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lundi 19 avril 2021

Yakoutie #11 et #12 : Bayanay et Les chamans yakoutes


Temps approximatif de lecture : 11 minutes. 

Quoi de neuf, les amateurs de paranormal ? M. Yakoute est de nouveau en ligne. Je vais continuer à vous refiler des pastas issues du folklore de ma petite terre natale.

Il me semble que, dans une précédente histoire, j’avais mentionné l’esprit protecteur de la chasse qu’on appelle Bayanay. Dans le panthéon des esprits yakoutes de la nature, c’est l’un des plus révérés, presque à égalité avec le patron des éleveurs de chevaux que l’on nomme Dzhessegueï (les chevaux sont des animaux très sacrés chez les Yakoutes, presque comme les vaches pour les Indiens), et à peine moins que l’esprit du feu Khatan Tèmièriyè (celui-ci est vénéré presque autant que les plus hautes divinités). Bayanay, bien évidemment, vit dans les forêts, lesquelles ne manquent pas en Yakoutie. On croit qu’il possède un registre de tous les chasseurs des régions yakoutes, et qu’il peut selon son bon vouloir combler de bienfaits, ou au contraire accabler de malheurs, quiconque s’aventure en forêt avec un fusil. C’est-à-dire que si tu respectes les lois locales, que tu n’insultes pas les esprits, que tu n’es pas trop cupide et, bien sûr, que tu t’y connais dans l’art de la chasse, tu peux compter sur la protection de Bayanay, et le gibier tombera de lui-même entre tes mains. L’esprit n’aime pas apparaître lui-même devant les petits humains, et si quelques-uns le voient parfois en personne, c’est un immense coup de chance. Vous vous demandez à quel moment on doit flipper là-dedans ?... Eh bien, il y a eu quelques histoires.

Voici, par exemple, une légende. Un groupe de chasseurs était parti courir après le gibier dans les bois denses typiques de la région. Une équipe, tout ce qu’il y avait de plus classique, composée principalement de vieux croulants et de chasseurs hors pair. Ils s’étaient arrêtés près d’une rivière sans nom, avaient installé leur campement et commencé à chasser. Mais, de manière inexplicable, ils n’avaient croisé aucun gibier. Il y avait pourtant beaucoup de bêtes dans la forêt, elles grouillaient de partout, et puis les gars n’étaient pas des novices. Ils s’en étaient agacés : « On n’a pas de bol, bordel », et d'autres termes d’un vocabulaire plus fleuri. Et le troisième jour, le plus jeune du groupe, qui avait eu 18 ans peu de temps auparavant, a fait un rêve : alors qu’ils dormaient tous dans leur abri temporaire, une femme couverte de bijoux faisait surface dans la rivière et venait s’approcher de son lit, dans ses vêtements trempés qui moulaient son corps, en lui souriant. Le jeune homme lui rendait son sourire, tout allait bien, mais elle se penchait ensuite au-dessus des vieillards ronflants d’un air insatisfait et s’en allait dans les bois. Le garçon s’était réveillé, n’avait rien compris, et s’était rendormi immédiatement.

Le lendemain, la même femme lui était réapparue en rêve. Cette fois, elle l’avait enlacé et embrassé, mais lorsque le jeune homme voulait la tirer vers lui, elle lui glissait mystérieusement des mains à chaque fois en disant qu’il n’était « pas encore temps ». Les nuits suivantes, elle avait également refusé de se donner à lui, et, dans le même temps, l’échec continuait de les poursuivre dans leur chasse, le groupe avait commencé à se languir de leur logis. Ils avaient commencé à discuter, à se demander s’il n’était pas mieux de rebrousser chemin et de changer de lieu. Le jeune homme s’en fichait, il n’avait que peu d’expérience et ferait ce qu’on lui dirait. Seulement, la femme de ses rêves humides ne lui sortait pas de la tête, il se disait qu’il serait bien agréable de s’amuser avec elle. Elle était tellement mignonne !

