Ce qui va suivre est une partie du carnet de route du docteur Kyle Managhan.
Né en 1932 en Bretagne, fils d'un marin écossais et d'une serveuse de bar française, le docteur Managhan entra à l'école de médecine à l'âge de 16 ans grâce au parrainage de l'éminent docteur Charles d'Aubresquie, qui rencontra Kyle par hasard lors de ses vacances, et qui, devant les connaissances impressionnantes du jeune homme en matière de médecine par les plantes, se proposa de lui payer des études de médecine et de le prendre comme apprenti. C'est donc 5 ans plus tard, à l'âge de 21 ans, que Kyle obtint son diplôme et devint officiellement docteur, et officia en tant que médecin à domicile.
Lors de sa vie, Kyle Managhan voyagea beaucoup, il rencontra d'ailleurs la femme de sa vie, Maya Erzykowsky, alors qu'il vivait en Russie. Malheureusement, la famille de Maya s'opposa à leur relation, et ils furent contraints de se séparer. Mais avant de partir, Kyle fit un enfant à Maya. Neuf mois après le départ de Kyle, Maya mourut en mettant au monde Alexander.
Les parents de Maya le mirent à l'orphelinat, il ne fut jamais placé en famille d'accueil, et eut une enfance difficile. Ce n'est qu'à l'âge de 45 ans, en 2013, qu'il retrouva la trace de son père, pour apprendre que celui-ci était mort une semaine avant son arrivée.
Étant son fils et seul héritier, Alexander récupéra toutes les affaires de Kyle, dans lesquelles il trouva des classeurs où étaient répertoriés tous les cas sur lesquels avait travaillé le docteur Managhan, ainsi que des notes prises durant les jours qui ont précédé sa mort.
Certains de ces rapports, ainsi que les fameuses notes d'avant-décès, attirèrent l'attention d'Alexander en raison de leur étrangeté, si bien qu'il décida de rendre ces textes publics. Les textes finirent par attirer l'attention de la communauté scientifique, et de nombreuses enquêtes furent ouvertes pour tenter de prouver ou démentir les propos du docteur Managhan. Aucune d'entre elles n'a encore pu révéler un seul élément qui pourrait mettre en doute l'honnêteté du docteur; et si jamais une seule de ces histoires s'avérait être vraie, nos conceptions même du réel et de notre rapport à la mort seraient remises en question.
Voici donc, chronologiquement parlant, le premier rapport étrange du docteur Kyle Managhan concernant le cas de Laetitia Cromford.
Rapport du cas Cromford
En date du 6 Juillet 1955, j'ai été contacté par un homme du nom de Martin Cromford. L'homme souhaitait faire appel à mes services pour sa fille, Laetitia, laquelle était apparemment atteinte d'un mal inconnu qui l'affaiblissait un peu plus chaque jour. D'après lui, pas mal d'autres médecins avaient déjà renoncé à la soigner et s'étaient avérés incapables de trouver de quoi elle souffrait. J'ai donc quitté mon bureau de Birmingham avec mes affaires pour me rendre en voiture à leur maison, perdue en pleine campagne entre Portsmouth et Brighton.
En arrivant, j'ai fait la connaissance de la famille Cromford: Martin, le père, un gros homme moustachu, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, très poli; Maggie, la mère, une grande femme habillée à l'ancienne, mais très gracieuse et aimable; Arnold, le fils (aîné des deux enfants), un petit gars tout sec avec une queue de cheval et une cicatrice qui part de la lèvre et arrive au coin du nez (sûrement faite sur le ring, celui-ci étant boxer professionnel) ; et enfin, je fis la connaissance de Laetitia.
Ce fut Maggie qui m'accompagna à sa chambre, située au premier étage de leur grande maison victorienne, ou elle passait la plupart de son temps à se reposer. Elle était très maigre et toute pâle, rien que le fait de parler semblait être un effort pour elle.
Après un premier examen, je me mis à soupçonner un très gros cas d'anémie; j'ai donc commencé à lui faire suivre un traitement au fer en lui faisant une piqûre immédiatement. J'ai ensuite expliqué à Maggie que son système immunitaire devait être affaibli et que le moindre rhume pourrait devenir une calamité pour elle, elle m'a répondu qu'elle prendrait toutes les précautions possibles en commençant par veiller à ce que la fenêtre de sa chambre soit dorénavant fermée la nuit.
La nuit même, j'entendis d'étranges bruits provenant de la chambre de Laetitia, comme si quelqu'un sautait sur le lit, suivis par des gémissements plaintifs. Je sortis donc en vitesse de la chambre d'ami sous l'escalier, et montai en quatrième vitesse dans la chambre. En ouvrant la porte, je vis Laetitia se tortiller dans son lit comme si elle cherchait à repousser quelqu'un. Elle devint complètement hystérique quand je m'assis sur son lit pour tenter de la calmer, et réveilla toute la maison. Moins d'une minute après mon arrivée dans la chambre, toute la famille m'y avait rejoint.
