J'ai besoin de te dire, d'exorciser certaines
choses qui sont présentes en moi depuis bien trop longtemps. Tu dois
savoir.
Tout a commencé quand j'avais douze ans. Je vivais avec mes parents dans une modeste maison de campagne entourée de quelques autres dans l'est de la France.
Je suis fils unique, c'est quelque chose que j'ai toujours bien vécu.
Ce jour-là je jouais dans ma chambre à l'étage, comme à mon habitude, pendant que mes parents étaient en bas dans le salon. C'est là que je l'ai vue pour la première fois. Grande, maigre, le visage émacié et la peau grisâtre. Elle portait une longue robe noire et un chapeau ancien sur la tête. Ses yeux étaient d'un gris très pâle, presque blanc, qui m'avaient figé sur place.
Je me rappelle cette sensation de peur extrême qui m'avait tétanisé au point de ne pas être en mesure de crier ni d'appeler mes parents. Elle était là, à quelques mètres de moi, à l'autre bout de ma chambre. Elle ne faisait rien, elle était juste là, plantée à côté de la porte, son horrible regard mort porté sur moi. Et cette odeur... Je m'en rappelle comme si c'était hier. C'était la première fois que je la sentais. L'odeur de la mort, de la chair en décomposition. Incapable de bouger, j'étais resté là, fixant cette chose pendant plusieurs secondes, minutes ou heures, je n'en sais franchement rien.
Elle n'a disparu que lorsque ma mère a ouvert la porte pour me faire descendre à table. Elle s'était inquiétée de me voir si pâle et avait pris ma température. Bien sûr, je n'avais rien. Je venais juste de voir un fantôme pour la première fois de ma vie.
La deuxième fois qu'elle m'est apparue, je fêtais mes treize ans. Tous mes copains étaient là. C'était un anniversaire génial, comme tout anniversaire de gosse devrait l'être. Gâteau, bonbons, ballons et cadeaux. On était tous autour de la table devant cet énorme fraisier, quand quelque chose a attiré mon attention. Un chapeau. Son chapeau. Il était là, posé près du canapé. Je le revois, avec tellement de précision, si réel. Je me suis figé sur place, les rires de mes amis se faisant de plus en plus lointains, faisant place au bruit sourd des battements de mon cœur. Je le sentais taper fort, si fort qu'il semblait vouloir sortir de ma poitrine.
Cet état de torpeur a pris fin quand un ami à ma droite s'est mis à agiter ses mains devant moi pour me réveiller. Le chapeau avait disparu. Plus rien. Il était pourtant bien là. La fête a alors repris son cours sans aucune autre manifestation bizarre. Enfin, jusqu'au soir.
Je venais de me coucher, mes parents étaient en bas devant la télé et je repensais, tout excité, à mes nombreux cadeaux. Une gameboy, un action-man, un skate... Puis je l'ai entendue.
C'était à peine perceptible au début, un chuchotement que je croyais venir de la télé. Puis la voix s'est faite plus forte. Une voix de vieille dame, douce et hésitante, qui venait de mon armoire. "Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Mathieu, joyeux anniversaire."
La télé bourdonnait toujours en bas, et moi j'étais là, tétanisé dans mon lit, incapable de bouger ou d'appeler mes parents. Je ne pouvais que fixer mon armoire, priant de toutes mes forces pour que ce qui s'y trouvait disparaisse à tout jamais. Je n'ai pas dormi de la nuit, bien que rien d'autre ne se soit passé par la suite.
L'année d'après s'était déroulée normalement, la vieille dame ne s'était pas manifestée. Je pensais être débarrassé d'elle et mettais même ce qu'il m'était arrivé sur le compte de mon imagination débordante. C'est en tout cas ce dont j'essayais de me convaincre. Mais ce jour-là au lycée, j'ai compris que j'avais tort.
Je venais de terminer le cours de gym avec la classe, et filais au vestiaire récupérer mes affaires. Ne trouvant pas ma veste, je m'y suis atardé un peu plus longtemps tandis que mes amis avaient déjà rejoint la cour de récréation.
