J’ai grandi à Beaune, en Bourgogne. La ville est principalement connue pour ses vignobles et ses hospices qui apparaissent notamment dans La Grande Vadrouille avec Bourville et de Funès. Jusqu’à mes onze ans et mon entrée au collège, ma famille et moi vivions dans le quartier des Échaliers et j’allais à l’école primaire du même nom. Celle-ci était littéralement à cinquante mètres de chez moi, et je n’oublierai jamais le petit bateau pirate installé dans la bibliothèque, une attraction qui faisait la jalousie des autres établissements de la ville. À cette époque, j’adorais l’école, et nos professeurs étaient extraordinaires. Nous avons eu régulièrement droit à diverses sorties culturelles, ce qui ne manquait pas d’animer nos journées. Surtout que nous étions trop heureux de troquer nos cours contre une activité en extérieur. C'était tantôt une visite au musée, tantôt un film au Petit Cinéma (qui n'existe plus d’ailleurs). Mais s'il y a une sortie qui m’a plus marqué que les autres, c’est celle au lac Joigneaux. Il se situe à moins de dix minutes à pied de l’école, et d’après mes souvenirs, nous y sommes allés pour observer la faune et la flore autour du lac. Enfin, c’était surtout un prétexte à l’amusement pour nous autres, enfants. Néanmoins, malgré la bonne humeur générale et le temps radieux (c’était le printemps, la période des premières sorties en plein air), quelque chose me dérangeait. J’ai tout de suite su ce que c’était, cela se situait derrière moi, la maison du lac.
Celle-ci ressemble à un cube posé sur une dalle de pierre surélevée, elle comporte un étage avec une grande terrasse et fait très XIXème siècle dans son architecture. À l’époque, il manquait une des rambardes de la terrasse du premier étage et l’édifice semblait abandonné, ce qui me mettait mal à l’aise. Personne d’autre que moi ce jour-là ne semblait prêter la moindre attention à la bâtisse. Et malgré le soleil, la maison semblait rester dans une sorte de pénombre, ce qui aurait très bien pu s’expliquer par son large toit et les grands arbres alentours. Cependant, j’avais la sensation qu’il y avait autre chose.
Quelques années se sont passées avant que la maison ne revienne dans mes pensées. J’étais désormais au collège, et lors d’une discussion "hautement intellectuelle" sur le paranormal, j’ai demandé à mon cercle d’amis si eux aussi connaissaient la maison du lac et son étrange aura. Un seul de mes camarades la connaissait, et forcément, il a ajouté que celle-ci était hantée par le fantôme d’une femme qui apparaîtrait certains jours à la fenêtre gauche du premier étage. L’effet escompté fonctionnait puisqu’on a continué à se faire peur en jouant à qui a mieux en matière de phénomènes étranges et rencontres paranormales. J’étais adolescent et l'existence de la maison ne me reviendrait en tête que bien des années plus tard.
