10.7.2004
À Jennifer, ses amis et la famille de Mark.
Comme promis, voici les copies de lettres que j’ai reçues de Mark au cours du dernier mois. Pour la plupart, je les ai simplement copiées et collées depuis ma messagerie.
Comme vous allez le voir, il a demandé cela dans l’espoir que vous compreniez mieux les raisons de ses actes.
J’ai créé ce site parce que c’est le moyen le plus efficace pour partager les emails de Mark avec vous tous. Je ne transmettrai cette adresse à personne d'autre. Mais je pense qu’il serait sage de faire passer le lien à tous ceux qui peuvent aider dans l’enquête. Étant donné que je collecte de plus en plus d’informations, provenant de différentes sources, je mettrai ce site à jour pour en garder une trace écrite précise.
Si vous avez besoin de vous entretenir avec moi, Jen a mon numéro. Merci pour votre patience, et encore une fois, je suis profondément désolé.
-Eric
de : Condry, Mark
date : Lundi 6 Septembre 2004, 08:17
sujet : Un vieil ami
Eric,
Salut mec. C’est Mark, de Houston. La bande du samedi soir. Ça fait un bail, pas vrai? J’ai trouvé ton email sur ton site web, il parait que tu es à Los Angeles maintenant, c'est cool pour toi. Je me souviens t’avoir dit que tu devrais être à 5000 bornes, à faire ce truc en Californie. Tu es toujours avec Connie? Je suis à Dallas maintenant, j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait dans mon immeuble, on se voit depuis deux ans maintenant.
Écoute, la raison pour laquelle je surgis de nulle part, c'est parce que j’ai reçu cet article de journal dans ma boite aux lettres. Peut-être l'as-tu aussi reçu. C’est par rapport à Andrew. Tu te souviens de Drew ? Travis le ramenait toujours. Cheveux en bataille. Le genre un peu fanboy. Je ne me souvenais plus de son nom de famille jusqu’à ce que je reçoive cet article, et maintenant ça me dégoute.
Tu sais ce qui s’est passé ? Ou tu n'étais juste pas au courant ?
Fais moi savoir si tu as du temps pour en parler. Je peux t’appeler, ou tu peux m’appeler si ça marche mieux. Je vais voir si je peux retrouver Travis et Dave. Une petite recherche ne semble pas me donner de piste, mais peut-être qu'ils ne sont juste inscrits sur aucun site. Si tu parles toujours à l’un d’eux, fais moi savoir.
Merci d'avance,
Mark
de : Condry, Mark
date : Mercredi 8 Septembre 2004 07:44 AM
sujet : Re : un vieil ami
Eric,
Merci d'avoir répondu si vite. Je ne voulais pas avoir l'air mystérieux dans mon premier mail, j'étais juste... Réticent, j'imagine. Je n'ai pas vraiment vu ni pensé à Andrew depuis qu'il a arrêté de venir les soirs de match, et c'était il y a cinq ans. C'est à peu près à partir de ce moment qu'on a tous pris nos chemins respectifs, en 1999. Tu as déménagé dans l'ouest, je suis parti à Dallas, etc... Alors quand j'ai reçu cet article dans ma boîte aux lettres, j'ai été surpris.
Et oui, je veux bien te le retranscrire. Je pensais que c'était peut-être toi qui me l'avais envoyé. Je le mettrai en bas de ce mail.
> Je me souviens de lui. C'était pas le genre à avoir des idées, plus
> le genre à adhérer à celles des autres. Le plus lent à capter la
> blague, mais celui qui riait le plus longtemps.
C'est typiquement Andrew, enfin, c'est comme ça que je me souviens de lui. Il me tapait parfois sur les nerfs, mais ça se voyait qu'il adorait faire partie du groupe. Il me demandait des jetons les fois où on jouait aux cartes, ou m'empruntait des dés en les prenant dans mon sac, ce genre de choses. Quand on jouait à Tecmo Bowl sur ta Nintendo il voulait toujours être dans mon équipe. Ça ne m'aurait pas dérangé s'il avait su jouer, cela dit.
> Ça fait des années que je n'ai pas entendu parler de Travis ou de
> Dave. Je les ai perdus de vue à peu près en même temps que toi.
> Aucun d'entre nous n'a vraiment essayé
> de rester en contact. C'est des choses qui arrivent.
C'est pas grave. Je voulais pointer personne du doigt. Ça arrive. Mais j'espérais que tu aies déjà entendu parler de ce qui était arrivé à Andrew, en recevant une copie de l'article, ou quoi. Je n'ai pas encore été capable de trouver le numéro ou l'adresse mail de Travis ni de Dave. Peut-être qu'ils en savent plus que nous à ce sujet. Andrew rentrait avec Travis la plupart du temps. C'était sur le trajet de chez Travis. Andrew vivait avec sa mère, non ? Genre dans un appartement ? Et son beau-père était dans l'immobilier, et il avait cette maison juste après l'autoroute n°6. Tu t'en souviens ? Andrew avait vachement peur de cette maison.
Voilà l'article. Il y a une photo d'Andrew dedans qui ressemble peut-être à celle de son permis de conduire. Toujours les cheveux en bataille.
***************
UN HOMME TIRE SUR DEUX PERSONNES AVANT DE SE SUICIDER DANS UN RESTAURANT DE BOISE, IDAHO
Les clients du Roadside Breakfast Café sur la nationale 84 se sont rués sur le parking du restaurant dans la panique hier après-midi après qu'un homme soit entré dans le restaurant et ait commencé à tirer sur les clients à l'intérieur, en tuant deux.
Le couple, John et Lucy Madson, prenait le repas quand Andrew Hughes, jeune homme de 26 ans, est entré en brandissant un pistolet Smith and Wesson 59, selon la police. Les témoins rapportent que l'homme murmurait tandis qu'il approchait de la partie fumeurs du restaurant, et a ouvert le feu sur les premières rangées de tables, blessant mortellement les Madson. Il a retourné l'arme sur lui-même peu après.
Les trois ont été emmenés au Centre Médical Régional St. Alphonse par les ambulanciers, où John Madson ainsi que le tireur ont été déclarés morts. Lucy Madson, 37 ans, est restée dans un état critique pendant plusieurs heures mais n'a pas survécu à la nuit. La police enquête actuellement sur la vie professionnelle et privée de Hughes, mais jusqu'à présent le motif de l'attaque demeure inconnu.
***************
S'il y a une suite à l'article, je ne suis pas parvenu à me la procurer. C'était juste une coupure. Au verso, un morceau de publicité pour une chaîne de magasins de luxe.
Ça m'intrigue vraiment, Eric. Qu'est-ce que Drew foutait à Boise ? Avec un flingue ? Il a coupé les ponts avec nous pendant presque deux ans. Je ne comprends vraiment pas.
Et quelque chose d'autre m'intrigue. Je n'arrive pas encore à mettre le doigt dessus.
-Mark
de : Condry, Mark
date : Jeudi 9 Septembre 2004, 14:00
sujet : Andrew
Je sais ce que tu ressens. C'est dur de ne pas penser aux moments où il était assis à côté de nous à la table avec son sourire de crétin, à la façon dont il secouait ses dés et déplaçait ses pions autour du plateau. Il adorait nos parties de Monopoly nocturnes. Je me rappelle qu'il tirait toujours la langue quand il comptait l'argent, je crois qu'il ne s'en rendait même pas compte.
