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Pour continuer dans le thème des relations des Yakoutes avec les morts.
Il y a une croyance qui s’appelle “dyaahyk kièhè” (le soir du coffre). C’est ainsi que, dans les campagnes, on appelle le soir de quand quelqu’un meurt ou a été enterré. On pense qu’au cours de ces journées, des esprits « de l’autre côté » viennent pour accompagner l’âme du défunt dans le monde des morts, et que, pour cette raison, la frontière entre le visible et l’invisible devient plus fine. Ceux qui, comme on dit, n’ont pas été invités peuvent aussi s’en extirper, c’est pourquoi on fait généralement en sorte de ne pas faire de bruit dans la rue, faire la fête et, plus simplement, attirer l’attention sur soi. Dans le cas contraire, des « camarades » indésirables peuvent être attirés par le bruit. Dans les grands villages et les villes où le vacarme règne chaque jour, bien entendu, cette croyance perd de son sens, mais elle est très répandue dans les petits villages encore aujourd’hui. Un anonyme avait lui-même interdit à ses petits frères d’aller jouer au loup dans la rue après la mort de leur grand-mère, parce que bon, c’est la Yakoutie, c’est chaud. Maintenant, on passe à la pasta.
Dans un hameau, un très vieil homme qui avait bien une parenté de cent cinquante personnes est mort. Bien entendu, les membres de sa famille endeuillés s’y sont rendus pour préparer un enterrement digne de ce nom. De très jeunes enfants sont aussi venus et, forcément, ont très vite réussi à copiner. C’était l’été, du coup les nouveaux amis ont lancé des jeux en plein air (en même temps, ils n’allaient pas rester dans des maisons étouffantes à fixer les visages sinistres des gens, on parle d’enfants). Bien sûr, tout cela s’accompagnait de cris, de rires et de bruits en tous genres. Plusieurs des anciens les ont réprimandés comme quoi c’était le “dyaahyk kièhè” et que ce n’était pas le moment de folâtrer, mais de manière générale les enfants avaient été laissés à eux-mêmes.
Lorsqu’ils en ont eu marre de jouer à chat, ils se sont mis à une partie de cache-cache. C’est un petit de dix ans qui venait de loin qui comptait. Les enfants ont disparu dans les ruelles, et il a commencé à les chercher. Il en a trouvé un rapidement, puis il s’est rendu dans une maison d’hiver qui était vide pendant l’été et servait alors d’entrepôt. Bien qu’on était alors à la période des nuits claires d’été, il y régnait l’obscurité complète. Le garçon a regardé à l’intérieur des chambres, mais personne. Alors qu’il se dirigeait déjà vers la sortie, il a porté son attention sur une grande armoire de dressing dont les portes étaient fermées : des petits-cousins pouvaient parfaitement s’y cacher. Il est passé proche du meuble en faisant mine de rien, puis l’a ouvert d’un grand coup, mais il n’y avait à l’intérieur que des vêtements d’hiver suspendus : des polaires, des manteaux, … Il a soupçonné que quelqu’un pouvait se cacher derrière et a entrepris de fouiller avec les mains. En les passant du haut vers le bas sur un long manteau, le jeune garçon a tout à coup senti quelque chose de froid. Il a jeté un œil et vu que derrière la manche brillait un couteau. Surpris, il a machinalement continué à fouiller. Il s’est avéré que ce couteau était tenu par une main froide comme la glace. Le garçon a poussé le manteau et a vu que derrière se cachait une personne qui faisait pas moins de deux mètres et le toisait de toute sa hauteur. La pénombre ne permettait pas de discerner son visage, mais une odeur nauséabonde l’a immédiatement frappé. Le garçonnet s’est enfui de la maison sans demander son reste en criant à s’en briser les cordes vocales et a tout raconté aux autres enfants. Ceux-ci sont allés en groupe dans la maison pour vérifier l’armoire, mais n’y ont rien trouvé à part les vêtements. Ils se sont moqués du garçon, le traitant de poule mouillée. Et ils ont continué à jouer.
Le deuxième à compter était un autre garçon. Ils ont répété l’opération comme habituellement, se sont cachés, et celui-ci est parti à leur recherche. Après quelques errements, il est entré dans une étable au fond d’un potager. Comme ses fenêtres étaient petites, il n’y avait pas beaucoup de lumière à l’intérieur non plus, mais le garçon a distinctement vu que quelqu’un se cachait dans un coin dans la pénombre. “C’est bon, je t’ai trouvé, sors” a-t-il dit. Sans bouger de son emplacement, la personne a plaqué sa main sur sa bouche, faisant de manière évidente semblant de garder le silence, et s’est mise à doucement ricaner, comme si la situation l’amusait beaucoup. Le garçon s’est rapproché en répétant “Sors, je te dis !” et s’est aperçu que ce n’était pas du tout un de ses amis mais un homme chauve nu avec deux yeux ronds et brillants placés à une hauteur disproportionnée (quasiment sur le front), un gros ventre et une langue pendant de sa bouche jusqu’à son cou. Le garçon s’est chié dessus (littéralement) et était de nouveau dehors une fraction de seconde plus tard.
Lorsque l’enfant est allé retrouver ses parents en courant dans un état d’hystérie et leur a tout raconté (d’autant que le premier garçon avait répandu l’effroi avec le récit de son propre cas), les adultes ont interdit à leur progéniture de retourner jouer dehors dans les jours suivants. La récréation était finie.
Habituellement, on ajoute à cette histoire une morale selon laquelle « à toute activité correspond un moment adéquat », mais comme nous ne sommes pas là pour les leçons de morale, on peut en tirer une leçon selon laquelle il vaut mieux ne pas courir dans les ruelles sombres quand il y a un cadavre dans une maison voisine.
Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Magnosa qui a assuré sa traduction du russe vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Mrakopedia.net, de Kitsune qui a participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Trinity qui s'est chargé de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.
Leçon retenue XD
RépondreSupprimerLe truc du cache-cache dans lequel le compteur cherche dans un armoire et trouve un sinistre inconnu au lieu d'un de ses potes, ça me rappelle une scène du premier Conjuring .
RépondreSupprimerLes pastas Yakoutes sont vraiment mes préférés
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