Pour la calmer, je lui mis un linge sur le nez et la bouche, de peur qu'elle ne fasse une sur-oxygénation. Elle finit par perdre connaissance.
Martin m'expliqua alors que cela arrivait toutes les nuits depuis le début de sa maladie, je lui ai répondu que j'aurais aimé en être informé avant.
C'est alors que quelque chose me frappa. Laetitia avait des bleus sur les avant-bras et les poignets ; je me mis donc à l'examiner pour m'apercevoir qu'elle en avait aussi sur les tibias et l'intérieur des cuisses.
Elle n'avait rien plus tôt dans la journée quand j'avais effectué mon premier examen, et ce n'est pas moi qui lui ai fait en la retenant car je la tenait par les épaules.
Personne n'avait pu lui faire ces traces.
C'est alors qu'Arnold s'étonna de voir la fenêtre ouverte malgré mes recommandations et me demanda si j'avais finalement changé d'avis. À ma grande surprise, la fenêtre avait effectivement été ouverte, mais pas par ma main.
Les jours passèrent, et la santé de Laetitia ne s'améliora pas malgré mes nombreux changements de traitement. Je lui fis prendre des cures de fer, de protéines, de sucre... Rien ne s'avéra efficace.
Toutes les nuits, je me réveillais en entendant des bruits dans la chambre de Laetitia, des chocs, des râles, des plaintes, et chaque fois je montais en quatrième vitesse pour me mettre à son chevet, et découvrir de nouvelles blessures défensives sur ses membres, et cette foutue fenêtre encore et toujours ouverte sans que personne, pas même Laetitia, ne déclare l'avoir ouverte.
Mais une nuit, les choses prirent une tournure inquiétante. J'avais mis un cadenas à la fenêtre et gardé la clef avec moi pour éviter que qui ou quoi que ce soit ne puisse l'ouvrir, après tout peut-être que la fenêtre fermait mal et que c'était juste le vent qui l'ouvrait?
La fenêtre était donc cadenassée, tout le monde était dans sa chambre, moi y compris; pourtant je ne dormais pas. Sachant que Laetitia allait encore faire une crise, je préférais attendre pour me coucher.
Quand elle commença à gémir, je sortis de la chambre d'amis pour monter à sa chambre. En arrivant près de la porte j'entendis quelque chose qui me fit me crisper. Juste au moment où j'allais poser ma main sur la poignée, j'entendis gratter sur le carreau de la fenêtre. Ça ne pouvait pas être Laetitia, j'entendais ses draps glisser sous l'effet de ses mouvements.
Il y eût alors un bruit de coups très violents contre la fenêtre, j'entendis le carreau se briser, et Laetitia poussa un cri de terreur, réveillant encore une fois la maison entière.
J'ai alors poussé la porte pour entrer dans la chambre, mais avant même de pouvoir voir ce qui se passait j'entendis comme le bruit d'un gros meuble que l'on traîne sur le sol, et il me fut impossible d'ouvrir la porte car quelque chose la bloquait.
Tandis que je lançais tout mon poids contre la porte, la famille s'attroupa derrière moi. Martin me demanda ce qu'il se passait et tout ce que je fus capable de lui répondre fut que sa fille était en danger et qu'il fallait absolument entrer.
Arnold se mit à pousser avec moi sur la porte, puis Martin nous rejoint. Arnold nous dit alors de nous pousser et tira plusieurs coups secs sur la poignée comme pour l'ouvrir en la tirant, les gonds sautèrent et la porte tomba en travers du sol en projetant quelques éclats de bois, découvrant la scène la plus improbable que j'aie vue de ma vie.
La fenêtre était cassée, des morceaux de verre et le cadre gisaient au sol, le gros lit de Laetitia avait été déplacé de manière à ce que le pied du lit bloque la porte, et sur le lit se tenait Laetitia surplombée par un homme en costume mortuaire, qu'elle cherchait visiblement à repousser.
Il leva la tête vers nous, et nous fixa avec de grands yeux jaunes luisants; sa figure était livide et fine, on ne voyait presque que ses yeux. Tout autour me parut trouble au moment où mon regard croisa le sien.
Toute la famille ouvrit de grands yeux en le voyant. Arnold prit un air de haine et de dégoût, Martin recula, et Maggie porta sa main à sa bouche comme pour étouffer un cri.
L'homme nous fit alors un grand sourire et dévoila une mâchoire uniquement faite de crocs noirs brillants. D'un air sadique, il ouvrit grand la bouche et commença à la porter au cou de Laetitia. Comme par réflexe, je saisis alors un morceau de la porte à mes pieds, lui sautai dessus et le saisis par le cou pour l'éloigner de Laetitia. Je lui enfonçai alors le morceau de bois dans le crâne.
