Temps de lecture approximatif : 10 minutes.
Mon tout premier emploi a été celui de « groom » à l'hôtel du coin. Ce n'était pas une chaîne ou un motel, mais un hôtel de luxe relativement tranquille situé près de ma maison, le Kingfisher.
C'est le 15 novembre que je m'y suis retrouvé face à face avec l'horreur et que j’ai vraiment perdu ma confiance en l'humanité. Je me souviens encore de cette soirée comme si c'était hier, quand bien même je ne comprends toujours pas ce qui est arrivé, et j'espère au fond ne jamais le découvrir. Tout ce que je sais, c'est que je ne resterai plus jamais seul ou ne travaillerai plus dans un hôtel de toute ma vie, par crainte que cela ne se reproduise ou que la prochaine fois, je sois plus qu'un témoin.
Quand j'ai commencé à y travailler, c'était une entreprise florissante. Des gens de tout le pays venaient y séjourner chaque fois qu'ils voulaient passer un week-end à la plage ou bénéficier d'un séjour luxueux dans une campagne paisible. J'adorais cet endroit, mais au fur et à mesure que le temps passait et que le pays commençait à plonger dans les problèmes économiques, de moins en moins de gens sont passés. Ne vous méprenez pas, nous étions toujours très occupés, mais nous n'étions plus aussi populaires. Alors qu’avant nous avions l'habitude de recevoir environ 1 500 personnes par week-end, nous avons commencé à nous estimer chanceux si nous en avions approximativement 1 100. Ce fut le début du déclin pour la plupart des hôtels de ce genre et comme de moins en moins de personnes y dormaient, de moins en moins de personnel y travaillait, ce qui signifiait que la sécurité était beaucoup moins présente.
C'est à partir de là que j'ai été témoin du fameux événement.
C'était un jeudi soir assez classique, nous avions dû héberger environ 300 personnes sur les 15 étages accessibles, donc nous étions bien évidemment assez vides. De toute façon, ce n’était jamais complet le jeudi. Mon service a commencé de façon relativement normale. J'aidais les clients qui arrivaient et partaient, mais vers 21 heures, mon travail s'est arrêté et j’ai eu un moment de répit. N'ayant plus rien à faire, je traînais dans le hall, discutant avec des clients attendant un taxi et avec mon ami Craig, qui était à la réception. Après environ une heure à chercher des choses à faire pour me donner l’impression d’accélérer un peu mon service, nous avons reçu un appel de la chambre 331, de la part d’un certain M. Gerald Rogers. C'est Craig qui a répondu, donc je ne sais pas exactement de quoi il s’agissait. Tout ce qu'on m'a dit, c'est que le téléphone avait probablement été décroché par accident mais que d'après le brouhaha, le monsieur qui était dans la chambre devait être éveillé. Il y avait apparemment un barouf sourd et des bruits de mouvements audibles à travers le téléphone.
Pensant que je pouvais faire traîner cette tâche, j'ai décidé de prendre les escaliers et je ne suis donc pas arrivé avant une dizaine de minutes. Lorsque je me suis présenté devant la chambre, j'ai frappé doucement à la porte, ne voulant alerter aucune des personnes qui se trouvaient à cet étage et qui dormaient sans doute. J’ai attendu plusieurs minutes mais je n'ai pas eu de réponse, alors j'ai frappé à nouveau, un petit peu plus fort. Cette fois-ci, j'ai entendu une voix basse qui me répondait.
"Qui est-ce ?" a-t-il demandé. Sa voix était très grave mais tout de même très claire. Ce n'était rien qui puisse vraiment me mettre mal à l'aise.
"Je suis un employé. J’ai été informé que votre téléphone avait été décroché et que vous nous aviez appelés accidentellement. Pourriez-vous le raccrocher ?" lui ai-je demandé.
"Désolé, je ne peux pas. Pourquoi ne pas entrer et allumer la lumière ? Ma porte est déverrouillée."
Cette fois, il a élevé la voix comme s'il était maintenant loin de l’entrée.
J'ai saisi la poignée de la porte, mais en essayant de la tourner, j’ai constaté qu’elle ne bougeait pas. La porte était verrouillée. J'ai attendu derrière le battant, pensant qu’il se rendrait compte qu'elle était en réalité fermée et qu'il m'ouvrirait. Cependant, après plusieurs minutes d'attente, rien ne s'est passé. Lassé, j'ai dit à travers la porte, "Je ne peux pas entrer. Raccrochez simplement votre téléphone." Je me suis alors retourné pour redescendre dans le hall, sans repenser à cette histoire. Une fois de retour en bas, j'ai demandé à Craig si l'homme avait finalement raccroché le téléphone et il m'a répondu que oui, alors j'en suis resté là.
