Notes
Ce que vous allez lire a été posté sur la board /x/ de 4chan le jour d'Halloween, en 2013, par un utilisateur inconnu du nom de prozac101. Me rendant quotidiennement sur /x/, j'ai été parmi les premiers à répondre au post de cette fille, et je pense qu'il est bon de vous prévenir tout de suite que j'ai été vraiment dérangé par ce que j'ai lu; je crois que je n'avais pas été aussi dérangé en lisant un truc depuis bien longtemps. C'est plutôt dur de décrire les étranges sentiments que j'ai ressentis, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait quelque chose de différent dans son histoire, vu que je n'ai pas cessé d'y repenser pendant des jours après ma lecture. Juste pour mettre les choses au clair, je ne suis pas l'auteur de ce qui suit, juste un simple anonyme qui s'est mis en devoir de montrer au plus large public possible l'histoire de prozac101.
Hey /x/
J'ai juste pensé que ce serait bien de vous partager quelques histoires effrayantes de mon enfance, pour animer un peu Halloween.
Quand j'étais gamine, je vivais seule avec ma mère. On vivait dans la propriété de ma grand-mère, une vieille ferme à trois étages juste en bordure des bois. C'était assez loin de la route, au bout d'un long et obscur chemin de gravier - on se sentait vraiment isolé, la nuit, étant loin de toutes les autres maisons, dans cette zone qui n'avait pas été habitée depuis 30 ans au moment où on s'y était installées. Assez souvent, j'étais une enfant très turbulente, et quand ma mère partait travailler, il arrivait que je ne prenne pas le bus scolaire et que je passe la journée seule à la maison. On se sentait souvent incroyablement seul et isolé dans cette grande maison, alors je passais le plus clair de mon temps dans la forêt qui s'étendait derrière. À bonne distance dans les bois, assez loin pour que je ne puisse plus entendre les appels de ma mère, il y avait un pin couché qui s'était abattu sur un autre - un énorme tronc se tenait, à présent, figé comme un arc au-dessus du sol de la forêt. J'adorais grimper sur la souche déchiquetée au pied de cet arbre tombé et me maintenir quelque part vers le milieu. Je n'arrivais jamais à continuer jusqu'en haut parce que la pente devenait simplement trop raide pour continuer, et j'avais la manie de me faire peur en regardant à quelle hauteur j'étais.
Un jour, alors que j'étais assise à mon endroit habituel sur l'arbre tombé, assez loin du sol, j'écoutais les chants des oiseaux en profitant de la chaleur du soleil sur ma nuque, quand j'ai entendu quelque chose en bas qui m'a paralysée de frayeur.
"Hé, gamine."
J'ai été prise d'un soudain accès de peur pendant un moment. La voix venait de juste en-dessous de moi. Je me suis penchée pour regarder en bas, mais le bord du tronc me masquait la vue. Pendant un long moment, je suis restée là, silencieuse, et j'en suis arrivée au point où j'étais presque convaincue d'avoir simplement imaginé cette voix.
"Je sais que tu peux m'entendre."
Sa voix était bien plus forte cette fois, si forte que j'ai hurlé de frayeur et que je me suis hissée un peu plus haut sur la grume. Tremblant nerveusement, j'ai enfoncé mes ongles dans l'écorce en m'accrochant étroitement à la vie. Je me suis assise là, tentant de garder mon calme pour Dieu sait combien de temps encore. Même si je ne la voyais pas, la présence de la chose en-dessous de moi était claire. Les chants d'oiseaux étaient devenus plus bas, plus timides, et en écoutant attentivement, j'entendais clairement une respiration humaine. Rassemblant tout mon courage, je me suis décidée à me prouver que tout ça n'était que mon imagination en me penchant le plus loin que je pouvais sans risquer de tomber. M'accrochant fermement à l'écorce derrière moi, j'ai allongé les bras et regardé en dessous, obtenant une large vue sur les sous-bois, quand soudainement-
"-DESCENDS TOUT DE SUITE OU C'EST MOI QUI VIENS TE CHERCHER!"
La voix était si forte que j'ai eu l'impression qu'elle m'avait crié en pleine face. De frayeur, j'ai relâché mon emprise sur le tronc et j'ai basculé de la plateforme. Je n'ai évité la chute qu'en m'agrippant à une branche proche, et pendant une horrible seconde, mes jambes nues se sont balancées dans l'air frais. Dès que j'ai pu me hisser sur le tronc, j'ai couru à toute vitesse au sommet du pin tombé, jusqu'à un point que je n'avais jamais atteint jusque-là. Je me suis arrêtée là, juste en-dessous de la cime qui craquait, me pissant dessus, fixant le pied de l'arbre où le bois partait en échardes, m'attendant à tout moment à voir quelqu'un ramper vers moi le long du tronc. Au lieu de ça, je n'ai entendu que le vent qui sifflait dans les feuilles autour de moi, et parfois quelques chants d'oiseaux. Il a dû s'écouler à peu près deux heures avant que ma mère rentre à la maison et me trouve, après bien des recherches, des tremblements, et des cris au sommet de l'arbre tombé.
Même si cet incident nous a beaucoup effrayées ma mère et moi, j'ai assez vite récupéré -les enfants sont naïfs à se montrer forts- même si je ne suis plus allée aussi loin qu'avant dans la forêt, et que je n'ai plus jamais ne serait-ce qu'approché cet arbre mort.
Quand j'ai eu 12 ans, j'ai reçu la corvée d'aller chercher du bois de chauffage dans le cabanon au fond du terrain, juste à l'orée de la forêt, et de le ramener dans la maison. C'était un travail assommant, et j'avais choisi de toujours le faire au crépuscule, quand l'air était plein de moustiques et que le brouillard recouvrait la pelouse. Au moment où je faisais mon dernier aller-retour, je sprintais toujours jusqu'à la maison, effrayée. Une des choses que j'aimais le moins dans ce travail, c'était que la cabane était pleine d'effraies (si vous avez déjà vu la face d'une effraie qui vous fixe du haut d'une poutre, vous devez vous douter comme ce cabanon me mettait mal à l'aise).