Impossible de l'imaginer assassiner des gens qui ne faisaient que déjeuner.
> Il n'y a pas l'adresse de l'expéditeur sur l'enveloppe ?
Non, mais le cachet postal est ID. Pas CA ou TX. Ça vient bien de l'Idaho.
> je sais pas si tu as déjà envisagé cette possibilité, mais il est possible
> que toute cette histoire soit fausse. Il y a des malades qui font ce genre de plaisanteries malsaines
> juste pour jouer avec tes nerfs. C'est facile d'obtenir du papier journal et d'envoyer un faux article.
Ouais, j'y ai pensé. Je ne t'en avais pas parlé plus tôt, mais j'ai téléphoné à Saint Alphonse pour me renseigner et savoir s'ils avaient eu un patient du nom d'Andrew Huges qui aurait été admis le mois dernier. Ils n'avaient aucun dossier sur lui. J'ai demandé si ce serait rendu public, s'il avait été déclaré mort à l'arrivée, et j'ai été redirigé vers les urgences, où ils gardent des registres paramédicaux et des informations sur l’état des patients au moment où ils sont admis.
Ils l'ont dans leurs dossiers.
Il s'est pointé le 28 Août , mort d'une blessure par balle à la tête. Prononcé mort par un médecin urgentiste à 15h14.
Je me suis aussi renseigné pour obtenir des coordonnées, comme un numéro de téléphone ou une adresse où il pourrait avoir vécu. On m'a envoyé balader, en me disant de contacter la police pour ce genre de choses. L'hôpital n'aurait divulgué aucune information personnelle, du moins pas sans quelques signatures. Je n'ai pas encore appelé la police. C'est probablement la prochaine étape.
Heureux d'apprendre que toi et Connie êtes en forme. Désolé de te déranger avec un sujet aussi désagréable, seulement je ne sais pas qui d'autre s'en soucierait assez pour m'écouter.
Je t'écrirai si j'apprends quoi que ce soit de nouveau. Au point où en est, je commence à penser que c'est peut-être la mère de Drew qui me l'a envoyé. Peut-être que Drew a gardé un œil sur moi quand je suis parti pour Dallas et qu'il avait mon adresse. Je suis listé dans l'annuaire. Ça pourrait expliquer la partie logistique.
Je crois que je réfléchis trop.
Prends soin de toi,
Mark
de : Condry, Mark
date : Vendredi 10 Septembre 2004, 3:11
sujet : pensées et préoccupations
Resalut.
Je sais qu'il est tard, ou tôt, à toi de voir, mais cette affaire à propos d'Andrew ne quitte pas mes pensées. J'ai finalement réalisé ce qui me préoccupait et j'ai besoin de cracher le morceau.
Tu te rappelles de ce qu'il s'est passé juste avant qu'Andrew arrête de se ramener chez toi les soirs où on jouait ? Moi oui. Il était parti pendant deux semaines parce qu'il devait garder la maison de son beau-père. Lui et sa mère s'en allaient pour les grandes vacances chaque été, pour dix jours, et ils s'arrangeaient pour qu'Andrew ne vienne pas. Généralement, il se contentait de rester à l'appartement de sa mère, mais cette année on lui avait demandé de s’occuper de cette maison, une de celles dans ce vieux quartier riche à l'ouest de Houston. Le gars possédait probablement plusieurs de ces maisons. C'était un grand de l'immobilier, pas vrai ?
Le gars avait hérité de ce chien par un de ses clients, quelqu'un qui déménageait et ne voulait pas s'encombrer d'un animal. Je tiens à préciser que c'était un berger australien. Tu t'en rappelles ? Andrew en avait parlé le week-end d'avant. Le chien avait des problèmes de dressage - il gémissait, aboyait, grattait à la porte, pissait sur le tapis. Il n'aimait pas être à l'intérieur, il voulait toujours être dehors. Son père le gardait dans une niche, à part quand il pleuvait. Andrew était censé s'occuper du chien, et d'autres choses comme tondre la pelouse, tu vois le genre.
Mais Andrew ne voulait pas y aller. Dave a voulu le convaincre en lui rappelant à quel point c'était le plan parfait pour un jeune célibataire, la maison à lui tout seul, les soirées, le commerce pas très légal, et Andrew continuait de répéter qu'il faisait trop froid là-bas pour organiser une fête. Trop froid. Je me rappelle très clairement de ça. Et de comment il a insisté pour qu'on l'accompagne et qu'on reste avec lui pendant qu'il gardait la maison. Je crois que personne n'y est allé, non ? En tout cas moi je ne l'ai jamais fait.
On ne l'a pas vu pendant deux samedis de suite, puis Travis est allé le chercher comme d'habitude, puisqu'il était rentré chez sa mère.
De toutes nos nuits avec Andrew c'est celle dont je me rappelle le mieux. Et je parie que c'est pareil pour toi. Ça a été la nuit la plus bizarre et la plus pénible que j'ai eu avec le groupe.
Andrew est entré dans la maison en récitant au mot près des slogans publicitaires. Ce que je veux dire, c'est qu'il les enchaînait les uns après les autres sans s'arrêter. Travis nous a dit qu'il avait été comme ça dans la voiture pendant tout le trajet. Pubs, spectacles, films, chansons qui passaient à la radio... Les premières heures de jeu, ça a été comme être dans une pièce avec la télé allumée. Après il a commencé à faire le perroquet. Il répétait tout ce qu'on disait. Tu t'en rappelles ? Dis-moi que tu t'en rappelles. Je revois la scène dans ma tête tellement clairement.
Oh, et quelle était sa réponse quand quelqu'un s'en plaignait ? "Ok." Drew, arrête de citer Section criminelle. S'il te plaît, arrête un peu avec la pub de Pontiac. Mec, ferme ta gueule et lance les dés. "Ok." Et 5 minutes après, il recommençait. C'était pas tant le fait qu'il régurgite toutes ces merdes qui était dérangeant, c'était qu'il puisse pousser le délire aussi loin. Des dialogues entiers qu'il avait sûrement retenus d'une mauvaise série télé. Les paroles entières de chansons. En une heure, c'est passé de curieux, à amusant, et finalement, inquiétant.
Je vais arrêter de me voiler la face et le dire une bonne fois pour toutes. Peu importe ce qui est arrivé pendant ces dix jours, ça l'a transformé. Il n'a plus été la même personne après ça. Nous le savons tous. On n'en a jamais parlé, ou du moins pas quand j'étais là, mais Dieu sait si nous n'avons pas tout de suite su que le gars qui est revenu de cette maison n'était pas Andrew.
J'ai écrit plus tôt que je n'avais pas pensé à Andrew depuis 1999. C'était un mensonge. Tu sais comme parfois ton cerveau te rappelle des choses que tu détestes déterrer ? Celles qui te retournent l'estomac ? J'ai pensé à lui plusieurs fois, à lui et à a cette nuit.
Est-ce que ça a été le début de sa folie ? Ou peu importe ce que c'était, est-ce ce qui l'a poussé à commettre ce crime ? Est-ce qu'on a été là pour lui au moment où il a commencé à déraper ?
