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vendredi 12 juin 2020

Lettre à ma femme

J'ai longtemps hésité. J'ai longtemps hésité, retournant toutes ces questions dans ma tête comme on ressasse un mauvais souvenir. Je sais que tu ne comprendras pas ce que je vais te dire, à vrai dire je n'espère même pas que tu saisisses de quoi il retourne.

Je t'ai aimée, vraiment. Un amour sincère, un amour pur. Oserais-je dire un amour naïf ? Oui, l'amour est naïf par essence. On espère que l'autre sera parfait, qu'il n'aura aucun défaut, alors qu'on sait avant même de se lancer que c'est totalement faux. Qu'un jour ou l'autre, tout dérapera, que l'autre s’avérera être la pire chose qui nous est arrivée. Et que tu le veuilles ou non, nous avons passé ce jour.
En fait, ce jour est arrivé beaucoup plus tôt pour moi que pour toi. Je l'ai juste caché, refoulé, refusant d'y croire. J'ai subi, oh oui. Mais j'ai pris sur moi, c'est ce qu'un homme fait. J'ai tant fait semblant d'aimer chacun de tes sourires, tant caressé ta peau en dissimulant le dégoût que ça me procurait. J'ai maquillé ma voix pour qu'elle te paraisse douce, forcé les muscles de mon visage à modeler des expressions d'amour au prix d'efforts incroyables. J'ai murmuré des mots magiques à ton oreille, te faisant croire que notre flamme brûlait encore en moi. Mais depuis longtemps, il n'y a plus rien. Mes mots n'étaient que des courants d'air glacés sortant d'une grotte sans fin.

Je m'en suis voulu tu sais ? Quand je te voyais heureuse, épanouie, ne sachant pas que tout ce que tu ressentais reposait sur du vent, des fondations de sable pour un château de pierre. Et alors que tu étais heureuse, je m'enfonçais de plus en plus. J'ai fait semblant de t'aimer, alors même que tu m'humiliais. J'ai fait semblant d'oublier nos disputes injustes, tes reproches incessants, tes mensonges. J'ai fait comme si c'était ce que je voulais, ce dont j'avais toujours rêvé. J'ai dit oui à tout ce que tu voulais de moi, si bien que je n'avais plus mon mot à dire sur rien du tout. Je n'étais plus que ton faire-valoir, ton petit chien qui t'accompagne partout et que tu réprimandes lorsqu'il aboie.
Puis j'ai rencontré quelqu'un. Une personne qui ne m'a pas seulement promis, mais qui m'a montré. Montré ce que je pouvais être, ce que je devais être. Et j'ai pris conscience de mon existence, j'ai vu que je me fourvoyais. Le seul obstacle, c'était toi. Cette personne m'a parlé, m'a dit quoi faire et comment le faire. Elle m'a dit que pour arriver à me libérer, je devais libérer mon esprit et cracher toutes ces blessures que j'avais en moi. C'est ce que je fais en t'écrivant cette lettre.
Je veux que tu saches que je maudis le jour ou je t'ai rencontrée. Je crache sur tous ces souvenirs qui me hantent, j'aimerais les arracher et les déchirer de mes propres mains. Toutes ces années ne sont qu'une accumulation de peines, de cris, de pleurs dans mon esprit. Notre relation si chère à tes yeux était une tumeur. Une tumeur que tu alimentais chaque jour et chaque seconde, tu prenais ça pour de l'amour ce pus qui en coulait, pour de la dévotion de ma part.

Salope, je maudis tes parents de t'avoir mise au monde. Je crache sur tout ce en quoi tu crois, tout ce que tu es et ce que tu représentes. J'aimerais arracher tes yeux pour que tu cesses de me brûler avec ce regard confiant, confiant sur la fidélité de son petit chien qui ne mordra jamais. J'aimerais te faire avaler de force tout ce que je ressens jusqu’à ce que ta gorge gonfle et que tu te noies dans l'air. J'aimerais te briser, t'entendre craquer, comprimer tout ce que tu es, aplatir tes chairs et te forcer à plier comme tu m'as forcé à le faire. Je t'abhorre, je te méprise, je te renie.
J'ai fait tout ce qu'il fallait, suivi toutes les étapes. J'ai écris ton nom sous les pierres, gratté la terre de mes ongles jusqu'a les arracher. J'ai tracé les signes, récité les psaumes et les litanies. J'ai juré sur lui. J'ai donné ma haine à la terre, hurlé mon dégoût pour toi et toute l'horreur que j'avais en moi l'a fait venir. Il se tenait au centre, debout et magnifique.
Je vais venir te chercher et t'emmener à lui.
Joyeuse Saint Valentin.


8 commentaires:

  1. Si les chats pouvaient écrire, les lettres ressembleraient sans doute à ça. Il y a des passages sympas, je vais en reprendre quelques uns, lorsque je devrai déclarer ma flamme à quelqu'un :p

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  2. Si je comprend bien (n'hesitez pas a me dire si je me goure totalement)
    Le mari deteste sa femme au point de l'utiliser pour un sacrifice inconnu et redige une lettre de haine envers elle pour se liberer de ce sentiment

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    1. Yep et visiblement ya une relation dominatrice-soumis

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    2. Oki ^^ en effet j'avais entrapercu le coté soumis du mari mais ca ne m'avais pas fait tilter plus tot

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    3. Pourquoi aurait-il besoin d'user d'un certain sacrifice ? Je veut dire, mis à part qu'il possède une grande rancœur envers sa femme, il n'est dit sous entendu nulle part qu'il serait membre d'une quelconque secte ou toutes autres choses de ce genre.

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  3. Ou tu peux juste la quitter, mon gars.

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  4. Encore un qui s'est fait largué récemment lol

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    1. Non, a mon avis c'est plutôt le contraire. ah ah

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