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lundi 24 décembre 2018

Spotlight de Noël : Les figurines Père Noël

En 1989 en Californie, une société commercialise des figurines parlantes de Papa Noël à l'approche de Noël. La figurine devait normalement crier "Happy Christmas" ou "Hohoho", enfin, de quoi faire rêver les enfants et passer un bon Noël.
Seulement, plusieurs figurines (prés de la moitié) ne faisait pas ce qui était indiqué plus haut. La figurine était déformé et les sons qu'elle produisait étaient des sortes de grognements. Certains prétendent qu'on entendait des choses du genre "Fuck You". Les rumeurs vont plus loin quand certaines personnes prétendent que la figurine les regardait, peu importe ou ils allaient. La nuit, elle s'enclenchait toute seule avec un son beaucoup plus fort.

Après de nombreuses plaintes, la société retira des ventes ces fameuses figurines et étouffa l'affaire. On découvrit quelques années plus tard que l'entreprise a été construite sur un ancien cimetière et que la moitié de leurs jouets fut retirés, seulement 2 semaines après leur mise en vente, ayant le même problème que le Père Noël.
Depuis, les sites interdisent la vente de ces Père Noël sur le net. Et celles qui le sont sont vite effacées.


vendredi 21 décembre 2018

Une nouvelle chance

On m'avait diagnostiqué cette terrible maladie lorsque j'avais 18 ans. Bien sûr, à cette époque, les médecins ne savaient pas avec précision ce dont il s'agissait, mais aujourd'hui, avec tous les progrès qu'a fait la médecine, le cancer aurait été identifié tout de suite. Et généralisé, qui plus est.
L'issue fatale était presque certaine, mais les docteurs avaient quand même commencé des traitements. Après 6 mois, il les avaient cependant arrêtés, car cela ne servait plus à rien : j'étais condamné. Dans le meilleur des cas, je n'avais plus que 3 mois à vivre.
Malgré mon athéisme, j'avais ce jour-là décidé de prier de toutes mes forces pour avoir une chance de guérir. J'avais même fini par faire un vœu dans le puits au centre du jardin de l'hôpital. Celui-ci était purement décoratif, bien sûr, mais j'étais désespéré.
Alors, j'étais entré dans une phase pendant laquelle j'avais décidé de ne plus avoir aucune retenue. Je m'étais mis à boire et à fumer, le tout de façon frénétique. Je passais mes nuits à me droguer et à coucher avec des prostituées à l'hygiène douteuse.

Bien sûr, j'en avais payé le prix fort. Dans mon état déjà si fragilisé par la maladie, les drogues m'avaient fait tenir le lit durant des semaines. Mes cheveux étaient tombés en touffes épaisses. Mon niveau d'énergie avait dégringolé. Mais au moins, j'avais pu goûter à des plaisir de la vie qui m'étaient jusque-là inconnus.
Puis, les 3 mois ont passé. Puis 6. Et puis 12.
Mes cheveux avaient recommencé à repousser. Je pouvais manger et boire sans douleurs, et mon appétit était de retour. Mes parents avaient évidement remarqué ces changements et m'avaientt emmené à l'hôpital pour faire des examens. Je n'avais jamais vu un médecin aussi confus auparavant, et pour cause : j'étais complètement guéri.

Mon vœu avait finalement été exaucé !

Mes parents étaient incroyablement fiers quand j'ai terminé mes études à l'université. Dieu sait ô combien j'avais mis leurs nerfs à l'épreuve, mais les voir aussi heureux après tant de temps m'avait mis les larmes aux yeux.
Ensuite, le temps a passé. J'ai eu beaucoup de succès dans ma vie. Je me suis marié, et ai eu trois enfants. Ils ont grandi et déménagé; ils sont restés en contact avec moi, mais ils me manquaient terriblement. C'était comme s'ils avaient chacun pris un morceau de mon cœur avec eux.
Mon monde s’est écroulé lorsque ma femme est décédée, à l’âge de 79 ans. Mes enfants m'ont ensuite rendu visite de moins en moins souvent. Je ne leur en veux pas,.je sais qu'ils étaient occupés avec leurs propres familles.
J'ai passé mon 100ème anniversaire seul. J'ai appris plusieurs années plus tard que j'avais survécu à tous mes enfants. Mes petits-enfants m'avaient apparemment oubliés et n'avaient jamais appelé.

Je suis devenu faible et beaucoup plus fragile. De peur de tomber, j'ai passé mes journées assis dans mon fauteuil, à regarder la télévision.
Il y a quelques temps, j'ai réalisé que je ne pouvais plus me tenir debout. À l'heure actuelle, je suis émacié au point de ressembler à un squelette dont la peau serait tendue aux maximum.
Et pourtant, je vis toujours. Dans l'agonie permanente.
Le dernier anniversaire dont je me souviens était mon 128ème anniversaire, mais je ne me souviens pas si c'était la semaine dernière ou le siècle dernier.
Je m'en veux. J'étais jeune, impulsif et gourmand. Je ne me souviens que trop bien des mots que j'ai prononcés quand j'ai jeté ma pièce dans le puits.

"Je veux vivre pour toujours"

Traduction : Kamus

commentaire

mercredi 19 décembre 2018

Spotlight de noël : Le père Noël est gris et maigre

Asile, jour x

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis enfermé ; un an, dix ans, peut-être plus, peut-être moins.
Mon traitement a été diminué, je peux enfin écrire ce que j’ai sur le cœur depuis trop de temps...
J’ai été accusé à tort, je suis sain de corps et d’esprit, contrairement aux dires de ces psychologues de merde et de leurs tests truqués.
Je suis innocent et par ces notes, je compte le prouver à tous ceux qui me liront.
Si j’ai perdu la notion du temps, je n’ai pas oublié la chronologie exacte des évènements, je me souviens même de la date où tout a commencé : 17 décembre 1966, 7 jours avant un réveillon de Noël qui s’annonçait encore magique, 7 jours avant l’horreur… j’ai des frissons, je tremble, je reprendrai mes notes demain.



Asile, jour x+1

Je m’appelle Edward Cunningham. J’ai bien vieilli depuis mon internement, je suis incapable de préciser mon âge exact. Ma mère, mon frère et ma sœur ne m’ont jamais rendu visite.


J’habitais un petit village isolé du nom de San José dans l’Arkansas. Une centaine d’âmes y vivait et presque tout le monde se connaissait, se disait bonjour. Mes parents y sont nés, y ont grandi, s’y sont mariés et ont donné naissance à leurs trois enfants. Moi, j’étais le plus vieux des trois. Je devais avoir 13/14 ans quand c’est arrivé. Si je ne me souviens pas de ma date d’anniversaire, je me souviens de tout, oui, de tout…mais c’est toujours aussi pénible, je suis déjà fatigué…



Asile, jour x+2


Début décembre 1966

Ça correspond à l’emménagement du voisin. Un vieillard barbu, ventru. Tout le monde disait qu’il ressemblait au père Noël. Moi je le trouvais étrange, bizarre, surtout son regard exorbité derrière ses petites lunettes aux verres ronds. J’ai observé son emménagement et un vieillard normal ne fait pas de déménagement seul, surtout quand il a un grand canapé, une armoire et des centaines de cartons repliés à plat. Lui si, avec une force et une rapidité anormale que j’ai été le seul à constater. 

De la fenêtre de ma chambre située au premier étage, je pouvais voir sa petite maison en contrebas. Cette maison n’avait pas été habitée pendant une paire d’années à cause de sa sinistre réputation ; à l'approche de Noël un homme y était devenu fou et avait égorgé ses trois enfants, puis sa femme, puis les avait démembrés avant de mettre leurs morceaux dans des paquets cadeaux. Heureusement, la police l’avait arrêté avant qu’il ne les distribue aux enfants du village. J’ai des frissons, je reprendrai demain…



Asile, jour x+3


17 décembre 1966


Premier jour des vacances scolaires, mais c’est aussi le jour de la disparition d’un petit garçon. Bien sûr, ça ameuta tout le village et toutes les maisons furent fouillées de fond en comble sans trouver quoi que ce soit.
Le vieillard fut autant interrogé que les autres habitants. Aucune arrestation ce jour-là.

18 décembre 1966

Au tour d’une petite fille qui jouait juste devant chez elle de disparaître. Le village était sens dessus dessous, plus personne ne se disait bonjour, tout le monde soupçonnait l’autre, même le chien de l’autre comme si des chiens pouvaient bouffer des enfants sans laisser de traces. Il y eut des insultes, des bagarres, des gens furent mis en prison et il y avait autant de flics
que d’habitants dans le village.

Moi, ce que je trouvais étrange, c’était le comportement de mon voisin le vieillard. Il déambulait dans la rue, faisait ses courses, s’asseyait calmement sur un banc et tout le monde faisait comme s’il était la seule personne normale du village. Les enfants venaient toucher son ventre ou sa barbe. Le vieux leur donnait alors des bonbons. Les parents le remerciaient et lui disaient qu’il était le seul rayon de soleil dans cette ville. Certains ont commencé à lui demander si pour Noël il pouvait porter le bel habit rouge afin de redonner du moral à tout le monde. Il a accepté.

Moi aussi j’ai été le voir, mais il m'a fait signe de ne pas l'approcher et il est rentré chez lui en claquant la porte.

19 décembre 1966

Comme je n'ai pas compris son attitude, j’ai commencé à l’observer de la fenêtre de ma chambre. Derrière la grande vitre de son salon, je voyais un canapé, et à gauche le foyer d’une cheminée. J’apercevais aussi au pied de ce canapé le bord d’un tapis rouge avec des motifs comme des sapins décorés de guirlandes et de boules…

J’angoisse, je continuerai demain, car c’est le lendemain que l'horreur a commencé…



Asile, jour x+4


20 décembre 1966

En fin d’après-midi j’ai jeté un coup d’œil à la fenêtre : j’ai vu un garçon et une petite fille sauter sur le canapé avant de me faire de grands signes de la main. J’ai aussitôt été le dire à ma mère qui m’a regardé de travers et qui m’a demandé si tout allait bien dans ma tête. J’ai tellement insisté que je me souviens encore du bruit de sa claque. Je n’ai plus osé la déranger depuis, mais au fond de moi je lui en voulais de ne pas me croire.

La nuit de ce 20 décembre, on a frappé aux carreaux de ma fenêtre. Je me suis réveillé en sursaut, j’ai regardé partout autour de moi, j’ai vu deux silhouettes d'enfant glisser sur le mur blanc qui faisait face à la fenêtre où la pleine lune brillait. J’ai poussé un cri avant d’aussitôt me plaquer la main sur la bouche pour ne pas réveiller ma mère. Les ombres ont disparu hors de la pâleur lunaire du mur avant que mon placard ne grince sinistrement. J’étais pétrifié, mort de trouille, je voulais appeler ma mère, mais je n’osais pas.

La porte de mon placard à jouets s’est refermée en claquant. À l’intérieur, des petits rires d’enfants, des chuchotements m’ont glacé le sang. Ils parlaient entre eux en jouant, car j’entendais ma balle de base-ball frapper le sol avant que ma boîte de petits soldats en plomb ne s’y fracasse dans un bruit assourdissant.

J’ai entendu une porte s’ouvrir, des pas rapides dans le couloir menant à ma chambre, ma porte s’est ouverte, la lumière a jailli, ma mère m'a demandé ce qu'il me prenait de jouer en pleine nuit. Elle m'a refoutu une claque ! Je passai le reste de la nuit à pleurer, à chouiner silencieusement. Heureusement les bruits, les rires, les ombres avaient disparu.