Et la nuit d’après, la femme avait continué de se dérober. Elle disait que sa compagnie lui était agréable, mais que la présence de vieillards allongés en cercle gâchait tout. Elle lui avait alors souri comme s’ils avaient été complices d’une conspiration et lui avait chuchoté : « Les vieux vont se tirer d’ici dans trois jours, mais toi, bel homme, reste, et ainsi tout se déroulera comme il se doit ». Le jeune s’était réveillé, assailli de tristesse. Il avait marché dans la forêt, comme dans un rêve, torturé par son chagrin intérieur. Que faire ? D’un côté, ce n’était qu’un songe, ça n’avait aucun sens. De l’autre, il était évident que l’on ne pouvait rêver de la même femme tous les soirs, et d’elle émanait une telle chaleur accueillante qu’il semblait déjà au garçon qu’il ne pourrait plus vivre sans elle. Mais, encore une fois, Dieu seul savait qui elle était : et si c’était une créature infernale qui avait pris les traits d’une belle jeune femme pour l’attirer dans un piège pour le dévorer (il n’y a qu’à voir certaines des histoires précédentes de cette série) ? Bref, le garçon était terrifié.

Le troisième jour était arrivé et, lors d’un conseil, les vieux étaient parvenus à la conclusion qu’ils avaient fait chou blanc cette fois-là et qu’il était temps de rentrer. Ils avaient commencé à plier bagage. Seul notre héros n’avait pas rassemblé ses affaires : il était resté assis dans son coin, le regard fixé sur un point, en silence. Les autres étaient venus le voir pour lui demander ce qui lui arrivait, s’il avait perdu l’esprit et comptait rester seul au fin fond de la forêt. Il n’avait pas répondu, ce qui les avait incités à lui demander une nouvelle fois quel était son problème. Il avait continué à garder le silence. Son esprit était totalement occupé par la femme, mais en même temps, il avait peur. Les vieillards avaient longtemps essayé de le raisonner, mais ils n’étaient parvenus à rien. Ils avaient fini par décider que le garçon avait perdu la tête et s’étaient jetés sur lui pour lier ses pieds et ses mains. Le jeune homme n’avait pas cherché à se défendre. Ils l’avaient ramené ainsi chez lui.

Chez lui, son père lui avait passé un savon. Son grand-père, lui avait-il dit, avait été un chasseur de renom, et lui-même avait hérité d’excellentes aptitudes, mais il était né en ville et avait suivi un autre chemin. Selon lui, c’était Bayanay lui-même qui l’avait remarqué, il se serait agi d’une ruse pour faire de lui un véritable chasseur yakoute et il aurait voulu qu’il demeure au fond de la forêt. S’il y était resté, il aurait obtenu le bonheur, le gibier aurait lui-même accouru à lui, il n’aurait eu qu’à tendre la main pour en avoir. Mais le gamin n’avait pas eu le cran de se lancer sur ce chemin et de faire face à l’esprit de la chasse. « Tu resteras un raté toute ta vie », avait conclu le père. Et c’était bien ce qui s’était produit. Le garçon avait vécu longtemps et plutôt bien, cependant il n’avait jamais trouvé le bonheur : il avait toujours ressenti qu’il était fait pour autre chose, mais à chaque fois qu’il s’était aventuré en forêt, il n’avait pu abattre ne serait-ce que le plus malade des lapins. Toutes les bêtes le fuyaient dès qu’il s’approchait à moins de cinq kilomètres, le détectant d’une manière ou d’une autre. Ainsi avait-il payé l’offense qu’il avait infligée à Bayanay.

Voilà l’histoire, les amis. J’en enverrai d’autres plus tard, si ça vous intéresse.



De manière générale, parler des chamans, c’est aborder toute une thématique très intéressante. Avant la Révolution de 1917, il y avait pas mal de chamans en Yakoutie, quasiment un par village, ensuite, avec l’arrivée des communistes au pouvoir, le forcing de l’athéisme et l’élimination de tous les éléments non-prolétaires qui sont venus avec, leur population a drastiquement diminué. Cependant, encore aujourd’hui, il reste des vieillards qui sont vénérés et à qui l’on vient des quatre coins de la république de Sakha demander des conseils, ainsi que la guérison dans le cas où la médecine se révélait impuissante.