Persuadé de l'avoir mise dans mon sac, je l'ai entièrement vidé à sa recherche. Elle n'y était pas. Sûrement un élève un peu farceur. J'ai remballé le tout, quand un bruit a attiré mon attention. Un bruit de verrou qui provenait des toilettes. Sur le moment, j'ai pensé que l'élève en question était toujours là, à épier ma réaction. Ce n'est que quelques secondes plus tard que j'ai compris que ce n'était pas un élève. Une voix mélancolique, à peine perceptible chantonnait un air triste. On aurait dit une comptine d'enfant mais ça n'avait rien de joyeux. Je ne me souviens plus des paroles maintenant mais ça parlait d'un enfant qui avait perdu sa poupée. Je n'avais jamais entendu ça. J'aurais dû courir, m'enfuir car au fond de moi je savais très bien ce que j'allais trouver derrière cette porte. Je me suis avancé lentement, je n'étais plus qu'à quelques pas de la porte. Je ne voyais rien sous la porte, pas de jambes. Mais je l'entendais, sa voix de vieille dame de plus en plus triste, de plus en plus plaintive. Jusqu'à ce que ma main se pose sur la poignée. Tout s'est arrêté - tout sauf mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine. J'ai enclenché la poignée avec l'espoir de ne rien y trouver. Mais elle était là, plus réelle que jamais. Ses deux yeux vitreux fixés sur moi, et son affreux chapeau vissé sur sa tête.
Après quelques secondes qui m'ont paru durer une éternité, elle m'a tendu quelque chose. Au départ craintif de détourner mon regard, privé d'autres choix, j'ai fini par baisser les yeux. Ma veste. Qu'est ce qu'elle faisait avec ma veste. "Tu as perdu ça, mon chéri". Ces mots résonnent dans ma tête chaque jour. C'était la première fois qu'elle s'adressait directement à moi, la rendant bien plus réelle qu'avant.
Elle a disparu à l'instant même où j'ai saisi la veste. Le soir même je pouvais encore sentir son odeur qui avait imprégné le tissu. Cette odeur de charogne, je peux la sentir rien qu'en y repensant.
Les choses ont commencé à dégénérer le soir même. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil, je la revoyais, tenant ma veste. Je m'étais jusqu'alors persuadé que tout ça n'était que le fruit de mon imagination. J'étais peut être fou après tout. Mais elle avait pris ma veste. Et l'odeur, je n'avais pas été le seul à la sentir. Ma mère m'avait fait la réflexion en entrant dans ma chambre. Elle avait eu un haut le cœur à peine entrée. Ne sachant pas quoi lui répondre quand elle a demandé une explication, j'avais inventé une histoire bidon au sujet d'un bizutage et c'était passé.
Mais ça confirmait le fait que je n'étais pas fou. Elle était bien réelle.
Il était deux heures du matin, je tournais encore et encore dans mon lit en cherchant le sommeil, quand un bruit dans mon armoire a attiré mon attention. On aurait dit un grattement, comme un animal qui cherchait à s'enfuir. Bien sûr je savais que ce n'était pas un animal. J'ai remonté ma couette par réflexe, en sachant très bien que c'était totalement inutile. Le grattement était de plus en plus fort, de plus en plus rapide. Il résonnait dans mes oreilles à m'en rendre fou, quand tout s'est arrêté. Plus de bruit, plus rien. J'ai fixé l'armoire sans cligner des yeux, m'attendant à tout moment à la voir sortir.
C'est là qu'un rire grinçant tout près de mon oreille m'a fait bondir. Elle était là, juste à côté de mon lit, et riait en secouant sa tête comme une hystérique. Après quelques secondes, elle s'est arrêtée et m'a fixé. Elle ne souriait pas. Ses yeux blancs me transperçaient. Je ne sais pas si c'était le fait de la voir de nuit, mais elle avait l'air beaucoup plus menaçante, beaucoup plus hostile. Elle a plissé les yeux et prononcé des mots qui me glacèrent le sang : "Il est temps de me rejoindre, Matthieu. Mamie a besoin de toi".
