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lundi 10 octobre 2022

Yakoutie #18 : Rencontre sur la route


Temps approximatif de lecture : 5 minutes. 

L’un des incidents les plus flippants et les plus étranges de mon existence s’est produit il n’y a pas si longtemps : à peine deux ans, alors que je me rendais dans mon village natal pour les vacances d’été. Depuis petite, je croyais qu’il était entouré de forces invisibles qui se manifestaient parfois de façon incompréhensible dans notre monde, et qu’elles étaient loin d’être toutes de nature à le faire d’une manière agréable pour nous. Mais ce que j’ai vu ce soir d’été sur la route déserte non loin du village m’a permis de changer l’expression “je crois” en un catégorique “je sais”. Et puis, pourquoi le cacher, ça m’a offert de nombreuses nuits sans sommeil une peur panique diffuse face aux forêts de mon enfance. 

L’été est une période très particulière dans les villages yakoutes. Alors que dans les villes, on considère cette saison comme propice au repos et aux réjouissances, elle est synonyme d’une effervescence du travail à la campagne. La fenaison : voilà ce qui occupe le cœur et l’esprit des habitants, les amenant à se lever tous ensemble aux aurores et de passer leur temps jusqu’à tard le soir dans les clairières fertiles (on les appelle “alassy” en Yakoutie). L’été du Nord est court, il faut réussir à faucher suffisamment de foin pour les élevages bovins, former des meules et en emmener dans les potagers. À peine on cligne des yeux que l’automne n’est déjà plus très loin.

Mais la fenaison est aussi un moment de repos. Si tu es né et que tu as grandi dans un village, il est de ton devoir sacré de passer chaque année au moins quelques semaines pendant l’été dans les alassy, à respirer l'arôme savoureux de l’herbe fraîchement coupée, écouter le pépiement des oiseaux et à barboter avec délectation dans les étangs d’eau claire comme du cristal qui font la richesse de ces endroits. C’est pour ça qu’après avoir terminé la fastidieuse période des partiels à l’université, j’ai pris un bus pour le village sans même y réfléchir et je suis rentrée chez ma famille.

La première semaine, nous avons fauché du foin sur un îlot de rivière en résistant aux attaques des moustiques et des moucherons qui pullulaient en essaims dans l’air humide. La peau atteint un tel état qu’elle arrête d’enfler et de gratter après les piqûres. Après en avoir terminé avec le travail sur l'îlot, on a changé de lieu pour aller dans l’une de ces fameuses alassy situées à environ dix kilomètres du village. On s’y rendait avec la vieille UAZ de mon beau-père et la remorque chargée de tout l’équipement nécessaire, les faux, les râteaux et les fourches. La fenaison là-bas était incomparablement plus facile que sur l'îlot, et pas seulement grâce au nombre bien plus faible d’insectes. Surtout, les alassy sont beaucoup moins remplies d’aspérités, de pierres et de racines sur lesquelles on peut briser les faux. Un travail là-bas a tout l’air d’une sinécure pour quelqu’un qui a l’habitude. On ne peut pas en dire autant de moi, mais je dois bien dire que j’ai poussé un soupir de soulagement lorsqu’on a quitté l'îlot.

D’habitude, on terminait vers huit heures du soir et on rentrait avec le même véhicule. Mais bientôt, j’ai pris l’habitude de mettre le vélo que j’ai depuis l’école dans la remorque et de rentrer seule à la maison en profitant de la fraîcheur du soir, du trajet et du sentiment du travail fait. D’autant qu’il y avait moins d’une demi-heure à pédaler, bien mieux que d’être ballottée dans l’habitacle étouffant de l’UAZ en compagnie de mon beau-père peu causant.

Ce soir-là ne faisait pas exception. Nous avions fait quelques dizaines de tas qu’il fallait ensuite rassembler en une grande meule. Lorsque le soleil a commencé à clairement descendre vers l’ouest, mon beau-père a rassemblé ses affaires et est parti. Je crois qu’il était environ huit heures et demie. En ce qui me concerne, je suis restée dans l’alas et ai bien profité d’une petite baignade dans l’étang qui se trouvait au centre de la clairière. J’étais d’excellente humeur, un peu refroidie par la sensation de la vase du fond du petit bassin qui restait sur les pieds. Se baigner dans une rivière est beaucoup plus agréable, le courant procure une sensation bien particulière et le fond est recouvert d’un sable jaune pur.

