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lundi 24 mai 2021

Mizheeral


Temps de lecture : 7 minutes

Bonjour. Je n’ai pas l’habitude d’écrire sur internet, mes enfants et mon métier me prenant tous deux une bonne partie de mon temps libre habituellement. Cependant, j’ai récemment utilisé tous les jours de congé dont je disposais, ces mêmes jours de congé que j'accumule depuis des mois afin d’emmener ma femme aux tropiques.

Malheureusement, je n’écris pas depuis les tropiques.

Afin de comprendre pourquoi je vous écris aujourd’hui et pourquoi je me sers de mes congés durement épargnés, il faut que je vous parle de mon père.
Il m’a eu 9 mois après son mariage avec ma mère, il était alors âgé de 27 ans, et elle de 22. Ils ont vécu une belle vie dans le contexte des trente glorieuses, menant une vie de bohème, vivant de leur labeur d’une ville à l’autre, résidant chez des amis, dans des campings, chez l’habitant. Mer, montagnes et campagne, le cadre de leur existence se renouvelait sans cesse.
Petit détail sur lequel je reviendrai et que je tenais à souligner, ils s’adonnaient parfois au spiritisme, mais laissons cela de côté pour le moment.

Les trente glorieuses se sont arrêtées net pour mon père, en même temps que ma naissance, en même temps que le décès de ma mère, morte en couche.

Il a alors emménagé dans un logement social pour s’occuper de moi. Miné par le chagrin de sa vie personnelle, il s’est muré dans le silence, finissant par se couper de toute relation, amicale comme familiale.
Je suis parti de chez lui à mes 18 ans, fuyant l’ambiance austère de mon foyer. La suite je vous l’ai déjà racontée, j’ai trouvé un travail et ai fondé une famille.

Il y a 6 ans, j’ai reçu un coup de fil d’un numéro que je ne connaissais pas, il s’est avéré qu’il s’agissait des urgences de ma ville natale. Le message laissé sur mon répondeur m’informait que mon père venait d’être hospitalisé en urgence.

Je me suis rendu à son chevet, avec ma famille, et j’ai eu du mal à le reconnaître : amaigri, pâle, négligé, une balafre à l’arcade.
J’ai essayé de discuter avec lui afin de comprendre ce qui lui était arrivé, mais tout ce que je tirais de nos discussions était des phrases insensées, où le passé se confondait avec le présent. Mon père me demandait par exemple de laisser la porte de la chambre entrouverte pour que notre chat puisse passer, l'animal étant mort quand j’avais 8 ans.

Ce sont les médecins qui m’ont informé des circonstances dans lesquelles il avait été transporté à l’hôpital. Le facteur, qui avait constaté que le courrier n’était plus ramassé et que personne n’ouvrait la porte quand il sonnait, avait décidé d’appeler les pompiers dans le doute, doute qui avait sauvé la vie de mon père. Les pompiers l’avaient retrouvé dans sa baignoire, déshydraté, à moitié mort de froid et la tête dans une mare de sang coagulé. Il avait simplement glissé lors de sa douche.

Vu sa confusion, les médecins ont décidé de faire des examens approfondis, scanner et IRM afin de s’assurer de l’absence de lésion cérébrale, et voilà ce que l’imagerie a donné :

 
À gauche un cerveau sain, à droite celui de mon père.

Les médecins n’ont détecté aucune lésion due au choc, cependant pas besoin d’avoir fait médecine pour interpréter l’imagerie, mon père se faisait littéralement bouffer le cerveau par quelque chose.
Les médecins m’ont dit son nom, Alzheimer. À un stade déjà bien avancé.

J’ai aménagé mon agenda afin de dégager le plus de temps possible pour lui, pour l’accompagner dans sa fin de vie.

Je venais le voir le mercredi et le week-end, je prenais le temps de lui parler, de retrouver des objets qu’il avait perdus ou de lui expliquer que non, il n’avait pas à nourrir le chat.

J’ai renoué les liens avec mon père, je l’ai fait parler de son passé autant que possible, c’est comme ça que j’ai découvert ses années de bohème que vous connaissez, j’avais toujours pensé qu’il avait vécu en appartement avant ça.
J’ai commandé des mots-croisés et des jeux de mémoire que le facteur devait lui remettre en main propre chaque jour de la semaine.

Au fil du temps les capacités de mon père sont allées en diminuant, je devais écrire les règles de certains jeux de mémoire qu’il n’arrivait pas à retenir. Un jour, il a tout simplement fini par oublier comment lire, c’est à cette période que les crises ont commencé.

