Si vous vous baladez au hasard, la nuit, dans les rues peu fréquentées de Shinjuku, à Tokyo, il vous sera peut-être encore possible, à l'écart des love hôtels et des salons de massage, de tomber sur une étrange boutique. Une simple bâche plastifiée, semblable à un rideau de douche, en masquera l'entrée. À l'intérieur, vous trouverez des milliers de DVD entassés partout, sans ordre, le long des murs ou en tas au milieu de la pièce. La plupart sont des films X, ou de vieilles séries B d'occasion. Par une porte entrouverte, vous aurez peut-être la chance d’apercevoir, dans les toilettes, accrochée près du miroir, la mignonne photo d'un bébé singe tout noir et tout fripé, les yeux fermés, tétant un sein de femme. Sous la photo, quelqu'un aura gribouillé à la craie un simple mot : « ブラインド ».
Une très vieille femme tiendra le comptoir. Si vous ne lui parlez pas japonais, elle ne vous répondra pas. Si vous parlez japonais, vous pourrez lui demander à voir les VHS. Elle niera d'abord avoir la moindre cassette dans son magasin. Vous devrez insister et probablement lui faire don de quelques yens. Elle vous conduira alors dans l'arrière-boutique. Ici, à même le sol, seront alignées une petite vingtaine de VHS noires, sans coffrets. Aucune inscription, si ce n'est, écrits au feutre blanc, en lettres latines, quelques codes mystérieux tels que MASD-002, KT-606, MKDD-04 ou LPS-008.
Si vous payez quelques yens de plus, elle vous laissera seul dans l'arrière-boutique, avec une vieille télévision et un magnétoscope. Vous pourrez alors regarder les films. Vous découvrirez ce que peu de spectateurs ont vu : des femmes et des hommes torturés avec des clous ou des aiguilles, des bouches cousues, des seins mutilés, de jeunes personnes forcées d'ingurgiter des insectes, de se rouler dans du sang d'animaux, d'avoir des relations sexuelles avec toutes sortes de créatures, ou d'étaler sur leur peau leurs propres excréments...
Quand vous serez lassé, si vous en voulez plus, demandez à voir la seconde collection de VHS. À nouveau la boutiquière niera, à nouveau vous en aurez pour votre poche. Elle vous conduira alors, par un petit escalier, à la première cave. Ici, le bâtiment semblera abandonné. Les couloirs seront sombres, obstrués de plâtre et de morceaux de faïence brisée. Si vous abandonnez quelques instants votre guide pour faire un petit tour du lieu, vous découvrirez une porte close, sur laquelle on a tagué un grand singe noir aux yeux semblables à deux trous blancs. Des moisissures auront couvert le sol aux pieds de l'animal. Quelqu'un aura tracé cinq lettres, avec son doigt, au milieu des champignons humides : « ブラインド ».
Rejoignez la vieille boutiquière. Elle vous attendra près d'une autre porte, celle-là complètement rouge. L'odeur sera insupportable. Vous n'aurez d'autre choix que de vous asseoir à même le sol, devant une télévision encore plus antique que la première. Des coulures et des tâches couvriront en partie l'écran. Un vestiaire vous attendra dans le coin le plus sombre de la pièce. La femme vous donnera une petite clé et une serviette, puis vous laissera seul.
Ouvrez le vestiaire. À l'intérieur, vous trouverez un grand sac et six cassettes, vierges de toute inscription. Le sac bougera, comme s'il grouillait de choses vivantes. N'ayez pas la malheureuse curiosité de l'ouvrir. Vous pourrez mettre une cassette dans le magnétoscope. Elles ne montreront rien d'autre que la mort et la putréfaction. Vous n'aurez jamais connu la mort avant d'avoir vu ces films. Ne vous avisez pas de voler l'une des VHS.
Quand vous aurez terminé, sortez. La femme vous attendra derrière la porte. Rendez-lui la clé. Elle vous pressera de partir. N'en faites rien. Demandez à voir le film. Elle vous demandera lequel. Répondez simplement « le film ». Elle n'aura pas l'air surprise, et ne demandera pas d'argent. En fait, elle ne vous dira rien. Elle vous tournera le dos, et s'enfoncera dans des couloirs abandonnés. Suivez-la. Elle vous mènera à une trappe, dissimulée sous un tas de cartons, à proximité du graffiti de singe. Vous descendrez par une longue échelle. Vous descendrez jusqu’à la seconde cave.
En bas, tout sera rouge. Une pièce ronde et vide. Au centre, le sol sera percé d'une plaque d'égout. Un verrou en interdira l'accès. Une télévision vous attendra, une télévision des premiers modèles, une télévision préhistorique, délabrée, à l'écran fissuré et couvert d'une épaisse couche de poussière et de graisse. Il n'y aura plus ni cassette, ni magnétoscope. Juste la télévision. L'écran s'illuminera soudainement. De la neige apparaîtra. Vous entendrez des gloussements, des cris rauques, des grognements de bêtes. Puis vous verrez les premières images du film. Un souterrain noir. Une femme. Un monstre. Un monstre noir, énorme. Un monstre aux yeux blancs. Fermez les yeux. Mettez vos mains devant vos paupières. Ne regardez pas. Malgré tout ce que vous aurez déjà vu, ne regardez pas. Vous entendrez des choses horribles. N'ouvrez pas les yeux. Ne baissez pas vos mains. Le film se terminera sur un sifflement strident.
