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Avant de commencer mon récit, je dois établir quelques faits. Les informations qui suivent résultent d’un travail de longue haleine qui aura vu participer pas moins de quatorze personnes de nationalités différentes. Des historiens espagnols, des archéologues français, des médiévistes allemands et des professeurs d’anthropologie égyptiens ont mis leur travail en commun pendant presque six ans pour parvenir à réunir toutes ces informations.
Leur postulat de base était simple : “l’Homme en tant qu’espèce, peut-il espérer un jour atteindre l’immortalité ?“
Je tiens à préciser que je n’ai pas pris part à l’élaboration de ce dossier, je ne fais que transmettre leur travail au grand public. Aussi, et toujours dans une optique de vulgarisation, pour que ce sujet puisse toucher un public plus large, certains passages ont été modifiés, simplifiés voire occultés. Voici le fruit de leurs années de recherches.
“Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l’homme, ce n’est pas la mort, mais la crainte de la mort ?“ disait Epictète dans ses entretiens. La mort n’est en soit pas effrayante. Elle n’est rien, ne permet aucun ressenti, aucune existence. Aucune pensée dans la mort, aucun souffle. Mais la voir venir, savoir qu’elle nous attend au bout de la route, route le long de laquelle nous devons sans arrêt marcher, sans pouvoir faire de détour ni s’attarder. Un mouvement perpétuel qui nous mène vers elle, la Mort, cette inconnue qui vient nous chercher quand nous sommes trop las de marcher.
Nous pourrions débattre de philosophie autour de ce sujet, mais toutes les discussions, aussi longues soient-elles, nous mènent toujours au même point : il existe deux camps face à la mort. Le premier aborde cette question avec philosophie, justement. Si la mort est inévitable, quoi que l’on fasse, alors autant la reléguer au second plan. Il ne faut pas se gâcher l’existence à essayer d’empêcher l’inévitable mais justement la mettre en valeur, cette existence. Profiter du court souffle de vie qui nous est accordé pour être, tout simplement.
Le second camp, c’est celui de ceux qui ont peur de la mort. Ils la voient comme un diable qui les attend au carrefour, caché derrière un arbre. Un diable qui peut les emporter à chaque instant. Et s'il ne les attrape pas au bord du chemin, il les attend au bout, souriant de toutes ses dents acérées et pourries, jouissant de son caractère inéluctable, sachant que sa proie viendra à lui quoi qu’elle tente. Ceux qui se positionnent dans ce camp préfèrent souvent passer dans le premier. Oublier. Mais ceux qui restent, choisissent de se battre. Ils ne se laisseront pas prendre de la sorte. Ils vont tout mettre en œuvre pour rallonger le chemin, repousser le diable encore un peu plus. Certains cherchent l’immortalité.
D’autres l’ont trouvée.
Nous avons commencé par nous documenter sur l’apparition des rites funéraires dans l’histoire humaine. Les premières traces d’égards faites aux défunts remontent au Paléolithique inférieur, qui débute il y a environ 3 millions d’années et se termine à peu près 300 000 ans avant notre ère. Nous n’avons rien trouvé qui nous permette de dire qu’à cette époque, les hommes tentaient de repousser la mort, mais déjà, ils tentaient de la comprendre. Nous avons remonté le temps au travers des archives jusqu’au premier signe intriguant.
Ernest Chocquin de Sarzec, est missionné en 1877 par le vice consul de France en Irak, d’effectuer des fouilles sur le site de l’antique cité sumérienne de Lagash. En 1884, il met au jour une tablette comportant plusieurs inscriptions en alphabet cunéiformes. Les connaissances de ce langage perdu ne sont pas encore très étoffées à cette époque et il faudra attendre 1905 et les travaux de François Thureau-Dangin pour parvenir à une traduction officielle de la tablette. Il s’agit d’un récit racontant l’exploit d’un héros légendaire nommé MI.HE.L-DU.RUK (Il s’agit ici de logogrammes composés. Par convention en traduction du sumérien, on écrit en capitales la prononciation des composants d'un tel logogramme composé). Il aurait réussi à vaincre un démon en duel. Ce dernier, mourant, lui aurait accordé la vie éternelle.
