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lundi 30 décembre 2019

Baxbaxwalanuksiwe

Bonjour à tous et à toutes. Comme vous le savez, j'ai des amis partout dans le monde. L'un d’eux, vivant au Canada, connaît mon goût pour tout ce qui est “histoires effrayantes et étranges”, bref, pour tout ce qui est creepy. Il m'a envoyé la copie d'un post provenant d’un forum de survivalistes. Le membre l’ayant écrit était parti faire un "stage de survie en Colombie-Britannique" (comprenez qu'il partait seul durant quelques semaines dans la nature) et racontait son histoire. Franchement, soit le type fumait là-bas le calumet de la paix en compagnie des Kwakwaka'wakw, les indiens locaux, soit il mentait, soit... c'est très étrange. La première hypothèse me semble la plus crédible. À vous d'en juger :
 Bienvenue, amateurs de survie à la dure, dans la nature, dans le monde sauvage. Cela fait plusieurs semaines que je vous parle de mon stage de survie en Colombie-Britannique, eh bien je l'ai fait. J'y suis allé, mais je n’ai pas pu tenir les deux mois prévus à cause de ce que l'on peut appeler un accident. Le premier mois, tout se passait bien. Je me débrouillais même pas mal du tout. Je trouvais ma nourriture, mon eau que je purifiais avec mes pastilles, je dormais au coin du feu, etc... Je me sentais plutôt bien, éloigné de toute humanité et de tout être conscient. Je ne me trompais pas. J'étais effectivement loin de toute humanité. Même les Kwakwaka'wakw ne s'aventuraient pas dans cette région. J'en avais d'ailleurs aperçus de loin, une ou deux fois. Ils se déplaçaient par groupes de dix à chaque fois et avait l'air constamment effrayés. Peut-être qu'ils chassaient le puma ou le grizzly. Je m'en fichais après tout. Moi, je survivais, eux, ils vivaient à l'abri dans leur réserve. Bah !
Quel abruti j'étais. Survivre tant que le seul adversaire est la nature, ce n'est pas un souci.
  Ce qui abrégea mon stage fut la rencontre fortuite avec un groupe de ces Indiens, pas de loin, mais de très près. Je marchais tranquillement dans la forêt, à la recherche de matériaux utiles pour me bâtir un abri potable capable de durer plus de trois jours, et je me retrouvai subitement face à eux. Ils marchaient également, observaient dans toutes les directions comme s'ils étaient suivis. Je devais comprendre plus tard qu'ils étaient non seulement suivis, mais aussi chassés. Sentant leur détresse, j'allai à leur rencontre. Quel effet je dus leur faire ! Vous savez, je suis un survivaliste un peu romantique. J'aime me passer de la peinture de combat sur le visage et me promener avec un fusil en bandoulière. Je trouve ça cool. Avec cet accoutrement, ils ont dû me prendre pour un GI, quelque chose comme ça. Ils vinrent vers moi en baragouinant leur dialecte. Mais bon, je ne pouvais pas les comprendre : seules 200 personnes parlent leur langue ! Heureusement, quelques-uns, qui avaient sûrement acquis un peu de culture occidentale, parlaient un anglais approximatif, comme moi en fait. Ils jouèrent donc le rôle d'interprète. Ces indiens me disaient de fuir, ou plutôt de courir et de les suivre, ou plutôt les trois à la fois. En effet, Baxbaxwalanuksiwe était proche selon eux. Je leur demandai alors ce qu'était cet animal au nom incompréhensible. Ils traduisirent ce nom de leur langue par "Le premier qui mangea un homme à l'embouchure de la rivière". Cela ne m’avençait pas vraiment pour tout vous dire. J’ai pensé qu’il s’agissait sûrement d'un gros ours ou d’une bestiole dans ce goût-là.
  J'entendis alors un grand bruit, comme une mastication : "Hap Hap Hap Hap", avec des grognements. Les indiens étaient livides. Ils me pressèrent de les suivre, affirmant que j'étais en danger "de nutrition" d'après ce que je compris de leur charabia. Je ne regrette pas de les avoir écoutés et d'avoir pris peur exactement à ce moment-là. Un... être émergea des fourrés. Il faisait la taille de deux hommes. Sa peau était nue, violette et ridée, sans un seul poil. Son corps était recouvert de bouches truffées de dents plates. Il en avait même à la place des yeux. Cette vision infernale me poussa à prendre mes jambes à mon cou. Mais cette chose courait vite. À un moment, comme j'avais pris un peu d'avance, je m'arrêtai et je tirai avec mon fusil. Un fusil à double-canon, suffisant contre n'importe quel prédateur normalement. Du gros calibre. Les balles s'enfonçaient et creusaient des trous sanglants dans la chair de ce monstre, mais cela ne l'arrêtait pas. Juste au moment où ça allait se jeter sur moi de toute sa masse, ça tomba dans un trou profond, camouflé par des feuilles. Les indiens, s'étant arrêtés un peu plus loin, hurlèrent de joie. À priori, leur piège avait fonctionné. J'entendais les hurlements de la bête au fond du trou" Hap Hap Hap Hap !". On pensait avoir gagné. On ne pouvait imaginer pire erreur...
  Nous rentrâmes tous, en nous dépêchant bien sûr, pour s'éloigner de ce monstre, au cas où il parviendrait à se sortir de son trou, mais sans trop de pression. Nous étions tous choqués, moi sans doute plus que les autres. Les indiens parlaient entre eux. Un des anglophones m'expliqua que leur attitude de peur était simulée pour attirer Baxbaxwalanuksiwe, puis le faire tomber dans un piège, afin de réaliser une sorte de rite d'initiation. Il fallait que je les suive pour que leur plan réussisse, sinon Baxbaxwalanuksiwe ne serait pas passé au bon endroit, car il m'aurait poursuivi. Soudain, un cri retentit depuis l'endroit où était tombé l'ogre. Sur le coup, cela me fit penser à un appel à l'aide. En fait non. Il appelait ses acolytes. Les indiens pâlirent. Dans les légendes, Baxbaxwalanuksiwe était assisté de deux autres bêtes. Ils recommencèrent à courir, et moi aussi. Cette fois-ci, je suis sûr que leur peur n'était pas simulée. Après que nous eûmes seulement couru deux cent ou trois cent mètres, un énorme corbeau atterrit sur la tête d'un de mes nouveaux camarades et lui creva les yeux. L'indien en question hurla de douleur. Exactement au même moment, une grue de deux mètres de haut descendit des arbres pour crever le crâne d'un des indiens, me ratant de peu. Mais là, mon fusil fut utile. Je tirai vaguement dans la direction de ces bêtes, dont les indiens devaient m'apprendre qu'ils s'appelaient Qoaxqoaxualanuxsiwae et Hoxhogwaxtewae, les yeux et les oreilles de Baxbaxwalanuksiwe. Le groupe les avait piégés autre part, mais ils avaient été libérés. Les anciens du village me dirent le lendemain que Qominaga, la femme de Baxbaxwalanuksiwe, les avait sûrement désentravésBref, passons ces explications. Mes balles les atteignirent et semblèrent leur faire assez mal pour les repousser. Nous abandonnâmes les cadavres pour courir, laissant le coeur de la forêt et tout mon équipement, derrière nous.
  Nous arrivâmes le soir au village Kwakwaka'wakw. Csoir fut un soir de deuil. Les jeunes avaient échoué à leur rite de passage, et deux étaient morts. Le chamane du village, ayant une voiture et un permis de conduire, me mena à une ville proche où je pus contacter mes proches pour leur expliquer que j'avais perdu tout mon matériel après avoir été poursuivi par un grizzly. Je décidai donc de passer sous silence cette histoire. Il valait mieux ! En tant que survivaliste, j'étais déjà considéré comme sacrément dégénéré par ma famille. Les Kwakwaka'wakw n'ayant que peu de contacts avec les autorités, ces deux disparitions passeront sans doute inaperçues.
  Voilà pourquoi je reviens sur ce forum plus tôt que prévu.


