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lundi 10 mai 2021

La Yaya


Temps de lecture : 4 minutes

La mort est longtemps restée un concept abstrait pour moi. Je veux dire plus longtemps que pour la moyenne des enfants. Pourtant, on a longuement tenté de me l’expliquer à l’occasion des quelques décès de proches qui ont parsemé ma jeunesse. A savoir, très peu. La première personne décédée dans mon entourage, c’était mon arrière-grand-mère. On l’appelait la Yaya.

Quand j’étais petit, j’allais fréquemment une semaine ou deux chez ma grand-mère, dans un petit village à la campagne, situé dans le Sud de la France. Famille espagnole de Catalogne. Mes cousines et cousins y étaient aussi souvent, nombreux. On se marrait. On se fâchait. On se poursuivait pour un rien dans le potager immense. On se racontait des histoires d’horreur dans le garage, lumières éteintes, près du tracteur, et on en faisait des cauchemars pendant des mois.
Mais ce qui nous foutait vraiment la trouille, c’était la Yaya.

C’était une vieille femme qui avait vécu toute sa vie en Catalogne, hébergée chez mes grands-parents après la mort de son mari car devenue incapable de s’occuper d’elle-même.
Elle était vieille. Très vieille. Quand j’avais cinq ans, elle en avait quatre-vingt-douze. À nos âges, on ne connaissait personne d’autre qui soit aussi vieux.
Elle avançait lentement. Très lentement. Pliée en deux. Son dos… Un angle droit. On entendait le bruit de ses pantoufles dans le couloir, toutes les deux ou trois secondes : chic… chac…
Et par-dessus tout, elle était méchante. Très méchante. Elle ne supportait pas nos jeux, nos rires. Elle ne supportait pas les enfants, quoi. Elle nous donnait de la canne. Elle ne parlait pas un mot de français mais rouspétait tout le temps contre nous. Elle était obsédée par le chat et reprochait quinze fois par jour à ma grand-mère de ne pas l’avoir nourri. Un début de démence qui n’allait pas s’arranger avec le temps. Jamais un sourire. Elle grognait, elle râlait, bavait. Ses yeux gonflaient, ses rides se creusaient, elle devenait rouge. Ça nous terrifiait.

Quand, en courant, on passait l’angle d’un couloir et qu’on tombait sur la Yaya sans s’y attendre, ça nous faisait comme un coup de couteau au cœur. De la voir là, devant nous, voûtée, cheveux épars, yeux exorbités, et cette sorte d’infection étrange au visage… Une tâche rosâtre qui lui avait envahi la moitié du nez, une partie de la joue et de l’œil droit, et qui contrastait avec la pâleur de sa peau. Au milieu de la tâche, sur le nez, une sorte de grosse croûte qui suintait sans arrêt. Ça doit avoir un nom en médecine, mais je ne l’ai jamais cherché. Quand on tombait sur elle, donc, paf, on se figeait sous le choc quelques secondes, et on repartait en courant plus vite avant qu’elle ne se mette à écumer milles injures incompréhensibles.
Des fois, l’un d’entre nous faisait semblant de l’avoir vue et criait : « C’est la Yaya ! C’est la Yaya ! ». Alors on détalait à toute allure en hurlant. Parfois, elle ne nous supportait tellement plus qu’elle se mettait à nous suivre. Pour nous faire quoi ? On n’osait pas imaginer. On se réfugiait où on pouvait. Dans une chambre ou dans un placard, en sueur, paniqués. On l’entendait arriver. Lentement. Au bruit de ses pantoufles qui traînaient sur le sol : chic… chac… chic… chac… On se retenait de crier de toutes nos forces quand elle s’arrêtait à quelques mètres de nous et restait là, immobile pendant plusieurs minutes, sans rien dire ni faire devant la porte fermée.

Mais il y avait une chose qui me terrifiait plus que tout. Quand mes cousins et cousines n’étaient pas là, et que je dormais seul dans mon lit, presque toutes les nuits, la Yaya se levait. Dans le silence et le noir denses de la nuit des campagnes, j’entendais le bruit de ses pantoufles qui frottaient le sol à chacun de ses pas. Chic… chac… Elle allait dans la cuisine. Toujours. Y faire je ne sais quoi. Après quelques bruits de tiroirs qu’on ouvre et ferme, elle repartait et je l’entendais s’approcher doucement de ma chambre. Le son de ses pas se faisait de plus en plus net à mesure qu’elle avançait. Dans ces moments, je tendais l’oreille autant que je me noyais de paroles intérieures pour ne rien entendre. Quand je n'y tenais plus, je m’enfouissais la tête sous la couette, dégoulinant de sueur. Ses pas s’approchaient, s’approchaient… chic… chac… Jusqu’à s’arrêter juste devant la porte. Puis plus un bruit. J’avais à chaque fois l’impression que mon cœur allait exploser. Après quelques minutes, elle retournait lentement à sa chambre.

La Yaya est morte à quatre-vingt-treize ans. On m’a donc expliqué qu’elle était partie. Qu’elle n’était plus là. Qu’on ne la reverrait plus jamais. Qu’elle était au cimetière, dans la tombe. Ce qu’on dit aux enfants quand on veut être honnête avec eux. Et si, pendant les années qui suivirent, je n’arrivais malgré tout pas bien à saisir ce que c’était que la mort, c’est qu’à chaque fois que je dormais chez ma grand-mère, j’entendais le bruit des pantoufles de la Yaya s’arrêter devant ma porte.

Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Criv, qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Dr.Lama et Atepomaros qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Magnosa et Litanie qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

10 commentaires:

  1. J'adore ! Déjà que la vieille devait être creepy (selon la description du protagoniste) de son vivant, alors je n'imagine même pas en fantôme. Quoique, elle devait être tellement creepy, même de son vivant, qu'en tant que fantôme, elle n'a pas du tout changé !

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    1. Y'a aussi la possibilité que ces bruits fantomatiques soient en fait des souvenirs encore très présents.

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    2. C'est exactement ce que je me suis demandé .

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  2. Ouff les frissons qui m'ont parcouru malgré le temps chaud confirme la peur que j'ai ressenti

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  3. "Un angle droit" pour parler du dos de l'arrière grand-mère 🤣

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