Elle n'avait plus rien d'une vieille dame, je ne voyais que le mal en elle, sans pour autant pouvoir l'expliquer. Sa peau semblait partir en lambeaux, sa bouche se tordait en un rictus abominable et ses yeux paraissaient se creuser un peu plus chaque seconde.
J'espérais que mes parents l'entendent, je priais pour qu'ils débarquent et la voient. Mais tout semblait figé, je n'entendais rien de l'extérieur, et je me doutais qu'ils n'entendaient rien non plus.
Je me contentais de la fixer, sentant les larmes couler sur mes joues. Mes membres ne me répondaient plus, j'étais paralysé par la peur.
Soudain, en un hurlement strident, elle s'est jetée sur moi, me griffant de ses doigts décharnés avant de disparaître. Je me suis écroulé sur mon lit, pleurant comme jamais. Je venais de vivre la nuit la plus traumatisante de ma vie.
Le lendemain, les griffures n'avaient pas disparu. Mes bras étaient rouges et boursouflés par les lacérations. N'ayant pas d'autre choix, j'en ai parlé à mes parents. Je m'attendais à finir en hôpital psychiatrique, et dans le fond, je l'espérais même un peu.
Mais ma mère s'est écroulée sur le sol en pleurant. Mon père et moi la regardions, totalement démunis. Elle m'a alors expliqué que depuis ses six ans, son arrière grand-mère, une vieille femme profondément méchante s'était acharnée sur elle jusqu'à ses douze ans, jour de son décès.
À chaque visite, chaque réunion de famille, elle la tyrannisait. Elle prenait plaisir à la faire souffrir, la giflant ou lui tirant violemment les cheveux quand personne ne regardait, griffant et mordant ses bras le soir en lui disant bonne nuit. Ses parents ne l'avaient jamais crue. Peu avant son décès, sur son lit de mort, elle avait été forcée de lui dire adieu. Elle l'avait regardée droit dans les yeux, dans un dernier effort, lui jurant de continuer même après sa mort.
Ma mère m'a expliqué que cette haine venait du fait que, d'après elle, toute la famille s'était détournée d'elle après sa naissance. Ils s'étaient en réalité détournés d'elle parce qu'ils la soupçonnaient de pratiquer la magie noire. Elle l'avait appris par sa grand mère, le jour même de son décès, cette dernière s'excusant de n'avoir rien fait pour la protéger par peur.
Ma mère s'est excusée de ne rien avoir vu avant, et plusieurs mois ont passé sans aucun autre incident, jusqu'au douze octobre, l'anniversaire du décès de la vieille dame. Je sentais ma mère étrange, distante. Je l'avais surprise à parler seule et à rire. Lorsque j'entrais dans la même pièce qu'elle, elle cessait son activité et me fixait. Sans rien dire, sans rien faire d'autre que me fixer. Je sentais dans mes tripes que quelque chose ne tournait pas rond. Mon père était parti la veille en conférence sur Paris, et je me retrouvais seul avec ce qui la veille encore était ma mère.
Le dîner s'était passé dans un silence pesant. Ma mère me fixait en souriant sans même toucher à son assiette. À la fin du repas, j'étais monté dans la chambre après avoir débarrassé mon assiette. Au bout de quelques minutes, je l'ai entendue monter les escaliers, une marche après l'autre, comme une personne en difficulté. Mon sang n'a fait qu'un tour quand elle s'est mise à chantonner. C'était la même comptine que la vieille dame, et cette fois, les paroles étaient parfaitement audibles :
"Viens mon petit,
N'aie pas peur de Mamie.
Ta poupée est perdue
Car Mamie l'a pendue.
Dis toi bien qu'un jour,
Ça sera ton tour."
