Bonjour, je poste aujourd'hui un
document que m'a envoyé un ami islandais travaillant dans une
petite librairie de Reykjavik. Selon lui, ce texte, écrit sur un parchemin, proviendrait d'un
très vieux livre datant du XIIIème siècle. Il lui aurait été vendu par un vieil homme venu dans la librairie, pour 7000
couronnes islandaises, soit environ 50 euros. Pour un aussi bel ouvrage,
c'était donné. Comme mon ami a à son actif une formation en scandinave
ancien (j'ai oublié le nom précis de la langue), il a pu le lire.
Il sait que j'aime beaucoup les documents creepys, et m'a
envoyé la traduction d'un extrait par mail. La voici.
[...]
Auber Auberson était petit-fils
d'Auber, qui obtint de son parent Peringskjold la concession du pays
compris entre Vestibygjd et Banquibygjd, et s'établit à Dniapstokk,
au Greenland. Il y jouissait d'une grande considération. Erik
Anquetil était le personnage le plus considérable du lieu et était
respecté de tous. Il eut deux fils, Folker et
Ditmar, et une fille, Solveig, qu'il maria à Auber Auberson.
Auber Auberson, en l'an de grâce
1055, décida de partir explorer les terres plus au nord du
Greenland, qui, disait-on, pouvaient renfermer d'intéressants secrets.
De plus, ces terres étaient dites arables, et seuls des Skrælings
les occupaient. Dans ce but, il emmena avec lui Folker Anquetil, fils
d'Erik Anquetil, et quelques foyers du village dont il avait la
charge. Ils embarquèrent en été, et naviguèrent plusieurs jours
en suivant la côte.Très vite, il réalisèrent que ce pays était montagneux et
couvert de forêts, quoique moins vert que le sud du Greenland. Ils
s'approchèrent des terres dès que Folker Anquetil, qui connaissait
bien ces contrées, affirma reconnaître les côtes des régions dont
on avait parlé à Auber Auberson. Après avoir accosté, ils
reconnurent l'embouchure d'une rivière et la remontèrent durant deux jours jusqu'au
pays décrit par Folker Anquetil. Dans celle-ci, ils trouvèrent des saumons en abondance, les
plus grands qu'ils eussent jamais vus. Le climat était devenu si
favorable qu'Auber Auberson se demanda s'il pouvait geler ici, et si
le gazon se flétrissait parfois. Ils débarquèrent sur une plage de
sable noir. Ayant remarqué de la rosée sur le tapis vert qui recouvrait le sol, ils la
goûtèrent, et la trouvèrent plus savoureuse que tout ce
qu'ils connaissaient.
Un soir, Burnouf Dodemanson ne
rentra pas avec ses compagnons. Auber Auberson en fut très affligé,
car il avait été élevé avec beaucoup de soins par ce dernier, qui était depuis très longtemps attaché à sa famille.
Il réprimanda durement ceux qui étaient revenus sans lui, et se mit avec
vingt hommes à sa recherche. Ils le trouvèrent à peu de distance
du camp et l'accueillirent avec de grandes
démonstrations de joie. Burnouf Dodemanson était un homme qui possédait un front étroit, des yeux fixes et des traits durs. Il était grand et maigre, mais
adroit dans toutes sortes de métiers. Auber
Auberson remarqua aussitôt que son père nourricier n'était pas
dans son état normal; il lui demanda d'où il venait et pourquoi il
s'était séparé de la bande. Burnouf Dodemanson tint quelques temps
des propos incohérents, mais finit par dire "Je puis vous
apprendre du nouveau, car j'ai trouvé du blé et de la vigne. -
Parlez-vous sérieusement ? demanda Auber Auberson. - Oui,
certainement, car du pays d'où je viens, les vignobles ne manquent
pas". Ils laissèrent passer la nuit, et le matin suivant Auber
Auberson dit à ses gens : "Nous avons maintenant deux choses à
faire alternativement : un jour nous vendangerons, l'autre nous
couperons des cèpes et abattrons des arbres pour en charger le
navire." Ils firent ainsi. On rapporte que leur grande chaloupe
était remplie de raisins, et le vaisseau, de bois. Le froment y
croissait sans culture.
Ils rembarquèrent
à la fin du printemps. Un des hommes de l'équipage fit remarquer un
élément étrange : des hommes se tenaient sur un rocher, non loin
du navire. Ses compagnons dirent qu'il n'y avait là rien
d'extraordinaire. Il s'agissait sûrement de Skrælings. Mais leur
chef décida d'aller à leur rencontre. Ils débarquèrent de
nouveau. Folker Anquetil fut étonné de voir que ces hommes ne
ressemblaient pas à des Skrælings : ils étaient de constitution
robuste, et paraissaient bien nourris. En outre, ils étaient vêtus
de longues robes d’un bleu sombre. Quand Auber Auberson
leur demanda qui ils étaient, d'où ils venaient, ils ne répondirent
pas. Ils se contentèrent de partir vers l'intérieur des terres.