Asile, jour x+5


21 décembre 1966

Ce n’est qu’à la lumière du jour que j’ai ouvert mon placard. C’était toujours autant le bordel, mais ma boîte de soldats en plomb était toujours sur l’étagère. Peut-être que ma mère l’avait rangée ? Je n’ai pas osé lui en parler.


J’étais si fatigué de la nuit précédente que je me suis couché juste après le repas de 19 heures. Entre-temps j’avais réussi à subtiliser un couteau de cuisine, au cas où. Ma mère ne pouvait pas m'aider, mais je me suis senti en sécurité avec lui.


Dans la nuit, j’ai été réveillé par un hurlement d’enfant. Ça venait de mon côté droit, de derrière ma fenêtre, en contrebas. En claquant des dents, j’ai attendu, j’ai espéré que ma mère se lève, mais elle avait dû mettre des boules de cire dans les oreilles, comme elle le faisait parfois.


Un second hurlement, plus aigu celui-là, m’a tellement terrorisé que j’en ai pissé dans mon lit. Ça m’a aidé à me lever et, malgré mon bas de pyjama trempé, je me suis approché de la fenêtre, j’ai regardé...


Deux petits visages spectraux, lacérés de coups de couteau, la bouche grande ouverte, se tenaient derrière la fenêtre du salon. Ils me faisaient signe de venir les aider, ils me suppliaient avec leurs petites mains qui tapaient contre les carreaux. Derrière eux, j’ai vu une silhouette gris-clair, si grande que je ne voyais qu’une partie de ses jambes, qui s’approchait. Puis deux énormes mains les ont empoignés par le dessus de la tête et les ont violemment tirés en arrière. Leurs hurlements ont fini par peu à peu s’éteindre puis j’ai senti le sol s’ouvrir sous mes pieds et je suis tombé sur la moquette.


Je ne sais pas combien de temps je suis resté prostré sous la fenêtre. C'est ma jeune soeur qui m'a découvert gisant au sol. Elle a alerté ma mère qui a prévenu le médecin. J'ai préféré garder le silence sur ce qui s'était passé. Le médecin m'a ordonné de rester au lit toute la journée. Entre deux sommes, je me souviens avoir lu des contes pour enfant pour me rassurer. Heureusement, le couteau était toujours caché sous mon matelas.


Je fatigue, j’écrirai la suite demain, oui demain.  



Asile, jour x+6


22 décembre 1966

Avant que le soleil se couche, j’ai eu le courage d’aller voir à la fenêtre : des tas d’autocollants avaient été collés sur la vitre du voisin, des sapins, des flocons de neige, des pères Noël et d’autres motifs encore. Ils avaient été collés n’importe comment, sur le côté, de travers, à l’envers. Et il y en avait tellement que ça faisait des paquets, comme si le vieillard avait passé sa journée à les coller en ne faisant attention qu’à une seule chose : regarder la fenêtre de ma chambre pour m’y voir, pour me faire un signe ou je ne sais quoi d’autre de débile.

Après avoir dormi une bonne partie de la journée, forcément, je n’avais plus sommeil. J’ai eu l’autorisation de laisser la lumière allumée toute la nuit. L’angoisse est montée de plusieurs crans après que ma mère m’ait souhaité de faire de beaux rêves.


Cette nuit-là, je continuais à lire des contes en épiant les bruits et les murs de ma chambre. Mon front était trempé d’une sueur froide que j’essuyais avec le drap. J’avais posé le couteau sur mes cuisses. Je n’entendais rien, c’était le silence total, hormis ce léger ronflement qui provenait de la chambre d’à côté, là où dormaient mon frère et ma soeur.

C’était calme, tellement calme que c’en était devenu insupportable. Mes yeux ne quittaient plus ma fenêtre. J’ai fini par me lever, par aller voir, serrant bien fort mon couteau dans une main. J’ai penché la tête, j’ai glissé juste un œil à travers la vitre du carreau, j’ai regardé, j’ai recommencé à trembler…

Les autocollants avaient tous été retirés ! Le canapé avait disparu et à gauche je voyais distinctement les braises du foyer de la cheminée former un halo orange pâle sur le sol. Dessus, il y avait des cartons montés et démontés, des rouleaux de papier cadeau, des rubans scintillants, des ciseaux. Il y avait aussi deux longs bras gris aux doigts très maigres qui montaient les cartons. Je ne voyais que ces bras, le reste du corps étant hors du halo orangé. Soudain, après avoir monté un dernier carton, les bras ont quitté mon champ de vison. C’est à ce moment que j’aurais dû dire stop, c’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à dérailler…

Les longs bras sont revenus un peu plus tard, je ne saurais dire quand. L’un deux a pris un carton, a bien repoussé les quatre pans vers l’extérieur avant d’y plonger un truc horrible, une petite main d’enfant ! Je l’ai vue dans le halo, j’ai vu l’os du poignet sectionné, la chair rouge autour, le sang qui gouttait encore, chacun de ses cinq petits doigts. Et j’ai hurlé, hurlé, hurlé…  



Asile, jour x+7


23 décembre 1966

Je voyais le visage de ma mère, de mon frère et de ma sœur, mais je ne les entendais pas.

Je suis resté une journée en observation à la clinique située à une vingtaine de miles de mon village. Les médecins conclurent à des cauchemars consécutifs à un surmenage (sic) et me filèrent des médicaments pour dormir. Je suis rentré chez moi en fin d’après-midi. Entre deux réveils, j’ai décidé de dire à ma mère ce que j'avais vu et que je savais où étaient les enfants :  dans son regard, j'ai lu de l'incompréhension et du mépris. Mon frère et ma sœur étaient trop jeunes pour que je leur confie quoi que ce soit, alors je n'ai rien dit. En plus, le réveillon était pour le lendemain soir, je ne voulais pas leur faire peur.

Cette nuit-là j’ai pris assez de somnifères pour ne pas me réveiller, mais je suis persuadé que dans mon sommeil j’ai entendu des raclements, des coups, soit sur ma vitre, soit en contrebas, derrière la fenêtre du voisin.

24 décembre 1966

Des cris, des rires d’enfants m’ont réveillé. J’avais un peu mal à la tête, mais je me sentais mieux, les hallucinations (comme les médecins l'ont dit à ma mère) semblaient s’être cachées au fond de mon crâne. Je me suis habillé et j’ai été voir ce qui se passait dehors.


Je me suis mis à trembler quand j’ai vu l’horrible scène : le vieillard ventru avait enfilé un costume rouge de père Noël et distribuait au pied de son pick-up des cadeaux aux enfants. Je savais ce qu’il y avait à l’intérieur, je savais que des mains ou des pieds des gosses enlevés s'y trouvaient et je leur ai hurlé de ne pas les ouvrir.

Les gosses se sont mis à pleurer quand je leur arrachais les cadeaux des mains, d’autres s’enfuyaient à toutes jambes. Des parents m’ont saisi les bras, la taille, au lieu d’empêcher une petite fille d’ouvrir ce maudit cadeau !

Ma mère est arrivée en pleurant, en me suppliant d’arrêter cette folie. J’ai fini par me calmer, le regard rivé sur la petite fille qui déballait son cadeau. Une girafe en plastique en est sortie. La petite fille est repartie toute contente. Ça m’a tellement calmé que je me suis assis sur les marches du porche de ma maison et j’ai regardé la joie, le rire, le bonheur se réinstaller autour du faux père Noël, car je savais qu’il n’était qu’une apparence trompeuse. Pourtant, sur le coup, j’ai douté, peut-être que mon imagination me jouait des tours à cause de cette histoire horrible sur les anciens locataires ?

Quand le pick-up est parti avec son faux père Noël, j’étais seul sous le porche. J’avais retrouvé un certain calme, une certaine sérénité, j’étais presque persuadé que tout était de la faute de cette histoire que mes copains m’ont trop souvent racontée à l’école, cette histoire qui m’avait profondément choqué quand j’avais 7 ou 8 ans. Je me suis alors souvenu de ce cauchemar récurrent. Je voyais un père Noël gris découper des enfants avant de les mettre dans des boîtes qu'il recouvrait d'un papier cadeau scintillant. Puis, avec un grand sourire carnassier, il les distribuait sur la place du village. Oui, je me souvenais de cet horrible cauchemar, j’étais persuadé qu’il en était la cause avant que j’entende grincer la porte d’entrée du voisin…

Ce grincement m’a fait comme un électrochoc, je me suis levé d’un bond. Tout en moi me hurlait de fuir, de remonter dans ma chambre, de m’y enfermer. Mais il y avait ma fenêtre, cette fenêtre qui donnait sur la maison voisine, celle où la longue et maigre silhouette grise découpait les enfants. Je ne pouvais pas continuer à me cacher, à avoir des visions, je ne pouvais plus le supporter, je devais savoir, j’y suis allé.



Asile, jour x+7+1

La porte a grincé quand je suis entré dans le salon. Vide, le salon était vide, le vieillard avait tout repris. Quand ? Sûrement quand je dormais, assommé par les somnifères. Une épaisse couche de poussière recouvrait le sol. Je fus étonné de l’absence de traces de pas. Mais une chose m’a confirmé que je ne n'avais pas rêvé : les autocollants de noël gisaient par terre sous la fenêtre. Certains formaient des paquets, d’autres étaient dispersés un peu partout.


Je me suis approché, j’ai voulu en ramasser un, mais je n’ai pas pu le séparer des autres : du sang séché les collait entre eux. Sur certains, des touffes de cheveux étaient collées à l’adhésif, sur d’autres c’était de la peau et des ongles. Les auto-collants étaient jaunâtres, comme s’ils étaient anciens. Dans le foyer de la cheminée s'amoncelaient des os cassés. J’ai eu des nausées, j’ai vomi une bile jaunâtre, on a rigolé quelque part dans la maison, des rires d’enfants suivis de tapotements de pieds sur le plancher. Ça venait du couloir qui s’enfonçait vers le fond de la maison.


J’ai voulu m’enfuir, mais je devais savoir. J’ai voulu m’enfuir, mais deux voix d’enfants aux échos métalliques m’ont appelé à l’aide, m’ont demandé de venir les sauver du père Noël gris. Ces voix, je les entends encore aujourd'hui. Je vais me reposer, elles vont cesser...




Asile, jour x+7+1+1

Je me suis avancé vers le couloir à droite de la cheminée ; on n’y voyait pas grand-chose, toute la lumière venait de la grande fenêtre du salon. Il y avait quatre pièces, deux à gauche, deux à droite. Les appels à l’aide venaient de la première pièce sur ma droite, la seule qui avait une porte fermée, les autres semblaient ouvertes. Une lumière rouge, faiblarde, passait sous cette porte.


Maîtrisant ma peur malgré tout, j’ai posé une main tremblotante sur la poignée ronde, je l’ai tournée, des cliquetis métalliques ont giclé avant de céder leur place aux grincements des gonds.


Une ampoule diffusant une lumière rouge gisait au bout du fil dénudé du plafond ;  les rires s’étaient tus. Des cartons étaient empilés contre les murs. Au milieu de la petite pièce, j’ai vu des vêtements et une petite main d’enfant, sectionnée au niveau du poignet, la même que l’autre nuit quand cette chose aux longs doigts l’avait mise dans un carton. J’ai hurlé, mais je n’ai pas bougé. Je tenais enfin une preuve que je n’étais pas victime d’hallucinations. Je n’ai pas osé toucher à la main de cet enfant, mais j’ai pris les vêtements et je me suis enfui en courant.