Ma mère est finalement arrivée devant ma porte. Ses yeux était blancs et elle me fixait en riant. Elle s'est approchée de moi en dansant, toujours en riant, puis s'est arrêtée à ma hauteur, plongeant ses yeux dans les miens. Ce qui s'est passé ensuite me hantera à jamais. De sa voix grinçante, elle m'a chuchoté que jamais personne ne se débarrasserait d'elle. Qu'elle hanterait toutes les générations de cette famille maudite. Elle s'est alors subitement redressée et a couru jusqu'à la fenêtre de ma chambre. Je n'ai pas eu le temps de l'empêcher d'enjamber la rambarde. Quelques secondes plus tard, elle s'était écrasée au sol, quatre étage plus bas.
La police a conclu à un suicide, et j'ai été placé deux ans en psychiatrie suite à ce traumatisme. Elle ne m'est plus apparue par la suite.
Aujourd'hui, j'ai vingt-sept ans. J'ai vingt-sept ans et j'ai peur comme je n'ai jamais eu peur auparavant. Je suis papa d'une petite fille de deux ans, et je sais que tout va recommencer.
Elle est là, elle me fixe, je peux sentir son odeur, je peux sentir sa présence derrière mon épaule. J'entends son rire et sa comptine affreuse.
Je suis désolé mon amour, je te laisse avec notre fille, j'espère que tout s'arrêtera ce soir, avec moi.
La victime (suicide par balle) a été retrouvée allongée au sol, tenant cette lettre contre son cœur.
Le soir même, son épouse a affirmé entendre une vieille femme chanter dans le babyphone.
Tout a commencé quand j'avais douze ans. Je vivais avec mes parents dans une modeste maison de campagne entourée de quelques autres dans l'est de la France.
Je suis fils unique, c'est quelque chose que j'ai toujours bien vécu.
Ce jour-là je jouais dans ma chambre à l'étage, comme à mon habitude, pendant que mes parents étaient en bas dans le salon. C'est là que je l'ai vue pour la première fois. Grande, maigre, le visage émacié et la peau grisâtre. Elle portait une longue robe noire et un chapeau ancien sur la tête. Ses yeux étaient d'un gris très pâle, presque blanc, qui m'avaient figé sur place.
Je me rappelle cette sensation de peur extrême qui m'avait tétanisé au point de ne pas être en mesure de crier ni d'appeler mes parents. Elle était là, à quelques mètres de moi, à l'autre bout de ma chambre. Elle ne faisait rien, elle était juste là, plantée à côté de la porte, son horrible regard mort porté sur moi. Et cette odeur... Je m'en rappelle comme si c'était hier. C'était la première fois que je la sentais. L'odeur de la mort, de la chair en décomposition. Incapable de bouger, j'étais resté là, fixant cette chose pendant plusieurs secondes, minutes ou heures, je n'en sais franchement rien.
Elle n'a disparu que lorsque ma mère a ouvert la porte pour me faire descendre à table. Elle s'était inquiétée de me voir si pâle et avait pris ma température. Bien sûr, je n'avais rien. Je venais juste de voir un fantôme pour la première fois de ma vie.
La deuxième fois qu'elle m'est apparue, je fêtais mes treize ans. Tous mes copains étaient là. C'était un anniversaire génial, comme tout anniversaire de gosse devrait l'être. Gâteau, bonbons, ballons et cadeaux. On était tous autour de la table devant cet énorme fraisier, quand quelque chose a attiré mon attention. Un chapeau. Son chapeau. Il était là, posé près du canapé. Je le revois, avec tellement de précision, si réel. Je me suis figé sur place, les rires de mes amis se faisant de plus en plus lointains, faisant place au bruit sourd des battements de mon cœur. Je le sentais taper fort, si fort qu'il semblait vouloir sortir de ma poitrine.
Cet état de torpeur a pris fin quand un ami à ma droite s'est mis à agiter ses mains devant moi pour me réveiller. Le chapeau avait disparu. Plus rien. Il était pourtant bien là. La fête a alors repris son cours sans aucune autre manifestation bizarre. Enfin, jusqu'au soir.
Je venais de me coucher, mes parents étaient en bas devant la télé et je repensais, tout excité, à mes nombreux cadeaux. Une gameboy, un action-man, un skate... Puis je l'ai entendue.
