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lundi 11 mai 2020

Légendes et mythes d'Afrique - Le Mokélé-mbembé

Le Mokélé-mbembé, ou littéralement « Celui qui peut arrêter le flot de la rivière » est largement considéré comme étant à l'Afrique ce qu'à l'Europe est le Monstre du Loch Ness. Il s'agirait d'un cryptide amphibie, vivant ou ayant vécu dans les affluents du fleuve Congo, et plus largement dans la forêt centrafricaine et ses alentours.

Décrite par les Pygmées de la région de Likouala comme une gigantesque créature à la peau brun-gris et au cou hérissé de pointes, le Mokélé-mbembé se déplacerait selon le niveau des cours d'eau, plus ou moins hauts selon la saison. Plusieurs histoires d'autochtones racontent que la bête, extrêmement agressive et territoriale, aurait renversé des pirogues d'un simple coup de queue ou de patte . De plus, fait intéressant et en l'occurrence assez troublant, il s'avère que la population d'hippopotames dans les marais du Likouala est l'une des plus faibles de cette partie du continent. Pour les Pygmées de la région cependant, la créature ne serait pas carnivore. Elle se nourrirait principalement des fruits d'une plante locale, le malombo. En mettant cette information en parallèle avec le fait que les autochtones désignent généralement des images de dinosaures sauropodes dans les livres d'Histoire naturelle comme étant des représentations du Mokélé-mbembé, la majorité des cryptozoologues penche pour l'idée selon laquelle le monstre serait en fait un Brontosaure, même si une minorité d'entre eux soutient qu'il s'agit d'un grand mammifère aquatique.

Même si les cryptozologues occidentaux n'ont réellement manifesté d'intérêt pour le Mokélé-Mbembé qu'à partir du XXè siècle, les premiers témoignages concernant celui-ci remontent à plusieurs siècles.
En réalité, c'est en 1766 qu'apparaît la première trace connue du supposé sauropode. Cette année-là, l'abbé Lievin Bonaventure Proyart, après avoir recueilli le témoignage d'un groupe de missionnaires envoyés aux confins du Congo, du Cameroun et de la Centrafrique, fait part, dans son ouvrage Histoire de Loango, Kakonga et autres royaumes d'Afrique, de l'étrange découverte qu'ils ont faite non loin de la rivière Ngoko :
« Il doit être monstrueux. Les empreintes de ses griffes que l'on a vues par terre ont laissé des traces d'une circonférence d'environ trois pieds. En observant chacune des empreintes et leur disposition, ils ont conclu qu'il n'avait pas couru dans cette partie du chemin, malgré la distance de sept ou huit pieds qui séparait chacune des empreintes »
D'autres informations, datant cette fois de 1913, sont rapportées par le capitaine Freiherr von Stein zu Lausnitz, alors en expédition dans le nord de l'actuelle République du Congo. Il entend parler d'une étrange créature appelée « Mokélé-mbembé » par les indigènes. Selon leurs dires, « l'animal aurait la peau lisse et de couleur gris-brun. Sa taille serait à peu près celle de l'éléphant, celle au moins de l'hippopotame en tout cas (...) Les pirogues qui s'approchent de la bête seraient attaquées sur-le-champ et renversées, et les occupants en seraient tués, mais non dévorés. La créature doit se retirer de préférence au sein des cavernes creusées sous la surface de l'eau, dans les berges argileuses (...) La plante favorite de la bête serait une sorte de liane riveraine à grandes fleurs blanches, qui sécrète un latex capable de fournir du caoutchouc et donne des fruits ressemblant à des pommes (...) »
En 1979, le révérend Eugène Thomas, un missionnaire ayant entendu parler du Mokélé-mbembé, confie à l’herpétologiste James Powell et au biologiste Roy Mackal, alors à la recherche de la bête : « Les témoins décrivent l'animal avec une tête de serpent, une longue queue fine, de courtes pattes munies de trois griffes (...) ».
Fort de ces informations, Mackal retourne au Congo en compagnie de toute une équipe, deux ans plus tard. Après des jours de recherche, il rapporte avoir vu un énorme sillage se profilant plusieurs mètres au-devant du bateau alors qu'il arpentait le Lac Télé, comme si un énorme animal venait de plonger, alerté par le bruit de la pirogue à moteur.
La même année, l'ingénieur Herman Regusters, lui aussi déterminé à percer le mystère du Mokélé-mbembé, lance sa propre expédition sur le lac. Lors de celle-ci, l'homme aurait photographié une créature émergeant de l'eau, à environ 30 pieds de leur radeau pneumatique.
Mais depuis la fin des années 1980, on constate une baisse drastique des témoignages concernant l'animal. Selon les autochtones, la bête se serait raréfiée du fait de l'augmentation de la déforestation et du braconnage, auxquels est en proie la région depuis cette période et qui bouleversent l'écosystème de la forêt pluviale du Congo.

Cependant, cela n'a rien empêché. Aujourd'hui encore, bien que les personnes affirmant avoir aperçu l'animal se raréfient, un nouveau témoignage à son sujet apparaît de temps à autre. C'est de cette façon que plus récemment, Michel Ballot s'est laissé convaincre par l'existence du cryptide. Plusieurs fois par an, l'homme se rend dans le sud-est du Cameroun pour des explorations de trois à quatre semaines durant lesquelles il recueille les témoignages des pygmées et mène ses investigations. Un jour cependant, alors qu'il poursuit ses recherches dans le nord du Gabon en installant balises et caméras aux abords du fleuve Dja, Ballot découvre une île à moitié immergée. Sur celle-ci, des traces profondes avec des griffes à l'extrémité des empreintes, ne ressemblant à celles d'aucun animal connu. Tous les autochtones à qui il montre le cliché lui parlent de quelque chose "de gros vivant sous l'eau, qui n'est pas un crocodile, avec une grande trompe, deux ou trois cornes et une queue".


En définitive, selon les témoins, le Mokélé-mbembé semble être toujours resté dans la même immense zone géographique qu'est la forêt centrafricaine, bien qu'il ait été repéré en  différents endroits de celle-ci en fonction des époques et de la saison. Qui plus est, tous les témoignages concernant son aspect, son comportement et son mode de vie semblent concorder, ce qui tendrait à rendre l'hypothèse plausible. Mais, reste un problème de taille : que ferait un dinosaure à notre époque ?
Aussi étrange que cela puisse paraître, la présence d'un animal préhistorique dans cette zone géographique ne serait que peu étonnante. La forêt centrafricaine, étant le deuxième ensemble forestier au monde après l'Amazonie, est l'un des rares endroits sur terre n'ayant pas subi l'action de l'évolution, et 80% des espèces qu'elle abrite nous seraient encore inconnus. En cela, y croiser un sauropode serait moins surprenant qu'il n'y paraît. Aussi, à la manière du Loch Ness, la brume tombe très souvent sur la région, ce qui pourrait en partie expliquer la maigre poignée de témoignages au sujet du Mokélé-mbembé. Néanmoins, il existe quelques photos et images aériennes prises en 1988 par une expédition japonaise survolant le lac Télé, sur lesquelles un long et imposant sillage serait visible, ainsi qu'une forme lointaine sortant de l'eau à demi.


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