Lors d'une de ces nuits, le brouillard s'était montré plus épais que jamais. Une épaisse brume argentée recouvrait tout le paysage et limitait mon champ de vision à une petite sphère autour de moi. Même si la cabane n'était pas loin de la maison, je me suis sentie complètement désorientée, et j'ai pris la mauvaise direction plus d'une fois, deux fois droit vers les bois pour une raison ou une autre. Au moment où j'ai atteint ma route précédente, le brouillard était trop épais pour voir le chemin. L'humidité me piquait les yeux et ça rendait ma vision floue. En avançant à tâtons, j'ai fini par rentrer tête la première dans un arbre, lâchant tout le bois que je transportais sur mes pieds avec un craquement. Alors que je me baissais pour le récupérer, les pieds tremblant de douleur, j'ai réalisé que la brume était si épaisse que je ne pouvais même pas voir mes genoux. J'ai décidé de foncer à la maison, pensant qu'on avait bien assez de bois pour cette nuit. Cependant, il commençait à faire vraiment sombre et je n'arrivais plus à trouver mes repères pour savoir quelle direction prendre. Même en faisant quelques pas prudents dans chaque direction, essayant de me figurer où j'étais, je n'arrivais à trouver aucun point de repère.
Je n'arrivais même pas à situer la clôture ou le portail, et plus je marchais, plus je rencontrais d'arbres, des aiguilles de pin et de la boue sous mes pieds à la place de l'herbe humide. Après un moment, j'ai réalisé que j'avais même perdu le cabanon. Me maudissant d'être si bête (tandis que j'essayais d'ignorer mon cœur qui battait fort, sentant que quelque chose se jouait), je me suis rendue compte que j'étais perdue quelque part à l'entrée du bois. J'ai crié le plus fort que je pouvais pour que ma mère m'entende, mais j'ai eu pour seule réponse un grand silence venant des profondeurs du brouillard; je m'étais de toute évidence trop éloignée de la maison pour être entendue. Alors que la panique commençait à me prendre, j'ai remarqué quelque chose de rose qui bougeait sur le tronc d'un pin. En m'approchant, j'ai vu que c'était un carré de papier rose déchiré. Il y avait une flèche dessinée dessus, et elle pointait à droite. Ça ressemblait vaguement à quelque chose que ma mère aurait pu faire, j'ai pensé, pour éviter que je me perde. Alors, bêtement, j'ai suivi la direction donnée par cette flèche verte, tremblant dans l'air qui devenait de plus en plus froid.
J'ai continué de marcher pendant cinq ou dix minutes avant de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Mon cœur battait si fort que je commençais à avoir mal. Alors que je m'asseyais, j'ai remarqué ce qui semblait être une autre feuille flottant sur un tronc non loin. J'ai remarqué que celle-ci était fixée avec un long clou. Elle portait une autre flèche, celle-ci pointant en haut, et une petite note, négligemment écrite, qui disait: "PAR ICI". Malgré ma panique qui grandissait, je me suis persuadée que ces notes étaient ma seule chance de regagner la maison avant la tombée de la nuit. Je désespérais de sortir de cet enfer et mon front était moite de sueurs froides. Alors, j'ai suivi la flèche verte, jusqu'à apercevoir de nouveau un faible éclat rose, sur une pente avec des grumes effondrées et une litière de feuilles.
Il commençait à faire vraiment sombre, et je devais plisser les yeux pour voir ne serait-ce que quelques mètres devant moi. Je suivais les flèches, de moins en moins rassurée sur ma position. Je me suis enfoncée dans les bois, à tâtons dans le brouillard pour éviter de me prendre un arbre (même si j'avais peur que quelque chose que je n'aurais pas vu m'attrape le bras). J'ai atteint la troisième note dont la flèche pointait encore vers le haut. Elle indiquait une pente de plus en plus raide que je n'avais jamais vue près de la maison, un smiley souriant négligemment dessiné au-dessus. À ce moment, j'ai fini par être trop effrayée et je n'ai plus su faire face. Je suis restée là et j'ai commencé à pleurer. Alors que je m'effondrais contre le tronc d'un pin, la pensée m'a traversé l'esprit que je risquais de rester dans cette forêt toute la nuit. Ça s'est insinué en moi comme une seringue plantée dans mes veines. J'ai cherché autour de moi un autre carré rose. Plissant les yeux, troublée par ces notes, aucune d'entre elles ne semblait abîmée malgré les pluies de la semaine dernière. J'arrivais à les lire de loin sans problème.
Ce que j'ai lu m'a glacée. Je me suis tenue sur mes genoux, totalement silencieuse, tremblante de peur. Mes oreilles étaient sensibles au moindre petit bruit dans le brouillard. Pendant un long moment, je suis restée là, dans cette brume mouvante, lisant et relisant cette horrible note, encore et encore. Quand un craquement de bois quelque part derrière moi m'a fait sprinter, quasiment à l'aveugle, des brindilles griffant mes chevilles et mon visage tandis que je courais. Sur la note, écrit en grosse lettres vertes, se trouvait mon nom. J'ai cru courir pendant des heures, avec tout le long, la pluie et la brume qui clapotaient sur mon cou, comme un souffle maladif qui courait derrière moi. Je ne sais pas comment, mais j'ai tout de même fini par atteindre la maison. Toutes les lumières étaient éteintes, et je me suis démenée pendant un moment pour trouver mes clés. Quand je les ai trouvées, je me suis enfermée à l'intérieur et j'ai rampé jusqu'à mon lit, où je suis restée, éveillée, jusqu'au matin. Maman avait juste pensé que je rentrerais et que j'irais me coucher, et n'avait pas pensé à garder les lumières allumées. C'était un miracle, ou bien une étrange coïncidence que j'aie réussi à retrouver la maison.
Ma mère est le seul témoin du dernier "incident" qu'on ait connu dans cette foutue maison. Jusque-là, elle n'avait rien vécu des événements étranges que j'avais connus, même si on était d'accord toutes les deux au sujet de son intérieur oppressant, et de sa situation au milieu de ces bois lugubres.
Même si je n'ai jamais été très populaire, vivant en pleine campagne à l'opposé de tous les gens de mon école, j'ai noué des amitiés étroites durant ma première année au lycée. Une de mes amies, Amanda, m'avait invitée à passer la nuit chez elle, et j'avais accepté. Ma mère m'a conduite chez elle, à à peu près 5 kilomètres de chez nous, puis est repartie à la maison. La nuit s'est bien passée. On a regardé un film d'horreur, mangé de la pizza et probablement fumé un peu d'herbe. Ma mère était rentrée seule pour écrire un peu, elle travaillait dans un magazine à l'époque. Il devait être à peu près minuit, quand j'ai reçu un texto de sa part. Tout en lettres capitales.
