Extrait d'un compte rendu de l'interrogatoire d'un agent de police
Madame Singletear n’était pas de ces vieilles femmes qui attendaient sagement la mort, elle ne regardait donc pas la télévision et ne tricotait aucun pull désuet pour d’éventuels petits-enfants. En effet, Anna Singletear, elle, considérait la vie comme une bénédiction et, était bien décidée à profiter au maximum de chaque seconde restante jusqu’à sa mort. En fait, malgré ses huit décennies, elle demeurait bien plus active que tous les adolescents du village qui restaient cloitrés chez eux. Généreuse, altruiste ou courageuse, ce sont ce genre de qualificatifs qu’on citait pour décrire Madame Singletear.
Dans les petits villages où tout le monde se connaît, il est très courant que l’officier de police donne son numéro personnel aux habitants. En cas de besoin, ils peuvent me contacter sans problème. Alors, lorsqu’elle m’a appelé en larmes pour que je vienne chez elle rapidement, je n’ai pas hésité un instant.
Lorsque j’ai enfin rejoint sa vieille bâtisse, c’est une Madame Singletear méconnaissable qui m’a accueilli. Elle était, en effet, complètement paniquée, pleurait abondamment et était devenue anormalement pâle, elle qui avait le teint si mat.
On s’est assis autour d’une bonne tisane et elle m’a tout expliqué. Que depuis plusieurs jours, une étrange silhouette noire l’épiait à travers les fenêtres, et cela pendant des heures. Cette silhouette, elle pouvait parfaitement me la décrire : une ombre distordue qui pouvait mesurer jusqu’à plusieurs mètres, de ce qu’elle me disait, la chose adapterait sa taille pour pouvoir l’espionner où qu’elle soit, que ce soit dans sa chambre à l’étage ou dans le salon au rez-de-chaussée. La pauvre femme, terrorisée, n’osait même plus toucher à ses volets.
Naturellement, j’ai sorti ma lampe torche et j’ai fait mine de vérifier les alentours de la maison. J’ai, de ce fait, ignoré l’immense silhouette noire qui longeait le mur. Encore une autre.
J’ai évidemment feinté n’avoir rien trouvé, laissant Madame Singletear perplexe, mais un peu rassurée.
Vous savez, au début je pensais que les vieux avaient besoin d’un peu de compagnie, qu’ils inventaient des histoires pour que je boive du thé avec eux l’espace de quelques minutes. Puis je les ai vues moi aussi, ces ombres, ça ne sert à rien de les combattre, vous le savez mieux que moi. Au début ça vous ronge, vous faites croire à une vieille dame qu’elle hallucine, qu’elle disjoncte, que c’est la solitude qui la rend folle et vous culpabilisez. Mais, au fond de moi, je sais que j’ai fait les bons choix. C’est toujours pire quand ils apprennent la vérité, toujours plus brutal, plus violent. Et puis, les ombres me connaissent maintenant, c’est l’avantage.
J’ai continué de rendre visite à Madame Singletear tous les soirs, et tous les soirs c’était le même rituel que la veille, je faisais semblant de ne pas la voir, je rassurais la femme apeurée puis je repartais la gorge nouée.
Et puis, un soir, Madame Singletear m’a ouvert avec un grand sourire. Il était si malsain que j’en frissonne encore, pour tout vous dire. À partir de ce moment-là, j’ai su que la vieille dame que j’avais connue n’était plus de ce monde. Mais j’ai apprécié savoir qu’elle avait eu une mort assez douce, sans effusion de sang , un simple arrêt cardiaque. Je vous avais bien dit que c’était mieux pour tout le monde quand je n’agissais pas, pas vrai ?
J’ai enterré le corps dans le jardin, la nouvelle Madame Singletear m’épiant depuis la fenêtre du salon. Tout ça ne me fait plus rien honnêtement, j’ai tellement l’habitude maintenant.
Croyez-moi, personne ne peut faire la différence entre la véritable Anna Singletear et sa remplaçante, personne. Ses mouvements, sa démarche, ses tics de langage, tout a été copié à l’identique. Pour l’instant, les silhouettes s’attaquent aux personnes âgées, mais il viendra un moment où elles s’attaqueront à plus jeune. Je vous ai dit, on ne peut rien faire, tout est perdu.
Madame Singletear n’était pas de ces vieilles femmes qui attendaient sagement la mort, elle ne regardait donc pas la télévision et ne tricotait aucun pull désuet pour d’éventuels petits-enfants. En effet, Anna Singletear, elle, considérait la vie comme une bénédiction et, était bien décidée à profiter au maximum de chaque seconde restante jusqu’à sa mort. En fait, malgré ses huit décennies, elle demeurait bien plus active que tous les adolescents du village qui restaient cloitrés chez eux. Généreuse, altruiste ou courageuse, ce sont ce genre de qualificatifs qu’on citait pour décrire Madame Singletear.
