Comme dans un rêve

Bonjour, je viens ici pour vous faire part d'écrits étranges que j'ai trouvés récemment.
Je m'explique. Je fais partie d'une association de bénévoles qui, entre autres, visitent des personnes âgées seules, mais aussi retapent d'anciennes maisons pour les rendre de nouveau habitables. Il y a quelques jours je suis allée avec un groupe nettoyer une vieille demeure, assez grande, pas loin de la ville. En entrant dans une chambre de l'étage, j'ai remarqué sur la table de nuit trois feuilles, visiblement arrachées d'un cahier, et un cahier plus petit, ouvert à une page. Je suis curieuse, alors je les ai lus... Et je ne sais pas quoi en penser.
Comme sur ce forum vous avez l'air habitués aux histoires étranges, je me suis dit que ça vous plairait et que vous pourriez peut-être me donner un avis là-dessus. Je ne sais rien des anciens propriétaires, même l'association est incapable de retrouver la moindre information sur eux.
Comme ce n'est pas toujours lisible je vous les ai retranscrites.



Première note : J'ai fait un cauchemar. Cela faisait très longtemps que je n'en avais pas fait. Je ne sais pas pourquoi, il m'a tellement effrayé que j'étais tétanisé au réveil. Et depuis, je n'arrive pas à le sortir de ma tête. Alors quand j'ai vu mon cahier et mon crayon posés sur ma table de nuit, j'ai pensé qu'écrire ce que j'avais vu m'aiderait peut-être à dédramatiser.
J'ai un souvenir assez net de ce rêve, et je me souviens surtout d'une chose. J'étais poursuivi par un homme dont je ne voyais pas le visage car il était caché par un masque de lapin. Je ne pouvais pas distinguer ses yeux derrière le masque, c'est ce qui le rendait si effrayant. Il portait un costume en velours marron avec un nœud papillon jaune.
C'était un de ces cauchemars où on voudrait courir, mais où on en est incapable. Lui avançait calmement, comme s'il savait qu'il m'aurait dans tous les cas. Je me souviens m'être enfermé dans ma chambre, avoir attendu, puis pensant bêtement qu'il était reparti, avoir ouvert la porte... Pour me retrouver nez à nez avec lui. Je me suis réveillé en sursaut, encore paniqué, le corps raide de terreur.
Il faut que je me lève maintenant, une grosse journée m'attend. Je prends mon cahier avec moi, peut-être ressentirai-je encore le besoin d'écrire.

Deuxième note : Je crois que je suis somnambule. Je viens de vivre le rêve et le réveil les plus particuliers de ma vie. Je dois essayer de le retranscrire par écrit, pour bien différencier rêve et réalité.
Dans mon rêve, je venais de me réveiller après un cauchemar. Je me souviens avoir écrit ce cauchemar et avoir laissé la page dans ma chambre, puis m'être levé. Mais en sortant de ma chambre, j'ai fait quelques pas avant de voir, en face de moi, au fond du couloir, l'homme de mon cauchemar précédent ! Le même masque de lapin, le même costume de velours. Il était immobile, et après m'être figé de peur je suis allé m'enfermer dans la pièce qui était juste à côté de moi, la salle de bain. Mais en voulant avancer vers le fond de la pièce trop rapidement, je me suis pris les pieds dans le tapis et je suis tombé.
Je viens de me réveiller en sursaut sur le sol de la salle de bain. J'y suis toujours actuellement, et j'écris en attendant que mon cœur se calme. Je ne pensais pas être somnambule, c'est une sensation étrange que de se retrouver au réveil là où s'est terminé son dernier rêve.
Il faut que je sorte maintenant, et que je me reprenne. Ce rêve est enfin terminé.