MI.HE.L-DU.RUK n’est plus abordé sur aucune autre tablette retrouvée dans les fouilles de Lagash. Mais son nom nous permet d’en savoir plus sur lui. L’orthographe de son nom sur la tablette de Lagash est caractéristique du haut sumérien. En bas sumérien, MI.HE.L-DU.RUK devient MI’EL-URUK. Écrit de la sorte, on peut déduire que MI’EL est relié, de près ou de loin, à la ville d’Uruk, antique cité sumérienne située non loin de Lagash. Notre attention s’est donc tout naturellement portée sur cet endroit.
Pour le moment, nous étions toujours sur un récit mythique, à l’instar de l’Epopée de Gilgamesh, provenant d’ailleurs de la même région du monde. Nous nous sommes alors intéressés aux travaux d’Adam Falkenstein, qui fouillant les ruines de l’antique cité d’Uruk en 1938, a exhumé de nombreuses tablettes d’argile. Au départ, il ne mentionnait MI’EL-URUK sur aucune de ses publications. Puis, alors que nous allions passer aux travaux d’autres de ses contemporains, une des tablettes exhumées par Falkenstein nous a donné ce que nous cherchions : la suite de l’histoire.
Après avoir vaincu le démon et obtenu l’immortalité, MI’EL-URUK est parti vers la mer blanche. Arrivé sur une falaise qui dominait les flots, il a attendu pendant 100 ans pour s’assurer que le démon ne lui avait pas menti et qu’effectivement, la mort le laisserait en paix.
Le récit s’arrête ici et son nom n'apparaît plus sur aucune tablette postérieure. Nous avons alors tenté de suivre ce fameux MI’HEL-URUK, voir si des déclinaisons de ce mythe existaient chez les peuples alentour.
Le récit raconte que MI’HEL est parti vers la mer blanche. Les civilisations du levant, à l’époque, n’avaient pas de mots pour les points cardinaux, comme dans nos langues modernes. Ils désignaient les directions par des couleurs. Le noir était assigné au nord (e.g. la mer noire, située au nord du levant), le jaune à l’est, le rouge au sud (e.g. la mer rouge, au sud du levant) et le blanc, à l’ouest. MI’HEL était donc parti, selon la légende, vers la mer blanche, la mer de l’ouest.
Nos recherches nous ont donc menées au proche-orient, sur les côtes de la mer méditerranée, cette fameuse mer de l’ouest. Après avoir épluché les divers documents d’archives mis à notre disposition par nos collègues israéliens, palestiniens et jordaniens, nous n’avons trouvé aucune trace de ce héros sumérien. Mais nous ne pouvions pas lâcher cette piste prometteuse. J’ai décidé de me rendre personnellement à Jérusalem dans l’espoir d’en savoir plus, de mettre la main sur des documents plus secrets. Et j’ai trouvé. Au fin fond de la Bibliothèque Nationale d'Israël et grâce à Avi Melkeh, mon ami historien que je remercie chaleureusement, j’ai déniché un parchemin datant de -1450 av. J.C. environ. Découvert lors de fouilles dans la cité antique d’Hazor, dans le nord d’Israël, il était rédigé en langue cananéenne et contait l’arrivée d’un homme qui, d’un seul mot, avait fait fuir une armée entière d’égyptiens. Les cananéens l’appellent alors Miheh Duruher. D’après le parchemin, il est arrivé par l’est et ce qui nous permet de le relier avec le mythe sumérien est le passage suivant :
“Les bergers le voyaient (ndla : Miheh Duruher) souvent en menant le bétail au rivage. Il était assis et priait en haut de la falaise. Du premier jour de Tevet au dernier couchant de Kislev, il demeurait immobile.”
Dans le mythe sumérien, MI’HEL-URUK - une fois arrivé devant la mer blanche, la méditerranée donc- s’est arrêté sur une falaise et y a patienté cent ans. Ici, sur le parchemin cananéen, Miheh Duruher se trouve lui aussi en haut d’une falaise et les bergers disent le voir immobile du premier jour de Tevet, qui est le mois de Janvier dans le calendrier hébreux, au dernier jour de Kislev, soit Décembre. Il est donc presque certain que Miheh Duruher et MI’HEL-URUK sont la même personne.