C'était à peine perceptible au début, un chuchotement que je croyais venir de la télé. Puis la voix s'est faite plus forte. Une voix de vieille dame, douce et hésitante, qui venait de mon armoire. "Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Mathieu, joyeux anniversaire."
La télé bourdonnait toujours en bas, et moi j'étais là, tétanisé dans mon lit, incapable de bouger ou d'appeler mes parents. Je ne pouvais que fixer mon armoire, priant de toutes mes forces pour que ce qui s'y trouvait disparaisse à tout jamais. Je n'ai pas dormi de la nuit, bien que rien d'autre ne se soit passé par la suite.
L'année d'après s'était déroulée normalement, la vieille dame ne s'était pas manifestée. Je pensais être débarrassé d'elle et mettais même ce qu'il m'était arrivé sur le compte de mon imagination débordante. C'est en tout cas ce dont j'essayais de me convaincre. Mais ce jour-là au lycée, j'ai compris que j'avais tort.
Je venais de terminer le cours de gym avec la classe, et filais au vestiaire récupérer mes affaires. Ne trouvant pas ma veste, je m'y suis atardé un peu plus longtemps tandis que mes amis avaient déjà rejoint la cour de récréation.
Persuadé de l'avoir mise dans mon sac, je l'ai entièrement vidé à sa recherche. Elle n'y était pas. Sûrement un élève un peu farceur. J'ai remballé le tout, quand un bruit a attiré mon attention. Un bruit de verrou qui provenait des toilettes. Sur le moment, j'ai pensé que l'élève en question était toujours là, à épier ma réaction. Ce n'est que quelques secondes plus tard que j'ai compris que ce n'était pas un élève. Une voix mélancolique, à peine perceptible chantonnait un air triste. On aurait dit une comptine d'enfant mais ça n'avait rien de joyeux. Je ne me souviens plus des paroles maintenant mais ça parlait d'un enfant qui avait perdu sa poupée. Je n'avais jamais entendu ça. J'aurais dû courir, m'enfuir car au fond de moi je savais très bien ce que j'allais trouver derrière cette porte. Je me suis avancé lentement, je n'étais plus qu'à quelques pas de la porte. Je ne voyais rien sous la porte, pas de jambes. Mais je l'entendais, sa voix de vieille dame de plus en plus triste, de plus en plus plaintive. Jusqu'à ce que ma main se pose sur la poignée. Tout s'est arrêté - tout sauf mon cœur qui tambourinait dans ma poitrine. J'ai enclenché la poignée avec l'espoir de ne rien y trouver. Mais elle était là, plus réelle que jamais. Ses deux yeux vitreux fixés sur moi, et son affreux chapeau vissé sur sa tête.
Après quelques secondes qui m'ont paru durer une éternité, elle m'a tendu quelque chose. Au départ craintif de détourner mon regard, privé d'autres choix, j'ai fini par baisser les yeux. Ma veste. Qu'est ce qu'elle faisait avec ma veste. "Tu as perdu ça, mon chéri". Ces mots résonnent dans ma tête chaque jour. C'était la première fois qu'elle s'adressait directement à moi, la rendant bien plus réelle qu'avant.
Elle a disparu à l'instant même où j'ai saisi la veste. Le soir même je pouvais encore sentir son odeur qui avait imprégné le tissu. Cette odeur de charogne, je peux la sentir rien qu'en y repensant.
Les choses ont commencé à dégénérer le soir même. Je ne parvenais pas à trouver le sommeil, je la revoyais, tenant ma veste. Je m'étais jusqu'alors persuadé que tout ça n'était que le fruit de mon imagination. J'étais peut être fou après tout. Mais elle avait pris ma veste. Et l'odeur, je n'avais pas été le seul à la sentir. Ma mère m'avait fait la réflexion en entrant dans ma chambre. Elle avait eu un haut le cœur à peine entrée. Ne sachant pas quoi lui répondre quand elle a demandé une explication, j'avais inventé une histoire bidon au sujet d'un bizutage et c'était passé.
Mais ça confirmait le fait que je n'étais pas fou. Elle était bien réelle.