lundi 23 décembre 2019

Vouivre

Bonjour. Je poste ici un document trouvé sur un forum lié à la psychiatrie. Le forum en question se nommait "Psychologie, Suicides et dépressions". Un "bug informatique" aurait fini par en annihiler le contenu, mais ayant été membre du forum en question, je sais que le propriétaire était dépressif. C'est sûrement lui qui a tout supprimé dans un accès de rage, avant de faire passer cela pour un bug. Mais bref, là n'est pas le sujet. Cette lettre a donc été postée par un policier possédant un Master en Psychiatrie. Ses collègues la lui avaient envoyée comme pièce à étudier dans le cadre de l'affaire Grégoire Jumierti. Il la présentait comme un ensemble typique d'éléments que l'on peut trouver chez des gens un peu dérangés. Personnellement, je la trouve creepy, et assez émouvante. La voici.



    Pour Anna.

    Je n'en peux plus. Il faut que j'en parle. Elle va venir me chercher, j'en suis sûr. Ceci est à la fois mon testament et mon témoignage.

    Je tiens tout d'abord à m'excuser auprès de ma mère et de mes frères, que je laisse en ce monde alors que j'avais juré d'être toujours à leurs côtés.
Je m'excuse aussi pour toi, Anna, ma muse, que je n'aurais jamais dû quitter.
Et aussi pour Wouffi, notre chien.
Je tiens à ce que mes maigres possessions, ou ce qu'il en restera, soient partagées à égalité entre ces personnes.

    Tout a commencé par une belle soirée de Mai. Je me promenais, comme chaque semaine, en quête d'inspiration, près des lacs de la région. Cette fois-ci, j'avais choisi le Lac du Vernois, un petit lac, dans un vallon isolé de la route reliant Le Frasnois à Chevrotaine. Je trouvais ses rives bordées de roseaux et son isolement stimulants pour la production poétique. Ce soir-là donc, je me suis couché sur mon tapis de sommeil, au bord de ce maudit lac. Que je sois damné pour m'être endormi à ce moment-là. Je ne me suis réveillé que plusieurs heures après. La nuit était tombée. En me levant, prenant conscience que je devais me dépêcher de rentrer à ma voiture pour ne pas geler, j'au vu une jeune femme magnifique se baignant dans le lac. Sur le coup, je n'ai pas réagi : l'eau était glaciale, beaucoup trop pour une baignade. Subjugué, je l'observais sans mot dire. J'avais trouvé une nouvelle muse. Anna, je le répète, je suis désolé. À ce moment-là, je me trompais. Tu as été et resteras la seule muse qui m'a inspiré de véritables poèmes. J'ai fini par la perdre de vue dans la nuit, car la lumière de la Lune se reflétant sur le lac était très faible. Mais j'étais décidé à la revoir.

