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En Yakoutie, il existe un petit village qui s'appelle Ous Khatyng (« trois bouleaux »). Non loin de ce village (à environ quinze kilomètres), dans une clairière au milieu de la forêt, se trouve une vieille maison habitée, selon les rumeurs, par un “abasy”, c'est-à-dire un esprit maléfique. Tous les habitants du village évitent soigneusement cette maison.
Comme on le sait, à l'époque soviétique, on inculquait aux gens que rien de surnaturel n'existait. Et donc, pour des raisons que seuls les fonctionnaires connaissent, le Conseil du chef-lieu de district a décidé d'envoyer une “expédition” dans cette maison pour prouver qu'il n'y avait aucune force surnaturelle. Cette “expédition” comptait dix personnes. Presque tous étaient des fonctionnaires du Parti venus du chef-lieu, avec seulement quelques habitants locaux, dont le chef du Conseil du village, qui ne voulait vraiment pas y aller : il avait grandi dans le village et connaissait cette maison de longue date. Mais il était contraint de s'y rendre. Après tout, il était le chef, et s'il refusait, il serait démis de ses fonctions.
Ils sont partis en camion, emportant avec eux une caisse de vodka. Arrivés sur place, ils ont déchargé, sont entrés dans la maison, qui ne comportait qu'une grande pièce (c'est ainsi qu'on construisait autrefois). À l'intérieur, tout était relativement propre, il y avait un poêle et une table. Nos héros ont d'abord examiné la maison, fouillant tous les recoins, et n'ont rien trouvé de suspect. Ils ont installé la caisse de vodka dans la maison, ont commencé à boire et à discuter. Bientôt la nuit est tombée, ils ont étalé leurs sacs de couchage sur le sol et se sont endormis.
Et voilà qu'un des “invités” sent soudain qu’on tire sa couverture. Il l'a retirée vers lui et, brusquement, la couverture lui a été arrachée des mains. L'homme s'est levé rapidement du lit, a regardé autour de lui – tout le monde dormait. “Arrêtez, ce n'est pas drôle !” s'est-il exclamé, pensant que c'était quelqu'un qui plaisantait. Près du mur opposé, un autre gars s'est relevé : “Qu'est-ce qui se passe ? Arrête de faire du bruit, tu nous empêches de dormir”. Et c'est alors qu'une théière, qui était posée sur le poêle, a volé d'elle-même vers la tête de ce gars. “Aïe ! Qui balance des trucs ?” s'est-il exclamé, avant d’attraper la théière et de la jeter en direction du poêle. Cinq secondes plus tard, la théière a à nouveau volé dans l’autre sens.
Tout le monde s'est réveillé, c'était la panique. Ils ont allumé leurs lampes de poche, puis se sont calmés, car il semblait n'y avoir personne dans la maison à part eux. Et soudain, derrière la porte d'entrée, on a entendu des pas lourds et quelqu'un a crié fort : “Partez !”. La porte d'entrée s'est ouverte, et tous ont vu avec horreur qu'un homme de deux mètres de haut se tenait sur le seuil...
Ils ont repris conscience sur la route près du village. Ils marchaient tous en file indienne, pieds nus, légèrement vêtus. C'était déjà presque le matin. Personne ne se souvenait de rien, bien qu'ils aient parcouru une quinzaine de kilomètres pieds nus, leurs pieds étaient en sang.
C'est comme ça qu'ils sont revenus étrangement au village, mais leurs affaires et leurs armes étaient restées dans cette maison. Les membres de “l'expédition” ont commencé à demander aux habitants de retourner là-bas et de rapporter leurs affaires. Personne n'a accepté pendant longtemps, mais finalement on a trouvé trois chasseurs à qui on a promis de l'argent et une caisse de vodka pour cet exploit. Les chasseurs sont arrivés dans la clairière en plein jour, sont entrés rapidement, ont ramassé les affaires à la va-vite et sont sortis en courant...
C'est mon oncle qui m'a raconté cette histoire, qu'il tenait d'un participant direct à ces événements. Il dit que les mains de cet homme tremblaient quand il se rappelait cette nuit terrifiante.
Yakoutie #34 : Les invités indésirables
Les “abasy” yakoutes, ce ne sont pas des monstres tangibles comme le chupacabra, mais plutôt des sortes de projections d'un autre monde, et leur donner des coups de poing, c'est souvent inutile, voire dangereux (comme dans cette histoire sur les syoulyoukyounes, où un abasy a frappé le gars au dos dans la vieille maison). Bien que dans le folklore, on trouve quelques recommandations, par exemple, qu'on peut repousser un abasy en lui lançant un couteau yakoute de la main gauche paume ouverte vers l’extérieur, mais bon, essayez donc de vous défendre comme ça. Et puis certaines petites espèces d'esprits malins comme ce fameux “mangeur de veaux”, dont j'ai parlé une autre fois, ont peur des armes blanches, mais ils sont rares.