"SI C EST UNE BLAGUE DIS LE MOI TOUT DE SUITE"
Pensant qu'elle plaisantait, j'ai répondu: "calmetoi, qu'est-ce qui est une blague?"
Elle a répondu, presque immédiatement:
"ES TU À LA MAISON"
Bien sûr, j'ai répondu "non", même si j'étais totalement déroutée. Je n'ai reçu aucun autre message avant 3 heures du matin, quand elle m'a dit de me rendre chez ma grand-mère et de ne tenter PAR AUCUN MOYEN de rentrer à la maison.
Je me rappelle de la pluie torrentielle quand je suis allé chez ma grand-mère, j'étais complètement trempée en arrivant. J'ai dû combattre la tentation de rentrer chez moi et de poser mon sac, mais les textos reçus durant la nuit étaient un avertissement suffisant pour ne pas le faire. Quand je suis arrivée, ma mère et ma grand-mère déjeunaient. Dans un premier temps, maman m'a paru aller comme d'habitude, mais en la regardant mieux, je me suis rendu compte que toutes les couleurs avaient quitté son visage, et elle tremblait légèrement. À un moment, elle a même laissé tomber son verre sur le sol en reculant de frayeur alors que le chat se frottait contre ses chevilles. Ce n'est que tard le soir, après que ma grand-mère se soit endormie, qu'elle l'a raconté ce qui s'était passé. Elle a insisté pour que je ne lui en parle pas, craignant que tout ça ne heurte trop son esprit superstitieux.
Elle m'a raconté ce qui s'était passé la nuit où j'étais chez Amanda avec d'horrible détails. Ma mère était dans le salon au rez-de-chaussée, assise au coin du feu sur le canapé; les rideaux encadraient une vue sur les cimes au crépuscule, et elle travaillait sur son prochain article. C'était si faible au début qu'elle l'a à peine remarqué, mais au bout d'un moment, ma mère a perçu de petits coups frappés sur la fenêtre, derrière sa tête. En allant voir, elle a vu plusieurs gros papillons bruns d'une espèce qu'on rencontrait souvent dans les environs, se cognant contre la vitre. Supposant que c'était la cause des bruits, elle est retournée à son travail, même si elle se sentait un peu déstabilisée. Ce n'est que quand les coups sont devenus de plus en plus forts et secs qu'elle y a fait plus attention et a remarqué que des cailloux étaient jetés sur la fenêtre, venant de l'obscurité du bois.
Elle les voyait apparaître dans l'ombre d'un buisson, puis retomber et rebondir sur la vitre. En regardant attentivement, elle pouvait voir de petites fissures là où le verre avait reçu les projectiles les plus lourds, juste au niveau où sa tête se trouvait quand elle était assise. Un temps captivée, elle a tenté de regarder l'ombre attentivement pour repérer d'où les cailloux étaient lancés. Puis elle a brusquement reculé, choquée. Elle m'avait vue, debout dehors, à moitié cachée derrière un arbre, tout près de la fenêtre, affichant un large sourire et la regardant fixement. Mon seul œil visible était grand ouvert, elle en voyait tout le blanc. Elle a étouffé un cri en voyant sa propre fille la fixer avec ce sourire. Ça ne bougeait pas, et ne clignait même pas des yeux; mais ça se tenait près d'un des pins les plus proches, loin de là d'où provenaient les cailloux, qui continuaient d'arriver comme une averse assourdissante. Mon visage continuait de lui imposer ce sourire oppressant.
Pensant que tout ça n'était qu'une très mauvaise blague (d'où le texto qu'elle m'a envoyé plus tard), ma mère a crié mon nom à s'en époumoner, terrorisée au plus profond d'elle-même. Cependant, au lieu de répondre, la bouche de cette chose derrière l'arbre a commencé à bouger comme si elle prononçait des mots silencieusement et vraiment, vraiment vite. Soudainement, elle a tourné sa tête sur le côté, et a paru s'adresser à quelqu'un d'autre derrière l'arbre, que ma mère ne voyait pas. Mais elle pouvait voir une forme noire et imprécise accrochée de l'autre côté de l'arbre. La fille qui me ressemblait continuait à regarder ma mère et à agiter ses lèvres, puis se tournait et parlait à la chose à ses côtés. Puis elle se tournait de nouveau et recommençait. Enfin, rompant son discours silencieux, elle a soudainement pointé ma mère du doigt et a commencé à rire. Elle a crié, et s'est enfuie dans ma chambre au deuxième (la seule chambre dont le loquet fonctionnait) où elle s'est enfermée, s'asseyant sur le bord du lit. Elle écoutait, en larmes, les cailloux s'abattre sur les fenêtres en plus en plus grand nombre.
Ma mère m'a dit qu'elle ne se sentait pas en sûreté dans ma chambre. Il y avait une odeur atroce dans l'air, et un bourdonnement bizarre dans les murs, d'après sa description. Elle a prié pendant un moment, avant d'abandonner et d'écouter à nouveau les cailloux jetés contre les fenêtres et les murs (elle avait entendu, quelque part dans la cuisine, le bruit d'une vitre qu'on brise) et ce bourdonnement bizarre. En écoutant plus attentivement, elle s'est rendue compte que ce son n'était que la nuance la plus grave, la plus basse d'une voix qui marmonnait. Elle a reconnu la voix avec horreur, puis, sans doute trop effrayée pour regarder, elle a incliné la tête vers la porte du placard où on pouvait voir un horrible visage blanc, qui la fixait, la bouche tordue et béante qui murmurait à toute vitesse.
La porte n'était qu'à un mètre de ma mère.
Elle a commencé à s'ouvrir doucement.