Des crises de panique paradoxalement très calmes : il s’agitait dans son fauteuil, le regard errant à travers la pièce, et des larmes coulant sur ses joues, il ne réagissait alors à rien de ce que l’on pouvait lui dire ou faire.
Une fois la crise passée, il se calmait, et me parlait des séances de spiritisme.

Selon ses dires, lui et ma mère seraient allés trop loin un jour et auraient, contre les conseils d’un ami les invitant à la prudence, tenté d’entrer en contact avec un démon. 
Ce démon les aurait maudits, toujours d’après mon père, jurant de se saisir de leur âme et de laisser leurs corps encore vivants, pourrir comme des coquilles de noix une fois vidées de leur contenu.

Si le seul moyen de calmer mon père dans ses dernières heures était d’enrichir un marabout, alors le sacrifice en valait la chandelle. J’ai donc fait venir une « sorcière », comme elle aimait se qualifier. Mon père semblait lui vouer un respect que j’avais rarement vu venant de lui. 
Au bout du compte, elle nous a donné un protocole simple, très simple même, écrire le nom du démon sur un bout de papier et le brûler à midi pile.

Chaque jour alors, j’avais pour but de faire retrouver le nom du démon à mon père. M : c’était la première lettre, il en était persuadé, et une voyelle doublée. Pour le reste, on allait à tâtons.
Chaque jour je devais lui rappeler pourquoi on cherchait un nom, si ce n’était pas les crises qui le faisaient, ainsi que les progrès qu’il avait faits, son cerveau avait déjà atteint le stade où il ne pouvait plus rien apprendre.

« Misère, misère… » a-t-il bougonné un jour. Étonné par cette mauvaise humeur passagère, je suis allé lui demander ce qui n’allait pas. C’est alors que je l’ai vu fixer intensément le papier sur lequel j’écrivais les bouts de noms : Mizheer ! 
Je l’ai noté tout de suite, je sentais la fin du nom qui lui brûlait la langue, il avait les larmes aux yeux, dans lesquels j’ai vu l'espoir s’éteindre quand il a compris que le nom ne viendrait jamais.

Puis son état a décliné et j’ai dû prendre d’autres congés pour l’accompagner 24h/24.
Je m’occupais plus de mon père que de mes propres enfants. En fait, s’occuper de lui avait beaucoup de points similaires.

Désormais son regard balayait les pièces ou allait s’écraser dans l’abîme, il ne parlait plus, faisait une fausse route à chaque fois qu’il buvait ou mangeait des aliments liquéfiés, je lui brossais les dents… 
Au moins les crises avaient disparu. Parfois, son regard freinait sur la photo de son mariage, lui et son épouse, souriants, et il se mettait à fredonner l’air de « You are my sunshine », leur chanson d'union.
Hier, son regard est passé devant et je n’ai entendu aucune note. 
Hier son corps était toujours bien vivant mais hier, mon père est mort.

Dans les dernières heures de sa vie j’étais là. Je suis entré chez lui, je suis passé devant la montagne de croquettes sous lesquelles reposait un petit bol pour chat. Doucement, je suis entré dans sa chambre et j’ai attendu. Je le sentais, c’était la fin du voyage.
Alors que je commençais à m’endormir, veillant à côté de son lit, son regard s’est brusquement animé. Il s’est relevé, a balayé d’un côté de la chambre des yeux, puis du mien avant de les arrêter de mon côté et de fixer d’un regard effrayé le pan du mur à quelques centimètres de moi, presque au-dessus de mon épaule. Ses cheveux se sont dressés sur sa tête, son teint est devenu verdâtre, sa bouche s’est ouverte en grand et tout son corps s’est mis à trembler.
Alors mon père a dit un mot, son dernier : « Mizheeral ». Puis, figé, il a basculé dans l’autre monde.

Choqué, j’ai pris les dispositions légales qui s’imposaient, je suis rentré chez moi, me suis allongé à coté de ma femme que j’ai longuement tenue dans mes bras et, sans dormir, j’ai attendu midi.
Enfin, le soleil à son zénith, j’ai brûlé le papier sur lequel était marqué le nom du dernier être que mon père avait vu en mourant.

Pour nous, finalement, Mizheeral est parti en fumée. Puisse-t-il rester loin de vous, puisse votre esprit s’éteindre avec votre corps.

Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Dr.lama, qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Jared Gauss et Orizy qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Magnosa et Litanie qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

5 commentaires:

  1. Le texte est vraiment bien mais cela aurait été une creepypasta si ça n'avait pas fonctionné.

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  2. C'est un beau texte sur la maladie d'Alzheimer, mais je ne vois vraiment pas en quoi c'est une creepypasta :/

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  3. Oui pareil, je le trouve beaucoup plus touchant que flippant ce texte, en tout cas, il m'a bien plu :)

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