Il y a trois castes de chamans selon le « niveau de leur puissance » : les petits, les moyens et les grands (cela dépend uniquement d’un facteur génétique et des facultés innées, il y avait très peu de grands chamans, et chacun d’eux était en mesure d’entrer en contact avec la plus haute divinité de la religion yakoute, Youryoung Aar Toyon). De même, les chamans se divisent en sanguinaires (« noirs ») et non-sanguinaires (« blancs »). Il n’y a pas de différence particulière entre eux, si ce n’est que les chamans sanguinaires n’hésitent pas à utiliser leurs facultés contre de pauvres gens, parce qu’ils s’en foutent. Mais en général les chamans ne cherchent pas à tuer les êtres humains, à part leurs ennemis les plus féroces. En revanche, la concurrence entre eux était rude. Les grands chamans étaient en guerre les uns contre les autres durant toute leur vie, s’échangeant malédictions et mauvais sorts, et ne relâchaient leur attention à aucun instant pour cette raison.

D’ailleurs, il est intéressant de noter que les femmes chamans, les « oudaganes » (on en croise de temps à autres au cours de l’Histoire) étaient considérées comme au-dessus des plus puissants hommes chamans. En règle générale, si une femme devenait chaman, elle appartenait à la caste des grands, ou au moins des moyens. La leader du classement était l’ougadane Alysardakh, qui a refroidi la moitié des grands chamans de son temps durant ses jeunes années et avait pitié du reste, à moins qu’elle ne s’en soit moquée.

On rapporte que l’initiation des chamans se déroulait durant l’enfance, en général avec l’arrivée de la maturité sexuelle (ou avant). Par exemple, l’initiation du Neuvième (Togoustaakh), grand chaman du raïon d’Oust-Aldanski, s’est passée de la manière suivante : le garçon avait 9 ans et était resté seul chez lui, ses parents étaient partis quelque part. Il se trouvait dans la baraque et jouait sur le sol quand, tout à coup, le son du galop de toute une armée de chevaux s’était fait entendre dans la cour. Bien évidemment, le garçon a paniqué et s’est caché sous le lit. Les chevaux se sont arrêtés, puis des pas lourds provenant de leur direction et se dirigeant vers la bâtisse se sont fait entendre, et qui allaient non pas vers la porte, mais tout droit vers le mur contre lequel l’enfant était allongé sous son lit. Les pas se sont arrêtés à côté du mur et une grosse voix a retenti juste au-dessus de lui : « Voilà où tu te cachais ! Enfin ces recherches qui m’ont pris neuf ans touchent à leur fin ». Après quoi le garçon a perdu connaissance. À leur retour, les parents l’ont retrouvé en plein délire avec une forte fièvre sur le sol. Comme il se devait, ils l’ont emmené auprès de leur chaman pour le faire soigner. Regardant l’enfant, ce dernier a interdit de le toucher : il pouvait délirer, mais il ne fallait pas oublier de le nourrir. En effet, l’âme du garçon avait quitté son corps et se trouvait loin, dans l’outre-monde, en plein rite initiatique chamanique…

À propos de cet « outre-monde », le plus souvent, l’on dit que l’esprit messager mène l’âme de l’élu à l’un des endroits les plus sacrés de Yakoutie, et là-bas commence un sacré bordel appelé « démembrement » (rien qu’au nom on comprend qu’il n’y a rien d’agréable là-dedans). Je vais essayer de vous répéter les récits d’un moyen chaman que j’ai lus étant jeune comme je m’en rappelle :

« Ce jour-là, il y avait de l’orage et j’avais couru sous une pluie drue pour retrouver une vache et son veau et les ramener à l’étable… Alors que je ramenais le bétail sous l’averse, j’ai vu dans la lumière des éclairs un arbre énorme se dessiner à travers la pluie, et sur sa cime était perché un étrange oiseau qui ne cessait de me fixer… Son regard pesant m’a mis mal à l’aise, et c’est comme si j’avais disparu ailleurs… (de facto, le gamin n’a été retrouvé que le lendemain matin à la lisière de la forêt, accroché complètement nu à un arbre et tremblant de tout son corps. Après cela, on l’a ramené chez lui, il est resté sans connaissance pendant trois mois, ouvrant à peine la bouche pour se nourrir. Pour cette raison, les évènements décrits subjectivement ci-dessous se sont déroulés durant ces trois mois).