Bon Dieu, Eric, pourquoi diable n'avons-nous rien dit ?
de : Condry, Mark
date : Vendredi 10 Septembre 2004, 11:38
sujet : la porte est ouverte
J'ai été réveillé par la sonnerie du téléphone ce matin. C'était la journaliste du Idaho Statesman. Elle m'a finalement rappelé (je t'avais dit que je l'avais contactée pour tenter de retrouver l'expéditeur de l'article ?). Elle n'a pas fait de progrès sur l'affaire, mais va continuer de suivre avec la police.
Je lui ai demandé si elle connaissait d'autres détails sur le crime, des trucs qui n'auraient pas eu leur place dans l'article, et on a jeté un coup d’œil sur ses notes. Je savais déjà presque tout, mais il y a une information qui a attiré mon attention.
Elle a écrit dans l'article qu'Andrew marmonnait ou murmurait quelque chose à lui-même quand il est entré dans le restaurant, mais elle n'avait pas indiqué ce qu'il disait. D'après les témoins, il répétait en boucle "La porte est ouverte."
Ça a du sens pour toi ? La porte est ouverte ???
Réponds-moi,
Mark
de : Condry, Mark
date : Dimanche 12 Septembre 2004, 17:10
sujet : un plan
Eric,
Pas eu de nouvelles de toi. T'écris juste pour te faire savoir que j'ai pris ma journée pour prendre du recul sur tout ça, et j'ai pris une décision.
Je vais me rendre à Houston et voir si je peux trouver quelqu'un de la famille d'Andrew. J'ai accompagné Travis pour aller récupérer Drew une fois. Je crois que je sais où vit sa mère. De là, peut-être que je pourrai trouver son beau-père, et la maison. J'ai déjà essayé auprès des autorités de Bloise. J'ai appelé les flics et récolté plus de questions que de réponses, et maintenant un certain lieutenant Perez prévoit de me rappeler au cas où il aurait besoin de plus de "témoignages" de ma part. Comme si je savais quoi que ce soit. Apparemment Andrew vivait seul dans une location là-bas, et travaillait dans un vidéoclub. Voilà à peu près tout ce que j'ai appris par la police. Et ce qui s'est passé en Idaho. Donc, je vise Houston.
Même en conduisant ma propre voiture, et en prenant un motel pas cher, ça va quand même me revenir à environ 200$ pour le voyage. Jenny s'inquiète pour moi, elle préférerait que je reste et prétend que la police peut résoudre ce mystère seule. Mais je dois aller là-bas, Eric. Voilà pourquoi :
Je crois qu'il y avait une raison à la peur d'Andrew. Peu importe laquelle, pendant ces dix nuits, quelque chose l'a vidé. A vidé Andrew comme un poisson. Ça l'a vidé de tout ce qu'il avait à l'intérieur, ou l'a tellement choqué qu'il en a tout oublié. Il a été comme creusé.
Pour combler le vide, il a "absorbé" toutes les données qu'il a pu trouver. Télévision, radio, conversations. Gorgé d'informations puis présenté comme si c'était Andrew. Il pouvait marcher et parler, et il n'était pas blessé, pas physiquement. Mais il n'était plus le même pour autant.
Il y a un vide que j'ai besoin de combler, dans ma tête, comme le temps dans cette maison. J'ai ces morceaux de souvenirs d'Andrew qui ne s'assemblent pas. J'ai besoin de quelque chose à assembler. Merde, je me sentirais mieux si quelque chose avait juste du sens.
Je ne vais pas te demander de venir et de me rejoindre, mais tu pourrais m'aider quand même. J'ai quelques questions auxquelles tu pourrais être en mesure de répondre. Je t'en prie, appelle-moi ou envoie-moi un message si tu connais la réponse à l'une d'entre elles.
Mon numéro de téléphone est [Supprimé - Eric].
-Quel était le prénom et le nom de famille de son beau-père ?
-Quel était le nom de sa mère ? Avait-elle un autre nom de famille en plus de Hughes ?
-Quel était le nom du quartier de la maison du beau-père ? Je crois qu'Andrew l'avait mentionné une fois.
J'espère que je ne t'ai pas trop fait flipper avec mon discours de dingue. Je sais que ça doit sembler absurde. Ou peut-être pas. Tu as assisté à certaines de ces choses. Si tu penses vraiment que je perds la tête, dis-le moi. Par tous les moyens, dis-le moi.
J'espère avoir de tes nouvelles bientôt,
Mark.
de : Condry, Mark
date : Lundi 13 Septembre 2004, 8:22
sujet : re : un plan
Eric,
Merci encore d'avoir appelé. J'ai aussi reçu ton email, et il mentionne plusieurs choses dont nous n'avons pas discuté au téléphone, alors je voudrais ajouter une chose ou deux.
>Ce que je me rappelle c'est ce que Travis nous avait dit, cette fois où il
> est allé chercher Drew et a dû aller dans sa chambre pour le
>trouver. C'était la dernière fois que Drew a joué avec nous. Travis
>a monté les escaliers jusqu'à sa chambre et lui allait et venait autour de son lit.
>Tout était propre et bien rangé,
>mais le tapis était usé à l'endroit où Drew faisait les cent pas.
>Comme si c'était la seule chose qu'il avait faite pendant très longtemps.
Oui ! Je m'en rappelle aussi. Et de la façon dont Travis a raconté l'histoire, comme s'il voulait que ça ait l'air amusant mais qu'il ne trouvait pas que ça l'était. Et Dave riait. Il a dit "Mec, ce gars a battu un record" et on a tous été d'accord avec lui. On a hoché la tête et gloussé. Merde, on a tous laissé passer ça. Comme si ça n'avait pas d'importance.
Mais Travis était le dernier à en rire. Il avait vu la scène de ses propres yeux.
> J'aurais vraiment voulu y aller, mais Connie a été malade la nuit dernière et elle
>a encore vomi ce matin, je ne me sens pas de quitter la ville
> en la sachant dans cet état.
C'est normal. Tu restes avec elle. Je vais continuer de te tenir au courant par email. Je ne peux pas vraiment parler de Drew avec Jenny. Elle ne l'a jamais connu. Elle ne peut pas comprendre pourquoi c'est si perturbant, en dehors du drame qui a eu lieu à Boise. C'est pourquoi je vais continuer de t'écrire. Personne d'autre ne peut comprendre.
Hé, peut-être que je vais tomber sur Travis ou Dave quand je serai en ville.
-M
de : Condry, Mark
date : Mardi 14 Septembre 2004, 18:51
sujet : Je l'ai fait
E-
Je l'ai fait, je suis allé à Houston.
Le trajet était infernal. La circulation et de drôles de bruits de ferraille dans le coffre me plombaient le moral. Le climatiseur dans ma chambre de motel fait le bruit d'un moteur d'avion. Ça va être dur de dormir en le laissant allumé, mais impossible si je l’éteins. Bon, au moins le wi-fi fonctionne, et je peux vérifier mes mails.
Demain va être une longue journée. Je vais rôder à Braeswood et dans ton ancien quartier, avec comme seule piste un appartement où je ne suis allé qu'UNE fois. Joie. Souhaite-moi bonne chance.
Mark
de : Condry, Mark
date : Mercredi 15 Septembre 2004, 21:06
sujet : beaucoup de choses
Eric,
Bonne nouvelle. Je tiens une piste. Toute la journée je me suis senti comme si j'essayais d'arracher une chaîne enfoncée profondément dans le sable , mais ça m'a orienté dans la bonne direction. (Ces mails sont devenus plus comme un journal pour moi, pour m'aider à y consigner mes progrès. J'espère que ça ne te dérange pas.)