Une heure plus tard, Craig a dû revenir vers moi pour me dire que le même téléphone dans la même chambre avait de nouveau appelé la réception et était de nouveau resté décroché. Pensant que cela devait être une sorte de problème technique venant de ladite chambre, je suis retourné à la 331 en allant beaucoup plus vite que la dernière fois. J'ai continué de procéder en frappant à la porte de façon silencieuse, car il était 23h et que nous ne voulions pas de mauvaises critiques de la part des clients. Une fois de plus, je n'ai pas eu de réponse, alors, comme j’avais fait plus tôt, j'ai frappé un peu plus fort. Mais cette fois, toujours pas de réponse. Mes cognements n'ont été accueillis que par le silence.
Pensant que le Monsieur était peut-être endormi, je suis retourné dans le hall et j'ai pris la grande clef pour me permettre d’entrer dans la 331. En ouvrant, j'ai vu l'homme assis sur le lit. Il regardait en direction de la salle de bain. À part le lavabo qui coulait, la pièce était calme, extrêmement silencieuse. Étrangement, l'homme n'avait pas réalisé que j'étais là. Il a continué à fixer la salle de bain. Je me suis excusé de l'avoir dérangé de nouveau et lui ai gentiment demandé de raccrocher, mais il n'a pas bougé. Il a continué à fixer le même point. J'ai fait un pas dans la pièce. Mon anxiété a commencé à augmenter. C’était effrayant de me rendre compte qu'il ne me voyait même pas. J'étais sur le point d'allumer la lumière, mais j'ai entrevu le téléphone. J’ai immédiatement changé de direction pour aller remettre ce dernier en place sur son support.
Une fois mon travail terminé, j’ai tourné les talons et je me suis précipité vers la sortie tout en ayant l’impression que quelque chose était derrière moi et me suivait. En arrivant à la porte, je me suis retourné pour contrôler la pièce du regard une dernière fois. C’est alors qu'il a finalement fait un mouvement. C’était lent, presque imperceptible et ce n'était qu’au niveau de son visage, mais c'était déconcertant. Il a lentement incliné la tête pour éloigner son regard de la salle de bain et m’a regardé, les yeux grands ouverts. J’ai fermé la porte en la claquant de façon assez rapide pour rompre le contact visuel aussi vite que possible. J’ai eu la chair de poule et en redescendant vers le hall, j'ai prié pour que rien en rapport avec cet homme ne se reproduise ce soir.
Une fois revenu, j'ai tout raconté à Craig. Il m'a dit que j'étais probablement paranoïaque et que le type était sûrement ivre ou dormait juste bizarrement. Pour être honnête, je préférais ses explications à ce que je venais de voir et j'ai donc essayé de me convaincre que ce qu'il avait dit était vrai. Au fil de la nuit, l'hôtel est devenu de plus en plus calme et j'ai donc passé du temps à parler avec Craig, ce qui m'a rassuré et m'a fait oublier ma précédente rencontre, jusqu’à ce que l’homme appelle une troisième fois.
Tout comme les deux dernières fois, il n'y a pas eu de paroles au bout du fil. Seulement des bruits de pas et des petits gémissements étouffés. Mon estomac s’est noué et, malgré mon bon sens me disant de ne pas y aller, je suis remonté jusqu'à la 331.
Cette fois, la porte était légèrement entrouverte, alors j'ai frappé tout doucement et fait grincer les gonds en l’ouvrant, tout en espérant que l'homme n'était pas là.
En zyeutant la pièce, j'ai remarqué qu’il était toujours dedans. Sauf que cette fois, il était sur le lit, face contre terre. La seule lumière qui illuminait la chambre était la faible lampe du couloir, m'empêchant de voir ce qu’il y avait autour. Tout ce que je discernais, c'était cet homme allongé, entouré d'un liquide sombre. Cela me rassurait un petit peu et me rendait moins anxieux. Craig avait certainement raison. Il était probablement ivre et il avait sans doute commencé à s’uriner dessus en s'endormant. C’était ennuyeux qu'il ait abîmé nos draps, mais cela rendait l’ambiance beaucoup moins effrayante. J’ai raccroché son téléphone pour la deuxième fois et je suis parti en fermant complètement la porte.
Après cela, le reste de la soirée a été plutôt tranquille. Vers une heure du matin, Craig et moi avons terminé notre quart de travail et sommes donc rentrés chez nous. J’ai brièvement raconté à mon remplaçant les problèmes qu’il y avait eu avec l’homme de la 331, au cas où il aurait recommencé, mais comme j'avais une seconde garde à partir de neuf heures, je suis parti assez brusquement pour aller dormir.