Il y a quelques mois, je suis repassé dans ma région et j’en ai profité pour me rendre à Beaune. Après avoir flâné dans les rues, je me suis naturellement retrouvé devant la Mairie et je me suis alors souvenu de la maison du lac. À cet instant, je me suis décidé à tenter ma chance au service des archives afin de savoir si la ville ne possédait pas quelques informations au sujet du mystérieux bâtiment. J’ai ainsi appris que le lac avait été créé en 1897 dans le but d’y pratiquer la pêche, la baignade en été et le patinage en hiver. Les bords avaient été aménagés, et on avait construit la fameuse demeure pour y accueillir la buvette ainsi que diverses grandes salles. Le déclin des lieux avait débuté dès les années trente, à partir desquelles les propriétaires de ceux-ci s'étaient succédé (toutes ces informations sont d’ailleurs disponibles en lignes avec d'avantages de détails). Mais rien dans tout ça ne semblait indiquer un quelconque événement mystérieux capable d’éclaircir mes souvenirs de jeunesse. Devant mon air quelque peu déçu, une des documentalistes m’a demandé ce que j’espérais trouver dans ces documents. Je lui ai alors parlé de la maison, et du sentiment étrange que celle-ci m’avait procuré étant enfant. Stupéfaite, elle m’a raconté que la maison avait fait l’objet de pas mal de rumeurs dans les années quatre-vingt et qu’elle était prétendument hantée. Là encore, on disait qu’une femme pouvait être aperçue à la fenêtre gauche du premier étage. Mon interlocutrice m’a apporté d’avantages de détails sur la légende en me faisant part d'une histoire que les jeunes de l’époque racontaient. A priori, le lac était auparavant un lieu prisé de l’avant-guerre et beaucoup de familles venait profiter de l’atmosphère festive. Une femme, qui d’après les dires se serait appelée Joséphine, y venait tous les week-ends avec son mari et leur unique enfant. Il n’était pas rare de la voir accoudée à la balustrade de l’étage, faisant de grands signes à son fils qui s’amusait alors sur le lac avec ses amis. Mais ce bonheur s'était assombri lorsque pendant la Grande Guerre, elle avait perdu presque coup sur coup son fils de la tuberculose et son mari sur le champ de bataille. Joséphine avait dépéri en quelques mois avant de mourir à l’hôpital. Et selon la légende, ses derniers mots auraient évoqué les temps heureux passés autour du lac.
Dès lors, l’atmosphère du lac Joigneaux n’a plus été aussi joviale qu’auparavant, la guerre étant aussi passée par là. L’endroit n’attirait plus vraiment, et une succession de réglementations avait fini par mettre à mal l’endroit. De ce fait, les propriétaires ne restaient jamais longtemps les mêmes. Des rumeurs racontent également qu’au début des années cinquante, l’une des balustrades du premier étage se serait effondrée, celle-là même où se tenait Joséphine auparavant, entraînant dans sa chute un petit garçon de dix ans. Par la suite, la propriété du lac a accueilli un centre hippique durant quelques années. Mais là encore, quelques problèmes sont apparus : contre-performance, myosite, teigne… et de nouveau, la maison a changé de propriétaire. On raconte aussi que les portes de l'étage seraient capables de se verrouiller et de se déverrouiller toutes seules, et qu'il y ferait constamment froid. De nos jours, alors que la bâtisse a été entièrement rénovée en 2006, son propriétaire actuel aurait “toutes les peines du monde” à trouver un locataire, aussi bien régulier que saisonnier. Mon interlocutrice a terminé son récit en m’expliquant qu’autrefois, dans les cours d’écoles, on se faisait peur en se disant que l’apparition du spectre de Joséphine à la fenêtre de la maison du lac prédisait la mort d’un être cher.
Nous sommes aujourd’hui le 7 avril 2020, j’habite désormais à Paris et je suis confiné chez moi. J’ai recherché sur Google des images de la maison du lac Joigneaux à Beaune. Il n’en existe que deux, une seule est prise de face avec les fenêtres de l’étage visibles, et les volets de la chambre de gauche sont entrouverts. Nous sommes en pleine pandémie de coronavirus, la photo date du 6 avril (Google a dû en profiter pour prendre de nouvelles images), et je vois quelqu’un à la fenêtre du premier étage.
Celle-ci ressemble à un cube posé sur une dalle de pierre surélevée, elle comporte un étage avec une grande terrasse et fait très XIXème siècle dans son architecture. À l’époque, il manquait une des rambardes de la terrasse du premier étage et l’édifice semblait abandonné, ce qui me mettait mal à l’aise. Personne d’autre que moi ce jour-là ne semblait prêter la moindre attention à la bâtisse. Et malgré le soleil, la maison semblait rester dans une sorte de pénombre, ce qui aurait très bien pu s’expliquer par son large toit et les grands arbres alentours. Cependant, j’avais la sensation qu’il y avait autre chose.