    Les soirs suivants, je suis revenu à ce même lac et suis resté sur le bord, à chercher du regard cette belle étrangère. Anna, tu me demandais où j'allais, tu le sais maintenant. Cependant, j'avais beau y retourner, je ne la voyais jamais nulle part. Mais le septième soir, je l'ai enfin aperçue de nouveau. Elle était là. La Lune était cette fois-ci pleine, si bien qu'on y voyait comme en plein jour. J'ai pu détailler son corps, et ses courbes sensuelles. Il se dégageait d'elle une énergie féminine certaine. Quand j'y repense, il aurait été impossible pour moi de ne pas céder. Je pensais à toi Anna, mais ton image s'estompait quand je la voyais. Je suis revenu sept jours plus tard, et je l'ai vue cette fois encore. Et ainsi durant les trois semaines suivantes. Les poèmes écrits durant cette période ne parlent plus de toi Anna, mais d'elle. D'ailleurs, c'était le moment où tout allait mal entre nous. Je restais enfermé dans ma chambre sans vouloir te voir, comme je l'ai fait il y a un an. Tu me demandais où j'allais le soir, je ne pouvais te répondre. Maintenant, tu sais. Mais si on te lit cette lettre, ou si tu la lis, ne t'arrête pas là. Tu vas comprendre.

    Quatre semaines après ma première vision de cette silhouette féminine, lorsque je suis revenu au lac, j'ai trouvé un escarboucle au sol, au bord de l'étendue bleue. Une pierre rouge luisante, la plus belle que j'avais jamais vue. J'aurais voulu te l'offrir, mais tu étais déjà partie. Je l'ai tout de même prise, et ai continué d'observer la Dame du Lac, comme je l'avais nommée dans un poème. Caché dans les roseaux, m'étant éloigné de l'endroit de découverte de la pierre, je l'ai vue sortir de l'eau. Elle avait l'air paniquée. Même en sachant qu'elle cherchait l'escarboucle, je l'ai gardée pour toujours être en contact avec elle. J'aurais dû la jeter dans le lac. Elle l'aurait récupérée et tout aurait été réglé. Mais non. Je l'ai gardée avec moi.

    Une semaine plus tard, elle n'est pas venue. La semaine suivante non plus. Je m'enfonçais dans la dépression, solitaire, en bon poète maudit. J'essayais de t'appeler, mais tu ne répondais pas Anna, ce qui était légitime. Je t'avais trompé en rêve, et j'avais trahi ma muse.

    C'est alors qu'Elle m'a rendu visite. Un soir de Juillet, elle est apparue sur le seuil de ma porte. Me demandant qui sonnait à cette heure de la nuit, à 23h, j'ai regardé par la fenêtre et l'ai reconnue. Je suis immédiatement allé lui ouvrir. Je l'ai invitée à entrer. Elle n'a pas dit un mot, et a passé le seuil de la porte. Elle n'a pas ouvert la bouche de la soirée, mais je n'en avais cure. J'étais fasciné par sa féminité. La soirée a été  merveilleuse, mais merveilleuse comme de l'opium, comme le poison d'un rêve... Le lendemain, elle est restée avec moi. Et le surlendemain aussi. J'étais épuisé. L'inspiration me fuyait, chassée par la fatigue. Puis un jour, elle est partie. Je l'ai cherchée dans ma maison, mais je ne la trouvais pas. J'ai également remarqué que l'escarboucle n'était plus là.

    En manque d'elle, un soir, je me suis précipité vers le Lac du Vernois pour espérer la revoir. Et effectivement, par chance, ou plutôt par malchance, je L'ai aperçue. Mais cette fois-ci, elle était en train de sortir de son bain nocturne. Elle a repris son escarboucle, qu'elle avait laissée sur le bord du lac. Elle l'a porté à son front délicat et l'y a enfoncé. Ses jambes se sont fondues en une queue de serpent, sa tête s'est muée en celle d'un chien, des ailes de chauve-souris lui ont poussé dans le dos.. J'ai hurlé à cette vision d'enfer, et ai couru à ma voiture. J'ai démarré au quart de tour en priant pour ne pas caler, et ai juste eu le temps de voir, dans les rétroviseurs, le Monstre me poursuivre. Mais heureusement, il n'allait pas assez vite pour rattraper le miracle de force brute qu'est le moteur à explosion.