Dans les petits villages où tout le monde se connaît, il est très courant que l’officier de police donne son numéro personnel aux habitants. En cas de besoin, ils peuvent me contacter sans problème. Alors, lorsqu’elle m’a appelé en larmes pour que je vienne chez elle rapidement, je n’ai pas hésité un instant.
Lorsque j’ai enfin rejoint sa vieille bâtisse, c’est une Madame Singletear méconnaissable qui m’a accueilli. Elle était, en effet, complètement paniquée, pleurait abondamment et était devenue anormalement pâle, elle qui avait le teint si mat.
On s’est assis autour d’une bonne tisane et elle m’a tout expliqué. Que depuis plusieurs jours, une étrange silhouette noire l’épiait à travers les fenêtres, et cela pendant des heures. Cette silhouette, elle pouvait parfaitement me la décrire : une ombre distordue qui pouvait mesurer jusqu’à plusieurs mètres, de ce qu’elle me disait, la chose adapterait sa taille pour pouvoir l’espionner où qu’elle soit, que ce soit dans sa chambre à l’étage ou dans le salon au rez-de-chaussée. La pauvre femme, terrorisée, n’osait même plus toucher à ses volets.
Naturellement, j’ai sorti ma lampe torche et j’ai fait mine de vérifier les alentours de la maison. J’ai, de ce fait, ignoré l’immense silhouette noire qui longeait le mur. Encore une autre.
J’ai évidemment feinté n’avoir rien trouvé, laissant Madame Singletear perplexe, mais un peu rassurée.
Vous savez, au début je pensais que les vieux avaient besoin d’un peu de compagnie, qu’ils inventaient des histoires pour que je boive du thé avec eux l’espace de quelques minutes. Puis je les ai vues moi aussi, ces ombres, ça ne sert à rien de les combattre, vous le savez mieux que moi. Au début ça vous ronge, vous faites croire à une vieille dame qu’elle hallucine, qu’elle disjoncte, que c’est la solitude qui la rend folle et vous culpabilisez. Mais, au fond de moi, je sais que j’ai fait les bons choix. C’est toujours pire quand ils apprennent la vérité, toujours plus brutal, plus violent. Et puis, les ombres me connaissent maintenant, c’est l’avantage.
J’ai continué de rendre visite à Madame Singletear tous les soirs, et tous les soirs c’était le même rituel que la veille, je faisais semblant de ne pas la voir, je rassurais la femme apeurée puis je repartais la gorge nouée.
Et puis, un soir, Madame Singletear m’a ouvert avec un grand sourire. Il était si malsain que j’en frissonne encore, pour tout vous dire. À partir de ce moment-là, j’ai su que la vieille dame que j’avais connue n’était plus de ce monde. Mais j’ai apprécié savoir qu’elle avait eu une mort assez douce, sans effusion de sang , un simple arrêt cardiaque. Je vous avais bien dit que c’était mieux pour tout le monde quand je n’agissais pas, pas vrai ?
J’ai enterré le corps dans le jardin, la nouvelle Madame Singletear m’épiant depuis la fenêtre du salon. Tout ça ne me fait plus rien honnêtement, j’ai tellement l’habitude maintenant.
Croyez-moi, personne ne peut faire la différence entre la véritable Anna Singletear et sa remplaçante, personne. Ses mouvements, sa démarche, ses tics de langage, tout a été copié à l’identique. Pour l’instant, les silhouettes s’attaquent aux personnes âgées, mais il viendra un moment où elles s’attaqueront à plus jeune. Je vous ai dit, on ne peut rien faire, tout est perdu.
Sympa.
RépondreSupprimerJaime beaucoup !
RépondreSupprimerOuin... non.. je veux pas que l'on me remplace à ma mort.. c'est pas nécessaire..
RépondreSupprimerCarglass enterre, Carglass remplace.
RépondreSupprimerBien trouver
Supprimer"Et si l'impact de vos plaies est plus petit qu'une pièce de deux euros, on vous remplace les tripailles, aucune facture à payer !"
SupprimerUne crepipasta intéressant surtout à 3 heures du matin avec ma grand-mère enfin si ses encore elle
RépondreSupprimerHAHAHA
SupprimerCourte mais efficace, très sympathique à lire.
RépondreSupprimerTrès sympa, ça change un peu ! Ce sont des démons, des extra-terrestres...? Qui sait !
RépondreSupprimerJ'ai adorée!!! Y a une nana qui la reprend et la lit sur sa chaîne youtube: Tales of Ivy!!! C'est aussi excellent que de la lire!!!
RépondreSupprimerI haven’t any word to appreciate this post
RépondreSupprimerArmored motorcycle Hoodie, Motorcycle Cargo Pants.