J’ai retrouvé ma mère dans la cuisine en train de préparer le dîner du réveillon. Son visage est devenu blême quand elle m’a vu entrer en hurlant que je savais où étaient les corps des enfants disparus. Je lui ai montré les vêtements et après les avoir examinés, elle a froncé les sourcils. Elle m’a alors demandé ce que je faisais avec les vêtements de mon frère et de ma sœur ? Je n'ai rien compris, j'ai entendu les cloches autour de moi, je me suis évanoui…


Pendant la rédaction j’ai appris que je sortais de l’asile après-demain. À 71 ans les médecins ont jugé que je n’étais plus dangereux. Mais je n’ai jamais été dangereux, je suis innocent, comme va le confirmer la fin de mon histoire.



Asile, jour x+7+1+2

Ma petite sœur est venue me réveiller un peu après minuit en disant que le père Noël était passé. Ma mère se tenait  à côté d’elle et m’a demandé si ça allait ou si je désirais continuer à me reposer. Avant de lui répondre, je me suis levé et j’ai regardé par la fenêtre : l’obscurité s’étendait derrière la grande vitre du salon. J’ai attendu un peu, rien n’est apparu. Ma petite sœur m’a pris la main et je suis descendu avec elle. Mon frère commençait à déballer son cadeau.

J’ai ressenti une terrible angoisse en le voyant faire. Je vois encore ses mains déchirer le papier cadeau, ses doigts soulever le couvercle d’une boîte, la couleur rouge sang de son camion de pompier. J"étais soulagé, j’ai poussé un long rire et ma mère m’a caressé une joue.

Pantois, je les ai regardés déballer les cadeaux. Je ne pouvais rien faire d’autre tellement j’étais heureux que tout redevienne normal. Enfin, c’était jusqu’à ce que ma sœur déballe son dernier cadeau : une poupée. Je sais qu’elle était belle cette poupée, je sais que sa robe fleurie, ses chaussures vernies, ses chaussettes blanches, ses boucles blondes étaient à ravir, mais ses yeux, oui ses yeux étaient exorbités, sa peau était grise et sa bouche grimaçante, arquée sur un sourire maléfique, était terrible.


Je l’ai arrachée de ses mains et ma sœur s’est mise à pleurer. Ma mère m’a alors crié dessus, m’a dit qu’elle en avait marre de moi, que j’étais bien comme mon père, que je finirais ma vie à l’asile. Je lui ai répondu que la poupée était maléfique, qu’elle avait le même regard exorbité que notre vieux voisin. Elle m’a alors répondu qu’il n’y avait pas de voisin, que la petite maison était abandonnée depuis 20 ans ! Je ne l’ai pas cru, j’ai hurlé contre elle, je suis remonté dans ma chambre et je me suis jeté par terre en frappant la moquette de mes poings. C’est là que j'ai vu une boîte sous mon lit.


J’ai arrêté de hurler, je me suis approché en rampant, j’ai tendu les bras, j’ai pris la boîte, j’ai soulevé le couvercle : au fond, j'ai découvert un couteau dont la lame brillait d’un sang vermillon. À peine le temps de réaliser que j’ai entendu cogner à ma fenêtre. C’était lui ! Je revois encore son long visage gris derrière la vitre, ses yeux exorbités, sa peau ridée, sa barbe blanche, son chapeau rouge à pompon, sa bouche qui lui prenait la moitié du visage, cette bouche remplie de dents pointues et désordonnées. « Joyeux Noël », me disait-il de sa voix d’enfant,
« joyeux Noël Edward ! »  

J’ai pris le couteau et je me suis relevé. Je n’étais qu’à deux mètres de la fenêtre. Je pleurais, je voulais en finir, je n'avais plus qu'un seul désir : le massacrer. Et c’est ce que j’ai fait, je me suis approché pas à pas. Lui ne bougeait pas, le père Noël gris souriait, il souriait avec son grand sourire morbide qui déformait son visage affreux. L'espace d'un instant, j'ai cru y voir une ressemblance avec la photo de mon père posée sur ma table de nuit… je me suis approché, et il a arrêté de sourire comme s’il sentait que je pouvais le tuer. Je me suis approché encore, son visage paraissait inquiet. Je me suis approché, son visage a changé, je me suis approché, son visage était le mien dans le reflet de la vitre, il s'était changé en moi !


Derrière moi ma mère a hurlé. Je me suis vivement retourné. Elle ne me regardait pas, elle regardait mon bras, ma main tenant le couteau. Elle continuait à crier si fort que j’en avais mal aux oreilles, à l’âme, partout dans le corps. Je me suis approché, je me suis approché et l’autre en moi, le père Noël gris m’a ordonné de la faire taire, l’autre en moi m’a ordonné de la tuer. Je me suis approché, je me suis approché…


Voilà, vous constatez que je ne suis pas coupable, que tout est de la faute du père Noël gris.



Asile, jour J

Je sors dans quelques heures, je suis très content, tout ça m'est enfin sorti de la tête à présent. J’ai eu la joie d’apprendre qu’avant de mourir ma mère m’avait laissé de l’argent qui a fait beaucoup de petits sur un compte épargne. Je vais pouvoir m’acheter une maison. Je ressens le besoin de retourner aux sources, de reprendre le cours normal de ma vie, là où elle s’était arrêtée des dizaines d'années plus tôt. J’espère que la maison que je voyais à travers la vitre de ma chambre est à vendre, j’ai envie d’y finir mes jours.


Les médecins m’ont laissé me regarder dans un miroir. Comme j’ai changé depuis l’adolescence. J’ai une grande barbe blanche, j’ai un gros ventre, je suis joufflu. Avec un bel habit rouge et un bonnet de la même couleur, je crois que je ferai un formidable père Noël. Je trouve que mes yeux dépassent un peu trop de leur orbite, mais ce n’est pas grave, je les cacherai derrière des lunettes aux verres ronds.


J’ai hâte d’être à Noël, j’ai hâte de me déguiser, j’ai hâte que des petits garçons et des petites filles viennent s'asseoir sur mes genoux. J'espère juste qu'ils ne crieront pas trop, sinon le père Noël gris pourrait revenir...

lundi 17 décembre 2018

Spotlight de Noël : La cloche de l'Avent

L’histoire qui va suivre m’a été rapportée par le tenancier d’une auberge jurassienne située dans le département du Doubs, dans le secteur des Pôles du Froid, connu pour ses hivers particulièrement rigoureux. Vous reconnaitrez peut-être les grandes lignes d’un fait divers paru il y a quelques années dans les infos locales, ou, avec un peu plus de détails, dans l’Est Républicain ; mais la version présentée par ces médias a semble-t-il occulté un grand nombre de détails de l’affaire - du moins, si j’en crois la vision de cet aubergiste, qui aura peut-être vu dans le touriste que j’étais une cible facile pour ses racontars.

Il y a quelques années de ça, un village situé non loin de mon auberge se préparait pour les fêtes et le début de l’Avent : chaque foyer, du plus modeste au plus cossu, s’employait à décorer la maison et le jardin aux couleurs de Noël. L’événement avait pris de l’ampleur d’année en année, et c’était maintenant à qui présenterait les illuminations les plus éclatantes et les décorations les plus originales. Les sapins en ferronnerie, les crèches grandeur nature et les châteaux de neige illuminés avaient recueilli les suffrages les années passées, et on commençait à se creuser bien profondément la cervelle à la recherche de nouvelles idées.

Une famille, cette année, comptait beaucoup sur une superbe pièce ramenée d’un pays étranger pour compenser des décorations par ailleurs un peu quelconques. Ayant passé une partie de l’été à parcourir la Scandinavie, le jeune frère du mari était revenu à l’automne les bras chargés de souvenirs, et il n’avait pas manqué d’en transmettre quelques-uns à ses neveux. Parmi ces artefacts, un en particulier va retenir notre attention. Il l’avait obtenu vers la fin de son périple, alors qu’il terminait de traverser le nord de la Finlande et approchait de la frontière russe ; là, il avait trouvé asile dans un village de Samis et avait rapidement remarqué, trônant chez son hôte, une grosse cloche gravée de symboles étranges, ayant environ le diamètre d’une petite assiette. Le métal avait la couleur jaune clair du laiton et de petites pierres allongées, diaphanes et bleutées, étaient incrustées çà et là sur son pourtour.

Le jeune homme, évidemment, n’avait pas tardé à questionner le chef de famille au sujet de cette cloche au style si particulier. Lui-même, en fait, ne semblait pas tout savoir ; d’après de brèves informations échangées dans un anglais approximatif, elle avait été fondue il y a 300, peut-être 400 ans, à l’époque des évangélisations, et avait pris place au sommet d’un grand clocher de bois que les fidèles Samis avaient érigé, solitaire, au centre de leurs pâtures. Ce que signifiaient les inscriptions, il l’ignorait : peut-être une langue disparue depuis, ou bien des symboles ésotériques uniquement connus des initiés de je ne sais quel culte ancien. On évoquait, sans certitude, des conflits avec les représentants de l’Église, qui voyaient dans ces inscriptions un paganisme caché, et, comble du culot, juché au plus haut de la maison de Dieu.

Toujours est-il que le clocher finit par être frappé par la foudre, et brûla entièrement ; au lendemain de cet incident, seule demeurait la cloche, qui trônait, à peine tachée de suie, au centre des décombres fumants. L’instrument était resté, depuis, dans la famille du vieux Sami, et il voulait profiter du passage d’un étranger dans son pays reculé pour s’octroyer un complément de revenu conséquent en lui vendant la cloche. Il n’y tenait pas autant que ses ancêtres, et l’occasion était trop belle.

C’est ainsi que la cloche, d’abord offerte au plus jeune des deux fils de la famille, s’était retrouvée suspendue au-dessus du vieux puits, condamné depuis, qui se trouvait sur la propriété. On l’avait serti pour l’occasion de branches de sapin et de quatre photophores, à la manière d’une couronne de l’avent allemande. L’ensemble était superbe, et tous les habitants se sont accordés à dire qu’il s’agissait de la plus belle installation du village. Une victoire pour ainsi dire unanime, dès le premier jour de l’avent : la famille exultait ! Et durant les quelques jours suivants, les choses allaient aller en s’améliorant, bien que pas vraiment dans la direction prévue.

Durant la nuit du 1er au 2 décembre, la cloche sonna. Peut-être parce qu’elle avait été conçue pour être entendue à travers les vastes landes lapones, le tintement s’était révélé audible dans tout le village, pourtant plutôt étendu. D’après la description de l’aubergiste, c’était un timbre profond et vibrant, presque nasillard, assez désagréable - surtout à deux heures du matin. Les voisins directs de la petite propriété ont évidemment entrepris de se plaindre du vacarme dès le lendemain, mais c’était pour découvrir un changement inattendu dans les décorations du puits.