Quelques années se sont passées avant que la maison ne revienne dans mes pensées. J’étais désormais au collège, et lors d’une discussion "hautement intellectuelle" sur le paranormal, j’ai demandé à mon cercle d’amis si eux aussi connaissaient la maison du lac et son étrange aura. Un seul de mes camarades la connaissait, et forcément, il a ajouté que celle-ci était hantée par le fantôme d’une femme qui apparaîtrait certains jours à la fenêtre gauche du premier étage. L’effet escompté fonctionnait puisqu’on a continué à se faire peur en jouant à qui a mieux en matière de phénomènes étranges et rencontres paranormales. J’étais adolescent et l'existence de la maison ne me reviendrait en tête que bien des années plus tard.
Il y a quelques mois, je suis repassé dans ma région et j’en ai profité pour me rendre à Beaune. Après avoir flâné dans les rues, je me suis naturellement retrouvé devant la Mairie et je me suis alors souvenu de la maison du lac. À cet instant, je me suis décidé à tenter ma chance au service des archives afin de savoir si la ville ne possédait pas quelques informations au sujet du mystérieux bâtiment. J’ai ainsi appris que le lac avait été créé en 1897 dans le but d’y pratiquer la pêche, la baignade en été et le patinage en hiver. Les bords avaient été aménagés, et on avait construit la fameuse demeure pour y accueillir la buvette ainsi que diverses grandes salles. Le déclin des lieux avait débuté dès les années trente, à partir desquelles les propriétaires de ceux-ci s'étaient succédé (toutes ces informations sont d’ailleurs disponibles en lignes avec d'avantages de détails). Mais rien dans tout ça ne semblait indiquer un quelconque événement mystérieux capable d’éclaircir mes souvenirs de jeunesse. Devant mon air quelque peu déçu, une des documentalistes m’a demandé ce que j’espérais trouver dans ces documents. Je lui ai alors parlé de la maison, et du sentiment étrange que celle-ci m’avait procuré étant enfant. Stupéfaite, elle m’a raconté que la maison avait fait l’objet de pas mal de rumeurs dans les années quatre-vingt et qu’elle était prétendument hantée. Là encore, on disait qu’une femme pouvait être aperçue à la fenêtre gauche du premier étage. Mon interlocutrice m’a apporté d’avantages de détails sur la légende en me faisant part d'une histoire que les jeunes de l’époque racontaient. A priori, le lac était auparavant un lieu prisé de l’avant-guerre et beaucoup de familles venait profiter de l’atmosphère festive. Une femme, qui d’après les dires se serait appelée Joséphine, y venait tous les week-ends avec son mari et leur unique enfant. Il n’était pas rare de la voir accoudée à la balustrade de l’étage, faisant de grands signes à son fils qui s’amusait alors sur le lac avec ses amis. Mais ce bonheur s'était assombri lorsque pendant la Grande Guerre, elle avait perdu presque coup sur coup son fils de la tuberculose et son mari sur le champ de bataille. Joséphine avait dépéri en quelques mois avant de mourir à l’hôpital. Et selon la légende, ses derniers mots auraient évoqué les temps heureux passés autour du lac.
Dès lors, l’atmosphère du lac Joigneaux n’a plus été aussi joviale qu’auparavant, la guerre étant aussi passée par là. L’endroit n’attirait plus vraiment, et une succession de réglementations avait fini par mettre à mal l’endroit. De ce fait, les propriétaires ne restaient jamais longtemps les mêmes. Des rumeurs racontent également qu’au début des années cinquante, l’une des balustrades du premier étage se serait effondrée, celle-là même où se tenait Joséphine auparavant, entraînant dans sa chute un petit garçon de dix ans. Par la suite, la propriété du lac a accueilli un centre hippique durant quelques années. Mais là encore, quelques problèmes sont apparus : contre-performance, myosite, teigne… et de nouveau, la maison a changé de propriétaire. On raconte aussi que les portes de l'étage seraient capables de se verrouiller et de se déverrouiller toutes seules, et qu'il y ferait constamment froid. De nos jours, alors que la bâtisse a été entièrement rénovée en 2006, son propriétaire actuel aurait “toutes les peines du monde” à trouver un locataire, aussi bien régulier que saisonnier. Mon interlocutrice a terminé son récit en m’expliquant qu’autrefois, dans les cours d’écoles, on se faisait peur en se disant que l’apparition du spectre de Joséphine à la fenêtre de la maison du lac prédisait la mort d’un être cher.
