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lundi 13 septembre 2021

Fiche M : La Colonne infernale - Mission Voulet-Chanoine


Temps approximatif de lecture : 6 minutes.

 
La Mission Voulet-Chanoine, aussi connue sous le nom de « Mission Afrique Centrale-Tchad », est une expédition militaire lancée en janvier 1899 par le gouvernement français. Elle avait pour objectif de stabiliser le contrôle de la France au Tchad, et ce en signant des traités d’alliance avec les indigènes locaux, par la force si besoin était. Partant du Sénégal, la colonne devait ensuite venir faire jonction avec deux autres Missions (la Mission Foureau-Lamy et la Mission d’Émile Gentil) au lac Tchad pour finaliser la conquête de l’Empire colonial français en Afrique. Les enjeux de cette mission étaient donc particulièrement importants. La menace de l’influence allemande dans cette zone, avec leur colonie au Kamerun, poussant d'autant plus à une rapide affirmation dans ces territoires.

Les conditions exactes de la mission sont assez troubles, et les représentations du déroulé de l’opération parfois incomplètes et divergentes. Néanmoins, toutes les sources s’accordent sur le caractère éminemment violent de la tournure des évènements. Des viols, des décapitations et des pendaisons sont perpétrés contre les populations locales par la colonne. La mission passe d’une expédition militaire non-nécessairement violente, à une expédition punitive massacrant à tour de bras les peuples africains sur son passage. Une tuerie ayant eu lieu début mai 1899 illustre bien le paroxysme de violence. Elle prend place dans la ville de Birni N’Konni, qui est alors envahie par la Mission Voulet-Chanoine et entièrement rasée. Habitée par quelques 10 000 indigènes ; hommes, femmes et enfants y périssent sous les fusils français. 

Les responsables de ces crimes atroces ont en réalité deux visages bien définis. L’un est celui de Paul Voulet, et l’autre celui de Julien Chanoine. Ce sont les principaux dirigeants de la Mission. Les deux officiers reçoivent pourtant les honneurs lors de leur conquête du royaume mossi, occupant l'actuel territoire du Burkina Faso et une partie du Niger, à partir du Sénégal en 1896. C’est donc avec une confiance en leurs capacités que le gouvernement français les place à la tête de cette nouvelle colonne composée de cinq militaires et d’un médecin français, ainsi que d’une légion de 700 soldats sénégalais. Cependant, pour cette mission qui nécessite de "vivre sur le pays", le portage des vivres limitant l’autonomie des colonnes à une trentaine de jours, il est demandé à la petite armée de se fournir en nourriture sur place. Voulet et Chanoine s'en procurent systématiquement dans la brutalité.  
 


Le capitaine Paul Voulet


Le lieutenant Julien Chanoine

 
Toutefois, cette violence inouïe ne se limite pas à des besoins d’approvisionnement. La plus grande partie semble relever purement du sadisme. Le lieutenant Péteau, un des cinq autres militaires français présents dans l’opération, est le premier à contester les pratiques de Voulet et de Chanouane. Celui-ci envoie des rapports sur la situation en Afrique et des messages détaillant les atrocités commises sur le sol africain, comme dans cette lettre écrite dans la nuit du 8 au 9 janvier 1899 : « Des patrouilles doivent s’approcher des villages, s’en emparer à l’arme blanche, tuer tous ceux qui résistent, emmener les habitants en captivité et s’emparer des troupeaux. Le 9 au matin, la reconnaissance rentre au camp avec 251 bœufs, 640 moutons, 28 chevaux, 80 prisonniers. Quelques tirailleurs sont blessés. Afin de « montrer l'exemple », le Capitaine Voulet fait capturer 20 femmes-mères, avec des enfants en bas âge et à la mamelle, et les fait tuer à coups de lance, à quelques centaines de mètres du camp. Les corps sont retrouvés par le commandant du poste de Say. ». Péteau alerte également sur l’état mental instable de Voulet et Chanoine. Il proposera au passage sa démission en novembre 1898, qui sera refusée.