Dans la même bibliothèque, j’ai retrouvé un manuscrit égyptien datant de la même époque. Il s’agit d’un parchemin dit “d’exécration”, un texte à vocation magique ayant pour but d’attirer le malheur sur la personne, la ville ou encore le royaume ciblé. Voici le passage concerné :
“Honte à celui qui par la ruse a plongé les armées de Pharaon dans la discorde. Malheur à celui qui par la magie de la nuit a poussé les hommes justes vers le désert. Mort au barbare Mi.Keh Dur.Kr.”
Nous y étions. Ce dernier parchemin encrait dans le réel ce qui n’était pour l’instant que des mythes. Un homme dénommé Mi.Keh Dur.Kr par les égyptiens, les avait bien repoussés alors qu’ils tentaient d’envahir le pays de Canaan. Nous tenions une preuve qu’un homme avait voyagé depuis la mésopotamie jusqu’à la méditerranée et y avait subsisté pendant des années. Combien ? Le calcul est simple.
Les tablettes sumériennes dataient de -2110 av. J.C. environ. Le parchemin cananéen datait de -1450 av. J.C. mais contait des événements plus anciens se déroulant pendant les campagnes égyptiennes en pays de Canaan, sous le règne du pharaon Sésostris III, entre -1878 et -1843 av J.C. MI’HEL-URUK serait donc parti de la mésopotamie vers -2110 et aurait repoussé les égyptiens en -1878. Ne connaissant pas son âge au moment de son départ, on peut toutefois conclure que MI’HEL-URUK, s'il s’agit bien de lui, ce que tout tend à prouver, est âgé d’au moins 232 ans lors des événements en pays de Canaan.
Nous n’en revenions pas. Nous avions ici un homme qui avait traversé les époques pour se retrouver cité dans les archives de trois civilisations différentes. Mais une question restait cependant en suspens. Et si cet homme avait survécu encore plus longtemps ? Y avait-il, dans d’autres civilisations, d’autres époques, des mentions de ce MI’HEL-URUK ?
Hélas, nos recherches nous ont menés dans des culs-de-sac et des fausses pistes. Jusqu’à ce qu’un personnage étrange fasse surface, plus de 2000 ans plus tard. Un matin,j’ai été contacté par un ami médiéviste au collège d’Antakya, autrefois Antioche, ville phare des croisades. Il détenait des registres écrits par les abbassides du califat du même nom, entre 947 et 952. De prime abord, il ne s’agissait que de listes détaillant des achats et des ventes de bétail, avec le nombre de têtes et les noms des acheteurs. Mais en m’y penchant plus sérieusement, j’ai compris pourquoi mon ami m’avait transmis ces documents.
Une ligne faisait état d’un homme qui avait acheté 40 vaches. Un certain Mikheyel ibn Drukr. La graphie de ce nom évoquait certes celle de MI’HEL-URUK, mais la ressemblance était mince. Par acquis de conscience, j’ai creusé cette piste. Dans un récit de voyage du géographe turc renommé Mohammed Abul-Kassem ibn Hawqal datant de 949, il est dit que Mikheyel ibn Drukr était un ermite qui vivait seul dans le désert. Il subsistait de ses récoltes et de son bétail près d’une oasis. Sur le moment, je ne comprenais pas pourquoi l’existence de cet ermite méritait d’être mentionnée. Puis j’ai compris. Ibn Hawqal, s’étant arrêté pour passer la nuit chez l’ermite, s’était étonné de découvrir chez son hôte des tablettes portant des inscriptions étranges, qu’il n’avait jamais vu jusqu’alors. Il décrit un alphabet “comme tracé à l’aide de clous que l’on aurait pressés dans de l’argile”. Du cunéiforme. L’écriture des sumériens.
Le doute n’était plus permis. Mikheyel ibn Drukr était MI’HEL-URUK.
J’ai donc poussé mes recherches encore plus loin. Le récit d’Ibn Hawqal raconte que lors de son séjour chez Mikheyel, l’homme reçoit plusieurs fois la visite de nomades. À chaque visite, ils déposent devant chez lui des étoffes précieuses et des épices. Ibn Hawqal va même jusqu’à utiliser le mot “altaqdima” qui signifie “l’offrande” en mettant l’accent sur le côté religieux du geste. Les nomades semblent donc offrir ces présents à Mikheyel ibn Drukr comme si ils le considéraient comme une déité, ce qui aura d’ailleurs le don d’irriter Ibn Hawqal, fervent musulman.