Un sang épais rouge foncé, voire noirâtre coula de son front. Il recula jusqu'au fond de la pièce, comme porté par le vent, et poussa un horrible cri de douleur en crispant son visage. Ses yeux parurent sortir de sa tête, et sa mâchoire se décrocher. Il retira alors doucement le morceau de bois de sa tête en poussant des cris toujours plus horribles et en agitant sa tête, comme pris de spasmes de douleur.
Il retira facilement dix ou quinze bons centimètres de son crâne et jeta le morceau de bois au sol devant lui. Le sang ne cessait de couler de sa tête en un gargouillis ignoble.
L'homme sauta par la fenêtre, laissant derrière lui une traînée noire et pâteuse.
Maggie se précipita au chevet de sa fille, Martin alla immédiatement regarder par la fenêtre.
Quant à moi, je saisis le morceau de bois qui m'avait servi à attaquer la bête. Il y avait du sang et des morceaux de cervelle et de peau accrochés dessus.
Arnold, qui se tenait derrière moi, me dit alors que l'homme qui était là ne pouvait pas avoir été là.
Il s'agissait apparemment d'un certain Kyhro Dracunnev, un étudiant originaire des pays de l'Est qui était mort il y a plusieurs mois dans des circonstances étranges, par exsanguination. Son corps avait soi-disant été rapatrié dans son pays d'origine.
Il me demanda alors ce que nous avions vus.
La chose me parut difficile à dire, pourtant ce fut la première qui me vit à l'esprit, et en tant qu'homme de science j'eus beaucoup de mal à prononcer ces mots :
"Ce soir, nous avons vu un vampire."
Tous me fixèrent avec un air ébahi, sauf Laetitia qui était presque inconsciente. Ça me semblait pourtant bien être la seule explication possible.
"Mais, et les traces? Elle n'a aucune morsure" me fit alors remarquer Martin, et c'était vrai. Elle n'avait aucune morsure apparente.
C'est alors que je me remis à examiner les bleus sur l'intérieur des cuisses de Laetitia.
En regardant attentivement, je m'aperçus qu'il ne s'agissait pas de bleus, mais de suçons; et que ce je croyais être une simple différence de couleur au centre de l'hématome était en fait une trace de dents (je m'en aperçus simplement en tirant un peu sur la peau).
Je fus interrompu dans mon analyse par une odeur nauséabonde qui provenait du sang laissé par Khyro. C'était là notre chance de l'éliminer et de sauver Laetitia : il était blessé et nous avions une piste pour nous mener à sa tanière. Je dis à Martin de rester dans la maison avec Maggie pour veiller sur Laetitia et pris Arnold avec moi pour aller débusquer Khyro et le renvoyer au néant.
Nous nous équipâmes chacun d'une croix ainsi que d'une dague (données par Martin) et emportâmes aussi un marteau, un burin et une hache, ainsi qu'une lampe à huile.
Une fois sortis de la maison, il ne fut pas difficile de retrouver la trace de Khyro, son sang empestant la viande pourrie.
Nous parcourûmes cependant bien des kilomètres avant de le retrouver. La piste s'enfonçait dans la forêt et menait à un petit chemin de campagne qu'il nous fallut suivre pendant un moment avant que la piste ne se renfonce dans la forêt. Au bout d'un moment, nous arrivâmes devant une zone qui nous parut étrange ; elle n'était pas différente du reste, il y avait des arbres, de l'herbe, et quelques feuilles mortes au sol.
Pourtant, nous fûmes soudain envahis par le sentiment que nous entrions chez quelqu'un, et que nous n'étions pas du tout les bienvenus. L'air devint pesant, notre progression fut inexplicablement ralentie. Parfois, Arnold se retournait en sursaut en prétendant qu'il avait entendu ou vu quelque chose au loin, derrière les arbres. Comment lui en vouloir alors que j'avais moi-même le sentiment d'être observé par un millier d'yeux?
Il y eut alors devant nous comme un creux dans le sol, une descente qui s'enfonçait dans le sol sur une surface limitée perdue au milieu d'un terrain plat.
Nous descendîmes bien évidemment à l'intérieur, suivant toujours la piste laissée par le sang de Khyro. En bas se trouvait un large escalier entouré par un couloir, tous deux en pierre, qui descendait encore plus loin dans le sol.
L'escalier descendit pendant un temps qui nous parut durer des heures, nous emmenant encore et toujours plus loin dans le noir, jusqu'à ce qu'il nous soit impossible de voir l'entrée par laquelle nous étions passés.
Le sang se faisait de plus en plus rare à nos pieds, mais la piste continuait bel et bien.
Nous arrivâmes enfin dans une grande salle souterraine aux murs et au plafond de pierre, au milieu de laquelle gisait un énorme cercueil, lui aussi en pierre.