    Depuis, je suis hanté par des visions. La nuit, je crois la voir, au pied de mon lit, prête à me dévorer. Je me suis renseigné, et j'ai découvert quelque chose. Que personne ne pourrait m'aider, pas même toi Anna. Quiconque voit une Vouivre est destiné à être poursuivi par elle jusqu'à la mort, et même au-delà. J'ai une arme sous mon oreiller maintenant, et des alarmes installées partout dans la maison, mais j'ai peur. J'ai peur pour ma vie. Mais surtout, j'ai peur pour toi Anna. J'ai peur de te perdre à jamais, Ô ma Muse, car j'ai toujours l'illusion de pouvoir te retrouver un jour.

    Ma Muse, je m'excuse enc  (Une énorme tâche d'encre est présente à cet endroit, comme si l'auteur avait sursauté et cassé sa plume).


    Cette lettre a été retrouvée dans la cuisine de Grégoire Jumierti. L'intérieur de sa chambre, à l'étage, était carbonisé. Cet autoproclamé poète maudit était, de l'avis du psychiatre qui le suivait, dépressif, et selon ses voisins très étrange. Par exemple, il passait parfois des semaines entières sans sortir de sa maison, et éclatait en sanglots au beau milieu de discussions. Il posait également des feuillets sur lesquels étaient inscrits des poèmes sur les bancs de tous les parcs alentours, qui généralement s'envolaient au premier coup de vent. L'hypothèse la plus probable est celle d'un suicide particulièrement élaboré, au cours duquel il se serait immolé dans sa chambre. Les policiers en charge de l'affaire ne comprennent toujours pas comment un feu assez intense pour réduire en cendre tout ce qui était présent dans la chambre ne s'est pas propagé pas au reste de la maison, mais certains doctorants de la Police Nationale ont des théories à ce sujet. La femme dont il est question serait, selon les psychiatres, la projection d'un certain manque du poète dans sa relation avec la fameuse Anna, relation que l'intéressée a révélé être restée platonique. Le suicide serait une conséquence de l'insatisfaction d'un désir, et du terreau favorable que constituait la personnalité de cet auteur.



lundi 16 décembre 2019

Monsieur Tout le monde

Ce qui suit est un post, aujourd'hui supprimé, que j'ai trouvé il y a quelques années sur reddit. Au vu de son contenu, il m'a semblé judicieux de le partager ici.

Avez-vous déjà ressenti la solitude ? Ce sentiment si atroce, et qui vous rend si faible que vous avez l’impression que votre vie perd de son sens ? Avez-vous déjà été seul au point de vous sentir détesté, haï par le monde entier, sans arriver à comprendre pourquoi ? 

 Moi, je ressens ça chaque jour de mon existence.

 Je me lève, le matin, seul. Je me couche, le soir, encore plus seul. Et surtout, chaque jour, je me sens comme un fantôme vis-à-vis des autres. Je pourrais être mort, personne ne le remarquerait.

 On trouve la vie fade et sans intérêt, quand on est aussi seul que je le suis. La solitude nous pousse même à être atroce envers les autres. On en arrive à les détester. Pourquoi ne nous aiment-ils pas ? Pourquoi nous ignorent-ils de la sorte ? Qu’avons-nous fait pour subir ce triste sort ?

 Je m’appelle Norman Veymher, et j’ai trente-et-un an. A vrai dire, je n’ai jamais eu de relation sexuelle avec une femme. Peut-être parce que je n’ai jamais réellement osé parler avec l'une d'entre elles. Cela m’effraie affreusement. De toute façon, aucune femme ne veut de moi. Je suis trop banal, trop ennuyant pour qu’elles puissent vouloir de ma compagnie. Tous les soirs, je rêve de me réveiller aux côtés d’une belle demoiselle, une grande brune de préférence, qui saurait me montrer que je ne suis plus seul. Je l’entends presque me dire :

 “J’ai envie de toi, Norman. Je t’aime, Norman.”

 Seulement, au réveil, elle n’est plus là. La sensation de ses mains contre mon visage, de ses cheveux caressant mon torse, je ne la sens même plus. Je me réveille alors, terriblement seul. Les quelques instants où je ne suis plus vraiment livré à moi-même, c'est durant mes journées de travail. J’y tiens un misérable poste d’ouvrier, m’exténuant pour un patron qui ne sait même pas que j’existe. J’exécute, tous les jours, durant neufs longues heures, les mêmes gestes et mouvements, tel une machine. 

 Je déteste ma vie.

 Il y a des jours où, quand je suis sur la route pour rentrer chez moi, je m’assois sur un banc, au bord d’un trottoir, et pendant une vingtaine de minutes, je regarde les gens vivre. J’admire surtout les jeunes femmes qui passent une par une devant moi. Certaines me lancent un petit regard en coin, d’autres préfèrent tracer leur route, essayant à tout prix de m'éviter. Mais parmi elles, il y en a une qui a fait chavirer mon cœur. Elle s’appelle Elena. Elle travaille dans un café-bar à deux pas de chez moi. Tous les jours, vers 18h55, je m’installe à la fenêtre de ma chambre, d’où je peux la regarder sortir. Je l’admire dans cette belle petite robe noire qu’elle porte régulièrement, observant la danse de ses longs cheveux bruns volant au vent. Cela fait maintenant deux ans que je l’épie chaque soir, sans jamais oser l’aborder. Elle ne sait même pas que j’existe. Et, même si c'était le cas, elle n’arriverait pas à savoir tout ce que je ressens pour elle, tout ce que j’aimerais lui faire. Ces baisers que je déposerais dans son cou, ces caresses que je ferais dans ses cheveux. Je passe mon temps à rêver du jour où je pourrai, aussi court que ce soit cet instant, lui dire quelques mots.