Totalement terrorisée, elle s'est jetée sur la porte de la chambre, cherchant le loquet, tandis que des pierres de plus en plus grosses s'écrasaient contre la fenêtre très vite brisée en une grêle de bouts de verre. Elle a finalement pu sortir, courant hors de la maison sans quitter les bois des yeux. Atteignant finalement la voiture, elle a démarré aussi vite qu'elle a pu. D'après elle, alors qu'elle regardait en arrière, juste en arrivant au bout du long chemin qui menait à la maison, elle avait vu deux très nettes formes humaines dans l'encadrement de ma fenêtre brisée, qui l'observaient tandis qu'elle s'éloignait de la demeure. Ça devait être leur adieu final, vu que ma mère n'est plus jamais revenue là-bas.
Alors qu'elle me racontait tout ça, elle a fondu en larmes. Je ne doutais pas de ses dires et aujourd'hui encore je n'en doute pas. Je crois très honnêtement qu'elle a vraiment vécu ce qu'elle m'a dit cette nuit-là. Il était clair que nous en avions fini de vivre dans cette maison, une fois pour toutes.
Je ne suis revenue qu'une seule fois, avec mon père que je ne voyais que très rarement. Il a fait le chemin depuis un autre État pour nous aider à déménager. Maman avait déjà trouvé un appartement en ville et s'y était installée. Mon père et moi nous nous contentions de charger son camion avec tout ce qu'on avait laissé sur place. C'était un matin silencieux et ensoleillé ce jour où nous avons vidé les lieux. Je voudrais bien pouvoir dire qu'il y ait eu une conclusion, un dernier incident pour finir tout ça en beauté, mais il ne s'est rien passé de spécial. C'était juste un grand soulagement de partir d'ici. Cependant, j'ai encore deux faits à mentionner:
1-En cherchant dans la maison des traces des intrus, on a vu que plusieurs fenêtres, dont celles de la cuisine et celle de ma chambre, avaient été brisées, et que des pierres étaient répandues en grand nombre sur le sol.
2-Papa est allé un peu dans les bois pour prendre une pause. Quand il est revenu, il m'a demandé depuis quand nous avions une balançoire. Inutile de dire que nous n'en avions jamais installé une. Aussi, j'ai été plutôt dérangée de voir qu'une balançoire avait été assemblée durant la semaine où je m'étais absentée, et suspendue à une haute branche du vieux pin sur la crête, celui contre lequel s'appuyait la vieille grume où j'avais cessé de grimpé il y a des années.
La corde semblait neuve, et l'assise en bois était parfaitement polie et poncée. Mon père, qui voulait éviter que les derniers événements me reviennent à l'esprit (il doutait de tout ça et pensait que ma mère était instable), a supposé qu'un de nos voisins l'avait posée là - ignorant le fait qu'elle était sur notre propriété. Évidemment, il savait bien que la maison était totalement isolée et que nous n'avions aucun voisin à moins d'un kilomètre. Il n'y avait aucune maison dans tout cet espace, et tout le temps que j'ai vécu ici je n'ai jamais vu la moindre trace d'une autre habitation humaine. Mais j'ai laissé tout ça derrière moi, heureuse de dire "bon débarras" alors qu'on s'éloignait une dernière fois des lieux. Pour le gros de l'affaire, j'ai pensé qu'il serait mieux d'essayer d'oublier ce qui s'est passé là-bas, même si, par moments, je ne peux tout simplement pas. Il s'est passé assez de temps depuis pour que je ne sois plus effrayée à l'idée d'en parler, mais pendant une longue période, je n'ai pas pu.
C'est Halloween, n'est-ce pas le bon moment pour vous parler de tout ça? Ma grand-mère a vendu la maison, peu de temps après qu'on en soit parties, à un jeune couple et leur petit garçon, même si ma mère a insisté pour que les lieux soient laissés vides. Aujourd'hui, elle refuse absolument d'en parler. Je suis moins tendue sur le sujet, même si par moment je ne peux pas empêcher mon imagination de courir. Tout ce que je peux faire, c'est penser à cette vieille maison, à l'arbre tombé, aux nouveaux occupants, et à la balançoire oscillant doucement dans le vent près du jeune enfant qui fait ses premiers pas.
Ce que vous allez lire a été posté sur la board /x/ de 4chan le jour d'Halloween, en 2013, par un utilisateur inconnu du nom de prozac101. Me rendant quotidiennement sur /x/, j'ai été parmi les premiers à répondre au post de cette fille, et je pense qu'il est bon de vous prévenir tout de suite que j'ai été vraiment dérangé par ce que j'ai lu; je crois que je n'avais pas été aussi dérangé en lisant un truc depuis bien longtemps. C'est plutôt dur de décrire les étranges sentiments que j'ai ressentis, mais j'ai eu l'impression qu'il y avait quelque chose de différent dans son histoire, vu que je n'ai pas cessé d'y repenser pendant des jours après ma lecture. Juste pour mettre les choses au clair, je ne suis pas l'auteur de ce qui suit, juste un simple anonyme qui s'est mis en devoir de montrer au plus large public possible l'histoire de prozac101.
Hey /x/
J'ai juste pensé que ce serait bien de vous partager quelques histoires effrayantes de mon enfance, pour animer un peu Halloween.
Quand j'étais gamine, je vivais seule avec ma mère. On vivait dans la propriété de ma grand-mère, une vieille ferme à trois étages juste en bordure des bois. C'était assez loin de la route, au bout d'un long et obscur chemin de gravier - on se sentait vraiment isolé, la nuit, étant loin de toutes les autres maisons, dans cette zone qui n'avait pas été habitée depuis 30 ans au moment où on s'y était installées. Assez souvent, j'étais une enfant très turbulente, et quand ma mère partait travailler, il arrivait que je ne prenne pas le bus scolaire et que je passe la journée seule à la maison. On se sentait souvent incroyablement seul et isolé dans cette grande maison, alors je passais le plus clair de mon temps dans la forêt qui s'étendait derrière. À bonne distance dans les bois, assez loin pour que je ne puisse plus entendre les appels de ma mère, il y avait un pin couché qui s'était abattu sur un autre - un énorme tronc se tenait, à présent, figé comme un arc au-dessus du sol de la forêt. J'adorais grimper sur la souche déchiquetée au pied de cet arbre tombé et me maintenir quelque part vers le milieu. Je n'arrivais jamais à continuer jusqu'en haut parce que la pente devenait simplement trop raide pour continuer, et j'avais la manie de me faire peur en regardant à quelle hauteur j'étais.