Le savant arrangement des rameaux de sapin qui étaient disposés tout autour du parapet de pierre avait été dérangé, signe évident que quelqu’un s’était effectivement approché de la cloche durant la nuit. Mais un autre détail a retenu l’attention des visiteurs : tout près du rebord, grossièrement sculpté dans de la glace, se trouvait la forme d’un petit mammifère : une souris, un mulot, peut-être un rat ?
La mère de famille était la seule présente à la maison ce matin-là. Devant ses voisins maintenant plus intrigués qu’agacés, elle n’a su donner que des suppositions ; peut-être une blague d’un enfant du voisinage, peut-être une surprise de son mari ou de ses fils. Je me l’imagine confuse, confrontée sans trop savoir pourquoi à des amis qui ne savent pas choisir entre reprocher le tapage et féliciter le mystérieux auteur de la petite effigie, forcée à faire des suppositions auxquelles elle ne croyait pas vraiment. Elle avait entendu la cloche comme tous les autres, mieux que tous les autres sûrement, et elle était comme eux dans le flou. Si quelqu’un dans sa famille était responsable, c’est que cette personne tenait bien sa langue.

La nuit suivante peu avant minuit, la cloche sonna à nouveau. Au matin, c’était devenu le sujet de conversation récurrent d’une bonne partie du village ; mais on tendait à faire reculer les plaintes devant le prodige qui s’était reproduit : aux côtés du petit rongeur qui disparaissait sous la neige de la nuit passée se trouvait maintenant un écureuil de glace. Ses formes grossièrement réalisées étaient pourtant, dans leur épure, d’une précision anatomique. À présent, on se demandait davantage qui était le mystérieux sculpteur, et si le coup de cloche aux vibrations menaçantes réveillait tout le village plus sûrement que le vieux bourdon fatigué de l’église locale, il était surtout l’annonce que le farceur allait déposer une nouvelle sculpture auprès du puits.

Les nuits de l’avent se sont succédées suivant ce même modèle. La nuit d’après, tocsin à minuit trente ; au matin, un furet de glace à la gueule béante se tenait au pied des décorations du puits. Le lendemain, un coup puissant à trois heures passées annonça la venue d’un lapin. Hibou, fouine, ramier, puis renard et chevreuil : nuit après nuit, la troupe d’animaux s’agrandissait et l‘émerveillement des habitants s’amplifiait. On n’avait jamais rien vu de tel depuis l’établissement du concours.

Mais s’il y en avait qui ne s’émerveillaient pas, c’était la famille concernée. La neige était régulièrement présente depuis le début du mois et le sculpteur ne laissait jamais aucune trace. Chaque nuit, on s’introduisait sur leur propriété, à leur insu. Les branches de sapin étaient plus bousculées que n’aurait pu le faire un simple passant qui viendrait sonner la cloche. À force, l’accumulation des animaux devant le puits finissait par être ressentie par les membres de la famille comme une menace, et le plus jeune fils, à qui la cloche appartenait à l’origine, était resté plusieurs nuits à veiller à sa fenêtre, sans rien repérer d’anormal : souvent il s’endormait avant l’accomplissement du forfait, et ne se réveillait qu’au son de la cloche qui semblait en signer la fin. Tout juste un nuage glacé entourait le puits pour marquer le passage de l’auteur des sculptures, et se dissipait rapidement.

Jusqu’aux derniers jours précédant Noël, le jeune garçon était resté sans réponses. Mais la nuit du 23 au 24 décembre, la vision qu’il avait eue, et qui avait valu pour ses proches un témoignage paniqué et cru difficilement, devait le motiver à s’approcher dangereusement du puits auprès duquel s’attroupaient des animaux de plus en plus gros - emboîtant le pas au chevreuil et au cerf, le dernier en date était un sanglier. Fuyant la vigilance de ses parents, l’enfant s’était penché au-dessus de l’ouverture et n’avait pas manqué d’y apercevoir, à quelques mètres sous lui, la forme inerte de la carcasse d’un grand mammifère.

Répondant à ses cris paniqués, le reste de la famille accourait à son tour, bousculant au passage les effigies de glace qui rendaient maintenant le puits difficile d’accès. Confirmant ce que son fils avait vu, la mère était allée glaner un treuil chez un habitant du village, et on commença à remonter du conduit un sinistre bestiaire. Vingt-deux animaux morts, un pour chaque sculpture, parfaitement conservés par le froid qui régnait à cette époque de l’année. Les fourrures et les plumes n’en étaient pas moins maculées de sang gelé, l’arrière du crâne étant toujours sauvagement mordu, et complètement écrasé pour les plus fragiles, à l’instar des petites dépouilles des premiers animaux.

L’ensemble du village était au courant le soir même. En ce jour de réveillon, la nouvelle jetait un froid. Chacun fut d’accord pour bazarder les sculptures, et décrocher la cloche - on allait essayer d’écarter l’incident, de vivre les fêtes comme on aurait dû les vivre et de régler définitivement le mystère après les repas du 25 décembre. La famille et ses invités ont finalement passé un réveillon teinté tout juste d’une légère angoisse, alimentée sur la fin par les allers et retours du cadet au jardin, qui insistait pour veiller dehors près du puits maintenant silencieux malgré les rigoureuses réprobations de ses parents. Assez tard dans la nuit, on partit finalement se coucher en comptant bien sur chacun pour rester sagement dans son lit.

Les villageois, finalement, se sont réveillés le lendemain sans avoir été perturbés par un des sons de cloche qui avaient hanté les nuits précédentes. On pensait, satisfait, que tout était enfin terminé. Au matin, c’est la sculpture d’un jeune enfant qui se trouvait devant le puits.

La disparition de cet unique témoin d’une apparition à laquelle personne ne croyait vraiment donne pourtant plus de crédit à son histoire... Le matin d’avant, le malheureux enfant décrivait à ses parents une créature serpentine au long museau et à la fourrure noire, qui se déplaçait avec aisance en promenant ses courtes pattes griffues sur l’épaisse couche de neige, déposait près de son antre un hommage à sa victime du jour et se glissait rapidement, sa proie dans la gueule, au fond du puits où sa courte queue disparaissait finalement en tapant la cloche au passage.


mercredi 12 décembre 2018

Spotlight de Noël : La magie de Noël

Maman dit que l'on doit croire au Père Noël si on veut des cadeaux.

Mais des fois c'est difficile. Comme quand je vois, dans le centre commercial, un Père Noël totalement différent de celui que j'avais vu l'année dernière. Et si je pose la question à maman, elle me répond tout le temps de ne pas parler de ça. Elle me dit que si j'en parle, je n'aurais pas de cadeaux pour Noël. Et que tout cela fait partie de la "Magie de Noël".

L'année dernière, à la même époque, j'ai emmené ma petite sœur au parc. Je faisais une bataille de boules de neige avec mes copains pendant qu'elle faisait un bonhomme de neige.
Nous avons vu le Père Noël au parc ce jour-là. Il est venu vers nous, et a donné à chacun de nous un petit cadeau. Il nous a dit qu'on était tous de gentils garçons et filles. Il a aussi dit que le cadeau de ma petite sœur était dans son traîneau, car il était trop lourd pour le porter jusqu'ici. Ma sœur est allée avec lui, mais n'est jamais revenue. La police nous a posé tellement de questions, mais nous avons tous insisté sur le fait que c’était juste le Père Noël : grand, enjoué, et rouge.
C’était tout ce que nous savions.

J'ai eu tellement de cadeaux de Noël cette année-là. Beaucoup plus que d'habitude.
Je suis tellement heureux de n'avoir dit à personne que le Père Noël ressemblait beaucoup à notre voisin, monsieur Wilkens. Et je suis heureux de n'avoir dit à personne que j'avais vu ma petite sœur entrer dans son camion bleu au lieu d'un traîneau.
Maman me dit de ne jamais parler de ce que j'avais vu, que c'est juste la "Magie de Noël".

Et elle dit qu'il faut croire au Père Noël si on veut des cadeaux.

Traduction : Kamus
 
 
Source

lundi 10 décembre 2018

Spotlight de Noël : Ma lettre au père noël

Cela fait maintenant plusieurs années que je travaille pour la poste, et chaque hiver je suis en charge des réponses du Père Noël pour les lettres qui lui sont adressées. C'est un travail magique bien que parfois déstabilisant, comme par exemple des enfants qui demandent le retour d'un parent décédé.
Mais ce que j'ai reçu il y a maintenant quelque temps ne cesse de me perturber. J'en suis au point où, chaque année, je redoute de recevoir à nouveau une telle lettre. Je me dois de vous la partager en espérant que vous évitiez de laisser entrer n'importe qui chez vous le soir de Noël.


Papa Noël,


Moi et ma petite sœur Suzie, on a passé un super Noël avec toi ! Même si j'ai pas très bien compris pourquoi au lieu de descendre par la cheminée, tu es resté debout devant la fenêtre de ma chambre.
En tout cas je regrette pas de t'avoir ouvert, tu nous as bien fait rire avec ta tête rigolote et ton manteau rouge et blanc, en plus les jouets que tu m'a donnés sont super !
Mais, s'il te plaît, même si tu as dit que tu t'énerverais si on te le demandait, est-ce qu’on peut revenir sur ce marché ?
Papa et maman me manquent, et Suzie sent mauvais, en plus elle ne fait que pleurer, et moi aussi ça me fait pleurer !

PS : Je te rendrai les jouets, tiens, je te rends même notre photo tous les trois !







mercredi 5 décembre 2018

Spotlight de Noël : Le vrai Père Noël

Post trouvé dans la section libre d'un forum de littérature.


Posté le: lundi 25 mai 2015 à: 1h33 – Sujet: « Vos histoires dérangeantes et malsaines ».




Bonjour à tous.

Moi aussi, j'ai quelque chose à vous raconter. Il y a une semaine, j'ai fait une découverte qui continue de me perturber encore aujourd'hui. En faisant du nettoyage dans mon grenier, j'ai trouvé de vieilles affaires appartenant à mon défunt grand-père. Il y avait des habits, des photos retraçant toute une partie de sa vie, et un beau carnet relié en cuir.

Curieux, je l'ai ouvert, non sans émotion vous vous en doutez. Il se trouve que mon grand-père y avait écrit de petites histoires. Je suis sorti du grenier pour pouvoir lire tout cela, et j'ai reconnu certains de ces récits. Il faut que vous sachiez que mon grand-père était, pour mon plus grand plaisir, grand féru de contes. Il nous en racontait très souvent à ma sœur et moi, lorsqu'il venait nous rendre visite à la maison. J'ai versé une petite larme en relisant certaines histoires qui avaient bercé mon enfance, et que mon grand-père avait pris soin de consigner dans ce carnet. J'ai remarqué qu'il avait même noté quelques expressions orales dans ses textes, du type « Écoutez bien, les enfants » ou « Vous comprenez ? », preuves que ces contes étaient directement destinés à nous être lus.

Cependant, parmi la cinquantaine d'histoires courtes rédigées à la main, un certain nombre ne m'évoquait absolument aucun souvenir. Mais si je poste ici, c'est parce que certaines histoires que je ne connaissais pas m'ont hautement dérangé. Parmi celles-ci, une était introduite de la sorte, en grosses lettres :



« À RACONTER AU COIN DU FEU LE SOIR DE NOËL POUR QUE MES PETITS-ENFANTS SACHENT LA VÉRITÉ »


Mon grand-père disait donc ici que l'histoire qui suivait n'était pas une invention de sa part ? Cela rend ce texte étrange avant même de commencer à le lire... Je vous l'ai recopié ici. Il s'intitule : « Le vrai Père Noël ».


