Creepyspective : Les yeux de Talking Angela

Temps approximatif de lecture : 4 minutes. 

Note de la rédaction : Avec ce texte, nous lançons un nouveau projet portant le doux nom de Creepyspective, les rétrospectives du creepy. L’idée est très simple : bien que nous ayons à notre actif déjà plus de 1500 publications, nous n’avons pas abordé la totalité de ce qui s’est fait dans le domaine horrifique au cours des dernières années. Certains ont pu trouver étonnant l’absence de certains classiques sur CFTC, et il est vrai que passé une certaine ancienneté (et parfois le debunk de l’histoire), nous avons pu considérer que l’occasion de publier était passée. Le fait d’y revenir bien plus tard pour vous rappeler quelque chose qui a pu vous donner la chair de poule il y a quelques années nous paraît un bon compromis.

Voyez donc cela comme une manière de replonger dans l’horreur d’hier pour les plus anciens d’entre vous, et de découvrir les légendes qui faisaient frissonner internet par le passé pour les plus jeunes. N’importe quel sujet datant d’au minimum 2 ans lors de la rédaction est susceptible de faire l’objet d’une Creepyspective. Nous espérons que ce nouveau format vous plaira ! 

Si vous avez grandi dans les années 2000 et 2010, vous avez très certainement entendu parler de Talking Angela, une application développée par le studio slovène Outfit7 sortie en 2012. Cette app destinée aux enfants faisait apparaître dans votre téléphone un chat blanc anthropomorphe en 3D avec des traits féminins sur fond de terrasse parisienne. Nommée Angela, elle était présentée comme la petite amie de Talking Tom, lui-même très populaire depuis sa sortie en 2010.

Le succès de ces applications ne s’est pas arrêté là, puisqu’il y a eu de très nombreuses autres déclinaisons avec au moins 16 personnages comme Ben le chien, Becca le lapin, Pierre le perroquet ou encore Rex le dinosaure. Ces personnages ont également donné lieu à la web série Talking Friends produite par Disney et publiée sur YouTube en 2012, puis à différentes séries télévisées produites par Outfit7 avec des noms très similaires comme Talking Tom & Friends ou Talking Tom Heroes, qui reprenaient du souffle à chaque nouvelle application et dont certaines sont d’ailleurs toujours en cours.

On pouvait avoir diverses interactions avec Tom et Angela, comme les caresser, les chatouiller, les pousser ou, fonctionnalité phare, les faire répéter tout ce que l’utilisateur disait avec une voix très aiguë. La version d’Angela ajoutait quelques interactions comme lui offrir un cadeau, faire venir des oiseaux ou encore l’écouter chanter. Mais surtout, quelques fonctionnalités supplémentaires comme l’utilisation de la caméra pour qu’Angela réagisse aux expressions faciales, ou le basculement (excessivement simple) entre mode enfant, qui ne comportait que 4 boutons d’interaction, et le mode adulte qui donnait également accès à un chat pour discuter avec Angela.

La grande popularité de ces applications est en partie due à une légende urbaine tenace apparue au début de l’année 2014 à la fois par mail et sur Facebook, qui a fait exploser les recherches à leur sujet. De nombreux parents inquiets ont massivement copié-collé un message affirmant que l’application posait des questions intrusives aux enfants telles que leur nom, leur lieu de vie ou leur école et prenait des photos à leur insu. Selon le message, l’application aurait été créée par des pédophiles qui l’utilisaient pour récolter des informations sur de potentielles futures victimes en se dissimulant derrière une apparence inoffensive.