 Mais à un moment, il faut bien se lancer.

 Rentrant du travail, croisant la route de dizaines d’inconnus, j’étais déterminé à aller lui parler. Je répétais, tout le long de la route, les mots que j’utiliserai. Son prénom trottait dans ma tête, et mon cœur battait à toute allure. Je ne sentais plus mes jambes, et chaque foulée était une vraie torture. Tous ces pas me rapprochaient d’elle. Je suis arrivé devant son bar à 18h50. Cinq petites minutes avant qu’elle n'en sorte. Cinq minutes au goût d’éternité. A chaque ouverture de la porte, j’oubliais ma respiration, fébrile. Toutes les silhouettes m’apparaissaient comme la sienne. Je scrutais ma montre, attendant désespérément que la petite aiguille s’arrête sur le cinquante-cinq. A la seconde près, la porte s’est ouverte et Elena est sortie. Mon regard a timidement croisé le sien.

 “A toi de jouer, Norman.”

 - Bonjour, mademoiselle.
 - Qui êtes-vous ?
 - Je m’appelle Norman Veymher. Je… je voulais vous inviter à boire un verre avec moi.

 Heureusement, elle ne s'est pas débattue.


 Après une longue journée de travail, je m’apprête à rentrer chez moi, rangeant frénétiquement mes affaires. Je souhaite une bonne soirée à mes collègues avec une assurance exceptionnelle, et prends la route pour rentrer à mon appartement. 

 J’arrive enfin face à ma porte d’entrée. J’enfonce les clés dans la serrure, et entre. 

 - Bonjour, chérie. Je suis rentré !

 Je pose mes affaires sur une table avant de m’asseoir à côté d’elle sur le canapé. Je glisse ma main autour de sa taille, dépose un baiser sur sa joue. Elle est magnifique, et son sourire exprime une joie que je n’aurais jamais cru voir. 

 - Tu as passé une bonne journée ? Tu m’as beaucoup manqué, tu sais. Tiens ! J’ai un cadeau pour toi. 

 Je prends mon sac et en sors une belle robe. Une robe qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa robe noire, celle qu’elle portait quand elle travaillait encore au bar. Sa robe est trop tâchée pour qu’elle puisse la reporter, alors j’ai pensé que ça lui ferait plaisir d’en avoir une neuve. Je lui tends l'habit, mais après plusieurs secondes d'indifférence de sa part, je la lui pose sur les jambes.

 - J’espère qu’elle te plaît. J’aimerais beaucoup te voir avec, ce soir. 

 Malheureusement, elle n’est plus en capacité de me répondre. 

 Je t’aime, Elena.

lundi 9 décembre 2019

Le loup-garou et les têtes d'Hexham

Ce texte est un résumé de l’affaire du loup et des têtes d’Hexham ou ‘’la malédiction des têtes d’Hexham’’. À ce jour, il est toujours difficile pour certains de trancher entre véritable malédiction ou simple affaire de coïncidences. 

Au matin du 9 décembre 1904, dans le village d'Hexham en Angleterre, un troupeau de moutons a été attaqué par un loup. Plusieurs hommes ont décidé de poursuivre l’animal, mais il leur a échappé. Le lendemain un journal local nommé ‘’The Hexham Courant’’ a publié en gros titre ‘’un loup au large d’Allendale’’. Les agriculteurs du village d’Allendale, non loin d’Hexham, ont rapporté au journal que les pertes de bétails étaient si graves que certains d’entre eux rentraient leurs animaux dans l’écurie à la tombée de la nuit. Un berger a ainsi rapporté que deux de ses moutons avaient été attaqués. L’un avait été éventré dans le champ, quant à l'autre, seule sa tête avait été retrouvée de l’autre côté de celui-ci. De nombreux autres montons appartenant à plusieurs bergers avaient également été mordus aux pattes, et subi ce qui ressemblait à des attaques de loups. Le même jour, un animal rodant dans les alentours a été détecté. Un groupe de volontaires s'est alors lancé à sa chasse, mais sans succès.