« Il était une fois... Un vieil homme. L'histoire ne dit pas son nom. On sait juste que ce qui le caractérisait le plus était son extrême gentillesse envers tous les enfants. 


Il travaillait dans une fabrique de jouets, si bien que sa maison était un véritable paradis pour tous les enfants du monde : chevaux à bascule, petits soldats, poupées, pantins, jeux de société... 


Le soir, il restait des heures à la sortie des écoles, repérant les enfants les plus... Comment dire... Intéressants. La plupart du temps, tous ces jeunes petits êtres repartaient en tenant la main d'un ou deux de leurs parents. Mais, parfois, il en restait un. Un seul, perdu, au bord des larmes, cherchant du regard son père ou sa mère, ou bien quelque figure rassurante... Le vieil homme s'approchait alors de lui, un petit jouet à la main. 


"Tu es perdu, mon petit ? Oh ! Tu aimes cette petite marionnette ? Viens chez moi, il y a plein d'autres jouets qui n'attendent que toi, et tu pourras bien t'amuser pendant que j'appellerai tes parents pour qu'ils viennent te chercher. Allez, viens, tiens-moi la main..."


Arrivés dans la maison du vieux monsieur, les marmots avaient toujours les yeux qui se remplissaient d'étoiles. Il y avait tant à voir, et si peu de temps jusqu'à ce que maman ou papa ne vienne les chercher ! Le vieillard, lui, regardait son propre pantin de chair s'amuser avec tous les joujoux de bois entreposés dans la pièce... Il aimait beaucoup ce moment ; lire la joie dans les yeux des enfants.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Le vieux monsieur, donc, avec toute la délicatesse du monde, prenait l'enfant dans ses bras et l'asseyait sur une chaise.



"Tu vas attendre bien sagement ici, d'accord ?" disait-il avec une voix douce.


Bien sûr, le petit ignorant aurait voulu continuer à jouer, mais la gentillesse de celui qui aurait pu être son grand-père le mettait en confiance, et il ne voulait pas le décevoir en lui désobéissant. C'était comme ça à chaque fois. Même quand le vieux monsieur commençait à ligoter le petit garçon ou la petite fille, et qu'il disait "Ne t'inquiète pas mon chéri, on joue aux Cow-Boys et aux Indiens", l'enfant restait sage, statique sur sa chaise, tel une poupée...


Lorsque le vieux monsieur commençait à se servir de son couteau, ni le « tic-tac » des horloges, ni le « tchou-tchou » des petits trains n'arrivait à masquer les cris de joie des enfants.


Un beau jour, à force de disparitions, ce qui devait arriver arriva. Une méchante institutrice, qui avait repéré le vieux monsieur devant son école à plusieurs reprises, appela la police. Le personnage principal de notre histoire fut arrêté, jugé, et, finalement, condamné à mourir. 

La nuit du 24 décembre, le vieil artisan eut la tête tranchée. Couic ! 

 
Mais l'histoire ne s'arrête pas là.

À sa mort, le vieux monsieur refusa de monter au ciel rejoindre les anges. Il ne le voulait pas car il n'avait pas accompli la mission qu'il s'était donnée : rendre tous les enfants heureux. Alors, le brave homme a commencé à voyager, et cela fait maintenant très longtemps qu'il se rend de foyer en foyer tout autour du monde, année après année. Vous ne le voyez pas, mais lui, il vous voit, et vous entend. Il vous écoute. Tout cela dans le but de connaître vos souhaits. Peut-être est-il là en ce moment même avec nous, qui sait ?

Il souhaite connaître les jouets qui feraient le plus plaisir à chaque enfant à qui il a rendu visite. Quand il n'est pas aux côtés d'un enfant, il est à son atelier, en train de confectionner les plus beaux joujoux qui soient... Malheureusement, douze mois ne sont pas assez longs pour confectionner tant de jouets lorsque l'on n'est pas aidé par une bande de lutins ! Alors, il doit faire des choix et, s'il surprend un enfant en train de faire une bêtise, alors celui-ci n'aura pas la chance de recevoir un jouet confectionné avec amour au pied du sapin...



Bien sûr, les enfants, vous qui êtes si malins, vous avez compris que le héros de cette histoire n'est autre que celui que l'on nomme communément « Le Père Noël »... Le Père Noël n'est pas un bonhomme tout rouge, et ne passe pas par la cheminée. Mais, tous les ans, à la même date, il dépose bel et bien de jolis cadeaux sous le sapin des enfants sages... En espérant que ceux-ci viendront un jour s'amuser avec lui dans son atelier.


La suite de l'histoire reste à écrire... Tâchez seulement de ne pas en être les personnages principaux. Pour cette raison, au lit maintenant ! Et ne vous levez pas cette nuit. »


Le conte se termine ainsi. Vous vous doutez bien qu'une horde de questions s'immisce dans mon esprit : pourquoi mon grand-père a-t-il écrit un conte aussi malsain ? En est-il même l'auteur ? Pourquoi cette note au début du texte ? Ce qui me perturbe également, c'est que je me demande bien pourquoi il ne nous a jamais raconté cette histoire, à ma soeur et à moi... Ceci étant dit, je préfère ne l'avoir jamais entendue étant enfant, vous pensez bien. J'attends vos réactions et vos avis sur cette trouvaille, je posterais sûrement plus tard d'autres contes étranges trouvés dans ce carnet. Croyez-moi qu'il y a de quoi raconter...


lundi 3 décembre 2018

Spotlight de Noël : Le calendrier de l'avent

Bonjour à tous,
Je voudrais vous partager le contenu d'un blog. Je suis tombé dessus par hasard, et son contenu est assez... Troublant.
Je vous laisse en juger.


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30 Novembre

Aujourd'hui, ma mère a insisté pour que je l’accompagne au marché de Noël, histoire de me changer les idées. Depuis sa séparation avec Papa, c'est la première fois que l'on sort tous les deux. Ça m'a fait chaud au cœur !
J'ai trouvé quelque chose de sympa : un calendrier de l'Avent. Bon, le vendeur était un peu bizarre, du genre pas très bavard, sourire en coin, et il lui manquait des doigts. Mais ce calendrier était très beau, et il ne m'a presque rien coûté. À l'instar des autres, celui-ci n'était pas en carton, mais métallique. Il y avait 24 petites portes portant des nombres allant de 01 à 24. À chaque jour sa friandise. Ce qui était dessiné dessus était très banal par contre : des rennes, le Père Noël, des enfants...
J'ai hâte d'être demain pour goûter ce qu'il y a de caché à l’intérieur !


01 Décembre

J'ai passé la journée au parc avec ma petite sœur. Elle avait l'air très heureuse.
Depuis que mon grand frère a disparu l'année dernière, c'est la première fois que j'ai eu envie de l'emmener jouer dehors. J'avais comme un sentiment paternaliste, ce qui ne m'a pas déplu. J'aimerais le refaire plus souvent, et puis ça décharge un peu ma mère. Elle n'a pas l'air dans son assiette ces temps-ci.
Sinon... J'ai enfin ouvert la petite porte portant le numéro 01 de mon calendrier. Mon Dieu... Ce petit chocolat était délicieux ! Il était carré, assez épais, avec à l'intérieur du chocolat au lait et un petit liquide... À la manière des "Mon Chéri". Mais en tout cas, c'était délicieux ! Vivement demain pour un autre petit plaisir de la sorte.


02 Décembre

J'ai passé ma journée dans le jardin. J'ai même commencé à vouloir jardiner, jusqu'à ce que ma mère me dise que ce n'était pas du tout la saison pour ça. Mais moi, je voulais jardiner.
Sinon, le chocolat de la case 02 était lui aussi délicieux. Ça va être difficile d'attendre pour manger les suivants.


03 Décembre

Aujourd'hui, il ne s'est pas passé grand-chose. J'ai fait mes devoirs et j'ai trouvé ça très facile. Je suis peut-être un génie sans le savoir !
Le chocolat de la case 03 était comme les autres. Je n'arrive pas à savoir quel est ce liquide, si délicieux. Je devrais demander à ma mère, mais elle va vouloir goûter. Et ce sont mes chocolats. Les miens.


04 Décembre

Je me suis surpris à jouer avec les poupées de ma petite sœur. Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé dans ma tête, mais j'ai aimé ça.
Ma petite friandise est encore bien passée. Je pense que je ne vais plus pouvoir m'en passer...


05 Décembre

Ma mère a insisté pour que j'aille avec elle au karaoké, mais je déteste ça ! Même si c'est sa passion, j'aimerais qu'elle ne l'impose pas aux autres... J'y suis quand même allé, pour lui faire plaisir. Mais mon Dieu, quel ennui. En plus, elle chante comme une casserole !


06 Décembre

Le chocolat du matin devient mon moment préféré de la journée. Je me demande vraiment comment ils peuvent être aussi bons.
J'ai passé la journée avec mon ami, Damien. Comme d'habitude, on a été au terrain de foot pour faire une partie avec les autres. Je n'ai jamais été aussi mauvais. D'habitude je ne joue pas trop mal, mais aujourd'hui, je ne sais pas... C'est comme si j'avais les pieds carrés.


07 Décembre

La journée de l'ennui. Et puis... Le chocolat de la case 07 est tombé quand j'ai ouvert la petite porte métallique. Je l'ai jeté, même si ça m'a fendu le cœur. Quel gâchis !


08 Décembre

Aujourd'hui, après avoir mangé mon petit chocolat quotidien, je suis allé dans la chambre de mon grand frère. Ça va faire un an qu'il a disparu, et tout est intact. Ses consoles sont toutes à la place même où il les avait laissées. Je n'ai jamais aimé ça, les jeux-vidéo, pourtant j'ai allumé une console et j'y ai joué. Pendant des heures. J'ai fini plusieurs jeux dès le premier essai, alors que c'était la première fois que je m'y essayais. Je me suis même surpris à allumer son ordinateur et à jouer avec ses personnages de MMO. Comment est-ce que je connaissais ses mots de passe ? C'est bizarre. Peut-être me les avait-t-il donnés un jour, et que j'avais gardé ça en mémoire tout ce temps.
En tout cas, j'ai aimé cette journée. C'était comme si j'avais passé du temps avec mon grand frère. Tu me manques, Denis.


09 Décembre

J'ai encore passé la journée avec Damien. Je ne sais vraiment pas pourquoi, mais aujourd'hui je l'ai trouvé très séduisant. Que m'arrive-t-il ? J'aime pourtant les femmes... D'habitude. Je suis très troublé.


10 Décembre

Ces chocolats... J'en veux encore plus. Ça devient presque une obsession.
Je suis retourné au marché de Noël, pour trouver le vendeur et acheter d'autres calendriers. Mais évidemment, il n'était plus là. Ça aurait été trop beau. Tant pis, j'ai quand même trouvé un très joli manteau. Ça m'aidera à passer cet hiver qui s'annonce très froid.


11 Décembre

J'ai de nouveau emmené ma petite sœur au parc aujourd'hui. Je l'ai regardée longuement, je ne sais pas pourquoi. Elle est devenue très mignonne. Et très mature pour son âge...


12 Décembre

Je n'arrive pas à croire ce que j'ai écrit hier. Où avais-je la tête ? J'ai l'impression de la perdre, la tête.