Après être sortie de l’étang, je me suis rhabillée et ai pris mon vélo. Le soleil était en train de prendre une teinte entre le pourpre et le cramoisi, ce qui précède généralement l’arrivée de la pluie en été. Je pédalais sans me presser, les roues projetaient en rythme les petites pierres qui se trouvaient sur le chemin de terre. Des conifères poussaient sur les deux côtés, à l’exception de quelques endroits où je voyais des bouleaux et des mélèzes. Voilà le type de forêt mixte qu’on trouve là-bas. La profusion des pins ombrageait le chemin. Avec le cercle solaire rouge vif qui dansait continuellement entre les troncs, ce spectacle plein de contrastes était tout simplement magnifique.

La rencontre fatidique a eu lieu lorsque j’ai eu parcouru environ quatre kilomètres. À cet endroit, la forêt s’écartait pour faire place à une alas entourée d’une barrière en bois (c’est comme ça que les propriétaires protègent le foin des vaches et des chevaux qui errent librement près du village ainsi que d’autres types de désagréments). Il n’y avait alors pas âme qui vive dans la clairière, mais je voyais les silhouettes jaunes des meules loin sur le côté. Une mince rivière coulait sur la gauche, et il y avait donc aussi quelques arbres à cet endroit. Droit devant, il y avait un virage serré empêchant de voir qui arrive en face, l’un de ces “endroits à risque accru d’accidents de la route” dont parlent les gars de la GAI (NdT : la Direction générale de la sécurité routière).

La routes et les chemins de terre de la Yakoutie sont remplies de ce qu’on appelle les « mauvais » endroits où se produisent des choses fantastiques : une vieille femme aux cheveux blancs qui court après les voitures avec un bâton, ou bien une jeune fille demande à être ramassée sur le bord de la route et finit par disparaître brusquement sans laisser de trace du véhicule. Toutes ces rumeurs se fondent sur des histoires à glacer le sang du passé qui se termine près de ces endroits : la vieille y a été percutée par un camion, ou bien la jeune fille s’est pendue à une branche à une vingtaine de mètres de là où elle arrête les voitures. Mais le chemin que je parcourais n’avait été rendu célèbre par de telles sottises. Si quiconque y avait vu ne serait-ce qu’une fois quelque chose d’inhabituel, tout le village en aurait murmuré pendant les cent prochaines années. Du coup, d’une certaine manière, on peut dire que j’ai eu de la chance…

Ayant parcouru des yeux l’alas éclairée par la lumière rouge du coucher de soleil, j’ai reporté mon regard sur le chemin et ai vu qu’un cavalier sortait du virage sur sa monture. Le cheval à la robe bai s’avançait à trot léger. Voir un cavalier ne m’a nullement surprise, il s’agit en Yakoutie d’un moyen de transport populaire et, à de nombreux égards, plus pratique que la voiture. J’ai dirigé mon vélo à sa rencontre d’un coup de pédale assuré. En rétrospective, je ne vois qu’un seul signe qui aurait pu m’alarmer : les sabots du cheval ne produisaient pas le bruit caractéristique lorsqu’ils touchaient la terre. Il avançait dans le silence complet, mais je n’y ai alors pas fait attention. L’animal me paraissait fatigué, car il trottait tête baissée. L’homme installé sur la scène se tenait droit et ne regardait pas sur les côtés. De loin, je distinguais qu’il était vêtu de couleurs sombres mais, là encore, je savais qu’il était vu d’un mauvais œil de se vêtir dans des tons trop clairs dans la région. Si on voulait aller par-là, je portais moi-même un maillot gris et un short marron.

Et j’ai fini par arriver à une distance suffisamment faible pour tout sentir : quelque chose n’allait pas avec ce cavalier solitaire. C’était encore seulement une intuition, étant donné que mon cerveau n’avait pas encore eu le temps d’analyser toutes les informations que mes organes sensoriels lui transmettaient. Après quelques instants, j’ai enfin compris la première chose qui n’aurait pas dû être ainsi si le cavalier avait été un humain normal : ses jambes étaient anormalement longues, à tel point que malgré la haute taille du cheval, elles traînaient par terre. Et elles ne se terminaient pas par des pieds, mais devenaient de plus en plus fines… avant de simplement disparaître.