Arnold prit la hache et m'aida à pousser le couvercle, et c'est sans surprise que nous trouvâmes Khyro à l'intérieur, gisant dans de la terre. Seules ses mains et une partie de son visage dépassaient.
Je saisis donc le marteau ainsi que le burin en disant à Arnold de se tenir prêt à le décapiter une fois son cœur crevé.
Je mis donc la pointe du burin sur la poitrine de Khyro, Arnold étant de l'autre côté du cercueil, en position.
Au moment où je levai le marteau, je sentis une main m'agripper le bras avec lequel je tenais le burin. Khyro se redressa soudain et mit un coup de poing au visage d'Arnold dans un geste de revers. Celui-ci tomba au sol en lâchant la hache.
Khyro plaça alors sa main libre sur mon cou et se mit à m'étrangler. Je lâchai alors le marteau pour aller prendre le poignard qui était dans ma poche arrière et lui enfonça plusieurs fois dans l’œil, ce qui le fit me repousser violemment contre le mur derrière moi.
Il sortit alors complètement de son cercueil et se rua sur moi, mains en avant et dents bien en vue. Dans un geste désespéré, je saisis la croix autour de mon cou et la tendis en avant.
Les mains de Khyro se posèrent dessus, et l'effet fût le même sur lui que s'il avait mis ses mains sur une pièce de métal ardent : sa peau brûla, une partie restant collée sur la croix quand il retira ses mains. Il recula.
Je me rendis compte que le burin était toujours dans ma main gauche, et pris avantage de la distraction pour me ruer sur lui et enfoncer le burin dans sa poitrine en le poussant de toutes mes forces.
Le sang jaillit de son torse et il se plia en deux sous l'effet de la douleur. Comme j'avais lâché mon poignard, il fallut que je le pousse en appuyant sur le burin jusqu'à Arnold pour ramasser la hache qui gisait près de lui. Je frappai ensuite Khyro au visage avec le bas du manche plusieurs fois pour le faire reculer un peu, et en deux coups je lui coupai la tête.
Je ramassai Arnold qui commençait à reprendre ses esprits, et nous récupérâmes notre matériel. Avant de partir, Arnold brisa la lampe sur le corps de Khyro, qui prit feu presque instantanément avec sa tête, qui était juste à côté. Nous sortîmes du repère du vampire, voyant au passage qu'il faisait grand jour.
Exténués, nous parvînmes tout juste à retrouver notre chemin grâce à nos traces de pas, les traces de sang ayant disparu sans raison.
Après quelques jours de repos à la maison des Cromford, durant lesquels je vis l'état de Laetitia s'améliorer, je repris ma voiture et revins à Birmingham.
Je suis quand même resté en contact avec les Cromford. Apparemment, Laetitia n'avait plus eu aucun problème depuis la deuxième mort de Khyro, et ne sembla pas avoir de comportements étranges par la suite.
Cela pose quand même de graves questions. L'existence d'un vampire, et même de plusieurs, puisque monsieur Dracunnev ne s'est probablement pas transformé tout seul en monstre, présente un très grave problème. Je préfère taire tout ça pour le moment : Qui nous croirait si nous le racontions ? Les Cromford et moi passerions pour des menteurs en quête de célébrité.
Quoiqu'il en soit, je suis maintenant convaincu qu'il y a trop de choses dans le monde pour que nos yeux puissent toutes les voir.
Né en 1932 en Bretagne, fils d'un marin écossais et d'une serveuse de bar française, le docteur Managhan entra à l'école de médecine à l'âge de 16 ans grâce au parrainage de l'éminent docteur Charles d'Aubresquie, qui rencontra Kyle par hasard lors de ses vacances, et qui, devant les connaissances impressionnantes du jeune homme en matière de médecine par les plantes, se proposa de lui payer des études de médecine et de le prendre comme apprenti. C'est donc 5 ans plus tard, à l'âge de 21 ans, que Kyle obtint son diplôme et devint officiellement docteur, et officia en tant que médecin à domicile.
Lors de sa vie, Kyle Managhan voyagea beaucoup, il rencontra d'ailleurs la femme de sa vie, Maya Erzykowsky, alors qu'il vivait en Russie. Malheureusement, la famille de Maya s'opposa à leur relation, et ils furent contraints de se séparer. Mais avant de partir, Kyle fit un enfant à Maya. Neuf mois après le départ de Kyle, Maya mourut en mettant au monde Alexander.
Les parents de Maya le mirent à l'orphelinat, il ne fut jamais placé en famille d'accueil, et eut une enfance difficile. Ce n'est qu'à l'âge de 45 ans, en 2013, qu'il retrouva la trace de son père, pour apprendre que celui-ci était mort une semaine avant son arrivée.
