La dernière cassette de Thomas D.

Temps approximatif de lecture : 5 minutes.

Nous souhaiterions vous présenter un sujet sur lequel nous n’avons pas encore beaucoup d’informations. Il y a quelque temps, certains membres nous ont rapporté une curieuse petite campagne d’affichage. Il s’agissait d’un QR code accompagné d’un message commençant par “Nous recherchons la personne sur cette vidéo. L’avez-vous vue ?”, un peu à la manière des avis de recherche faits maison, mais à l’échelle de plusieurs villes françaises. 

Voici des exemples :

Paris, métro ligne 1 

Paris, métro ligne 14 

Paris, métro ligne 12 

Lille, métro ligne 1 

Perpignan, Université 

Périgueux, avenue Pompidou

Bayonne, mission locale 

Tous nos membres n’ont pas pensé à prendre ce genre de photos, mais pour ce qu’on en sait, il y a aussi eu des cas dans des villes comme Besançon, Bordeaux, Rennes, Toulon, Lyon,... Bref, la campagne a vraiment touché les 4 coins de la France.

Le QR code menait à la vidéo suivante :

Il s’agit de ce qui semble être le début d’un enregistrement sur cassette vidéo d’une session d’urbex. L’utilisateur qui l’a uploadée, james bigun, indique dans la description que la vidéo s’appelle “La dernière cassette de Thomas D.” et date de 1991. Il précise qu’il a utilisé le logiciel Magix pour la numériser et qu’il n’a aucun lien avec le Thomas en question mais est preneur de toute information sur le sujet, car cette vidéo aurait beaucoup tourné dans le milieu des urbexeurs de l’époque.

Plusieurs éléments amènent rapidement à s’interroger sur l’origine exacte de la vidéo et son degré de véracité : elle s’ouvre sur un jingle d’un style assez typique pour l’époque avec la mention “Une vidéo présente”, ce qui permet déjà de déterminer que les images que l’on voit ont pu être coupées et réagencées. Le personnage principal, un jeune homme qui est probablement le fameux Thomas D., indique qu’il filme au 8 mai 1991 et parle d’une maison abandonnée en bon état, appelée “Le manoir”, dont il aurait longtemps entendu parler et qu’il souhaite aller explorer. On remarque assez vite qu’il a l’air assez peu sûr de lui, probablement parce qu’il n’a pas l’habitude de se filmer.

Les scènes sont majoritairement incomplètes : on coupe de ses explications sur le manoir à la présentation de sa voiture, une Peugeot 309, puis on le voit conduire vers le lieu de son exploration avec une émission de radio sur François Mitterrand. Il filme ensuite son avancée dans une forêt dont les arbres laissent penser qu’il est probablement dans le sud de la France, puis finit par arriver devant une barrière brisée sur laquelle il est inscrit “Carrière, Danger, Zone interdite”.

Je m’arrête ici sur un détail : la vidéo est assez rapidement entrecoupée de petits passages étranges, parfois sur-saturés, avec sa progression à l’extérieur pendant la nuit, ou bien les masques difformes que Thomas va trouver à l’intérieur de la maison. Après le passage de la barrière, un message d’avertissement assez menaçant, qui semble lui être destiné, s’affiche. Tous ces points laissent vraiment supposer que tout a été monté dans un objectif précis, mais nous y reviendrons plus tard.

La vidéo continue plutôt normalement, et on suit Thomas pendant que le jour décline, autour puis à l’intérieur de la maison. Il découvre les masques grotesques mentionnés plus haut, accrochés à un mur, dès qu’il entre, puis des photos appartenant sûrement aux anciens propriétaires de la maison, ainsi qu’une quantité assez importante de jouets et de poupées.

Après quelques autres découvertes diverses, le son d’une lente mélodie jouée sur un piano désaccordé commence à se faire entendre, et Thomas paraît se rendre discrètement dans la direction d’où elle provient. La vidéo saute, et la mélodie se fait désormais clairement entendre : elle provient d’une pièce faiblement éclairée où un individu qu’on voit de dos est effectivement en train de jouer. Lorsqu’il se retourne brusquement, on voit qu’il porte l’un des masques qui se trouvait plus tôt au mur.

À partir de ce point, la vidéo devient beaucoup plus incohérente. On comprend que Thomas cherche à prendre la fuite, mais que l’individu le poursuit. La vidéo saute à de nombreuses reprises et montre d’autres scènes s’étant déroulées plus tôt, ou bien sa course à l’extérieur. Après s’être caché un certain temps en observant par les fenêtres de la maison, il finit par se décider à repartir, mais tombe nez-à-nez avec l’individu. On voit ensuite un plan de Thomas figé, qui se transforme lentement en une poupée sur fond de rires d’une sitcom se muant en applaudissements et en ovations lorsque la transformation est achevée. La vidéo se termine sur un fond bleu.

Il est finalement assez difficile de tirer des conclusions de la vidéo. Il pourrait tout autant s’agir d’un canular, d’un projet artistique que d’un message destiné à faire comprendre aux urbexeurs que certains lieux devraient rester inexplorés. En ce qui concerne james bigun, il n’y a pas vraiment d’informations à son sujet : le nom renvoie à divers profils anglophones sur Facebook et Twitter, sans qu’aucun ne semble vraiment correspondre, et sa chaîne ne semble pas contenir d’autre vidéo malgré le fait qu’elle ait été créée il y a 8 ans. Le nom d’utilisateur jamesbigun8808 ne donne pas plus de résultat. Quoi qu’il en soit, étant donné la forte diffusion du lien de la vidéo et les mystères qui l’entourent, nous partageons l’affaire avec vous aujourd’hui. Si vous êtes déjà tombés sur ces QR codes, que vous en savez plus sur la vidéo et son origine ou que vous avez réussi à contacter james bigun, n’hésitez pas à nous le faire savoir pour que nous puissions mettre cette page à jour !

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