Je me souviens bien de cette affaire, car en dépit de l'étrangeté des faits, son retentissement est resté très limité. J'avais eu la chance d'habiter pas loin, pour tout dire. La plupart des gens avaient retenu que deux jeunes s'étaient fait agresser en explorant illégalement une crypte, et avaient oublié peu après. Mais pour ma part, j'ai vu ça de près. L'évènement s'était produit pour ainsi dire devant ma porte.
J'habite une petite ville déshéritée quelque part dans le centre-est, le genre qui n'est plus peuplée que de vieux, tombe en ruines et vote FN. Il y a deux églises chez nous, celle où la messe est donnée chaque dimanche pour un public vieillissant... Et l'autre, désaffectée car dangereuse aux dires des experts, et pas près d'être restaurée vu le peu de moyens engagés. J'habite juste en face.
Inutile de vous dire que le tourisme est à peu près inexistant dans notre patelin. Pourtant, il y passe régulièrement des jeunes qui viennent goûter le calme de la province et visiter les ruines d'une ère révolue, celle où des petites villes excentrées comme la nôtre avaient une certaine puissance industrielle. Bref.
C'est ainsi qu'en août 1998, nous accueillions trois étudiants qui sont tout de suite tombés sous le charme de nos décombres. Un soir, ils avaient décidé de visiter l'église abandonnée -sans doute voulaient-ils frissonner un peu, il est vrai que sa façade noircie est assez glaçante. Tandis que l'un d'entre eux montait la garde à l'extérieur (la visite était de toute évidence illégale), les deux autres exploraient l'intérieur avec une lampe tout en prenant des photos de ce qui leur semblait intéressant. Les évènements qui ont suivi m'ont amené à vouloir retrouver leur trace, et par miracle, j'ai pu rencontrer l'un d'entre eux. C'est à lui que je dois tout ce qui suit.
La nef, disait-il, était immense et poussiéreuse, mais en ordre: les bancs étaient toujours là. L'autel était en place avec tous les accessoires d'usage. Tout avait été abandonné dans la précipitation, sans doute sous la menace d'un effondrement. En cherchant la sacristie, ils finirent par tomber sur un escalier qui descendait en pente raide sous la nef. Ils s'y engagèrent.
La cavité se prolongeait par un étroit couloir au plafond voûté, qu'ils suivirent pendant un moment sans rien voir de particulier. Au bout d'une centaine de mètres, le couloir s'arrêtait sur une ouverture carrée assez étroite, donnant sur une vaste salle dont le sol se trouvait plusieurs mètres en contrebas.
Téméraire, l'étudiant qui me fait ce récit entreprit de descendre dans la salle malgré l'épaisse obscurité qui y régnait. Il s'engagea prudemment, mais en dépit des précautions prises, il tomba et s'écrasa lourdement sur ce qui semblait être un panneau de contreplaqué. La chute l'avait amené environ trois mètres en-dessous de l'ouverture: il était bloqué.
Son ami, pris de panique, lui remit alors la lampe pour le rassurer et prit à tâtons le chemin inverse afin de regagner la lumière et revenir, disait-il, avec une échelle. Son collègue attendit quelque temps en examinant la salle.
Comme ils l'avaient vu plus tôt depuis le couloir, il s'y trouvait une grande structure de pierre semblable à un très large sarcophage, recouverte de planches sur lesquelles quelques briques étaient disposées. En dehors de ça, la salle était vide, mais il y avait une ouverture sur chaque mur, à la même hauteur que celui par où il venait d'entrer.
Il me dit avoir attendu anxieusement pendant près d'une heure, avant de décider de sortir par ses propres moyens car la lumière de la lampe commençait à faiblir. Il rassembla alors les briques et les empila du mieux qu'il put afin d'atteindre l'étroit passage. Une fois hors de la salle, il se dirigea en hâte vers la sortie. On l'accueillit dehors en sueur, complètement essoufflé.
Je devais apprendre par son témoignage qu'il avait été pris de panique en découvrant des taches de sang frais au sol peu après avoir quitté la salle, et qu'il s'était alors mis à courir comme un dément.