Le 15 décembre, la Haydon Hounds, célèbre meute de chiens dirigée par le limier Monarch, a été envoyée afin de retrouver la piste de la bête, mais n’y sont pas arrivés. D’autres cadavres de moutons ont été retrouvés.
Le 20 décembre, une récompense de cinq livres sterling a été proposée contre la peau du loup.
Le 29 décembre, plusieurs hommes l'ont traqué, mais le loup s’est enfui en sautant par-dessus un mur. Le lendemain, plusieurs témoins ont dit l’avoir vu forcer une brebis à sauter d’un ravin.
Le 31 décembre, des enfants qui ont dit l’avoir croisé l’auraient fait fuir en l’effrayant. Plusieurs témoins disaient maintenant avoir vu le fameux loup, mais un fait restait assez troublant. Aucun d’entre eux ne l'avait vu de la même couleur. Gris clair, gris foncé, roux, noir, blanc. Et cela rendait le tout encore plus flou.
Le "Comité du Loup d’Hexham’’ a été mis en place, avec lequel de nombreuses battues ont été organisées, mais le loup arrivait toujours à échapper aux chasseurs et à leurs balles.
Alors le comité a engagé le scientifique M.W. Briddick, qui a déclaré qu’il retrouverait le loup grâce à la science. Cependant, tous ses efforts ont été vains, et il a fini par déclarer que ce loup ne laissait ni traces, ni odeur.
Le 7 janvier 1905, des poseurs de rails ont découvert un cadavre de loup coupé en deux, et ont décidé de l’enterrer. Mais après avoir discuté avec le chef de gare, ils sont allé le déterrer pour le ramener en ville. Alors, de nombreuses personnes ont commencé à se rassembler pour voir le loup qui était devenu célèbre à cause des nombreux cadavres laissés derrière lui. Mais le lendemain, des preuves ont été apportées au comité, preuves qui pouvaient confirmer que l'animal retrouvé mort n’était pas celui responsable des attaques. Certains racontaient même que ce loup avait été tué par l'autre, la bête qu'ils traquaient depuis maintenant longtemps. Le 21 janvier, le journal local a indiqué que des chiens avaient été envoyés dans les bois mais que le gel avait empêché la chasse. Le loup aurait été revu par de nombreuses personnes, mais les attaques ont peu à peu diminué, jusqu’à ce que la population s'en désintéresse.

Cette affaire aurait pu s’arrêter là, mais en février 1971, un enfant de 11 ans, Colin Robson, jouait dans le jardin de ses parents à Hexham lorsqu’il a trouvé une petite pierre ronde de
la taille d’une balle de tennis. Un visage aux traits grossièrement sculptés était gravé sur cette pierre. Alors Colin a ratissé le jardin avec son frère Leslie, et ils ont trouvé une deuxième pierre similaire. Les traits sculptés de la première étaient vaguement masculins, et elle était assez lourde. La deuxième quant à elle arborait un visage de sorcière d’après les deux enfants, et était plus légère. Après avoir lavé les deux têtes, ils les ont amenées à l’intérieur. Et c’est là que d’étranges phénomènes ont commencé à se produire. Les deux pierres avaient l’air de bouger seules, se tournant et se retournant sans que personne ne les touche. Des objets étaient retrouvés brisés, la vaisselle fracassée. La voisine des Robson, Mme Dodd, a également eu une mésaventure dans leur maison. Un jour où, accompagnée de son fils Brian, elle est allée chez les Robson pour tenir compagnie à l'un des enfants de la famille qui était malade, elle a vu une silhouette lui toucher la jambe, avant que celle-ci ne quitte la chambre à quatre pattes, dans une posture à cheval entre celle d'un homme et d'un animal. Cela s'est produit devant tous ceux qui étaient à l’intérieur, qui l'ont suivie du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans les escaliers. La nuit suivante, déjà terrifiée par l’apparition, Mme Dodd aurait entendu des bruits semblables à des cris, provenant selon elle de la maison des Robson. Elle serait descendue au rez-de-chaussée pour aller voir à sa fenêtre, et aurait trouvé la porte d’entrée ouverte. Le lendemain matin, elle en a parlé à Mr Robson, qui a également affirmé entendu des cris chez lui, qu'il a comparés à ceux d’un loup. Mme Dodd a demandé à ce que sa famille soit relogée par la municipalité.
Quelques temps après, les journaux locaux écrivaient des rumeurs disant que les têtes d’Hexham, nommées ‘’le garçon et la fille’’ par la presse, étaient des pierres maudites. Elles ont alors été amenées à l’abbaye d’Hexham pour être examinées, puis déposées au Musée des Antiquités de la ville et enfin données au Dr Ann Ross, une experte en objets Celtiques. Après étude, elle a pu en conclure qu’elles avaient toutes deux plus de 1800 ans et qu’elles avaient probablement été utilisées pour des rituels Celtiques.