Un jour, alors que j'étais assise à mon endroit habituel sur l'arbre tombé, assez loin du sol, j'écoutais les chants des oiseaux en profitant de la chaleur du soleil sur ma nuque, quand j'ai entendu quelque chose en bas qui m'a paralysée de frayeur.
"Hé, gamine."
J'ai été prise d'un soudain accès de peur pendant un moment. La voix venait de juste en-dessous de moi. Je me suis penchée pour regarder en bas, mais le bord du tronc me masquait la vue. Pendant un long moment, je suis restée là, silencieuse, et j'en suis arrivée au point où j'étais presque convaincue d'avoir simplement imaginé cette voix.
"Je sais que tu peux m'entendre."
Sa voix était bien plus forte cette fois, si forte que j'ai hurlé de frayeur et que je me suis hissée un peu plus haut sur la grume. Tremblant nerveusement, j'ai enfoncé mes ongles dans l'écorce en m'accrochant étroitement à la vie. Je me suis assise là, tentant de garder mon calme pour Dieu sait combien de temps encore. Même si je ne la voyais pas, la présence de la chose en-dessous de moi était claire. Les chants d'oiseaux étaient devenus plus bas, plus timides, et en écoutant attentivement, j'entendais clairement une respiration humaine. Rassemblant tout mon courage, je me suis décidée à me prouver que tout ça n'était que mon imagination en me penchant le plus loin que je pouvais sans risquer de tomber. M'accrochant fermement à l'écorce derrière moi, j'ai allongé les bras et regardé en dessous, obtenant une large vue sur les sous-bois, quand soudainement-
"-DESCENDS TOUT DE SUITE OU C'EST MOI QUI VIENS TE CHERCHER!"
La voix était si forte que j'ai eu l'impression qu'elle m'avait crié en pleine face. De frayeur, j'ai relâché mon emprise sur le tronc et j'ai basculé de la plateforme. Je n'ai évité la chute qu'en m'agrippant à une branche proche, et pendant une horrible seconde, mes jambes nues se sont balancées dans l'air frais. Dès que j'ai pu me hisser sur le tronc, j'ai couru à toute vitesse au sommet du pin tombé, jusqu'à un point que je n'avais jamais atteint jusque-là. Je me suis arrêtée là, juste en-dessous de la cime qui craquait, me pissant dessus, fixant le pied de l'arbre où le bois partait en échardes, m'attendant à tout moment à voir quelqu'un ramper vers moi le long du tronc. Au lieu de ça, je n'ai entendu que le vent qui sifflait dans les feuilles autour de moi, et parfois quelques chants d'oiseaux. Il a dû s'écouler à peu près deux heures avant que ma mère rentre à la maison et me trouve, après bien des recherches, des tremblements, et des cris au sommet de l'arbre tombé.
Même si cet incident nous a beaucoup effrayées ma mère et moi, j'ai assez vite récupéré -les enfants sont naïfs à se montrer forts- même si je ne suis plus allée aussi loin qu'avant dans la forêt, et que je n'ai plus jamais ne serait-ce qu'approché cet arbre mort.
Quand j'ai eu 12 ans, j'ai reçu la corvée d'aller chercher du bois de chauffage dans le cabanon au fond du terrain, juste à l'orée de la forêt, et de le ramener dans la maison. C'était un travail assommant, et j'avais choisi de toujours le faire au crépuscule, quand l'air était plein de moustiques et que le brouillard recouvrait la pelouse. Au moment où je faisais mon dernier aller-retour, je sprintais toujours jusqu'à la maison, effrayée. Une des choses que j'aimais le moins dans ce travail, c'était que la cabane était pleine d'effraies (si vous avez déjà vu la face d'une effraie qui vous fixe du haut d'une poutre, vous devez vous douter comme ce cabanon me mettait mal à l'aise).
Lors d'une de ces nuits, le brouillard s'était montré plus épais que jamais. Une épaisse brume argentée recouvrait tout le paysage et limitait mon champ de vision à une petite sphère autour de moi. Même si la cabane n'était pas loin de la maison, je me suis sentie complètement désorientée, et j'ai pris la mauvaise direction plus d'une fois, deux fois droit vers les bois pour une raison ou une autre. Au moment où j'ai atteint ma route précédente, le brouillard était trop épais pour voir le chemin. L'humidité me piquait les yeux et ça rendait ma vision floue. En avançant à tâtons, j'ai fini par rentrer tête la première dans un arbre, lâchant tout le bois que je transportais sur mes pieds avec un craquement. Alors que je me baissais pour le récupérer, les pieds tremblant de douleur, j'ai réalisé que la brume était si épaisse que je ne pouvais même pas voir mes genoux. J'ai décidé de foncer à la maison, pensant qu'on avait bien assez de bois pour cette nuit. Cependant, il commençait à faire vraiment sombre et je n'arrivais plus à trouver mes repères pour savoir quelle direction prendre. Même en faisant quelques pas prudents dans chaque direction, essayant de me figurer où j'étais, je n'arrivais à trouver aucun point de repère.
Je n'arrivais même pas à situer la clôture ou le portail, et plus je marchais, plus je rencontrais d'arbres, des aiguilles de pin et de la boue sous mes pieds à la place de l'herbe humide. Après un moment, j'ai réalisé que j'avais même perdu le cabanon. Me maudissant d'être si bête (tandis que j'essayais d'ignorer mon cœur qui battait fort, sentant que quelque chose se jouait), je me suis rendue compte que j'étais perdue quelque part à l'entrée du bois. J'ai crié le plus fort que je pouvais pour que ma mère m'entende, mais j'ai eu pour seule réponse un grand silence venant des profondeurs du brouillard; je m'étais de toute évidence trop éloignée de la maison pour être entendue. Alors que la panique commençait à me prendre, j'ai remarqué quelque chose de rose qui bougeait sur le tronc d'un pin. En m'approchant, j'ai vu que c'était un carré de papier rose déchiré. Il y avait une flèche dessinée dessus, et elle pointait à droite. Ça ressemblait vaguement à quelque chose que ma mère aurait pu faire, j'ai pensé, pour éviter que je me perde. Alors, bêtement, j'ai suivi la direction donnée par cette flèche verte, tremblant dans l'air qui devenait de plus en plus froid.