Troisième note : Il faut vraiment que je me change les idées, que je sorte du demi-sommeil dans lequel je dois encore être. Ce rêve étrange, duquel je me suis enfin réveillé sur le sol de la salle de bain, continue à me poursuivre. Je suis à la table de la cuisine, un café devant moi. Je sais que c'est faux, que c'est le contrecoup du cauchemar, mais il faut que j'écrive ce que j'ai vu. Il y a 5 minutes, quand je me faisais un café, j'ai levé les yeux sur la porte du placard en verre au-dessus de la machine. Et j'ai vu son reflet dedans. Le même masque que dans mon rêve. Je me suis figé, je n'osais pas me retourner même en sachant que c'était mon imagination. Quand je me suis enfin retourné, il n'y avait plus rien mais j'ai cru entendre des pas dans le couloir. Je crois que j
J'ai des hallucinations. Je viens de le voir à nouveau dans le reflet de la fenêtre en face de moi. Je me suis retourné tout de suite, cette fois j'étais sûr de le voir derrière moi.
Mais il y avait personne bien sûr, c'était qu'un rêve mais j'en garde des images qui resurgissent. Jamais un cauchemar ne m'avait fait ça. Je garde une sensation de malaise et j'ai l'impression d'entendre des pas dans l'entrée. Il faut que je reprenne courage et que je sorte, je vais aller m'aérer l'esprit dans le jardin.

Quatrième note : Ce n'était pas un rêve.
Je ne comprends plus.
Quand vais-je me réveiller ?
Je suis sorti de la cuisine où j'ai laissé la page sur laquelle j'ai écrit. Je sais que c'est vrai car un petit morceau de la feuille est restée accrochée au cahier. Je suis allé au salon mais l'homme était là.
Le même que dans mon cauchemar, qui me regardait de ses yeux vides derrière le masque de lapin
Comment un rêve peut durer si longtemps ? Je veux me réveiller, je ne comprends pas.
Il était immobile, je me suis figé, mais il a commencé à s'avancer lentement vers moi. J'ai couru et je suis sorti de la maison, j'ai couru pour me cacher dans la serre. Mais quand je l'ai ouverte, il était dedans en face de moi, c'est impossible comment il a fait, ça ne peut pas être réel
j'ai couru jusqu'ici, je suis piégé dans ce cabanon, je sais qu'il vient je l'ai vu avancer lentement à travers la petite fenêtre
je suis par terre au fond je fixe la poignée j'ai peur qu'il

Les derniers « mots » (ça m'a l'air d'une tentative d'écriture) sont illisibles.

Dernière note : Ce n'est pas un cauchemar. C'est réel. J'ai trouvé d'abord la lettre dans le cabanon, encore accrochée au cahier, par terre dans un coin. Je suis allé chercher celle de la salle de bain de l'étage à laquelle elle faisait référence, puis j'ai trouvé celle de la chambre.
J'ai voulu ressortir de la chambre mais il était là. Ce n'est PAS un cauchemar, c'est réel, RÉEL il était en face de moi au fond du couloir immobile comme dans les lettres, le même masque sans rien derrière les yeux, je l'ai vu d'ici.
J'ai claqué la porte de la chambre, je suis à l'autre bout de la pièce mais je l'entends approcher lentement, je sais qu'il vient
Cette baraque est au milieu de nulle part personne à des kilomètres et j'ai explosé mon portable en montant les escaliers tout à l'heure je sais pas quoi faire.
je devais l'écrire au moins pour prévenir c'est pas un cauchemar il est réel je ne dors pas, j'ai essayé de me réveiller mais je dors pas
je fixe la poignée j'ai peur je sais qu'il va l'ouvr

Le mot n'est même pas terminé et le stylo s'est comme enfoncé dans la feuille, on ne le voit peut-être pas sur les photos mais c'est comme si sa main s'était crispée violemment sur son stylo.
Après avoir lu ça j'ai pris les feuilles et je suis partie rapidement de la maison en prétextant me sentir mal. Je ne veux plus y retourner, mais je crois que la peur me donne des hallucinations.
Hier soir pendant une visite chez une vieille dame, j'ai vu, posé sur un meuble, un nœud papillon jaune.

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