Par la suite, l’étrange Mikheyel disparaît des textes d’Ibn Hawqal. Je pense cependant avoir retrouvé sa trace 150 ans plus tard, lors de la première croisade.
En 1096, un jeune moine nommé Baudouin de Montargis se joint à la croisade populaire tristement célèbre de Pierre l’ermite, dans le but de voyager en Terre Sainte et d’effectuer son pèlerinage à Jérusalem. Il va tenir un journal qui décrit les étapes de son voyage, parsemé d’horreurs. Massacres, pogroms, viols, la croisade populaire ravage tout sur son chemin et met un pied en Terre Sainte, malgré les avertissements des Byzantins et des Francs qui préviennent que les turcs ne feront qu’une bouchée d’elle. Faisant fit des préconisations et impatient d’en découdre, les croisés se font finalement massacrer non loin de leur camp de Civitot. Baudoin de Montargis, qui a depuis le début, selon ses dires, réussi à se maintenir dans le droit chemin et à éviter le péché, prend la fuite avant le début du combat. Dans sa route pour tenter de revenir à Constantinople chercher l’abri chez les Byzantins, il conte sa rencontre avec un mystérieux pèlerin :
“L’ombre d’un olivier m’accueille alors que le soleil brûle ma bure. Mon outre est maigre et sèche est sa peau. Je me donne tout entier à Dieu et prie sa miséricorde de me donner le repos final. À quarante pieds de moi, un homme me salue de la main. Il s’approche et marche pieds nus sans égard pour le sol brûlant. Aucune arme à son flanc, aucune bannière à son épaule. Son teint est mât et son sourire sincère. Il prend dans son dos une outre qu’il me tend et me dit d’en boire au goulot autant que je le peux. Alors que je m’abreuve de cette eau miraculeuse, je lui demande son nom et lui donne le mien. Il dit que les gens l’appellent “Al Jadu”, qu’il est un ermite et qu’il vit dans le désert. Il dit partir vers l’ouest car à son avis, la guerre est bien trop proche de sa maison. Des gens viendront qui le brûleront, le pensant un sorcier. Il repart alors vers l’ouest, ne semblant avoir peur ni des turcs, ni des francs.”
Cet ermite pourrait être MI’HEL, ou Mikheyel. Il partage plusieurs caractéristiques avec lui : il vit seul dans le désert, semble ne craindre aucune armée, ne ressentir aucune douleur. Son surnom, “Al Jadu” signifie “l’ancêtre” en arabe. Il n’a sûrement pas gagné ce surnom par hasard. Certes, ce passage est assez maigre en preuves de l’existence de Mikheyel, mais j’avais l’intime conviction qu’il s’agissait de lui.
Par la suite, j’ai passé plus d’une année entière à rechercher sa présence dans les archives de Grèce, d’Italie, de Turquie, des Balkans. Je n’ai rien trouvé. Peut être avais-je tout faux depuis le départ. Peut être qu’à trop vouloir croire en MI’HEL-URUK, j’avais pensé le voir partout. J’ai relégué cette affaire au second plan pour me concentrer sur d’autres travaux. C’est en faisant des recherches sur les pays scandinaves pour un article que je suis tombé sur un personnage énigmatique dans un récit provenant d’un recueil de sagas norvégiennes datant du 14e siècle.
En 1384, la Norvège est gouvernée par le jeune Olaf IV, âgé de 14 ans. À plusieurs reprises, les paysans d’un village nommé Bismo (ndla: village qui existe toujours aujourd’hui) viennent se plaindre qu’une bête massacre les troupeaux. Plusieurs moutons ont été horriblement mutilés et certains présentent d’étranges marques de morsure dans le creux du cou.
Lorsqu’une petite fille est retrouvée vidée de son sang, une enquête est menée par un sergent du roi nommé Ulf Sansgord. Il découvre que les habitants pensent être victimes d’un draugr. La définition même du mot draugr (prononcé drogueur) est fantôme. Les draugar sont censés vivre dans une tombe et en sortir à la nuit tombée. Ils sont un peu comme des vampires dans le folklore scandinave. Comme la tradition le veut, une expédition est menée dans la forêt pour trouver l’antre du draugr et séparer sa tête de son corps. Se faisant, il ne peut revenir hanter les vivants.