Il m'a fallu conduire une heure autour de Gessner et dans la zone de Braeswood avant que je ne mette le doigt sur le bon côté de la rue. Ils ont changé les numéros. J'étais sûr à 90% d'avoir trouvé le bon immeuble avant de m'être aperçu de ça.
Sans connaître le prénom de la mère de Drew, et sans garantie que son nom de famille soit Hughes, je suis allé au bureau de la concierge de l'immeuble. Et j'ai juste été incroyablement chanceux.
Son nom est Nancy Hughes, et elle a arrêté de payer le loyer en septembre 1999. Drew a payé pour le reste de la duré du bail, qui a pris fin au mois de Février suivant. À en croire la note du fichier de l'habitant, il a payé en espèces. Il semble que sa mère ait déménagé, ou elle s'est juste levée un jour et est partie. Pouf.
Andrew vivait seul dans l'appartement alors ?
Comment pouvait-il payer le loyer avec un SMIC ?
J'ai montré à la concierge l'article sur Andrew, et j'ai menti. Je lui ai dit que j'étais un détective privé. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça. Peut-être pour expliquer pourquoi je lui faisais déterrer des informations sur une location datant d'il y a cinq ans. Quoi qu'il en soit, elle avait déjà pu me fournir cette information, et a continué de fouiller dans le dossier Hughes pour moi, comme si nous étions dans un film et qu'elle était mon acolyte.
Elle a trouvé quelque chose. Un chèque, couvrant le loyer pour Décembre 98. Délivré par Kurt Malone. Je pense que c'est le beau-père. La gérante a photocopié le chèque pour moi et dix minutes plus tard j'ai appelé le numéro de téléphone imprimé avec l'adresse de Kurt dans le coin en haut à gauche du chèque.
Pas de chance cette fois. Numéro non attribué.
Du coup j'ai tenté une autre approche et j'ai composé le 411 pour un service immobilier local. Tu peux faire une recherche pour trouver des informations de contact sur un agent immobilier spécifique, je me rappelle en avoir entendu parler par un collègue qui a vendu sa propriété à Greatwood comme ça. Malone était listé sous un petit bureau immobilier à Katy. J'ai obtenu son numéro, j'ai appelé, et j'ai laissé un message.
Evelyn, la propriétaire, m'a appelée et dit que Malone n'avait pas toujours travaillé là. Il a disparu, la laissant avec toutes sortes de problèmes. Elle pense qu'il avait des problèmes financiers qu'il a essayé de régler en se tirant au Mexique. En aparté, je me suis dit que c'était une théorie difficile à avaler, mais après tout, c'est peut-être le genre de mec à faire ça.
Bref, ça fait quand même deux personnes disparues. Au début, je pensais que, peut-être, la mère avait juste déménagé avec le beau-père. Maintenant, nom de dieu, je ne sais plus quoi penser.
L'appel durait depuis une demi-heure quand Evelyn m'a parlé de la période de « cauchemar » qu'elle a traversée à cause de la disparition de Kurt. Mettre un terme à ses avantages, geler son plan épargne retraite, envoyer les documents à la police, etc.
Je l'ai finalement interrompue et lui ai posé des questions sur la maison. Celle qu'il possédait à l'ouest de Houston.
Elle n'a plus été très bavarde, après ça.
Il m'a fallu dix minutes de plus pour répondre à ses questions, elle voulait savoir qui j'étais. Cette fois, j'ai été honnête et clair sur mes intentions. Je suppose que ça a payé, car elle m'a cru, ou au moins elle croyait en mes intentions, et elle a cherché dans ses dossiers.
J'ai une adresse, Eric.
Kurt avait sa propre maison à Sugar Land, mais devine quoi - il louait aussi la maison d'un client. Sur la sortie à l'ouest, près de Pecan Grove Plantation. La paperasse était intrigante, car cet endroit était censé être à vendre, mais les précédents propriétaires avaient signé la fin du bail, à de multiples reprises, comme s'il n'y avait pas de réel conflit d'intérêt.
Elle ne sait pas ce qui est arrivé à la maison après qu'elle ait été saisie par la banque. Je suppose que je l'apprendrai demain quand je m'y rendrai.
Je suis proche de la réponse, mec, je suis vraiment proche.
[Note : Mark pouvait envoyer des messages depuis son téléphone, mais je les recevais souvent avec du retard; parfois quelques heures après qu'il les ai envoyés, comme c'est le cas avec les messages du 21 Septembre.]
de : [retiré]@messaging.sprintpcs.com
date : Jeudi 16 Septembre 2004, 15:33
sujet : (Aucun objet)
T OU ? APPELLE MOI
de : Condry, Mark
date : Jeudi 16 Septembre 2004, 20:25
sujet : la maison
Putain de merde.
J'ai essayé de t'appeler cinq fois mais je suis tombé sur ta messagerie à chaque fois. J'ai vraiment besoin de parler. Appelle-moi vite, dès que tu peux.
Par où je commence ? La maison est toujours là. C'est le genre de maison banale, un étage, en briques et en crépi. Elle a dû être construite en même temps que les autres maisons du quartier, mais elle a l'air plus ancienne. Le toit est abîmé par endroits. L'allée n'est pas en bon état comme les autres. Il y a des fissures sur le trottoir. Il manque une planche sur le portail.
J'ai sonné à la porte avec l'idée que je venais simplement pour parler aux nouveaux propriétaires. Personne n'a répondu. Je ne pouvais pas vraiment entendre si la sonnette marchait ou non, à vrai dire. Les stores et les rideaux m'empêchaient de regarder à l'intérieur. Il y avait une camionnette poussiéreuse avec le garde-boue avant déformé, garée dans l'allée.
Un voisin en face m'a vu observer la maison. Il m'a parlé un moment, en même temps qu'il arrosait ses arbustes. Il n'avait pas rencontré la personne qui vivait actuellement dans la maison, il ne savait même pas si quelqu'un y vivait vraiment. Il se rappelait de Kurt, mais pas par son nom, juste comme le gars qui était resté là quelques mois. Les précédents proprios - les clients de Kurt - n'avaient pas habité là bien longtemps. Ils avaient pas mal de problèmes avec la maison, au niveau de l’électricité, du chauffage, ce genre de choses. Ils ont déménagé en laissant beaucoup de leurs affaires dans la maison, a-t-il dit. Un jour, ils ont chargé toutes leurs affaires dans un gros camping-car et sont juste partis.
Il se souvenait encore de leurs noms.
John et Lucy Madson.
À Jennifer, ses amis et la famille de Mark.
Comme promis, voici les copies de lettres que j’ai reçues de Mark au cours du dernier mois. Pour la plupart, je les ai simplement copiées et collées depuis ma messagerie.
Comme vous allez le voir, il a demandé cela dans l’espoir que vous compreniez mieux les raisons de ses actes.
J’ai créé ce site parce que c’est le moyen le plus efficace pour partager les emails de Mark avec vous tous. Je ne transmettrai cette adresse à personne d'autre. Mais je pense qu’il serait sage de faire passer le lien à tous ceux qui peuvent aider dans l’enquête. Étant donné que je collecte de plus en plus d’informations, provenant de différentes sources, je mettrai ce site à jour pour en garder une trace écrite précise.