Le Dr Ross, qui possédait chez elle des objets similaires a donc décidé de ramener définitivement chez elle ‘’le garçon et la fille’’ qu’elle a posé à côté des autres pièces de sa collection d’objets Celtiques. Mais quelques jours plus tard, elle se serait levée en pleine nuit et aurait ressenti une grande bouffée de peur. Elle aurait regardé en direction de la porte, et aurait vu une immense silhouette noire qui semblait être mi-homme, mi-animal. Elle a raconté être sortie de son lit en un éclair, puis avoir vu cette silhouette s'en aller et disparaître derrière sa maison.
Quelques jours plus tard, le Dr Ross et son mari sont allés à Londres. A leur retour leur fille, âgée de 15 ans à l’époque, est allée les trouver, paniquée, et leur a expliqué avoir vu une grande silhouette mi-homme mi-animal courir dans la maison devant elle alors qu’elle rentrait de cours, avant que celle-ci ne disparaisse. Cette silhouette est apparue plusieurs fois à chacun des membres de la famille Ross.
Le Dr Ross a ainsi pris connaissance des détails de ce qu’avait vu Mme Dodd et son fils dans la maison de la famille Robson, et a fait le lien avec le fait que les apparitions avaient commencé quelques jours après l’arrivée des pierres chez elle.
Invitée sur un plateau télé, elle a raconté que sa maison de Southampton était hantée par le fantôme d’un loup-garou qui suivait les pierres depuis Hexham. Elle a expliqué que la créature n’était pas juste une ombre ou un revenant, mais quelque chose de réel qui pouvait pousser des cris, et que tous ceux invités chez elle depuis qu’elle avait les deux pierres avaient vu, entendu et ressenti la présence du loup-garou. Elle a par la suite décidé de se débarrasser des deux pierres, et est allée jusqu’à mettre en vente l’intégralité de la collection qu’elle possédait.
La collection du Dr Ross a été achetée par un collectionneur, mais les têtes maudites d’Hexham ont été envoyées au British Museum. Cependant, les visiteurs s’en plaignaient tellement que le musée les a retirées de l’exposition.
En 1972, Desmond Craigie, un ancien habitant d’Hexham, a contacté un journal pour expliquer que c’était lui qui avait fabriqué les deux têtes dans les années 50, et il est allé jusqu’à en fabriquer des reproductions pour prouver qu’il avait raison. Mais alors, comment aurait-il pu duper les scientifiques avec de simples petites têtes sculptés dans les années 50 ? Et d’où pouvaient venir ces étranges phénomènes ?
Certains pensaient qu’il y avait un lien entre les têtes maudites, le fantôme de loup-garou et la fameuse affaire du loup tueur d’Hexham. En 1977, les pierres ont été confiées à Don Robins, un chimiste souhaitant les analyser. Il a expliqué avoir été témoin de phénomènes inexplicables et a confié les pierres à Frank Hyde, un radiesthésiste, mais elle ont fini par disparaître. Personne ne les revit jamais. À ce jour, on ne sait toujours pas où elles sont.


Alors selon vous, loup-garou et pierres maudites ? Coïncidences ? Ou psychose générale ? 


lundi 2 décembre 2019

Quvdlugiarsuaq

Bonjour, je poste aujourd'hui un document que m'a envoyé un ami islandais travaillant dans une petite librairie de Reykjavik. Selon lui, ce texte, écrit sur un parchemin, proviendrait d'un très vieux livre datant du XIIIème siècle. Il lui aurait été vendu par un vieil homme venu dans la librairie, pour 7000 couronnes islandaises, soit environ 50 euros. Pour un aussi bel ouvrage, c'était donné. Comme mon ami a à son actif une formation en scandinave ancien (j'ai oublié le nom précis de la langue), il a pu le lire. Il sait que j'aime beaucoup les documents creepys, et m'a envoyé la traduction d'un extrait par mail. La voici.

[...]
Auber Auberson était petit-fils d'Auber, qui obtint de son parent Peringskjold la concession du pays compris entre Vestibygjd et Banquibygjd, et s'établit à Dniapstokk, au Greenland. Il y jouissait d'une grande considération. Erik Anquetil était le personnage le plus considérable du lieu et était respecté de tous. Il eut deux fils, Folker et Ditmar, et une fille, Solveig, qu'il maria à Auber Auberson.

Auber Auberson, en l'an de grâce 1055, décida de partir explorer les terres plus au nord du Greenland, qui, disait-on, pouvaient renfermer d'intéressants secrets. De plus, ces terres étaient dites arables, et seuls des Skrælings  les occupaient. Dans ce but, il emmena avec lui Folker Anquetil, fils d'Erik Anquetil, et quelques foyers du village dont il avait la charge. Ils embarquèrent en été, et naviguèrent plusieurs jours en suivant la côte.Très vite, il réalisèrent que ce pays était montagneux et couvert de forêts, quoique moins vert que le sud du Greenland. Ils s'approchèrent des terres dès que Folker Anquetil, qui connaissait bien ces contrées, affirma reconnaître les côtes des régions dont on avait parlé à Auber Auberson. Après avoir accosté, ils reconnurent l'embouchure d'une rivière et la remontèrent durant deux jours jusqu'au pays décrit par Folker Anquetil. Dans celle-ci, ils trouvèrent des saumons en abondance, les plus grands qu'ils eussent jamais vus. Le climat était devenu si favorable qu'Auber Auberson se demanda s'il pouvait geler ici, et si le gazon se flétrissait parfois. Ils débarquèrent sur une plage de sable noir. Ayant remarqué de la rosée sur le tapis vert qui recouvrait le sol, ils la goûtèrent, et la trouvèrent plus savoureuse que tout ce qu'ils connaissaient.