Nous sommes aujourd’hui le 7 avril 2020, j’habite désormais à Paris et je suis confiné chez moi. J’ai recherché sur Google des images de la maison du lac Joigneaux à Beaune. Il n’en existe que deux, une seule est prise de face avec les fenêtres de l’étage visibles, et les volets de la chambre de gauche sont entrouverts. Nous sommes en pleine pandémie de coronavirus, la photo date du 6 avril (Google a dû en profiter pour prendre de nouvelles images), et je vois quelqu’un à la fenêtre du premier étage.
Une pasta bien écrite, mais qui sonne très superflue. J'ai surtout l'impression que c'est une histoire générique écrite autour d'une photo de maison trouvée sur Google images sur laquelle on peut voir ce qui ressemblerait à une silhouette de visage en plissant les yeux. Malgré la longue exposition de l'histoire, tout semble très déconnecté, rien n'est bien terrifiant et la fin est assez décevante, aucune rencontre avec le supposé fantôme, il faut avouer que voir une silhouette floue dans un résultat google images, c'est pas assez pour faire peur, surtout après un développement si long
RépondreSupprimerY a t il que moi qui ne voit rien ?
RépondreSupprimerNon...
SupprimerJe pense que c’est normal, « l’apparition du spectre de Joséphine à la fenêtre de la maison du lac prédisait la mort d’un être cher. » cela voudrait donc dire qu’un de ses proches va mourir du Covid.
Supprimerregardez au dessus de la barre de la fenêtre on voit une sorte de tete qui dépasse plus ou moins (enfin perso je vois quelque chose...)
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerTu peut zoomer en ouvrant l'image sur une nouvelle "fenêtre" de ton ordinateur, ou carrément l'a télécharger depuis ton smartphone. En tout cas, en regardant de plus près, on peut apercevoir une forme de silhouette dans la fenêtre droite (pour nous) du premier étage.
SupprimerL'histoire est bien écrite, mais pas effrayante, je n'ai senti aucun mal-aise et je trouve ça assez dommâge. En plus, il n'y a personne dans cette photo. Franchement, pour une histoire bien écrite (ce qui est le cas), elle malgré tous claquée.
RépondreSupprimerLe fait qu’il n’y ait personne pour toi veut dire, qu’en fait, seul l’auteur la voit. Car : « l’apparition du spectre de Joséphine à la fenêtre de la maison du lac prédisait la mort d’un être cher. » donc cela voudrait dire qu’un des proches de l’auteur va mourir, sûrement du Covid.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerC'est pas le tout, mais je peut voir la silhouette moi...
SupprimerHistoire bien écrite, en plus elle s'enracine dans un patrimoine français.
RépondreSupprimerCependant, il manque quelque chose pour qu'elle soit vraiment effrayante, et c'est dommage.
Eh ben, une histoire ayant pour cadre ma ville natale, si je m'y attendais à celle-là :)
RépondreSupprimerLe petit cinéma dans l'avenue de la République, à côté du Square des Lions, je m'en souviens aussi, je n'y ai vu que des bons films avec la classe (j'allais aux Remparts perso, pas aux Echaliers)
C'est bien écrit ! Mais ça m'a plus rendue triste que fait peur
RépondreSupprimerLa maison est sur abritel désormais et les visiteurs peuvent dormir dedans....
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