13 Décembre

Ma mère m'a encore saoulé avec son karaoké. Elle m'a déjà obligé à écrire sur ce blog tous les jours car soi-disant il me fallait une activité relaxante et reposante après mon "choc émotionnel". C'est vrai que perdre tout d'un coup son frère, ça va pas aider à garder l'esprit serein. Maintenant, elle veut m'obliger à pousser la chansonnette avec elle ? Vivement mes 18 ans, que je me tire d'ici. Ma vie c'est de la merde.


14 Décembre

Aujourd'hui, après avoir mangé mon petit chocolat, j'ai voulu tricher. Je ne pouvais plus attendre, il m'en fallait plus, et tout de suite. Mais... Impossible d'ouvrir les portes métalliques des jours suivants ! C'est assez étrange... Il ne me semble pas qu'il y ait des mécanismes complexes là-dedans. Mais je n'avais pas envie de le casser, et je risquais d'endommager mes précieux chocolats.


15 Décembre

J'ai fait des recherches sur internet concernant ce calendrier, histoire de voir si je pouvais en commander d'autres. Je n'ai rien trouvé. La seule chose qui est marquée sur la boîte, c'est un nom, enfin je pense : "Tiralata". J'ai recherché ça sur internet, mais ça ne me menait à rien, sauf sur des sites écrits en portugais, donc je ne comprenais rien. J'ai essayé de voir sur le site de ma ville s'ils parlaient de ce vendeur dans les détails du marché de Noël, mais aucunes références.
J'ai demandé à ma mère si elle avait déjà vu ce vendeur au marché de Noël de l'année dernière, mais elle m'a répondu que peu de gens s'y étaient rendus, et qu'elle ne faisait pas exception. En effet, la ville faisait face à un grand nombre de disparitions... Dont celle de Denis. Les gens étaient un peu paniqués à l'idée de traîner dehors.
Il va falloir que j'attende pour manger mes chocolats... La poisse.


16 Décembre

Très mauvaise journée.
J'ai voulu prendre mon chocolat ce matin, mais il n'était plus là. Ma mère, cette garce, l'avait pris. Elle m'a dit qu'ils étaient délicieux et que j'aurais pu partager au lieu de garder tout ça pour moi. Puis elle est partie je ne sais pas où. Elle était très souriante, chose rare ces temps-ci. Bordel... Ce sont mes chocolats. Comment a-t-elle osé ? Putain.


17 Décembre

J'ai caché mon calendrier, histoire d'éviter un nouveau vol de chocolat. Et j'ai bien fait : j'ai vu ma mère sortir de ma chambre ce matin, l'air chafouin. Haha, tu pensais vraiment que j'allais te laisser avoir encore un autre de mes précieux chocolats ? Tu rêves !
Sinon, j'ai été voir un ami dont le père est brésilien, je lui ai demandé s'il pouvait lui demander ce qu'il savait sur un certain "Tiralata".


18 Décembre

Il ne me reste que six chocolats, et ça me rend triste. Je l'ai été toute la journée. J'ai même pleuré, pour aucune raison valable. L'horreur totale... Qu'est-ce qui m'arrive ?


19 Décembre

Aujourd'hui, je ne suis pas allé en cours. J’espère que ma mère ne le saura pas. Mais j'ai passé une chouette journée, à fumer de l'herbe avec Damien. Ce qui me surprend, c'est que je ne supporte pas la fumée de cigarette d'habitude.


20 Décembre

J'ai revu mon ami qui a un père brésilien. Il avait des infos pour moi. Selon lui, "Tiralata" est un "Feiticeiro", un sorcier très connu au brésil. Il s'agissait du sorcier d'une tribu appelée "Tupinamba", se situant dans la forêt amazonienne. J'ai fait des recherches sur ce peuple, à priori c’étaient des cannibales. Le sorcier pratiquait le "Macumba", une sorte de magie noire. Il est aussi dit que cette tribu mangeait le corps de leurs ennemis pour en voler la force et le savoir.
Ça me donne des frissons car je change effectivement de comportement après avoir mangé ces chocolats. Mais bizarrement, je n'ai pas envie d’arrêter. Ils sont beaucoup trop bons.


21 Décembre

Il s'est passé une chose horrible ce matin : alors que j'allais manger mon petit chocolat du matin, ma mère a débarqué dans ma chambre et me l'a pris des mains. Il était hors de question que je lui laisse, alors je lui ai arraché des mains à mon tour, avec ma bouche. J'y suis peut-être allé un peu fort, car j'ai arraché un bout de sa main avec. Elle pissait le sang ! Mais le plus étrange, c'est que le goût de son sang dans ma bouche allait de pair avec le goût du chocolat. C'était encore meilleur que d'habitude. La saveur était beaucoup plus forte. Mais c'était sans doute mon imagination.


22 décembre

Fait bizarre du jour : j'ai pu répondre à un touriste Japonais qui me demandait où se trouvait la gare... Dans un japonais parfait. Je regarde des animes de temps en temps, mais, putain, c'était comme si j'avais parlé cette langue toute ma vie.
Comme je l'ai écrit il y a quelques jours, je suis peut-être un génie sans le savoir...


23 Décembre

Il ne me reste qu'un seul chocolat. Ce matin, j'ai ouvert la porte 23, et je l'ai mangé, très doucement, pour faire durer le plaisir. Bientôt je n'en aurai plus. Cette pensée me terrifie. Je suis comme dépendant de cette douceur quotidienne. Que vais-je faire ? Ma vie n'aura plus de sens...


24 Décembre

J'ai mangé mon dernier chocolat.


25 Décembre.

Je n'ai plus de chocolats, mais ce n'est pas grave : j'ai la recette ! Après avoir mangé mon dernier chocolat hier, tout était clair. Je savais ce que je devais faire. Je savais quelle était ma destinée. J'ai hâte d'être l'année prochaine pour pouvoir en faire profiter une autre personne. Et ça ne me coûtera que quelques doigts. En attendant, j'ai très envie de faire un karaoké.

Cher lecteurs,
Joyeux Noël.


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Voilà. Pour ma part, je ne sais quoi penser de cette histoire. Car habitant en Seine-et-Marne, j'avais eu vent de cette histoire. J'ai même un ami qui faisait partie de la famille d'un des disparus. Il a d'ailleurs pu me fournir une copie d'écran d'un article publié à l'époque. Il n'est plus disponible aujourd'hui. Je suppose qu'ils effacent les articles les plus anciens.



En tout cas, personnellement, il est hors de question que je sorte seul en cette fin d'année, et je vous conseille d'en faire autant.

Voici l'adresse du blog : http://sadpandaissad.unblog.fr.


Rien de mieux que de commencer les spotlights spécial Noël par un calendrier de l'avent, non ?

vendredi 30 novembre 2018

Des spotlights pour Noël !

Afin de fêter Noël comme il se doit, l'équipe de CFTC vous proposera, jusqu'au 25 décembre, et ces tous les lundis et les mercredis, un spotlight de textes ayant pour thème Noël. Bien sûr, les autres publications du vendredi et du Dimanche resteront des textes inédits.

 Rendez-vous tout à l'heure pour la creepypasta et lundi pour le premier spotlight !


lundi 26 novembre 2018

Les guêpes de mon grand-père

D'aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu cette grande ruche, perchée dans l’immense sapin près de la maison de mon grand-père.


Nous étions trois, mes cousins et moi. Nous étions curieux. Nous n’arrêtions pas de demander si nous pouvions emprunter l’échelle pour essayer d’atteindre le sommet, et voir le nid de plus près. Et toujours, mon grand-père secouait la tête. Il disait qu’il ne fallait pas déranger les guêpes, que l’échelle était trop courte de toute façon. Alors, à chaque nouveau lever de soleil, la ruche était toujours au même endroit, immobile, attendant.


Un appel toujours plus impérieux à venir l’explorer, la toucher, la déranger un peu.



Le plus étrange, c’est que nous n’avions jamais vu de guêpes dans les environs. Pas une seule, depuis que nous venions ici. Grand-père nous disait que c’est parce qu’elles étaient trop en hauteur, ou alors en sommeil, et qu’il ne fallait surtout pas les réveiller.


Je sais que mes parents insistaient depuis des années pour qu’il la fasse enlever. Mais il se contentait toujours de hausser les épaules et de changer de sujet.


Le temps a passé. D’enfants, nous avons fini par devenir des adolescents. La stupidité qui allait de pair avec cette évolution ne nous a pas épargnés, et nous n’arrêtions pas de nous lancer ce défi idiot qu’était celui d’escalader le sapin et d’en décrocher la ruche. Mais heureusement, ni moi ni mes cousins n'avions osé. Du moins, à cette époque.
Puis, nous sommes devenus de jeunes adultes. Basiquement la même chose, avec en bonus la capacité de réaliser nos conneries d’adolescents.


« – Je te parie que tu ne monteras pas en haut du sapin pour en décrocher la ruche », m'a un soir lancé mon cousin Jérôme pour la millième fois au moins de toute notre vie, alors que nous étions tous trois assis sur le porche, bière à la main et soleil déclinant au-dessus des cimes.


Je me souviens très nettement que mon autre cousin plus âgé, Marc, a levé les yeux au ciel.


« – Pas encore ce truc idiot... »


Moi ? J’étais assez âgée pour avoir le cran de relever le défi, mais encore trop jeune pour avoir l’intelligence de ne pas le faire.


« – Je te prends au mot, tu me devras une bière.
– Si tu y arrives, je te payerai un pack entier. »


Je me suis alors levée, et j’ai marché vers le grand arbre, suivie de près par Jérôme. Marc a fait de même, mais avec une certaine réticence. Nous sommes finalement arrivés au pied du fameux sapin. Nous avions bien grandi depuis la première fois que nous étions venus ici, à nos cinq ans ; mais il demeurait malgré tout bien plus large et massif que nous. Le plus grand arbre que nous ayons jamais vu.


J’ai alors commencé à grimper. Le début était facile, je l’avais fait de multiples fois. C’est la suite qui posait problème, qui demandait toujours plus d’efforts. Et qui devenait plus dangereuse, aussi.


J’ai battu mon record précédent ce jour-là, et j’ai continué à grimper jusqu’à la ruche. Les encouragements de Jérôme et les conseils inquiets de Marc devenaient de plus en plus lointain.


Vous savez comment sont les sapins, les branches du sommet sont toujours moins touffues, moins longues que celles de la base ? Elles sont plus fragiles aussi. Je devais donc faire très attention. Heureusement, la ruche ne trônait pas vraiment au sommet de l’arbre, autrement il aurait été impossible de l’atteindre.


Mais plus je montais vers elle, plus elle me semblait étrange. Sa forme était grossière, irrégulière. Je ne voyais aucune guêpe. En dessous de celle-ci, le tronc de l’arbre semblait étrangement boursouflé, en une improbable excroissance d’écorce qu'on ne pouvait voir depuis le sol.


Aucun bourdonnement. Aucune guêpe. Ce n’était pas faute de faire attention pourtant, je ne voulais pas me faire piquer. S’il y en avait eu, je me serais sans doute arrêtée là et serais redescendue. Toucher la ruche, c’était plus un délire de gamin, le principe de nos jeux était juste de s’en approcher le plus possible.


Mais il n’y avait pas de guêpes. Donc j’ai continué.


Je me suis arrêtée de grimper au moment exact où j'ai réalisé que la ruche n’était pas vraiment attachée à l’arbre, mais plutôt à l’excroissance du tronc mentionnée précédemment.
Et que l’écorce avait ici la forme d’un être humain.


