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La majorité des membres de ma famille (ma grand-mère, mon grand-père, mes oncles et tantes) ne sont plus de ce monde depuis les années 90. Ma mère, comme sa mère avant elle, a reçu une éducation respectueuse des vieilles traditions : à l'occasion de Noël, elle dressait toujours la table pour la nuit. Elle y laissait les cuillères et les assiettes, de la koutia1, du kholodets2, des vareniki3, et des verres de vin. Le couvert était mis pour 6 ou 7 personnes. Tout était préparé comme si des gens devaient arriver dans la cuisine et prendre place à table. Je vivais à l'époque avec mon frère jumeau, nous avions alors 15 ans, et je ne faisais pas vraiment attention à tout cet assortiment. Quand je demandais à ma mère à quoi ça servait de dresser la table pour la nuit, elle répondait qu'à Noël, les cieux s'ouvraient et que tous nos défunts descendaient pour se voir et dîner (ou plutôt souper). Enfin, je n'y ai jamais cru, je pensais plutôt qu'il s'agissait d'une fantaisie, une tradition tout ce qu'il y avait de plus commun.
Tout a commencé à Noël 1997. Ma mère, comme toujours, avait dressé la table pour la nuit, installé tous les couverts, servi la nourriture dans les assiettes et le vin dans de petits verres, l’ensemble était splendide. Ce jour-là, ma sœur aînée était venue avec son enfant, nous avions fait la fête et elle était restée dormir. Elle couchait dans le salon, qui était à côté de la cuisine. À la fin de la soirée, alors que nous étions partis rejoindre nos chambres situées un peu plus loin, elle était restée éveillée et avait regardé la télé jusqu'à une heure du matin.
C'est là que tout a commencé : dans la cuisine, des couverts ont commencé à tinter contre les assiettes. Comme si quelqu'un était en train de manger, selon les dires de ma sœur. Lorsqu'elle a entendu cela, elle a allumé la lumière, paniquée, et s'est précipitée dans la chambre des parents en criant. Mon père est allé dormir dans le salon. Après cet incident, ma sœur n'a plus jamais couché à la maison pour Noël.
Six ans ont passé. Un nouveau Noël est arrivé, et ma mère, comme à son habitude, a dressé la table pour les membres de notre famille ayant rejoint l'autre monde. Mon frère et moi étions dans notre chambre, assis près de l'ordinateur quand c’est arrivé. La porte était entrouverte, nos parents dormaient déjà, il était environ une heure du matin. Quand j'ai commencé à réaliser de quoi il retournait, j'ai eu la chair de poule sur tout le corps et j'ai ressenti une telle peur que je ne me rappelais pas avoir un jour éprouvé quoi que ce soit de similaire. À ce moment, j'ai cru aux esprits immortels de l'autre monde.
Ça a début lorsque je m'étais assis près de la porte, et que j'ai entendu un bruit étrange en provenance de la cuisine. J'ai cru que j'avais rêvé. Mais à peine une minute plus tard, il y a eu un nouveau son, et cette fois-ci si distinctement que je ne pouvais pas me tromper : c'était le son d'une cuillère raclant contre une assiette.
J'ai dit à mon frère : « Tu as entendu ça ? »
Il m’a répondu : « Tu as rêvé. »
Un autre son s'est fait entendre, je n'avais aucun doute, un tabouret était tiré contre le carrelage.
Je lui ai de nouveau demandé : « Tu as entendu ça ? », ce à quoi, il a cette fois, répliqué : « J'ai entendu quelque chose, oui... ». Au même moment, d'autres bruits nous sont parvenus. Comme si quelqu'un s'installait, tirait son tabouret et commençait à se servir. Et ce "quelqu'un" renvoyait à un grand nombre de personnes.
Je ne pouvais pas crier, mon cœur s'était décroché et une boule s'était formée dans ma gorge. La chair de poule parcourait ma peau, et la peur nous envahissait lentement mon frère et moi.
À ce moment, j'ai compris que ceux qui étaient là-bas s'étaient levés de leurs sièges et avaient traversé le couloir au sol grinçant pour entrer dans le salon et se rapprocher de notre chambre.
Mon frère s'est jeté sur la porte et a fermé le verrou, et j'ai commencé à prier. Le loquet a commencé à trembler, et en-dessous, par l'interstice de la porte, j'ai vu des pieds. De retour dans notre lit, mon frère et moi étions comme paralysés. Et alors, les gonds de la porte ont commencé à trembler, un coup en haut, un coup en bas. Nous n'avons pu nous retenir et nous sommes mis à hurler, réveillant nos parents. Tout s'est subitement arrêté.
J'ai entendu le cri de mon père et la voix inquiète de ma mère. Je suis sorti de la chambre, et mon père et moi nous sommes dirigés vers la cuisine. Ce que nous y avons vu m'a plongé dans un profond malaise : les tabourets étaient tirés, et les verres de vin renversés sur la table. Des filets de liquide écarlate gouttaient encore de la table pour se répandre sur le sol. La nourriture n'avait pas été touchée.
Nous ne nous sommes rendormis qu'une heure plus tard, et seulement avec la lumière allumée. Après cet incident, ma mère n'a plus jamais dressé la table pour la nuit : je le lui ai interdit.
1 Plat traditionnel orthodoxe des pays d'Europe de l'Est à base de graines de froment et de pavot, de miel, de noix et de raisins secs, pouvant notamment être servi à Noël.
2 Une version de l'aspic, un plat en gelée, typique de la cuisine russe, ukrainienne et biélorusse... quoiqu'en un peu moins ragoûtant.
3 Une version plutôt ukrainienne des raviolis, ils sont traditionnellement fourrés avec de la purée de pomme de terre, des champignons et parfois avec de la viande en Russie, souvent opposés aux pelmeni fourrés exclusivement avec de la viande ou du poisson et originellement issus de la cuisine de l'Oural.
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Elche27, qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Magnosa qui a assuré sa traduction du russe vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Jutkoe.ru, de Jared Gauss et Seven qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Noname et Gordjack qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.
C’était cool ! (Je sais, pas constructif haha)
RépondreSupprimerTrop bien
RépondreSupprimerLes pauvres défunts qui ne peuvent plus avoir de repas x)
RépondreSupprimerHum elle a invoquée quoi..? 🤔🤭
RépondreSupprimerC'est dans le premier paragraphe...
SupprimerMerci Le chancle j'avais devine... c'était une façon de dire ils n'ont pas invoqué leurs défunts ils ont plutôt invoqué des démons ou autre chose...
SupprimerEl famoso
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