Il était deux heures du matin, je tournais encore et encore dans mon lit en cherchant le sommeil, quand un bruit dans mon armoire a attiré mon attention. On aurait dit un grattement, comme un animal qui cherchait à s'enfuir. Bien sûr je savais que ce n'était pas un animal. J'ai remonté ma couette par réflexe, en sachant très bien que c'était totalement inutile. Le grattement était de plus en plus fort, de plus en plus rapide. Il résonnait dans mes oreilles à m'en rendre fou, quand tout s'est arrêté. Plus de bruit, plus rien. J'ai fixé l'armoire sans cligner des yeux, m'attendant à tout moment à la voir sortir.
C'est là qu'un rire grinçant tout près de mon oreille m'a fait bondir. Elle était là, juste à côté de mon lit, et riait en secouant sa tête comme une hystérique. Après quelques secondes, elle s'est arrêtée et m'a fixé. Elle ne souriait pas. Ses yeux blancs me transperçaient. Je ne sais pas si c'était le fait de la voir de nuit, mais elle avait l'air beaucoup plus menaçante, beaucoup plus hostile. Elle a plissé les yeux et prononcé des mots qui me glacèrent le sang : "Il est temps de me rejoindre, Matthieu. Mamie a besoin de toi".
Elle n'avait plus rien d'une vieille dame, je ne voyais que le mal en elle, sans pour autant pouvoir l'expliquer. Sa peau semblait partir en lambeaux, sa bouche se tordait en un rictus abominable et ses yeux paraissaient se creuser un peu plus chaque seconde.
J'espérais que mes parents l'entendent, je priais pour qu'ils débarquent et la voient. Mais tout semblait figé, je n'entendais rien de l'extérieur, et je me doutais qu'ils n'entendaient rien non plus.
Je me contentais de la fixer, sentant les larmes couler sur mes joues. Mes membres ne me répondaient plus, j'étais paralysé par la peur.
Soudain, en un hurlement strident, elle s'est jetée sur moi, me griffant de ses doigts décharnés avant de disparaître. Je me suis écroulé sur mon lit, pleurant comme jamais. Je venais de vivre la nuit la plus traumatisante de ma vie.
Le lendemain, les griffures n'avaient pas disparu. Mes bras étaient rouges et boursouflés par les lacérations. N'ayant pas d'autre choix, j'en ai parlé à mes parents. Je m'attendais à finir en hôpital psychiatrique, et dans le fond, je l'espérais même un peu.
Mais ma mère s'est écroulée sur le sol en pleurant. Mon père et moi la regardions, totalement démunis. Elle m'a alors expliqué que depuis ses six ans, son arrière grand-mère, une vieille femme profondément méchante s'était acharnée sur elle jusqu'à ses douze ans, jour de son décès.
À chaque visite, chaque réunion de famille, elle la tyrannisait. Elle prenait plaisir à la faire souffrir, la giflant ou lui tirant violemment les cheveux quand personne ne regardait, griffant et mordant ses bras le soir en lui disant bonne nuit. Ses parents ne l'avaient jamais crue. Peu avant son décès, sur son lit de mort, elle avait été forcée de lui dire adieu. Elle l'avait regardée droit dans les yeux, dans un dernier effort, lui jurant de continuer même après sa mort.
Ma mère m'a expliqué que cette haine venait du fait que, d'après elle, toute la famille s'était détournée d'elle après sa naissance. Ils s'étaient en réalité détournés d'elle parce qu'ils la soupçonnaient de pratiquer la magie noire. Elle l'avait appris par sa grand mère, le jour même de son décès, cette dernière s'excusant de n'avoir rien fait pour la protéger par peur.
Ma mère s'est excusée de ne rien avoir vu avant, et plusieurs mois ont passé sans aucun autre incident, jusqu'au douze octobre, l'anniversaire du décès de la vieille dame. Je sentais ma mère étrange, distante. Je l'avais surprise à parler seule et à rire. Lorsque j'entrais dans la même pièce qu'elle, elle cessait son activité et me fixait. Sans rien dire, sans rien faire d'autre que me fixer. Je sentais dans mes tripes que quelque chose ne tournait pas rond. Mon père était parti la veille en conférence sur Paris, et je me retrouvais seul avec ce qui la veille encore était ma mère.