Un être humain à l’envers, enserrant le tronc de ses mains et de ses jambes, immobile. Donc ce que nous avions pris pendant des années pour une ruche était visiblement la tête. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de me poser plus de questions.


Deux yeux se sont ouverts sur la ruche. Deux yeux bleus, humains.


J’étais tellement sur le cul que je n’ai eu aucune réaction. Je me suis contentée de regarder les yeux, bouche bée.


« – Est-ce que ça va ? a hurlé Jérôme. »


La créature a alors eu un mouvement vif, incroyablement vif. Elle m’a foncé dessus, dégringolant le tronc comme une chenille arrimée à sa branche.


J’ai hurlé et tout lâché.


La rencontre avec le sol a été rude. J’ai eu très mal, j’ai beuglé et chialé comme une gamine, je ne mentirais pas. Jérôme et Marc se sont immédiatement précipités vers moi.


Nous avons tous les trois vu la chose, la même chose. Elle a atterri à quelques mètres de là où j’étais moi-même tombée, sans problème. S’est redressée. Nous a regardés, de ses grands yeux bleus incrustés dans la fausse ruche.


Puis a fait volte-face et s’est mise à courir en direction de la forêt, ses jambes partant sans cohésion dans tous les sens, mais avec une vitesse phénoménale.


La dernière chose que j’ai vue, c’était son cul nu en écorce qui disparaissait dans les fourrés.


Marc a appelé les pompiers. J’avais une côte cassée et une fracture à la jambe. Nous n’avons rien dit. Ni aux parents, ni aux médecins, ni à grand-père.


Mais quand ce dernier a fini par apprendre que j’étais tombée de l’arbre, quand il a vu que la ruche n’était plus là, il ne nous a pas laissé le choix. Il nous a chassés. On a dû passer une nuit à l’hôtel, tous les trois, le temps que nos parents respectifs viennent nous chercher en voiture.


Nous n’avons pas dormi de la nuit. Nous n’avons pas discuté de ce que nous avions vu non plus.


Nous n’avons plus jamais revu grand-père. Il refusait de quitter sa maison, et refusait aussi que nous retournions chez lui.


Si je parle de cette histoire, c’est parce qu’il est mort récemment. Marc et moi étions les seuls héritiers possibles de son domaine forestier, Jérôme étant mort quelques années plus tôt dans un accident de moto. Mon cousin ne voulait plus rien avoir à faire avec les lieux, et m’avait conseillé d’en faire de même.


Comme je l'avais déjà fait des années auparavant, je ne l’ai pas écouté.


Je suis allée à la maison. Le palier en ruines m’a rappelé des souvenirs, bons comme mauvais. Je suis entrée dans la maison. Juste le silence. Et un petit bourdonnement.


Depuis ma dernière expérience j'aimais encore moins les guêpes, même celles aussi petites que l’intruse qui m’importunait à l’instant. J’ai passé plusieurs minutes à essayer d’anéantir celle-ci à l’aide de ma chaussure, avant même de vouloir explorer les lieux davantage. J’ai finalement réussi à l’atteindre, mais pas avant qu’elle réussisse à me piquer.


Il m’a semblé entendre la voix de mon grand-père résonner au moment où le projectile a enfin atteint sa cible. Il nous disait toujours de ne jamais, jamais tuer un insecte quel qu’il soit.


Après le meurtre, j'ai retourné ma chaussure. Il y avait un mélange abominable de chitines et de fluides visqueux, d'une curieuse teinte jaune et rouge.
Dans les derniers morceaux encore identifiables de la créature, je suis sûre d’avoir vu de minuscules membres humains, ainsi que la monture déformée d’une paire de lunette infiniment petite.


Je suis partie aussi vite que j’étais venue. Sans ma chaussure et sans les clés de cette maudite maison.


Le médecin m’a dit que c’était une simple piqûre de guêpe, sans rien d’anormal. Je m’en suis remise quelques jours plus tard.

mercredi 31 octobre 2018

Le documentaire de CFTC - Creepypastas : Un regard français

Après quelques semaines de travail, des idées farfelues mais qui ont tout de même débouché sur quelque chose, des sueurs froides, des imprévus et une collaboration rocambolesque, nous avons fini par monter sur pied un projet dont nous ne sommes pas peu fiers : le premier film documentaire francophone sur les creepypastas réalisé de l'intérieur de cet univers ! Nous espérons que vous l'aimerez autant que nous avons aimé y contribuer. Sur ce, joyeux Halloween à toute la communauté de la part de l'ensemble de l'équipe !




lundi 29 octobre 2018

Le procès de Jonh Fargo

Les événements relatés ici se sont déroulés le 12 juillet 1998, dans un tribunal de la ville de San Diego, en Californie (Etas unis). Par respect pour la vie privée des intervenants, tous leurs patronymes ont été remplacés par de faux noms.
Ainsi donc, le 12 juillet 1998 a eu lieu le procès de Jonh Fargo, accusé de multiples meurtres. En effet, entre 1987 et 1997, il se serait rendu coupable de la mort de 13 personnes, dont 3 enfants. Lorsqu'il a été arrêté, il se trouvait dans une maison voisine à celle ou s'était récemment produit le meurtre de toute une famille, maison à laquelle il avait déjà commencé à mettre le feu.
Pour cette audience, une grande partie de la Police de San Diego avait été mobilisée afin de sécuriser l'endroit, car énormément de personnes, parmi les famille des victimes, auraient pu tenter d'attenter à la vie de l'accusé avant l'heure.
Ce jour là, tous les yeux étaient rivés sur ce tribunal.

Sans attendre, voici une retranscription de ce qu'il s'est dit lors de ce fameux procès.

"Monsieur Fargo, vous êtes accusé d'avoir commis au total 13 meurtre, entre le 18 février 1987 et le 22 avril 1997. Vous êtes également accusé d'être à l'origine de 9 incendies à caractère criminel. Qu'avez vous à répondre à ces accusations ?
- Maître, je plaide coupable pour les incendies. C'est en effet moi qui ai incendiés ces maisons. Par contre, je nie totalement les accusations de meurtre. Ce n'est pas moi qui les ai commis.
-Vous confessez donc avoir incendiés ces maisons. Mais, comme vous le savez, ces maisons était toutes voisines à celles où les meurtres ont eu lieu. Cela ne peux pas être une coïncidence. 
- Et si ça l'était ? C'est tout à fait possible, et, sauf erreur de ma part, vous n'avez aucune preuve me reliant aux meurtres. Maître, je pense que vous avez mieux à faire que d'être ici à m'accabler de faits que je n'ai pas perpétrés.
- Monsieur Fargo, je suis ici pour faire mon travail. J'ai d'ailleurs des documents qui attestent d'un évident lien entre ces crimes et vous.
Le 18 février 1987, un couple est tué dans sa maison de Los Angeles. Or, la maison voisine avait pris feu quelques minutes avant les faits. Sur place, nous avons retrouvé vos empreintes sur la boîte aux lettres. Est-ce là une coïncidence, monsieur Fargo ?
- Et bien, je...
- Le 24 Juin 1989, toute une famille trouvée démembrée dans leur maison de Sacramento. Quelques minutes avant, la maison de leur voisin avait été incendiée. Une nouvelle fois, vos empreintes ont été retrouvées sur place. Encore une coïncidence ?
- Mais...
- Le 1er Novembre 1990, à San Francisco, une femme est trouvée morte à son domicile. Elle avait été éventrée. Devinez quelle maison a été incendiée quelques minutes plus tôt ? Et quelles empreintes ont été relevées, cette fois encore ? Voulez-vous que je continue la liste des "coïncidences", monsieur Fargo ?
- Très bien, mais cela ne constitue toujours pas la preuve formelle que je suis à l'origine de tous ces meurtres. Comme je l'ai déjà dit, je suis sûr que vous avez mieux à faire que d'être ici à m'accuser sans preuves plus tangibles. Vous pourriez être avec votre famille, par exemple.
- Ne vous moquez pas de nous, monsieur Fargo. Ces "coïncidences" suffisent amplement à vous lier aux meurtres. Je vous conseille de coopérer. Si vous nous dites la vérité sur ces meurtres, peut-être que vous ne serez pas condamné à mort, et écoperez simplement de la réclusion à perpétuité. La balle est dans votre camp, monsieur Fargo.
- Très bien, très bien, je me rends. Je vais tout vous expliquer, car quoi que je fasse, je sais que je ne serais plus jamais un homme libre. Vous avez raison, ce ne sont pas des coïncidences. Mais je continue à le clamer: je n'ai tué personne. 
- Vous êtes donc complice ?
- Je ne peux le nier. Vous savez, en Californie, il y a énormément de patrouilles de Police. Et beaucoup de maison sont équipées d'alarmes, rendant les cambriolages difficiles.
- C'est un fait. Dans le rapport, il est indiqué que les alarmes des maisons où ont eu lieu les meurtres ont toutes été déclenchées les jour des crimes.
- Et tous les policiers se sont rendus sur place... Leur attention ne s'est portée que sur la maison en feu, bien évidemment.
- Vous étiez donc un leurre ? Vous faisiez en sorte de diriger les forces de l'ordre vers la maison en feu et non vers celle ou se déroulait le meurtre ? Mais pour quelle raison ? Pourquoi diable voudriez-vous aider quelqu'un à tuer toutes ces personnes ?
- Par... amour. Vous savez, quand on aime quelqu'un, on le prend entier, avec tous ses défauts... J'étais, et je serais toujours, prêt à tout pour lui. Il était adorable, mais il avait quelques petites pulsions, qu'il ne pouvait pas cacher. Je l'ai donc aidé à les satisfaire, quand je sentais qu'il était sur le point d'exploser.
- Vous avez donc allumé ces feux pour distraire les forces de l'ordre pendant que votre amant massacrait de pauvres innocents dans la maison d'à côté... Vous êtes complètement fou.
- Fou d'amour, oui. 
- De plus, vous irez - au mieux - en prison pour le reste de vos jours, alors que votre amant se promène toujours librement, dehors. Savez-vous où il pourrait se trouver ?
- J'ai ma petite idée, oui.
- Et bien ?
- Disons que mon ultime acte d'amour s'achève maintenant. Vous savez que la plus grande partie de la police de San Diego se trouve ici aujourd'hui, n'est-ce pas ?
- Et alors ?
- Je vous l'avais dit, Maître. Vous avez mieux à faire que d'être ici aujourd'hui. Je vous l'ai répété."

L'avocat était alors devenu livide, et s'était précipité hors de la salle pour téléphoner à sa famille. Peine perdue, car on su plus tard qu'elle avait été tuée pendant le procès.
Jonh Fargo a été condamné à perpétuité pour sa complicité lors des meurtres commis par son amant, qui n'a jamais été retrouvé.
Il a finalement été assassiné en prison par le frère d'une des victimes, quelques années plus tard.

vendredi 26 octobre 2018

Le photomaton de San Fernando

Pendant une période qui a duré presque trois mois, s'étendant d'Avril à mi-Juin 2002, un photomaton situé dans le Centre Commercial de Steltson Oaks Mall, dans la vallée de San Fernando (Los Angeles) n'a produit que des photos du même homme, et ce peu importe la personne qui utilisait la machine.



Cet homme semblait toujours regarder en face de lui, avec un visage dépourvu d'expression. Il était compliqué de déterminer son âge avec précision, même si il a été convenu qu'il devait être, sinon un adolescent, un jeune homme aux alentours de la vingtaine. Au début du mois de Juin cependant, les photos de l'homme ont commencé à être produites avec bien plus de rapidité qu'auparavant, et ont changé peu à peu. 