J'ai continué de marcher pendant cinq ou dix minutes avant de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Mon cœur battait si fort que je commençais à avoir mal. Alors que je m'asseyais, j'ai remarqué ce qui semblait être une autre feuille flottant sur un tronc non loin. J'ai remarqué que celle-ci était fixée avec un long clou. Elle portait une autre flèche, celle-ci pointant en haut, et une petite note, négligemment écrite, qui disait: "PAR ICI". Malgré ma panique qui grandissait, je me suis persuadée que ces notes étaient ma seule chance de regagner la maison avant la tombée de la nuit. Je désespérais de sortir de cet enfer et mon front était moite de sueurs froides. Alors, j'ai suivi la flèche verte, jusqu'à apercevoir de nouveau un faible éclat rose, sur une pente avec des grumes effondrées et une litière de feuilles.
Il commençait à faire vraiment sombre, et je devais plisser les yeux pour voir ne serait-ce que quelques mètres devant moi. Je suivais les flèches, de moins en moins rassurée sur ma position. Je me suis enfoncée dans les bois, à tâtons dans le brouillard pour éviter de me prendre un arbre (même si j'avais peur que quelque chose que je n'aurais pas vu m'attrape le bras). J'ai atteint la troisième note dont la flèche pointait encore vers le haut. Elle indiquait une pente de plus en plus raide que je n'avais jamais vue près de la maison, un smiley souriant négligemment dessiné au-dessus. À ce moment, j'ai fini par être trop effrayée et je n'ai plus su faire face. Je suis restée là et j'ai commencé à pleurer. Alors que je m'effondrais contre le tronc d'un pin, la pensée m'a traversé l'esprit que je risquais de rester dans cette forêt toute la nuit. Ça s'est insinué en moi comme une seringue plantée dans mes veines. J'ai cherché autour de moi un autre carré rose. Plissant les yeux, troublée par ces notes, aucune d'entre elles ne semblait abîmée malgré les pluies de la semaine dernière. J'arrivais à les lire de loin sans problème.
Ce que j'ai lu m'a glacée. Je me suis tenue sur mes genoux, totalement silencieuse, tremblante de peur. Mes oreilles étaient sensibles au moindre petit bruit dans le brouillard. Pendant un long moment, je suis restée là, dans cette brume mouvante, lisant et relisant cette horrible note, encore et encore. Quand un craquement de bois quelque part derrière moi m'a fait sprinter, quasiment à l'aveugle, des brindilles griffant mes chevilles et mon visage tandis que je courais. Sur la note, écrit en grosse lettres vertes, se trouvait mon nom. J'ai cru courir pendant des heures, avec tout le long, la pluie et la brume qui clapotaient sur mon cou, comme un souffle maladif qui courait derrière moi. Je ne sais pas comment, mais j'ai tout de même fini par atteindre la maison. Toutes les lumières étaient éteintes, et je me suis démenée pendant un moment pour trouver mes clés. Quand je les ai trouvées, je me suis enfermée à l'intérieur et j'ai rampé jusqu'à mon lit, où je suis restée, éveillée, jusqu'au matin. Maman avait juste pensé que je rentrerais et que j'irais me coucher, et n'avait pas pensé à garder les lumières allumées. C'était un miracle, ou bien une étrange coïncidence que j'aie réussi à retrouver la maison.
Ma mère est le seul témoin du dernier "incident" qu'on ait connu dans cette foutue maison. Jusque-là, elle n'avait rien vécu des événements étranges que j'avais connus, même si on était d'accord toutes les deux au sujet de son intérieur oppressant, et de sa situation au milieu de ces bois lugubres.
Même si je n'ai jamais été très populaire, vivant en pleine campagne à l'opposé de tous les gens de mon école, j'ai noué des amitiés étroites durant ma première année au lycée. Une de mes amies, Amanda, m'avait invitée à passer la nuit chez elle, et j'avais accepté. Ma mère m'a conduite chez elle, à à peu près 5 kilomètres de chez nous, puis est repartie à la maison. La nuit s'est bien passée. On a regardé un film d'horreur, mangé de la pizza et probablement fumé un peu d'herbe. Ma mère était rentrée seule pour écrire un peu, elle travaillait dans un magazine à l'époque. Il devait être à peu près minuit, quand j'ai reçu un texto de sa part. Tout en lettres capitales.
"SI C EST UNE BLAGUE DIS LE MOI TOUT DE SUITE"
Pensant qu'elle plaisantait, j'ai répondu: "calmetoi, qu'est-ce qui est une blague?"
Elle a répondu, presque immédiatement:
"ES TU À LA MAISON"
Bien sûr, j'ai répondu "non", même si j'étais totalement déroutée. Je n'ai reçu aucun autre message avant 3 heures du matin, quand elle m'a dit de me rendre chez ma grand-mère et de ne tenter PAR AUCUN MOYEN de rentrer à la maison.
Je me rappelle de la pluie torrentielle quand je suis allé chez ma grand-mère, j'étais complètement trempée en arrivant. J'ai dû combattre la tentation de rentrer chez moi et de poser mon sac, mais les textos reçus durant la nuit étaient un avertissement suffisant pour ne pas le faire. Quand je suis arrivée, ma mère et ma grand-mère déjeunaient. Dans un premier temps, maman m'a paru aller comme d'habitude, mais en la regardant mieux, je me suis rendu compte que toutes les couleurs avaient quitté son visage, et elle tremblait légèrement. À un moment, elle a même laissé tomber son verre sur le sol en reculant de frayeur alors que le chat se frottait contre ses chevilles. Ce n'est que tard le soir, après que ma grand-mère se soit endormie, qu'elle l'a raconté ce qui s'était passé. Elle a insisté pour que je ne lui en parle pas, craignant que tout ça ne heurte trop son esprit superstitieux.
Elle m'a raconté ce qui s'était passé la nuit où j'étais chez Amanda avec d'horrible détails. Ma mère était dans le salon au rez-de-chaussée, assise au coin du feu sur le canapé; les rideaux encadraient une vue sur les cimes au crépuscule, et elle travaillait sur son prochain article. C'était si faible au début qu'elle l'a à peine remarqué, mais au bout d'un moment, ma mère a perçu de petits coups frappés sur la fenêtre, derrière sa tête. En allant voir, elle a vu plusieurs gros papillons bruns d'une espèce qu'on rencontrait souvent dans les environs, se cognant contre la vitre. Supposant que c'était la cause des bruits, elle est retournée à son travail, même si elle se sentait un peu déstabilisée. Ce n'est que quand les coups sont devenus de plus en plus forts et secs qu'elle y a fait plus attention et a remarqué que des cailloux étaient jetés sur la fenêtre, venant de l'obscurité du bois.