Le dîner s'était passé dans un silence pesant. Ma mère me fixait en souriant sans même toucher à son assiette. À la fin du repas, j'étais monté dans la chambre après avoir débarrassé mon assiette. Au bout de quelques minutes, je l'ai entendue monter les escaliers, une marche après l'autre, comme une personne en difficulté. Mon sang n'a fait qu'un tour quand elle s'est mise à chantonner. C'était la même comptine que la vieille dame, et cette fois, les paroles étaient parfaitement audibles :
"Viens mon petit,
N'aie pas peur de Mamie.
Ta poupée est perdue
Car Mamie l'a pendue.
Dis toi bien qu'un jour,
Ça sera ton tour."
Ma mère est finalement arrivée devant ma porte. Ses yeux était blancs et elle me fixait en riant. Elle s'est approchée de moi en dansant, toujours en riant, puis s'est arrêtée à ma hauteur, plongeant ses yeux dans les miens. Ce qui s'est passé ensuite me hantera à jamais. De sa voix grinçante, elle m'a chuchoté que jamais personne ne se débarrasserait d'elle. Qu'elle hanterait toutes les générations de cette famille maudite. Elle s'est alors subitement redressée et a couru jusqu'à la fenêtre de ma chambre. Je n'ai pas eu le temps de l'empêcher d'enjamber la rambarde. Quelques secondes plus tard, elle s'était écrasée au sol, quatre étage plus bas.
La police a conclu à un suicide, et j'ai été placé deux ans en psychiatrie suite à ce traumatisme. Elle ne m'est plus apparue par la suite.
Aujourd'hui, j'ai vingt-sept ans. J'ai vingt-sept ans et j'ai peur comme je n'ai jamais eu peur auparavant. Je suis papa d'une petite fille de deux ans, et je sais que tout va recommencer.
Elle est là, elle me fixe, je peux sentir son odeur, je peux sentir sa présence derrière mon épaule. J'entends son rire et sa comptine affreuse.
Je suis désolé mon amour, je te laisse avec notre fille, j'espère que tout s'arrêtera ce soir, avec moi.
La victime (suicide par balle) a été retrouvée allongée au sol, tenant cette lettre contre son cœur.
Le soir même, son épouse a affirmé entendre une vieille femme chanter dans le babyphone.
C'est rare qu'il y ai d'aussi bonne pasta que celle ci sur ce site
RépondreSupprimerPourquoi il finit par se suicider ? Le fantôme lui a rien fait de mal, il est même plutôt "gentil". Le suicide arrange rien, puisqu'elle parle de générations, elle ira donc hanter sa fille. Aucune logique
RépondreSupprimer"Lui a rien fait de mal" ?! Mec, le fantôme l'a griffé ! Et vu la description, c'était pas des égratignures. En plus, bonjour l'état mental quand tu es pourchassée par le spectre d'une vielle femme complètement folle.
Supprimeret aussis que il ne voualit pas se fair posséder et traumatisé sa fille et ensuite se suicidé
SupprimerEt le fantome a aussi pris le controle de sa mere pour la faire se suicider devant ses yeux...
SupprimerElle lui a quand même dit qu'elle allait le pendre DONC BON voilà quoi gentil c'est pas le mot
SupprimerJuste....woooow #_#
RépondreSupprimerJ adore ce genre de pasta ;)
J'ai beaucoup aimé cette Pasta !!! Je suis juste un peu triste pour la fin, mais bon ! C'était bien ! Je l'ai lu tellement vite que je n'ai pas remarqué que je l'avais terminé
RépondreSupprimerComme le mec s'apellait Matthieu et qu'il voyait des gens, j'ai cru à un twist sur Matthieu sommet de la toile...
RépondreSupprimersalut tripoda j ai in venter une pasta et j aimerer bien la poster commen on fait
RépondreSupprimerhttp://creepypastafromthecrypt.blogspot.fr/p/faq.html
Supprimermerci
Supprimermerci beaucoup
Supprimersalut j'ai inventé une creepypasta qu'en penser vous ?