Ulf Sansgord ordonne à Sigrod Egelson, son écuyer et l’auteur du récit que je vous rapporte, de consigner ses faits et gestes lors de l’expédition. Ulf Sansgord voit sans doute dans cette affaire un moyen d’entrer dans l’histoire comme celui qui a tué un draugr. Mais peu nous importe sa vanité, puisque ce témoignage s’avère précieux.
Les deux hommes partent dans la forêt aux premières lueurs du matin, se garantissant de trouver le revenant endormi dans sa tombe. Peu après que le soleil ait atteint le plus haut point du ciel, ils tombent sur un tumulus funéraire dont le côté a été éventré. Sigrod Egelson note que l’ouverture semble avoir été pratiquée de l’intérieur. Les deux hommes s’approchent de la tombe profanée et constatent qu’un sarcophage se trouve bien à l’intérieur, mais il est vide. Sur le couvercle qui a été poussé au sol, figurent des inscriptions en cunéiforme et en runes. Si Sigrod Egelson n’arrive pas à lire la première inscription, il n’éprouve aucune difficulté à traduire la seconde.
“Ci-git de force Mikael Draugr, puisse-t-il ne jamais revenir.”
Mikael Draugr, les inscriptions cunéiformes, le fait d’avoir été enterré de force, sans doute vivant, tout appelait à dire qu’il s’agissait de MI’HEL-URUK. Mon hypothèse était la suivante : MI’HEL, au cours de son voyage incessant vers l’ouest, s’était arrêté en scandinavie. Cet homme étrange, au teint hâlé et au langage inconnu avait très bien pu être pris pour un monstre aux yeux de villageois isolés. Ceux-ci, de peur, auraient agi selon les traditions qu’ils connaissaient et auraient enfermé MI’HEL dans un cercueil de pierre. Mais visiblement, il était parvenu à sortir de sa prison. Et il s’était vengé.
Je me suis alors posé une question. Si MI’HEL avait effectivement atteint l’immortalité, était-t-il toujours parmi nous ? Y penser me faisait froid dans le dos mais je ne pouvais trouver le repos avant de répondre à cette question.
Alors j’ai continué à chercher, m’isolant de plus en plus dans mon travail, ne recherchant que cet homme : MI’HEL-URUK.
Et je l’ai trouvé. Oh ça oui.
En 1523, un navigateur espagnol, Alfonso de Merida, en partance pour le nouveau monde raconte avoir trouvé un passager clandestin dans la cale de son navire. Il dit s'appeler Miguel Drugario. Alfonso de Merida le met aux arrêts et se jure de le livrer aux autorités une fois revenu en Espagne. Miguel Drugario reste donc enfermé durant l’aller-retour qui durera trois mois. Trois mois qu’il passe sans manger et sans boire, au grand étonnement d’Alfonso de Merida. Lorsque le navire arrive dans le port, le navigateur fait quérir son prisonnier pour le présenter au roi, mais il s'échappe et demeure introuvable.
En 1608, alors que les chrétiens sont persécutés au Japon, des officiers du shogunat Tokugawa nouvellement instauré rapportent qu’un étranger suspecté d’être un missionnaire portugais a été vu errant dans un village près de la côte. Les habitants du village, après des heures de torture, révèlent un nom : Mishieru Durukeru.
En 1864, en Prusse, un marchand russe nommé Piotr Voradine, déclare avoir vu de la lumière en passant près d’un château abandonné dans la région de Tilsit. Les autorités vont enquêter sur la présence d’un vagabond dans le château en vue de l’en expulser. Ils sont accueillis par un homme qui dit être Michael von Druckheim, un voyageur qui ne restera pas longtemps et compte partir dès la fin de l’hiver. Les autorités n’ont que faire du froid, ils somment à l’intrus de déguerpir.
Et c’est ici que toutes ces années de recherches aboutissent. Toutes ces pistes, tous ces parchemins, ces sites archéologiques, ces exhumations de tablettes, ces batailles, ces conquêtes, tous ces noms, tout finit ici.
J’ai trouvé MI’HEL. Il vit toujours.
Il a été MI.HE.L-DU.RUK, puis MI’HEL-URUK chez les sumériens, Miheh Duruher chez les cananéens, Mi.Keh Dur.Kr chez les égyptiens, Mikheyel ibn Drukr dans le monde arabe, Mikael Draugr chez les scandinaves, Miguel Drugario pour les espagnols, Mishieru Durukeru au japon, Michael von Druckheim chez les prussiens.