L’arrivée de ces informations à Paris inquiète rapidement le gouvernement. Le ministre des Colonies, Antoine Guillain, décide donc d’envoyer une garnison de Tombouctou sur les traces de la mission Voulet-Chanoine. Dirigée par le lieutenant-colonel Klobb, elle est chargée d’établir un constat des crimes de Voulet et de Chanoine, puis de les arrêter une fois la colonne atteinte. Voulet doit sentir les évènements qui se préparent puisqu'il demande le renvoi immédiat du lieutenant Péteau « pour inaptitude et indiscipline » en février 1899.  
 


Le lieutenant-colonel Jean-François Klobb

 
Pendant ce temps, Klobb découvre les preuves macabres des exactions de la colonne de Voulet et Chanoine, les carcasses des villages détruits. Après trois mois de poursuite, le lieutenant-colonel Klobb arrive à rattraper la Mission, et fait parvenir l’ordre de destitution du capitaine Voulet. Celui-ci ayant été prévenu, les deux colonnes se rencontrent le 14 juillet 1899 à Dakori. En ce jour de Fête nationale française, Voulet donne l’ordre de faire feu sur Klobb et sa troupe. Le lieutenant-colonel est tué durant la bataille qui s’en suivit. Savourant sa victoire, il est dit que Voulet prononce ces mots : « Je ne regrette rien de ce que j’ai fait. Désormais, je suis un hors-la-loi. Je renie ma famille, et mon pays. Je ne suis plus Français, je suis un chef noir… ».  
  


Illustration de la mort du lieutenant-colonel Jean-François Klobb dans le journal italien "La Domenica del Corriere"

 
En effet, Voulet et Chanoine exposent dès lors leur volonté d'établir un Empire Africain personnel sur les terres coloniales françaises. Ces paroles, loin d’exalter les soldats sénégalais, provoquent une mutinerie dans la colonne le 16 et le 17 juillet, durant laquelle Voulet et Chanoine sont tués. Les lieutenants Pallier, Joalland et Meynier (second de Klobb, capturé durant la précédente bataille) reprendront la direction des hommes encore en vie de la colonne pour les amener à la jonction avec la Mission Foureau-Lamy comme il était initialement prévu.

L’affaire est fortement décriée par la presse en 1899. Le meurtre de Klobb en particulier fait scandale, mais les médias finissent par se désintéresser de cette histoire, jusqu’à ce qu'elle finisse par tomber dans un oubli relatif. Elle ne resurgira qu’en 1924, lorsqu’un colon français du nom de Robert Delavignette se rend à Dankori et fait procéder à l'ouverture des tombes de Voulet et Chanoine. Celles-ci se révèlent vides. Cette découverte encourage une légende selon laquelle les deux militaires seraient parvenus à s'enfuir avec une poignée de spahis (un corps de cavalerie sénégalais) dans l’Afrique profonde, afin de continuer à y perpétrer en secret leurs sévices sur les indigènes.
  
 


Photographie des tombes de Voulet et Chanoine

 
Cette histoire a été reprise dans de nombreuses œuvres de fictions, notamment le roman « Au cœur des ténèbres », écrit en 1899, qui inspirera lui-même le film « Apocalypse Now », sorti en 1979. Elle est aujourd’hui un parfait exemple de l’ampleur de la violence coloniale de l’époque.  



Les huit français de la Mission Afrique Centrale-Tchad

Sources :


Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Adiboille, qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Criv et Orizy qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Jervaled et Magnosa qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

3 commentaires:

  1. J'adore ces Fiches M et j'apprécie avoir les sources.

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  2. Mon dieu que cet article est génial !

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  3. On en apprend tous les jours! Apocalyse now tiré d'une vraie histoire et qui plus est française. Superbe fiche M

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