Cette sinistre découverte n'a en soi rien de mystérieux: son camarade parti chercher de l'aide avait été agressé sur le chemin. On l'avait récupéré à la sortie, tout aussi paniqué, mais dans un état critique: un objet long et souple, comme un genre de gros fil de fer, l'avait transpercé de part en part au niveau de l'épaule -et les efforts qu'il avait faits pour se dégager avaient cruellement élargi la blessure. Les secours trop occupés à tenter de sauver le pauvre homme avaient négligé d'aller chercher l'autre, toujours prisonnier. C'est d'ailleurs à la suite de cette agression qu'il avait lâché l'appareil photo contenant certaines traces de l'expédition.
Des recherches ultérieures ont permis de remettre la main sur cette source précieuse. Le temps et l'humidité avaient eu raison de la plus grande part de la pellicule, mais deux des dix-huit clichés pris ont pu être sauvés.
La question que tout le monde se pose, bien sûr, est de savoir ce qui a agressé le fuyard. Il était alors dans l'obscurité totale, et n'a pu que brièvement toucher ce qui l'a meurtri.
Mais il y a une autre question, souvent ignorée mais pourtant primordiale. Le deuxième homme avait la lumière en sa possession au moment où il a regagné la sortie. Qu'est-ce qui nous fait dire qu'il n'a rien vu d'autre que les taches de sang? Le témoignage qu'il m'a livré était somme toute très court et certainement incomplet. J'ai clairement senti qu'il ne m'avait pas tout dit.
Depuis cette première rencontre, j'ai tenté plusieurs fois de le revoir, et le refus qu'il m'a adressé à chaque fois n'a fait que confirmer mes soupçons. Je continue d'insister. Si un jour j'en apprends plus, je vous ferai signe...
J'habite une petite ville déshéritée quelque part dans le centre-est, le genre qui n'est plus peuplée que de vieux, tombe en ruines et vote FN. Il y a deux églises chez nous, celle où la messe est donnée chaque dimanche pour un public vieillissant... Et l'autre, désaffectée car dangereuse aux dires des experts, et pas près d'être restaurée vu le peu de moyens engagés. J'habite juste en face.
Inutile de vous dire que le tourisme est à peu près inexistant dans notre patelin. Pourtant, il y passe régulièrement des jeunes qui viennent goûter le calme de la province et visiter les ruines d'une ère révolue, celle où des petites villes excentrées comme la nôtre avaient une certaine puissance industrielle. Bref.
C'est ainsi qu'en août 1998, nous accueillions trois étudiants qui sont tout de suite tombés sous le charme de nos décombres. Un soir, ils avaient décidé de visiter l'église abandonnée -sans doute voulaient-ils frissonner un peu, il est vrai que sa façade noircie est assez glaçante. Tandis que l'un d'entre eux montait la garde à l'extérieur (la visite était de toute évidence illégale), les deux autres exploraient l'intérieur avec une lampe tout en prenant des photos de ce qui leur semblait intéressant. Les évènements qui ont suivi m'ont amené à vouloir retrouver leur trace, et par miracle, j'ai pu rencontrer l'un d'entre eux. C'est à lui que je dois tout ce qui suit.
La nef, disait-il, était immense et poussiéreuse, mais en ordre: les bancs étaient toujours là. L'autel était en place avec tous les accessoires d'usage. Tout avait été abandonné dans la précipitation, sans doute sous la menace d'un effondrement. En cherchant la sacristie, ils finirent par tomber sur un escalier qui descendait en pente raide sous la nef. Ils s'y engagèrent.
La cavité se prolongeait par un étroit couloir au plafond voûté, qu'ils suivirent pendant un moment sans rien voir de particulier. Au bout d'une centaine de mètres, le couloir s'arrêtait sur une ouverture carrée assez étroite, donnant sur une vaste salle dont le sol se trouvait plusieurs mètres en contrebas.
Téméraire, l'étudiant qui me fait ce récit entreprit de descendre dans la salle malgré l'épaisse obscurité qui y régnait. Il s'engagea prudemment, mais en dépit des précautions prises, il tomba et s'écrasa lourdement sur ce qui semblait être un panneau de contreplaqué. La chute l'avait amené environ trois mètres en-dessous de l'ouverture: il était bloqué.