Les photos se sont progressivement transformées. En effet, les yeux de l'homme ont changés peu à peu et le reste de l'image semblait toujours se déformer davantage. Au final, la machine à fini par être retirée du centre commercial à force de plaintes des clients, beaucoup d'entre eux affirmant avoir été réellement choqués par les photos, et auraient dit avoir fait des rêves impliquant l'homme qui que l'on y voyait. Actuellement, l'endroit où se trouve la machine n'est pas connu publiquement.

Malgré tout, les photos en question étant très prisées sur le marché, elles sont encore trouvables en quantité dans des magasins spécialisés en objets étranges.



Traduction : Tac


Source

vendredi 19 octobre 2018

Changements

Quelque chose ne va pas. Tout a l'air si réel... Pourtant, ma famille me dit que c'est dans ma tête. J'essaye de m'en persuader mais rien n'y fait, je crois qu'il se passe quelque chose.

Tout a commencé par une mélodie que ma femme avait l'habitude de siffler en cuisinant, toujours la même. Je n'ai plus le nom, c'était une jolie mélodie, douce, ça l'aidait à se concentrer, disait-elle. Une sorte de rituel porte-bonheur ou quelque chose comme ça. Mais ce matin, la mélodie avait changé, et son sifflement était devenu faux, il m'agressait presque. Je ne voulais pas la vexer, mais ça devenait une obsession, je n'arrivais même plus à me concentrer sur autre chose ! C'était tellement faux... tellement aléatoire... Heureusement, elle a fini par servir le repas, et tout est rentré dans l'ordre.

Le lendemain ça recommençait. Une mélodie fausse, sans air précis. Cette fois, je n'ai pas pu m'en empêcher et je lui ai demandé quelle était cette mélodie, et pourquoi elle avait changé sa chanson fétiche. Elle a alors marqué un temps d'arrêt et s'est retournée vers moi, les yeux ronds et les sourcils haussés. "De quoi tu parles ?" m'a-t-elle demandé. "J'ai toujours sifflé la même chose, depuis qu'on se connaît". Une sensation de malaise s'est alors emparée de moi, comme si tout mon sang s'était figé en une seconde. J'ai ris nerveusement et suis retourné à mes activités, comme si de rien n'était... Du moins, j'ai essayé. Quelques minutes après, mon fils et rentré, et ma femme cuisinait toujours en sifflant. Je me suis alors jeté sur lui en lui demandant s'il trouvait que maman avait changé de mélodie. "N'importe quoi, c'est toujours la même foutue mélodie depuis des années, si seulement elle pouvait en changer !" Mon sang s'est à nouveau figé. J'étais en train de devenir fou ou quoi ?!
Les trois jours suivants se sont passés normalement, enfin, mis a part cette nouvelle mélodie, mais j'essayais d'occulter ce "détail". Cependant, le quatrième jour, quelque chose a attiré mon attention. La voix de ma femme était devenue un peu rauque, comme celle d'une fumeuse. A table, pendant qu'elle parlait, je lui ai donc demandé si elle avait pris froid pour avoir une voix aussi grave. Mes deux gosses et ma femme se sont m'ont alors fixés avec incompréhension, interloqués. Mon fils a regardé sa soeur en roulant des yeux. Avec un sourire, ma femme a pouffé de rire : "Oulala, tu es fatigué toi, tu devrais prendre quelques jours !". Cette réplique a visiblement beaucoup amusé les gosses. Nerveusement, je me suis donc mis à rire avec eux, pour ne pas attirer l'attention, mais je me sentais affreusement mal. Je commençais à péter les plombs, il n'y avait pas d'autre explication.
Mais bon, c'étaient des détails, alors j'ai  de nouveau mis ça de côté. Mais malheureusement, la semaine suivante s'est révélée bien plus perturbante. Cette fois, ça a été au tour de mon fils et de ma fille. En fait, ils étaient bruns comme moi, à mon grand désespoir d'ailleurs, car j'ai toujours rêvé qu'ils aient les beaux cheveux blonds de ma femme. Alors quand je les ai vus franchir le seuil de la porte, les cheveux blonds comme les blés, j'ai eu un choc. Je me suis alors tourné vers ma femme, lui demandant si elle leur avait donné l'autorisation de se faire une couleur sans me consulter, même si ce n'était pas dans son habitude. Et évidemment, elle a posé sa main sur mon front, haussant les sourcils. "Chéri je commence vraiment à m'inquiéter, je pense que tu devrais consulter". , Repoussant sa main, j'ai persisté dans ma demande d'explications. Sa réponse m'a alors fait froid dans le dos. "Tu sais bien que nos enfants ont toujours été blonds !".


Résolu, j'ai le jour même pris rendez-vous chez mon psy, qui m'avait soigné pour une dépression il y a deux ans de ça. Une fois là-bas, j'ai évidemment voulu lui serrer la main, mais, avec stupéfaction, je me suis rendu compte qu'à la place de son bras droit, il n'y avait qu'un moignon. Voyant mon trouble, il me jeta un regard peu amical, je l'avais visiblement froissé. "Je suis désolé, je ne savais pas pour votre bras... Que vous est-il arrivé, si ce n'est pas trop indiscret ?". Il s'est alors assis en fronçant les sourcils, tout en se passant la main gauche sous le menton. "Un accident quand j'avais cinq ans. Depuis le temps, vous devriez vous en rappeler" Frappé de plein fouet par cette déclaration, j'étais pétrifié, liquéfié sur ma chaise, ne sachant plus que répondre. Voyant ma détresse, soupira, puis essaya de me le rappeler. "On en avait même parlé à plusieurs reprise, il m'arrivait de faire le parallèle entre mon membre manquant et votre manque de confiance en vous". Voyant que cela ne m'aidait pas du tout, il a poursuivi : "Rappelez-vous, je vous disais qu'à chaque malheur, il y a une solution".


Mais rien n'y faisait. Je le voyais toujours me serrer la main au début et à la fin de chaque séance. Il était droitier et non pas gaucher, et était donc censé avoir sa main, bordel ! Inquiété par mon état de confusion, il m'a prescrit un traitement. Pour lui c'était sans doute le stress qui parasitait mon esprit. Mais pour moi, c'étaient des conneries, je n'étais pas du tout stressé... Mais bon, c'était quandême lui le professionnel, alors j'ai pris mon traitement.


Deux semaine plus tard, rien n'avait vraiment changé. Ma femme avait toujours cette voix rauque, sifflait toujours cette horrible mélodie, et mes gosses étaient toujours blonds. Mais au moins, rien ne s'était ajouté au tableau. Du moins, avant ce fameux après-midi où ma fille est revenue du collège. À première vue, rien n'avait changé, jusqu'à ce qu'elle me sourisse. Elle qui avait toujours eu un sourire magnifique, les dents blanches et bien alignées, m'offrait aujourd'hui un spectacle bien différent. Des dents courtes et étroites, espacées de plusieurs millimètres, étaient alignés là où hier encore se tenait une dentition éclatante. C'était horrible, et elle continuait de sourire, de rire la bouche grande ouverte, et tout le monde la regardait comme si tout était normal. Putain. Je n'ai pas pu m'en empêcher, je l'ai coupée alors qu'elle racontait sa journée à sa mère. "Il s'est passé quoi avec tes dents ?! N'allez pas encore me dire que c'est normal !". Tous étaient ébahis. Ma fille est alors tombée en sanglots, et a couru dans sa chambre, suivie de ma femm, qui m'a lancé un regard noir avant de disparaître dans la cage d'escalier. Seul mon fils était resté là à me fixer, l'air ahuri. "C'est quoi ton problème depuis quelques temps ? Tu sais bien qu'elle a une malformation depuis sa naissance ! C'est déjà assez dur pour elle, et toi t'en rajoutes !" Furieux, il s'est à son tour levé pour la rejoindre.

Je me suis alors affalé sur le canapé, la bouche ouverte, les yeux dans le vide. Je devenais fou, j'avais l'impression d'être entouré d'étrangers. Un éclair m'a alors traversé l'esprit. "Les photos !". On avait des photos sur tous les murs de la maison, et des albums pleins dans le meuble du salon. Me levant d'un bon, j'ai commencé par aller voir celles des enfants accrochées sur le mur. Les larmes me sont montées aux yeux presque immédiatement. Leurs cheveux étaient plus blonds que jamais, et la bouche grande ouverte de ma fille abritait ses affreuses petites dents qui paraissaient presque affûtées, sur cette photo. C'est la dernière chose donc je me souviens avant mon blackout. D'après "ma femme, j'ai perdu connaissance pendant presque 4 heures. Dès mon réveil, j'ai espéré que tout cela n'ait été qu'un mauvais rêve, que j'allais voir le beau sourire de ma fille et entendre la douce voix de ma femme d'ici quelques instants. Au lieu de ça je ne vis que mon fils, les bras croisés, assis sur le fauteuil à côté adjacent. Il me fusillait du regard.

Je me suis redressé tant bien que mal, et la tête me tournait horriblement. "Ça va mon grand ?" Mais il continuait de me fixer sans dire un seul mot. Cela a duré pendant de longues minutes, et j'aurais pu jurer qu'il n'avait pas cligné des yeux une seule fois. "Thomas, pourquoi tu me regardes comme ça ? Si c'est par rapport à ta soeur, je suis désolé". Il s'est alors mis a rire, même si ça n'avait rien d'un rire normal. On aurait dit un fou, ses yeux étaient presque révulsés, et son corps se contractait bizarrement. Il s'est mis à taper sur le fauteuil avec une violence que je ne lui connaissais pas. Ma femme a alors déboulé comme une furie dans la chambre, les bras en avant, suppliant mon fils de se calmer, que tout allait bien se passer. Il s'est légèrement apaisé. Au même moment, ma fille est arrivée en courant dans la chambre, les mains sur la tête. "Putain je suis désolée!" Ma femme s'est alors retournée vers elle, furieuse. "Marie, tu sais très bien qu'il ne faut jamais laisser sa porte ouverte ! J'espère que t'es contente de toi !" Elle a alors tenté de ramener mon fils, dont la bave coulait du coin de la bouche. Il me fixait toujours. Sans délicatesse, je me suis alors exclamé : "C'était quoi ça !" Ma fille a momentanément semblé surprise par ma question, avant de secouer sa tête. "Tu bosses tellement que tu ne te rends même pas compte de la situation." Elle m'a alors appris que son frère était autiste depuis toujours. Puis, sans un mot de plus, elle m'a laissé seul avec mon incompréhension.

Depuis, j'en suis là, je vis avec une femme dont la voix m'est inconnue, une fille à la mâchoire difforme, et un fils autiste, assisté dans chaque tâche quotidienne par sa mère. Et moi je suis spectateur, tentant de ne rien laisser paraître face à ces inconnus. Je ne saurais dire si mon cerveau se déglingue ou si c'est quelque chose de plus compliqué que ça, mais en faisant quelques recherches je me suis rendu compte que je n'étais pas seul. J'ai recensé beaucoup de cas similaires au mien. Je crois que quelque chose se trame, quelque chose qui nous dépasse tous.
 Alors faites attention autour de vous, repérez les moindres petits changements qui au départ peuvent vous sembler insignifiants. Soyez observateur, car vous pourrez bientôt vous retrouver entourés d'étrangers.