Avec les armes à feu, d’ailleurs, il se trouve que c'est différent : généralement, si des chasseurs tirent sur un abasy avec leur méga-fusil de chasse, ils l'anéantissent pendant un certain temps, mais en général, c'est juste temporaire. Donc, en cas de rencontre avec un abasy d'origine incertaine, il ne vaut pas la peine de se battre seul contre lui, mieux vaut simplement s'éloigner (mais sans crier “PUTAIN ON VA TOUS CREVER” et sans courir, ils pourraient vous poursuivre) plutôt que de boxer avec lui dans une maison vide.
Tant que j’y suis, je vais vous raconter une petite histoire (sans rapport avec ce que j'ai écrit ci-dessus, elle m’est simplement venue en tête).
L'histoire se déroule dans les années 70. Il y avait une famille yakoute de village avec deux enfants. Le garçon était de quelques années plus jeune que sa sœur et était d’une constitution très fragile : il tombait constamment malade, et pendant les périodes où il était en bonne santé, il subissait toutes sortes de blessures. La fille disait que ces blessures et maladies n'étaient pas accidentelles. Que de temps en temps, des “invités” venaient, que les adultes ne les voyaient pas, et c'est alors que toutes sortes de choses commençaient à arriver à son petit frère. Personne ne la croyait vraiment. En grandissant, la fille a raconté en détail plusieurs cas particulièrement mémorables.
Premier cas. Les deux jouaient près de la maison dans un bac à sable, et soudain la fille a remarqué qu'une vieille femme en vêtements blancs déchirés se tenait près de la grange et regardait son petit frère. Elle ne s'est pas étonnée au début, peut-être qu'une connaissance était venue voir sa grand-mère ? Mais ensuite, quand cette vieille femme est restée là sans bouger pendant plusieurs minutes, la fille a commencé à soupçonner quelque chose d'anormal. Et elle a remarqué soudain qu'elle n'avait pas d'ombre. La grange à côté avait une ombre, mais elle n'en avait pas. Effrayée, la fille a attrapé son petit frère et l'a traîné dans la maison, tandis que la vieille femme continuait à suivre le garçon du regard. Ce soir-là, le garçon est tombé gravement malade et a mis longtemps à se rétablir.
Deuxième cas. La famille déjeunait à la maison, en mangeant du poisson. Soudain, la fille a remarqué qu'une tête de femme détachée avec de longs cheveux flottants est passée en volant devant la fenêtre. La bouche bougeait comme si elle chantonnait quelque chose. Avant que la fille ne puisse avoir peur, son petit frère s'est étouffé avec une arête de poisson. L'affaire a nécessité une hospitalisation.
Troisième cas. Les adultes n'étaient pas à la maison, les enfants jouaient ensemble. Soudain, en jetant un coup d'œil par la fenêtre, la fille a vu un étranger de grande taille avec un visage très large et rouge comme une tomate, qui se tenait de l'autre côté de la fenêtre et regardait fixement son frère. Elle a eu peur, a regardé son frère, et lui, qui jouait tranquillement avec ses jouets un instant avant, s'est soudainement levé, a couru vers un grand tonneau d'eau (c'était l'hiver, et, à cette période de l'année, dans les villages, on fait généralement des stocks d'eau pour plusieurs jours dans de grands récipients dans les maisons), a grimpé sur une chaise qui se trouvait près du tonneau et plouf, la tête la première dans le tonneau plein d'eau ! Naturellement, il ne pouvait pas en sortir par lui-même et s'il avait été seul, il se serait noyé. Sa sœur s'est épuisée à le sortir de là. Le garçon avait avalé de l'eau, mais la petite était intelligente et a appelé les voisins. Ils ont rapidement ranimé le malheureux garçon et l'ont emmené à l'hôpital. Encore une fois...
Le garçon a vécu jusqu'à la fin de ses études, mais lors d'une nouvelle crise de grippe ou de quelque chose d'autre, il est mort. Quant à la fille, elle a vécu encore longtemps, et c'est de ses récits sur les choses étranges qu’elle voyait que je tiens cette histoire.
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Magnosa qui a assuré sa traduction du russe vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Mrakopedia, de AngeNoire, Caesar et Aévor qui a participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Griff qui s'est chargé de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

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