Auber Auberson prit douze hommes avec lui pour les suivre, dont
Folker Anquetil. Ils ne tardèrent pas à arriver à un village de
taille importante, avec des maisons aux murs de terre et, chose
étonnante, aux toits de fer. Des villageois erraient, apparemment
sans but, l'air hagard. De temps en temps, certains partaient
cueillir des fruits sur des arbres qui semblaient pousser seuls, sans
intervention humaine. Il n'y avait aucun enfant. Auber Auberson, qui
avait vu plus de cent contrées, n'avait jamais vu cela. Supposant
qu'il s'agissait d'un peuple de simplets, il demanda à ces personnes
d'où venaient ces richesses. Les étranges villageois prononcèrent
alors un mot : "Quvdlugiarsuaq", et l'amenèrent ensuite
devant un gigantesque trou dont le fond se perdait dans l'obscurité,
au centre du village. Ils faisait la longueur de cinq langskips mis
bout à bout.
Auber Auberson
décida de descendre dans ce trou, espérant y
trouver la source de ces richesses, et si possible, la ramener à son
village. Il laissa Folker et cinq hommes dans le village autochtone
pour assurer leur sécurité. La descente, par une rampe qui plongeait dans la caverne, dura plusieurs heures. Des maux de tête frappèrent
les compagnons d'Auber Auberson, mais ce dernier resta de
marbre. Ils affirmaient qu'on parlait dans leur tête, qu'on leur
disait de vivre, de ne pas penser au lendemain, on leur promettait
une vie éternelle, un bonheur entier et permanent. Auber Auberson,
par l'effort de sa volonté et de sa dévotion à Dieu, n'entendait
rien. Les voix disaient de vivre pour le moment de la Grande Éclosion. Auber Auberson ne voulait rien entendre. Ils arrivèrent
finalement au fond. Là, dans les profondeurs de cet abîme, se tenait une abomination aux
yeux de Dieu : un ver géant d'au moins cinq langskips de long,
comme ceux décrits par les sacerdotes pour incarner le Diable aux
yeux de la populace. Lorsqu'Auber Auberson s'approcha de cette
Abomination, elle se réveilla. Un tentacule, aussi
long que celui d'un Kraken, jaillit de l'avant de la Créature et
s'empara des deux compagnons du pérégrin. Celui-ci se jeta sur
le membre, mais s'aperçut vite que sans l'intégralité de ses
frères d'armes, il n'avait aucune chance. Ivre de vengeance, il
remonta donc le tunnel sans réaction de la part de l'Abomination, et une fois à l'air libre, ordonna à Folker
Anquetil, fils d'Erik Anquetil, de partir chercher tous les guerriers
au bateau. Il s’apprêtait à détruire cette chose. Les
villageois se jetèrent alors sur eux. Tous les autochtones furent tués, et
leur village fut pillé. Mais Folker
Anquetil périt dans la bataille, tué par une flèche tiré par un
lâche. Les héros ne laissèrent pas un seul bâtiment intact derrière
eux, et repartirent vers le bateau au plus vite. Ils rembarquèrent
et rentrèrent à Filkenbygjd.
[...]
Extrait de la Saga d'Auber
le Noir.
Ça parle du Bord du Groenland et d'un gros trou etrange.
RépondreSupprimerÇa ressemble bien a la theorie de la Terre creuse (qui place un gros trou a cet endroit)
Mais sinon bonne pasta ^^
La Terre creuse, c'est plutôt l'Antarctique, me semble
SupprimerDapres la theorie ya une entrér en arctique et en antarctique
SupprimerLa creepypasta ne m'a pas effrayé, mais il faut reconnaître qu'elle est très bien écrite : on croirait que c'est un vrai texte viking.
RépondreSupprimerPareil, ça m'a pas forcément fait peur mais c'était bien écrit, avec un peu plus de développement, je pense que ça pourrait donner une nouvelle sympa, dans le style des «Montagnes hallucinées»
RépondreSupprimerTrès bonne pasta qui tient en haleine jusqu'à la fin, hate de lire la suite, s'il y en a une.
RépondreSupprimerPresque toute la pasta était super bien écrite, super bien imitée du vrai style des sagas. Mais le dernier paragraphe, un peu trop moderne dans son écriture et sa description de la chose, m'a un peu sorti de l'ambiance. En tout cas, super boulot !
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