Je me suis réveillé au sommet d’une immense montagne surplombant un large fleuve au flot déchaîné (d’après la description, cette haute montagne sacrée se trouve sur les berges du fleuve Lena, un endroit où, selon leurs récits, ont eu lieu de nombreuses initiations de chamans yakoutes ; d’ailleurs, il est intéressant de noter que la localisation exacte de cette montagne est inconnue, s’il s’agit d’un point géographique réel). Je suis resté allongé quelque temps, le regard plongé dans l’infinité des cieux au-dessus de moi, incapable de me mouvoir. Ensuite, un gigantesque homme à tête d’ours armé d’une lance et d’une grande hache s’est approché de moi en se dandinant. Il a d’abord enfoncé sa lance dans le sol à côté de moi, puis il m’a décapité avec sa hache. Ça ne m'a pas fait mal. Après cela, il a enfoncé ma tête sur sa lance de telle manière que je puisse voir ce qu’il faisait avec mon corps. Il l’a méthodiquement séparé en petits morceaux de chair pendant quelques heures, et ensuite, lorsqu’il a eu fini, des cieux ont atterri trois êtres rappelant des oiseaux avec des visages humains. Ils ont commencé à trier les morceaux de ma chair en faisant quelques tas et en se disputant entre eux. Durant le procédé, ils ont également houspillé l’homme à la tête d’ours car il avait osé perdre l’un de mes doigts pendant mon démembrement. Ensuite, ils se sont envolés, et j’ai vu un nuage de couleur métallique voler depuis le Nord. De ce nuage, une horde d’êtres démoniaques a plongé en piqué vers le sommet de la montagne pour dévorer la chair contenue dans le tas à gauche, et y prenant de toute évidence grand plaisir. Ce qui est étrange, c’est qu’ils ont tout recraché ensuite, ou peut-être n’avaient-ils rien avalé du tout dès le début. Ils se sont ensuite envolés, et de l’Ouest est arrivé un nuage couleur bronze d’où sont venus d’autres êtres vaguement humains, qui se sont approchés du tas central, et tout s’est répété… Ensuite est venu un nuage gris du Sud, et des êtres pâles sont apparus en ricanant pour dévorer le tas de chair de la droite.

Enfin, lorsque tous sont repartis, les oiseaux à tête humaine sont revenus et ont commencé à reconstituer mon corps à partir de tous les morceaux, en les recollant avec leur propre salive. J’ai tout observé, interloqué, depuis ma lance, comment repoussaient chair, muscles et os. Ce processus a duré assez longtemps… Enfin, l’homme à tête d’ours a retiré ma tête de la lance et l’a remise sur mon cou, et l’un des oiseaux a savamment léché tout le tour de mon cou, et ma tête s’est rattachée à mon corps… Je suis tombé, ne pouvant pas me tenir sur mes jambes, et j’ai ensuite entendu leur voix prononcer théâtralement au-dessus de moi « Maintenant, tu es libre ! Lève-toi, chaman moyen ayant reçu l’Onction du Nord par la volonté suprême ! » Après cela, j’ai lentement reperdu connaissance et me suis réveillé chez moi dans mon lit. On m’a dit que trois mois s’étaient écoulés depuis que j’étais tombé malade… »

Ce que ce chaman a vécu doit être compris ainsi : son corps astral a été divisé en unités séparées et recollées par les esprits protecteurs du Nord, de l’Ouest et du Sud, qui sont venus spécialement (et comme l’initiation s’est déroulée dans un endroit sacré du Nord, il est devenu un chaman ayant reçu l’Onction du Nord). On dit que l’esprit ayant assisté à l’initiation du chaman et s’étant délecté de son corps lui reste favorable à partir de ce moment et écoutera ses requêtes. Pour cette raison, l’initiation d’un grand chaman dure plus longtemps, le corps est démembré en de plus petits morceaux, et les « invités » souhaitant le dévorer sont plus nombreux…

J’enverrai d’autres infos et pastas sur les chamans plus tard, je suis un peu fatigué pour l’instant.
 


Cette creepypasta vous est offerte grâce au travail de Magnosa qui a assuré sa traduction du russe vers le français à partir de l'originale que vous pouvez trouver sur Mrakopedia.net, de Wasite, Adiboy et Noname qui ont participé au processus d'analyse et de sélection conformément à la ligne éditoriale, et de Blue et Litanie qui se sont chargés de la correction et la mise en forme. L'équipe de Creepypasta from the Crypt n'affirme ni ne dément la véracité du présent article et invite les lecteurs à se faire leur propre avis sur la question. L'équipe décline également toute responsabilité en cas de disparition ou de mort, douloureuse ou non, s'ensuivant des éventuelles recherches menées à cet effet.

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