Je vais te bouffer

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Ce soir et comme tous les soirs, Axel profite que sa fiancée froussarde ne soit pas à la maison pour regarder un film d'horreur, comme le grand passionné du genre qu'il est. Sauf que cette fois-ci, pendant le silence pesant d'une des scènes sur l’écran, il entend un petit gloussement qui ne vient pas de la télé, mais de derrière lui. Ce n'est pas un petit gloussement mignon, mais plutôt un genre de gloussement rauque. Il tourne vivement la tête, mais ne voit rien. L'oreille tendue, un hurlement se fait entendre jusqu'à lui, alors que le jeune homme hurle en écho, il vire ses yeux à nouveau sur la télévision et réalise que le cri venait bel et bien du film.

Presque rassuré, il essaye de se concentrer à nouveau sur le film dont les protagonistes ont recommencé à parler. Il entend vaguement un « Je vais te bouffer » derrière lui. Des frissons parcourent son dos, cette fois-ci, ça ne venait pas du film. La main tremblante, il attrape la télécommande, pour appuyer sur la touche pause et écouter plus attentivement. Effectivement, il entend un petit bruit de grattement, dans le placard, juste au fond de la pièce. Il déglutit difficilement. Il savait qu'il y avait un problème de souris, mais les rongeurs ne parlent pas et disent encore moins « Je vais te bouffer ».

Comme paralysé, il fixe ce placard, n'osant plus faire le moindre mouvement. Alors qu'une voix d'outre-tombe se fait entendre à nouveau « Je vais te bouffer», il attrape la première chose qui lui passe sous la main : un balai, puis le brandit devant lui, s'approchant centimètre par centimètre, à petit pas, les cheveux dressés sur la tête. D'un œil vif, il regarde les fenêtres, les portes, tout est fermé. Il attrape son téléphone, prêt à composer le 17. Comment un psychopathe a-t-il réussi à s’infiltrer dans sa maison et à se cacher dans son placard ? Est-ce sa copine qui lui fait une farce ?

« Je vais te bouffer... Dès que je t'aurais attrapé... » Définitivement, non. Cette voix n'est pas humaine, elle résonne comme un grognement bestial, comme une menace.

Sa main se pose sur la poignée, levant son balai en même temps, il hésite un instant. Et si le taré était armé ? Tout se passe très vite, il réfléchit à cent à l'heure, jusqu'à ce que la voix rocailleuse se fasse entendre à nouveau. « Je vais te bouffer et te savourer ». Axel ouvre la porte, d'un coup sec, prêt à asséner des coups de balais, mais ce qu'il voit est indescriptible, une masse informe se trouve devant lui, une forme sombre, avec des bras et des jambes et un unique œil. Le jeune homme n'arrive pas à détacher son regard du doigt crochu du monstre, qui farfouille dans son nez plein de pustules, pour en ressortir une petite boule gluante, il entend cette fois : « Ah te voilà ! Je te bouffe ». 

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