Si vous avez besoin de vous entretenir avec moi, Jen a mon numéro. Merci pour votre patience, et encore une fois, je suis profondément désolé.
-Eric
de : Condry, Mark
date : Lundi 6 Septembre 2004, 08:17
sujet : Un vieil ami
Eric,
Salut mec. C’est Mark, de Houston. La bande du samedi soir. Ça fait un bail, pas vrai? J’ai trouvé ton email sur ton site web, il parait que tu es à Los Angeles maintenant, c'est cool pour toi. Je me souviens t’avoir dit que tu devrais être à 5000 bornes, à faire ce truc en Californie. Tu es toujours avec Connie? Je suis à Dallas maintenant, j’ai rencontré quelqu’un qui travaillait dans mon immeuble, on se voit depuis deux ans maintenant.
Écoute, la raison pour laquelle je surgis de nulle part, c'est parce que j’ai reçu cet article de journal dans ma boite aux lettres. Peut-être l'as-tu aussi reçu. C’est par rapport à Andrew. Tu te souviens de Drew ? Travis le ramenait toujours. Cheveux en bataille. Le genre un peu fanboy. Je ne me souvenais plus de son nom de famille jusqu’à ce que je reçoive cet article, et maintenant ça me dégoute.
Tu sais ce qui s’est passé ? Ou tu n'étais juste pas au courant ?
Fais moi savoir si tu as du temps pour en parler. Je peux t’appeler, ou tu peux m’appeler si ça marche mieux. Je vais voir si je peux retrouver Travis et Dave. Une petite recherche ne semble pas me donner de piste, mais peut-être qu'ils ne sont juste inscrits sur aucun site. Si tu parles toujours à l’un d’eux, fais moi savoir.
Merci d'avance,
Mark
de : Condry, Mark
date : Mercredi 8 Septembre 2004 07:44 AM
sujet : Re : un vieil ami
Eric,
Merci d'avoir répondu si vite. Je ne voulais pas avoir l'air mystérieux dans mon premier mail, j'étais juste... Réticent, j'imagine. Je n'ai pas vraiment vu ni pensé à Andrew depuis qu'il a arrêté de venir les soirs de match, et c'était il y a cinq ans. C'est à peu près à partir de ce moment qu'on a tous pris nos chemins respectifs, en 1999. Tu as déménagé dans l'ouest, je suis parti à Dallas, etc... Alors quand j'ai reçu cet article dans ma boîte aux lettres, j'ai été surpris.
Et oui, je veux bien te le retranscrire. Je pensais que c'était peut-être toi qui me l'avais envoyé. Je le mettrai en bas de ce mail.
> Je me souviens de lui. C'était pas le genre à avoir des idées, plus
> le genre à adhérer à celles des autres. Le plus lent à capter la
> blague, mais celui qui riait le plus longtemps.
C'est typiquement Andrew, enfin, c'est comme ça que je me souviens de lui. Il me tapait parfois sur les nerfs, mais ça se voyait qu'il adorait faire partie du groupe. Il me demandait des jetons les fois où on jouait aux cartes, ou m'empruntait des dés en les prenant dans mon sac, ce genre de choses. Quand on jouait à Tecmo Bowl sur ta Nintendo il voulait toujours être dans mon équipe. Ça ne m'aurait pas dérangé s'il avait su jouer, cela dit.
> Ça fait des années que je n'ai pas entendu parler de Travis ou de
> Dave. Je les ai perdus de vue à peu près en même temps que toi.
> Aucun d'entre nous n'a vraiment essayé
> de rester en contact. C'est des choses qui arrivent.
C'est pas grave. Je voulais pointer personne du doigt. Ça arrive. Mais j'espérais que tu aies déjà entendu parler de ce qui était arrivé à Andrew, en recevant une copie de l'article, ou quoi. Je n'ai pas encore été capable de trouver le numéro ou l'adresse mail de Travis ni de Dave. Peut-être qu'ils en savent plus que nous à ce sujet. Andrew rentrait avec Travis la plupart du temps. C'était sur le trajet de chez Travis. Andrew vivait avec sa mère, non ? Genre dans un appartement ? Et son beau-père était dans l'immobilier, et il avait cette maison juste après l'autoroute n°6. Tu t'en souviens ? Andrew avait vachement peur de cette maison.
Voilà l'article. Il y a une photo d'Andrew dedans qui ressemble peut-être à celle de son permis de conduire. Toujours les cheveux en bataille.
***************
UN HOMME TIRE SUR DEUX PERSONNES AVANT DE SE SUICIDER DANS UN RESTAURANT DE BOISE, IDAHO
Les clients du Roadside Breakfast Café sur la nationale 84 se sont rués sur le parking du restaurant dans la panique hier après-midi après qu'un homme soit entré dans le restaurant et ait commencé à tirer sur les clients à l'intérieur, en tuant deux.
Le couple, John et Lucy Madson, prenait le repas quand Andrew Hughes, jeune homme de 26 ans, est entré en brandissant un pistolet Smith and Wesson 59, selon la police. Les témoins rapportent que l'homme murmurait tandis qu'il approchait de la partie fumeurs du restaurant, et a ouvert le feu sur les premières rangées de tables, blessant mortellement les Madson. Il a retourné l'arme sur lui-même peu après.
Les trois ont été emmenés au Centre Médical Régional St. Alphonse par les ambulanciers, où John Madson ainsi que le tireur ont été déclarés morts. Lucy Madson, 37 ans, est restée dans un état critique pendant plusieurs heures mais n'a pas survécu à la nuit. La police enquête actuellement sur la vie professionnelle et privée de Hughes, mais jusqu'à présent le motif de l'attaque demeure inconnu.
***************
S'il y a une suite à l'article, je ne suis pas parvenu à me la procurer. C'était juste une coupure. Au verso, un morceau de publicité pour une chaîne de magasins de luxe.
Ça m'intrigue vraiment, Eric. Qu'est-ce que Drew foutait à Boise ? Avec un flingue ? Il a coupé les ponts avec nous pendant presque deux ans. Je ne comprends vraiment pas.
Et quelque chose d'autre m'intrigue. Je n'arrive pas encore à mettre le doigt dessus.
-Mark
de : Condry, Mark
date : Jeudi 9 Septembre 2004, 14:00
sujet : Andrew
Je sais ce que tu ressens. C'est dur de ne pas penser aux moments où il était assis à côté de nous à la table avec son sourire de crétin, à la façon dont il secouait ses dés et déplaçait ses pions autour du plateau. Il adorait nos parties de Monopoly nocturnes. Je me rappelle qu'il tirait toujours la langue quand il comptait l'argent, je crois qu'il ne s'en rendait même pas compte.
Impossible de l'imaginer assassiner des gens qui ne faisaient que déjeuner.
> Il n'y a pas l'adresse de l'expéditeur sur l'enveloppe ?
Non, mais le cachet postal est ID. Pas CA ou TX. Ça vient bien de l'Idaho.
> je sais pas si tu as déjà envisagé cette possibilité, mais il est possible
> que toute cette histoire soit fausse. Il y a des malades qui font ce genre de plaisanteries malsaines
> juste pour jouer avec tes nerfs. C'est facile d'obtenir du papier journal et d'envoyer un faux article.