Elle les voyait apparaître dans l'ombre d'un buisson, puis retomber et rebondir sur la vitre. En regardant attentivement, elle pouvait voir de petites fissures là où le verre avait reçu les projectiles les plus lourds, juste au niveau où sa tête se trouvait quand elle était assise. Un temps captivée, elle a tenté de regarder l'ombre attentivement pour repérer d'où les cailloux étaient lancés. Puis elle a brusquement reculé, choquée. Elle m'avait vue, debout dehors, à moitié cachée derrière un arbre, tout près de la fenêtre, affichant un large sourire et la regardant fixement. Mon seul œil visible était grand ouvert, elle en voyait tout le blanc. Elle a étouffé un cri en voyant sa propre fille la fixer avec ce sourire. Ça ne bougeait pas, et ne clignait même pas des yeux; mais ça se tenait près d'un des pins les plus proches, loin de là d'où provenaient les cailloux, qui continuaient d'arriver comme une averse assourdissante. Mon visage continuait de lui imposer ce sourire oppressant.
Pensant que tout ça n'était qu'une très mauvaise blague (d'où le texto qu'elle m'a envoyé plus tard), ma mère a crié mon nom à s'en époumoner, terrorisée au plus profond d'elle-même. Cependant, au lieu de répondre, la bouche de cette chose derrière l'arbre a commencé à bouger comme si elle prononçait des mots silencieusement et vraiment, vraiment vite. Soudainement, elle a tourné sa tête sur le côté, et a paru s'adresser à quelqu'un d'autre derrière l'arbre, que ma mère ne voyait pas. Mais elle pouvait voir une forme noire et imprécise accrochée de l'autre côté de l'arbre. La fille qui me ressemblait continuait à regarder ma mère et à agiter ses lèvres, puis se tournait et parlait à la chose à ses côtés. Puis elle se tournait de nouveau et recommençait. Enfin, rompant son discours silencieux, elle a soudainement pointé ma mère du doigt et a commencé à rire. Elle a crié, et s'est enfuie dans ma chambre au deuxième (la seule chambre dont le loquet fonctionnait) où elle s'est enfermée, s'asseyant sur le bord du lit. Elle écoutait, en larmes, les cailloux s'abattre sur les fenêtres en plus en plus grand nombre.
Ma mère m'a dit qu'elle ne se sentait pas en sûreté dans ma chambre. Il y avait une odeur atroce dans l'air, et un bourdonnement bizarre dans les murs, d'après sa description. Elle a prié pendant un moment, avant d'abandonner et d'écouter à nouveau les cailloux jetés contre les fenêtres et les murs (elle avait entendu, quelque part dans la cuisine, le bruit d'une vitre qu'on brise) et ce bourdonnement bizarre. En écoutant plus attentivement, elle s'est rendue compte que ce son n'était que la nuance la plus grave, la plus basse d'une voix qui marmonnait. Elle a reconnu la voix avec horreur, puis, sans doute trop effrayée pour regarder, elle a incliné la tête vers la porte du placard où on pouvait voir un horrible visage blanc, qui la fixait, la bouche tordue et béante qui murmurait à toute vitesse.
La porte n'était qu'à un mètre de ma mère.
Elle a commencé à s'ouvrir doucement.
Totalement terrorisée, elle s'est jetée sur la porte de la chambre, cherchant le loquet, tandis que des pierres de plus en plus grosses s'écrasaient contre la fenêtre très vite brisée en une grêle de bouts de verre. Elle a finalement pu sortir, courant hors de la maison sans quitter les bois des yeux. Atteignant finalement la voiture, elle a démarré aussi vite qu'elle a pu. D'après elle, alors qu'elle regardait en arrière, juste en arrivant au bout du long chemin qui menait à la maison, elle avait vu deux très nettes formes humaines dans l'encadrement de ma fenêtre brisée, qui l'observaient tandis qu'elle s'éloignait de la demeure. Ça devait être leur adieu final, vu que ma mère n'est plus jamais revenue là-bas.
Alors qu'elle me racontait tout ça, elle a fondu en larmes. Je ne doutais pas de ses dires et aujourd'hui encore je n'en doute pas. Je crois très honnêtement qu'elle a vraiment vécu ce qu'elle m'a dit cette nuit-là. Il était clair que nous en avions fini de vivre dans cette maison, une fois pour toutes.
Je ne suis revenue qu'une seule fois, avec mon père que je ne voyais que très rarement. Il a fait le chemin depuis un autre État pour nous aider à déménager. Maman avait déjà trouvé un appartement en ville et s'y était installée. Mon père et moi nous nous contentions de charger son camion avec tout ce qu'on avait laissé sur place. C'était un matin silencieux et ensoleillé ce jour où nous avons vidé les lieux. Je voudrais bien pouvoir dire qu'il y ait eu une conclusion, un dernier incident pour finir tout ça en beauté, mais il ne s'est rien passé de spécial. C'était juste un grand soulagement de partir d'ici. Cependant, j'ai encore deux faits à mentionner:
1-En cherchant dans la maison des traces des intrus, on a vu que plusieurs fenêtres, dont celles de la cuisine et celle de ma chambre, avaient été brisées, et que des pierres étaient répandues en grand nombre sur le sol.
2-Papa est allé un peu dans les bois pour prendre une pause. Quand il est revenu, il m'a demandé depuis quand nous avions une balançoire. Inutile de dire que nous n'en avions jamais installé une. Aussi, j'ai été plutôt dérangée de voir qu'une balançoire avait été assemblée durant la semaine où je m'étais absentée, et suspendue à une haute branche du vieux pin sur la crête, celui contre lequel s'appuyait la vieille grume où j'avais cessé de grimpé il y a des années.