RépondreSupprimerLe tonnere
j'ai toujours un peur d tonnere surtout quand tu est seul chez toi j'en est encore plus depuis se qui m est arrivé j été chez moi quand j'entendis un horrible hurlement j'eu d'abord peur mis j'e me rappela que c'etait le tonnere j'usqu'a que je e rappele une phrasa de la meteo expliquant qu'il aura pas d'orage pendant au moin une semaine fin
11/10
SupprimerDu grand art.
Supprimermême Tripoda il t'arrive pas aux chevilles.
Supprimerbof pas terrible 4.5/10
SupprimerBest pasta ever
SupprimerJe pense que c'est ma creepypasta préférée.
SupprimerQuoi, je suis passé à coté de ce chef d'oeuvre pendant 5 ans ?
SupprimerAnonyme je n'ai pas comprit tu peut détailler s'il te plait? mais en attendant je vais eesayer de traduire (désolé si tu te sens frustré car tu crois que j'ai dit que tu écrit mal)
RépondreSupprimerLe tonnerre
J'ai toujours eu un peu peurdu tonnerre, surtout quand on est seul chez soi.J'en ai encore plus peur depuis ce qui m'est arrivé, j'était chez moi quand j'entendi un horrible hurlement, j'eu d'abord peur, mais je me rappela que c'était le tonnerre, jusqu'à ce que je me rappela une des phrases que déclara le présentateur météo expliquant qu'il n'y aura pas d'orage pendant au moins une semaine.
----------------------------------
Le mystère reste entier, comment un horrible hurlement peut-il resembler à la foudre? A part ce détail, bonne short-pasta. 9/10
pas un hurlement plutot un grognement
SupprimerPk tu corrige si c'est pour faire des fautes --' Au lieu de rabaisser les gens va revoir ton passé simple !
SupprimerÉnorme ! J'adore !! J'ai envie de la faire sur ma chaîne, ça serait la première fois que je m'éloigne de Pokemon... mais pour une oeuvre pareille je suis tentée omg. Bravo à l'auteur !
RépondreSupprimerbonne pasta mais il me semble que l'auteur s'est inspiré d' insidious 2.
RépondreSupprimermais je comprend pas : sa mère était la dame en noir ? sa mère a pris le relais ? pourquoi sa mère a pleuré pour son fils alors qu'elle lui voulait du mal ? pour jouer le jeu devant son mari ?
RépondreSupprimerJe pense plutôt que la vieille a possédée sa mère, y'a pas vraiment d'explication rationnelle à mon avis
SupprimerEnfaite sa mère avait un arrière grand mère horrible qui a maudit sa famille et reviens les hanter à chaque génération. Un jours elle a pris le contrôle de sa mère et elle l'a poussée à se suicider.
SupprimerSi la famille reste maudite, pourquoi continué a l'aggrandire (reproduction) alors qu'il sait tres bien que les prochains enfants sur la liste auront le meme sort...?
RépondreSupprimerle mec à demandé d'exorciser certaine chose donc peut être que avec exorcisme ça s’arrêtera
SupprimerJe suis un bénénuts ‹:p ho un nouveau smiley vous vous le voyer comme ca : sourcil yeux et bouche en P mias moi je le vois comme ca : sourire yeux et casquette
RépondreSupprimerAh ouais!
SupprimerJ'ai lu la Pasta il y a une semaine. Cette nuit, j'en ai rêvé, merci xD
RépondreSupprimerDerien.
SupprimerJ'ai vraiment adoré, bravo encore
RépondreSupprimerCela me rappelle un peu la vieille dans Insidious ou la ventriloque dans Dead Silence (les deux sont du même réalisateur que Saw pour info : James Wan).
RépondreSupprimerJennet Humfrye c'est toi ?
RépondreSupprimerSuper Pasta ! 👍
RépondreSupprimerOn dirait la mère de l'héroïne d'un film de Guillermo Del Toro .
RépondreSupprimer