Aujourd’hui, j’ai retrouvé sa trace en France. Si c’est bien lui et j’en suis quasiment certain, il doit être âgé d’au moins 4133 ans. Je pense qu’après tant de temps passé sur les routes, à croiser le chemin des mortels, il s’est lassé de voyager. La société a évolué et il s’est sans doute dit que se cacher ne servait plus à rien. Il a même choisi le chemin inverse. Au lieu de se dissimuler, il a choisi de sortir du lot. D’être connu.
Il aurait pu être un policier héroïque, un ouvrier reconnu, mais il a opté pour une célébrité encore plus grande, une exposition plus importante. Sûrement pour compenser tous ces siècles passés dans l’ombre, il a choisi d’être visible aux yeux de tous, de toucher les gens directement au cœur de leur foyer. Par le biais de la télévision.
Un certain Michel Drucker débute comme commentateur sportif au début des années 60 mais va peu à peu se frayer un chemin dans l’audiovisuel français et dans le cœur des téléspectateurs. Il sera même à l’origine de plusieurs émissions cultes. Il est toujours à l’antenne aujourd’hui et maintenant que nous avons des preuves visuelles de son apparence, nous pouvons conclure qu’il est bien immortel. Il n’a absolument pas changé depuis son apparition dans les médias au début des années 60. Certes, MI’HEL-URUK qui se fait appeler Michel Drucker semble avoir quelque peu vieilli, mais ce ne sont que des artifices. À l’époque où la photographie n’existait pas, il était simple pour lui de passer inaperçu. Mais aujourd’hui, il semblerait suspect qu’au bout de tant d’années passées sous le feu des projecteurs, ses cheveux n’aient pas blanchis. Alors il se grime, pâlit volontairement son teint, porte des prothèses en silicone pour simuler l’apparition de rides sur son visage, porte des perruques grisâtres pour simuler un âge avancé alors que sous tous ces postiches, MI’HEL-URUK est le même que lorsqu’il a vaincu ce démon sumérien, il y a plus de 4000 ans.
J’ignore quelles sont les intentions de ce Michel Drucker. Malgré toutes les découvertes que j’ai pu faire sur son passé, ses desseins me sont inconnus. Il est devenu un être supérieur et qui sait ce qu’un homme doté d’une telle puissance, de telles connaissances sur notre monde acquises pendant des millénaires, peut penser en son fort intérieur ? Peut-être nous trouve-t-il répugnants ? Nous ne sommes que des mortels qui nous vautrons volontiers dans la guerre et la fange à la moindre occasion alors que lui, Michel Drucker, le vainqueur des démons d’Uruk, met en échec la mort elle-même
Je garde un oeil sur lui et maintenant que vous êtes au courant de qui ce Michel Drucker est réellement, j’espère que vous le ferez aussi. Il est fort probable qu’à la lumière de cet article, lorsqu’il sera publié, MI’HEL-URUK quitte son personnage de présentateur télé pour fuir, comme il l’a toujours fait à chaque fois qu’il a été découvert. Alors ne perdons pas sa trace et n’agissons pas seul. Gardez un œil sur lui, restez attentifs. Et faites attention à vous.
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Atepomaros qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Aévor et Kitsune qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Trinity et Neaoce qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.
Ah ouais, je m'y attendais pas... Probablement la trollpasta la plus travaillée que j'ai pu lire
RépondreSupprimerMdrrr bon avec la ressemblance des noms, on le voit un peu venir XD Pas mal, et avec le cadre historique et les références, cette trollpasta est effectivement très travaillée. En plus, elle est bien écrite. Chapeau !
RépondreSupprimerUn style tout à fait plaisant. Une petite dose d'humour et une fin relativement travaillée.
RépondreSupprimerC'est une belle histoire
A partir de Mikael Draugr je me suis demandé comment son nom aurait pu évoluer au fil des âges.
RépondreSupprimerEt j'ai compris quel genre de creepy c'était x)
Beau boulot
Je l'avais pas vu venir et j'ai ris ! Troll pasta creative et agreable a lire, on se prends au jeu de lire époque apres époque les différentes trouvailles pour en arriver à la chute humoristique
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