Temps approximatif de lecture : 5 minutes.
Les Yakoutes craignent les morts. Enfin, tout le monde les craint, mais selon les croyances yakoutes, si les vivants voient des morts d’une quelconque manière (en rêve ou IRL, en particulier s’il s’agit de parents), alors on peut être sûr que leurs esprits essaient de “tirer” l’âme des vivants dans l’autre monde. Il y a bien évidemment des exceptions (par exemple, si un proche décédé il y a peu apparaît dans un rêve pour transmettre une demande quelconque du style “dites à ma fille que j’ai caché 9000 roubles sous mon oreiller”), mais en général, voir un mort ne signifie rien de bon. Cette histoire est liée précisément à cela.
Un retraité vivait dans un village. Sa maison était grande, et il était le seul à y habiter, si bien qu’il a décidé de louer une chambre à une jeune fille qui faisait un stage dans la clinique du coin. Ils avaient une relation d’égal à égal, aucun ne dérangeait l’autre et ils discutaient de temps à autre le soir, de tout et de rien.
Une froide soirée d’hiver, la jeune fille revenait de la clinique. Lorsqu’elle est entrée dans la cour, elle a entendu un craquement dans la neige provenant de quelque part devant elle. L’obscurité ne permettait pas de voir de qui il s’agissait, mais elle a pensé que c’était le retraité qui vaquait à ses occupations. Cependant, elle s’est étonnée du fait que l’homme haletait ou bien gémissait si fort qu’il paraissait être en train de s’asphyxier. La jeune fille a demandé “Qui est là ?”, et à cet instant, les bruits de pas et de respiration ont cessé. Restant quelques instants sans bouger, un sentiment de malaise a commencé à la prendre et elle est rentrée dans la maison. Le vieil homme était assis près du four (NdT : les fours traditionnels russes étaient constitués de telle manière qu’ils servaient aussi de poêle pour se chauffer et qu’un espace au-dessus était ménagé pour permettre aux enfants de dormir au chaud), et elle a compris que ça ne pouvait pas avoir été lui. À la limite de se faire dessus, elle a décidé de ne rien lui dire pour ne pas le terroriser. Ils se sont installés ensemble pour dîner, et elle s’est aperçue qu’il paraissait un peu triste. À sa question, il a répondu : “Je suis allé faire une sieste après le déjeuner, et j’ai rêvé de mon frère cadet, qui est mort il y a vingt ans. Il insistait pour que je le rejoigne, mais j’ai refusé. C’est mauvais signe.” Cela a encore accentué la peur de la jeune fille, mais elle a continué de ne rien dire.
La nuit est arrivée, et ils sont chacun allés dans leur chambre. La jeune fille n’a pas dormi, elle n’arrêtait pas de se tourner et de se retourner dans ses draps. Le retraité dormait dans la chambre d’à côté, si bien qu’elle pouvait entendre sa respiration irrégulière. Tout d’un coup, au dehors, juste sous sa fenêtre, la neige a de nouveau craqué, et les bruits entrecoupés ressemblant à des gémissements ont repris, comme si quelqu’un avait littéralement couru un marathon et s’étouffait. Elle s’est enroulée dans sa couverture jusqu’au visage, morte de peur. Une minute a passé et l’invité invisible s’est déplacé vers la fenêtre du vieillard en faisant crisser la neige. La jeune fille a alors entendu comme la respiration de son voisin se modifiait : il a aussi commencé à haleter, et à laisser échapper des râles en se retournant dans son lit. Elle s’est dit qu’il faudrait le réveiller, mais “l’invité” respirait aussi près de la fenêtre, presque à l’unisson avec le vieillard, et elle avait peur de sortir de sous sa couette. Elle n’est pas parvenue à déterminer combien de temps cela a duré, et a fini par s’endormir.
Au matin, lorsque le jour s’est levé, la première chose qu’elle a faite a été de se rendre près des toilettes extérieures pour étudier la neige, mais il n’y avait aucune empreinte. Laissant échapper un soupir de soulagement, elle est rentrée prendre son petit déjeuner. Le retraité avait une mine encore plus sombre que la veille : il a raconté qu’il avait de nouveau rêvé de son frère, cette fois-ci en colère, et décidé à l’emmener avec lui par la force. “Je me suis débattu comme je pouvais, mais il me donnait quand même des coups de pied et m’a traîné de force”, a-t-il soupiré. La jeune fille s’est enfin décidée à lui raconter ce qu’elle avait entendu. À ses mots, le vieillard a eu l’air de vraiment tomber en dépression. “Tu aurais dû me réveiller avant qu’il ne m’ait vaincu. C’était définitivement lui, je me rappelle bien ses râles lorsqu’il était en train de mourir de la tuberculose. Maintenant, je suis un homme mort.”
Et en effet, moins d’une semaine plus tard, le vieil homme a attrapé une pneumonie, et il n’est pas parvenu à s’en sortir. Il a été enterré à proximité de son frère. Et la jeune fille a dû déménager chez une autre famille.
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Magnosa qui a assuré sa traduction du russe vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Mrakopedia, de Tatsuno_Zombi et Écho qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Yaamane et Gordjack qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.
J'ai vu les commentaires récents, mais perso j'aime bien les nouvelles pastas, surtout les Yakoutie...
RépondreSupprimer