Alors, vous pourrez enfin ouvrir les yeux. Sur l'écran, il y aura cinq caractères. Et leur reflet dans la plaque d'égout, au centre de la pièce, formera le mot « ブラインド ».
Et les gloussements ne cesseront pas. Ils ne viendront plus de la télévision. Ils viendront d'en-dessous.
La télévision s’éteindra. Tapez contre les barreaux de l'échelle. La femme ouvrira la trappe au dessus de vous. Ne lui demandez plus de voir le film. Demandez lui de vous montrer la réalité. Vous n'aurez pas besoin d'insister. Elle vous jettera une clé et refermera la trappe. Prenez la clé et dirigez-vous vers la plaque d'égout. Mettez la clé dans la serrure et ouvrez le verrou. Devant vous, il n'y aura plus qu'un puits noir. Il n'y aura rien que l'obscurité. L'obscurité et les gloussements de ブラインド.
Une bonne creepypasta "à l'ancienne" comme je les aime, pas vous ?
Je trouve que cette pasta a du bon et du moins bon.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le style et le moyen de transmission, le fait que l'auteur s'adresse personnellement au lecteur. L'aspect "tutoriel" me plaît aussi, ça rajoute un côté réaliste.
Par contre, je trouve que l'histoire manque "d'unité" et de "logique". Ca a beau être une histoire d'horreur, le but d'une pasta, c'est qu'on y croie un minimum... Or, là, on a un singe aveugle, le mot aveugle écrit en caractères japonais (merci Google Trad), des VHS de snuff movies (entre autres), une vieille dame, une histoire de monstre... Les éléments pris individuellement sont intéressants, mais les fourrer tous ensemble comme ça, ça fait un peu "brouillon"...
Quel rapport entre le singe et les VHS ?
Quel rapport entre le singe et la "réalité" ?
Pourquoi faut-il fermer les yeux devant le film après toutes les horreurs que contenaient les VHS ?
Pourquoi (et comment, surtout) le singe glousse-t-il ?!!!
D'ailleurs, j'aurais bien aimé voir une dimension culturelle dans la pasta. Pourquoi l'action se déroule-t-elle au Japon, si au final ça n'a pas vraiment d'influence sur l'histoire ?
Il y a une bonne dose de mystère, certes, mais on en ressort avec plein de questions et une impression de pas-fini. Du coup, on se dit que le mystère, c'est juste parce que l'auteur a eu la flemme x) C'est vraiment dommage, parce qu'il y avait de l'idée et de bons éléments !
Pourquoi faut-il fermer les yeux devant le film après toutes les horreurs que contenaient les VHS ?
Supprimerpour rappel tu viens de les voir, tu n'as pas eu le Temp de t'en remettre et surtout si les autres était déjà horrible c'elle là est encore pire
Ouais mais quitte à être là et à entendre, autant regarder haha
SupprimerLe truc c'est qu'on préfère tous se nourrir d'histoires sordides et de films gores pour se donner des sensations alors que si nous regardions la réalité, nous verrions exactement les mêmes atrocités, mais en encore plus sinistre, car justement c'est la réalité
SupprimerLe singe, c'est notre projection, un monstre aveugle (buraindo). À ses semblables, à leurs souffrances, à ses propres horreurs. Notre réalité, c'est la noirceur de notre propre condition, d'où la fin.
Du moins, c'est ce que j'en ai compris.
Quant au Japon, c'est pour l'ambiance je trouve. Les rues tapageuses et animées qui peuvent donner lieu à une petite boutique sombre, presque oubliée, remplie des VHS WTF donc eux seuls ont le secret, c'est l'endroit par excellence.
OMG, théorie tellement intéressante, j'adore.
SupprimerTrès bonne pasta !
RépondreSupprimerNeanmoins je suis d'accord avec le premier commentaire il manque effectivement un lien entre tout les éléments de l'histoire qui nous aiderait à mieux cerner le mystère principal
Peux être que la femme qui tient la boutique est la même femme que sur la photo,celle du sein et que la créature/singe et sa progéniture !?
RépondreSupprimerWTF je vais chercher trop loin XD
J'ai relus 3 fois et pourtant je n'ai toujours pas compris :(
RépondreSupprimerブラインド semble signifier "aveugle"...
RépondreSupprimerje confirme, "buraindo"-> "blind"
SupprimerCette pasta est très sympa, c'est juste dommage le coté gore gratuit et inutile.
RépondreSupprimerJ'adore le style d'écriture, mais on se perd dans l'histoire, je ne vois pas très bien quel est le but de tout cela...
RépondreSupprimerJe suis d'accord, c'est très agréable à lire, l'ambiance est excellente, glauque.. mais je suis sur ma faim..
SupprimerC'était tellement incohérent et invraisemblable que je pensais venir une trollpasta avec la dernière VHS contenait des images de TPMP avec les gloussements d'Hanouna et que le japonais était le phonétique pour CY RIL HA NOU NA
RépondreSupprimerHahahaha ça aurait été génial xD
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