petite cabane sans que personne ne nous voie. La télé était allumée et diffusait un vieil opéra, mais je ne pouvais pas dire si quelqu’un regardait. Je me souviens de la tête de I. dans la lueur de la télé provenant de la cabane. Il a regardé par la fenêtre et a eu l'air plutôt effrayé en se tournant à nouveau vers moi.
Comme il était le garçon, il devait se montrer courageux et prétendre qu’il n’avait pas peur. Il a alors sorti sa lampe torche de son sac, l'a secouée, et allumée. C’était la plus petite étincelle de lumière qu’on puisse avoir, mais au moins on ne trébucherait pas sur n’importe quoi. On était à peu près au milieu du terrain, près de la maison d’où sortaient les cris la dernière fois. On entendait des oiseaux et des chiens au loin.
C’est là que les choses sont devenues compliquées, et c’est la raison pour laquelle I. a toutes ces cicatrices. On a entendu crier. Cette fois c’était tout, sauf contrôlé. C’était un cri d’agonie qui venait de la maison. On a alors entendu les bruits de pas les plus lourds qu’on ait jamais entendu.
Sans mentir, j’étais prête à tout lâcher, attraper I. et courir loin de là jusque chez nous sans m’arrêter.
I a été surpris par ces cris. Il a sursauté, et la lumière s’est reflétée sur des yeux. J’ai d’abord cru que c’était un chien, mais c’était un oiseau.
C’était comme... un poulet. Mais tout noir, comme un poulet-corbeau géant. Il marchait et semblait être incapable de voler, parce que son corps était gros et lourd, comme une grosse autruche. Il avait d’énormes yeux jaunes et la lumière brillait dedans. Il nous a regardé et a fait cette espèce de hurlement grinçant, mais le cri venant de la maison le recouvrait. J’ai crié à I. qu’on devrait partir. Du coin de l’œil, j’ai remarqué qu’il y avait des DIZAINES d’oiseaux comme celui-là. Toute une armée d’oiseaux bizarres. Je ne les avais pas vus jusqu'à maintenant. Ils étaient tout autour de nous. Un de ces oiseaux est passé près de ma jambe et ses plumes ressemblaient à du métal forgé. I. ne réagissait pas à mes cris. Il était pétrifié.
Il a été ramené à la réalité par un soudain aboiement lointain, qui se rapprochait rapidement. J’ai commencé à entendre ces horribles pas, très lourds, comme si le sol lui-même tremblait. Alors j’ai sauté en arrière et je me suis tournée, pour voir quelque chose de bien pus gros attaquer ces créatures, à 20m de nous.
Le cri devenait de plus en plus fort, et soudain, la lampe s’est éteinte parce que I. avait été plaqué au sol par quelque chose.
Le reste est affreusement flou. J’ai essayé d’aider I. mais ce qui le maintenait au sol était aussi lourd qu'un poney. J’ai entendu ces horribles sons gutturaux sortir de cette bête, noyant les cris de I. Et pendant ce temps là, les cris dans la maison ne s’arrêtaient pas. C’était comme si les cris avaient eu pour but d'invoquer ces créatures, qui pour autant que je sache ne pouvaient pas exister.
Le gardien est venu nous aider. C’était lui qui regardait la télé dans la cabane et on avait apparemment fait assez de bruit pour attirer son attention. Il m’a attrapé fermement par le bras et avec l’autre, frappait ce qui attaquait I. Après une longue série de coups de bâton, la bête a reculé. Les jambes de I. étaient couvertes de sang. Je ne me rappelle pas vraiment du reste. Les cris avaient stoppé. Tous. Dans la maison aussi, il n’y avait que le gardien qui criait « Qu’est-ce que vous faites ici, qu’est-ce que vous voulez ? ». J’ai balbutié mais je ne parvenais pas à articuler clairement.
Il nous a ramenés dans la cabane et a mis de l’eau oxygénée sur les plaies de I. Elles étaient horribles, profondes, des lambeaux de chairs étaient partis. Il gémissait. J’ai réussi à dire mon nom et mon adresse, alors le gardien a appelé mes parents. Ils nous ont récupérés et ont emmené I. à l’hôpital. Je ne me souviens pas combien de cicatrices il a, mais il en a beaucoup. Sur les deux jambes. Les docteurs ont dit qu’il avait eu de la chance, même si il aurait besoin d’une rééducation pour pouvoir remarcher. Même aujourd’hui, I. a une jambes plus fine que l’autre, la droite. Tu as remarqué ? C’est parce qu’il manque de la chair. Il ne peut pas régénérer le muscle. Il va finir par avoir besoin d’une canne
Je ne comprends pas d’où venaient ces oiseaux, ou ce qu’ils sont, ou même cette chose qui a attaqué I. J’ai fait ma propre enquête quelques années plus tard.
J’ai demandé plusieurs fois à mes parents des informations sur cet incident ; je n’ai jamais trouvé le courage de demander aux parents de I. De toute façon je n’ai obtenu comme réponse que des regards de désapprobation et parfois, maman commence à balbutier parce qu’elle a eu tellement peur que je sois blessée, ou que I. meure. Mon père a dit qu’il était allé parler avec le propriétaire du terrain quelques jours après. Apparemment, c’était un vieil homme, un européen, qui parlait mal l’anglais. Le gardien faisait office de traducteur. Apparemment, son chien avait attaqué I., après que nous soyons rentrés sur le terrain. Papa a essayé de le faire s’excuser, mais apparemment les choses ont mal tournées et ça a failli se finir en bagarre. Nos parents n’ont jamais revu ces gens. Je lui ai dit pour les cris et les oiseaux, mais il m’a fixé et m’a dit « Il n’y a pas d’oiseaux comme ça ».
