Fiche M : Monsieur Point d'Interrogation

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Cho Seung-hui est un Américain originaire de Corée du Sud, et responsable de la fusillade de l'université Virginia Tech en 2007. L’incident est connu comme étant le second massacre en milieu scolaire le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis, derrière l’attentat de la Bath Consolidated School remontant à 1922. L’événement a marqué par son important nombre de victimes et la brutalité dont le tueur a fait preuve. Cho Seung-hui est en effet revenu plusieurs fois dans les classes pour achever les blessés.

Seung-hui incarne encore aujourd’hui un mystère. Il se surnommait lui-même "Monsieur Point d’interrogation" auprès de ses camarades. 

En 2005, il est accusé de harcèlement par deux élèves de l’établissement : Seung-hui les espionnait sur Internet et les prenait en filature. Sur son téléphone portable sont ainsi retrouvées des photos de professeures et de filles qu'il convoite. A la suite de cette épisode, il manifeste des tendances suicidaires. Il est alorsn diagnostiqué « malade mental » et « présenterait un danger imminent pour lui-même ou pour autrui », mais une alternative proposée par le juge traitant son dossier lui épargne d'être fiché comme tel. Il décide dès lors de se faire plus discret pour éviter d’attirer l’attention.

C’est un étudiant peu bavard, et ceux qui essayent de lui parler se retrouvent face à un bloc de glace. Un de ses professeurs le décrit ainsi : « Il restait assis et nous regardait, mais ne disait rien. C'était son manque de caractère qui le mettait à part. Il restait seul, très isolé. Je ne me souviens que d'une fois où il a souri, mais ce n'était pas très convaincant. ». Il participe cependant à des cours d’écriture, pour lesquels il rédige plusieurs pièces de théâtre. L'un de ses anciens camarades décrit par ailleurs ses rédactions comme « vraiment morbides et grotesques ».

Dans "Richard McBeef", il met en scène un adolescent (John), sa mère (Sue) et son beau-père (Richard McBeef, surnommé Dick). Il y est question d’une dispute entre John et Richard McBeef. John traite le beau-père de « vieux pédophile obèse » lorsque celui-ci pose sa main sur ses genoux pour tenter de lui parler. Il répète par la suite « Je dois tuer Dick. Je dois tuer Dick. Dick doit mourir. ». L'adolescent révèle à sa mère que Dick « veut lui toucher les parties génitales ». La mère sort de ses gonds et « brandit une tronçonneuse sous le nez de Richard », qui s’enfuit. La pièce se conclut par la mort de John, tué par le beau-père d’un « coup mortel », suite à un accès de colère.

Une autre de ses œuvres nommée "Mr. Browstone" débute avec trois étudiants discutant dans un casino. Ils parlent de leur professeur de mathématiques, Mr. Brownstone, qu’ils accusent de les avoir violés et de les faire saigner. « Il nous a tous violés. Ce n’est pas ce que les professeurs de lycée font ? » dit John, l'un des adolescents, avant d’ajouter : « Je veux le tuer. ». Son amie Jane surenchérit, en affirmant : « Je voudrais le voir saigner comme il nous fait saigner ». C’est alors que le désigné Mr. Browstone entre dans le casino et va à leur rencontre, leur faisant remarquer qu’ils sont trop jeunes pour être dans un tel lieu. Ceux-ci l’ignorent, puis l’un d'eux fait remarquer que "Mr. Browstone" est le titre d’une musique de Guns N' Roses. Les étudiants commencent donc à la chanter. À la fin de la pièce, l'un des adolescents gagne le jackpot de 5 millions. M. Brownstone intervient et convainc la direction du casino que les étudiants l'ont attaqué et lui ont volé le ticket gagnant. La direction donne celui-ci à Mr. Brownstone et fait jeter dehors les jeunes lycéens. L'histoire se termine avec la menace de revanche de ces derniers.

À côté de cela, Cho Seung-hui s’est inventé une petite-amie imaginaire qu’il appelle "Jelly" et qui le surnommerait en retour "Sparky". Il a écrit sur elle une petite histoire, assez anecdotique et enfantine. Un de ses poèmes, intitulé « A boy named LOSER », tranche radicalement avec cet esprit plus léger. Le texte est hélas de médiocre qualité, mais il met parfaitement en lumière la face tourmentée de son auteur :

« Un garçon appelé TOCARD

Un garçon appelé TOCARD marche à côté du trottoir, tremble dans sa maison,

Et étend sa tête fatiguée pour dormir et rêver.

Dans son rêve, il vit deux vies, car dans ce monde il n’a pas de vie,

Pas de classe, pas d’amis — c’est juste un crétin dans ce monde.

Durant ses longues heures dans le monde réel,

Il n’y a pas de surprise, c'est un TOCARD.

Tout le monde le sait, "dommage" se disent-ils, si seulement il avait une vie.

Sous le soleil brillant et cruel, il rentre à son domicile.

Pense à ses deux autres vies.

Continue de rêver. Rêverie.

Que dire, que faire à part rêver.

C’est ce que font les tocards dans ce monde,

Où les gens normaux vivent une vie heureuse,

Sans soucis et en étant eux-mêmes, contrairement à TOCARD.

Un type normal organise des fêtes chez-lui,

Mais pas TOCARD — il n’a pas de vie.

"Sois heureux, sois normal, aie une vie",

Il se dit à lui-même ; il ne peut que dans ses rêves :

Dans l’imagination minable de TOCARD, il amène une fille à sa maison.

Si seulement il pouvait réellement le faire.

TOCARD. Que puis-je dire de plus, c'est ce que font les tocards. TOCARD !

Si seulement TOCARD pouvait vivre sa vie.

Quelque chose que TOCARD ne pourra jamais faire ! — vivre ces vies,

Être normal et avoir une vie.

Vous savez pourquoi il ne peut pas ? C’est un TOCARD.

Tous ses désirs, il ne peut que les rêver,

Piégé dans ce monde, dans ce monde de préjudices.

Rien d’autre à faire que de retourner chez lui le pas lourd.

Tout seul dans son petit logis

Il aime penser qu’il vit sa vie,

Dans son petit monde.

Personne ne lui dit, TOCARD, aie une vie !

Personne ne lui fait de doigt d’honneur dans son rêve.

Personne ne l’appelle TOCARD :

Aucun doute ! Ce garçon est vraiment un TOCARD — un TOCARD qui n’a pas de vie !

Et il le sait. Mais il aime vivre dans son rêve pathétique (que peut-il faire d’autre ?) en se noyant dans sa petite maison excentrique. — Mon dieu ! Quel TOCARD ! »

Le jour de son attaque, Seung-hui envoie un "manifeste multimédia" à la chaîne d’information en continu MSNBC. Il s’agit d’un ensemble de photos de lui posant avec ses armes et d’une vidéo dans laquelle il parle des motivations de son acte. Les propos qu’il tient sont largement nébuleux et incohérents, témoignant de la folie qui le traverse. Il se compare à Jésus Christ et dit être « Ax Ishmael, l’anti-terroriste de l’Amérique », se dressant contre « les Hédonistes, les charlatans, les sadiques, les violeurs, et les terroristes ». Ce sont les dernières paroles qui nous parviennent de lui, puisqu’il se suicide peu après d’une balle dans le crâne, alors cerné par la police de l’État de Virginie.

Sources :

https://schoolshooters.info/seung-hui-cho

https://www.liberation.fr/grand-angle/2007/04/25/cho-seung-hui-mutique-jusqu-au-massacre_91366/

https://www.youtube.com/watch?v=UAmSFQB1GX0

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cho_Seung-hui

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