Étant son fils et seul héritier, Alexander récupéra toutes les affaires de Kyle, dans lesquelles il trouva des classeurs où étaient répertoriés tous les cas sur lesquels avait travaillé le docteur Managhan, ainsi que des notes prises durant les jours qui ont précédé sa mort.
Certains de ces rapports, ainsi que les fameuses notes d'avant-décès, attirèrent l'attention d'Alexander en raison de leur étrangeté, si bien qu'il décida de rendre ces textes publics. Les textes finirent par attirer l'attention de la communauté scientifique, et de nombreuses enquêtes furent ouvertes pour tenter de prouver ou démentir les propos du docteur Managhan. Aucune d'entre elles n'a encore pu révéler un seul élément qui pourrait mettre en doute l'honnêteté du docteur; et si jamais une seule de ces histoires s'avérait être vraie, nos conceptions même du réel et de notre rapport à la mort seraient remises en question.
Voici donc, chronologiquement parlant, le premier rapport étrange du docteur Kyle Managhan concernant le cas de Laetitia Cromford.
Rapport du cas Cromford
En date du 6 Juillet 1955, j'ai été contacté par un homme du nom de Martin Cromford. L'homme souhaitait faire appel à mes services pour sa fille, Laetitia, laquelle était apparemment atteinte d'un mal inconnu qui l'affaiblissait un peu plus chaque jour. D'après lui, pas mal d'autres médecins avaient déjà renoncé à la soigner et s'étaient avérés incapables de trouver de quoi elle souffrait. J'ai donc quitté mon bureau de Birmingham avec mes affaires pour me rendre en voiture à leur maison, perdue en pleine campagne entre Portsmouth et Brighton.
En arrivant, j'ai fait la connaissance de la famille Cromford: Martin, le père, un gros homme moustachu, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, très poli; Maggie, la mère, une grande femme habillée à l'ancienne, mais très gracieuse et aimable; Arnold, le fils (aîné des deux enfants), un petit gars tout sec avec une queue de cheval et une cicatrice qui part de la lèvre et arrive au coin du nez (sûrement faite sur le ring, celui-ci étant boxer professionnel) ; et enfin, je fis la connaissance de Laetitia.
Ce fut Maggie qui m'accompagna à sa chambre, située au premier étage de leur grande maison victorienne, ou elle passait la plupart de son temps à se reposer. Elle était très maigre et toute pâle, rien que le fait de parler semblait être un effort pour elle.
Après un premier examen, je me mis à soupçonner un très gros cas d'anémie; j'ai donc commencé à lui faire suivre un traitement au fer en lui faisant une piqûre immédiatement. J'ai ensuite expliqué à Maggie que son système immunitaire devait être affaibli et que le moindre rhume pourrait devenir une calamité pour elle, elle m'a répondu qu'elle prendrait toutes les précautions possibles en commençant par veiller à ce que la fenêtre de sa chambre soit dorénavant fermée la nuit.
La nuit même, j'entendis d'étranges bruits provenant de la chambre de Laetitia, comme si quelqu'un sautait sur le lit, suivis par des gémissements plaintifs. Je sortis donc en vitesse de la chambre d'ami sous l'escalier, et montai en quatrième vitesse dans la chambre. En ouvrant la porte, je vis Laetitia se tortiller dans son lit comme si elle cherchait à repousser quelqu'un. Elle devint complètement hystérique quand je m'assis sur son lit pour tenter de la calmer, et réveilla toute la maison. Moins d'une minute après mon arrivée dans la chambre, toute la famille m'y avait rejoint.
Pour la calmer, je lui mis un linge sur le nez et la bouche, de peur qu'elle ne fasse une sur-oxygénation. Elle finit par perdre connaissance.
Martin m'expliqua alors que cela arrivait toutes les nuits depuis le début de sa maladie, je lui ai répondu que j'aurais aimé en être informé avant.
C'est alors que quelque chose me frappa. Laetitia avait des bleus sur les avant-bras et les poignets ; je me mis donc à l'examiner pour m'apercevoir qu'elle en avait aussi sur les tibias et l'intérieur des cuisses.
Elle n'avait rien plus tôt dans la journée quand j'avais effectué mon premier examen, et ce n'est pas moi qui lui ai fait en la retenant car je la tenait par les épaules.
Personne n'avait pu lui faire ces traces.
C'est alors qu'Arnold s'étonna de voir la fenêtre ouverte malgré mes recommandations et me demanda si j'avais finalement changé d'avis. À ma grande surprise, la fenêtre avait effectivement été ouverte, mais pas par ma main.
Les jours passèrent, et la santé de Laetitia ne s'améliora pas malgré mes nombreux changements de traitement. Je lui fis prendre des cures de fer, de protéines, de sucre... Rien ne s'avéra efficace.
