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mercredi 22 avril 2015

La ruse

D'après l'extrait d'un journal local:


Alicia, fille unique de la famille ******* a aujourd'hui trouvé le courage de témoigner. La jeune fille a été témoin du meurtre de sa cousine, puis victime d’une tentative d’enlèvement le 16 mai 2009.
 
 
Les deux dernières semaines précédant le drame, la famille ******* fut victime d’évènements pour le moins troublants, jusqu’à ce que tout semble s’arranger. En effet, le 4 mai 2009, débordé et exténué, le père d’Alicia part de chez lui tôt le matin pour une nouvelle journée de travail harassant. Mais lorsqu’il se retrouve dans l’allée de la maison familiale, il comprend rapidement qu’il passera réellement une mauvaise journée : sa voiture a disparu. À première vue, il ne réalise pas ce qui est en train de se produire. Il retourne chez lui et demande à sa femme où aurait-elle bien pu garer leur véhicule, mais elle est aussi surprise que lui. Ils se remémorent ensuite les évènements de la veille pour finalement accepter l’idée que leur voiture a bel et bien été volée.  
   
Le mari n’attend pas plus longtemps pour contacter la police et signale le vol mais, au fil des recherches, aucune trace n’a été trouvée.
   
« Ils étaient comme deux enfants devant leurs cadeaux de Noël »  
   
Quelques jours plus tard, alors que la famille s’apprêtait à rejoindre les grands-parents d’Alicia, une étrange surprise les attendait dans leur allée : leur voiture se trouvait exactement à l’endroit où elle aurait toujours dû être. Lavée, lustrée et en parfait état, elle était comme neuve. Pendant un moment, osant à peine s’en approcher, ils se tinrent à distance. C’est alors que leur petite fille remarqua une enveloppe disposée sur le pare-brise. Dans celle-ci se trouvait une lettre anonyme dans laquelle étaient inscrites les excuses du cambrioleur. Il avoua son acte en expliquant qu’il ne voulait en aucun cas effrayer cette petite famille, que ce n’était pas ses intentions. En guise d’excuse, l’auteur de la lettre avait laissé deux places onéreuses pour un concert à guichet fermé. Convaincu, le couple est enchanté même s’il se demande qui est le mystérieux voleur.
Nous sommes le samedi 16 mai 2009. Malgré l’enquête qui est toujours en cours, ils n'ont pas la moindre idée de qui a pu emprunter leur voiture. Mais ils sont ravis que la personne ait été suffisamment honnête pour leur offrir des places de concert aussi coûteuses. Ils prennent la voiture et se mettent donc en route pour une soirée mémorable en amoureux.
   


   
Ce soir-là, vous étiez âgée de cinq ans. Votre cousine avait libéré sa soirée afin de ne pas vous laisser seul à la maison. Pouvez-vous me raconter ce début de soirée ?  
   
Bien sûr. Il devait être aux alentours de 19h. Je me souviens que ma mère m’avait dit qu’ils devaient partir tôt dans la soirée pour rejoindre la ville où avait eu lieu le concert. Ils étaient excités et stressés à la fois. J’étais assez triste qu’ils ne m’aient pas amenée avec eux d’ailleurs. Mais Christelle (sa cousine) faisait tout son possible pour que je ne passe pas la soirée à bouder dans ma chambre. C’est marrant, mais je voyais ça comme une trahison. Christelle avait commandé une pizza que nous avions mangée devant un film auquel je ne comprenais absolument rien.  
   
   
Votre mère a ensuite appelé Christelle pour prendre de vos nouvelles.  
   
Et j’en étais heureuse. Ils attendaient l’ouverture des portes. Il devait y avoir du monde près d’eux parce que j’entendais à peine ce qu’essayait de me dire ma mère. Mais, à sa voix, je pouvais comprendre que tout allait pour le mieux. Nous n’avons pas beaucoup parlé. Mais c’était suffisant pour me sentir mieux après.  
   
   
Que s’est-il passé ensuite ?  
   
Le film venait de se terminer. J’étais fatiguée et je ne voulais qu’une chose : dormir. Christelle m’a dit que mes parents ne reviendraient pas avant quelques heures et qu’il valait mieux pour moi de ne pas les attendre. Elle m’a raccompagnée dans ma chambre avant de retourner dans le salon.