À 14 ans j’avais pratiquement tout oublié de cet incident. I. avait changé d’école et on ne s’est plus parlé jusqu’à ce qu’on se retrouve dans la même université. Mais un jour, je suis retournée à ce chemin boueux, et la maison avait été abandonnée. Apparemment, elle avait été vendue mais le propriétaire ne s’est jamais montré.
J’ai parlé aux voisins. Ils m’ont dit que les gens qui vivaient ici étaient bizarres et ne quittaient presque jamais la maison. Ils avaient aussi entendu les cris et tout. Mais ils n’avaient jamais vu de chien ou d’oiseaux. Ils ont ajouté que la Volkswagen qu’on avait vue garée devant la porte était souvent là. 4 hommes en sortaient tous les week-ends, en costume.
Ces oiseaux... apparus et disparus comme le brouillard. Je n’ai jamais vraiment bien vu ce qui avait attaqué I. Lui non plus, d’ailleurs. Il a presque tout oublié. Mes parents aussi. Quoi que pouvaient être ces choses, elles étaient parties avec les précédents propriétaires
Ceci relève de la spéculation, mais je parie que ces enfoirés gardaient ces oiseaux pour nourrir la chose qui a attaqué I. Il n’était pas le seul, il y en avait d’autres. Je les ai entendus. Je ne sais pas comment quelqu’un peut avoir des animaux comme ça. Ou ce qu’ils sont. Pas une seule créature de cette maison ne semblait réelle.
J’ai essayé de rentrer en contact avec le gardien qui a sauvé la vie de I. (et la mienne). Mes parents l’ont remercié après l’incident mais on n'a plus jamais entendu parler de lui, parce qu’après les événements je suis toujours restée loin de cette maison. J’ai appris qu’il était devenu policier, et s’était suicidé un peu plus tard.
Ne demandez rien à I. à propos de cette histoire, il déteste en parler.
—FIN—
Maintenant, quelques-unes de mes impressions sur cette histoire.
Elle n’est pas autobiographique. La raison est simple : le protagoniste est une fille, et son ami, I., ne correspond à aucun ami de mon frère (de ceux que je lui connaissais). Mon frère avait une amie, appelons-la T., qui était une fille et dont la façon d’être correspond beaucoup à ce texte de ce que je me souviens d’elle. C’est peut-être son témoignage.
Mais c’est également possible que ce soit une histoire de fiction, par mon frère ou un de ses amis. On n'a jamais habité dans le quartier mentionné dans le texte, et mes parents ne m’ont jamais parlé d’un tel incident.
Prochaines entrées dans les jours à venir
Pas mal du tout ;-) un bon début en tout cas
RépondreSupprimerJ'ai adoré la pasta ! :D C'est ce genre de pastas que j'adore !
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé" cette première partie ! Vivement la suite !
RépondreSupprimerVivement la suite
RépondreSupprimerOuah j'ai accroché du début jusqua la fin comparé à ted the caver oubli arrêté à la partie 5 mais la j'ai vraiment trop envie davoir la suite ^^
RépondreSupprimerJe suis harponné, j'attends la (ou plutôt les) suite(s) avec impatience!
RépondreSupprimerUn grand bravo et un grand merci à Onetoo699 pour ce gros travail de trad ^_^
Je n'ai pas vraiment compris ....
RépondreSupprimerJe me suis arrêtée à mi-chemin à cause de la traduction.
RépondreSupprimerMême si le féminin et le masculins ne sont pas évident en anglais, le texte donne toujours des indices et il vaut mieux corriger le texte lorsque l'on tombe dessus.
Alors que là c'est flou. Sur le texte deux, est-ce un garçon qui parle ? une fille? Ou est-ce son ami/e la fille?
Bref, je vais la lire en anglais.
C'est ce que je me suis dit mais un peu plus loin que la moitié le texte revele que c'est une fille, ce n'est donc pas son frère, m'enfin lis jusqu'a la fin tu verras ^^ ( si tu ne l'a pas deja lu en anglais ^^)
SupprimerJ'adore cette série si je peut appeler ça comme ça, mais je trouve qu'il aurait mieux fallu que les personnages de l'histoires aient des faux prénoms, parce que entre T, I, M, N je suis perdue.
RépondreSupprimerAssez sympa, ça donne envie de lire les dix autres parties :-) Je commenterai chaque fois, bien sûr, parce que je suis un bon gros cancer ;-)
RépondreSupprimerLa femme et l'homme qui crient me font penser à une vidéo d'Antoine Daniel, me rappelle plus laquelle...
RépondreSupprimerAvec la référence à Borges, je crois que je commence à comprendre le projet. Dans la nouvelle "Tlon Uqbar Orbis Tertius" il est question d'une communauté de penseurs qui cherchent à créer un monde parallèle en décrivant méticuleusement ledit monde, dans ses moindres détails, à travers une gigantesque encyclopédie. J'ai l'impression que là, la communauté d'amis du frères a un peu le même projet.
RépondreSupprimerCela va bientôt faire dix ans que j'ai lu cette histoire, et j'y pense toujours autant. J'ai déménagé deux fois et je la transporte partout avec moi.
RépondreSupprimer