Toutes les nuits, je me réveillais en entendant des bruits dans la chambre de Laetitia, des chocs, des râles, des plaintes, et chaque fois je montais en quatrième vitesse pour me mettre à son chevet, et découvrir de nouvelles blessures défensives sur ses membres, et cette foutue fenêtre encore et toujours ouverte sans que personne, pas même Laetitia, ne déclare l'avoir ouverte.
Mais une nuit, les choses prirent une tournure inquiétante. J'avais mis un cadenas à la fenêtre et gardé la clef avec moi pour éviter que qui ou quoi que ce soit ne puisse l'ouvrir, après tout peut-être que la fenêtre fermait mal et que c'était juste le vent qui l'ouvrait?
La fenêtre était donc cadenassée, tout le monde était dans sa chambre, moi y compris; pourtant je ne dormais pas. Sachant que Laetitia allait encore faire une crise, je préférais attendre pour me coucher.
Quand elle commença à gémir, je sortis de la chambre d'amis pour monter à sa chambre. En arrivant près de la porte j'entendis quelque chose qui me fit me crisper. Juste au moment où j'allais poser ma main sur la poignée, j'entendis gratter sur le carreau de la fenêtre. Ça ne pouvait pas être Laetitia, j'entendais ses draps glisser sous l'effet de ses mouvements.
Il y eût alors un bruit de coups très violents contre la fenêtre, j'entendis le carreau se briser, et Laetitia poussa un cri de terreur, réveillant encore une fois la maison entière.
J'ai alors poussé la porte pour entrer dans la chambre, mais avant même de pouvoir voir ce qui se passait j'entendis comme le bruit d'un gros meuble que l'on traîne sur le sol, et il me fut impossible d'ouvrir la porte car quelque chose la bloquait.
Tandis que je lançais tout mon poids contre la porte, la famille s'attroupa derrière moi. Martin me demanda ce qu'il se passait et tout ce que je fus capable de lui répondre fut que sa fille était en danger et qu'il fallait absolument entrer.
Arnold se mit à pousser avec moi sur la porte, puis Martin nous rejoint. Arnold nous dit alors de nous pousser et tira plusieurs coups secs sur la poignée comme pour l'ouvrir en la tirant, les gonds sautèrent et la porte tomba en travers du sol en projetant quelques éclats de bois, découvrant la scène la plus improbable que j'aie vue de ma vie.
La fenêtre était cassée, des morceaux de verre et le cadre gisaient au sol, le gros lit de Laetitia avait été déplacé de manière à ce que le pied du lit bloque la porte, et sur le lit se tenait Laetitia surplombée par un homme en costume mortuaire, qu'elle cherchait visiblement à repousser.
Il leva la tête vers nous, et nous fixa avec de grands yeux jaunes luisants; sa figure était livide et fine, on ne voyait presque que ses yeux. Tout autour me parut trouble au moment où mon regard croisa le sien.
Toute la famille ouvrit de grands yeux en le voyant. Arnold prit un air de haine et de dégoût, Martin recula, et Maggie porta sa main à sa bouche comme pour étouffer un cri.
L'homme nous fit alors un grand sourire et dévoila une mâchoire uniquement faite de crocs noirs brillants. D'un air sadique, il ouvrit grand la bouche et commença à la porter au cou de Laetitia. Comme par réflexe, je saisis alors un morceau de la porte à mes pieds, lui sautai dessus et le saisis par le cou pour l'éloigner de Laetitia. Je lui enfonçai alors le morceau de bois dans le crâne.
Un sang épais rouge foncé, voire noirâtre coula de son front. Il recula jusqu'au fond de la pièce, comme porté par le vent, et poussa un horrible cri de douleur en crispant son visage. Ses yeux parurent sortir de sa tête, et sa mâchoire se décrocher. Il retira alors doucement le morceau de bois de sa tête en poussant des cris toujours plus horribles et en agitant sa tête, comme pris de spasmes de douleur.
Il retira facilement dix ou quinze bons centimètres de son crâne et jeta le morceau de bois au sol devant lui. Le sang ne cessait de couler de sa tête en un gargouillis ignoble.
L'homme sauta par la fenêtre, laissant derrière lui une traînée noire et pâteuse.
Maggie se précipita au chevet de sa fille, Martin alla immédiatement regarder par la fenêtre.
Quant à moi, je saisis le morceau de bois qui m'avait servi à attaquer la bête. Il y avait du sang et des morceaux de cervelle et de peau accrochés dessus.
Arnold, qui se tenait derrière moi, me dit alors que l'homme qui était là ne pouvait pas avoir été là.
Il s'agissait apparemment d'un certain Kyhro Dracunnev, un étudiant originaire des pays de l'Est qui était mort il y a plusieurs mois dans des circonstances étranges, par exsanguination. Son corps avait soi-disant été rapatrié dans son pays d'origine.