En parallèle de ce message d’alarme, de nombreuses rumeurs ont commencé à circuler auprès des enfants et adolescents qui utilisaient ou avaient entendu parler de l’application. On racontait que lorsque le chat de l’application demandait si on avait plus ou moins de 18 ans, il ne se passait rien si l’on répondait qu’on avait plus, mais que des questions étranges étaient posées si on disait avoir moins. De plus, en zoomant suffisamment sur l'œil d’Angela, il aurait été possible de distinguer les contours d’une pièce vide dans sa pupille. Celle-ci serait le repère du pirate pédophile qui contrôlait Angela, qui faisait également en sorte que l’application continue de tourner en arrière-plan pour continuer à observer les utilisateurs même lorsque l’application était fermée et qu’elle ne puisse pas être désinstallée, et qui pouvait apparaître de temps à autre dans l’oeil d’Angela. Plusieurs images ont circulé pour prouver cette rumeur.

Quelques histoires supplémentaires ont émergé par la suite, dont celui d’une jeune fille qui aurait tenté de mentir à Angela en lui disant qu’elle avait 30 ans, ce à quoi l’application lui aurait répondu “Tu mens. Tu dois avoir 11 ou 12 ans.” puis, semblant réagir à l’expression horrifiée de celle-ci, aurait ajouté “Je sais que tu vas me supprimer. Prends bien soin de toi”. Un jeune garçon aurait également reçu “Enlève ta fichue main de mon oeil, je ne peux plus rien voir” et entendu à plusieurs reprises un son comme si le téléphone était en train de prendre des photos.

Enfin, des sites en espagnol auraient relaté l’histoire d’Eli Moreno, un jeune garçon de 7 ans qui vivait dans une banlieue de Dallas, au Texas, et qui aurait mystérieusement disparu alors que sa mère Jasmin était partie prendre une douche en le laissant jouer avec son téléphone. Elle y avait installé Talking Angela, et se posait déjà des questions après y avoir vu des questions telles que “Est-ce que tes parents sont à la maison” ou “Qu’est-ce que tu portes là tout de suite ?” Jasmin aurait déclaré Eli disparu une heure plus tard après l’avoir cherché sans succès pour l’emmener à l’école. La police lui aurait demandé si elle avait l’application Talking Angela sur son téléphone et lui aurait appris que d’autres cas similaires de disparitions auraient eu lieu dans le quartier après que les parents ont installé l’application.

Bien que la légende urbaine ait été démentie une première fois dès 2014, puis une deuxième fois l’année suivante par la société de cybersécurité Sophos, la légende refait surface tous les un ou deux ans sur les réseaux sociaux, ou dans des vidéos de YouTubeurs surfant sur la controverse pour gagner des vues en se mettant en scène en train d’utiliser l’application et de découvrir, horrifiés, qu’ils parviennent soi-disant bien à voir quelque chose dans l’oeil. Sur le site anglophone Scary for Kids, de nombreux commentaires postés entre 2014 et 2018 sur la page dédiée assurent avoir bien été confrontés à des comportements étranges de l’application.

Entre 2019 et 2020, une nouvelle salve de rumeurs s’est mêlée à la première : l’application deviendrait en effet étrange aux environs de 3 heures du matin. Si on lui demande l’heure à ce moment, elle ne répéterait pas ce qu’on lui dit comme à l’accoutumée, mais répondrait “c’est l’heure du diable”. Elle prononcerait ensuite des phrases inquiétantes comme, selon certaines versions, des informations sur l’utilisateur qu’elle n’est pas censée avoir, ou selon d’autres versions des paroles de rituels sataniques.

Enfin, d’autres s’appuient sur des transformations de l’application au cours des mises à jour, et notamment la suppression de la fonction chat au coeur des rumeurs, pour affirmer que Talking Angela ne peut aujourd’hui plus être utilisée pour espionner ses utilisateurs, mais que la version originale avait bien de sombres secrets qui ont été enterrés avec elle. Si ces histoires ont attisé votre curiosité et que vous ne savez qu’en penser, nous vous laissons le soin de faire vous-mêmes des recherches sur le sujet et de tirer vos propres conclusions !

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Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Magnosa qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Kitsune et Écho qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Griff qui s'est chargé de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.