Ouais, j'y ai pensé. Je ne t'en avais pas parlé plus tôt, mais j'ai téléphoné à Saint Alphonse pour me renseigner et savoir s'ils avaient eu un patient du nom d'Andrew Huges qui aurait été admis le mois dernier. Ils n'avaient aucun dossier sur lui. J'ai demandé si ce serait rendu public, s'il avait été déclaré mort à l'arrivée, et j'ai été redirigé vers les urgences, où ils gardent des registres paramédicaux et des informations sur l’état des patients au moment où ils sont admis.
Ils l'ont dans leurs dossiers.
Il s'est pointé le 28 Août , mort d'une blessure par balle à la tête. Prononcé mort par un médecin urgentiste à 15h14.
Je me suis aussi renseigné pour obtenir des coordonnées, comme un numéro de téléphone ou une adresse où il pourrait avoir vécu. On m'a envoyé balader, en me disant de contacter la police pour ce genre de choses. L'hôpital n'aurait divulgué aucune information personnelle, du moins pas sans quelques signatures. Je n'ai pas encore appelé la police. C'est probablement la prochaine étape.
Heureux d'apprendre que toi et Connie êtes en forme. Désolé de te déranger avec un sujet aussi désagréable, seulement je ne sais pas qui d'autre s'en soucierait assez pour m'écouter.
Je t'écrirai si j'apprends quoi que ce soit de nouveau. Au point où en est, je commence à penser que c'est peut-être la mère de Drew qui me l'a envoyé. Peut-être que Drew a gardé un œil sur moi quand je suis parti pour Dallas et qu'il avait mon adresse. Je suis listé dans l'annuaire. Ça pourrait expliquer la partie logistique.
Je crois que je réfléchis trop.
Prends soin de toi,
Mark
de : Condry, Mark
date : Vendredi 10 Septembre 2004, 3:11
sujet : pensées et préoccupations
Resalut.
Je sais qu'il est tard, ou tôt, à toi de voir, mais cette affaire à propos d'Andrew ne quitte pas mes pensées. J'ai finalement réalisé ce qui me préoccupait et j'ai besoin de cracher le morceau.
Tu te rappelles de ce qu'il s'est passé juste avant qu'Andrew arrête de se ramener chez toi les soirs où on jouait ? Moi oui. Il était parti pendant deux semaines parce qu'il devait garder la maison de son beau-père. Lui et sa mère s'en allaient pour les grandes vacances chaque été, pour dix jours, et ils s'arrangeaient pour qu'Andrew ne vienne pas. Généralement, il se contentait de rester à l'appartement de sa mère, mais cette année on lui avait demandé de s’occuper de cette maison, une de celles dans ce vieux quartier riche à l'ouest de Houston. Le gars possédait probablement plusieurs de ces maisons. C'était un grand de l'immobilier, pas vrai ?
Le gars avait hérité de ce chien par un de ses clients, quelqu'un qui déménageait et ne voulait pas s'encombrer d'un animal. Je tiens à préciser que c'était un berger australien. Tu t'en rappelles ? Andrew en avait parlé le week-end d'avant. Le chien avait des problèmes de dressage - il gémissait, aboyait, grattait à la porte, pissait sur le tapis. Il n'aimait pas être à l'intérieur, il voulait toujours être dehors. Son père le gardait dans une niche, à part quand il pleuvait. Andrew était censé s'occuper du chien, et d'autres choses comme tondre la pelouse, tu vois le genre.
Mais Andrew ne voulait pas y aller. Dave a voulu le convaincre en lui rappelant à quel point c'était le plan parfait pour un jeune célibataire, la maison à lui tout seul, les soirées, le commerce pas très légal, et Andrew continuait de répéter qu'il faisait trop froid là-bas pour organiser une fête. Trop froid. Je me rappelle très clairement de ça. Et de comment il a insisté pour qu'on l'accompagne et qu'on reste avec lui pendant qu'il gardait la maison. Je crois que personne n'y est allé, non ? En tout cas moi je ne l'ai jamais fait.
On ne l'a pas vu pendant deux samedis de suite, puis Travis est allé le chercher comme d'habitude, puisqu'il était rentré chez sa mère.
De toutes nos nuits avec Andrew c'est celle dont je me rappelle le mieux. Et je parie que c'est pareil pour toi. Ça a été la nuit la plus bizarre et la plus pénible que j'ai eu avec le groupe.
Andrew est entré dans la maison en récitant au mot près des slogans publicitaires. Ce que je veux dire, c'est qu'il les enchaînait les uns après les autres sans s'arrêter. Travis nous a dit qu'il avait été comme ça dans la voiture pendant tout le trajet. Pubs, spectacles, films, chansons qui passaient à la radio... Les premières heures de jeu, ça a été comme être dans une pièce avec la télé allumée. Après il a commencé à faire le perroquet. Il répétait tout ce qu'on disait. Tu t'en rappelles ? Dis-moi que tu t'en rappelles. Je revois la scène dans ma tête tellement clairement.
Oh, et quelle était sa réponse quand quelqu'un s'en plaignait ? "Ok." Drew, arrête de citer Section criminelle. S'il te plaît, arrête un peu avec la pub de Pontiac. Mec, ferme ta gueule et lance les dés. "Ok." Et 5 minutes après, il recommençait. C'était pas tant le fait qu'il régurgite toutes ces merdes qui était dérangeant, c'était qu'il puisse pousser le délire aussi loin. Des dialogues entiers qu'il avait sûrement retenus d'une mauvaise série télé. Les paroles entières de chansons. En une heure, c'est passé de curieux, à amusant, et finalement, inquiétant.
Je vais arrêter de me voiler la face et le dire une bonne fois pour toutes. Peu importe ce qui est arrivé pendant ces dix jours, ça l'a transformé. Il n'a plus été la même personne après ça. Nous le savons tous. On n'en a jamais parlé, ou du moins pas quand j'étais là, mais Dieu sait si nous n'avons pas tout de suite su que le gars qui est revenu de cette maison n'était pas Andrew.
J'ai écrit plus tôt que je n'avais pas pensé à Andrew depuis 1999. C'était un mensonge. Tu sais comme parfois ton cerveau te rappelle des choses que tu détestes déterrer ? Celles qui te retournent l'estomac ? J'ai pensé à lui plusieurs fois, à lui et à a cette nuit.
Est-ce que ça a été le début de sa folie ? Ou peu importe ce que c'était, est-ce ce qui l'a poussé à commettre ce crime ? Est-ce qu'on a été là pour lui au moment où il a commencé à déraper ?
Bon Dieu, Eric, pourquoi diable n'avons-nous rien dit ?
de : Condry, Mark
date : Vendredi 10 Septembre 2004, 11:38
sujet : la porte est ouverte
J'ai été réveillé par la sonnerie du téléphone ce matin. C'était la journaliste du Idaho Statesman. Elle m'a finalement rappelé (je t'avais dit que je l'avais contactée pour tenter de retrouver l'expéditeur de l'article ?). Elle n'a pas fait de progrès sur l'affaire, mais va continuer de suivre avec la police.
Je lui ai demandé si elle connaissait d'autres détails sur le crime, des trucs qui n'auraient pas eu leur place dans l'article, et on a jeté un coup d’œil sur ses notes. Je savais déjà presque tout, mais il y a une information qui a attiré mon attention.
Elle a écrit dans l'article qu'Andrew marmonnait ou murmurait quelque chose à lui-même quand il est entré dans le restaurant, mais elle n'avait pas indiqué ce qu'il disait. D'après les témoins, il répétait en boucle "La porte est ouverte."