Il me demanda alors ce que nous avions vus.
La chose me parut difficile à dire, pourtant ce fut la première qui me vit à l'esprit, et en tant qu'homme de science j'eus beaucoup de mal à prononcer ces mots :
"Ce soir, nous avons vu un vampire."
Tous me fixèrent avec un air ébahi, sauf Laetitia qui était presque inconsciente. Ça me semblait pourtant bien être la seule explication possible.
"Mais, et les traces? Elle n'a aucune morsure" me fit alors remarquer Martin, et c'était vrai. Elle n'avait aucune morsure apparente.
C'est alors que je me remis à examiner les bleus sur l'intérieur des cuisses de Laetitia.
En regardant attentivement, je m'aperçus qu'il ne s'agissait pas de bleus, mais de suçons; et que ce je croyais être une simple différence de couleur au centre de l'hématome était en fait une trace de dents (je m'en aperçus simplement en tirant un peu sur la peau).
Je fus interrompu dans mon analyse par une odeur nauséabonde qui provenait du sang laissé par Khyro. C'était là notre chance de l'éliminer et de sauver Laetitia : il était blessé et nous avions une piste pour nous mener à sa tanière. Je dis à Martin de rester dans la maison avec Maggie pour veiller sur Laetitia et pris Arnold avec moi pour aller débusquer Khyro et le renvoyer au néant.
Nous nous équipâmes chacun d'une croix ainsi que d'une dague (données par Martin) et emportâmes aussi un marteau, un burin et une hache, ainsi qu'une lampe à huile.
Une fois sortis de la maison, il ne fut pas difficile de retrouver la trace de Khyro, son sang empestant la viande pourrie.
Nous parcourûmes cependant bien des kilomètres avant de le retrouver. La piste s'enfonçait dans la forêt et menait à un petit chemin de campagne qu'il nous fallut suivre pendant un moment avant que la piste ne se renfonce dans la forêt. Au bout d'un moment, nous arrivâmes devant une zone qui nous parut étrange ; elle n'était pas différente du reste, il y avait des arbres, de l'herbe, et quelques feuilles mortes au sol.
Pourtant, nous fûmes soudain envahis par le sentiment que nous entrions chez quelqu'un, et que nous n'étions pas du tout les bienvenus. L'air devint pesant, notre progression fut inexplicablement ralentie. Parfois, Arnold se retournait en sursaut en prétendant qu'il avait entendu ou vu quelque chose au loin, derrière les arbres. Comment lui en vouloir alors que j'avais moi-même le sentiment d'être observé par un millier d'yeux?
Il y eut alors devant nous comme un creux dans le sol, une descente qui s'enfonçait dans le sol sur une surface limitée perdue au milieu d'un terrain plat.
Nous descendîmes bien évidemment à l'intérieur, suivant toujours la piste laissée par le sang de Khyro. En bas se trouvait un large escalier entouré par un couloir, tous deux en pierre, qui descendait encore plus loin dans le sol.
L'escalier descendit pendant un temps qui nous parut durer des heures, nous emmenant encore et toujours plus loin dans le noir, jusqu'à ce qu'il nous soit impossible de voir l'entrée par laquelle nous étions passés.
Le sang se faisait de plus en plus rare à nos pieds, mais la piste continuait bel et bien.
Nous arrivâmes enfin dans une grande salle souterraine aux murs et au plafond de pierre, au milieu de laquelle gisait un énorme cercueil, lui aussi en pierre.
Arnold prit la hache et m'aida à pousser le couvercle, et c'est sans surprise que nous trouvâmes Khyro à l'intérieur, gisant dans de la terre. Seules ses mains et une partie de son visage dépassaient.
Je saisis donc le marteau ainsi que le burin en disant à Arnold de se tenir prêt à le décapiter une fois son cœur crevé.
Je mis donc la pointe du burin sur la poitrine de Khyro, Arnold étant de l'autre côté du cercueil, en position.
Au moment où je levai le marteau, je sentis une main m'agripper le bras avec lequel je tenais le burin. Khyro se redressa soudain et mit un coup de poing au visage d'Arnold dans un geste de revers. Celui-ci tomba au sol en lâchant la hache.
Khyro plaça alors sa main libre sur mon cou et se mit à m'étrangler. Je lâchai alors le marteau pour aller prendre le poignard qui était dans ma poche arrière et lui enfonça plusieurs fois dans l’œil, ce qui le fit me repousser violemment contre le mur derrière moi.
Il sortit alors complètement de son cercueil et se rua sur moi, mains en avant et dents bien en vue. Dans un geste désespéré, je saisis la croix autour de mon cou et la tendis en avant.
Les mains de Khyro se posèrent dessus, et l'effet fût le même sur lui que s'il avait mis ses mains sur une pièce de métal ardent : sa peau brûla, une partie restant collée sur la croix quand il retira ses mains. Il recula.