Son ami, pris de panique, lui remit alors la lampe pour le rassurer et prit à tâtons le chemin inverse afin de regagner la lumière et revenir, disait-il, avec une échelle. Son collègue attendit quelque temps en examinant la salle.
Comme ils l'avaient vu plus tôt depuis le couloir, il s'y trouvait une grande structure de pierre semblable à un très large sarcophage, recouverte de planches sur lesquelles quelques briques étaient disposées. En dehors de ça, la salle était vide, mais il y avait une ouverture sur chaque mur, à la même hauteur que celui par où il venait d'entrer.
Il me dit avoir attendu anxieusement pendant près d'une heure, avant de décider de sortir par ses propres moyens car la lumière de la lampe commençait à faiblir. Il rassembla alors les briques et les empila du mieux qu'il put afin d'atteindre l'étroit passage. Une fois hors de la salle, il se dirigea en hâte vers la sortie. On l'accueillit dehors en sueur, complètement essoufflé.
Je devais apprendre par son témoignage qu'il avait été pris de panique en découvrant des taches de sang frais au sol peu après avoir quitté la salle, et qu'il s'était alors mis à courir comme un dément.
Cette sinistre découverte n'a en soi rien de mystérieux: son camarade parti chercher de l'aide avait été agressé sur le chemin. On l'avait récupéré à la sortie, tout aussi paniqué, mais dans un état critique: un objet long et souple, comme un genre de gros fil de fer, l'avait transpercé de part en part au niveau de l'épaule -et les efforts qu'il avait faits pour se dégager avaient cruellement élargi la blessure. Les secours trop occupés à tenter de sauver le pauvre homme avaient négligé d'aller chercher l'autre, toujours prisonnier. C'est d'ailleurs à la suite de cette agression qu'il avait lâché l'appareil photo contenant certaines traces de l'expédition.
Des recherches ultérieures ont permis de remettre la main sur cette source précieuse. Le temps et l'humidité avaient eu raison de la plus grande part de la pellicule, mais deux des dix-huit clichés pris ont pu être sauvés.
La question que tout le monde se pose, bien sûr, est de savoir ce qui a agressé le fuyard. Il était alors dans l'obscurité totale, et n'a pu que brièvement toucher ce qui l'a meurtri.
Mais il y a une autre question, souvent ignorée mais pourtant primordiale. Le deuxième homme avait la lumière en sa possession au moment où il a regagné la sortie. Qu'est-ce qui nous fait dire qu'il n'a rien vu d'autre que les taches de sang? Le témoignage qu'il m'a livré était somme toute très court et certainement incomplet. J'ai clairement senti qu'il ne m'avait pas tout dit.
Depuis cette première rencontre, j'ai tenté plusieurs fois de le revoir, et le refus qu'il m'a adressé à chaque fois n'a fait que confirmer mes soupçons. Je continue d'insister. Si un jour j'en apprends plus, je vous ferai signe...
Alors pourquoi tu marque "Auteur : tripoda" a la fin ? ^^"
RépondreSupprimerC'est simplement la règle établie pour publier les concours: on précise qui est l'auteur, c'est ainsi. Tu remarqueras que c'est la seule récompense du vainqueur.
SupprimerAprès, j'aurais peut-être dû attendre que quelqu'un d'autre que moi publie ceci à ma place, c'eût été plus correct; mais on a certains problèmes sur le forum ces temps-ci qui font que je suis le dernier à m'occuper des publications (Luidi devrait me rejoindre très bientôt cependant).
Euh, tu t'es inspirer de l'histoire avec le fil de fer?
RépondreSupprimerhttp://creepypastafromthecrypt.blogspot.ca/2013/06/fil-de-fer-mort-subite_6.html
SupprimerNope. L'objet qui a blessé l'étudiant pourrait être un gros fil de fer, par sa longueur et son diamètre, mais je pensais plutôt à une longue griffe souple, un peu comme un fanon de baleine. Je te laisse imaginer le reste...
SupprimerLa deuxième image, on dirait un mur sur Minecraft non ??
RépondreSupprimerLa peur n'est pas celle que l'on croit...
RépondreSupprimerElle est la au début...
Une ville où tout le monde vote FN brrr j'en frissonne !
Va jamais en Alsace :')
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