Dans la nuit, Christelle m’a réveillé en m’emmenant avec elle dans mon placard. Je ne comprenais pas. Je pensais qu’elle voulait que je me cache pour surprendre mes parents qui venaient de rentrer. Elle me disait de ne pas faire de bruit. J’étouffais mon fou-rire avec mes mains, mais ma cousine semblait effrayée. Tout à coup, elle m'a serrée fort dans ses bras en me chuchotant qu’il ne fallait pas que j’aie peur et que la police n’allait plus tarder. C’est alors que je me suis mise à trembler, à pleurer. Je voulais revoir ma mère. J’entendais ce bruit… Cette balle de ping-pong rebondir régulièrement sur le sol. J’étais en plein cauchemar. Au bout de quelques minutes, la porte de ma chambre s’était ouverte. Ce bruit régulier était si fort, tellement fort que j’avais l’impression qu’il résonnait partout dans la maison. Il se tenait dos au placard. Il tenait fermement cette balle.   
   
Tout s'est  passé tellement vite, comme si j’avais perdu connaissance le temps de deux, trois secondes. Tout ce que j'ai retenu, c'est que l'homme a ouvert brusquement le placard et attrapé ma cousine. J’avais l’impression qu’elle venait de disparaître sous mes yeux. Je hurlais, je pleurais. J’appelais au secours mais les cris de Christelle recouvraient ma voix…  


Avez-vous eu le temps de voir son visage ?   
   
Non. Je vous l’ai dit. Tout s'est passé trop vite. La seule chose dont je suis certaine, c’est qu’il portait un pull à capuche noir et des gants noirs. J’avais si peur… Ce type agissait seul, agit seul. Quand j'ai arrêté d'entendre ma cousine, je n’ai pas pu m’empêcher de me recroqueviller à l’intérieur de l’armoire. J’étais tellement effrayée. Je bouchais mes oreilles avec mes mains tremblantes. Mais je pouvais à nouveau entendre cette balle rebondir dans ma chambre. Ma seule réaction a été de lui supplier de me laisser tranquille avant que mon papa n’arrive. À travers la porte, je pouvais difficilement remarquer qu’il s’était assis sur mon lit en fixant l’armoire.
   
   
C’est alors qu’il a engagé une conversation, n’est-ce pas ?  
   
Oui. « Je ne te ferai aucun mal, tu n’as rien à craindre. Juré, craché ! », c’est ce qu’il m’a fait savoir. Il était calme. Juste après, il s’était levé pour ensuite s’accroupir face au placard sans pour autant chercher à me sortir de là. Tout ce qu’il voulait, c’était me rassurer. Il disait que ça ne devait pas se passer comme ça, qu’une personne de trop était encore dans la maison ce soir-là. Après, il m'a fait comprendre que ma cousine nous attendait dans la voiture.   


Vous êtes finalement sortie du placard au bout d'un moment.  
   
Il avait réussi à me faire sortir juste grâce à ses belles paroles. J’étais inconsciente et naïve. Il semblait si gentil. Il n’avait rien du monstre qu’il était réellement. Il disait connaître mes parents. Il savait même qu’ils étaient partis assister au concert des *****. J’aurais dû me douter qu’il était l’homme ayant volé la voiture de mes parents. Mais je devais, sans doute, être trop jeune pour faire le lien. Il m'a ensuite proposé de l’accompagner pour les rejoindre.

Nous sommes montés dans la voiture de ma cousine. Inquiète, je lui ai demandé où elle était. Il m'a répondu qu’elle faisait une sieste dans le coffre car la route risquait d’être longue, avant de me conseiller de faire pareil. C’est alors que j’ai commencé à ressentir une sorte de mauvaise intuition. Je n’étais plus très rassurée, et il l’avait remarqué. Lorsque nous sommes sortis du quartier, deux patrouilles de police se dirigeaient vers notre ancienne maison. Mes larmes ont commencé à couler. Je lui ai supplié de me laisser rentrer chez moi.
   
   
Et c’est la sonnerie du téléphone de Christelle qui vous a en quelque sorte permis de sortir.  
   
Elle sonnait, mais Christelle ne répondait pas. C’est alors que j’ai réalisé ce qui était en train de m’arriver. L’angoisse me provoquait un mal insupportable au niveau de la poitrine. J’ai détaché ma ceinture et je me suis penchée vers le coffre en découvrant le corps inanimé de ma cousine. C’était horrible. À ce moment, j'ai réussi à prendre le portable et décrocher. C’était ma mère. Mon ravisseur a ensuite freiné brusquement, ce qui m’a fait perdre l’équilibre. Mon épaule me faisait horriblement mal. Je suis sortie de la voiture en courant vers la maison la plus proche. Il me suivait sereinement, sans courir, et faisait à nouveau rebondir sa balle de ping-pong. Je hurlais au secours. Je le percevais à présent comme un cauchemar devenu réel.   
   
   
La famille ******** n’a pas hésité à vous accueillir chez eux avant de contacter les autorités. Que s’est-il passé par la suite ?  
   