Ça a du sens pour toi ? La porte est ouverte ???
Réponds-moi,
Mark
de : Condry, Mark
date : Dimanche 12 Septembre 2004, 17:10
sujet : un plan
Eric,
Pas eu de nouvelles de toi. T'écris juste pour te faire savoir que j'ai pris ma journée pour prendre du recul sur tout ça, et j'ai pris une décision.
Je vais me rendre à Houston et voir si je peux trouver quelqu'un de la famille d'Andrew. J'ai accompagné Travis pour aller récupérer Drew une fois. Je crois que je sais où vit sa mère. De là, peut-être que je pourrai trouver son beau-père, et la maison. J'ai déjà essayé auprès des autorités de Bloise. J'ai appelé les flics et récolté plus de questions que de réponses, et maintenant un certain lieutenant Perez prévoit de me rappeler au cas où il aurait besoin de plus de "témoignages" de ma part. Comme si je savais quoi que ce soit. Apparemment Andrew vivait seul dans une location là-bas, et travaillait dans un vidéoclub. Voilà à peu près tout ce que j'ai appris par la police. Et ce qui s'est passé en Idaho. Donc, je vise Houston.
Même en conduisant ma propre voiture, et en prenant un motel pas cher, ça va quand même me revenir à environ 200$ pour le voyage. Jenny s'inquiète pour moi, elle préférerait que je reste et prétend que la police peut résoudre ce mystère seule. Mais je dois aller là-bas, Eric. Voilà pourquoi :
Je crois qu'il y avait une raison à la peur d'Andrew. Peu importe laquelle, pendant ces dix nuits, quelque chose l'a vidé. A vidé Andrew comme un poisson. Ça l'a vidé de tout ce qu'il avait à l'intérieur, ou l'a tellement choqué qu'il en a tout oublié. Il a été comme creusé.
Pour combler le vide, il a "absorbé" toutes les données qu'il a pu trouver. Télévision, radio, conversations. Gorgé d'informations puis présenté comme si c'était Andrew. Il pouvait marcher et parler, et il n'était pas blessé, pas physiquement. Mais il n'était plus le même pour autant.
Il y a un vide que j'ai besoin de combler, dans ma tête, comme le temps dans cette maison. J'ai ces morceaux de souvenirs d'Andrew qui ne s'assemblent pas. J'ai besoin de quelque chose à assembler. Merde, je me sentirais mieux si quelque chose avait juste du sens.
Je ne vais pas te demander de venir et de me rejoindre, mais tu pourrais m'aider quand même. J'ai quelques questions auxquelles tu pourrais être en mesure de répondre. Je t'en prie, appelle-moi ou envoie-moi un message si tu connais la réponse à l'une d'entre elles.
Mon numéro de téléphone est [Supprimé - Eric].
-Quel était le prénom et le nom de famille de son beau-père ?
-Quel était le nom de sa mère ? Avait-elle un autre nom de famille en plus de Hughes ?
-Quel était le nom du quartier de la maison du beau-père ? Je crois qu'Andrew l'avait mentionné une fois.
J'espère que je ne t'ai pas trop fait flipper avec mon discours de dingue. Je sais que ça doit sembler absurde. Ou peut-être pas. Tu as assisté à certaines de ces choses. Si tu penses vraiment que je perds la tête, dis-le moi. Par tous les moyens, dis-le moi.
J'espère avoir de tes nouvelles bientôt,
Mark.
de : Condry, Mark
date : Lundi 13 Septembre 2004, 8:22
sujet : re : un plan
Eric,
Merci encore d'avoir appelé. J'ai aussi reçu ton email, et il mentionne plusieurs choses dont nous n'avons pas discuté au téléphone, alors je voudrais ajouter une chose ou deux.
>Ce que je me rappelle c'est ce que Travis nous avait dit, cette fois où il
> est allé chercher Drew et a dû aller dans sa chambre pour le
>trouver. C'était la dernière fois que Drew a joué avec nous. Travis
>a monté les escaliers jusqu'à sa chambre et lui allait et venait autour de son lit.
>Tout était propre et bien rangé,
>mais le tapis était usé à l'endroit où Drew faisait les cent pas.
>Comme si c'était la seule chose qu'il avait faite pendant très longtemps.
Oui ! Je m'en rappelle aussi. Et de la façon dont Travis a raconté l'histoire, comme s'il voulait que ça ait l'air amusant mais qu'il ne trouvait pas que ça l'était. Et Dave riait. Il a dit "Mec, ce gars a battu un record" et on a tous été d'accord avec lui. On a hoché la tête et gloussé. Merde, on a tous laissé passer ça. Comme si ça n'avait pas d'importance.
Mais Travis était le dernier à en rire. Il avait vu la scène de ses propres yeux.
> J'aurais vraiment voulu y aller, mais Connie a été malade la nuit dernière et elle
>a encore vomi ce matin, je ne me sens pas de quitter la ville
> en la sachant dans cet état.
C'est normal. Tu restes avec elle. Je vais continuer de te tenir au courant par email. Je ne peux pas vraiment parler de Drew avec Jenny. Elle ne l'a jamais connu. Elle ne peut pas comprendre pourquoi c'est si perturbant, en dehors du drame qui a eu lieu à Boise. C'est pourquoi je vais continuer de t'écrire. Personne d'autre ne peut comprendre.
Hé, peut-être que je vais tomber sur Travis ou Dave quand je serai en ville.
-M
de : Condry, Mark
date : Mardi 14 Septembre 2004, 18:51
sujet : Je l'ai fait
E-
Je l'ai fait, je suis allé à Houston.
Le trajet était infernal. La circulation et de drôles de bruits de ferraille dans le coffre me plombaient le moral. Le climatiseur dans ma chambre de motel fait le bruit d'un moteur d'avion. Ça va être dur de dormir en le laissant allumé, mais impossible si je l’éteins. Bon, au moins le wi-fi fonctionne, et je peux vérifier mes mails.
Demain va être une longue journée. Je vais rôder à Braeswood et dans ton ancien quartier, avec comme seule piste un appartement où je ne suis allé qu'UNE fois. Joie. Souhaite-moi bonne chance.
Mark
de : Condry, Mark
date : Mercredi 15 Septembre 2004, 21:06
sujet : beaucoup de choses
Eric,
Bonne nouvelle. Je tiens une piste. Toute la journée je me suis senti comme si j'essayais d'arracher une chaîne enfoncée profondément dans le sable , mais ça m'a orienté dans la bonne direction. (Ces mails sont devenus plus comme un journal pour moi, pour m'aider à y consigner mes progrès. J'espère que ça ne te dérange pas.)
Il m'a fallu conduire une heure autour de Gessner et dans la zone de Braeswood avant que je ne mette le doigt sur le bon côté de la rue. Ils ont changé les numéros. J'étais sûr à 90% d'avoir trouvé le bon immeuble avant de m'être aperçu de ça.
Sans connaître le prénom de la mère de Drew, et sans garantie que son nom de famille soit Hughes, je suis allé au bureau de la concierge de l'immeuble. Et j'ai juste été incroyablement chanceux.
Son nom est Nancy Hughes, et elle a arrêté de payer le loyer en septembre 1999. Drew a payé pour le reste de la duré du bail, qui a pris fin au mois de Février suivant. À en croire la note du fichier de l'habitant, il a payé en espèces. Il semble que sa mère ait déménagé, ou elle s'est juste levée un jour et est partie. Pouf.