Je me rendis compte que le burin était toujours dans ma main gauche, et pris avantage de la distraction pour me ruer sur lui et enfoncer le burin dans sa poitrine en le poussant de toutes mes forces.
Le sang jaillit de son torse et il se plia en deux sous l'effet de la douleur. Comme j'avais lâché mon poignard, il fallut que je le pousse en appuyant sur le burin jusqu'à Arnold pour ramasser la hache qui gisait près de lui. Je frappai ensuite Khyro au visage avec le bas du manche plusieurs fois pour le faire reculer un peu, et en deux coups je lui coupai la tête.
Je ramassai Arnold qui commençait à reprendre ses esprits, et nous récupérâmes notre matériel. Avant de partir, Arnold brisa la lampe sur le corps de Khyro, qui prit feu presque instantanément avec sa tête, qui était juste à côté. Nous sortîmes du repère du vampire, voyant au passage qu'il faisait grand jour.
Exténués, nous parvînmes tout juste à retrouver notre chemin grâce à nos traces de pas, les traces de sang ayant disparu sans raison.
Après quelques jours de repos à la maison des Cromford, durant lesquels je vis l'état de Laetitia s'améliorer, je repris ma voiture et revins à Birmingham.
Je suis quand même resté en contact avec les Cromford. Apparemment, Laetitia n'avait plus eu aucun problème depuis la deuxième mort de Khyro, et ne sembla pas avoir de comportements étranges par la suite.
Cela pose quand même de graves questions. L'existence d'un vampire, et même de plusieurs, puisque monsieur Dracunnev ne s'est probablement pas transformé tout seul en monstre, présente un très grave problème. Je préfère taire tout ça pour le moment : Qui nous croirait si nous le racontions ? Les Cromford et moi passerions pour des menteurs en quête de célébrité.
Quoiqu'il en soit, je suis maintenant convaincu qu'il y a trop de choses dans le monde pour que nos yeux puissent toutes les voir.
Mouais...plus histoire d'horreur que pasta pour moi...
RépondreSupprimerUne pasta est une histoire d'horreur désolé de te contredire ^^
SupprimerT'as pas tort, mais pour moi, les pastas ont un truc de plus qu'une histoire d'horreur "classique" (comme l'exorciste) qu je ne saurais expliquer...
Supprimerles pasta ne sont pas des histoires d'horreurs desole de te contredire ^^
Supprimer(si tripoda te trouve t'es mort :p)
Je suis plutôt d'accord. Sur le principe, cette histoire ne contredit pas le concept de pasta, mais l'écriture surannée (quoique plus ou moins justifiée par l'époque) pose un problème de ton. Cela dit, rappelez-vous que je ne suis pas seul juge, et que d'autres ont apprécié.
Supprimerbof je trouve que le ton corresponds personnellement...
Supprimerapres le principe de la pasta est conserve mais le buit n'est pas d'etre une simple histoire d'horreur...
Comment j'ai trop aimé ** Les histoires de vampires sont mes préférées !!! :D J'aime vraiment ce genre d'histoire :3
RépondreSupprimerNon, je suis désolé mais non
RépondreSupprimerLes histoires de ce genre ne sont pas des pastas
Juste une histoire de vampire un peu années 70
On veut la suite de priez mes agneaux, ( si il y en aura une? ) !
RépondreSupprimerVa voir dans les commentaires de la pasta,l'auteur a mis quelque chose à ce sujet...
SupprimerSplendide! Je veux la suite!
RépondreSupprimerSuperbe! La façon dont c'est écrit, les personnages, etc, me rappelle Dracula.
RépondreSupprimervu son nom c'est normal je pense
Supprimerà lire en écoutant Vampires Don't Die de Powerwolf pour plus d'effet
RépondreSupprimerJ'ai bien aimé, pour moi c'est quand même une pasta
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RépondreSupprimerSi il sort un livre ... J'ACHÈTE !!!
RépondreSupprimerShiki.
RépondreSupprimerManga parlant exactement de la même histoire sauf que la fille s'appelait Megumi mais bon.
Du coup je savais déjà de quoi souffrait cette pauvre Leatitia.
Sinon,selon moi les vampires existent.
C'est un très bon récit. :) Je conseille d'ailleurs à tous d'aller voir les suites de cette histoire formidable, dont l'ensemble est intitulé "Les Dossiers Etranges du Docteur Managhan". Après le cas Cromford, il y en a 5. Dans l'ordre : Le Cas Romie, Le Cas de la Famille Powel, Le Cas Beaudreaux, Le Cas de la Chapelle Ruellou & Epilogue. :) L'auteur a collaboré avec le youtubeur EachFive afin de proposer une lecture de ces histoires.
RépondreSupprimerOui mais c plus dispo ça moi je trouve plus t’a un accès ?
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