Je n’ai pas vraiment eu besoin d’expliquer ce qui m’arrivait pour qu’ils comprennent que la situation était grave. Le mari de la vieille dame s’empressait de verrouiller toutes les portes et fenêtres de la maison tandis qu’elle contactait la police. Nous l’entendions balancer sa balle sur la porte d’entrée, jusqu’à que les sirènes retentissent.

Ils n’ont pas réussi à localiser l’homme qui a assassiné ma cousine et tenté de me kidnapper. Tout ce qu’ils ont pu découvrir, c’est que je venais d'échapper à ce qu’ils appellent un trafic d’êtres humains. Nous ne sommes pas la première famille à avoir eu affaire à ce type de méthode. Certaines sont plus violentes, d’autres non.
   
Dans ma chambre, l’homme avait laissé un message à mes parents. « Tout ce qui brille n’est pas or ». Au fil des années, ce drame s’est inscrit dans ma mémoire comme une leçon de vie, comme une sorte d’avertissement.
   
   
   
   
À ce jour, nous comptons plus d’une cinquantaine de personne ayant été victimes de cette méthode. Personne ne sait s’il s’agit d’une seule et même personne se chargeant d’apporter à travers le pays de telles « marchandises », ou d'un réseau organisé. Ce phénomène s’est développé à nouveau depuis le début des années 1990, et cela sur tous les continents. Il consiste à réduire des individus à l’état d’esclaves allant jusqu’à la prostitution afin d’en tirer un profit financier.

   

Plusieurs techniques sont utilisées par les trafiquants : corruption, violence, tromperie, kidnapping, chantage, torture psychologique et physique etc.  



20 commentaires:

  1. Sympa, j'aime le style ...

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  2. bah même qu'une fois moi j'ai pris la kalash ô avec le lance 45 et vous vous êtes chier dans la culotte

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  3. «Tout ce qui brille n'est pas or.» C'est du Tolkien, ça. Dans l'Univers de John Ronald Reuel Tolkien, Bilbo Baggins aurait écrit un poème pour Elessar, ou comme il l'appelait; «son ami dùnadan.».

    Sinon bonne nouvelle, assez intéressante la forme d'interview en questions-réponses.

    Cordialement,
    Brundror.

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    1. Plus vieux encore ...
      Proverbe du XVIIème siècle traduit du latin médiéval et qui viendrait du roman de renard dans le but de dénoncer la vanité des apparences. Elle existait auparavant sous la forme « tout ce qui reluit n’est pas or », puis le verbe reluire se transforma en briller pour suivre l’apanage des ménagères. Elle tendrait à expliquer le fait qu’il ne faut pas juger seulement sur les attraits d’une personne.

      Mais chouette pasta qui nous rappelle les horreurs belles et bien réelles !

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    2. Non pas, l'ami : dans le SdA, nous avons "tout ce qui est or ne brille pas", ce qui fait référence à la grande valeur d'Aragorn malgré son aspect de rôdeur, alors qu'ici, "tout ce qui brille n'est pas de l'or" explique que les places de concert attirantes sont en fait bien moins appréciables que ce que l'on croît.

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    3. Non plutôt qu'il ne faut pas croire n'importe qui même si il est mielleux

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  4. '’il portait un pull à capuche noir et des gants noirs" cela m'as instinctivement fait penser à "-A" dans Pretty Little Liars (pour les fans vous connaissez surement)
    super creepypasta j'ai adoré!

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    1. Mdrr j'y avais pas pensé mais ouais

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  5. J'ai trop adoré ! ** J'étais à fond dedans ! J'aime ce genre de Pasta, même si je préfère celles avec des créatures en tout genre ^-^

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  6. Bonne pasta, je l'ai trouvée bien rythmée.

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  7. Ouais c'est sympa.
    Mais en tant que bonne chieuse je dirais que ce n'est pas une pasta. C'est juste un fait lambda inventé. On en retrouve du genre dans la presse, ou documentaires.- Ça peut faire peur mais y a rien de creepy.
    Mais ça reste un très bon texte bien rythmé et intéressant à lire.

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  8. XD on dirait les interview/documentaire de 7 a 8 sur tf1 !!!
    Mais sinon c'est pas mal !

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  9. Ce qui me perturbe le plus, c'est qu'en faisant des recherches, j'ai appris que cette greffe aura vraiment lieu :'c

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    1. Tu te n'aurai pas confondue avec la pasta du haut? :')

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  10. J'aime bien. Et je suis tout à fait conscient(e) que ça a déjà pu s'être réellement passée. ^^

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  11. Mmmmh...j'aime bien ca donne des idée...

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