Andrew vivait seul dans l'appartement alors ?
Comment pouvait-il payer le loyer avec un SMIC ?
J'ai montré à la concierge l'article sur Andrew, et j'ai menti. Je lui ai dit que j'étais un détective privé. Je sais pas pourquoi j'ai dit ça. Peut-être pour expliquer pourquoi je lui faisais déterrer des informations sur une location datant d'il y a cinq ans. Quoi qu'il en soit, elle avait déjà pu me fournir cette information, et a continué de fouiller dans le dossier Hughes pour moi, comme si nous étions dans un film et qu'elle était mon acolyte.
Elle a trouvé quelque chose. Un chèque, couvrant le loyer pour Décembre 98. Délivré par Kurt Malone. Je pense que c'est le beau-père. La gérante a photocopié le chèque pour moi et dix minutes plus tard j'ai appelé le numéro de téléphone imprimé avec l'adresse de Kurt dans le coin en haut à gauche du chèque.
Pas de chance cette fois. Numéro non attribué.
Du coup j'ai tenté une autre approche et j'ai composé le 411 pour un service immobilier local. Tu peux faire une recherche pour trouver des informations de contact sur un agent immobilier spécifique, je me rappelle en avoir entendu parler par un collègue qui a vendu sa propriété à Greatwood comme ça. Malone était listé sous un petit bureau immobilier à Katy. J'ai obtenu son numéro, j'ai appelé, et j'ai laissé un message.
Evelyn, la propriétaire, m'a appelée et dit que Malone n'avait pas toujours travaillé là. Il a disparu, la laissant avec toutes sortes de problèmes. Elle pense qu'il avait des problèmes financiers qu'il a essayé de régler en se tirant au Mexique. En aparté, je me suis dit que c'était une théorie difficile à avaler, mais après tout, c'est peut-être le genre de mec à faire ça.
Bref, ça fait quand même deux personnes disparues. Au début, je pensais que, peut-être, la mère avait juste déménagé avec le beau-père. Maintenant, nom de dieu, je ne sais plus quoi penser.
L'appel durait depuis une demi-heure quand Evelyn m'a parlé de la période de « cauchemar » qu'elle a traversée à cause de la disparition de Kurt. Mettre un terme à ses avantages, geler son plan épargne retraite, envoyer les documents à la police, etc.
Je l'ai finalement interrompue et lui ai posé des questions sur la maison. Celle qu'il possédait à l'ouest de Houston.
Elle n'a plus été très bavarde, après ça.
Il m'a fallu dix minutes de plus pour répondre à ses questions, elle voulait savoir qui j'étais. Cette fois, j'ai été honnête et clair sur mes intentions. Je suppose que ça a payé, car elle m'a cru, ou au moins elle croyait en mes intentions, et elle a cherché dans ses dossiers.
J'ai une adresse, Eric.
Kurt avait sa propre maison à Sugar Land, mais devine quoi - il louait aussi la maison d'un client. Sur la sortie à l'ouest, près de Pecan Grove Plantation. La paperasse était intrigante, car cet endroit était censé être à vendre, mais les précédents propriétaires avaient signé la fin du bail, à de multiples reprises, comme s'il n'y avait pas de réel conflit d'intérêt.
Elle ne sait pas ce qui est arrivé à la maison après qu'elle ait été saisie par la banque. Je suppose que je l'apprendrai demain quand je m'y rendrai.
Je suis proche de la réponse, mec, je suis vraiment proche.
[Note : Mark pouvait envoyer des messages depuis son téléphone, mais je les recevais souvent avec du retard; parfois quelques heures après qu'il les ai envoyés, comme c'est le cas avec les messages du 21 Septembre.]
de : [retiré]@messaging.sprintpcs.com
date : Jeudi 16 Septembre 2004, 15:33
sujet : (Aucun objet)
T OU ? APPELLE MOI
de : Condry, Mark
date : Jeudi 16 Septembre 2004, 20:25
sujet : la maison
Putain de merde.
J'ai essayé de t'appeler cinq fois mais je suis tombé sur ta messagerie à chaque fois. J'ai vraiment besoin de parler. Appelle-moi vite, dès que tu peux.
Par où je commence ? La maison est toujours là. C'est le genre de maison banale, un étage, en briques et en crépi. Elle a dû être construite en même temps que les autres maisons du quartier, mais elle a l'air plus ancienne. Le toit est abîmé par endroits. L'allée n'est pas en bon état comme les autres. Il y a des fissures sur le trottoir. Il manque une planche sur le portail.
J'ai sonné à la porte avec l'idée que je venais simplement pour parler aux nouveaux propriétaires. Personne n'a répondu. Je ne pouvais pas vraiment entendre si la sonnette marchait ou non, à vrai dire. Les stores et les rideaux m'empêchaient de regarder à l'intérieur. Il y avait une camionnette poussiéreuse avec le garde-boue avant déformé, garée dans l'allée.
Un voisin en face m'a vu observer la maison. Il m'a parlé un moment, en même temps qu'il arrosait ses arbustes. Il n'avait pas rencontré la personne qui vivait actuellement dans la maison, il ne savait même pas si quelqu'un y vivait vraiment. Il se rappelait de Kurt, mais pas par son nom, juste comme le gars qui était resté là quelques mois. Les précédents proprios - les clients de Kurt - n'avaient pas habité là bien longtemps. Ils avaient pas mal de problèmes avec la maison, au niveau de l’électricité, du chauffage, ce genre de choses. Ils ont déménagé en laissant beaucoup de leurs affaires dans la maison, a-t-il dit. Un jour, ils ont chargé toutes leurs affaires dans un gros camping-car et sont juste partis.
Il se souvenait encore de leurs noms.
John et Lucy Madson.
Traduction : Antinotice (, Clint, GollumHitch)
Une fois de plus, pasta trop longue pour être postée en une fois. Celle-là sera seulement en 2 parties. La suite est disponible ici.
Textes originaux
1,2,3 ...
RépondreSupprimerViva l'algérie
SupprimerSoleil ! :D
SupprimerMdrr Tripoda tu ma tué
Supprimertes pas russe tripoda ?
SupprimerTripoda ces le meilleur
SupprimerLes algérien vous me faites trop rire mdrr
Supprimerviva l'algérie ! ( je suis marocaine lol )
SupprimerIntéressant!
RépondreSupprimerQuel cliffhanger!
RépondreSupprimerJ'adore j'adhère! 👍
RépondreSupprimerLa suite bientôt? :3
Coucou Spirit
Supprimerla suite la suite !!
RépondreSupprimerJ'ai rien compris. Quelqu'un peut m'expliquer ?
RépondreSupprimerJuste... WOW, cette pasta.
SupprimerSi t'as pas pigé, c'est peut-être parce que ce n'est que la première partie. ^^
>newfags can't bluetext
RépondreSupprimerTrop bonne cette pasta, çe rappel "mon frère", le genre de pasta mystérieuses c'est mes préférées par contre est ce que les gsm avaient déjà le système d'email en 2004? Bon je m'attaquer à la deuxième partie
RépondreSupprimer+10!!!! La même j'adore ce style de pasta!! Genre "IT" best film ever!!!!
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerpas mal , en esperant que la suite apporte plus de reponses que de questions
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