La corde semblait neuve, et l'assise en bois était parfaitement polie et poncée. Mon père, qui voulait éviter que les derniers événements me reviennent à l'esprit (il doutait de tout ça et pensait que ma mère était instable), a supposé qu'un de nos voisins l'avait posée là - ignorant le fait qu'elle était sur notre propriété. Évidemment, il savait bien que la maison était totalement isolée et que nous n'avions aucun voisin à moins d'un kilomètre. Il n'y avait aucune maison dans tout cet espace, et tout le temps que j'ai vécu ici je n'ai jamais vu la moindre trace d'une autre habitation humaine. Mais j'ai laissé tout ça derrière moi, heureuse de dire "bon débarras" alors qu'on s'éloignait une dernière fois des lieux. Pour le gros de l'affaire, j'ai pensé qu'il serait mieux d'essayer d'oublier ce qui s'est passé là-bas, même si, par moments, je ne peux tout simplement pas. Il s'est passé assez de temps depuis pour que je ne sois plus effrayée à l'idée d'en parler, mais pendant une longue période, je n'ai pas pu.
C'est Halloween, n'est-ce pas le bon moment pour vous parler de tout ça? Ma grand-mère a vendu la maison, peu de temps après qu'on en soit parties, à un jeune couple et leur petit garçon, même si ma mère a insisté pour que les lieux soient laissés vides. Aujourd'hui, elle refuse absolument d'en parler. Je suis moins tendue sur le sujet, même si par moment je ne peux pas empêcher mon imagination de courir. Tout ce que je peux faire, c'est penser à cette vieille maison, à l'arbre tombé, aux nouveaux occupants, et à la balançoire oscillant doucement dans le vent près du jeune enfant qui fait ses premiers pas.
Traduction: Tripoda
Creepypasta originale ici
Ah , je me disais bien pourquoi j'avais l'impression de connaitre l'histoire , c'est parce que je l'ai lu du wiki creepypasta :D
RépondreSupprimerJ'adore ! :D Bravo à l'auteur ^^
RépondreSupprimerLes histoires comme ça sont celles que je préfère ;)
J'ai pas compris c'ets quoi le rapport avec la photo ? :B
RépondreSupprimerC'était vendu ensemble.
SupprimerC les "2 silhouettes humaines
SupprimerJ'adore trop bien cette pasta ! Ce qui est un peu dans ce style me plait beaucoup ^^
RépondreSupprimerJ'ai adoré cette pasta mais j'ai besoin d'éclaircir un point: ce sont bien des doppelgängers décrits dans cette pasta?
RépondreSupprimerPour moi, oui c'est un doppelgängers
SupprimerHistoire sublime ! Mais euh, c'est quoi un doppelgängers ?
SupprimerUn doppelgängers est... une chose va t'on dire qui prend l'apparence d'une personne
Supprimerou comme les polymorphes
SupprimerMagnifiquement racontée ! ça c'est de la creepypasta comme je les aime ! Cette histoire est la preuve que le gore n'est absolument pas nécessaire dans une creepypasta.
RépondreSupprimerEt bien sûr bravo pour la traduction !
De loin la meilleure histoire que j'ai vue sur ce site ! SU-BLIME !
Omg, j'ai des frissons partout!
RépondreSupprimerUne creepypasta d'une rare qualité :)
Super pasta! Ma cousine et moi on a flipper toute la nuit. Je suis allée dormir avec ma mère pour finir 8D (Oui même a mon âge...)
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=rv7IEGxch3U&list=UUuk6jkv2EQDe6aE_y7fyHww Je vous invite a venirs voir ma chaine youtube sur les creepyasta.
RépondreSupprimerNon.
SupprimerNon plus.
SupprimerNon
SupprimerNon
SupprimerNon
SupprimerOui :3 (oui j'suis pas méchant ! Tiens j'vais même m'abonner !)
SupprimerOui :3 (oui j'suis pas méchant ! Tiens j'vais même m'abonner !)
SupprimerWah elle est absolument géniale ! Merci beaucoup !
RépondreSupprimerJe sens qu'il il y a du SlenderMan dessus. c'est juste un impression.
RépondreSupprimerAlors toi aussi tu as eu cette impression? 8)
SupprimerJ'ai adoré cette pasta, elle a du suspens et est mysterieuse. En plus elle fait plutot peur donc le top. Si seulement toutes les pastas pouvais être comme sa, sa serais génial :)
RépondreSupprimerNote à moi-même: ne pas venir sur ce site avant d'aller dormir.
RépondreSupprimerL'impression de danger inconnu est très bien exploité et ah! juste le bruit d'une porte chez moi, il faut que je me calme.
Bref excellent texte, bien décrit, suffisamment long pour que l'on rentre dans l'histoire, suffisamment court et oppressant pour que l'on ne se mette pas à l'aise, et très bien écrit.
Faut vraiment que j'arrete les pasta avant de me coucher XD
RépondreSupprimerexcellente pasta !
RépondreSupprimerExcellente pasta et mention spéciale pour le tout premier fait que je trouve super original et pertinent!!!!!
RépondreSupprimerCette pasta est superbe , ca fait longtemps que je n'avais pas eu peur comme ca ! Bravo pour m'avoir rendue carrément parano :))...
RépondreSupprimerUn smiley souriant ? Un esprit ? Rendons nous à l'évidence =
RépondreSupprimerC'est l'esprit de Jonh le Rouge !
BEST DOPPELGÄNGER STORY EVER
RépondreSupprimerLa traduction est vraiment excellente, le style littéraire est très bon, l'histoire est prenante, et plutôt effrayante. Sans doute ma préférée de toutes !
RépondreSupprimertrop flippante cette pasta, j'adore :)
RépondreSupprimerPromenons nous dans les bois pendant que le mec n'y est pas
RépondreSupprimerUne de mes préférées ! Simple, mystérieux et bien raconté ! Je n'en demandais pas plus d'une creepy.
RépondreSupprimerJe débarque, je ne l'avais jamais lue celle là ! Elle est terrible ! Je suis tout de suite rentré dedans et j'ai adoré. C'est le genre de truc que j'aimerais bien voir en court-métrage.
RépondreSupprimerPour moi cette creepypasta et "Kisaragi station" sont les meilleures du site.
RépondreSupprimerDans l'histoire, il n'y a que 2 démons, alors que sur la photo, ils ont l'air d'être 4.
RépondreSupprimerEn fait 5. D'ailleurs, j'aime bien cette photo, ça pourrait faire une excellente pose d'un groupe de metal, pour la promotion d'un de leurs albums.
RépondreSupprimer