Ça, c’était les jambes. La deuxième chose qui a fait que mes cheveux se sont dressés sur mon crâne concernait le cheval. Avant, je le voyais de devant, et je n’avais rien remarqué d’inhabituel. En m’approchant, j’ai pu le voir de côté, et une autre hideuse violation des proportions m’est alors parvenue : le cheval était long. Tout autant que les jambes de son propriétaire. De ce que je me souviens, il n’avait malgré tout que quatre jambes, comme il était supposé avoir, mais son dos s’étendait sur de longs mètres. Je crois qu’il aurait dépassé la longueur de trois chevaux normaux mis les uns derrière les autres.

Ces seuls éléments auraient suffi pour que la peur me fasse perdre conscience, mais j’ai eu le malheur de ne pas m’arrêter là et de lever les yeux vers le visage du cavalier. Je ne me rappelle plus trop ce qui s’est passé immédiatement après, seules une chute douloureuse et une odeur fétide semblable à celle de caoutchouc brûlé emplissant mes narines me reviennent. La chose est probablement passée à côté de moi sans me prêter attention. Dans tous les cas, lorsque je me suis réveillée, j’ai vu que j’étais étendue sur le chemin avec mon vélo, ma jambe droite était en feu (rien d’extraordinaire, j’ai vu que je m’étais simplement écorchée), et il n’y avait de nouveau plus personne. La puanteur avait aussi disparu, dispersée dans l’air. Le soleil avait un peu bougé dans le ciel, je ne m’étais pas évanouie très longtemps. J’ai failli vomir à cause de sa couleur rouge sang. Je me suis relevée tant bien que mal, une armée de moucherons me courant sur le dos, et ai enfourché mon vélo. Il n’était plus question de rentrer sans se presser : j’ai pédalé de toutes mes forces, me retournant de temps à autres pour m’assurer que le cavalier aux longues jambes n’était pas en train de me poursuivre. Après quinze minutes qui m’ont paru durer une heure, je suis arrivée au village et j’ai poussé un soupir de soulagement. De la musique sortait d’une chaîne stéréo dans une cour, une tronçonneuse hurlait non loin et le brouhaha des enfants se faisait entendre. Tout cela m’a apaisée et a chassé les souvenirs qui me mettaient dans tous mes états.

Je n’ai pas pu garder le silence au sujet de ce qui s’était passé et j’ai tout raconté à mes parents. Ils sont arrivés à la conclusion qu’il s’agissait d’un spectre “passant” qui se rendait ailleurs “faire ses affaires” (le folklore local donne un grand nombre d’exemples de rencontres de ce genre). Une telle apparition n’aurait pas pu me faire de mal même en théorie, mais cela ne m’a pas aidé à apaiser mon âme. Bien évidemment, je n’ai plus pris mon vélo pour longer les alassy. Même sortir la nuit pour aller aux toilettes à l’extérieur a commencé à me poser problème. Bref, avec le temps, les rougeurs issues de cette rencontre ont disparu, et j’espère que je finirai par chasser ma peur d’une manière ou d’une autre. Mais il y a un trait de cet effroyable cavalier que je n’oublierai jamais… Je n’en ai jamais parlé ni à mes parents, ni à mes amis, m’arrêtant aux longues jambes et au cheval déformé. J’avais simplement trop peur de me remémorer ce qui m’avait fait tomber dans les pommes, et on dirait que même maintenant, ça peut toujours avoir cet effet sur moi lorsque je suis seule la nuit à la maison : les yeux démesurément grands aux contours durs, comme s’ils avaient été découpé dans du papier, qui occupaient plus que la moitié du visage de l’homme sur le cheval.
 


Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail d'un anonyme qui a assuré la compilation des éléments nécessaires à sa rédaction, de Magnosa qui a assuré sa traduction du russe vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Mrakopedia.net, de Aévor et Orizy qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Yaamane qui s'est chargé de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

4 commentaires:

  1. Trop trop long et des détails sans importance il m’a perdu en chemin..

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    Réponses
    1. Ça va faut 5min pour la lire faut pas abuser

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    2. Cela s’appelle “créer une atmosphère”… et en toit et partout, ça prend 5 minutes à lire.

      Je ne t’imagine pas lire un bouquin de 500 pages.

      Très chouette pasta, comme la plupart de celles qui se déroulent en Yakoutie.

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    3. « 5 min de lecture c'est trop long »
      Ok le 2000 :-D

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