Cette nuit-là, il m'a fallu un certain temps pour m'endormir. Même si je me répétais que ce n'était qu'un homme un peu trop ivre, ces événements me travaillaient trop pour pouvoir fermer l’œil. Ils étaient toujours gravés au fond de mon esprit, m’apportant un sentiment de malaise.
Je suis retourné au travail le lendemain matin et tout semblait aller pour le mieux. Il faisait maintenant jour dans tout l'hôtel, alors toutes ces petites angoisses qu'on a parfois dans la tête lorsque nous sommes dans le noir avaient complètement disparu de mon esprit. J’ai passé les premières heures de mon service à suivre ma routine. Je transportais les bagages des gens jusqu’aux chambres, j’appelais de nombreux taxis... Je me montrais toujours amical envers les clients et je leur parlais souvent de leurs soirées et du déroulement de leur séjour. Lors de mon troisième voyage dans le hall, j'ai été accueilli par un grand homme portant un long manteau de cuir entièrement boutonné avec un foulard qui lui couvrait le nez et la bouche ainsi qu’une casquette. Il s'est approché de moi et m'a dit "Désolé pour la nuit dernière, dans la chambre 331."
"Au revoir, M. Rogers. Je suis heureux que vous ayez apprécié votre séjour chez nous," lui ai-je répondu. Et sur ces mots, il est sorti de l’établissement.
Aux alentours de onze heures, j'ai été appelé une ultime fois à la 331, non pas par le téléphone de la chambre, mais par la femme de ménage.
Elle avait appelé parce qu'elle ne pouvait pas entrer et avait besoin que je déverrouille la porte pour elle. Apparemment, sa clef ne fonctionnait plus, car peu importe le nombre de fois où elle l’avait tournée, elle refusait d’ouvrir.
En arrivant, j’ai voulu la déverrouiller mais elle a également refusé de s’ouvrir. J’ai donc pensé que quelque chose devait se trouver derrière et bloquer. J’ai passé un appel à la réception pour demander si Gerald Rogers avait bel et bien quitté l'hôtel quand je l'avais vu à dix heures, et ils m'ont affirmé que oui. Sachant cela, j'ai décidé qu'il valait mieux forcer le passage, alors j'ai donné trois coups de pied dans la porte pour tenter de casser la serrure. Le dernier coup a fonctionné et nous avons pu ouvrir le battant. En entrant, nous avons été horrifiés de voir que la pièce était couverte de sang. Il y en avait partout, dans la baignoire et le lavabo, sur les murs et le plafond… Il y en avait aussi une grande mare qui avait tâché tout le matelas. J'étais dégoûté. Mon estomac s’est tordu et je me suis senti mal. Je me suis mis la main sur la bouche pour essayer de ne pas vomir.
Je me suis retourné pour quitter la pièce avec précipitation et lorsque je me suis dirigé vers la porte, j'ai vu ce qui la bloquait. C’était le cadavre de Gerald Rogers. Il était allongé là, près du battant. Ses vêtements avaient tous disparu, sauf son caleçon, il avait des coupures des deux côtés du corps et il portait ses boyaux autour du cou comme un boa. Cependant, le plus déconcertant était le fait qu'il avait un écœurant sourire formé sur son visage, comme s'il était mort dans un moment « d’extase ».
Il va sans dire que nous avons immédiatement appelé la police. L'enquête a été longue et ardue et personne n’a jamais su qui avait tué M. Rogers. Peu de temps après, j'ai démissionné. Je ne pouvais pas continuer à retourner sur les lieux de ce crime. Pas avec les souvenirs que j’avais. Encore plus tard, l'hôtel a fermé définitivement. Il n’avait pas réussi à se remettre de son image ternie. Je pense souvent aux événements de cette nuit-là. Qui était le meurtrier ? Aurais-je pu aider M. Rogers ? Et pourquoi avait-il l'air si heureux ?
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Naveen qui a assuré sa traduction de l'anglais vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Creepypasta.fandom.com, de Kitsune et Daniel Torrance qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Fleush et Noname qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.
Je savais déjà qu'il allait se faire tuer ce M. Rogers, et que le gaillard entièrement couvert, sortant de la 331 était son meurtrier. On ne sait pas si c'est un juste humain déséquilibré ou une créature démoniaque comme dans presque toutes les autres creepypastas, qui l'a tué.
RépondreSupprimerÇa sent le fantasme bizarre mais pourquoi avoir décroché le téléphone? Pour demandé de l'aide sans avertir la créature dans la baignoire? Mystère...
RépondreSupprimerTrès mystérieuse, je n'arrive vraiment pas à trouver d'explication...
RépondreSupprimer