Un soir, Burnouf Dodemanson ne rentra pas avec ses compagnons. Auber Auberson en fut très affligé, car il avait été élevé avec beaucoup de soins par ce dernier, qui était depuis très longtemps attaché à sa famille. Il réprimanda durement ceux qui étaient revenus sans lui, et se mit avec vingt hommes à sa recherche. Ils le trouvèrent à peu de distance du camp et l'accueillirent avec de grandes démonstrations de joie. Burnouf Dodemanson était un homme qui possédait un front étroit, des yeux fixes et des traits durs. Il était grand et maigre, mais adroit dans toutes sortes de métiers. Auber Auberson remarqua aussitôt que son père nourricier n'était pas dans son état normal; il lui demanda d'où il venait et pourquoi il s'était séparé de la bande. Burnouf Dodemanson tint quelques temps des propos incohérents, mais finit par dire "Je puis vous apprendre du nouveau, car j'ai trouvé du blé et de la vigne. -  Parlez-vous sérieusement ? demanda Auber Auberson. - Oui, certainement, car du pays d'où je viens, les vignobles ne manquent pas". Ils laissèrent passer la nuit, et le matin suivant Auber Auberson dit à ses gens : "Nous avons maintenant deux choses à faire alternativement : un jour nous vendangerons, l'autre nous couperons des cèpes et abattrons des arbres pour en charger le navire." Ils firent ainsi. On rapporte que leur grande chaloupe était remplie de raisins, et le vaisseau, de bois. Le froment y croissait sans culture.

    Ils rembarquèrent à la fin du printemps. Un des hommes de l'équipage fit remarquer un élément étrange : des hommes se tenaient sur un rocher, non loin du navire. Ses compagnons dirent qu'il n'y avait là rien d'extraordinaire. Il s'agissait sûrement de Skrælings. Mais leur chef décida d'aller à leur rencontre. Ils débarquèrent de nouveau. Folker Anquetil fut étonné de voir que ces hommes ne ressemblaient pas à des Skrælings : ils étaient de constitution robuste, et paraissaient bien nourris. En outre, ils étaient vêtus de longues robes d’un bleu sombre. Quand Auber Auberson leur demanda qui ils étaient, d'où ils venaient, ils ne répondirent pas. Ils se contentèrent de partir vers l'intérieur des terres. Auber Auberson prit douze hommes avec lui pour les suivre, dont Folker Anquetil. Ils ne tardèrent pas à arriver à un village de taille importante, avec des maisons aux murs de terre et, chose étonnante, aux toits de fer. Des villageois erraient, apparemment sans but, l'air hagard. De temps en temps, certains partaient cueillir des fruits sur des arbres qui semblaient pousser seuls, sans intervention humaine. Il n'y avait aucun enfant. Auber Auberson, qui avait vu plus de cent contrées, n'avait jamais vu cela. Supposant qu'il s'agissait d'un peuple de simplets, il demanda à ces personnes d'où venaient ces richesses. Les étranges villageois prononcèrent alors un mot : "Quvdlugiarsuaq", et l'amenèrent ensuite devant un gigantesque trou dont le fond se perdait dans l'obscurité, au centre du village. Ils faisait la longueur de cinq langskips mis bout à bout.

    Auber Auberson décida de descendre dans ce trou, espérant y trouver la source de ces richesses, et si possible, la ramener à son village. Il laissa Folker et cinq hommes dans le village autochtone pour assurer leur sécurité. La descente, par une rampe qui plongeait dans la caverne, dura plusieurs heures. Des maux de tête frappèrent les compagnons d'Auber Auberson, mais ce dernier resta de marbre. Ils affirmaient qu'on parlait dans leur tête, qu'on leur disait de vivre, de ne pas penser au lendemain, on leur promettait une vie éternelle, un bonheur entier et permanent. Auber Auberson, par l'effort de sa volonté et de sa dévotion à Dieu, n'entendait rien. Les voix disaient de vivre pour le moment de la Grande Éclosion. Auber Auberson ne voulait rien entendre. Ils arrivèrent finalement au fond. Là, dans les profondeurs de cet abîme, se tenait une abomination aux yeux de Dieu : un ver géant d'au moins cinq langskips de long, comme ceux décrits par les sacerdotes pour incarner le Diable aux yeux de la populace. Lorsqu'Auber Auberson s'approcha de cette Abomination, elle se réveilla. Un tentacule, aussi long que celui d'un Kraken, jaillit de l'avant de la Créature et s'empara des deux compagnons du pérégrin. Celui-ci se jeta sur le membre, mais s'aperçut vite que sans l'intégralité de ses frères d'armes, il n'avait aucune chance. Ivre de vengeance, il remonta donc le tunnel sans réaction de la part de l'Abomination, et une fois à l'air libre, ordonna à Folker Anquetil, fils d'Erik Anquetil, de partir chercher tous les guerriers au bateau. Il s’apprêtait à détruire cette chose. Les villageois se jetèrent alors sur eux. Tous les autochtones furent tués, et leur village fut pillé. Mais Folker Anquetil périt dans la bataille, tué par une flèche tiré par un lâche. Les héros ne laissèrent pas un seul bâtiment intact derrière eux, et repartirent vers le bateau au plus vite. Ils rembarquèrent et rentrèrent  à Filkenbygjd.
[...]

Extrait de la Saga d'Auber le Noir.